4 mai, 2021

« La Révolution racialiste et autres virus idéologiques » de Mathieu Bock-Côté

 

 

« N’ouvrez pas cette boite de Pandore, elle est pleine de chevaux de Troie [i]» est exactement le sentiment qui m’assaille en refermant le dernier essai de Mathieu Bock-Côté « La Révolution racialiste et autres virus idéologique » publié aux Editions de la Cité. Pour ceux qui se réveilleraient d’un profond coma, et à qui je souhaite un prompt rétablissement, ce dernier est Sociologue et Chroniqueur et traverse parfois l’Atlantique, de son Québec natal, pour bretter sur nos plateaux de télévision.

 

Enfermés dans nos monotonies Covidiennes depuis plus d’un an, nous avons bien sur suivi avec plus ou moins d’intérêt, les mouvements de foules Outre Atlantique autour de l’affaire Georges Floyd, habilement repris  par la PME familiale Traore and Co. Car oui, ces mouvements racialistes nous viennent tout droit des grandes facultés de sociologies Américaines, ce qui n’est pas sans une certaine ironie de l’histoire quand on sait que ce sont Foucault et Bourdieu, qui les auront nourris au fil du temps, à la French Theory, soit aux deux mamelles de la violence symbolique et de la gauche prolétarienne. Preuve s’il en était que, cracher en l’air, n’est jamais une bonne idée.

 

Qu’apprenons-nous d’essentiel dans cet ouvrage ? Tout d’abord, évidemment l’Occident serait raciste. Qui n’accepterait ce point de départ comme socle sémantique serait prié de quitter la conversation immédiatement et de refermer la porte derrière lui. Ainsi, la radicalisation des rapports sociaux est devenue l’horizon indépassable du progrès démocratique dans la civilisation occidentale.

L’Occident, et à plus petite échelle la nation, étant construits sur des bases tronquées ou l’homme blanc exerce par nature une domination sur l’homme de couleur, toutes oppositions aux représentations de son pouvoir et l’on pense en premier lieu à la délégation de la violence légitime via l’armée ou la police, serait un acte révolutionnaire de classe, avant d’être une rébellion personnelle. Ainsi, la haine de la police serait en réalité un humanisme . On en appelle donc au refinancement, au désarmement, voire à l’abolition des services policiers qui permettrait d’engager la construction d’un société véritablement inclusive et antiraciste. Il faut bien comprendre que suivant cette théorie, la police n’existe qu’en représentation d’une société raciste et son devoir est donc d’opprimer les groupes qui en conséquence continuent de souffrir des mains d’une police par essence « brutale et injuste ».

 

Sur la notion de race qui, dans le mouvement woke permet d’asseoir la notion de racisme, il existait un pré supposé gênant dans la mesure ou notre civilisation Européenne avaient pris grand soin après la seconde guerre mondiale de supprimer çà et là toutes inférences pouvant laisser à supposer qu’il existerait une hiérarchie entre humains. De là, il nous a tous été appris depuis un moment que la notion de race était sans fondement. Comment dés lors définir le « racisme systémique susvisé » ? Et bien, c’est très simple, « Même s’il est évident que la notion de « race » n’existe pas d’un point de vue biologique, force est de constater qu’elle n’a pas disparu dans les mentalités. Elle a survécu en tant que catégorie imaginaire historique construite avec des puissants effets sociaux » écrit Pap Ndiage.

Que peut faire le lecteur pour prouver sa bonne foi ? Absolument rien.

À la manière de Gambetta à Mac Mahon, il nous reste à « Nous soumettre ou nous démettre ». L’auteur rappelle ainsi que « Le régime diversitaire, en contraignant ceux qui veulent y évoluer à un écartèlement permanent entre l’adhésion publique à ses dogmes et la conservation intime de quelques réserves à son endroit, pousse à une forme de schizophrénie politique qui n’est pas sans rappeler la figure de Ketman évoquée par Czeslaw Milsoz dans « la pensée captive ».

