15 juillet, 2018

Diminuer son exposition action avant de partir à la plage semble être une bonne idée

 

L’identification de secteurs et thèmes porteurs depuis le début de l’année a été très difficile parce que le fameux « alignement des planète » s’est interrompu et la volatilité a fait un retour spectaculaire avec la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump. Nous sommes maintenant confrontés avec un pétrole qui monte, des taux qui augmentent, un élargissement des écarts de taux et un creusement supplémentaire du déficit budgétaire américain.

Les investisseurs depuis le début de l’année ont perdu de l’argentsur les obligations corporate américaines, sur la dette de pays émergents, sur les Bons du Trésor US, sur les obligations européennes ainsi que sur la quasi-totalité des marchés action. Au cours de ces dernières semaines seules les small cap US, les valeurs de technologie du GAFA, les junk bonds ainsi que le pétrole ont franchi de nouveaux plus haut. Personne n’étant en mesure de savoir où s’arrêtera la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, il semble prudent de diminuer son exposition action avant de partir à la plage.

En Europe la croissance sera moins forte que prévu

En Europe, les forces de désunion sont à l’œuvrenotamment sur le problème de l’immigration . L’Italiel’a placé le problème de l’immigration en haut de l’agenda de la nouvelle coalition, ce qui a eu pour effet immédiat de déstabiliser en Allemagne le gouvernement de coalition d’Angela Merkel. En revanche la sortie de l’Italie de la zone Euro ne semble plus faire partie des priorités. Le gouvernement de centre droit dirigé par la « Lega » fera un peu de relance fiscale, domaine où il y a un peu de marge de manœuvre sans provoquer Bruxelles. L’Espagnea vu arriver le socialiste Pedro Sanchez à la tête du nouveau gouvernement. Elu grâce à la motion de censure contre Mariano Rajoy, il dirige probablement le gouvernement le plus fragile de l’histoire de la démocratie espagnole. La performance des marchés européens a été médiocre depuis le début de l’année. Si la France depuis le début de l’année affiche une très légère hausse de + 0,3%, l’Allemagne est en baisse de 4, 4%, l’Espagne de 3,8% et l’Italie de 1,4%. En Europe de l’Est les reculs sont significatifs avec la Pologne.     -12%, la Hongrie -9,6%, République Tchèque -2,5%. La Turquie qui baisse de 16, 8% en monnaie locale ( -31,8% en dollar) se retrouve dans une situation économique très dégradée. Elle peut à tout moment cesser de respecter ses engagements vis-à-vis de l’Europe en matière de contrôle de l’immigration

Les perspectives de croissance en Europe ont été revues en baisse.Tout le problème est maintenant de savoir si nous sommes déjà à la fin du cycle de reprise modeste auquel nous avons assisté. Les prévisions de la BCE apparaissent trop optimistes en matière de croissance et peu réalistes dans le domaine de l’inflation. Aucune hausse des taux ne semble prévue prochainement par la BCE.

Aux Etats Unis cela semble le moment de réduire l’exposition

Aux Etats Unis la FED a accéléré le rythme de ses augmentations de taux d’intérêt.Le déficit fiscal plus important que prévu (autour de 5% du PIB) mettra de la pression supplémentaire sur la partie longue de la courbe des taux. Comme cela se produira au moment où la FED réduira ses interventions dans les marchés, on peut s’attendre à une remontée des taux plus forte que prévu. Les raisons d’être sous pondéré sur le marché américain ne manquent donc pas. A ce stade et compte tenu des accords de swap intervenus entre la FED et les banques centrales de nombreux pays on peut écarter pour le moment l’éventualité d’une crise de liquidité sur le dollar. Pour le moment l’indice Nasdaq affiche encore une progression de 7,8% grâce à huit sociétés seulement, alors que le Dow Jones est en baisse de 2,4%

La hausse du pétrolen’aura pas aux Etats Unis un impact aussi important qu’il y a dix ans puisque le pays est pratiquement devenu auto suffisant grâce au pétrole de schistes. Les valeurs pétrolières permettent de se couvrir contre une poursuite de la hausse du pétrole.

Le Yen a progressé contre le dollar en tombant à 105 Yen pour la première fois depuis 2016. Cela n’est évidemment pas bon pour les sociétés exportatrices japonaises. L’indice Topix est en baisse de 4,7% et le Nikkei 225 de 2,4% depuis le début de l’année.

Les marchés émergents devraient repartir si le dollar cesse de monter

Les marchés émergentsn’échappent pas au mouvement de baisse généralpuisque l’indice MSCI EM recule de 7,8%. Les pays en territoire positif sont l’Arabie Saoudite + 15,1%, l’Egypte + 7,7%, la Colombie + 6,7% l’Inde + 3,4%, le Pakistan + 3,1%, Taiwan +0,5%. Les pays en baisse étant la Chine  (Shenzen Composite) – 17% et (Shangai Composite) -14,9%, l’Argentine -13,6%, l’Indonésie – 8,9%, le Brésil – 7,6%, la Corée du Sud -5,1%, la Malaysie – 7,3%. Si le dollar cesse de monter on pourrait enregistrer une performance supérieure des marchés émergents par rapport aux marchés développés. Les deux pays qui devraient le mieux résister dans les prochains sont Taiwan et la Corée du Sud.

