Auteur: idlibertes
Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.
Dalla Vecchia Luigi
31 août 2018Permettez-moi de vous envoyer une deuxième diatribe, même si le mot est un peu fort…Disons que la thèse est si belle, que j’éprouve le besoin de l’antithèse et que je laisse à votre jugement et talent l’art de la synthèse…
NB/ dans tous les cas j’achèterai le livre de cet ecclésiastique puisque vous le recommandez et que je trouve déjà vos écrits plus qu’intéressants même si je n’en partage pas toutes les idées ;
Bon, j’aime bien votre style, mais reste dubitatif sur le mélange des genres entre religion et économie, entre foi et recherche scientifique…Personnellement j’aime les hommes d’Église qui se servent de leur religion pour nourrir leur spiritualité et la partager, mais demeurent de parfaits scientifiques en termes de recherche et d’argumentation sur d’autres domaines en n’y mêlant pas leur profession de foi. En effet la pente est glissante vers les extrapolations douteuses qui paraissent si séduisantes pourtant, à ceux dont la quête fondamentale est de se départir des affres du doute…Croire est une souffrance parce qu’au fond, on n’est jamais sûr, alors que l’exigence d’authenticité voudrait qu’on le soit…Un ami lumineux et particulier tant il est une personne authentique et généreuse, a fait pendant ses études un délire mystique dans sa jeunesse, parce que, ne pouvant se résoudre à subir cette angoisse et la ressentant comme une preuve d’hypocrisie qui le culpabilisait et le faisait d’autant plus souffrir, il choisit de se réfugier dans le merveilleux. Et le libéralisme c’est merveilleux, d’autant plus si l’on en fait une parole de Dieu. On se dit alors: « voyez comme ce conceptuel est parfait et comment il explique tout à la perfection, comment il donne une vision sans doute, sans les affres du « et si j’avais tort », et voyez comme la réalité est sale et imparfaite dès qu’elle s’éloigne de cet idéal accompli »….L’homme n’a de cesse de faire coller les faits à son idéal, mais les faits sont têtus et la réalité si imparfaite dans sa complexité et son imprévisibilité qu’on pourrait la penser cruelle, ou viciée parce qu’elle n’obéit pas au dogme…A mon sens, tout le problème de l’homme est d’accepter la réalité et ce faisant, accepter que ce qu’il en conçoit n’est que sa réalité intime, imparfaite et fausse et qu’il lui faudra souvent changer son fusil d’épaule en se désavouant parfois. Cela est incompatible avec une certitude idéologique prédéfinie d’avance, la route ce n’est pas le libéralisme, le communisme, le capitalisme ou je ne sais quoi d’autre… On ne peut que pérégriner au gré de ces petits riens, signaux faibles ou forts parfois, qui disent, « ton chemin est bien loin de la route », et cela tout en ne sachant pas exactement quelle est la route, et tout en subissant les impératifs géographiques. Ainsi chaque homme choisit et subit, mais ses choix il doit les fonder et c’est là qu’intervient sa responsabilité : il doit gérer ses choix. L’homme est donc par essence un gestionnaire, contraint qu’il est par les faiblesses de son jugement à remettre sans arrêt son ouvrage sur le métier. Il n’est pas un grand architecte même s’il en rêve dans son désir le plus fou, en désirant devenir un Deus ex machina. Ceux dont la route est trop droite ont en général plus à voir avec l’autisme qu’avec le génie, mais si tout est possible, un fait est certain, le génie est rare. Mon ami m’a, en fait beaucoup appris, avant et après son épisode délirant : avant, par cet espèce de feu intérieur qui l’obligeait à se décaler, à se pencher sur les choses, à se compliquer la vie; cela attirait mon respect et suscitait ma curiosité tant il en tirait de pertinence; après, parce qu’il sut composer (bien mieux que moi-même) avec l’imperfection de la vie, et malgré qu’il se dise désormais athée, je sais et vois qu’à travers ses actes il continue sa quête (de je ne sais quoi) et que ce qu’il en tire est exceptionnel (même si cela pourrait apparaître comme des petits riens), et ce qu’il en fait sont des actes pleins d’abnégation. Et à mon sens c’est là que se pose la question des orientations chrétiennes ou autres présupposés qui mettent les gens en mouvement parce qu’ils sont en quête : si l’on a conscience de ce qui est subit et donc de la part, qui fait parfois le malheur des autres malgré eux, on gère ses choix dans une dimension de changement de la société et là, face à la souffrance des autres, aucune remise en question ne doit être tabou et surtout pas celle des idéologies (libéralisme, communisme…etc.) ni même celle des états de fait (capitalisme) ou des lieux communs et autres us et coutumes, ou encore des aides à penser comme la science appliquée (qui n’est pas la science, mais peut devenir du scientisme ou de la numérologie comme le dit M Charles Gaves). Si l’on gère sa responsabilité dans le sens de : « les rats quittent le navire et après moi le déluge »,moi d’abord, ma famille d’abord, ce qui me rassure d’abord…etc. ; on vit sur le court terme, de façon jouissive en impulsant une morbidité funeste dans la société. Si l’on gère sa responsabilité en opportuniste se satisfaisant de tout et tirant parti de la moindre occasion, on ne construit rien, on surfe sur la vague pour vivre sans enjeu comme un animal épuisant tout ce qu’il peut épuiser et ne devant paradoxalement le salut de son espèce qu’à ceux qui l’assassinent : ses propres prédateurs ! (Pour que l’on se comprenne bien, le spéculateur est un animal type nué de sauterelles, l’actionnaire qui participe à une augmentation de capital, est lui, un homme prenant part à une aventure collective). L’homme a besoin de se spatialiser et de s’universaliser lorsqu’il aborde une décision face à un problème, après quoi il doit se méfier de lui-même et de sa perception en se demandant: « et si tout le monde fait pareil, qu’arrive-t-il ? » Une façon de s’extirper de la micro-économie et de sa gangue de cupidité pour aller vers la macro. Une chose que font très bien les mathématiciens, qui, s’ils ne savent résoudre une somme au rang n, se demandent ce qu’elle devient au rang N+1, puis ayant trouvé un résultat, se demandent et s’il était faux ? Et cherchent à le contredire ou à le valider dans des expériences en physique (la part de Riemann dans la découverte de l’effet Casimir). Pour ma part, j’ai appris du regard sur mon ami, que les personnes intéressantes sont celles qui tombent, elles ont plus de choses à nous dire et nous enseignent bien plus que les autres…Aussi , je trouve que le libéralisme fait trop grand cas de la raison des puissants et des vainqueurs, et à ce titre, il est pauvre… de plus il ne véhicule pas au sein de sa pensée l’idée de la gestion du doute et de l’appréciation des effets induits indésirables, c’est donc (à mon sens seulement) une idéologie sans recul sur elle-même comme toutes les autres….La seule gestion qui vaille pour dire que l’on exerce sa responsabilité, c’est celle qui part de ce qui ne marche pas pour le résoudre et non celle qui part de ce qui marche pour en profiter ; c’est pourquoi il faut partir des pauvres et non des riches dans sa réflexion même si l’on doit concevoir que le narcissisme ploutocrate doive en souffrir ; enfin jusqu’à une certaine limite tout du moins, celle de la spoliation, car alors ce serait vouloir le malheur des gens heureux. La question qui fâche étant où met-on le curseur pour définir ce seuil de spoliation…