5 novembre, 2012

Réflexions philosophiques sur L’Etat nation et autres gaudrioles du Lundi

De nombreux lecteurs me reprochent de manifester un parti pris constant en faveur des Etats-Unis et d’être très dur avec notre « cher et vieux pays ».  Dans la pratique de tous les jours, ce n’est pas faux, mais la raison de cette préférence est profonde et tient aux principes philosophiques qui sous tendent les organisations sociales,  économiques et politiques de ces deux pays.

Les lignes qui suivent sont donc une tentative d’explication de ce qui peut apparaitre comme un préjugé de ma part.

Toute notre civilisation actuelle vient d’Europe et pendant des siècles deux idées centrales ont lentement muri, chacune dans les deux plus vieilles Nations de notre continent.

  • En France, est née l’idée de l’Etat Nation.
  • En Angleterre, l’idée de la Liberté individuelle.

A la fin du XVII eme et pendant tout le XVIII eme siècle, nous avons eu une effervescence intellectuelle incroyable dans ces deux pays, qui s’est traduite par trois révolutions politiques

En Grande Bretagne, nous avons eu la « glorieuse révolution de 1689 » suivie par les révolutions américaines et  françaises à peu prés un siècle après ,la révolution américaine n’étant que la fille légitime de la révolution anglaise.

Les révolutions Anglaise (et  donc Américaine) se sont organisées autour  d’un principe philosophique de base, la primauté de la Liberté Individuelle, antérieure et supérieure au pouvoir de l’Etat (John Locke, Adam Smith et tous les « pères fondateurs » des Etats Unis). Dans  ces deux pays, la Liberté prime tout,  l’Etat est un mal nécessaire qu’il convient de contraindre par la séparation des pouvoirs et des élections fréquentes  Le principe de base de l’économie est la Liberté encore une fois, c’est a dire le Marché. Le but de l’organisation sociale est que règne si possible l’égalité « ex ante » mais le résultat est qu' »ex post »,  de grandes différences peuvent exister entre les citoyens en fonction de la façon dont chacun a exercé sa liberté individuelle tout au long de sa vie. En termes simples, chacun accepte l’idée que la société puisse être inégale. Les idées fondamentales sont donc  la Liberté individuelle comme principe central, la Démocratie élective la plus rapprochée possible du citoyen dans le domaine politique, le Marché libre comme principe d’organisation économique, et l’acceptation de l’inégalité comme principe moral, tempéré par une pratique très forte de la charité individuelle pour ceux qui n’ont pas eu de chance.

La révolution Française quant à elle s’est organisée de façon de toute à fait différente,  la clé de voute étant  la primauté de la Nation sur l’individu (guerres révolutionnaires, invention de la conscription, invention du génocide en Vendée, persécutions religieuses). Pour que la Nation puisse survivre et prospérer, il faut que l’Etat ait pré éminence sur les individus et que la Liberté individuelle lui soit seconde.  De ce fait, l’organisation politique tend à être technocratique et concentrée dans la capitale, les élections n’ayant guère d’importance,  puisque le monde politique a été capturé par le monde technocratique,  la séparation des pouvoirs plus formelle que réelle,  le système économique aux ordres du système politique. Cette technocratie recherche avec ferveur l’égalité « ex post”, puisque toute réussite individuelle anormale est une insulte au pouvoir sans partage de la technocratie. Les principes de base sont donc la suprématie de l’Etat sur l’Individu, la technocratie comme moyen politique, la marche « dirigé » comme outil économique et la recherche de l’égalité ex post comme principe moral, l’Etat se substituant à toute forme de charité individuelle.

On retrouve ces deux systèmes de pensée dans les grands Saints emblématiques que se sont choisis chacun de ces deux pays quand ils veulent raconter aux enfants  l’Histoire Nationale.

  • En Grande Bretagne, les eux grands Saints sont Thomas Moore et Thomas Beckett, tous deux martyrisés par le pouvoir politique parce qu’ils soutenaient que la Liberté Individuelle était antérieure et supérieure à l’Etat.
  • En France, nous avons Jeanne d’Arc qui a rétabli l’Etat Français en déconfiture et Saint Louis rendant la justice sous son chêne symbole puissant de l’Etat en majesté.

