La croissance mondiale a été revue à la baisse par la Banque Mondiale. Le Yen remonte, l’Italie ne va pas bien, les banques espagnoles vont devoir être de nouveau capitalisées, les marchés émergents baissent… La crise de l’Euro est donc loin d’être derrière nous. L’explication se trouve d’après David Rosenberg de Gluskin Sheff dans le fait que la politique de la Fed en écrasant les taux d’intérêts aux Etats Unis, a complètement cassé la valorisation des classes d’actif dans le monde entier. Le risque de déflation rode a montré Charles de GaveKal Hong Kong dans une récente note. D’ailleurs les hedge funds ont vendu beaucoup d’actions ces dernières semaines.
En Europe, paradoxalement, la Zone Euro se stabilise après six trimestres de baisse consécutifs pense Jean Pierre Petit président des Cahiers Verts de l’Economie. Elle va sortir la tête hors de l’eau après six trimestres de baisse consécutifs. La production industrielle de l’Allemagne s’est redressée en avril, tout comme celle de la France. Traduction libre : on était au fond de la piscine et on remonte un peu. EnGrande Bretagne le prix des maisons a connu sa plus forte hausse depuis trois ans
En France, dans le domaine du chômage on est toujours dans le triple échec : économique, politique et sociétal a écrit Yves de Kerdrel dans le Figaro. Le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi-CICE ne rencontre pas beaucoup de succès, car le dispositif très compliqué vise à restituer aux entreprises une partie des hausses d’impôts qu’elles ont eu à subir depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Dans leur grande majorité les chefs d’entreprise se souviennent des nombreux redressements fiscaux qui ont eu lieu dans le cadre du dispositif Crédit d’Impôt Recherche. Cela leur a laissé un très mauvais souvenir. En fait, les entrepreneurs regrettent que le gouvernement n’ait pas choisi un mécanisme plus direct et beaucoup plus simple comme la baisse des charges sociales.
Dans les bons signes de la semaine, Olivier Dassault député de l’Oise et Jean Michel Fourgous co-fondateurs de Génération Entreprise ont organisé cette semaine à l’Assemblée Nationale une réunion sur le thème : « Chômage record : et si on faisait (enfin) confiance aux entreprises ? »
Il est assez rare d’entendre parler des entreprises dans les murs de l’Assemblée Nationale, car elle comporte une majorité de députés qui viennent de la fonction publique et de l’ Education Nationale. Ils ignorent la mondialisation et la concurrence, car la plupart d’entre eux vivent directement ou indirectement de l’Etat, ou exercent un métier protégé. Il faudrait se faire un jour à l’idée que seules les entreprises sont la vraie réponse au défi du chômage. Elles sont souvent désignées comme responsables du chômage parce qu’elles licencient. Personne ne dit que ce sont surtout elles qui recrutent !
Christian Saint Etienne, Professeur d’économie au CNAM, a rappelé que le SMIC français qui représentait les 2/3 du salaire moyen contre 40% en moyenne dans le reste de l’Europe, excluait de fait 1M de français qui soit ne trouvait aucun emploi soit travaillait au noir quand ils le pouvaient….Il faudrait également avoir le courage d’ouvrir les yeux sur « les travailleurs européens détachés » qui seraient maintenant 300 000 en France et travailleraient sur la base 2,86€ de l’heure avec les lois sociales de leurs pays d’origine…
Nicolas Baverez économiste et historien, a expliqué que la France était désormais le risque majeur de la zone Euro. Nous sommes en train de passer selon lui du déclin relatif au déclin absolu. Il pense que la dette française connaitra une zone de risque à la fin de l’année. Il est grand temps que la France se secoue…
Markus Kerber, patron du Think Tank Europolis fait partie des citoyens allemands qui ont introduit un recours contre la politique de la BCE devant la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe. Dans son langage tout à fait direct, il estime que pour la France, la récréation est terminée car la réalité frappe à la porte. Pour lui la BCE avec l’Euro fausse la concurrence…
Hervé Novelli, Maire de Richelieu et ancien ministre, a montré que la boite à outils déployée par François Hollande fonctionnait à base de sectarisme, d’improvisation, d’idéologie anti entrepreneuriale et surtout de très mauvaise compréhension du fonctionnement de la vie économique. Aucune relance économique ne peut être obtenue avec la seule action publique. Le meilleur exemple, pour lui est celui du CICE qui n’a été que le remplacement de la hausse de la TVA sociale prévue par le gouvernement précédent. C’est une improvisation totale qui ne donne aucun résultat…
Xavier Fontanet ancien président d’Essilor, venait de terminer sa déclaration ISF. Il fait partie de ceux qui payent en impôts beaucoup plus que leurs revenus. Au lieu de faire comme tous ses homologues qui habitent maintenant à l’étranger, il préfère se battre courageusement en menant de nombreuses actions pédagogiques. Il rappelle aux hommes politiques de gauche comme de droite que les marges des entreprises françaises sont en moyenne de 12 points inférieures à celles des entreprises allemandes. Cela signifie que compte tenu de la surfiscalité, on ne peut plus gagner d’argent en France dans l’industrie. Après les affaires Mittal, Goodyear notamment, le monde entier sait qu’il ne faut plus investir en France.