Grâce à l’auteur, j’ai aussi enfin compris pourquoi le racisme anti blanc était un illogisme structurel pour le mouvement woke. Si vous admettez, comme eux, que la société est intrinsèquement raciste et que les institutions en place parachèvent cet état de fait, alors même si certains individus pouvaient faire preuve de ce sentiment de rejet, ils ne bénéficieraient pas (toujours dans la logique woke) de la puissance sociale et institutionnelle nécessaire pour les transformer en racisme ; l’impact de leurs préjugés contre les Blancs serait donc nécessairement ponctuel et contextuel. Le racisme antiblanc ne saurait exister puisque derrière il n’existe aucune structure coercitive en relai, à l’inverse de « notre » racisme structurel de blanc, en société occidentale.

 

Et l’auteur de conclure « un nouveau Tocqueville écrirait probablement de la névrose raciale en Occident » mais au-delà de la pirouette amusante, il est effectivement à craindre que nous ne soyons en face du combat civilisationnel des années à venir. Une société qui assigne à chacun une identité raciale, qui réduit chacun à sa couleur en faisant fi de tout passé commun, de toute notion de Nation ou de volonté de vivre ensemble se condamne comme le rappelle l’auteur à une « Polarisation éthique permanente. La dissolution conceptuelle de l’État-nation et de toutes les identités substantielles assure la transformation définitive des peuples en population interchangeables. »

 

Il va en falloir des Antigones pour défier tous les Créons de ce monde car la guerre des races, elle, va avoir lieu.

 

 

 

A lire absolument d’urgence, vous l’aurez compris : Mathieu Bock-Côté  « La révolution racialiste et autres virus idéologiques »,

 

 

 

 

 

 

 

[i] #Labour’s Ernest Bevin when it was proposed that Britain join the European Coal and Steel Community, precursor of the #EU.

Le député travailliste Ernest Bevin, quand la Grande-Bretagne discutait de son rattachement à la communauté Européenne du Charbon et de l’acier, précurseur de l’UE

 

 

 

Auteur: Emmanuelle Gave

Emmanuelle Gave est titulaire d'un DEA de Droit des AFFAIRES de PARIS II (Assas), ainsi qu'un LL.M de Duke University. Lauréate du barreau de Paris, elle prête serment en 1996. Elle est Directrice Exécutive de L'Institut des Libertés depuis janvier 2012.

9 Commentaires

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  • lecteur

    28 juillet 2021

    Merci , ça fait gagner du temps .

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  • François DELAUNAY

    9 mai 2021

    Bonjour,
    La situation Américaine n’a rien à voir avec l’histoire Française où nous avons toujours tout fait par l’assimilation qui est bien contraire à l’intégration qui a cour dans les payx Anglo-Saxons. Nous sommes une Nation qui fait un avec tous ses individus d’où qu’ils viennent. Nous faisons France et, certains aimeraient que cela change, notamment les « mondialistes » qui rêvent de détruire les Nations. Mais l’auteur rapporte bien le risque auquel nous sommes exposés et ses conséquences pour notre Nation et son futur. Car il s’agit bien de poser l’existense de La France pour les décennies à venir.

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    • Dubaïtâtif

      15 mai 2021

      Que des agitateurs aillent prendre leurs idées aux USA, le fait demeure que si les populations d’origine allogène étaient demeurées moins de 5% du pays, eux-mêmes et ceux qu’ils tente de séduire par ce discours n’auraient probablement jamais existé.

      Dans les DROM, français depuis plus longtemps que la Savoie (sic), le fait racial est structurel et bien antérieur à cette mouvance woke américaine. Conséquence de l’esclavage diront certains mais alors pourquoi retrouve-t-on un même phénomène en Guyane et ce, particulièrement depuis les années 1980 ?

      C’est une question ou bien de démographie ou bien de remise en cause de notre modèle politique et social vers quelque chose d’infiniment plus libéral où les divisions communautaires persisteront mais seront intégrées à une structure économique au moins efficace.

      Dans un cas comme dans l’autre, la France des années 60, 30, 1900, etc. n’est plus et ceux qui souhaitent son retour doivent à mon sens être a minima partisans de la réémigration.