De même que les Etats Unis sont l’enfant légitime de la Grande Bretagne, de même l’URSS était la fille légitime de la Révolution Française, ce qui explique la coupable indulgence de toutes les élites françaises pour ce régime monstrueux et pour tous ses avatars (Cambodge, Vietnam, Cuba…)

Dans l’ADN américain, on repère en premier lieu les gènes de la Liberté. Dans les gènes françaises, sautent à la figure les gènes Etatiques.  De temps en temps l’un ou l’autre de ces deux pays s’écarte de son patrimoine génétique, mais c’est en général pour revenir à la première difficulté

Quand le mur de Berlin est tombé, j’ai eu une grande bouffée d’espoir.

J’ai pensé que nos élites allaient faire amende honorable et comprendre qu’elles  avaient fausse route.

Point du tout.

Nos  élites ont décidé dans leur grande sagesse que le problème n’était pas que la technocratie ne marchait pas, mais que les technocrates Russes avaient été nuls et qu’il était urgent pour contrer l’essor du pays de la Liberté de créer un autre Etat qui pourrait enfin s’opposer à lui, un Etat Européen, bien technocratique et ou les individus n’auraient pas plus leur mot à dire que dans la France Napoléonienne.

Et en France, nous venons d’élire un gouvernement qui revient aux racines mêmes de l’exception française, prééminence de l’Etat,  asservissement des individus (par la pression fiscale), refus du marché, recherche de l’égalité ex -post.

La conjonction de ces deux tentatives, toutes deux vouées à l’échec et pour les mêmes raisons va être intéressante.

La dernière phrase de mon premier livre « Des Lions menés par des Anes » était la suivante

« Attachez vos ceintures. Le pilote de l’avion est fou. Il pense qu’il conduit une locomotive alors qu’il est aux commandes d’un 747 »

Et voila pourquoi  j’ai tendance à dire du bien des Etats-Unis:

Parce que je préfère la  Démocratie à la Technocratie

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

33 Commentaires

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  • Sirius

    16 novembre 2012

    Il faut reconnaitre qu’avec la dernière une de « The economist », nos amis anglais ne manquent pas d’humour et d’a propos ! Pas sur que nos élites « will keep a stiff upper lip »…

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  • Du Thoy

    11 novembre 2012

    Certains exemples historiques, choisis pour étayer votre raisonnement, m’apparaissent erronés. Thomas Beckett a défendu les « libertés » de l’Eglise (entendez privilèges) sur lesquels Henri II Plantagenêt voulait mettre la main. La liberté individuelle est un anachronisme à cette époque. Jeanne d’Arc fut canonisée très tardivement : l’utilisation de son mythe ne date que de çent ans. Quant à saint Louis sous son chêne, c’est une erreur de voir l’Etat en majesté rendant la justice. Louis IX délaissait ses attributs royaux et s’asseyait par terre pour faire son devoir de roi comme un honnête homme (il disait « preudhomme » qu’on traduirait par homme juste). Saint Louis avait d’ailleurs une vision très archaïque de l’Etat, plus féodale que moderne (traité de Paris de 1259).
    Vous auriez pu utiliser un autre exemple plus probant, qui est celui du pouvoir royal. En France (et cela se retrouve encore dans la constitution de la Ve république), le pouvoir du chef de l’Etat est sacré et inviolable car oint par Dieu (REX FRANCORUM DEI GRATIA puis REX FRANCIAE). En Angleterre, le roi n’était pas sacré mais son pouvoir au contraire limité par la grande Charte. Elle est d’ailleurs toujours valable, ce qui fait d’elle la plus vieille constitution d’Europe…
    Votre raisonnement n’en sort pas diminué.
    Cordialement
    Du Thoy

