Le lecteur averti aura peut-être vu passer dans son journal une information stupéfiante : d’après un Institut économique Allemand, en vingt ans, la mise en place de l’euro aurait couté à chaque français environ 55.000 Euros et à chaque Italien plus de 70 000 Euros, soit un débours par mois de 230 Euros pour le français et de 300 Euros pour l’Italien mais aurait rapporté plus de 20.000 Euros à chaque allemand.
Et bien sûr, ce qui est stupéfiant n’est pas le chiffre mais le fait qu’une telle information soit publiée. Malheureusement, il apparait que ce calcul a été fait en utilisant des méthodes économétriques un peu farfelues que je ne veux pas décrire ici tant elles me rappellent de mauvais souvenirs : on met dans l’ordinateur des données qui n’ont rien avoir avec la réalité, on fait tourner et on sort des résultats précis et qui ne veulent rien dire.
Mais, en revanche, l’idée est intéressante : comme « un repas gratuit, ça n’existe pas » (Milton Friedman) », il me parait judicieux d’essayer de mesurer ce que l’arrivée de l’Euro a couté à la France et à l’Italie et combien elle a rapporté aux pays du Nord de l’Europe.
Voici comment je vais procéder.
L’OCDE me fournit une statistique tous les trimestres qui représente pour chaque pays dans le monde le PIB par tête et ce depuis 1960.
La difficulté est que l’Allemagne s’est réunifiée au début des années 90, ce qui interdit toute continuité dans les statistiques.
Et donc, je remplace l’Allemagne par les Pays-Bas dans la mesure où les Bataves sont des Allemands qui se prennent pour des Anglais, comme le dit toujours l’un de mes amis Néerlandais.
Ce PIB par tête avait une tendance structurelle à la hausse très stable de 1960 a 2000.
Si j’admets que le passage de taux de changes flottants aux taux de changes fixes en 2000 a été un élément nouveau, je peux calculer la tendance à la hausse de ce PIB par habitant pour chaque pays (droite des moindres carrés pour les spécialistes) de 1960 à 2000…
En prolongeant cette droite jusqu’à 2019, j’ai une assez bonne idée de là où les PIB par tête auraient dû être (pointillés) par rapport à là où ils sont (ligne pleine).
Par exemple, pour la France, le Pib par tête devrait être de 37.742 euros et il est effectivement de 33.531 euros.
Je vois aussi les dates ou le PIB par tête a commencé à s’écarter de sa tendance historique, soit à la hausse en 1998 pour les Pays-Bas, soit à la baisse en 2003 pour l’Italie et en 2007 pour la France.
Commençons par une remarque simple : les taux de croissance structurels étaient exactement les mêmes entre les 3 pays de 1960 à 2000 (les 3 lignes pointillées sont exactement parallèles.) Mais cette parfaite convergence se brise à partir de l’an 2000.
Les concepteurs de l’euro ont donc brisé quelque chose qui marchait très bien pour le remplacer par quelque chose qui ne marche pas du tout.
Et l’on voit apparaitre la conséquence de ce changement en regardant le premier graphique : A la fin de 2018, le PIB par habitant Batave est d’environ 1100 Euros par habitant supérieur à ce qu’il aurait dû être, le PIB français est d’un peu plus de 4000 euros inferieur à ce qu’il aurait dû être tandis que le PIB Italien lui est inférieur à sa tendance de plus de 9000 Euros.
Et le gain ou la perte totale par habitant depuis l’arrivée de l’euro c’est simplement surface entre la ligne pointillée et la ligne pleine depuis l’an 2000, qui se montent à peu près + 20.000 e pour les Pays Bas, -55000 euros pour la France et- 75000 euros pour l’Italie.
Il est amusant de constater que les chiffres sont similaires aux chiffres de l’étude allemande, alors même que la méthode de calcul est complètement différente.
En fait, ces chiffres confirment donc parfaitement ce que j’annonçais comme inéluctable dans mon premier livre « des Lions menés par des ânes » paru en 2003. Apparemment, les allemands et les hollandais ont donc été les grands gagnants de l’euro, ce qui ne surprendra que ceux qui n’ont lu ni mon livre, ni les dizaines d’article que j’ai consacré à ce destructeur d’Europe que fût et que reste la monnaie commune.
Et bien entendu, RIEN n’est réglé, bien au contraire.
A la prochaine récession européenne, les dégâts vont être beaucoup plus sévères pour les sociétés françaises ou italiennes que pour les sociétés hollandaises ou allemandes et pour une simple raison : comme les sociétés françaises ou Italiennes ont été beaucoup moins rentables que les sociétés allemandes depuis deux décennies (à cause de l’euro), elles ont donc beaucoup moins de réserves en fonds propres et sauteront beaucoup plus vite à la prochaine récession, qui d’ailleurs a peut-être déjà commencé.
