En ce moment, il me semble que deux thèses concernant le futur de nos économies s’affrontent.
- La première annonce que le monde va entrer en récession dans les mois qui viennent en raison des politiques protectionnistes suivies aux USA par l’administration du Président Trump.
Les partisans de ce scenario pensent que récession aux USA veut certainement dire récession partout ailleurs et baisse de la demande d’énergie et donc de son prix dans le monde entier.
- La deuxième thèse insiste sur le fait qu’une récession est certes possible aux Etats-Unis mais remarque que l’économie américaine ne représente plus que 23 % du PIB mondial et que la zone appelée de « Valeriepieris « (le cercle de 3000 kms de rayon autour de HK) où réside plus de la moitié des humains, connait déjà une forte croissance économique et que cette croissance devrait continuer, voire accélérer dans les mois et les années qui viennent.
Dans ce second cas, aucune raison de vendre ses actions et le prix de l’énergie devrait monter…
Laquelle des deux thèses est la bonne ?
De février à mi-avril 2025, les marchés des actions s’étant bien cassé la figure, les partisans de la première hypothèse semblaient tenir la corde et les adversaires du Président Trump nous annonçaient fièrement que les marches des actions aux USA avaient connu leur pire mois d’avril depuis … avril 1929.
Hélas (pour eux, mais pas pour nous…), les 15 derniers jours du même mois furent extrêmement positifs et finalement, au mois d’avril 2025, on peut dire qu’il ne s’est pas passé grand-chose.
Je ne suis donc pas très avancé dans ma nécessaire prise de décision. A ce point du raisonnement, Je dois avouer ma complète incapacité à prévoir laquelle des deux séries d’évènements va se produire.
J’ai cependant des circonstances atténuantes.
Encore une fois, si quelqu’un pouvait prévoir quelque chose, le socialisme marcherait et monsieur Attali serait a la tête du gouvernement mondial. Je n’ai donc pas la moindre idée de ce qui va se passer et l’admettre fait de moi un individu tout à fait exceptionnel tant la reconnaissance de sa propre ignorance est chose rare.
A la suite de ces fortes paroles, le lecteur va sans doute se dire : « mais pourquoi devrais je continuer à lire un jean-foutre, qui non seulement est incapable de prévoir quoi que ce soit, mais en plus en est fier ? «
Ma reponse à cette critique est toujours la même : je ne sais pas ce qui va se passer, mais je peux essayer de déterminer ce qui devrait se passer dans les marchés que je suis selon la thèse qui va l’emporter, et de ce point de vue, un secteur va être particulièrement important celui de l’énergie.
- Si nous avons une récession mondiale, la demande d’énergie va fortement baisser et avec elle sans doute le prix du pétrole et le cours des valeurs pétrolières.
- Si le boom asiatique se produit, gageons que le prix du pétrole ne va pas rester la ou il est aujourd’hui.
Et donc, à partir de maintenant, je vais surveiller comme du lait sur le feu le cours du pétrole ainsi que le cours des valeurs pétrolières, en particulier aux USA.
Et pour ce faire, je vais montrer au lecteur quelques graphiques dont j’espère qu’ils seront parlants.
Voici le premier.
Depuis plus d’un siècle, le ratio prix du pétrole / cours de l’or est plat, avec de fortes variations autour de la moyenne à 90. Aujourd’hui, ce ratio est à un plus bas historique.
Il est donc tout à fait évident que la majorité des opérateurs est persuadée que nous n’allons plus jamais avoir de croissance. Il semble bien que tous les opérateurs de marché sont fortement positionnés en faveur du scenario numéro 1. Ce qui est déjà une information intéressante. Surveiller le ratio pétrole/or au cas où un retournement inattendu se produirait me semble donc être une bonne première idée.
Une autre possibilité mérite d’être explorée : Peut-être le prix du pétrole (WTI) est-il un mauvais indicateur de la demande réelle d’énergie tant les miroirs magiques et les moulins à vent ont fait d’immenses progrès.
Ce n’est pas ce que disent les marchés.
Depuis 2009, les valeurs pétrolières ont fait cinq fois mieux que les valeurs vertes subventionnées et avoir été actionnaire de ces sources d’énergie a été un désastre. Ces fausses énergies n’existent en fait que grâce aux subventions étatiques, et comme nos états vont faire faillite, les subventions vont disparaitre et les prix du WTI monter en conséquence. J’attends donc avec impatience le prochain effondrement des valeurs vertes, accompagnée par une hausse du WTI…
Pour moi, le cours du West Texas Intermédiate (WTI) reste, à mon avis, le prix central du monde énergétique.
Et ce qui est intéressant est que ce cours connait un cycle de trente ans, assez marqué. et dont j’ai souvent parlé dans ces billets du lundi
En voici le graphique
Apparemment, nous touchons à la fin d’un cycle de trente ans, et la prochaine phase haussière est peut être devant nous.
Et, si j’ai raison, cette hausse sera déclenchée par la croissance des économies situées a l’intérieur du cercle de Valeriepieris. Et ces économies n’auront aucun problème à payer pour une énergie plus chère compte tenu de leur remarquable efficacité surtout si leurs taux de change montent.
Ce sera beaucoup plus dur pour l’Europe qui n’a connu aucune croissance depuis l’arrivée de l’euro si ce n’est dans les règlementations qui rendent son énergie de plus en plus chère.
Conclusion
Elle est simple : Pour l’instant, les marchés croient à la thèse numéro un qui est en place au moins depuis le Covid.
En ce qui me concerne, je suis intéressé par la reprise actuelle des marchés des actions. Si elle se confirme, et si les monnaies asiatiques se mettaient à monter, alors cela pourrait vouloir dire que la croissance asiatique sera au rendez-vous, que la thèse numéro 2 était la bonne et que le cours du pétrole (WTI) va se mettre à monter, entrainant avec lui les valeurs pétrolières. Nous serons fixés cet automne au plus tard.
Mais je dois dire que j’ai la trouille (je suis actionnaire de valeurs énergétiques classiques), ce qui est plutôt bon signe.
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
Benj
12 mai 2025Juste pour vous dire que mes messages de ces dernières semaines ne passent plus sur le site.
le chinois
5 mai 2025Idriss J Aberkane:
Taxis Volants, Usines Géantes, Centrales à Thorium : La Chine, Nouveau Moteur du Futur ?
https://www.youtube.com/watch?v=EVwARnw5VOo
Une déclaration aussi important que fut de celui de J D Vence.
Charles Heyd
5 mai 2025Moi aussi je suis actionnaire de valeurs énergétiques classiques et je n’ai pas en m’en plaindre, bien au contraire! Et la récente baisse du prix du pétrole ne m’inquiéte pas car je crois que vous avez raison et que le prix de ces énergies classiques va remonter très vite.
Charles Heyd
6 mai 2025oups: et je n’ai pas à m’en plaindre!