29 avril, 2014

Vue de New York, nationalité d’entreprise et patriotisme économique

Le nouveau psychodrame français, l’affaire Alstom, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, au-delà de questions juridiques, économiques et politiques, soulève des problèmes de fond, en particulier celui de la nationalité des entreprises.

S’agit-il de la localisation géographique du siège social ? des centres de recherche ? de l’actionnariat ? des dirigeants sociaux ? Traditionnellement c’est la juridiction compétente, c’est à dire le ressort territorial qui détermine la nationalité d’une entreprise. Or à l’époque de la globalisation et des multinationales, ce seul critère est réducteur, insuffisant et trompeur.
Si un actionnaire chinois contrôle le capital de Lenovo, anciennement IBM peut –on encore parler d’une entreprise américaine ?

Quand BNP PARIBAS évoque ses implantations à Hawaï et dans l’Ouest américain, peut-on parler d’une véritable banque américaine, au sens juridique, oui, car c’est une filiale, mais de facto, cette entité est partie intégrante d’une institution qui de par la localisation de son siège social, la nationalité de ses dirigeants exécutifs et de son conseil d’administration, et la cartographie de son réseau, est principalement européenne, et française.

Citi, implantée dans plus de 100 pays, avec plus de 50% de son résultat généré hors des Etats Unis, un second siège social et des décideurs globaux à Londres, un encadrement ou les citoyens américains ne sont pas la majorité n’en est pas moins une banque américaine du fait de sa culture d’entreprise.

HSBC, née en Asie, qui génère encore dans cette zone et particulièrement à Hong-Kong, plus de 50% de son résultat, a son siège social à Londres, ayant racheté une banque anglaise, Midland, avant le retour de Hong Kong a la Chine en 1997, échappant ainsi à la nationalité chinoise. Je considère néanmoins que cette banque est asiatique, au même titre que Standard Chartered car c’est dans cette zone géographique qu’elle excelle et construit sa légitimité. Citi qui lui fait concurrence dans de nombreux marchés asiatiques, n’a pourtant jamais revendique un profil d’entreprise asiatique et demeure la banque américaine globale.

Dans le domaine industriel, nous avons des exemples d’entreprises pluri nationales, Renault Nissan, et EADS, demain peut-être Lafarge Holcim, et Publicis Omnicom.
Renault Nissan est une création originale, droit néerlandais, mais deux entreprises distinctes, bien qu’ayant le même directeur général, et des actionnariats croisés, celui de Renault dans Nissan étant je crois à 45%, alors que la participation japonaise n’est que de 15% dans l’entreprise française.. Mise en commun de ressources, mutualisation des plateformes.

Mais subsistent bien deux entreprises relativement autonomes..

EADS en revanche a été voulue par les fondateurs comme entreprise unique binationale, son actionnariat initial comprenant des entités publiques et privées, allemandes et françaises, avec également un statut de droit néerlandais. Et un savant cocktail de nationalités alternées dans les postes de responsabilités.

Ce n’est que tout récemment quand les Etats sont sortis, que cette structure a été simplifiée, et que l’entreprise est devenue Airbus, clairement une entité binationale.
Il existe par ailleurs un statut de société dite européenne, je laisse aux juristes le soin de commenter ses spécificités, il a été retenu par GDF Suez, au départ une entreprise géographiquement franco-belge par son mix d’activités dans l’énergie, de fait de plus en plus française par sa culture et son encadrement, en dépit de l’acquisition récente d’un groupe britannique International Power.
Publicis Omnicom dont la gestation s’avère délicate aurait aussi opté pour le statut de droit néerlandais, deux sièges sociaux, Paris et New York, une dimension fiscale britannique, et un mariage d’égaux alors qu’il faut bien qu’ une entreprise soit l’acquéreur pour clore la transaction..

On le voit le sujet est complexe..
Tous les Etats ont le souci de « protéger » les entreprises qui ont leurs sièges sociaux dans leur ressort territorial, comme mentionne précédemment, les motivations sont nombreuses, et celles invoquées ne sont pas toujours les vraies justifications du protectionnisme économique.
Le Chef de l’Etat affirme que son souci est la protection des emplois en France, et que l’Etat ou les entreprises de son secteur public, SNCF, RATP, sont des clients essentiels pour l’entreprise. Mais la réalité est différente et ce segment ne représenterait qu’autour de 20% du chiffre d’affaires d’Alstom. Travaillant depuis de nombreuses années avec les grandes multinationales européennes et notamment françaises, le CAC 40 pour faire simple, je sais bien que seulement 15 à 20% de leur activité en moyenne est en France.