Voila qui explique pourquoi d’horribles populistes sont au pouvoir en Italie et pourquoi la classe dirigeante française encore au pouvoir chez nous (mais pour combien de temps… ?) se terre dans les palais nationaux sous la protection de sa maréchaussée, en espérant que le jaune va cesser d’être à la mode cet été pour qu’ils puissent aller retrouver leurs copains de Davos à Saint-Tropez et dire du mal des pauvres, ce qui reste leur sport favori.
Et donc l’euro a été un désastre pour l’Europe du Sud et il est assez aisé dans le fond de MESURER la perte sèche enregistrée par l’Italie ou la France.
Mais le plus extraordinaire a été que, comme ces deux économies ralentissaient fortement (à cause de l’euro), les rentrées fiscales baissaient et du coup Bruxelles exigeait que ces deux pays augmentent leurs impôts, ce qui faisait plonger encore plus leurs économies, et ainsi de suite.
Seuls des Inspecteurs des Finances Français ont pu créer un système aussi idiot.
Mais je voudrais attirer l’attention du lecteur sur un deuxième point, qui est le temps qu’il a fallu pour que tout un chacun se rende compte des dégâts que l’euro occasionnait et pour cela je vais utiliser trois indices boursiers.
- Le premier représente les pays européens ne faisant pas partie de la zone euro, tels la Grande-Bretagne, la Suède, la Norvège, la Suisse, la Pologne etc…
- Le deuxième couvre les valeurs cotées dans n’importe quel pays de la zone euro à l’exception de l’Allemagne.
- Et le troisième représente l’évolution du cours des banques européennes.
L’idée est simple : Si mon analyse est correcte les sociétés opérant dans un pays en Europe mais pas dans la zone euro devraient avoir une rentabilité supérieure à celles opérant dans la zone euro, si j’exclue l’Allemagne qui a été le grand bénéficiaire de la zone euro. Et du coup, leurs performances boursières devraient être meilleures que celles opérant dans la zone euro.
Et les valeurs bancaires, comme a l’habitude me serviront de canaris dans la mine puisque leurs cours plongeront BIEN AVANT que le public ne se rende compte qu’il y a un loup.
Vérifions.
De 2000 à 2007, calme plat. Les banques commencent à se casser la figure dès le début de 2008, bien avant le déclenchement de la crise aux USA. Premier mauvais signe…
Arrive la grande crise de 2008-2009. Les valeurs bancaires baissent beaucoup plus que le reste. Deuxième mauvais signe.
De 2010 à 2012, les banques européennes s’effondrent à nouveau… Arrivent les crise Grecque, Espagnole et Italienne et la zone euro sous performe massivement l’Europe ex Euro.
La réalité apparait alors : l’euro est un désastre. Alerte à bord, tous aux canots de sauvetage.
J’ai cru alors que nous allions être débarrassés du monstre. Que nenni ! Les eurocrates en 2012 avec monsieur Draghi aux commandes doublent la mise, violent tous les traités et décident de sacrifier le Sud plutôt que de reconnaitre qu’ils avaient eu tort, de demander pardon et de disparaitre.
Bien sûr, ils échouent et les banques, depuis le début de 2018, se cassent à nouveau la figure tandis que la zone euro sous-performe à nouveau l’Europe ex Euro… Car depuis 2012, la situation s’est encore fortement détériorée… l’Allemagne
elle-même semble plonger.
Si l’indice des banques passe en dessous de 25, alors là il faudra aller tous aux abris
Et donc, 7 ans après la grande crise, nous avons toujours un système monétaire complétement dysfonctionnel, aucune solution n’est en vue et tout va continuer à se dégrader, jusqu’à ce que nous ayons une crise abominable et tout cela parce que le parti de l’étranger a une fois de plus décidé de trahir…
J’enrage.
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
UltraLucide
13 mars 2019Votre diagramme des indices actions des valeurs bancaires ma fait penser à une analogie avec une balle qui rebondit: Toutes les courbes s’effondrent en 2008, évidemment, mais leurs lois de rebond sont à l’évidence divergentes. L’Euro serait-il une pesanteur artificielle parasite?