  • Steve

    6 mai 2021

    Bonjour
    Le « racialisme » chez nous est tout simplement le résultat de la pénétration de la culture des Etats Unis ! Les USA sont une société raciste ( cf E. Todd) etils projettent leur modèle sur tous leurs vassaux. Il est intéressant de se demander pourquoi on désigne les descendants d’Africains par Afro americans, ceux d’Amérique du Sud par Latino americans etc…. le langage courant révèle le fond! Ils ne sont toujours pas intégrés!
    En France, il n’y a pas d’arabo-français, pas d’afro-français etc….
    il est scandaleux que nos politiques oublient de rappeler que dans les années 60, alors qu’un américain noir aux USA ne pouvait fréquenter les mêmes bars que les américains blancs, notre Président du Sénat – Gaston Monnerville était un métis originaire de Guyane. Sans parler des députés « africains « ( Léopold Sédar Senghorn Houphouêt Boigny etc..) Et les soldats US « noirs » aimaient la France après 45 car ils étaient traités comme des humains à part entière.
    le racialisme est arrivé avec le rap et les séries télé US qui témoignent de la culture raciste des USA.
    Ils ont peut être raison de s’attaquer enfin à leur problème national, mais ,nous ne somme spas concernés en tant que culture, même s’il y a des français racistes comme il y a des racistes dans tous les pays du monde, Asie et Afrique y compris!
    Nous sommes empêtrés dans ces âneries en raison de la servilité des élites et de l’ignorance et de la sottise des snobs parisiens pour tout ce qui provient d’outre atlantique!
    Ces virus ne sont pas redoutables pour nous, c’est notre système immunitaire: le pouvoir politique qui est en état de cachexie!

    Cordialement

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    • Ockham

      7 mai 2021

      Pas d’afro-français … excellente remarque, simple et importante ! De même que les Français musulmans sont nos compatriotes. Merci pour ce point de lexique…

  • Ockham

    5 mai 2021

    L’utilisation d’une « méta-catégorie » comme le Médium dans le sens de MacLuhan qui écrivait que « Le médium est le message » permet de conclure que ce qui arrive est le résultat du SOI (Smartphone-Ordinateur-Internet). En effet l’accès à la place publique par des milliards d’individus sur Internet véhicule un Mississipi de points de vue qui s’expriment sans l’impitoyable loi du perron ou de la place des Vosges à savoir l’estrade visible des gens autorisés. Il n’y a plus d’autorisation ni de limitation. Tout le monde est sur le même plan sans espace. Alors c’est l’heure du regroupement tribal et communautaire dont la caractéristique de base sans conteste est le trombinoscope noir-blanc et pour les plus intimistes de l’immédiateté les tatouages ! Si cela arrive aux US d’abord, c’est bien parce que cette masse de consommateurs purs n’a pas d’autres buzz à espérer que le vieux jeu des bandes de quartiers sur Internet. Le plus évident et en premier c’est blanc-noir comme Trappes-Versailles ! Stupide certes mais probablement inévitable. Du temps de Créon un chapitre sur papyrus était lu par quelques dizaines de citoyens, sur papier de Montesquieu 3000, de Balzac 30 000 etc …

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  • Thierry Balet

    5 mai 2021

    Il y a, dans le fond, peut-être pire que le Covid (pour être dans l’air du temps), qui est la lobotomisation des esprits avec la grande complicité des medias. Si vous n’avez pas sur un plateau un homme (ou une femme) d’envergure tel MBC, vous avez toujours le sentiment que tant les journalistes comme les invités sont totalement « corseté » dans une rhétorique faite de prudence et de retenue. L’auto-censure permanente de ne plus oser nommer les choses ou simplement les decrires comme tels laisse la porte ouverte à ce genre de dérive. Merci la gauche qui reste à la manœuvre……merci la droite qui n’aura eu de cesse de « laisser-faire »!
    Par contre, merci à l’IDL qui reste une bouffée d’oxygène dans cet air du temps nauséabond.

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    • idlibertes

      5 mai 2021

      Merci de nous suivre.

  • Gilles Mathieu

    5 mai 2021

    Le racialisme est la toute dernière trouvaille pour détruire l’état-nation. La France devrait y prendre garde et stopper au plus tôt la croisade Wokiste avant qu’il ne soit trop tard. Si vous voulez prendre connaissance du travail de sape de cette philosophie perverse, alors il vous faut lire ce livre sans attendre.

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