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  • Homo-Orcus

    10 novembre 2012

    Je viens d’achever l’ABC du Travailleur d’Edmond About qui m’a enchanté. Ce pourrait-être l’ancêtre de « l’économie pour les nuls ». Edmond About est doté d’un fort pouvoir de persuasion, le Charles Gave du XIXe !
    Cet ouvrage est vraiment le manuel à mettre entre toutes les mains des néophytes en matière d’économie et conseillé à ceux qui raisonnent de traviole. Heureusement, ce n’est pas le cas sur le site d’ID libertés. Il serait utile d’en faire une recension d’une trentaine de pages et en regard y inclure des passages de Say et Bastiat ainsi que les préceptes et concepts de la philosophie économique fasciste pour faire tâche. La connaissance de l’économie efficace pourrait-être : About – Bastiat – Say et la suite… autrichienne et de Chicago et l’œuvre de Charles Gave bien évidemment.
    Quelques critiques…
    Certains passages parfois moralisateurs infantilisent la démonstration, une bonne analyse assez sévère de l’économie monarchique mais une analyse pas assez sévère de l’économie républicaine. Il faut cependant le replacer dans son époque et par rapport au public auquel il s’adresse dans cet ouvrage.
    L’ABC se trouve dans la bibliothèque de l’Institut Coppet et j’en profite pour remercier ses animateurs.

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  • egalite

    9 novembre 2012

    « L’acceptation de l’inégalité comme principe moral ».

    C’est là que la philosophie du libéralisme se trompe massivement. Sachant tous les malheurs dont elle est directement et exclusivement responsable, l’inégalité n’est jamais justifiable et ne doit pas être tolérée. Que son amoindrissement passe par la fiscalité et les programmes sociaux (Suède) ou par un code moral imposé (Japon), partout où il ne s’opère pas sévissent immanquablement les maux qu’elle engendre:
    – ralentissement de la mobilité sociale
    – dégradation du niveau de santé
    – incarcération et répression abusive, intolérance
    – pauvreté
    – crime
    – baisse du niveau d’éducation

    Si le but final est la bien portance du plus grand nombre, le niveau de richesse personnel au delà d’un minimum importe moins que la distribution de ces richesses au sein d’une société!

    Et comment se porte l’inégalité aux U.S. ces jours ci?
    http://www.cbpp.org/cms/index.cfm?fa=view&id=2908

    Au niveau des années 1920. Quelqu’un veut-il avancer un chiffre au-delà duquel l’inégalité deviendra source d’instabilité dans le meilleurs de ces mondes? Wait! Le candidat ultra libéral vient de perdre la présidentielle américaine en recueillant malgré tout 70% du vote des gents qui acceptent « l’inégalité comme principe moral ». On ne doit pas être loin.

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    • idlibertes

      9 novembre 2012

      Cher égalité,

      Non, la libéralisme n’est pas la loi de la jungle, ni la loi du plus fort, bien au contraire.
      Mitt rommey n’est pas et n’a jamais été un « candidat ultra libéral »

      Enfin, vous mesurez combien?
      Non, decidemment, je ne sais pas si cela est très juste vis à vis des autres que vous dépassiez 1,80 M…

      Dieu du ciel, comme le disait Edith Cresson, »l’égalité des sexes, je prendrais les mesures moi même »

      Cdlmt

      Idl

    • egalite

      10 novembre 2012

      La taille physique. Excellente analogie. Si l’on s’accordait à une taille moyenne de 1m80 certains grands patrons mesureraient un ou plusieurs kilomètres. Êtes vous prêt à appliquer au partage des richesses un facteur d’amplitude semblable à ceux qu’emploie Dame Nature? Disons 2, allez 3, certains l’ont vraiment longue et je sais de quoi je parle.

    • idlibertes

      10 novembre 2012

      Cher Monsieur,
      je pense que dame nature a amplement démontrée que l’égalité n’est pas de ce monde.Certains naissent grand, certains naissent riches. Haïr les deux parce qu’ils sont l’un ou l’autre est absolument stérile. dois-je vous en vouloir d’être grand? Avez- vous spolié autrui en héritant des gênes de vos parents? Si autrui nait grand, est ce forcement à votre détriment?

      voila. I rest my case.

      Idl

  • Emmanuel dVdH

    9 novembre 2012

    Noble Assemblée,

    Je vous remercie pour vos leçons d’Histoire fort intéressantes. Il est de bon ton de rappeler quelques vérités comme vous le faites justement. Cet article mérite d’être diffusé, comme je le fais humblement auprès de certains proches, et vaut bien mieux que les manuels idéologisés de l’Education Nationale qui ne visent qu’à soumettre servilement les cerveaux des futurs citoyens à la technocratie dont vous parlez si bien. Je suis d’accord avec les propos de CG. Si la France a produit les fameux pères du libéralisme (qu’il s’agisse de Say, Montesquieu, Bastiat, etc.), c’est peut-être, Bruno31, qu’ils ont avant tout analysé la menace qui était leur quotidien.

