4 novembre, 2014

Le Japon doit être maintenant regardé avec des yeux neufs

Après vingt années de sous performance,  le nombre d’investisseurs qui regardent les sociétés japonaises de près est peu nombreux.  Cette semaine, les valeurs japonaises ont regagné 7,4%, alors que la politique de Shinzo Abe le premier ministre n’a pas donné, jusqu’à maintenant,  de résultats significatifs pour relancer l’économie. C’est pourquoi, la banque du Japon a annoncé de nouvelles mesures d’assouplissement de sa politique monétaire, ce qui a constitué une surprise.  Elle a du être confortée par le fait que malgré la baisse du yen, l’inflation ralentit en raison de la baisse des prix de l’énergie importée.

Bien sûr, l’industrie japonaises que l’on connaissait n’est plus du tout ce qu’elle était, les ventes d’appareils photo Canon and Nikon ont ainsi  baissé de 60% en deux ans, car presque tout le monde prend des photos avec son téléphone, mais de nombreuses nouvelles applications se développent : les caméras vidéo sur IP font partie de la panoplie des systèmes de sécurité donnant par exemple un coup de jeune à la vidéo surveillance.

Quand on regarde de près beaucoup de sociétés japonaises  sont en avance sur de nombreuses innovations :  dans la robotique, les voitures électriques , les voitures sans conducteur, les énergies alternatives, les services aux personnes âgées. Parmi les valeurs intéressantes qui figurent dans les portefeuilles des investisseurs on peut retenir :  dans la technologie : Fujikura (fibres optiques équipement de réseaux),  Hitachi Kokusai Electric ( Video sans fil), Konica Minolta  (Imprimantes), Nidec  (Equipements pour smartphones), Otsuka (produits pharmaceutiques) ; Matériaux de base: Nippon Steel & Sumitomo Metals, Zeon (caoutchouc synthétique, latex..); Consommation cyclique: Nitori (meubles), Toyota Motor; Biens de consommation: Broadleaf (applications pour plateforme métiers) , , Gulliver International (vente de voitures d’occasion) , Temp Holdings (Travail temporaire), Welcia Holdings (drug stores) ; Financial Services: Aeon Mail (vente internet) , Sumitomo Mitsui Financial Group (banque); Industrie: Fanuc  (robots), Marubeni Corporation (Agro alimentaire)

L’Europe est suspendue à la BCE

En Europe,  les résultats annoncés par les sociétés sont plutôt meilleurs que prévu par les analystes. Le dernier indice PMI de la Zone Euro pour octobre s’inscrit même en légère hausse, par contre les carnets de commande baissent pour le deuxième mois consécutif. Depuis le début de l’année la performance réalisée par une exposition à l’Europe (+6,4%) a été supérieure à celle des Etats Unis (+5,9%). Les déceptions concernent les marchés émergents (-6,8%) et les valeurs de consommation allemandes (-6,6%).

Un certain nombre d’investisseurs sont désormais persuadés que tout va dépendre des prochaines décisions de la BCE qui n’aura pas d’autre choix que d’imiter la Banque du Japon en pratiquant du vrai « Quantitative Easing », celui qui a réussi aux Etats Unis. Parmi les secteurs qui ont leur faveur  on trouve les  Banques, Automobile et Equipementiers Automobile, Assurance, Technologie, Publicité, Aerospatial Civil.

Les thèmes les plus attractifs sont pour eux les sociétés européennes qui exportent aux Etats Unis et profitent ainsi de la hausse du dollar, les banques les plus exposées aux pays de l’Europe du Sud,

En France, le jeu de rôle avec Bruxelles s’est finalement terminé par le fait que 

sous la pression de Bruxelles, Michel Sapin Ministre des Finances et des Comptes publics a « réduit » de 3,6Md€ le déficit budgétaire prévisionnel de la France en prenant quatre mesures aux résultats incertains,  grâce à quoi la France échappe aux sanctions…

Personne n’est dupe du flou artistique des comptes français … En Allemagne, l’indice IFO a encore baissé en octobre pour le sixième mois consécutif de baisse. La récession de l’économie allemande est donc bien là. En Italie la confiance des chefs d’entreprise s’améliore un peu en octobre, mais les conditions d’accès au crédit sont toujours difficiles. Le chômage a encore progressé en septembre.

Aux Etats Unis, la croissance revient

La Federal Reserve a mis un terme à six années d’assouplissement quantitatif sans créer aucune turbulences dans les marchés. Le PIB a progressé aux Etats unis  de 3,5% au troisième trimestre. Le revenu des ménages est en hausse en septembre à cause de la baisse des prix de l’énergie. D’ailleurs, l’indice de confiance des consommateurs en octobre marque une nouvelle progression.

