1 février, 2016

Taux d’intérêt et taux de change: le pays de la soif

A l’IDL, nous avons beau être une petite équipe à taille humaine, il n’en reste pas moins que des « souhaits » sont exprimés et qu’il vaut mieux les entendre et les satisfaire faute de quoi une certaine mauvaise humeur pourrait apparaitre. Ainsi m’a t’« on» fait comprendre que consacrer l’une de ces chroniques à ce qu’étaient les taux d’intérêts et les taux de change était…souhaitable  car la demande en provenance des lecteurs apparaissait forte. J’ai bien essayé de botter en touche, tant le sujet est complexe, mais «on» m’a fait comprendre que l’«on» n’était pas dupe.

Et donc voila cette chronique sur les deux sujets qui ont mené le plus d’économistes à l’asile de fous.  Et  je vais essayer de faire la chose la plus difficile au monde, être court, aller à l’essentiel sans dénaturer la réalité…Mais je ne cache pas que cette chronique risque d’être un peu…aride. Comme le disait le Capitaine Haddock dans le crabe aux pinces d’or (où il rencontre Tintin)… « Le pays de la soif, le pays de la soif »  Commençons donc notre marche Saharienne par les taux d’intérêts.

 

Imaginons que j’ai un revenu de 100. A chaque fois que je le perçois, j’ai la possibilité de le consommer dans sa totalité ou d’en mettre une partie « de coté». Si je suis une fourmi craintive, je vais mettre le maximum de coté. Si je suis une cigale, rien du tout. La somme de toutes les craintes  et de tous les espoirs de toutes les fourmis  et de toutes les cigales me donne un « stock d’épargne » c’est-à-dire les montants que la population, en France par exemple, est prête à ne pas consommer.

De l’autre coté, vous avez toute une série de gens qui ont une idée très nette de ce qu’ils pourraient faire avec cette épargne s’ils y avaient accès. Citons les entrepreneurs, toujours à court d’argent, les jeunes qui veulent se loger, l’État qui sait mieux que vous ce que vous devriez faire de votre argent, vos enfants qui ont besoin de s’installer…

Ce stock d’épargne, dans un monde idéal, se mettrait en face de cette demande d’épargne  et un grand marchandage aurait lieu pour déterminer le PRIX auquel le stock d’épargne serait égal à la demande d’épargne.  Si les taux baissent, j’épargne un peu moins et j’emprunte un peu plus, si les taux montent j’épargne un peu plus ou j’emprunte un peu moins jusqu’à ce que l’on  arrive au moment magique ou l’offre d’épargne = la demande d’épargne.

Et le Suédois Wicksell, l’un des plus grands économistes de tous les temps appelait ce taux d’équilibre entre l’offre et la demande d’épargne le « taux d’intérêt naturel »

Mais disait Wicksell qui était tout sauf naïf, ce taux naturel est en fait un taux «théorique» qui peut ne rien avoir à voir avec le taux que chacun peut observer dans le marché aujourd’hui. Après tout, les entrepreneurs peuvent se tromper sur leurs espérances de gains futurs, l’État peut essayer de manipuler ce taux en donnant par exemple des avantages fiscaux  à ses propres emprunts, les épargnants peuvent paniquer d’un seul coup tous ensemble, la banque centrale ou les banques commerciales peuvent faire n’importe quoi.

Donc, nous dit Wicksell,  le taux  observable sur le marché et qu’il appelle «le taux de marché»  peut être complètement différent du « taux naturel », et ce pendant de longues périodes.  Et d’après Wicksell, si le taux de marché est trop bas par rapport au taux naturel, cela mène toujours à des spéculations financières débridées qui se terminent en général par des Krachs (c’est un peu la situation actuelle).

Si l’argent est trop cher, avec le taux de marché au dessus du taux naturel, la croissance s’arrête nette et l’économie rentre en dépression. C’est un peu le scenario dont le fossoyeur de l’économie Française Monsieur Trichet a fait bénéficier notre pays pendant la période ou il sévissait à la banque de France avec sa politique débile du franc fort.

Résumons-nous :

Dans le fonds il y a DEUX taux d’intérêts à tout moment.

-Le taux naturel où l’épargne = l’investissement

-Le taux de marché, le taux auquel vous et moi allons avoir accès pour prêter ou emprunter de l’argent…

Plus les deux sont proches l’un de l’autre et plus la croissance économique est à la fois stable et forte.