    Je tenais à ajouter aux propos de Gilles Hector que la propriété est la seule garante de la liberté dans une société humaine. Tout régime qui vise donc à la retirer (Proudhon: « la propriété, c’est du vol »; idéologie marxiste, gouvernement français, etc.) attaque directement la liberté individuelle et met ainsi en péril l’idée même du « vivre ensemble » qui rend possible cet agrégat d’humains entre eux qu’on appelle société et à plus grande échelle nation (Renan parle justement de ce « désir de vivre ensemble »). Nous en souffrons tous les conséquences aujourd’hui. La « nation » nous est imposée et la propriété comme le fruit de notre travail nous sont spoliés.

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  • Jean Vandenbrande

    9 novembre 2012

    Les réactions des intervenants français, montrent que leur éducation historique est faussée à la base. Jamais ils ne pourront avaler que leur vision de la liberté et de l’égalité était viciée par des siècles de monarchie quasi absolue et que leur Révolution allait fatalement dans le sens d’un renforcement d’une dictature féroce, alimentée qu’elle était par une idéologie égalitaire aveugle aux réalités.
    Ce qui a commencé à ouvrir leurs yeux, c’est la guerre de 1914-18 qui leur a coûté des millions de jeunes hommes morts, tués ou handicapés.
    La seconde leçon doit encore venir : c’est la crise qui est en route et qui est loin d’être finie. Ils attendent la solution de leur Président-Roi et de ses sbires, mais pas d’un changement de mentalité.

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    • El oso

      31 décembre 2012

      « Ils attendent la solution de leur Président-Roi et de ses sbires, pas de leur changement de mentalité »…
      Vous parlez d’or, cher Monsieur, je suis à 100% d’accord avec vous.
      C’est bien là la racine du mal français.
      Et confirme l’adage « un pays a les dirigeants qu’il mérite »…

  • Jean Vandenbrande

    9 novembre 2012

    Félicitations pour votre comparaison , brève mais exhaustive, entre la mentalité française et la mentalité anglo-saxonne.
    Elle mérite d’être diffusée à des millions d’exemplaires afin que l’on comprenne mieux l’Occident et ses malentendus.

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  • Marc Frisette

    8 novembre 2012

    Bonjour – Ce livre – Des lions menés par des ânes – est absolument introuvable.

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    • idlibertes

      8 novembre 2012

      Cher Monsieur,

      Nous allons tenter d’en reprendre les droits si l’editeur ne l’édite plus.
      Il est de 2001…

      Cdlmt

      Idl

  • Gilles Hector

    7 novembre 2012

    Toujours cette maladie cette névrose ou encore cette mauvaise foi qui consiste à prendre un aspect de l’histoire d’un pays ou d’un état pour en faire une généralité. Aller chercher l’histoire des indiens d’amérique pour nier la force du droit de propriété aux US ou la surpuissance de l’empire britannique pour en conclure que le droit de propriété n’existe pas plus au RU, c’est tout simplement grotesque.
    Personne et certainement pas C Gave ne dit que ces états se sont conduits comme des saints et que leurs principes moraux (de la morale selon saint PS le juste) sont inattaquables.
    La force de ces 2 pays est ce respect quasi inné du droit de propriété et de la liberté individuelle. Ces 2 principes se sont bâtis sur la durée et agissent comme des aimants dont on ne peut trop s’éloigner sans être irrésistiblement remis sur ce droit chemin.
    La force de notre pays quelle qu’elle soit, n’est certainement pas construite sur ces principes. Déjà, bien avant la révolution française, Turgot (cf article intéressant d’un historien américain sur le site de l’institut Turgot) avait constaté à ses dépens que les lobbys s’asseyaient allègrement sur le droit de propriété et que les émeutiers tant qu’ils servaient tel ou tel groupe de pression restaient impunis. Alors que les Anglais réprimaient dans le sang toute tentative de jacquerie. Et ce ne sont pas quelques écarts à ce principe du droit du plus fort qui y changeront quelque chose.

