L’audition du DG de Safran à l’Assemblée nationale, Olivier Andriès, a fait grand bruit. Interrogé sur la réindustrialisation et l’aménagement du territoire, celui-ci a expliqué que Safran avait prévu d’implanter une usine de fonderie d’aubes de turbines à Rennes. Avec 500 emplois générés, il avait obtenu l’aval de la municipalité pour débuter les travaux de création. C’était sans compter sur les écologistes, qui se sont opposés au projet et ont manifesté contre Safran et son DG. Dépité, celui-ci décida d’aller voir ailleurs. Et de conclure durant son audition : « Chaque fois qu’on aura un choix de localisation, je bannirai une offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste ».
La ville et la puissance
Le sujet est crucial, pour le développement de la France et celui de ses différents territoires. Dans moins d’un an, en mars 2026, se tiendront les élections municipales. On peut d’ores et déjà donner à l’avance le programme de tous les candidats : « ville verte », « ville agréable à vivre », « ville écologiste », avec plus ou moins de sécurité et de social dans le programme, selon que le candidat soit de droite ou de gauche.
Que des sujets de vie quotidienne et d’immédiateté, jamais des sujets de puissance, de développement et de temps long. Ayant siégé trois mandats durant dans un conseil municipal, j’ai pu constater que ces sujets n’intéressent pas la majorité des électeurs et qu’ils ne sont donc pas des sujets de campagne ; quand bien même l’un des candidats aurait pour idée de les mettre à son programme.
Donc, les pistes cyclables l’emportent sur l’industrie, les tarifs de la cantine sur le développement économique. À quoi s’ajoute, dans les villes tenues par les écologistes, une détestation de tout ce qui est entreprise et industrie. D’où le départ du DG de Safran. L’effondrement des villes dirigées par les écologistes est un véritable problème de puissance et de souveraineté, tant la ville est le lieu par excellence de l’échange et de la création. Rennes est tombée dans la violence et l’insécurité, comme Nantes, comme Grenoble, pourtant capitale industriele et capitale des ingénieurs, comme Bordeaux, Poitiers, Strasbourg. Liste à laquelle il faudra peut-être ajoutée Lyon, dont le centre-ville se dégrade de plus en plus et, hélas, Paris.
Paris, une cause nationale
Même les provinciaux ne peuvent pas se satisfaire de l’état de délabrement dans lequel Paris est tombé. Paris est la capitale de la France, sa vitrine sur la scène mondiale en plus d’être son moteur. C’est à Paris que viennent les touristes du monde entier et que, visitant la ville, ils visitent la France. C’est à Paris que siègent les ambassades, que se rendent les hommes d’affaires, les intellectuels, tous ceux qui comptent dans le monde. De tout temps, la capitale a toujours été choyée par le pouvoir parce qu’elle est l’image de la puissance et de la grandeur d’un pays. Tous les monarques ont rénové et modelé Paris, pour bâtir le Louvre, les Invalides, les grandes avenues. Napoléon III et Haussmann ont réalisé le Paris que l’on connaît aujourd’hui et qui fait la fierté des films, des publicités, des voyageurs. Aucun gouvernement ne peut accepter que Paris soit devenu une ville salle, abandonnée, dégradée, tant sa dégradation est aussi l’image de la dégradation de la France. Se rendre à Moscou, c’est avoir une idée, même faussée, de la Russie. Se rendre à Rabat, c’est voir le Maroc moderne et conquérant, se rendre à Londres, c’est voir la puissance du Royaume-Uni. Sauver Paris est donc une cause nationale pour l’image et le statut de la France.