L’Oréal dont il est administrateur a d’ailleurs annoncé cette semaine la décentralisation de son organisation officiellement présentée pour accélérer sa mondialisation, mais dans les faits pour pouvoir continuer à rémunérer ses cadres selon les standards internationaux, ce qui n’est absolument plus possible en France…
Parmi les politiques qui sont intervenus, Jean François Coppé Secrétaire Général de l’UMP et Nadine Morano ancien ministre, n’ont apporté aucun éclairage constructif sur ce qu’il convenait de faire après…..
Dans les mauvais signes de la semaine
Le dernière version du projet de loi sur les auto-entrepreneurs est stupide. Ce n’était vraiment pas le moment de s’en prendre aux « poussins ».
Le projet de loi Duflot sur les pratiques abusives des syndics et avantage systématiquement les locataires est un autre exemple de prise de position idéologique. Si le marché immobilier ne se comporte pas comme Cécile Duflot ministre du logement le souhaite, il suffit de détruire le marché …
La Mairie de Paris et le gouvernement s’opposent sur le soutien aux start up. Il est assez cocasse d’entendre que Jean Paul Planchou vice président de la région Ile de France, s’en prend à la Mairie de Paris qui aide un projet privé de start up qui pourrait créée des emplois. Vive le millefeuille administratif !
La reprise américaine crée peu de vrais emplois
Aux Etats Unis, il y a 50M d’américains au « foodstamp » qui est le système d’aide alimentaire pour les américains pauvres. On parle beaucoup de réindustrialisation de l’Amérique, mais elle se produit pour l’essentiel avec des robots et du travail temporaire, mais pas avec de vrais emplois. Les dernières statistiques du travail temporaire montrent d’ailleurs que 2,6M d’américains ont un emploi temporaire, soit le niveau le plus élevé depuis 1990. Au leu de resserrer sa politique monétaire très laxiste, la Fed sera peut être obligée de prendre de nouvelles mesures pour éviter la déflation !
Pour Michala Marcussen, Global Head of Economics de la Société Générale, pense que le 10 ans sera à 3% au printemps 2014 et montera jusqu’à 5% en 2017.
Pierre Olivier Beffy économiste chez Exane, n’est pas tout à fait de son avis. Il pense que la Fed est encore loin d’arrêter ses opérations de Quantitative Easing (= achat de 85Md$ de Bons du Trésor tous les mois). Pour lui le Bon du Trésor à 10 ans devrait rester encore longtemps à 2,5%.
Le marché japonais peut doubler…ou s’effondrer
Au Japon, l’indice TOPIX est en baisse de 0,05% cette semaine. La volatilité du marché actions reste très élevée tout comme celle du Yen qui évolué contre dollar entre 93,79 et 99,28. Le marché japonais même après la baisse récente pourrait soit encore doubler soit exploser en vol. Tel est l’avis de Stewart Cowley gérant du Old Mutual Global Strategic Bond Fund. De son côté, Olivier Delamarche gérant chez Platinum Gestion ne croit pas du tout à la réussite du programme économique de Shinzo Abe le premier ministre. Il y a selon lui accélération de la déflation, car le déficit commercial ne s’améliore pas du tout compte tenu de la baisse du yen qui renchérit beaucoup le prix des importations. Le Yen a regagné 10% contre dollar depuis le 22 mai dernier.