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  • Marquis De La Fayette

    7 novembre 2012

    En gros la propriete, lorsqu’elle est la votre, est legale. Lorsque c’est celle d’un autre, qui plus est un sous-homme nomade, n’est pas legal et legitime… Merci encore pour cette grande lecon libertarienne de droit et d’humanisme haha…
     

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    • Homo-Orcus

      7 novembre 2012

      Ouch ! c’est le marquis de Sade qui se cache derrière La Fayette, il se tire un max sur le noeud

  • Marquis De La Fayette

    7 novembre 2012

     
    Des non-sens ? haha il semblerait que les fans de Monsieur Gave soient encore bien plus fantaisites que lui…
    Bien bien bien regardons les arguments de plus pres…
     
    « Parler d’ « Etat » concernant les Indiens ( il s’agit bien des Amérindiens, n’est-ce pas ?) est un non-sens. »
     
    Un « Etat » n’est rien d’autre qu’une structure politiquement organisee… Mais si vous considerez qu’une tribu indienne ne soit pas suffisemment humaine c’est un tout autre probleme haha…
     
     
     
    « Quant à la notion de propriété (foncière)… pour des peuples nomades … ? ça n’a pas plus de sens. »
    Magnifique… il faut avoir un « papier » du gouvernement pour etre proprietaire… Ce qui souleve la question : « Mais que ferait-on pas sans le Gouvernement ? »
    haha « peuples nomades » belle contorsion, les Indiens etaient SDF ! parce que maintenant les Indiens n’ont occuppe aucun territoire ! probleme resolu !
     
    La réalité est simple : les Indiens d’Amérique avec leur modele d’Etat simple ont été purement et simplement exterminé.
    D’une ironie totale : le fantaisiste Monsieur Gave promeut un Etat francais faible en vantant le « glorieux » passé d’un « Etat » américain faible qui n’a jamais existé.. mieux encore il a connu le succés grace a un « Etat » fort…
     
     
     
    « Monsieur de Lafayette : pourquoi ce pseudo qui ne colle pas du tout avec vos propos ? …  »
     
    Ah le glorieux passé… Vous savez, le Marquis De La Fayette était un homme trés différent d’un « pere fondateur » comme Thomas Jefferson qui dissertait a longueur de temps sur la Theorie des Droits Naturels de l’Homme et possedait en meme temps des Noirs…
    Cherchez un peu plus, grattez vous la tete, vous verrez mon pseudo sied parfaitement a mes propos…
     

    Répondre
    • idlibertes

      7 novembre 2012

      Cher Monsieur,

      Marquis on non, nous parlons d’un qwerty visiblement 🙂

      Allons, allons, un peu de bienséance, Monsieur. Nous vous sentons bien vert.

      Quant à la notion de droit de propriété, sans partir dans des érances libertairienes qui ne sont pas notres, je ne saurai trop vous conseiller les diverses études de Monsieur De soto qui a prouvé qu’il ne saurait exister de système sociétal fort sans droit de propriété déclaré. Quant au « fantaisiste Monsieur Gave » croyez bien que son succés , très relatif en une génération est surement du a beaucoup de facteurs mais jamais au grand jamais grâce à un quelconque Etat. Seuls les promoteurs immobiliers, les assureurs et les marchands d’arts ont cette chance dans ce pays. Il n’est aucun des trois.

      Amicalement

      IDl

  • alex

    7 novembre 2012

    Le point de vue est intéressant, mais je reste personnellement circonspect face aux descriptions à la louche des caractéristiques des uns et des autres ou des faits de leur histoire.

    Après tout, on a bien organisé, au moment de la Révolution Française, les libertés de commerce d’une manière bien plus large qu’elles ne le furent jamais de l’autre côté de la Manche (Allarde, Le Chapelier etc.). On sait, et cela a été analysé par Rémond, que la droite française est autant « Bonapartiste » qu' »Orléaniste », donc elle est tant libérale qu’étatiste. (C’est ce partage qui fait sa faiblesse, le peuple français est plutôt de droite, dit-on).

    Et historiquement, l’Empire Britannique doit énormément à sa surpuissance militaire (un peu comme un autre empire actuel, à la différence que ce dernier a perdu, et systématiquement, toutes les guerres d’importance dans lesquelles il s’est fourvoyé depuis 50 ans, suivez mon regard) et à des colonies traitées comme des vaches à lait, avec dumping pour la métropole et taxation à l’exportation. (Surpuissance militaire Britannique en violation de la Petition of Rights si je me souviens bien.)