Et c’est bien leur stratégie de croissance historique à l’international, Amérique du Nord, Asie et autres marches émergents – découverte plus récente des potentialités du marché sud-américain, notamment les Etats de la Cordillère des Andes -, qui les différencie des entreprises du SBF 120, beaucoup plus domestiques. Le succès des entreprises françaises est largement explicable par leur faible dépendance vis-à-vis du marché domestique. La presse française semble découvrir cette réalité, et s’en offusquer.

La localisation des centres de décision est une autre dimension du problème, les contraintes nombreuses et handicaps bien connus de notre environnement social, et fiscal, dissuadent les cadres supérieurs non français de venir s’installer même temporairement à Paris, et lors de fusion acquisition, c’est l’implantation non française qui le plus souvent est privilégiée en dépit d’engagements limites dans la durée pris au moment de la transaction.
Même cause et effets identiques pour les centres de recherche avec trop peu d’exemples contraires.
Face à une OPA en provenance d’une entreprise domiciliée dans un pays de la Communauté européenne, les obstacles juridiques sont très limités, on l’avait découvert historiquement lors du rachat d’AGF par Allianz. Hors Europe en revanche les barrières seraient possibles mais on se heurte alors à une autre caractéristique de notre pays, l’insuffisance d’actionnaires non publics de longue durée constituant un noyau stable susceptible de monter une défense crédible contre un « prédateur »mal venu….

Si l’on regarde les options offertes à Alstom pour « échapper « à l’offre GE sur son activité Energie, il ne peut rien attendre de son actionnaire de référence, Bouygues, limite à un peu moins de 30% en dessous du seuil de déclanchement d’une offre de contrôle.
Lors de la vente d’Areva T&D pour un peu plus de Euros 4 milliards – cette participation avait été cédée par Alstom en 2002 pour Euro 1 milliard pour contribuer au désendettement suite à la quasi faillite consécutive à la reprise malheureuse des turbines de l’helvético –suédois ABB- Bouygues n’avait pu suivre le rachat et Alstom avait été contraint de partager la division 2/3 – 1/3 avec Schneider car le gouvernement – de droite – s’opposait à une vente à GE ou Toshiba.

Décision industrielle sans logique, typique d’un pouvoir politique qui n’a pas les moyens de ses oukases. Dans un communique solennel et public, le comité exécutif de la division T&D d’Areva avait alors proteste, sans effet, contre ce partage arbitraire qui résultait du refus du gouvernement – de droite – d’ouvrir le capital d’Areva, toujours détenu à 100%, et de l’incapacité des deux repreneurs français potentiels, Schneider et Bouygues, de financer, en dette ou fonds propres d’actionnaires , un rachat pour un montant de l’ordre d’Euros 4 milliards.

Il existe à titre d’exemple aux Etats Unis une procédure bien rodée et si efficace qu’elle joue un rôle dissuasif ce qui évite la plupart du temps de la mener à son terme, la saisie d’un Council for Foreign Investment in the United States. Il s’agit de revoir et d’approuver toute transaction de reprise d’activités susceptible de menacer la sécurité des Etats Unis.
Deux exemples déjà anciens, une tentative chinoise sur Unocal, et Dubai Port sur les infrastructures portuaires américaines.

L’objectif de l’entreprise d’Etat chinoise, en concurrence avec Chevron, était de prendre le contrôle d’Unocal, non pas pour son réseau de stations-services en Californie, mais bien pour ses réserves stratégiques de pétrole et de gaz en Asie centrale. Dans cette situation, la transaction a été bloquée compte tenu de la sous-capitalisation de l’entité d’Etat, des financements publics hors marche qui lui étaient consentis en Chine, et surtout en vertu d’un principe de réciprocité, la législation chinoise ne permettant pas une acquisition de ce type par une entité étrangère. Chevron put ainsi finaliser le rachat d’Unocal pour prix inférieur à celui offert par le concurrent chinois.
Quant à la tentative Dubai Port, les autorités américaines firent très rapidement connaitre leurs objections de principe face à une prise de contrôle d’installations sensibles par une entité originaire des Emirats Arabes Unis dans le contexte sécuritaire post 11 Septembre.