Plus les deux s’éloignent l’un de l’autre et plus les variations cycliques deviennent fortes, la croissance faible et le chômage élevé, comme on le voit depuis que les banques centrales ont décidé de manipuler les taux de marché pour «stimuler la croissance», avec le succès que chacun peut constater tous les jours.

Pourquoi ?

Tout simplement parce que plus les deux sont loin l’un de l’autre et plus le déséquilibre entre l’offre d’épargne et la demande d’épargne devient fort.

La différence ne peut être comblée que par une destruction ou une création de crédit et de dette qui risque de déstabiliser le système a terme.

Ces déséquilibres un jour ou l’autre doivent en effet être corrigés et cela se fait en général assez brutalement dans des crises financières énormes qui ne sont que la manifestation de l’offre et de la demande d’épargne redevenant équivalentes.

 

Et donc, chacun des lecteurs de l’IDL quand il pense « taux d’intérêts »  doit penser  à trois choses

  • La ou les taux d’intérêts sont.
  • La ou ils devraient être, à son avis (qui vaut bien le mien).
  • La différence entre les deux.

Car plus l’écart entre les deux premiers est grand, et plus méfiant il doit devenir tant la mesure ou le système dans lequel il opère est par nature de plus en plus instable au fur et à mesure que le temps passe…

C’est vous dire si je suis méfiant en ce moment tant cette différence a été manipulée depuis 15 ans  et ce dans tous les pays du monde…Jamais l’écart entre le taux de marché et le taux naturel n’a été aussi élevé partout et depuis aussi longtemps.

Le retour sur terre risque d’être agité

Et si le lecteur me demande d’où vient le désir forcené que tous les hommes politiques, tous les banquiers centraux et tous les économistes ont de manipuler sans cesse cet écart puisque toutes les analyses historiques montrent que ces manipulations se terminent toujours mal, et bien la réponses est simple : les effets à court terme d’une telle manipulation sont souvent heureux et permettent donc de rester au pouvoir.

Et après eux, le déluge…

 

Passons à notre deuxième sujet, les taux de change.

Le taux de change n’est rien d’autre qu’un PRIX de marché entre deux monnaies.

J’ai beaucoup écrit sur ce site sur ce qu’était une monnaie et je vais essayer de résumer en quelques phrases ces réflexions.

Une Nation c’est une volonté de vivre ensemble qui s’exprime par un contrat social accepté par l’ensemble de la population. Ce contrat social implique des transferts à l’intérieur de cette Nation, organisés par un État à qui est consenti le monopole de la violence légitime. Pour assurer ses missions Régaliennes et procéder aux transferts requis cet État prélève des impôts, ce qui requiert qu’il dispose d’une monnaie.

La monnaie n’est donc que l’expression financière de cette volonté de vivre ensemble.

La volonté de vivre ensemble et la monnaie sont donc l’envers et l’endroit d’une même réalité.

 

Le Ratio entre deux monnaies s’appelle le taux de change.

 

Imaginons que nous ayons deux pays  et que l’un des deux décide de ne plus avoir d’enfants tandis que l’autre maintient sa fécondité à deux enfants par femme, ce qui permet à la population de se maintenir à  un niveau à peu prés constant.

Que va-t-il se passer dans le taux de change entre leurs deux monnaies ?

Le premier pays, celui qui ne fait plus d’enfants, va se retrouver avec une population jeune et en âge de travailler sans être « encombré »  par tous ces enfants qui dans le fond coutent très cher.

Sa balance commerciale va exploser à la hausse par rapport à celle du pays qui continue à faire des enfants et l’on peut penser qu’il n’y aura pas de déficits budgétaires dans le premier pays.

Et donc la monnaie du premier pays va monter  pendant un grand moment par rapport à la monnaie du deuxième pays et tout le monde vantera la qualité de la gestion du premier pays et condamnera l’incompétence des hommes politiques du deuxième.

 

Avançons de trente ans.

 

Ceux qui n’ont pas fait d’enfants prennent tous leurs retraites en même temps  et la question se pose: qui va payer leurs retraites ?

Car les retraites d’aujourd’hui ne peuvent être payées que par du travail d’aujourd’hui, ce qui veut dire que ceux qui n’ont pas fait d’enfants doivent s’être constitué une espèce de créance sur le travail du pays d’à coté en y achetant par exemple des entreprises ou des obligations d’État.

Et au fur et à mesure que ces créances se liquideront, la monnaie du premier pays baissera par rapport à celle du deuxième.