    Donc cette vision d’états libéraux professant la liberté contre l’état, mais adossés à des armées immenses, des contrats étatiques gigantesques, et dans laquelle la « rule of law » est interprétée comme le droit d’imposer sa loi aux autres, je ne sais pas, mais elle me semble tordue.

    D’autre part, il me semble que certains auteurs US comme Fukuyama ont démonté le mythe de l’égalité des chances, démontrant qu’aux US, l’organisation des pouvoirs en castes empêche l’amélioration de la situation des classes moyennes.

    C’est juste une réflexion en passant. J’étais assez convaincu de ces principes de libertés notamment aux US, mais je dois avouer, à mon humble niveau, voir de plus en plus de mes collègues US entrer dans un système qui était encore très marginal il y a 20 ans: on paye de fortunes pour mettre les gosses dans des écoles privées, qui vont les propulser dans des collèges ou graduate school de l’Ivy League (circuit fermé), on paye de plus en plus pour des couvertures santés ou l’on vous traite comme du bétail, tout ce petit monde des classes moyennes sup’s d’il y a 20 ans voit son mode de vie se dégrader à une vitesse effarante.

    Alors pour les classes moyennes et inférieures, on ne peut qu’imaginer.

    Je ne dis pas que Flamby soit un exemple ni que ses mesures soient les bonnes, et je ne pense pas qu’Obama et ses obamacare et tutti quanti soient des solutions.

    Mais je dis que nos pays européens, en dépit de leurs imperfections, ne sont sans doute pas si mal gérés que cela.

    Répondre
  • Homo-Orcus

    7 novembre 2012

    Excellente réponse – Pour les noirs américains, le problème est plus complexe. Les démocrates étaient pour le maintien de l’esclavage et les républicains pour la libération associée à des motifs économiques ; un esclave n’est pas consommateur. C’est le motif principal de la civil war. La population noire était nettement plus importante que la blanche dans les états du sud et aurait pu en profiter pour se révolter, ça n’a pas été le cas. On trouve une scène intéressante dans Nord & Sud où le sudiste (économie agricole esclavagiste) visite une industrie du nord et où il déclare « qu’il ne voit pas de différence entre esclave et ouvrier ! ». Par contre, la situation des noirs après la défaite s’est complètement dégradée et est devenue raciale et ségrégationniste, souvent du fait de nordistes enrichis par la guerre qui venaient acheter des fermes et exploitaient les noirs de manière vicieuse. Ne pas confondre l’esclavage américain avec l’esclavage des îles françaises, Louis XIV étant obligé d’éditer un Code Noir pour humaniser le système.

    Répondre
    • Marquis De La Fayette

      7 novembre 2012

      «Un esclave n’est pas un consommateur»
      Haha excellente fantaisie. Ils les ont libere pour qu’ils puissent consommer…

      Ding dong il faut se reveiller maintenant. L’esclavage n’a jamais ete le motif principal de la guerre de secession, jamais même pas de loin. Les democrates comme les republicains n’avaient rien contre l’esclavagisme.

  • Homo-Orcus

    7 novembre 2012

    Encore un billet bien plaisant à lire.
    Nous ne sommes pas très loin d’un consensus sur la période de notre histoire dite de la « révolution » mais pas totalement. La première phase est bien la révolution dont l’une des causes est encore et toujours la dette. La seconde phase est le coup d’état du dix-août qui entraîne la chute de la monarchie mais aussi la chute de la Législative. Alors quel est le pouvoir entre le dix-août et le 21 septembre ? La commune insurrectionnelle de Paris.
    Le coup était préparé de longue date et les instigateurs en étaient la commune de Paris, ses sections et Danton, le maire de Paris Pétion et le Club des Jacobins. Il y avait déjà longtemps que la Commune déposait les décrets tout fait sur le bureau de la Législative. Elle voulait perpétuer cette usurpation de pouvoir (Mort de Louis XVI demandée par e.) mais les Brissotins s’y sont opposés et ils en sont morts pour la plupart. Le terme générique de révolution française est faux, il faudrait utiliser le terme de « coup d’état parisien ». Nous vivons depuis sous ce régime et comme vous le dîtes à inventer l’impôt du sang et plus qu’un génocide, le massacre humanitaire. Il est humanitaire car il se justifie pour massacrer, par tous les moyens, les méchants désignés pour le bonheur des gentils dont on ne sait pas trop qui ils sont !
    Voilà ce que nous avons vraiment légué à l’humanité, des soldats-citoyens ou chair à canon et des justifications morales et vertueuses pour massacrer. Le massacre humanitaire des Vendéens n’est pas une grande réussite, Il faut bien l’admettre, 30% seulement. Staline a nettement amélioré la performance car il déportait puis affamait, un génie. Les républicains ont bien cherché des solutions efficaces pour l’élimination des méchants mais ils se fourvoyaient dans des opérations complexes comme des noyades, ou comme à Lyon le canon à mitraille qui faisait plus de blessés que de morts, les sans-culottes étant obligés de finir le travail à la pelle et à la pioche.
    Ce n’est pas très philosophique, je vous l’accorde. Bien à vous.