Cela devrait profiter aux sociétés exposées à la consommation domestique.

Parmi les sociétés qui devraient le plus en profiter figurent : Delta Airlines, General Motors, Halliburton, Cummins, Amazon, Netflix, MetLife, EMC Corp, Archer Daniels Midland, Jabil Circuit

En Chine,  le rythme de construction va baisser de 2% par an  

Contrairement à ce que pensent de nombreux investisseurs, le marché immobilier ne devrait pas s’effondrer mais baisser de l’ordre de 2% au cours de la prochaine décennie . On ne peut comparer les bulles immobilières du Japon et des Etats Unis avec la situation chinoise.

La Russie très touchée par la baisse du prix du pétrole

La dépréciation du Rouble se poursuit -23% depuis le début de l’année.  Le manque de dollar US devient préoccupant pour les nombreuses entreprises qui ont emprunté en dollar.

Le problème c’est que si le baril de pétrole reste durablement en dessous de 85$ la Russie va avoir beaucoup de mal à financer son budget. Par contre à ce niveau plus de la moitié des exploitations américaines ne seront plus rentables. C’est l’opinion de Abdalla El-Badri secrétaire Général de l’OPEP . Les Etats Unis qui sont devenus le plus grand producteur de gaz  du monde vont avoir du mal à devenir  bientôt exportateur de gaz  et concurrencer la Russie sur son terrain…

Pour les marchés émergents, les moments de resserrements monétaires sont toujours des périodes difficiles car la liquidité en dollar se resserre beaucoup et les sociétés qui ont beaucoup emprunté en devise américaines ont du mal à rembourser leurs dettes.

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • yvesdemars

    7 novembre 2014

    quand vous écrivez la croissance US est de 3,5% au 3ème trimestre c’est faux les 3,5% correspondent à la croissance trimestrielle x4 cad une hypothèse optimiste de maintien sur les 3 prochains trimestres de +,85 /T. En fait sur une année glissante la croissance du PIB est de 2,3% et on ne voir guère comment elle pourrait dépasser 2,5 sur l’ensemble de l’année 2014. Avec un hiver froid comme l’an passé on peut craindre un T1 2014 négatif

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  • Fucius

    6 novembre 2014

    « La Federal Reserve a mis un terme à six années d’assouplissement quantitatif sans créer aucune turbulences dans les marchés. Le PIB a progressé aux Etats unis de 3,5% au troisième trimestre. Le revenu des ménages est en hausse en septembre à cause de la baisse des prix de l’énergie. D’ailleurs, l’indice de confiance des consommateurs en octobre marque une nouvelle progression. »

    Optimisme béat, à mon humble avis.
    Les USA retournent en récession, et la population n’est pas dupe des grands indicateurs agrégés.

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    • nolife

      6 novembre 2014

      Qui vivra verra.

      Ca doit être beau à voir une remontée des taux comme en 2006.

      On a eu une répétition générale, il y a un mois et demi …

  • emmanuel

    6 novembre 2014

    Vous faites bien de souligner que le Japon avec sa pyramide des ages inversee n’est plus que l’ombre du « soleil levant ».
    Mais a priori malgre tout pour un grand nombre d’economistes distingues: « c’est encore la 3eme puissance economique du monde ».

    Et a present c’est Casino ouvert… Faites vos jeux. La BOJ efface les pertes.

    En realite…

    万歳 (ばんざい banzai),

    Ou plutot?

    Le seppuku (切腹?, littéralement « coupure au ventre ») ou hara-kiri ou harakiri, (腹切り?)

    Mais les moutons du Casino y croient…
    Et les rentiers jubilent…

    Tic tac ti tac: surveillez votre epArgne, on se rapproche de la mega faillite.

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  • Bruno

    6 novembre 2014

    « la politique de Shinzo Abe le premier ministre n’a pas donné, jusqu’à maintenant, de résultats significatifs pour relancer l’économie. C’est pourquoi, la banque du Japon a annoncé de nouvelles mesures d’assouplissement de sa politique monétaire,  »

    Bah oui c’est logique. Ca fait 20 ans que ce type de politique est un désastre, mais c’est simplement parce qu’on n’est pas allés assez loin.

    Le Japon est vraiment intéressant comme cas d’école de l’inanité absolue des politiques de « relance » par manipulation de la monnaie ou de la dépense publique.

    C’est un pays dont les entreprises sont parmi les plus performantes et innovantes du monde, et qui arrive à se traîner à 0% de croissance tellement cette productivité du secteur privé est absorbée par le gaspillage public et le gaspillage de capital qu’une politique de taux zéro ne peut manquer de provoquer.

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