18 mars, 2024

« Les emmerdements, ça vole en escadrille ».

Jacques Chirac.

 

 

Comme je l’écris depuis plusieurs mois, il semble bien que la France et l’Allemagne soient entrées en récession.

La baisse des rentrées fiscales dans ces deux pays est en effet un signe qui ne trompe pas.

Et du coup, l’ignoramus economique en chef, Alain Minc, préconise d’augmenter les impôts en France, ce qui transformerait ce qui est déjà un désastre en cataclysme.

Après tout, une récession est créée par une baisse du revenu disponible des ménages, et les faire baisser encore plus par un accroissement de la pression fiscale transformerait à coup sur cette récession en dépression.

Les deux premières nouvelles sont donc que nous sommes en récession, ce que j’attendais et la deuxième est que ceux qui l’ont créé (Minc and co…) ont une solution qui n’a jamais marché (ce qui ne m’étonne pas).

En effet, et ici je me gratte la tête, n’ayant pas la vaste culture de notre Inspecteur des Finances : monsieur Minc peut-il me citer un seul cas dans l’histoire économique où une augmentation des impôts ait réduit le déficit budgétaire ?

Pour ma part, je n’en connais pas.

Et pourquoi ?

Parce que cela revient à transférer de l’argent de celui qui crée de la valeur à  celui qui en détruit.

Ce qui est la façon la plus certaine de se ruiner.

Laissons donc monsieur Minc a ses billevesées et venons-en à l’essentiel.

La récession qui vient sera-t-elle déflationniste ou inflationniste ?

D’habitude, dans une récession, les pressions inflationnistes reculent et la banque centrale peut baisser ses taux, ce qui soulage les débiteurs.

Mais il existe un autre cas de figure, beaucoup plus dangereux, celui de la récession inflationniste dont le scenario est à peu de choses près le suivant : le prix du pétrole se met à monter pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la récession et tout à voir avec le fait que l’offre est insuffisante. Du coup, le déficit budgétaire explose, le pays a des comptes courants déficitaires, les capitaux fuient, la monnaie baisse, les taux d’intérêts montent, les marchés obligataires et des actions domestiques s’écroulent et nous voila dans un scénario Chiraquien.

Dans ma vie professionnelle, j’ai croisé plus d’une fois cette combinaison létale et je me demande si ce n’est pas ce qui nous attend en France.

Commençons par le pétrole.

 


Le lecteur voit bien la relation entre prix du pétrole et hausse des prix de détail.

Si la ligne noire se met à monter, la ligne rouge suivra et la banque centrale US sera forcée de monter ses taux (tout le monde attend le contraire).

Et la BCE devra suivre.

Tout va donc dépendre de l’évolution des prix de l’énergie dans les deux ou trois trimestres qui viennent, qui devrait ressembler à l’évolution des mêmes prix depuis 75 ans.

Voici l’évolution des prix du brut depuis 1950.

On voit bien que les hausses sont très violentes et courtes suivies à chaque fois par de longues consolidations horizontales de 25 ans en moyenne. La prochaine hausse pourrait donc se produire en 2025…

 

 

Logiquement, le prix devrait passer de 80 où il est aujourd’hui à…  160, voir à 320.

Dans ce cas-là, nous nous retrouverions avec une inflation supérieure à 10 % et je crains que des taux à 3 % sur les obligations à long terme du Trésor français n’apparaissent comme quelque peu …insuffisants, et ce d’autant plus que je n’ose même pas songer aux deficits budgétaires et extérieurs de notre pauvre pays. (il le sera vraiment devenu.)

Et je tiens ici à souligner le vrai problème qui nous attend et qui ne sera que le résultat de politiques budgétaires devenues folles.

Monsieur Keynes disait que pour contrer les recessions, il fallait augmenter les dépenses de l’état pour compenser la baisse de la demande privée.

C’est ce que nos génies ayant fait l’ENA font depuis des lustres puisque notre dernier surplus budgétaire doit remonter à… 1978.

Le bilan de l’état francais servait donc d’amortisseur et de cycle en cycle la dette publique ne cessait de monter, jusqu’au moment où chacun se rendra compte que la France est devenue insolvable, et, à ce moment-là, notre état (qui ne mérite pas de majuscule) ne pourra plus se financer, et c’est ce qui est arrivé en Argentine.

Le futur de la France, c’est l’Argentine disent les optimistes tandis que les pessimistes pensent plutôt au Liban.

Tout cela me désole beaucoup, mais encore une fois, il vaut mieux la fin dans l’horreur qu’une horreur sans fin.

Mais le plus satisfaisant est bien entendu que le portefeuille IDL continue à faire des plus hauts… je pense honnêtement que si tout tourne mal, si nous rentrons dans un bust inflationniste, alors il devrait continuer à cartonner,

 

 

 

le voici en ce 17 mars 2024.

ne changez rien.

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

13 Commentaires

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  • Francois Aldoma

    28 mars 2024

    Pour qui travaille monsieur MINC?