En chine les résultats des entreprises sont bons

En Chine, le ralentissement de la croissance du crédit n’a pas encore atteint le secteur industriel. L’objectif principal des autorités est toujours de forcer le secteur des « banques parallèles » (« shadow banking ») à réduire son activité. Parallèlement la politique monétaire est devenue un peu plus souple. La construction, extrêmementimportante pour l’économie chinoise n’est pas encore touchée par les effets du ralentissement du crédit. Le secteur est plus sensible au niveau des stocks qui sont actuellement bas.

Au niveau des entreprises on assiste à un débatentre ceux qui estiment que les bons résultats enregistrés par les entreprises sont des résultats de fin de cycle et ceux qui estiment qu’il existe encore un potentiel d’amélioration des résultats. C’est ce qui devrait se produire dans les secteurs de la technologie, des banques, de la construction et des casinos.

En Corée du Nord la dénucléarisation est loin d’être réalisée

Kim Jong-un n’a pas du tout l’intention de dénucléariser son pays. Autour de la réunion de Singapour avec Donald Trump, on a bien vu que la Chine et la Corée du Sud étaient satisfaits du status quo obtenu. Pour la suite rien de clair n’a été dit ni aucune échéance fixée.

 

Le « Disruption Lab » de ce mois est consacré au stockage de l’énergieL’hydrogène, fait partie des solutions disponibles pour résoudre au moins une partie des problèmes posés par la transition énergétique. Les investissements dans les exploitations d’hydrocarbures n’ont jamais été aussi faibles, alors que la demande d’énergie décarbonnée augmente. L’énergie nucléaire pose des problèmes politiques et écologiques, et les énergies renouvelables sont intermittentes. Pour les rendre viables, deux solutions existent : stocker l’électricité produite dans des batteries ou la stocker à l’aide d’hydrogène. Or les batteries ont un impact environnemental désastreux.

L’hydrogène est à la fois un carburant et un moyen de stockage d’énergie. Il est particulièrement intéressant pour les flottes captives (taxis, véhicules d’entreprises ou logistiques, bus, trains, flottes en autopartage…) parce que l’amortissement des frais d’installation des stations de rechargement est rapide. C’est également un moyen de stockage plus efficace (pas de baisse d’efficacité comme pour une batterie), moins volumineux et plus propre que les batteries électriques.

Les initiatives japonaises, chinoises et allemandes dans le secteur de l’hydrogèneamèneront rapidement des économies d’échelle, qui permettront alors une forte montée en puissance de l’hydrogène. Les stratégies d’investissement devront prendre en compte ce qui deviendra un nouveau secteur.

Pour exposer un portefeuille au thème de l’hydrogènecinq dimensions sont à prendre en considération.

1/ La plus forte croissance des utilisations de l’hydrogène dans les transportsdevrait concerner les bus. La Chine est le seul pays qui soutienne activement le développement des bus à hydrogène pour réduire fortement la pollution citadine, en se fixant des objectifs très ambitieux. L’univers d’investissement comprend des sociétés chinoises, allemandes et belges.

2/ Les véhicules personnels à hydrogène connaîtront aussi une forte croissance,principalement en Europe et en Asie. Ce type de voitures offre une autonomie importante (plus de 500km) avec un temps de rechargement court (5 mn). On observe déjà un fort intérêt de la part de flottes de taxis ou d’entreprises. Les acteurs de ce domaine sont japonais, allemands et français.

3/Les flottes de véhicules logistiques sont déjà largement concernées par l’hydrogène.Les investissements sont rapidement amortis, et les avantages techniques sur les moteurs à hydrocarbures ou les batteries électriques sont déterminants. Les sociétés américaines et allemandes qui maîtrisent les technologies de rechargement sont les mieux placées.

4/ Les technologies de stockage par hydrogènesont cruciales pour rendre viables les énergies renouvelables. Elles seront complémentaires des batteries, qui stockent l’électricité pendant de courtes périodes seulement. Les sociétés concernées sont françaises, allemandes, japonaises et américaines.

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • hoche38

    16 juillet 2018

    Il n’est pas sûr que l’hydrogène soit l’énergie de l’avenir mais ce n’est pas un phantasme technologique. Pour l’heure, Toyota vend une voiture à pile à combustible alimentée par un réservoir d’hydrogène comprimé à 300kg/cm². Elle est hors de prix. Cela peut changer mais les contraintes sont redoutables:

    un réservoir d’hydrogène est une bombe roulante;
    l’hydrogène est corrosif pour tous les alliages fabriqués à un coût acceptable;
    la fabrication de cet hydrogène est très polluante et chère avec des coûts fixes élevés.