Et donc nous aurons un cycle démographique du taux de change, d’abord en hausse pour le premier, ensuite en baisse, d’abord en baisse pour le premier , ensuite en hausse.

 

Imaginons qu’au début de la période, de puissants génies décident de bloquer le taux de change entre les deux pays.

La compétitivité « anormale » du premier pays  au début de la période ne pourra être compensée par son taux de change qui monte, et donc l’économie du deuxième pays sera détruite et il n y aura rien a acheter quand le basculement démographique se produira.

Bloquer le taux de change, c’est donc bloquer, une fois encore, les mécanismes d’ajustement qui permettent aux économies de s’ajuster harmonieusement en fonction de ce que font les pays voisins.

C’est l’exemple parfait du lit de Procuste, ce brigand Grec qui allongeait ses prisonniers sur un lit. Ceux qui étaient trop grands, on leur coupait ce qui dépassait, ceux qui étaient trop petits, on les allongeait grâce aux efforts de chevaux commis à cet effet.

Et tout le monde en crevait, sauf ceux qui avaient la même taille que Procuste.

Quand on connait les milliards de transactions qui se passent sur les marchés des changes tous les jours, on ne peut qu’être stupéfaits de la vanité des hommes politiques qui prétendent savoir ou devrait être le taux de change entre deux Nations, c’est-à-dire deux volontés de vivre ensemble.

Fixer le taux de change est vraiment le degré ultime non seulement de l’incompétence en économie mais de la suffisance intellectuelle la plus extrême, qui ne peut se produire que si vous avez toujours été premier de classe et que vous n’ayez jamais travaille dans la vraie vie.

 

Conclusion

 

Beaucoup de gens me demandent pourquoi les choses vont aussi mal, partout.

La réponse est toute simple.

Manipuler le taux d’intérêt, c’est intervenir dans le rapport que j’ai avec le temps et donc détruire ma Liberté Individuelle puisque je n’ai plus la libre disposition de mon temps.

Manipuler le taux de change, c’est attenter à ce qui m’unit au reste de mon pays, c’est-à-dire la volonté de vivre ensemble. Sans liberté des taux de change pas de Souveraineté Nationale et donc pas de Démocratie

Si je n’ai plus de Liberté Individuelle et si je ne peux plus choisir librement avec qui je veux vivre, pourquoi l’économie de mon pays, ou de tout autre pays devrait elle fonctionner ?Car une économie prospère n’existe que s’il existe des prix libres et tous les prix trouvent leur origine dans la combinaison entre taux d’intérêts et taux de change.

Nos économies implosent parce que nous ne sommes plus libres, et voila tout.

 

 

 

NDLR: Toute reprise des articles du présent site devra, sans exception aucune (pour tous les articles du site présents et à venir)

 1/ faire l’objet d’une demande acceptée en amont

2/porter la mention en amont de l’article « un Article publié par Charles Gave pour le site Institut des Libertés« 

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

37 Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • OSIFE

    8 février 2016

    Et à propos de la démographie et des enfants.
    Uniquement du point de vue de l’efficacité économique d’un pays a long terme.

    Vaut il mieux faire peux d’enfant mais a haut QI en choisissant bien la mains d’oeuvre que l’on importe, ou faire beaucoup d’enfant avec un QI moyen plus faible.

    Pour aider a trancher :
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25376963
    https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&ved=0ahUKEwiKkovagOnKAhWIOhoKHQVVAwoQFgg6MAM&url=http%3A%2F%2Ffiles.figshare.com%2F1866128%2FISIR14MigrantenFoto.pdf&usg=AFQjCNGwwp_QW0Iyi0W7DP2ahHRAsGumSw&cad=rja

    Répondre
  • OSIFE

    8 février 2016

    Bonjour,
    Puisque c’est deux chiffre semble a vos yeux la pierre angulaire de l’économie et de vos réflexion, accepteriez vous de nous livrer une bonne façon d’estimer chacun de ces taux en tous cas quelque chose d’approchant et de comparable entre les différents pays.

    On peut souvent voir dans différent média les dévaluations qui surviendrait en cas d’arrêt de l’euro. Ce sont des estimations de taux de change hypothétique.
    Sur quoi pensez vous que ces estimations sont basé. Est ce bien du vent comme tout le reste ?

    Quel indicateurs utilisez pour voir qui vous estimez être le plus éloigné des prix de marché ?
    Faites vous cela par calcul ou par constatation des symptômes ?