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  • Xavier Vanneaud

    23 mars 2024

    J’aime ce regard plein de curiosité, j’aime ce recul sur le brouhaha,
    Et beaucoup de gratitude de nous partager son expérience.

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  • luc

    21 mars 2024

    La france a elle besoin des minc, jacques attila, moscovici, breton, lemaire et autres ?. vos elites vous les trouvez en fouillant les poubelles ??

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  • Michel Higuet

    21 mars 2024

    Les promesses de Von der Leyne se réalisent, grâce aux sanctions le chômage va augmenter donc apparition de troubles sociaux et finalement chute du dirigeant. Elle s’est juste trompée de région… La descente aux enfers de l’EU ne commence à peine…

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  • Explorer76

    21 mars 2024

    De ce que je comprends de l’économie grâce à C. Gave j’en tire quatre pistes d’action :
    1- On peut rétablir le franc pour les transactions internes entre français.
    2- Mais comme on ne produit pas tout ce qu’on consomme et qu’on ne consomme pas tout se qu’on produit il faut vendre hors de France ce qu’on ne consomme pas contre une ou plusieurs monnaies (DM, dollar, or, renminbi) acceptées par ceux à qui on achète ce que nous consommons et ne produisons pas.
    3- Il faut donc produire plus pour exporter plus.
    4- Il faut rétablir la primauté du droit français sur le droit européen condition nécessaire de la stabilité juridique.

    Corollaires :
    1- l’Euro pourrait devenir une monnaie commune pour les transactions intra européennes (et plus si affinités).
    2- Il faut augmenter le produit intérieur brut marchand : pistes : l’énergie (nucléaire et hydrocarbures de schiste), l’agriculture, l’industrie manufacturieure à forte valeur ajoutée.
    3- Il faut réduire la part de la masse salariale des fonctionnaires (PIB non marchand) dans le PIB : il y en a 5,6 millions au statut et 1, 4 millions hors contrat soit 7 millions. Il faut diviser par au moins 2 ce total en réduisant drastiquement le périmètre d’intervention de l’état et en rétablissant une vraie concurrence dans les domaines suivants : éducation, santé, logement, production d’énergie, environnement, transports, médias, culture : une condition nécessaire et l’interdiction de toute subvention publique. Rappelons que un fonctionnaire c’est au moins un emploi productif détruit. Pour ce faire soit virer tous les fonctionnaires et les faire candidater au statut privé et/ou geler les recrutements (-175 000 foncyionnaires par an) . Et interdire aux fonctionnaires de briguer un mandat électif.
    4- Rétablir un taux de marge correct en supprimant le SMIC, tous les monopoles d’assurances sociales, en réduisant les impôts et en versant le salaire complet.

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  • Michael

    19 mars 2024

    Je ne vois pas comment un pays qui consomme plus qu’il ne produit pourrait éviter une cure de récession, mais à elle seule insuffisante. Des économies de dépenses publiques par la rationalisation (voir programme et compétences de David Lisnard) sont un minimum urgentissime, malgré un effet récessif inéluctable. Malheureusement Lisnard est isolé et a peu de chances d’être élu vu comment raisonnent les Français.

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  • gérard

    19 mars 2024

    Les défiicits ne semblent plus maitrisables.
    Cela aura un impact a la hausse sur les taux,ce qui détruira encore plus l’économie.
    Nous sommes en stagflation depuis quelque temps déja:les nouveaux calculs tronqués de la croissance entretiennent l’illusion.
    Aux US comme en france,embauche record en 2023 d’employés de l’état.
    Bien sur qu’ils continueront a augmenter les prélèvements en france:ils n’ont pas le choix,et ils ne savent pas faire autrement.

    Vous avez bien raison de ramener le débat sur ce qu’on cherche a cacher.

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  • Victoire

    18 mars 2024

    La France à une histoire plus prestigieuse que l’Argentine ou le Liban, les USA se feront un plaisir de venir chez nous acheter les plus beaux bijoux de la couronne ! Nous allons refinancer la dette avec les faucons qui vont redorer leur blason.

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  • Arsene Holmes

    18 mars 2024

    Minc, Attali, BHL et autres ont tort 100% du temps depuis plus de 30 ans et continuent de pérorer. Et encore plus grave, ils ont toujour pignon sur rue!!
    Un des mystères de la Création

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  • Jean Louis ROUVILLAIN

    18 mars 2024

    Comment souscrire à votre portefeuille magique?

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  • Robert

    18 mars 2024

    J’ ai peur que nous ne conjuguions les deux quant au futur : situation à l’Argentine sur le plan financier, et situation à la libanaise sur le plan sociétal.
    Mais le pire n’est jamais certain…

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  • René-Pierre Alié

    18 mars 2024

    Puisque vous évoquez « le futur de l’Argentine », il serait judicieux de nous faire part de vos observations sur la révolution libérale lancée par Javier Milei…

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  • Dame Ginette

    18 mars 2024

    Sortons nos parachutes… Merci pour cette réflexion.

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