Le risque de guerre des changes existe vraiment selon Mark Mobius de Templeton.
Comme le montre les Philippines qui ont chuté de 7% et la Thailande de 3%.
Le marché chinois a chuté cette semaine de 4,2%. L’indide Shangai Composite est en baisse de -11,8% depuis le plus haut de février dernier. Le PPI (=inflation) a baissé de -2,9% en mai avec une croissance qui ralentit à 9,6% en rythme annuel.
La Chine, toutefois est considérée comme un marché très sous évalué par Anthony Cragg de Wells Capital.
Les marchés émergents baissent en raison de la remontée des taux d’intérêts aux Etats Unis, la Chine ralentit. Ce sont ces pays qui ont le plus profité de la politique monétaire très accomodante des banques centrales. Dans les frontier markets les Emirats Arabes Unis et le Quatar ont été transférés par MSCI de la catégorie « Frontier Markets » à la catégorie « Emerging Markets ».
Tout cela n’empêche pas Richard Ross l’analyste technique de Auerbach Grayson à New York de continuer à observer les graphiques sans se laisser influencer par le bruit des salles de marché. Il est redevenu cette semaine acheteur de l’Europe, de la Turquie, de l’Afrique du Sud ainsi que l’ Indonésie et les Philippines.
Les métaux non ferreux baissent mais le pétrole monte
Le Cuivre est au plus bas depuis trois semaines. Dans l’aluminium, il y a surabondance, les stocks sont très importants et le prix a peu de chances de rebondir. Les géants du secteur vont devoir fermer des unités de production. Ce sont : Rusal en Russie) Rusal qui a basculé dans le rouge. , Alcoa (Canada) , BHP Billiton (Australie/UK), Rio Tinto (Australie/UK) , Chalco (Chine).
Le pétrole en revanche est remonté à un plus haut depuis deux mois sur des craintes d’une nouvelle dégradation de la situation en Syrie qui pourrait bloquer les approvisionnements en provenance du Moyen Orient.
Le thème des valeurs exposées aux marchés émergents devient moins recherché
Les valeurs européennes exposées aux pays étrangers en dehors de l’Europe ont baissé de 6,7% depuis novembre 2012 alors que les valeurs exposées aux marchés domestiques européens ont monté. L’univers d’investissement des sociétés européennes comprend : British American Tobacco (UK, 60% pays émergents surtout Malaisie), Unilever(UK 54% pays émergents notamment Inde, Indonésie),Anheuser-Bush-Inbev(Belgique 49% pays émergents principalement Brésil), , Nestlé (Suisse 42% pays émergents dont , Malaisie, Inde). Parmi les sociétés américaines concernées on trouve :
Mead Johnson Nutrition (58% pays émergents), Philip Morris (50% pays émergents), Colgate Palmolive (47% pays émergents surtout en Inde), Procter & Gamble (27% pays émergents), Yum Brands (32% pays émergents).
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
JP34
24 juin 2013Mr NETTER
Il serait intéressant compte tenu de votre connaissance de la chose, d’élaborer une chronique sur l’objectif et les conséquences économiques et financières des accords à venir de libre échange EUROPE USA , et des répercussions que l’on pourrait en attendre sur la gouvernance de l’Europe et donc de la FRANCE.
Marius
21 juin 2013L’euro est voué a disparaître sans Etats-Unis d’Europe, qui sont impossibles a créer a part a revenir à une Europe restreinte à 5, 7 ou 10 max, et encore, il faudrait que les peuples veuillent enterrer leur nation dans une grande nation fédérale, pas gagné. Donc voilà voilà.
BA
21 juin 2013Et toujours notre feuilleton « LA ZONE EURO SE STABILISE ! ! ! »
Vendredi 21 juin 2013 :
Grèce : un petit parti claque la porte de la coalition.
La Gauche démocratique compte deux ministres et 14 élus.
La Bourse d’Athènes chute de 5,44%.
Pas d’accord sur la réouverture de la TV publique.