    Répondre
  • Peltier

    7 février 2016

    Bonsoir Charles et encore merci pour votre éclairage toujours brillant. J aimerais avoir votre avis sur la hypothèse d une violente dévaluation du yuan cette année dont tout le monde se inquiète en ce début d’année.
    Les réserves de change de la Chine fondent comme neige au soleil, les capitaux fuient le pays et les hedge funds s en donnent à coeur joie. …la dévaluation du yuan de 10% EST ELLE IMMINENTE ET INÉVITABLE?

    Répondre
  • piot

    7 février 2016

    entièrement d’accord avec cet article qui explique simplement l’economie sauf sur un point:la natalite .Avec la robotisation gallopante nous n’aurons plus besoin de main d’œuvre en dehors de celle tres specialisee et utile amenant de la valeur ajoutee a la societe.Or une forte natalite amene des charges et des consommateurs assumes par la solidarite ce qui empeche les investissements d’avenir.

    Répondre
  • sassy2

    7 février 2016

    concernant le vivre ensemble.
    sur le dollar et l’euro c’est terminé
    avec merkel ou hollande sarko juppe aussi

    c’est la raison pour laquelle les taux sont a 0

    du reste: ou serait dans le futur, le crédit à donner à une monnaie qui a deja eu ses taux à 0 par le passé? nulle part, volker ou pas Volker c’est difficilement réalisable, sauf en tyrannie

    Répondre
  • sassy2

    7 février 2016

    A noter que chez les universitaires salariés par les banques ou la FED, par ex Piketty (attention il va etre lancé en politique):
    le tx d’epargne concerne les ménages.

    ce qui est aujourd’hui faux: le tx d’epargne positif ne concerne que les entreprises en masse

    ce sont d’ailleurs les entreprises qui doivent supporter l’isf (…), notamment les assos type Hlm ou banques centrales

    http://money.visualcapitalist.com/all-of-the-worlds-money-and-markets-in-one-visualization/

    NB « spéciale dédicace » à mes professeurs qui ont inculqué le modèle isml, alors qu’ils n’ont JAMAIS passé un ordre de bourse

    Répondre
  • Hardy

    5 février 2016

    MR Gave ,
    vous rueffisez de plus en plus il n’y a que finalement peu entre vous et pourtant…

    Répondre
    • idlibertes

      5 février 2016

      Difficilement car pour Rueff, l’economie locale doit s’adapter au taux de change et pas le taux de change à l’économie locale. Ce qui et précisément l’inverse de ce que Charles Gave a écrit dans cet article.

      De plus, en dehors de toutes les qualités et les visions de Jacques Rueff (double pyramide du Crédit), il était terriblement aurifère ce qui est aussi très loin des points de vue de Charles.

    • Hardy

      5 février 2016

      La perte de liberté et le lien avec l’implosion de l’économie est ce qui est pourtant le plus marquant chez Rueff. Outre l’ordre social il est intéressant de consulter des dieux et des rois. Je ne puis concevoir que Charles , qui m’impressionne au plus au point de par son analyse basée sur une culture si profonde ne puisse réduire Rueff qu’à la vision anglo saxonne d’un passéiste fétichiste du métal brillant. Quant au taux de change si on peut l’adapter à quelque chose c’est qu’il est non libre lui aussi….vouloir l’ adapter c’est précisément tenter de détruire le rétrocontrôle qui existe dans l’univers économique, rétrocontrôle qui existe partout dans l’univers selon Rueff. Rueff sur la fin de sa vie avait tenté d’ailleurs cette synthèse à travers l’art. Je maintiens que je ne vois point d’économiste humaniste qui soit dans l’approche globale aussi originale aussi pres de Jacques que Charles .

    • idlibertes

      6 février 2016

      Je maintiens et signe.