La balle de la courbe rouge (Europe hors zone Euro)a rebondi avec vigueur, et retrouve ses niveaux d’avant 2008, ses rebonds successifs la font monter chaque fois plus haut. La balle de la courbe verte (Indice banques européennes, soumises à l’Euro)a d’abord chuté au plus bas admissible, niveau d’indice 25 que vous estimez cote d’alerte, pour rebondir si faiblement et de moins en moins, qu’elle en vient visiblement à s’y stabiliser dans une immobilité mortelle. Et les défenseurs de l’Euro sont capables de nous prouver que leur monnaie fétiche n’est pour rien dans cet effet de pesanteur capable de tuer toute croissance? Fichtre!
Amicalement
6 mars 2019ce destructeur d’Europe que fût et que reste la monnaie commune. J’aurai plutot apprécié monnaie unique car si nous avions fait une monnaie commune alors nous n’en serions pas là. Bien à vous.
Semper Fi
6 mars 2019Merci monsieur Gave pour cette démonstration.
Toutefois, quelques questions demeurent :
– s’agissant du PIB/tête, serait-il possible d’avoir les mêmes données pour l’ensemble de la zone euro comparée à l’UE hors euro ?
– comment expliquez-vous qu’après la rupture de tendance et le net décrochage, le taux de croissance réel soit finalement assez proche de la courbe calculée pour la France et l’Italie (courbes parallèles) ?
Merci d’avance.
Michelhenry
6 mars 2019Guillaume Rouvier explique pourtant que les banques FR sont les meilleures au monde…
Steve
5 mars 2019Bonjour
les princes Francs étaient déjà adeptes du clientélisme, et les rois et présidents le sont de la dévaluation de la monnaie depuis les Capétiens. Ce n’est donc pas en sortant de l’euro que nous allons laisser nos racines culturelles derrière nous. Tous les dirigeants actuels (et ceux de la prochaine génération) de la France sont imprégnés de cette culture depuis les bancs de la maternelle.
Nous devons non seulement sortir de l’euro mais changer radicalement de type de dirigeants.
Coup de chance, Carlos Ghosn vient d’être libéré partiellement et il est probable qu’il le soit entièrement bientôt. Il peut donc être prêt pour la prochaine présidentielle et nous pourrons lui accorder les pleins pouvoirs par référendum d’initiative populaire.
Il est le seul grand dirigeant d’entreprise à avoir fait ses preuves de capacité de redresser une situation fort compromise…..
Je suis certain que tous les patriotes administratifs et autres donneront leur assentiment avec enthousiasme à ce plan de sauvetage…
Allo? Allo ? Dites, pourquoi vous toussez?
Cordialement
Ockham
5 mars 2019Quand les Sudistes vont-ils comprendre ?
Les coûts sont plus bas au Nord du fait qu’ils ont une énergie bon marché (charbon allemand, fleuves hollandais), qu’ils savent compter et limiter les dépenses de leur administration et qu’ils travaillent aux 40 heures. Les pays latins réglaient leurs problèmes avec les dévaluations sans résoudre les problèmes et donc donnaient un avantage de patrimoine aux pays à devises réévaluées pour s’accaparer aussi les joyaux industriels éventuels du sud entre autres! Il y avait transfert de stocks et aujourd’hui avec l’Euro il y a un transfert de flux réguliers qui compté en cumul aboutit au même résultat! Faire sauter l’Euro fera sauter nos Latins incorrigibles des flux au stocks! Retour à la case départ.
Et ils couleront toujours!
Que la charrue soit avant le bœuf avec Maastricht, soit. Mais est-ce que les Français veulent travailler 40 heures, alléger de 20% leurs effectifs de la fonction étatiques et surtout territoriale aberrante, développer le nucléaire et creuser un canal grand gabarit au lieu d’offrir des chèques vacances … Non ! Alors le bœuf devant ou le bœuf derrière, l’Europe a pris cette solution du bœuf derrière car le bœuf devant a calé pendant 40 ans avec ses fonctionnaires-politiques-à-vie plus flûtistes que bouviers! Elle espère qu’ils vont finir par comprendre.
Quelle patience!
Dinia
5 mars 2019Encore merci pour cette analyse simple, courte et pédagogique.
Défendre l’euro à cet instant est de la pure folie, vous l’avez déjà très bien démontré.
J’ai cependant une question : comment expliquez vous la bonne conjoncture actuelle du Portugal et dans une moindre mesure celle de l’Espagne?
Malgré l’handicap de l’euro ils parviennent à redresser la barre. Ils sont encore loin des niveaux d’avant crise, mais la situation évolue de façon plus favorable qu’en France ou en Italie.
Taote
4 mars 2019Et si même en sortant de l euro nous étions tous des nains …
Sans armée,sans avenir,peuples de vieux accueillant des ….
Et si nous étions responsables de notre propre déchéance au lieu d accuser les russes,les américains ou les chinois….