Ces exemples sont utiles à garder en mémoire lorsqu’on regarde les options dont dispose le gouvernement français face à l’accord de principe du conseil d’Alstom pour la reprise de la branche énergie par GE .Il reste la parole et la mention d’une éventuelle nationalisation partielle et temporaire par l’Etat, que Jean Francois Cope semble valider dans un entretien paru dans les Echos du 29 Avril.Ce nouvel exemple démontre s’il en était encore besoin que notre système français est profondément handicapé par des contraintes qui procédent de l’ignorance par notre classe politique des réalités d’une économie concurrentielle et ouverte.

Aussi du développement insuffisant des marchés financiers nationaux pour soutenir des logiques industrielles.

Et enfin par ces liens incestueux entre certaines entreprises et l’Etat, tout à la fois régulateur, puissance tutélaire et donneur d’ordres, ce qui conduit de la part de ces fournisseurs potentiels a des comportements non rationnels que l’on qualifie ici aux Etats Unis de « crony capitalism »..
La décision ultime des actionnaires pour une entreprise privée, même renflouée en 2002 , finira par prévaloir, l’image de notre pays comme une terre d’accueil pour investissements étrangers en sortira, hélas, à nouveau endommagée.

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

13 Commentaires

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  • francois

    12 mai 2014

    L’ironie dans cette histoire est que la division Power d’Alstom que l’on nous presente que le symbol du genie national en matiere industriel est dans la realite, si je simplifie, une boite Germano/Suisse, Cette division est tres marginalement francaise (partie turbine hydraulique) est le surtout le resultat de la prise de controle par Alstom il y a quelques annees de la division energie d’ABB (coeur de l’activite turbines par centrales a gaz) entreprise Suedo-Suisse bien connue. Le siege de la division (ainsi que les sites de production)se trouve toujours pas loin de Zurich. Le « pataces » des medias sur le theme joyaux strategique industriel Francais a sauvegarder est en complet decalage avec la realite economique

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  • Vladimir Vodarevski

    3 mai 2014

    Astom est-elle vraiment une entreprise stratégique, hors sa partie ferroviaire, non concernée par la vente? Recèle-t-elle vraiment des activités sensibles? Sachant en plus que GE fournit des moteurs pour Airbus en association avec Safran, et, d’après ce que disent Les Echos, fournit même des turbines aux sous-marins nucléaires français.

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  • jcgruffat

    30 avril 2014

    Reponse, aucune francaise..
    Voir mes commentaires sur le capitalisme a la francaise, pas d’actionnaires puissants et stables, sauf l’Etat ou les fonds de pension etrangers.

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  • BA

    30 avril 2014

    Mercredi 30 avril 2014 :

    BNP pourrait se voir infliger une lourde amende aux USA.

    BNP Paribas a prévenu mercredi qu’un litige avec les autorités américaines au sujet de paiements impliquant des pays sanctionnés par les Etats-Unis pourrait se traduire par une pénalité financière importante, supérieure à une provision de 1,1 milliard de dollars déjà constituée fin 2013.

    http://www.boursorama.com/actualites/bnp-pourrait-se-voir-infliger-une-lourde-amende-aux-usa-74023b29dc8202cf77389ade7a0e928c

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    • jcgruffat

      30 avril 2014

      Rien de nouveau, vieille affaire, d’autres etablissements etrangers et americains ont deja ete sanctionnes pour des faits semblables, Standard Chartered, HSBC, la BNPP AVAIT COMMUNIQUE SUR CETTE AFFAIRE, LA DIFFERENCE EST LA POSSIBILITE D’UNE SANCTION PENALE…

  • FriedrichList

    30 avril 2014

    Bonjour,

    Merci pour cette analyse.
    Il y a selon moi d’autres options que le gouvernement n’a pas voulu proposer :

    – dégager du capital par une privatisation plus poussée d’EDF,
    – faire réellement appel au « patriotisme économique » des français en leur demandant de souscrire à un emprunt « Alstom ».