      Voila ce que pense Charles Gave de RUEFF

      « Jacque Rueff, assurément, fut loin d’être un médiocre. Souvenez vous par exemple de la devaluation Poincarré qui stabilisa le franc en 1928.
      Le Franc se retrouve alors sous évalué et tout l’or du monde se déverse en France qui fait ce que l’Allemagne fait aujourd’hui, c’est à dire thésaurise. Ceci aura raison de la livre sterling qui se met à flotter , puis des USA, obligés de dévaluer en 1934, ce qui à son tour aura de tragiques conséquences pour l’économie Francaise. Puis, Laval arrive et suit sa politique déflationniste avec les decrets d’application préparés par Rueff et la France crée le bloc or avec l’Italie, la Belgique etc, ce qui déclenchera une déflation monstrueuse et fera venir le front populaire au pouvoir et poussera Mussolini dans les bras de Hitler.
      Jacques Rueff en 1946 est aussi le créateur,avec Hayek and co, du Mont Pelerin et produit des analyses trés originales sur la double pyramide du crédit émanant du dollar.
      Avec Pinay et Armand , Rueff prendra toute une série de bonnes mesures en 1958 -1959 pour redresser l’économie Francaise.
      Un type trés valable, mais completement obsédé par l’or et le cours de change de la monnaie contre l’or. A aucun moment de sa vie il ne semble avoir pensé que le taux de change était un prix comme un autre!
      Pour Rueff, l’economie locale doit s’adapter au taux de change et pas le taux de change à l’économie locale.
      Un melange de fanatisme aurifère, de liberalisme, et de nationalisme. »

      Fin de citation.

      Désolé de vous décevoir.

      CG voit en Rueff un mélange de génie et de serviteur mal avisé.

      Par ailleurs , qu’entendez vous par  » la perte de la liberté et le lien avec l’implosion de l’économie »? Quelles « pertes de libertés » en France en 1928?
      En 1958?
      ??

    • Hardy

      9 février 2016

      Mr Gave ,
      Je ne puis être déçu d’une quelconque façon, votre tribune offrant l’opportunité du débat d’idées , c’est donc un véritable plaisir et je vous en remercie. D’autant que tout ce débat est particulièrement d’actualité on risque de la voir bien vite….
      J’ai repris les points que avez noté et me suis permis quelques commentaires , n’y voyez ni malice ni sectarisme mais juste tentative d’éclairage différent.
      1928 : beaucoup d’or revient en France. L’histoire ayant été écrite par les vainqueurs de la guerre monétaire le point de vue Anglo Saxon triomphe et les méchants Français adorateurs du veau d’or sont les méchants tout responsables. Les écrits de 1997 (c’est récent ) confirme tout à fait cela cf « Gold, France, and the Great Depression, 1919-1932 de H. Clark Johnson (ultra ardue et intellectualisant à souhait) mais l’idée y est. Eichengreen et Bernanke partageant le même point de vue bien sur, pourtant il existe une autre vision elle est clairement énoncée d’ailleurs (outre Rueff) :cf texte L’Afflux de l’or en France de 1928 à 1934 de P Sicsic et B Villeneuve. C’est le rapatriement des liquidités qui avaient fuit le bordel Français dans les années précédentes qui explique en grande partie l’afflux d’or . la France aurait donc le droit de ne faire qu’une seule chose avec son argent (si vous me permettez l’expression). Le placer outre manche mais jamais ne le rapatrier : les seuls qui savent comment se dirige la finance c’est le monde anglo saxon , « moyen » comme vision de la liberté.
      La déflation qui s’ensuit n’est donc que le fait de son suppot le plus terrible : l’or. Ceux qui auraient une quelconque vision différente sont des obsédés, des fanatiques des adorateurs d’un culte dépassé ». Le langage est à ce titre tout à fait instructif . « Relique Barbare » , « adorateur du veau d’or » , « golden fetters » , « golden bug » etc… Etonnant paradoxe que d’affubler son chien de la rage pour tenter de s’en débarrasser. Vous conviendrez aussi qu’il est possible de se poser la question quels sont les véritables fanatiques ??, avec de pareilles formules . Serait ce les pros ou les contres métal doré. J’ai lu J Rueff et n’ai point trouvé de telles diathrybes si pleines d’emphase , d’imagerie et de grief.
      Et voila que la France force la main du monde en ayant été la source causale de la dévaluation de la livre et du dollar. La aussi l’analyse peut être différente : l’Angleterre ne pouvant remonter ses taux « directeurs » du fait de la crise ne peut pas faire agir les mécanismes régulateurs. Rueff qui était de 1930 en 1933 en Angleterre était plus que bien placé pour voir de prés ce qui se passait d’ailleurs….Alors pourquoi l’angleterre ne peut remonter ses taux ?? la aussi il existe une autre explication c’est la « dole » . Quoi ??? au pays du libéralisme Manchesterien voila que l’on donne des allocations chomage . Curieux paradoxe aussi vous me direz si l’on creuse bien l’histoire.
      Laval arrive et fait une politique de déflation , Rueff prépare les décrets d’application , je vous engage à lire d’ailleurs « de l’aube au crépuscule » . Rueff était contre et c’est justement parce qu’il était contre qu’il a été imposé pour minimiser l’impact de ce choix imposé.
      On retrouvera ce genre d’analyses avec un paroxysme lors de la fin du pool de l’or , la France étant mis au ban sans pouvoir participer aux accords de Stockholm de 1967, et ce général vieillot converti sur le tard à des idées saugrenues avec sa vision d’un monde qu’il faudrait plus multipolaires. Finalement le timing de mai 68 est tombé bien à pic .
      Rueff n’a jamais été fanatique de l’or , loin s’en faut il s’est battu sans relache toute sa vie pour mettre en lumière les dangers qui pesaient sur la civilisation car selon lui la liberté n’est pas innée comme chez Rousseau. La civilisation à faux droit est génératrice de désordre sociaux . En détruisant les mécanismes régulateurs qui permettent de maintenir le retrocontrole et l’ordre social la conclusion ne peut être que tragique.
      Qu’ai-je voulu dire par l’implosion de l’économie et la perte de liberté , il suffit de lire l’ordre social le titre du chapitre de conclusion est suffisamment révélateur : « Exigez l’ordre financier ou acceptez l’esclavage ».
      Enfin la citation première qu’il donne dans le péché monétaire de l’occident (le titre d’ailleurs lui-même est digne d’une dissertation) est un clin d’oeil
      Le monde est tragique parce que les
      hommes inventent de toutes pièces des
      tragédies superflues, c’est-à-dire qu’ils ne
      sont pas sérieux.
      Henry de MONTHERLANT.
      La Rose de Sable, p. XIII
      Il faudra quand même que Mr Bernanke et les banquiers centraux viennent nous expliquer de façon docte , qu’alors que nous ne sommes point en gold standard des crises bien importantes reapparaissent. Je ne suis pas fétichiste du métal doré , je me pose des questions je lis et j’essaye de comprendre et votre site est indispensable et je vous en remercie.