Un bon miroir pour les français et d autres européens à supposer qu ils aient encore de bons yeux vu leur grand âge
C est la faute et…y a qu a faut qu on…..
Desolant
Amis lecteurs des ephads bonsoir
Jérôme
5 mars 2019Absolument, les français feraient bien de balayer devant devant leur porte.
L’euro est une expérience monétaire lamentable pondue par une clique de technocrates incompétents (ou carrément démoniaques dans le pire des cas) mais la France serait-elle en meilleur état si nous avions conservé le Franc ?
Personnellement j’en doute…
Les français seraient plus que jamais englués dans leurs inepties étatistes et marxistes, toujours en train de se délecter de leurs merveilleuses fables sur le service publique, la redistribution des richesses, la sécu et la retraite par répartition.
la dépense publique serait au même niveau qu’aujourd’hui, nous aurions déjà dévalué trois ou quatre fois pour maintenir la compétitivité d’un secteur privé dont la qualité de service et de production dans la plupart des secteurs ne fait plus illusion nulle part. Et puis, comme la France ne fait jamais les choses à moitié, pourquoi pas un petit peu de protectionnisme et le contrôle des changes pour boucler la boucle.
les français, bien trop heureux de remettre leur destin et leur liberté entre les mains du premier potentat capable de servir un doux mensonge ne froissant pas trop leur indolence, continueraient de plébisciter leur fossoyeur à chaque élection sous couvert d’une alternance chimérique.
La démographie serait la même qu’en Italie ou en Allemagne et l’immigration battrait son plein même sans Shengen.
La France est un pays amorphe et décadent qui a atteint le stade suprême du nihilisme idéologique. L’arrogance et le sentiment de supériorité conduisent toujours à la recherche de boucs émissaires dans l’échec, malheureusement ça ne dispense jamais de la nécéssité profonde de se remettre en question.
Charles Heyd
5 mars 2019Je réponds à #Jérôme:
Alors il n’y qu’à … continuer comme ça!
Mais tous las Agnan nous le disent tous le jours, on sera plus fort face aux Chinois et Américains, etc.
Mais moi je me sens tous les jours déjà un peu plus faible car surimposé et surflické.
Jérome
6 mars 2019Charles,
Si votre combat concerne la fiscalité spoliatrice et la restriction toujours plus flagrante de nos libertés individuelles, je le partage entièrement.
Malgré tout, La fiscalité française n’a pas grand chose à voir avec l’Euro mais plutôt avec un système redistributif aberrant et une fonction publique et territoriale soviétique ou la masse de fonctionnaires inutiles et improductifs payés grassement à ne rien faire augmente chaque jour.
Quant au flicage, je pense que le grand combat de C. Gave et des libéraux est d’essayer de faire comprendre aux gens qu’une société ou le poid de l’état ne cesse d’augmenter va de pair avec une constante restriction des libertés.
Là encore, France n’a pas attendu l’Euro pour emprunter la route de la servitude…
On peut porter au crédit de la monnaie unique d’avoir tenté d’orienter (par la coercition) les traîne-savates de l’Europe vers un système plus rationnel et surtout moins dangereux à terme pour les populations. Malheureusement, on voit bien après 20ans que ces pays sont indécrottables, et que si l’Euro doit survivre ce sera au prix d’un nivellement par le bas et d’une résignation des pays du nord à accepter les transferts.
Donc, je ne sais pas si on doit continuer comme ça mais je sais qu’avoir des « Agnans » à Paris qui ruineront la France et condamneront des générations de Français au désespoir ou les avoir à Bruxelle m’importe peu. Je veux juste voir cette saloperie de socialisme s’effondrer une bonne fois pour toute sous le poid de sa propre absurdité!
Si l’Europe peut accélérer le processus continuons…
Bilibin
4 mars 2019Quand on dit à quelqu’un que l’euro est un échec et que l’Europe va dans le mur, on a toujours la même réponse :
« Oui, mais nous n’avons pas le choix car sinon nous ne sommes rien face à la Chine et aux USA, en fait il suffit de réformer l’Europe »
On dirait une régression vers le féodalisme où il faudrait se soumettre au seigneur de Bruxelles.
Un seigneur est hélas bien incapable d’assurer le moindre service en retour des tributs versés.
Réformer l’UE est absolument impossible en pratique car il faut l’accord de tous les pays membres et tout le monde veut tirer la couverture à soi.
Juncker l’a dit lui même : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».
Il n’y a donc que deux solutions : sortir de ce système ou attendre sa destruction.
PS : j’ai cru comprendre que la Fed avait renoncé à remonter les taux. Cela ne risque-t-il pas de retarder la crise, à défaut de la rendre moins violente?