    Malheureusement il y a un problème de fond au delà du pur montage financier. Il se trouve que le marché européen de l’énergie est vérolé par les subventions aux énergies renouvelables qui mettent en péril les centrales classiques de pointe dont pourtant le réseau devenu instable a tant besoin. Les énergéticiens dont GDF, EON etc ont lancé un appel pour cesser cette destruction du secteur.

    GE fait également un pari et il n’est pas sûr que les activités rachetées contribuent beaucoup à l’avenir au résultat de la boite. J’y vois plus une action opportuniste pour placer son cash.

    Du coup, Alstom n’a plus de marché à court-moyen terme en Europe.

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    • FriedrichList

      30 avril 2014

      Et voilà ce qu’en dit Patrick Kron dans Le Monde

      Les traits tirés à la sortie de son conseil d’administration, qui s’est tenu mardi 29 avril au soir, Patrick Kron a rechigné durant plus d’une heure à prononcer le nom de Siemens devant les journalistes du Monde, comme si l’industriel allemand n’existait pas, comme si la vente des activités énergie d’Alstom à General Electric (GE) était actée.

      Patron à poigne, M. Kron n’aime pas qu’on lui dicte sa conduite et n’a pas apprécié – c’est un euphémisme – que l’Etat l’oblige à laisser un strapontin à l’industriel allemand dans ses négociations avec GE. Mais la compétition sera loyale, assure-t-il.

      Lire les dernières informations : Alstom privilégie General Electric, sans fermer la porte à d’autres offres

      Que répondez-vous à Arnaud Montebourg, le ministre de l’économie, qui vous accuse d’être un menteur ?

      Je n’ai pas l’intention de polémiquer, mais je récuse cette accusation. Je me dis que tout ce qui est excessif est insignifiant. Je suis un industriel. J’ai un discours de responsabilité. Je veux parler d’Alstom.

      Est-il exact que vous n’avez pas informé vos administrateurs des négociations avec GE ?

      Si le conseil d’administration avait quelque critique à formuler, il l’aurait fait et en aurait tiré les conclusions.

      Pourquoi cette précipitation ?

      Il n’y a pas le feu dans la maison Alstom. Son avenir à court terme n’est pas menacé et nous continuons à gagner de l’argent. Le sujet, c’est de se projeter dans l’avenir, de relever les défis stratégiques qui attendent l’entreprise.

      Je vous rappelle qu’il y a une dizaine d’années, l’entreprise était exsangue. Je me suis battu de toutes mes forces pour la sauver. C’était une question de vie ou de mort. Nous avons dû supprimer la moitié des emplois. Je ne voulais plus jamais que le groupe se retrouve dans ce type de situation.

      L’homme qui est en face de vous est le même que celui de 2003. Mais les enjeux sont différents. Je ne veux pas que les salariés d’Alstom revivent le cauchemar de 2003.

      Vous seriez prêts à être l’homme du démantèlement ?

      Si c’est pour assurer l’avenir des métiers et des salariés d’Alstom, j’assume la perspective d’un adossement de certaines activités d’Alstom à un groupe qui a la capacité de mieux relever les défis futurs.

      Lire nos explications : Alstom, General Electric, Siemens : quatre questions pour comprendre

      Vous disiez pourtant, il y a peu, pouvoir vous développer seul. Qu’est-ce qui a changé ?

      Nous sommes confrontés à un certain nombre d’évolutions structurelles. La première, c’est que le marché de l’énergie européen est durablement sous pression. Plusieurs grands électriciens européens ont ainsi déprécié des milliards d’euros d’actifs, correspondant pour partie à des équipements que nous avons livrés ! La deuxième, c’est la montée en puissance de nos concurrents asiatiques, qui s’appuient sur un marché domestique et sont dotés de moyens puissants. La troisième, c’est que les clients nous demandent de plus en plus un accompagnement financier. Je veux que, dans l’énergie, Alstom puisse relever ces défis.

      Les actionnaires d’Alstom n’étaient donc pas prêts à accompagner l’entreprise ?

      Ce n’est pas seulement une question financière. C’est aussi une question de parts de marché et de taille critique. Par exemple, Alstom a vendu dix turbines à gaz en un an, GE en a vendu 30 en un trimestre et compte en vendre 150 sur l’année.

      Pourquoi maintenant ?

      Il ne s’est rien passé de particulier entre hier et aujourd’hui, il n’y a pas eu de déclic, mais il y a des tendances lourdes, et il est de mon devoir de les anticiper.