  • Robert Marchenoir

    4 février 2016

    Mais qui est donc ce mystérieux « on » qui fait la loi ici ? Une charmante blonde, peut-être ?

    Répondre
  • Candide

    2 février 2016

    bonjour,

    bravo M Gave pour cet article. Si j’ai bien compris votre démarche, il s’agit, au delà des considérations techniques, de rattacher les concepts économiques à des réalités humaines quotidiennes et tangibles. C’est aussi original que nécessaire… et sain. C’est loin du – mauvais – discours techniciste que l’on entend habituellement, qui crée plus de confusion que de compréhension.

    Comme quoi, il faut toujours écouter ses équipes.

    Répondre
  • drazig

    2 février 2016

    Votre article est lumineux. Merci.
    Jusqu’ici je ne comprenais pas très bien l’importance de la démographie.
    Maintenant, je la comprends; merci encore.

    Répondre
  • gérard

    2 février 2016

    Changeons de système de retraite,nous n’aurons plus de problèmes de taux de natalité!

    Répondre
  • AgentDevlin

    1 février 2016

    Je crois que c’est au moins en partie de ma faute si vous avez dû vous prêter à cet exercice difficile. J’ai beaucoup insisté pour comprendre mieux ces deux concepts. Je vous en remercie d’autant plus et je vais continuer à lire et relire cet article pour mieux le comprendre. C’est en approfondissant ses connaissances sur l’économie qu’on peut s’émanciper des bonimenteurs officiels du régime en place!!

    Répondre
    • Aljosha

      1 février 2016

      J’abonde dans votre sens, James, et j’avoue, le lundi matin, découvrir ces billets avec la gourmandise d’un enfant face à sa boulangère.
      Je relis régulièrement les articles des mois précédents, que j’ai régulièrement imprimés pour-mon-usage-personnel (en attendant leur édition …). Ils ont ceci de remarquables qu’aux variations saisonnières près, ils ne prennent pas une ride. C’est cohérent, passionnant et, je crois, nous fait avancer.
      Quand la musique est bonne …

    • idlibertes

      2 février 2016

      Tout à fait Thérése, vous êtes à 80% responsable et je le suis pour les 20% de « on m’a fait comprendre « comme si avoir mauvais caractère était mon genre,je vous jure…. Non mais,oh eh, hum, bon, alors?

      Mais comme beaucoup de questions fondamentales et la table des 9, on comprend, on apprend et puis on oublie.