Bilibin
5 mars 2019Un seigneur hélas* (veuillez m’excuser pour la faute)
PHILIPPE LE BEL
4 mars 2019L’Italie, l’Espagne, la Grèce à l’époque, ainsi que la France, ont bénéficié de taux d’intérêt très faible, beaucoup plus que s’ils avaient gardés leur monnaie nationale respective à mon avis… les Etats ont pu se financer moins cher, les particuliers et les entreprises aussi. C’est à mon sens à prendre en considération… en bien (coût moins élevé de la dette) et en moins bien (cela a poussé certains au surendettement)…
La faiblesse des taux d’intérêt continue encore aujourd’hui, au moins pour l’instant.
Et l’Allemagne a bénéficié d’une monnaie sous-évaluée par rapport à ses fondamentaux ce qui lui a permis d’être une machine à exportation partout à travers le monde, notamment en Europe…
Karizoc
4 mars 2019Ces taux d’intérêts très faibles sont déjà pris en compte AMHA dans les calculs de M. Gave. Je m’explique : le PIB inclut les salaires de toute la fonction publique. Donc les fonctionnaires, qui ont été payés avec ce surplus d’argent emprunté à bas coût par les États, sont inclus. Les entreprises aussi, puisqu’elles ont pu générer un surplus de PIB grâce aux emprunts à coût moindre. Les particuliers, eux, ont emprunté pour acheter de l’immobilier, et ce sont les prix de l’immo qui ont augmenté. Cela ne se voit pas directement dans le PIB par contre, sauf si les mises en chantier et travaux augmentent.
Et c’est aussi pour cela que pour la Grèce, avec ces mêmes calculs, il n’y a ni perte ni gain : le gain obtenu par la baisse des taux d’intéréts des emprunts, bien plus important pour la Grèce que pour la France ou l’Italie, compense la perte de compétitivité. Mais cela ne dure qu’un temps …
Guasilas
4 mars 2019C’est bien la baisse des taux d’intérêts qui a tué la Grèce. La Drachme étant devenue le mark, tout d’un coup, l’état payait trois fois moins pour son déficit. Les politiciens avaient donc le choix entre rembourser les dettes et dépenser plus pour acheter des voix- et mettre bien au chaud leurs femmes, leurs enfants, leurs cousins, leurs maitresses’ etc etc.
Que croyez vous qu’ils aient choisi?
Et évidemment, tout allait tres bien tant que tout allait bien.
Les politiciens Italiens et Français avec les mêmes instincts, ont fait les memes choix, mais il y a plus de gardes fous, et il y en a beaucoup plus a ruiner.
Ça prends donc plus longtemps.
rogger
4 mars 2019« si l’indice des banques passe sous 25 »
Ou peut on suivre cet indice?
Jacques Peter
4 mars 2019Certes, la France a décroché, mais surtout à partir de 2008.
Est-ce dû à l’euro? N’oublions pas que l’euro supposait des réformes de structure (critères de convergence) que la France, après les avoir accepté, s’est empressée de ne pas appliquer.
A mon avis l’euro est un prétexte pour expliquer le décrochage de la France, alors que ce pays a refusé d’appliquer les réformes qu’il avait pourtant accepté de faire. L’euro a bon dos. C’est un peu facile de charger l’euro et ainsi d’exonérer nos gouvernements incapables.
Alexandre
5 mars 2019Les « réformes » que vous envisagez n’auraient aucune incidence sur la faillite de l’euro.. car les peuples et leurs rapports au travail, donc leurs productivités ne sont pas interchangeables.
Le problème n’est pas seulement la dette publique, mais surtout la dette des entreprises et des ménages, car les taux étant manipulés pour « sauver l’euro et l’Etat », toutes ces bulles vont exploser DANS LE SECTEUR PRIVE comme explosait la bulle immobilière causée pour les mêmes raisons en Espagne.
Vous pouvez donc faire des « réformes » comme en URSS pour « sauver l’euro », c’est à dire transformer tous les européens en clones robotisés asexués afin que tous les peuples par nivèlement vers le bas aient finalement tous le même taux de croissance, alors l’euro serait viable, mais au prix du totalitarisme et d’une perte globale de croissance pour tous..
Si vous voulez faire rentrer un rond dans un carré, le seul moyen est d’amputer le rond d’une partie de sa matière..
Voilà pourquoi bientôt les peuples poseront des bombes, soit parce qu’ils seront devenus des ronds que l’on force à prendre la forme de carrés, soit parce qu’ils se révolteront suite à l’effacement des comptes bancaires..
