Les deux grands risques qui existaient au début de l’année 2017, l’explosion de l’Europe et l’implosion de la Chine n’ont pas complètement disparu, mais pèsent beaucoup moins fort dans l’échelle des risques. La psychologie des investisseurs est en train d’évoluer dans un sens positif, puisque il s’agit désormais d’identifier les pays, les secteurs et les thèmes les plus à même de profiter d’une croissance mondiale qui est toujours là.
En terme de séquences, nous avons eu de 2009 à 2017 celle de la croissance structurelle qui profitait aux actions américaines, la technologie, la santé, la consommation durable et discrétionnaire. Depuis 2017 jusqu’à aujourd’hui nous avons eu la séquence de la croissance cyclique qui a bénéficié aux actions des pays émergents, aux financières, à l’énergie, aux matériaux et aux sociétés industrielles.
Le prochain mouvement devrait être défensif, mais à deux niveaux. Le premier serait centré autour des obligations émises par les pays de l’OCDE, les télécommunications, la santé. Le deuxième privilégierait l’or, le cash et le yen japonais
Le moment du rebalancement des portefeuilles est, comme d’habitude, compliqué, à déterminer, car la croissance que nous connaissons en ce moment devrait se poursuivre en 2018 et probablement 2019. Pour répondre à cette question, les commentateurs qui ont quelques heures de vol sur les marchés utilisent la citation pratique de James de Rothschild « Personne n’a jamais fait faillite en vendant trop tôt »…
Préférez en Europe les actions hors Zone Euro
En Europe, les taux d’intérêts sont négatifs sur les obligations à court terme alors que la BCE continue d’injecter 30Md€ par mois dans le cadre de sa politique de stimulation monétaire. Cela se passe alors que la banque centrale se prépare à relever ses taux. Certains parlent déjà de krach obligataire…
La Grande Bretagne aura du mal à intéresser les investisseurs tant que le processus du Brexit n’aura pas été mené à son terme. Pour le moment la Livre Sterling est sous évaluée et le marché actions doit être abordé sous trois angles : 1/ les sociétés domestiques, 2/ les sociétés réalisant une partie significative de leur chiffre d’affaires en Europe. 3/ les sociétés exportant en dehors de l’Europe. Seule cette dernière catégorie de société mérite d’être achetée.
En Europe de l’Est, on assiste à une reconstitution de l’Empire austro- hongrois. En Autriche la droite du jeune conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, l’a emporté lors des dernières élections législatives. Avec l’extrême droite il représente 57% des suffrages car les deux formations ont toutes les deux fait de l’immigration un thème central de leur campagne. L’Autriche est l’un des pays d’Europe qui proportionnellement a accueilli le plus de réfugiés depuis deux ans : 90.000, c’est plus d’1% de sa population. C’est comme si la France en avait reçu 700.000.
En Hongrie Viktor Orban , « Fidesz » a otenu 44,7% des voix aux dernières élections législatives. En Pologne, « Droit et Justice » a dominé les dernières législatives avec 37,6% des suffrages. C’est une zone intéressante sur le plan de l’investissement car les augmentations de salaires qui ont lieu sont compensées en quasi totalité par des gains de productivité. Cela a donc peut d’effet sur le taux de change et la compétitivité des pays concernés. L’Europe du Nord est aussi intéressante que l’Europe du Sud…
Aux Etats Unis, certains thèmes spécialisés sont encore attractifs
L’histoire montre qu’un allègement de la stimulation monétaire par la banque centrale ne provoque pas systématiquement un effondrement de toutes les classes d’actif. La réforme fiscale de Donald Trump permettra aux sociétés américaines de rapatrier aux Etats Unis les liquidités qu’elles détenaient à l’étranger. Cela devrait provoquer normalement une augmentation des investissements et de la consommation qui permettrait de gérer une remontée de l’inflation. Le mauvais scénario serait celui d’une hausse de l’inflation arrivant avant que les bénéfices des mesures fiscales ne se produisent dans l’économie.
Le déficit budgétaire des Etats Unis va s’accroitre car la réforme fiscale intervient à un moment où l’économie américaine n’en a pas vraiment besoin. Une diminution de la pression fiscale de 1500 Md$ devrait entrainer une augmentation de la charge de la dette américaine de l’ordre de 300 à 400 Md$ au cours des prochains exercices.
Dans cette perspective on peut s’attendre à ce que le dollar cède encore du terrain, ce qui serait globalement favorable pour les marchés émergents.
Le dollar est peut être un des plus beaux contrepied de l’année dernière. La majorité des cambistes s’attendaient à une hausse de la devise américaine puisque la Fed allait entrer dans une phase de hausse de ses taux directeurs au moment où la BCE continuerait sa politique monétaire favorable aux marchés.
Le marché américain reste beaucoup plus cher que les marchés européens et émergents. Pour ceux qui veulent garder une exposition il vaut mieux se concentrer sur des thèmes spécialisés du type : Cloud Computing, Sécurité, Recycling, Smart City, Infrastructures
Le Japon est entré dans un nouveau cycle
Au Japon le plan de sécurité imaginé en 2007 par le Japon, les Etats Unis, l’Inde et l’Australie est en train de se mettre en place. Il est destiné à contrer l’influence de la Chine dans toute la région.
Le Japon est entré depuis quelques mois dans un nouveau cycle tiré par l’investissement des sociétés japonaises. La structure de l’endettement du pays commence à être comprise par les investisseurs. Il existe 4000Md de Yen d’épargne domestique ce qui signifie que l’expansion pourra être financée sans faire monter de façon excessive les taux. Tout montre que la Banque du Japon va continuer sa politique de « quantitative easing ». Au total les valeurs japonaises sont bien meilleur marché que les valeurs américaines.