Raison pour laquelle Paris ne devrait pas être dirigé par un maire, mais par un préfet, comme cela était le cas avant la réforme de Giscard. Des maires d’arrondissement pour gérer les affaires locales (propreté des rues, fêtes, brocantes, affaires sociales) et un préfet pour les aménagements structurants, qui tiennent compte de l’intégration de Paris dans la région Île-de-France et des intérêts de la France. Quelle image renvoie-t-on quand les touristes qui atterrissent à Roissy doivent emprunter le coupe-gorge du RER B pour arriver jusqu’à Paris ? Que signifient les rues délabrées, les poubelles, les trous, la saleté ? Il y a là une cause majeure à défendre, qui ne concerne pas que les Parisiens, mais bien tous les Français.
Il y a quelques années, Rome était sale, avec de graves problèmes de gestion des ordures. Aujourd’hui, c’est une ville propre, qui a été restaurée à l’occasion du jubilé. Madrid était encore il y a quinze ans une ville provinciale à l’échelle de l’Europe, c’est désormais une ville dynamique, agréable à vivre pour les touristes, qui sait attirer les entreprises et donc les cadres internationaux.
Responsabilité financière
Ce qu’énonce le DG de Safran peut être décliné en plusieurs exemples. En Corse, la collectivité de l’île, qui mène une politique socialiste assumée, augmente sans cesse les taxes pesant sur le billet d’avion, notamment pour le tarif résident. Une collectivité qui empêche toute concurrence dans le domaine aérien, voulant maintenir le monopole d’Air Corsica et les dérogations d’Air France. Avec un billet d’avion de plus en plus cher, les Corses habitant sur le continent sont donc limités dans leurs déplacements, ce qui nuit au développement économique des villes corses et donc in fine de l’ensemble de l’île.
Comme les villes dépendent essentiellement, pour leurs finances, de l’argent versé par l’État, elles sont irresponsables face aux conséquences de leurs choix. En cas de problème grave, elles se tournent vers l’État pour demander plus de budget, de sécurité, de subventions. La solution passe par une autonomie totale des villes en matière budgétaire, c’est-à-dire qu’elles ne vivent que des impôts qu’elles peuvent prélever. Ainsi, une mauvaise politique provoquera la fuite des habitants et donc moins de rentrées fiscales, ce qui limitera les budgets, obligeant les municipalités à être vigilantes dans les politiques menées.
Cette responsabilité financière, beaucoup de maires n’en veulent pas, tant il est plus confortable d’incriminer la faute de l’État et de se dédouaner vis-à-vis de ses électeurs sur le gouvernement.
Le travail sur la puissance et sur la grandeur nationale passe donc aussi par le renouveau des villes et des territoires locaux.
Auteur: Jean-Baptiste Noé
Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).
Blondin
22 avril 2025« La solution passe par une autonomie totale des villes en matière budgétaire, » : tout le contraire de ce qu’a fait Macron avec la suppression de la Taxe d’Habitation.
David Lejeune
18 avril 2025Moi, ca fait longtemps que je ne considère plus Paris comme une partie de la France mais comme un parasite de la France. D’ailleurs tous mes amis et collègues étrangers ont une sérieuse préfèrence pour la Province, et en Province pour les plus petites villes et villages (que Marseille ou Lyon pour ne citer qu’eux). Moi même, un Francais de naissance, je ne souhaite plus aller dans ces grandes villes (toutes) tant c’est aggressif et sâle.
Merci beaucoup
Robert
18 avril 2025Puissance et grandeur nationale dîtes vous ?
On dirait que ces deux valeurs ont désormais déserté les esprits… et pas seulement ceux des politiques.
Après tout, ces derniers sont le reflet de leurs électeurs !
Patrice Pimoulle
22 avril 2025La France fut une grande puissance depuis Louis XVIII (Instructions aux ambassadeursm 19 aptembre 1814), jusqu’au 31 aout 1944 (Telegramme a trois envoye secretement u general de Gaulle). C’est ce
que le general de Gaulle appelle les » 130 annee d’infirmite, d’insecurite. d’amertume »Depuis le 10 sptembre 1944 (formation du ministere de Gaulle), la politique francaise se reduit ala rive gauche du Pfinm la solidrite franco-russe et au « sang francais verse sur le sol de l’Indochine », C’est a Alan Dulles, chef de la CIA qu’il a appartenu de tirer le conclusion se cette politique; « we are wutnwssing the collapse of France as a great power in almost every part of the world » 15 mars 1954, a la mise hors d’usage de la piste de Dien Bien Phu. L’histoire n;a pu que confirmer ce jugement. Il n’y a pas lieu de s’inquieter; c’etait voulu.
