Les anglo-saxons, toujours pragmatiques expliquent à qui veut les entendre qu’íl n’existe qu’une seule méthode d’investissement qui vaille, la méthode « KISS » pour « keep it simple, stupid ». C’est ce que je vais m’employer à démontrer dans cette courte chronique.
Le but du nouveau Président Américain, adepte bien connu lui aussi de la méthode KISS, est en fait tout simple: faire monter la rentabilité du capital investi aux USA (ou RCI) en utilisant tout une série de moyens, certains recommandables (déréglementation, baisse des impôts) d’autres beaucoup moins (protectionnisme, subventions directes et variées).
Et donc si les bonnes méthodes sont employées et que la RCI américaine monte de ce fait, l’emploi aux USA montera, les importations suivront, la RCI en dehors des USA montera aussi et nous aurons un scenario à la Reagan où le monde entier sera le bénéficiaire de la nouvelle politique économique aux USA.
Dans ce cas de figure, il faut vendre toutes affaires cessantes ses actifs aux USA (actions, obligations, cash) qui ont déjà bien anticipé ce scénario pour acheter massivement des actions partout dans le monde, y compris en Europe en sélectionnant bien sur les valeurs du secteur capitaliste tout en continuant à éviter celles du secteur communiste.
Il faut aussi se bourrer des obligations en monnaie locale en Asie (Inde, Philippines, Indonésie, Chine) qui offrent des rendements fort intéressants (entre 3 % et 7 %) tant elles seront les grandes gagnantes dans ce scenario.
Par contre, si les mauvaises méthodes sont employées, toute hausse de la RCI aux USA se fera au détriment d’une baisse de cette même RCI en dehors des USA et là nous nous trouverons assez rapidement dans un scenario assez semblable à celui des années trente.
Dans ce second cas, le dollar, pourtant déjà surévalué verra sa hausse accélérer, les gens endettés en dollar essayant désespérément de couvrir leurs positions à découvert, résultat des emprunts qu’ils ont émis dans la monnaie US par le passé (environ 10000 milliards depuis 10 ans d’après la BRI, ce qui n’est pas rien).
Dans ce second cas de figure, les actions un peu partout dans le monde connaitront des jours difficiles.
Comment se positionner dans ces jours incertains tant les deux branches de l’arbre de décision semblent incompatibles?
A mon avis pour un Européen du Sud, le choix est plus facile que pour un Américain ou un Asiatique.
Notre Européen devrait transférer toutes ses positions en obligations US ou européennes en obligations asiatiques qui sont un peu (compte tenu des valorisations tant de la monnaie que des taux longs) dans une situation « pile je gagne, face je ne perds pas ».
Si mon Européen a des positions cash en dollar, il devrait les garder en attendant de savoir si un « corner » sur le dollar se développe… ou pas.
S’il n’en a pas, il pourrait s’en bâtir en vendant des actions US par exemple.
En ce qui concerne les actions, je maintiens l’analyse que je fais depuis des années.
Dans les marchés il existe deux sortes de valeurs, les actions du secteur capitaliste qui vendent des produits ou des services dans le secteur concurrentiel sans « l’aide » du gouvernement et les autres qui dépendent des gouvernements et/ou sont réglementées par eux.
Un peu partout, nous rentrons dans la crise finale du capitalisme étatique qui est un peu au capitalisme ce que la musique militaire est à la musique et détenir des actions du secteur communiste ne me semble pas être une bonne idée quand le deuxième mur de Berlin est en train de s’écrouler. Voila qui me semble la voie la plus rapide vers un appauvrissement durable et déjà bien entamé.
Et donc un portefeuille diversifié entre actions capitalistes un peu partout dans le monde, obligations en monnaies locales en Asie et cash en dollar devrait résister sans trop de problèmes.
Dans le monde que je décrits, la part cash en dollar devrait être la moins pérenne et la plus susceptible d’être utilisée quelque part pendant les six premiers mois de 2017 pour renforcer les deux autres.
Car soyons objectifs : dans l’hypothèse (pessimiste) où la mauvaise politique serait suivie par monsieur Trump, il y aura une consolation pour les Européens non allemands : l’euro disparaitrait-enfin- et les Français qui auraient acheté des obligations asiatiques et/ou qui auraient de fortes positions en cash en dollar verraient leurs portefeuilles monter très, très fortement dans le nouveau franc ou la nouvelle Lire (qui s’appellerait sans doute le florin), ce qui atténuera, j’en suis sur, la peine considérable qu’’íls ressentiront à l’idée du chagrin qu’’ils auront causé à la nomenclature Bruxelloise.
Pour conclure : Je ne peux m’empêcher de souhaiter une bonne année à tous les lecteurs, et pour une fois je pense qu’elle va être bonne .
Nous arrivons en effet à la fin d’une période imbécile où nos politiques et banquiers centraux se sont pris pour des génies, alors que tout montre qu’’ils n’étaient pas très malins.