La faiblesse du dollar enlève un gros risque sur les marchés émergents
Les marchés émergents sont encore attractifs dans la mesure ou leurs perspectives sont bonnes et que le dollar est plutôt orienté à la baisse. La capitalisation boursière de ces marchés est en retard.
La croissance chinoise va ralentir mais restera encore au dessus de 6%. Le moteur va rester le développement de la consommation des classes moyennes. Les actions chinoises ont sous performé ces dernières années. L’indice Hang Seng se paye autour de 13 fois les bénéfices des douze prochains mois. L’indice H Share qui comprend les grandes sociétés internationales cotées à Hong Kong ne se paye pas plus de neuf fois. Même si les valeurs de l’indice CSI 300 (sociétés de Chine Continentale) sont valorisées autour de 15 fois ce n’est pas encore excessif.
La croissance indienne est à son plus bas niveau depuis trois ans, mais il y aura des élections en 2019 ce qui devrait inciter le premier ministre Modi à stimuler la croissance. Le problème est que la marge budgétaire est inexistante et que le pays ne peut s’offrir une dégradation de sa note de crédit. Le marché semble convenablement valorisé compte tenu de ces perspectives.
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
sassy2
25 janvier 2018La réforme fiscale peut (je pense à 100%, doit) s’envisager comme contracyclique. C’est à dire que Trump prévoit une stagnation ou baisse.
Il doit piloter le SP500, peut être l’a t’il décalée? puisque le marché montait de lui même.
Lorsque le marché monte (ainsi que les goodwill) les entreprises sont taxées à x%, taxes qu’elles versent au Trésor
Lorsqu’il descend, les entreprises sont taxés à -X% sur les pertes, taxes qu’elles RECOIVENT du Trésor
BFM le figaro… se sont encore trompé de sens…
Aljosha
25 janvier 2018« En Autriche la droite du jeune conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, l’a emporté lors des dernières élections législatives. »
Cela me rappelle la blague de la mère sur une plage de méditerranée qui crie: « Au secours ! Mon fils, avocat, est en train de se noyer ! »
rogger
24 janvier 2018@ Sassy2, que voulez vous drie? J’ai vu la courte Vidéo mais….Est-il sous entendu que Trump souhaite faire défaut sur la dette US?
sassy2
25 janvier 2018non et défaut est un terme ambigu.
en réalité lorsque vous versez 0% d’intérêt ou lorsque vous dévaluez de 10/20/30% vous faîtes défaut.
Sa dette est libellée en dollar, il n’a pas besoin de faire le défaut du dictionnaire.
Hier le secretaire au Trésor a refait le coup de Connally (lequel était à côté de JFK à Dallas… mauvais souvenirs…parce qu’on sait que beaucoup aimeraient avoir un trump docile donc mort).
Le fait qu’il parle maintenant, d’ailleurs indiquerait qu’on arrive à un point critique
=>le mouvement est bien entamé, il leur faut forcer pour aller au delà.
Ce que je voulais dire est que Trump l’avait annoncé.
Personne n’a fait le trade parce qu’ils l’ont pris pour un abruti. (sauf druckenmiller et d’autres insiders ou intellectuels)
Ce que j’ai oublié de souligner, et que l’on sait tous, concernant les émergents, c’est qu’avec un dollar faible les US (associés à l’arabie saoudite) vont devenir n1 du pétrole, de manière certaine.
La suite taxe à l’importation (déja solaire cette semaine et un autre truc cette semaine)
la chine est sur ce point « trapped »
nous allons donc servir de débouchés/poubelle à la chine
macron annonce la venue d’alibaba : il n' »a rien compris au film.
En lien avec ces réformes prodigieuses, inversement efficaces à l’expertise de bruxlles, une très bonne émission avec Christian Cambier, qui a prévu ce Noel (fiorentino) une séquence de 5ans de stagnation pour les actions ou vaches maigres dont le début reste à déterminer,
amélioration pour classe moyenne
résorption du chômage
Attention, je pense que cela arrivera aux US mais pas du tout en Europe.
sassy2
25 janvier 2018Je suis content que vous ayez vu cette video.
Lorsque je l’avais vue, j’avais versé une larme.
La dette étant le noeud gordien.
La video dure peu, comme les autres, mais les mots sont, je pense, bien choisis.
Elle fut réalisée sans trucage et pas par des publicistes (pas de typo)
On entend ses boutons de vestes claquer contre la table
Elle a coûté 10 dollars et porte sur 10 ou 20T de dollars
sassy2
24 janvier 2018bonjour,
Le dollar fut peut être un des plus beaux contrepied de l’année dernière, et peut être aussi le sera t’il cette année, participe d’une mauvaise interprétation du marché concernant la crédibilité de Trump.
Il aurait pu purger le SP 500 et ne l’a pas fait.
Il a joué donc la poursuite du rallye, qu’il portera donc au maximum (façon livermore).
Si cette hypothèse est valide alors la seule façon de continuer à obtenir un SP 500 satellisé et de bousiller le dollar.
Le taux de change du RMB est une de ses promesses de campagne.
Ainsi que celle -ci, le 19janvier 2016:
https://www.facebook.com/DonaldTrump/videos/10156546300015725
Je m’en souviens très bien.
Ceux qui pensent qu’il bluffe ou n’est pas crédible à mon avis devrait méditer sa bio et cette video.
Ce qu’a dû faire stanley druckenmiller avant la mise en application parfaite, dés la nuit de l’élection de trump, de son plan.
=>Un dollar au tapis (je ne sais pas et je n’y crois cependant pas) serait-il favorable aux émergents?!