Les monnaies libres et privées, sont ainsi la seule alternative à la dictature qui pourrait résulter de cette démocrature dans laquelle nous évoluons déjà.
Sacher
4 mars 2019Bonjour,
Toujours très instructif mais impossible s’ouvrir le PDF.
Merci.
Philippe Hanchir
4 mars 2019N’était-ce pas Mitterand, un Français, qui insista lourdement pour que naisse l’Euro ? N’était-ce pas à l’origine destiné à mettre l’économie allemande au pas ? On dit que LE problème c’est l’Euro mais je ne suis pas tout à fait d’accord. Le problème c’est l’absence de convergence. La Grèce a-t-elle essayé de faire converger son économies vers le standard requis ? Et l’Espagne ? Et le Portugal ? Et la France ? En France on veut des fonctionnaires à chaque étage avec pour missions d’appeler l’ascenseur, d’ouvrir les portes, de les fermer, d’aérer et de faire causette avec Mme Michu… En Allemagne les gens doivent apprendre à se servir eux-mêmes de la télécommande de l’immeuble. Point… Comment voulez-vous que l’immeuble France coûte la même chose que l’immeuble Allemagne et a fortiori qu’ils utilisent la même monnaie sans problème ? C’est pas l’Euro le problème mais le fait que les politiciens des pays concernés refusent d’accorder leurs politiques économiques les uns avec les autres. Je sais que l’adhésion de nos pays à ces institutions supra-nationales s’est fait de façon très faiblement démocratique (c’est un euphémisme) mais il est un fait qu’un devenant membre de l’UE et membre de la zone Euro on aie volontairement abandonné beaucoup de souveraineté. Faire marche-arrière ? Ben bonne chance… Faudra d’abord freiner et faire arrêter le machin, bousculer plein de gens et probablement perdre des ressources : freiner ça fait chauffer les plaquettes et cette énergie est perdue à jamais.
DominoDouble7
4 mars 2019Pourquoi toujours confondre « perte » et « manque à gagner »? La France fait partie de ces pays dont la politique économique (surtout par ses systèmes d’imposition) crée des manques à gagner hallucinants et qui n’ont rien à voir avec l’Euro. Si certains prétendent que la sortie de l’Euro provoquerait en France une dévaluation de 30%, c’est que l’Euro nous est encore profitable et que notre système fiscal doit réduire son emprise !
Une illustration claire est l’histoire de la vignette automobile : créée en 1956 le produit de cette vignette est, , par la loi de décentralisation, transféré en 1984 aux départements. Que se passe-t-il alors ? Certains départements, profitant du caractère obligatoire de cette vignette en profitent pour en augmenter radicalement les tarifs. D’autres pour des motifs plus électoralistes, décident de s’aligner sur les tarifs existants. Le département de la Marne, plus libéral, décide de diviser par deux les montants à payer. Que s’est-il passé ? Du fait du transfert dans ce département des sièges sociaux de nombreuses sociétés de transports et de locations, le nombre d’immatriculations a été multiplié par 5 et la recette de ladite vignette a plus que doublé …
Sans compter les autres effets économiques en termes d’emploi, de perception d’impôts sur les sociétés et autres effets secondaires, le fait d’avoir volontairement réduit cet impôt a été très bénéfique pour le département de la Marne.
Maintenant, rêvons que nos politiques français se comportent au sein de l’Europe comme les dirigeants de la Marne de l’époque.
Les autres départements n’ont pas perdu, mais ont subi le « manque à gagner » que leur politique leur a infligé quand les acteurs économiques ont choisi ce qui leur semblait la localisation la plus favorable. La Marne, à choisir une moindre fiscalité sur la vignette, a gagné dans beaucoup d’autres domaines et certains de ces gains sont encore perceptibles plus de 15 ans après la suppression de la vignette.
A méditer … (Voir les effets négatifs de l’IGF, ISF et autre IFI).
K
5 mars 2019« Si certains prétendent que la sortie de l’Euro provoquerait en France une dévaluation de 30%, c’est que l’Euro nous est encore profitable »
Profitable au rentier oui (car seat actifs ne sont pas dévalués de 30%).
Mais pas profitable à l’entrepreneur (qui subit des coût 30% trop élevés, donc non compétitivité).
Et pas pas profitable non plus au travailleur qui a perdu 55000€ en cumulé (+ sa dignité) à cause de l’euro.
Dyr'
4 mars 2019Magistral !
Mais comment nous protéger de la spoliation ?
En ayant rien en obligation libellée en Euro, ok. En ayant des oblig Russes, Indiennes, ok. Mais c’est pas pour les petits épargnants vu la complexité et les frais de gestion de fou !