      J’en suis convaincu, la voie d’une stratégie autonome, qui est celle que j’ai menée ces dix dernières années, est devenue risquée et dangereuse. C’est pour cela que j’ai entamé des discussions avec différents confrères de tous les continents, pour voir ce que l’on pouvait faire ensemble.

      Vous avez sollicité ces contacts ?

      Absolument. Et il est apparu que quelque chose de constructif pouvait ressortir des échanges que j’ai eus avec Jeff Immelt, le patron de GE. Fin mars, nos équipes ont commencé à travailler ensemble. Mercredi 23 avril, je me suis rendu aux Etats-Unis pour le rencontrer et nous avons trouvé une solution à des sujets fondamentaux, sans lesquels il ne pouvait y avoir d’accord. Avant ce rendez-vous, je ne savais pas si un accord était possible, mercredi soir, j’y croyais.

      Mercredi, c’est le jour où l’agence Bloomberg révèle que GE convoite Alstom…

      Oui. Cette fuite a « foutu le bordel ». On avait justement l’intention d’entrer dans un processus organisé. Et nous avons été pris de court…

      Lire notre décryptage : Rachat d’Alstom énergie : que peut faire le gouvernement ?

      Quelle est la teneur de l’accord avec GE ?

      GE a fait une offre ferme de 12,35 milliards d’euros pour l’acquisition d’un périmètre qui couvre Alstom Power, la génération d’électricité thermique et renouvelable, Alstom Grid, pour les activités de transmission, ainsi que les services partagés.

      C’est cette offre dont le conseil d’administration d’Alstom unanime a reconnu l’intérêt stratégique. Un comité d’administrateurs indépendants a été nommé pour procéder à un examen approfondi de l’offre. Le conseil d’administration décidera d’ici fin mai s’il approuve l’offre de GE.

      Mais Siemens a publié une nouvelle lettre d’intention hier…

      Le conseil a également été informé d’une indication d’intérêt de Siemens, qui aura accès à toutes les informations nécessaires pour lui permettre, s’il le décide, de faire une offre ferme.

      Mais vous avez souvent dit que Siemens et Alstom n’étaient pas complémentaires…

      Les portefeuilles de Siemens et Alstom n’ont pas changé. Je ne préjuge pas de la suite. A ce jour, Siemens a fait une déclaration d’intérêt, ce n’est pas encore une offre. Si Siemens en fait une, le conseil l’examinera.

      L’offre de GE est-elle la meilleure ?

      C’est une offre d’une très grande qualité. Je ne peux pas dire le contraire, je l’ai négociée ! Elle permet de remédier à l’absence de taille critique d’Alstom, en regroupant des portefeuilles dans l’énergie très complémentaires.

      Pour François Hollande, l’Etat a son mot à dire dans cette affaire. Qu’en pensez-vous ?

      Bien sûr. L’Etat français est l’une des parties prenantes.

      Lire les réactions : Alstom : Manuel Valls estime que « l’Etat a été entendu »

      Le gouvernement vous reproche d’avoir négocié avec GE sans l’en informer. Qu’en pensez-vous ?

      On m’accuse d’avoir négocié dans le dos de tout le monde alors que nous n’en sommes aujourd’hui qu’au début du processus. Il a toujours été clair avec General Electric que le conseil d’administration aurait la possibilité d’examiner d’autres offres non sollicitées.

      Cela fait partie des demandes que j’ai formulées et que GE a acceptées. La force de l’offre de GE ne repose pas sur une exclusivité, mais sur sa pertinence.

      Alstom, réduit à sa seule activité transports, peut-il rester seul ?

      Oui, Alstom Transport peut être autonome. Ce sera une entreprise cotée à Paris, dotée de moyens à la mesure de ses ambitions. L’opération envisagée permettra, en effet, de renforcer son bilan et d’accélérer sa croissance sur un marché porteur.

      Siemens se propose d’apporter ses trains, ses locomotives et même ses métros. Cela vous intéresse-t-il ?

      Alstom aura la capacité de participer à la consolidation du marché. Il examinera les opportunités en fonction de leur qualité et de leur faisabilité au regard du droit de la concurrence.

      Faut-il un Airbus du ferroviaire ?