    Répondre
    • h2

      17 juillet 2018

      Effectivement l’hydrogène ne sera pas l’énergie de l’avenir, ce n’est qu’une des solutions possibles, et pour l’instant la seule qui ne soit ni un phantasme technologique ni un phantasme écologique (les batteries…).

      En réalité les contraintes ne sont pas si fortes qu’elles semblent :

      *bombe roulante : un réservoir d’essence dans une voiture aussi, et les normes de sécurité imposées aux réservoirs à hydrogènes sont draconiennes. En plus, les chimistes ici se souviendront que l’hydrogène n’explose au contact de l’oxygène que s’il est en proportion stœchiométrique avec lui (si les quantités de matière sont proportionnelles), ce qui est rarissime. Si vous pensez au crash du Hindenburg de 1937, ce Zeppelin a brûlé et n’a pas explosé (il n’y aurait pas eu de survivants même au sol si c’était une bombe volante).

      *là vous avez raison, et la seule solution que l’on ait trouvé est de construire des alliages plus imperméables, mais plus chers

      *en réalité la fabrication d’hydrogène est soit chère soit polluante : la production par vaporeformage est polluante mais assez rentable (et l’on peut recycler facilement le CO2 produit pour prolonger la réaction), donc on peut aussi la rendre très peu polluante, et la fabrication par électrolyse n’est pas polluante du tout (on fait passer un courant électrique dans de l’eau, ça ne dégage que de l’hydrogène et de l’oxygène) mais reste assez chère

      Vous avez raison de d’écrire que les coûts fixes sont élevés, ce que je crois que l’article souligne aussi(lorsque l’amortissement des stations est mentionné)

      c’est un peu le même débat que pour les panneaux solaires : les coûts initiaux sont très élevés, et il faudrait d’énormes économies d’échelles pour les absorber, donc les Chinois subventionnent massivement tout ça pour se retrouver avec des coûts très inférieurs au bout de quelques années de ventes à perte. En tout cas le gouvernement chinois tient le même discours aujourd’hui sur les technologies de l’hydrogène qu’il y a 10 ans sur les panneaux solaire…

    • h2

      17 juillet 2018

      Pour l’instant en tout cas l’hydrogène est la seule énergie non fossile qui ne soit pas un phantasme écologique (les batteries…)

      Je ferais quelques remarques sur les contraintes que vous soulignez :

      *un réservoir d’hydrogène n’est pas une bombe roulante – ou en tout cas moins qu’un réservoir d’essence (le Hindenburg n’a pas explosé en 1937, il a brûlé, probablement en raison de son enveloppe d’ailleurs), parce que l’hydrogène n’explose au contact de l’oxygène que lorsque les quantités de matières sont proportionnelles (proportions stœchiométriques pour les chimistes). Or l’hydrogène gazeux se disperse extrêmement rapidement dans l’air, donc c’est rarissime. Et les normes de sécurité imposées à l’hydrogène sont draconiennes, bien plus strictes que les normes imposées aux voitures à essence ou au diesel. Si le même niveau de sécurité était imposé aux moteurs classiques, ces moteurs-là aussi seraient trop chers.

      *là vous avez raison, ça renchérit le coût des métaux en contact avec l’hydrogène

      *la fabrication de l’hydrogène est soit polluante, soit très chère : elle est polluante s’il s’agit devaporeformage qui dégage du CO2, mais que l’on peut récupérer pour diminuer grandement les émissions et devenir moins polluant qu’une voiture à essence, ou alors elle est chère, si c’est une fabrication par électrolyse (on fait passer un courant électrique dans de l’eau, ça ne dégage que de l’oxygène et de l’hydrogène)

      bien sûr c’est ensuite l’origine de l’électricité qui peut être polluante, mais à ce niveau l’hydrogène en tant que stockage permet aussi d’utiliser pour d’énergies intermittentes renouvelables

      En fin de compte les coûts fixes sont effectivement élevés, mais comme dans l’affaire des panneaux solaires, les pays ou les entreprises qui investissent beaucoup et tôt capturent le marché. Or le gouvernement chinois tient à peu près le même discours sur l’hydrogène que celui sur les panneaux solaires il y a une dizaine d’années…

  • Ockham

    16 juillet 2018

    Il semble qu’effectivement l’hydrogène est une solution d’avenir à la fois pour stocker les ressources intermittentes, approvisionner les flottes de véhicules (route ou rail) faisant des parcours en boucle ou limités et les automobiles grâce à la recharge possible en peu de temps. Pour ce faire il faut aussi des progrès dans le prix de certains composants (fuel cell) et une généralisation des points de ravitaillement. Sur ce dernier point la France bâille aux corneilles comme d’habitude pour le coté pratique, c’est génétique.

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