Ravoux
17 avril 2025Vous semblez oublier que pour les socialistes, l’industrie c’est du vent qui plus est n’apporte que des inconvénients. L’industrie est un gros mot à bannir pour tous les socialistes écologistes de surcroît.
GEORGIO
17 avril 2025Il ne faut plus les nommer écologistes ceux sont des politiciens qui se servent de l’appellation écologiste ,ceux sont des écologistes de salon arrivistes.
Patrice Pimoulle
17 avril 2025Le parti socialiste est la colonne vertebrale de la Ve Republique, depuis que le parti gaulliste a considere » qu;il fallait debarasser la France de M. Giscard d’Estaing fut-ce au prix de la vicroire de M. Mitterrand ».. Le gaullisme, c’est commel;e marxisme. c’est une praxis.
scardanelli
17 avril 2025Giscard c’était déjà du socialisme, Mitterand n’a été qu’un continuateur comme Chirac, chacun élu et ré-élu en connaissance de cause. Qu’on cesse de présenter les français, innocents, pris en otages par le socialisme. Que cela fasse plaisir ou pas, le socialisme est l’expression de la volonté des français.
Patrice Pimoulle
17 avril 2025A Scardanelli: cotre commenuaire est stupide. Mitterrand e entuerement detruit, sciemment, avec le soutien implicite de Chirac-Pasqua, le travail de redressement de Raymond Barre, En revanche je vous concede que c’est en pleine oinnaissance de cause que les Francais ont vhoidi le « changement » er un « autre modele de developpement »,
Rob
17 avril 2025P. Pimoulle et scardanelli, je plussoie ! Et je vais plus loin que vous, je pense que les français sont socialistes tendance communistes. N’oublions jamais que la France a inventé le communisme avec la Commune de Paris et d’ailleurs quasiment tous les leaders communistes de la planète ont fait des séjours (de formation?) à Paris. Les français ont choisi leurs dirigeants pour qu’ils confortent l’immobilisme ambiant en empêchant toutes réformes pour aller de l’avant.
Comme le dit Dominique Reynié :
Il y a maintenant 40 ans que les choses se dégradent sans qu’aucun problème de fond ne soit traité.
Nous sommes au stade de l’effondrement systémique.
Je ne suis pas certain que notre pays ait le sens de la réforme, sinon on l’aurait montré avant. Par contre le pays a l’habitude des ruptures brutales.
Il va falloir prendre des décisions extrêmement désagréables dans un pays qui a perdu l’habitude de supporter des décisions désagréables quoi qu’on en dise.
C’est une révolution mentale qu’il faudrait faire en peu de temps je ne suis pas sûr qu’on en soit capable.
Ce sont tous les Français qui ne sont pas raisonnables et ne sont pas suffisamment sérieux. C’est un peu facile. Vous ne pouvez pas renvoyer aux dirigeants la responsabilité de ne pas prendre les décisions que de toute façon vous ne leur laisserez pas prendre.
La responsabilité tient aux 49 millions d’électeurs. «
Patrice Pimoulle
18 avril 2025A Rob: Absolument. En 1870, Bismark en a eu l’intuition et il a prophetise que la Republique aneantirait la France, le difference entre ce temps la et le notre est que la Commune a ete arretee par la IIIe, que le Front Populaire a ete arrete par le Senat, et que le Deance sovietique a ete arretee par les Americains. En 1981. il n’y avait plus rien car le machiavelisme de la Ve a bloque le systeme irrecersiblement. C’est termine.