J’ai rien trouvé d’autre que de mettre le cash « sous le matelas »
A lire en écoutant La Blanche Hermine, parce que « moi je dis que c’est folie d’être enchaînés plus longtemps ».
RoyD
4 mars 2019« Petit » également,
il est vrai que je me creuse la tête tout comme vous.
Sous le matelas je n’y crois pas, on perd à tous les coups, ça n’est pas de l’or mais de la monnaie fiduciaire…
J’aimerais donc beaucoup lire M. Gave (ou un autre intervenant du présent blog), sur le sujet des lampistes que nous sommes.
Pour ma part, à la veille de la quarantaine, je continue à me former sur des sujets qui m’intéressent… Techniques principalement, en tâchant de m’en servir professionnellement ou personnellement les week-ends afin d’améliorer l’existant.
Mais c’est vrai que j’ai un peu l’impression de ramer contre le courant, là où il serait pertinent si possible de réduire mon exposition au « système » et de faire croître mes actifs à l’extérieur.
Bref, pour les petits, épargne pour les nuls, ou bien faire comme les Russes et « système D » en attendant des jours meilleurs, telle est la question…
Jof
4 mars 2019Dans la mesure ou ils vont tenter par tous les moyens de sauver le système en place, n’est-il pas le bon moment d’acheter des banques de la zone euro?
breizh
4 mars 2019j’ai du mal à voir l’Euro comme un problème : c’est un simple outil.
En revanche, c’est un révélateur des dysfonctionnements (comme la très mauvaise gouvernance des pays du sud).
Cette mauvaise gouvernance était masquée par les dévaluations, lesquelles ne faisaient qu’appauvrir les pays concernés.
Le soucis est que cette dévaluation se poursuit désormais au niveau de la BCE avec les QE…
Cela permet de continuer à masquer la mauvaise gouvernance (française, italienne,…), mais cette mauvaise gouvernance ne peut apporter du bon in fine.
breizh
4 mars 2019en complément :
https://www.contrepoints.org/2019/03/04/338544-leuro-a-t-il-appauvri-les-francais
Gerldam
4 mars 2019C’est que vous n’avez pas lu le dossier de Charles Gave sur l’euro, pourtant disponible sur le site.
bruno
4 mars 2019Ben non justement : les « dysfonctionnements » des pays du sud existaient bien avant l’euro. Et pourtant les croissances de ces pays étaient en ligne avec le reste de l’Europe.
Le problème justement, c’est cette vision technocratique qui consiste à appeler « dysfonctionnement » ce qui n’est après tout qu’un choix de société de la part de pays souverains, qui sont parfaitement en droit de gérer leurs affaires comme ils l’entendent et suivant leur culture propre.
Si cela doit passer par des dévaluations régulières, où est le problème, dès lors que personne n’est forcé de commercer avec eux ou d’investir chez eux ?
Votre remarque est en fait typique du technocrate : vous êtes face à un truc qui marche mais qui « en théorie » ne devrait pas marcher (les monnaies nationales), ce qui est inacceptable pour un esprit supérieur. Il faut donc imposer un truc qui « en théorie » devrait marcher mais qui ne marche pas (l’euro).
Xavier
4 mars 2019Simple outil, paa de différence entre un hijab et un serre tête, penser printemps.
Mispe31
4 mars 2019@breizh
Vous faites probablement partie de ceux, les élites dirigeantes en particulier, qui depuis Giscard ont toujours considéré indispensable qu’il y ait une contrainte extérieure, allemande notamment, pour que la France puisse être gouvernée, le courage politique nécessaire leur manquant, compte tenu de la préoccupation exclusive de leur réélection.
Il serait plus satisfaisant de faire appel à ce courage et d’en finir avec cette monnaie contre-nature
Alexandre
5 mars 2019Il suffit de comparer la Grèce et la Turquie, qui avaient exactement le même taux de croissance en 2002.. 5%.
Sans l’euro la Grèce au lieu d’être sous perfusion aurait été au moins aussi prospère que la Turquie aujourd’hui.
En matière de taux de change fixe on peut aussi comparer l’Argentine des années 2000 avec le Chili.
Mêmes causes, mêmes conséquences.
Et concernant les fameuses « réformes », elles n’auront aucun effet, car vous ne ferez jamais travailler un grec comme un allemand, ni un français comme un hollandais..
Ce n’est pas seulement que les lois sont différentes entre les peuples, c’est que le rapport à la loi l’est aussi.. sauf à tout niveler vers le bas vous n’aurez donc jamais un taux croissance identique dans tous les pays.. donc même avec toutes les réformes que vous voulez, l’euro ne sera jamais viable.