La démocratie fonctionne parce qu’elle permet au peuple de se débarrasser de ceux qui échouent en expliquant qu’ils ont eu raison.
Nous y arrivons enfin.
Alléluia
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
Max Planck
12 septembre 2017Encore une bonne centaine de jours pour rattraper son retard …
Pour le Sterling, l’UK a 2.9 % d’inflation, sa devise remonte car on espère un relèvement des taux qui ne viendra sans doute pas et sa devise replongera.
L’Europe n’est pas foutue, l’€ non plus, les Anglo-Saxons boivent le calice.
Garofula
7 janvier 2017Bonjour à IDL,
En refaisant un petit bilan de mes graphes techniques long terme à fin 2016, je ne vois pas comment au cours des prochains trimestres, ou prochains mois :
– le dollar (index) pourrait ne pas remonter jusqu’à 131-135 (+30%), voir plus si affinités
– les treasuries pourraient ne pas casser la résistance qui les coiffe depuis plus de 2 ans maintenant et prendre 25% dans la foulée, quitte à faire payer des taux réels négatifs mais au moins sûrs, contrairement aux mauvais bons du reste d’un monde chancelant
– le pétrole WTI pourrait ne pas remonter jusqu’aux résistances réparties entre 69-76 dollars le baril (+40 à +50%) et peut-être les rompre violemment
– les actions US pourraient ne pas dégonfler soudainement leur bulle de 8 ans, soit pile le mandat d’Obama copieusement arrosé de liquidités complaisantes par la Fed, après une hausse surréaliste de x3 sur la période, et encore, sans compter les dividendes, bulle ayant conduit à des valorisations illusoires impossibles à maintenir, et pas seulement sur les technologiques cette fois-ci
– l’euro, actuellement sur un support plutôt faible, pourrait ne pas l’enfoncer pour retourner vers 0,8 contre le dollar, et à partir de là explorer les fosses marines de l’océan de liquidités monétaires de la BCE, splendides curiosités pas naturelles du tout. Dans ces conditions, acheter n’importe quoi hors euro est forcément un bon plan par simple effet de change. Mais attention à la sélection des zones, toutes ne vont pas s’en sortir sans casse si Trump devient réellement non coopératif pour le commerce mondial (viser plutôt les détenteurs de pétrole ou similaires, notamment la Russie et surtout le Brésil, en pleine crise mais qui réagit enfin correctement en faisant les bonnes réformes)
– les taux longs européens pourraient ne pas flamber quand le bonheur béat de la morphine monétaire va se dissiper et que la divergence entre pays réapparaîtra, peu importe les interventions de la BCE (« I’ll ruin you all, whatever it takes »)
– les actions européennes pourraient ne pas chuter, par effet d’imitation avec les marchés américains mais également sous l’effet de la fuite éperdue des investisseurs face à un euro en plongée libre
Bien sûr, il ne s’agit que d’une analyse technique qui, comme sa sœur l’analyse fondamentale, a pour particularité d’être souvent démentie par les faits, mais pas toujours.
Faïk Henablia
6 janvier 2017Bonjour Charles.
A voir la façon dont ce président se comporte vis-à-vis de GM et de Ford, il est à craindre que l’hypothèse des « moyens recommandables » ne soit d’ores et déjà à exclure.
Quel meilleur exemple pour illustrer la fameuse formule de « Ce l’on voit et ce que l’on ne voit pas », si chère à Bastiat?
Rien d’étonnant à ce que que l’extrême droite et le Front de Gauche s’engouffrent aussi allègrement dans cette voie.
Blond
5 janvier 2017Je comprendsbla seconde partie. Une déflation engendrée par la cherté du dollar, tout baisse, sauf le prix des obligations avec la baisse des taux.
Par contre, Je ne comprends pas dans la première partie, pourquoi il faut acheter des obligations asiatiques. Si l inflation repart, les taux augmentent, et la valeur des obligations baissent. A part si vous achetez des obligations indexées à l inflation.
Pouvez vous m expliquer ce que je n ai pas saisi svp?
Christophe
5 janvier 2017Bonjour M. Gaves,
Une chose cependant m’étonne ! ?
Si une tendance mondiale sur le long terme porte vers l’abandon progressif du dollar comme monnaie de réserve, si les échanges internationaux se traitent et se traiteront demain, de plus en plus, dans diverses monnaies nationales (hors dollar) … Avec une telle masse de dollars en circulation et un usage de cette monnaie qui tend à passer de celui de « monnaie d’échange internationale» qui couvrent plus de 60 % des échanges mondiaux à celui de « monnaie de la production américaine » soit 17 à 18 % de la production mondiale ; comment le dollars US pourrait conserver … voir accroître sa valeur d’échange ? ? !
leonard
5 janvier 2017Mr Gave, vous employez rarement la structure démographique comme démonstration de l’évolution économique des sociétés, en l’occurrence le ratio de dépendance ((enfants + retraités) / actifs ).