      Cent fois sur le métier…

  • ALRI

    1 février 2016

    Bonsoir Monsieur,
    je me permets de vous poser une question sur le taux de change: lorsque vous dîtes qu’il doit y avoir un mouvement d’équilibre final entre les taux de change de 2 pays, cela veut-il dire qu’il existe une sorte de contrat morale de bonne conduite? Par exemple, lorsque que vous dites que la population une fois vieillissante doit investir dans le pays à forte natalité, elle peut aussi contourner cette logique et ne pas transférer sa masse monétaire. Tout va dépendre de leur interdépendance à un moment donné. Elle peut changer son mode de production industriel (robots ou délocalisation), dire qu’elle a besoin de moderniser ses infrastructures et obliger ses voisins à dévaluer ou à pratiquer une politique de déflation (monnaie forte)….
    Encore merci pour votre travail.
    Bonne soirée

    Répondre
  • ClauZ

    1 février 2016

    Très bon article, bonne explication. Dommage que les étudiants français n’est pas des cours de vulgarisation d’économie de ce calibre! 😉

    Répondre
    • ClauZ

      3 février 2016

      « les étudiants français n’ONT pas »

  • Francis

    1 février 2016

    Bonjour,
    Le taux de marché est observable. Le taux naturel ne l’est pas. Vous n’avez pas dit dans ce billet comment on pouvait l’estimer afin de pouvoir déterminer l’écart entre les deux taux.
    Dans d’autres billets vous avez dit, je crois, que letaux naturel se situait autour du aux d’inflation?

    Répondre
    • idlibertes

      1 février 2016

      « Ce stock d’épargne, dans un monde idéal, se mettrait en face de cette demande d’épargne et un grand marchandage aurait lieu pour déterminer le PRIX auquel le stock d’épargne serait égal à la demande d’épargne. Si les taux baissent, j’épargne un peu moins et j’emprunte un peu plus, si les taux montent j’épargne un peu plus ou j’emprunte un peu moins jusqu’à ce que l’on arrive au moment magique ou l’offre d’épargne = la demande d’épargne.
      Et le Suédois Wicksell, l’un des plus grands économistes de tous les temps appelait ce taux d’équilibre entre l’offre et la demande d’épargne le « taux d’intérêt naturel »

    • FrancisC

      1 février 2016

      Merci pour cette réponse

  • dede

    1 février 2016

    « les retraites d’aujourd’hui ne peuvent être payées que par du travail d’aujourd’hui, ce qui veut dire que ceux qui n’ont pas fait d’enfants doivent s’être constitué une espèce de créance sur le travail du pays d’à coté »

    Peut-etre la meilleure explication lue a ce jour pour justifier une retraite par capitalisation plutot qu’une retraite par repartition.
    Cette derniere est seduisante sur un plan macro-economique – de toute maniere, ce sont les actifs qui payent les retraites – mais, outre les problematiques de gestion centralisee par le gouvernement (on sent parfois que la gestion centralisee par les assureurs ne vaut pas beaucoup mieux), elle suppose donc soit un gouvernement mondial, soit une economie vivant en autarcie.