– Des climats qui diffèrent (donc des phénotypes qui diffèrent entre populations, des productions agricoles différentes, donc des systèmes d’assurances divers..).
– Une judiciarisation de la vie publique qui diffère.
– Des tolérances pour le viol de la loi qui diffèrent.
– Une productivité horaire qui diffère.
– Un QI qui diffère.
– Un patrimoine par tête qui diffère (donc un capital investissement qui diffère).
– Une part du PIB associatif qui diffère.
– Une dépendance aux énergies qui diffère.
Etc.
Pour toutes ces raisons entre tous les pays d’Europe vous n’aurez donc jamais le même taux de croissance, quand bien même vous réaliseriez toutes les réformes que vous promettez.. et quand bien même il serait souhaitable de réaliser toutes ces réformes..
Donc l’euro est voué à la faillite et s’il ne l’était pas nous serions alors voués au totalitarisme ainsi qu’à la guerre civile.
UltraLucide
13 mars 2019Un outil qui non seulement ne fonctionne pas mais en plus inflige des dégâts irréparables à une structure qu’il devrait renforcer EST un problème.
Philippe
4 mars 2019A l’ appui de votre analyse, un récent article ( 29 novembre 2018 par Beda Romano ) du quotidien economique Il SOLE 24 ORE titrait » Catena del valore : Export UE – Germania offre 160,000 posti di lavoro a l’Italia » ce qui se traduit par
Chaine de la valeur, L’Allemagne offre 160,000 emplois en Italie .
Donc dans la chaine de production de la valeur , l’ Italie a régréssé de crèateur a sous-traitant de l’ exportation allemande .
La croissance en Italie est nulle ou quasi-nulle depuis 2002 .
Le chomage est stable a 15% avec chez les moins de 30 ans, 40% .
Berlusconi qui s ‘appretait a rétablir la lire en 2011 , a été renversé par Mme Merkel et Sarkozy , qui ont demandé a leurs banques de vendre massivement les obligations d’Etat italiennes, le spread BtP Italie- Bund est passé a 500 points , Berlusconi a démissionné , Mario Monti ex commissaire de l’UE a la concurrence, sénateur a vie , est nommé par le President Napolitano , chef du gouvernement avec l’ appui des députés de Berlusconi qui ont retourné leur vestes , et contre la seule opposition de la Lega ( Salvini ) .
Mario Monti fait bruler le stock de Lires et dètruire les planches d’impression .
Coupes brutales dans le budget . Chomage en hausse, Mario Monti perd les elections de 2012 et se retire . L’Italie sous observation de la BCE reprend un clone de Monti , au gouvernement ( Enrico Letta ) et continue dans la spirale déflationiste . 2014 Letta démissione , un autre clone de Monti , le remplace , Matteo Renzi , qui continue l’ austérité bien qu’aucuns d’entre eux ne réussisse a diminuer la dépense publique ( de 120% sous Berlusconi aux 132% actuels ) . Renzi perd les elections. 20% des prets bancaires sont NPL ( non performing loans ) , 115 banques sur 500 sont au bord de la faillite .
2018 elections, la vague populiste de droite ( Salvini Lega ) et de gauche ( 5 etoiles Di Maio ) prend la majorité et s’allie dans un mariage de la carpe et du lapin . La nomination de Paolo Savona ( grand chef d’entreprise – economiste anti euro – historien ) comme ministre des finances est refusée par le President de la Republique ( Matarella – autre clown de Bruxelles ) , donc l’Italie ne s’en sortira pas , sauf si La Lega fait 50% des voix ….wait n see
GJmanu
4 mars 2019Selon moi, nos « maitres » sont plus proches du gouverneur Garovirus de Condate: ils amassent sur le dos des gens pour pouvoir vivre dans la sphère non détruite de l’Europe une longue orgie …
Robert
4 mars 2019Exposé magistral M.Gave.
Il me semble (?) qu’ il y a un début de prise de conscience dans le « grand public » de la nocivité de l’ Euro. Oui mais… Quitter l’ Euro et rétablir le Franc entraînera une dévaluation de 30 % environ et les français ayant des économies -car il y en a encore- sont effrayés par cette perspective. Donc, et vous soulignez justement l’influence du « parti de l’étranger », cette monnaie politique qu’est l’ Euro continuera probablement à faire des dégâts pendant quelque temps avant, peut-être, l’explosion finale…
L’ Euro ou la domination « pacifique » de l’ Europe…
Kris
4 mars 2019Ça veut dire que cette fois-ci c’est vraiment foutu et qu’on va enfin être débarrassé de cette saloperie de devise ?