La Gauche démocratique (GD, ou Dimar), plus petit parti de la coalition au pouvoir en Grèce, a confirmé vendredi après-midi son intention de quitter le gouvernement d’union nationale, après l’échec des discussions sur la réouverture de la société d’audiovisuel public ERT.
Ces dissensions coïncident avec un nouveau hic dans l’application du plan de renflouement international de la Grèce, certaines banques centrales européennes rechignant à reconduire les créances qu’elles détiennent sur la dette grecque.
Le rendement des obligations à dix ans a atteint de ce fait son plus haut niveau depuis la fin avril, pendant que la Bourse d’Athènes chutait de 5,44% vendredi après-midi.
« Vu l’évolution de la situation et la politique suivie par le Premier ministre, la Gauche démocratique a décidé de se retirer du gouvernement », a déclaré à Reuters Dimitris Hatzisokratis, membre du comité exécutif de la Gauche démocratique, à l’issue d’une réunion extraordinaire des élus du parti.
(Dépêche Reuters)
BA
21 juin 2013Dans notre grande série « LA ZONE EURO SE STABILISE ! ! ! »
Grèce : crise gouvernementale avec le départ du parti de gauche Dimar.
Après avoir publiquement exprimé son désaccord sur la fermeture brutale de la radiotélévision publique ERT, Fotis Kouvélis, dirigeant de la gauche démocratique Dimar, a convoqué vendredi son groupe parlementaire et son bureau exécutif qui devraient décider de leur maintien ou non au sein de la coalition formée dans la douleur il y a un an avec M. Samaras et les socialistes d’Evangélos Vénizélos.
Si le retrait est confirmé, le gouvernement serait amputé des 14 députés de Dimar, restant avec une faible majorité de 153 sur 300 — 125 députés de la Nouvelle-Démocratie et 28 députés des socialistes Pasok — , bien faible pour continuer efficacement les réformes structurelles, regroupées sous le nom générique de mesures d’austérité, qui bousculent les intérêts acquis, imposées par les créanciers du pays.
Vendredi 21 juin 2013 :
ALERTE – Grèce : le petit parti de gauche Dimar confirme son départ du gouvernement.
ATHENES – Le petit parti de gauche grec Dimar va quitter la coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, a indiqué vendredi le ministre de la Réforme de l’administration, Antonis Manitakis.
A l’issue d’une réunion du groupe parlementaire Dimar sur fond de désaccord sur l’audiovisuel avec le chef du gouvernement, M. Manitakis a indiqué qu’il allait présenter sa démission après la décision du parti de se retirer du gouvernement.
http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Grece_le_petit_parti_de_gauche_Dimar_confirme_son_depart_du_gouvernement_39210620131410.asp
David
20 juin 2013bon..
l’or s’enfonce
les taux d’état s’envolent (+17% sur le 10 ans américain en ce moment).
Les marchés action baissent.
Les taux de crédit interbancaire s’envolent
le $ est très recherché
le marché est en train de se vider de ses liquidités, éventuellement par abaissement des niveaux de levier.
idlibertes
20 juin 2013le credit crunch annoncé en sommes….
roger duberger
20 juin 2013Beaucoup d’actifs baissent. Les titres américains avaient bien monté. L’or avait subi une bonne correction il y a 2 mois. Certains pensent que l’or pourrait approcher les 1100 $ l’once avant de fortement rebondir, suivi par les titres américains. Le tout sera d’avoir des dols quand le coup de sifflet de la fin de la baisse aura retenti (ou d’avoir un maillot à marée basse) !
idlibertes
20 juin 2013Ce soir, Wall street semble avoir sifflé une fin de recré. relative ou réelle?
charlesM
21 juin 2013On peut interpréter le discours de BB dans tous les sens. Une seule chose certaine en ressort, c’est qu’il a abandonné l’objectif de maintien des cours boursiers et de wealth effect. Wall street a bien reçu le message.
roger duberger
20 juin 2013J’aime bien votre lettre d’informations, cela met les pendules à l’heure et nous permet de rester au contact des analystes et investisseurs internationaux.
Merci
David
20 juin 2013Le marché des prêts de liquidités interbancaires est en train de se geler en Chine.
j’ai l’impression que tout le monde regarde, inquiet, ce qu’il est en train de se passer en Chine en ce moment.