    Répondre
  • riz

    1 février 2016

    Les Français ont voulu vivre au crochet des Allemands par la création de l’euro , eurobonds , baisse des taux .L’Italie trop endettée voulait des taux bas pour la sustabilité de sa dette .L’Espagne habituée à des taux trop élevés pareil (inflation car non compétitivité et gestion un peu olé olé elle n’est sortie de Franco que vers 1981 et souvent de la corruption dans les régions comme on a pu le voir) .Les Allemands veulent reconstruire le Saint Empire romain germanique , ils y sont presque puisque toute l’Europe du Nord et orientale leur est acquise et même du sud est (on peut dire qu’ils tiennent la Grèce dorénavant) .Ils savent qu’ils vont nous bouffer eux qui sont hyperdisciplinés face à des latins dans la légèreté permanente .Les Allemands ont la monnaie (euro à Francfort) , ils ont les institutions à Bruxelles c’est qui commandent car rédigent tous les textes. Ils ont le téléphone rouge car dorénavant la seule interlocutrice de l’Europe c’est Merkel Ils ont les créances sur le reste de l’Europe, une industrie militaire (toute notre industrie de la défense commence à être absorbée par les Teutons : chars , sous-marins , bateaux), le pdg d’eads est un Allemand ils ont donc reconstitué leur industrie aérienne .Ils ont la puissance du nombre 81 millions d’Allemands contre 67 millions de Français dont beaucoup de bras cassés.Leur pib est du vrai pib l’industrie allemande pèse trois fois plus lourd que la nôtre et est assis sur les exportations du vrai argent alors qu’en France tout propriétaire qui habite son logement voit s’appliquer un loyer virtuel qui rentre dans le pib (ce sont des sommes gigantesques) .Ils ont des relations privilégiées avec la Chine et la Russie , leur commerce avec les usa est supérieur à celui avec la France , donc leurs intérêts peuvent virer pourquoi s’enticher d’un partenaire qui stagne voire décroît , un pays va là où sont ses î , or avec la France l’î diminue .
    Alors si on ne peut faire de dévaluation , on est obligé de baisser les salaires c’est ce qui s’est passé en Espagne , Portugal , Grèce , un peu Italie donc les pays rétrécissent donc s’affaiblissent, ou on fait flamber les taux d’î ce qui fout le pays en l’air d’où baisse des salaires in fine .A long terme l’Allemagne ne peut qu’avoir le dessus dans un système de change fixe .Question pour un Français dans ce système pourri si je contracte un emprunt sur 20 ans de 500 000 euros pour ma maison assis sur mon travail de cadre en France est-ce que ça ne finirait par me coûter plus cher ? Ma retraite dans 15 ans avec l’explosion à venir de l’Europe d’ici là sera t’elle en rapport avec mes cotisations ? Mon épargne sera t’elle préservée au coeur d’un système voué à l’implosion ? Je pense que dans t+15 ans par rapport au temps t on va avoir de mauvaises surprises du fait de ce système bancal .Introduction de l’euro 2002 et début d’implosion en 2008 soit seulement 6 ans après d’où l’euro peut-il ou pourra t’il survivre à un prochain choc violent ?
    Alors , les Chinois , les Américains , les Moyens-Orientaux vont débarquer et nous fixer leurs conditions comme on les a fixées aux Grecs .Mais non super Mario va nous sauver lol !

    Répondre
  • El Oso

    1 février 2016

    Merci pour ce brillant article.

    Répondre
  • TYLOLO76

    1 février 2016

    Cher Mr Gave, certainement votre meilleur article sur l’Economie, comme quoi, çà valait le coup de répondre à la mauvaise humeur.
    A quand votre retour chez Nicolas Doze et les experts !
    Bien à vous.

    Répondre
    • idlibertes

      1 février 2016

      Merci beaucoup,

      Comme beaucoup de personnes ayant des facilités (nous allons dire dans une matière), Charles gave a une tendance à se laisser pousser le poil de la main. d’ou la nécessité d’être un peu abrupte parfois.

      Je crois que le prochain Doze est le 15février, à confirmer mais dans ces eaux là.

      merci de nous suivre

      idl

  • nolife

    1 février 2016

    Il n’en reste pas moins que l’Allemagne gère bien son budget, mieux que la France en tout cas …

    Aussi, si par exemple, un pays est leader mondial sur pas mal de technologies, naturellement, il exportera plus, son taux de change montera, son inflation quant à elle baissera et ses taux d’intérêt …

    Au fait, c’est quoi le titre de cet article ?

    Les taux létaux ?

    Répondre
    • Homo-Orcus

      1 février 2016

      L’étau qui broie !

    • idlibertes

      1 février 2016

      Pardon, mon oubli,rectifié

    • Jacques SAURY

      1 février 2016

      Excellent de concision.

      La démographie résulterait-elle du choix entre :
      – perdre la tête,
      – perdre sa race.

      Mais alors, quand ceux, qui auront préféré perdre leur race, importent des enfants ou des jeunes faits ailleurs pour leur prodiguer formation et soins, afin de remplacer les « faits d’anges » d’une sagesse préservatrice et leur permettre de travailler à l’entretien des retraites de ceux qui n’ont pas perdu la tête, alors le second temps de la baisse sera différé, vraisemblablement, ou tant que le nationalisme demeurera une maladie infantile de l’humanité.

      N’est-ce pas?

  • Cyril.C

    1 février 2016

    Quelle belle conclusion. Non pas que je ne m’en réjouisse mais il est tellement rare de lire ce que je pense également.
    C’est toujours un plaisir de vous lire.
    Cordialement

    Répondre
  • Homo-Orcus

    1 février 2016

    La comparaison entre la natalité et le taux de change est pertinente.
    Sauf que l’on peut déterminer de manière précise les effets de la natalité à long terme.
    Diagramme de Lexis
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Diagramme_de_Lexis
    Serait-ce aussi simple avec un taux de change ?

    Répondre

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!