      L’Airbus du rail, c’est nous. D’ailleurs, la principale usine d’Alstom Transport est en Allemagne…

      Siemens se plaint de ne pas avoir reçu le meilleur accueil de votre part…

      C’est factuellement inexact. J’ai eu des discussions dans le passé avec Siemens, comme avec d’autres, qui ne m’ont pas apporté de réponse aux préoccupations du groupe.

      Je regrette que certains me collent une image d’anti-germanisme primaire. Comment est-ce possible, alors qu’Alstom emploie 18 000 salariés en France et 9 000 en Allemagne !

    • jcgruffat

      30 avril 2014

      L’homme est entier et droit.
      Ce n’est pas une affaire personnelle, mais bien les insuffisances et faiblesses structurelles d’un capitalisme sans capital..

    • jcgruffat

      30 avril 2014

      Le placement du cash est effectivement une explication compte tenu de la lourde taxation a 35% des profits d’entreprise lors du rapatriement aux Etats Unis, voir l’OPA lancee par Pfizer sur Astra Zeneca,elle n’est pas essentielle dans ce cas ou il y une vraie complementarite entre les centrales au gaz de GE et au charbon d’Alstom, ce dernier tres present dans ce secteur aux Etats Unis et depuis longtemps…

  • BA

    30 avril 2014

    Mercredi 30 avril 2014 :

    Les autorités américaines voudraient attaquer au pénal BNP Paribas et Credit Suisse.

    C’est une information exclusive du « New York Times » , tombée hier soir sur le site du quotidien : les autorités américaines seraient sur le point de lancer des poursuites pénales contre deux banques. Incidemment, il s’agit de deux banques européennes : Credit Suisse et BNP Paribas.

    Si ces poursuites sont confirmées, elles devraient faire l’effet d’un coup de tonnerre à Wall Street, car elles traduiraient la volonté des autorités américaines de taper un cran plus fort sur un secteur financier qui a reconnu un grand nombre de manquements, voire de tromperies, au cours des dernières années.

    Les procédures lancées contre Credit Suisse concernent les instruments d’évasion fiscale que la banque helvète a mis à disposition de clients américains. Celles qui visent BNP Paribas se rapportent à des transactions qui auraient transité via les bureaux new-yorkais de la banque française, vers des pays frappés de sanctions américaines, par exemple le Soudan ou l’Iran.

    Les deux enquêtes sont les plus avancées, mais des poursuites pénales seraient aussi en préparation contre des banques américaines, selon le « NYT ». L’assiduité des procureurs impliqués se heurte parfois à la prudence des régulateurs. Ces derniers indiquent que si un établissement était condamné au pénal, ils devraient peut-être révoquer la licence de la banque en question, ce qui revient à la condamner, au moins en partie. Ils ont en mémoire l’exemple du cabinet Arthur Andersen, poursuivi au pénal dans l’affaire Enron, et disparu dans la foulée.

    Mais la pression de l’opinion, ulcérée par les turpitudes des grandes banques, et la modestie de leurs amendes, rapportées à leurs bénéfices, a fait bouger les lignes. La formule « too big to jail », (trop grande pour être mise en prison), en écho au fameux « too big to fail » (trop grande pour faire faillite) fait florès. Elle conduit les procureurs à vouloir aller plus loin. Eric Holder, ministre de la Justice, a déploré, lors d’une audience devant le Congrès, l’an dernier, que « la taille de certains établissements est devenue tellement importante qu’il nous est devenu difficile de les poursuivre ». Un argument qui porte, à six mois des élections de mi-mandat.

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0203471705963-les-autorites-americaines-voudraient-attaquer-au-penal-bnp-paribas-et-credit-suisse-667930.php

    Répondre
  • Amellal Ibrahim

    29 avril 2014

    Bonsoir,

    A votre avis, les Américains laisseraient-ils des Français racheter GE ?

    Répondre
    • jcgruffat

      30 avril 2014

      Voir la jurisprudence Unocal..
      Aspect strategique, pas evident, reciprocite, surement, financements bonifies, non, entreprise d’Etat?
      C’est le point delicat, un actionnariat public pourrait faire probleme..
      Vous avez un candidat?
      Question theorique..

    • P.M

      30 avril 2014

      A votre avis quelle entreprise française ou autre pourrait racheter GE?
      Il faut parfois se regarder dans la glace

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