Or il semblerait que les pays dont le ratio est faible sont souvent dans une phase ascendante tandis que lorsque le ratio augmente ou est élevé, les pays sont ou bien peu développés avec un éventuel développement ultérieur (afrique) ou se dirigent vers les difficultés (japon, et occident en général)
Qu’en pensez vous ?
leonard
5 janvier 2017Vivant et travaillant en France, je me dis qu’effectivement pour mitiger le risque global il vaut mieux avoir des avoirs sur tous les continents sauf UE…
comme ça si tous les continents s’effondrent sauf l’Europe, bah j’ai toujours mon boulot, et si c’est l’inverse, bah j’ai toujours mes avoirs.
AgentDevlin
4 janvier 2017Je viens d’apprendre que T. Sowell prenait sa retraite (bien méritée) alors, ça fait du bien de lire du Charles Gave, et optimiste en plus… Bonne année à l’Institut des libertés, à Charles Gave et ses proches.
Charles Gave
4 janvier 2017oui, à 88 ans , Sowell decide d’arrêter.
Quand on lui demande pourquoi, il répond que la question devrait etre : pourquoi il a publie jusqu’a 88 ans
Sacre Sowell
Deps
5 janvier 201786 ans, mais il continue à faire de belles photo.
Graffy
4 janvier 2017Mr Gave,
Merci de ce billet optimiste pour cette nouvelle année qui nous réserve d’autres surprises j’en suis convaincu !.
Bien à vous
Pierre
4 janvier 2017Bonjour a tout les lecteurs de ce blog,
j’ai besoin de votre aide !!
J’ai bien compris le conseil de Charles Gave me correspondant – Achat d’obligations Asiatiques en monnaie locale- mais voila je ne sais pas comment faire ça tout seul!
Je n’ai pas un patrimoine suffisant pour avoir un conseiller, et Boursorama n’a pas beaucoup de support (pardon, aucun support) pour sa clientèle.
Quelqu’un pourrait il m’indiquer un blog, un livre qui me permettrait d’acquérir un minimum de notions me permettant de passer à l’action?
Merci si vous pouvez m’aider ! bonne chance si vous êtes dans la même situation que moi!
Graffy
4 janvier 2017http://www.boursorama.com/bourse/opcvm/opcvm.phtml?symbole=MP-829797
Graffy
4 janvier 2017Je « crois » (des plus pointus que moi pourront confirmer) qu’il faut prendre des OPCVM chez boursorama.. pour les frais, le lien précédent est un exemple de ce que l’on peut trouver.
Bien à vous
Pierre
4 janvier 2017Merci, effectivement je pense que un OPCVM est bien le support le plus simple.
En revanche celui que vous proposez est bien sur l’Asie mais est en EUR.
Ce que je risque de gagner d’un coté je risque de le perdre de l’autre me semble t il.
Peut être faut il mieux un OPCVM sur l’Asie en monnaie locale (oui mais laquelle?), non?
bien à vous
sassy2
4 janvier 2017il est exprimé en euro car en vente en France
(il aurait pu etre couvert mais ne l’est certainement pas)
bourso= soc gen
en janvier 2015 impossible d’acheter Sberbank gazprom même à londres
ClauZ
4 janvier 2017Il me semble que Bourse Direct est beaucoup plus compétitif!
gilbros
7 janvier 2017Je pense que vous faites erreur. M Gave a indiqué des obligations asiatiques en monnaies locales et non des actions ….
idlibertes
8 janvier 2017Oui, je crois que vous avez raison, en effet.
Aljosha
5 janvier 2017Un démagogue évoquerait ceci :
http://www.morningstarfunds.ie/ie/funds/snapshot/snapshot.aspx?id=F00000OMNJ
nolife
4 janvier 2017https://www.youtube.com/watch?v=Wuwif4Jct1Y
L’inflation reviendrait (1,7% outre-Rhin et 2,2% au plat pays) , si c’est le cas, on dit qu’il faut vendre ses obligations.
La deuxième partie du débat explique ce n’est pas possible de sortir de l’€, le prompt rétablissement serait jugé trop risqué et le remède pourrait être pire que le mal.
En 1933, les démocrates ont lamentablement échoué, les Allemands ont confié le pouvoir à un « male alpha » qui renégocia les accords avec le reste du monde (Traité de Versailles), à coup de subventions, barrière protectionniste, manipulation et réquisition monétaire, tout le monde a été remis au boulot … sauf qu’au bout de 5 ans, les épargnants allemands étaient ruinés et pour éviter de perdre les élections en expliquant qu’il a eu raison, il a choisi la fuite en avant.
Heureusement, et je vous l’accorde pour une fois, la Constitution américaine garantit un équilibre des pouvoirs et le Congrès américain est suffisamment sage.
Dites-moi, vous parlez de la Chine, le nouvel épouvantail serait la dette des entreprises, le Yuan baisse, les réserves de changes fondent. Fin du miracle chinois ?