    Répondre
    • Anonymous

      8 novembre 2012

      @Homo-Orcus :

      Disposez-vous de preuves, de correspondances qu’il serait possible de dater, d’ouvrages et études que vous pourriez nous conseiller, pour soutenir essentiellement le premier paragraphe de votre commentaire ?

      Bien à vous.

    • Homo-Orcus

      8 novembre 2012

      @anonymous
      Il y a bien longtemps que je dois lister les auteurs et en regard ce qu’ils m’ont permis de découvrir (par rapport à la version officelle).
      D’ores et déjà, je peux vous indiquer que j’ai une limite temporelle, maxi Louis Madelin et une exception pour Zweig (Fouché et Marie-Antoinette) et je ne consulte donc que les historiens du 19ème.
      Avant de fournir une liste élaborée :
      Duval : Témoin de cette époque (donc à relativiser) – les mémoires de Bailly (ouvrage important, prouve l’usurpation des pouvoirs) – Meillan, mémoire d’un Brissotin, puis des historiens comme Wallon -Mortimer Ternaux. Pour la terreur en province, Balleydier et…
      Puis, les discours, les lettres… des acteurs de cette époque comme Pétion, Barrère. Taine est aussi très important pour la philo de l’histoire
      Sources : Gallica – Googlebook
      je reviendrai un de ces jours

  • Main

    6 novembre 2012

    L’ ambiguïté ne vient elle pas en partie de la confusion entre l’ esprit de démocratie directe anglo saxon et l’ âme républicaine française, la Res publica? L’ un n’ implique pas l’ autre et réciproquement…

    Répondre
  • Adolf

    6 novembre 2012

    Article proprement merveilleux de concision, de profondeur et de justesse. Il fait en quelques mots le résumé des centaines d’ouvrages de tous bords que j’ai lus et de mes 40 années d’expérience internationale en business. La France est un des exemples les plus purs de la fausse route managériale qui peut être adoptée par les élites dirigeantes, et ceci de façon presque continue depuis environ 220 ans. La France est la pomme pourrie intellectuelle qui a contaminé le reste de la planète avec une constance remarquable. Chaque pays adoptant avec détermination les vues françaises, parfois en les radicalisant, a connu, soit un grand bond en arrière (URSS, Chine de Mao, Europe du XXIème siècle) soit un freinage sévère (Amérique d’Obama). Le monde aurait très probablement été un meilleur endroit pour y vivre si la France n’avait eu aucun rayonnement intellectuel. La France a été la malchance de l’humanité.

    Répondre
    • reporting

      6 novembre 2012

      Vous exagérez. Le problème n’ait n’est pas la France, qui existe avant 1789 puisque vous vous référez à ça (220 ans). Mais la République maçonnique universelle. CG fustige à raison l’Urss et le communisme et se fait laudateur pour les Usa. Qui a fait copain copain pour écraser l’allemagne en 1945 et les japonais en 1945 avec deux bombes A. Les anglos américains et les cocos. Quand les anglos américains nous feront ils un carpet bombing sur un état coco. Jamais je pense. Vous allez me dire le Vietnam. Les Usa ont réglé son compte à AH en 3,5 ans. Le Vietnam a duré 15 ans. Bizarre vous avez dit Bizarre ? Je serais curieux de ce que pense l’IDL sur la Syrie, la Lybie, l’Egypte, la Tunisie et ce fameux printemps arabe.

    • Adolf

      8 novembre 2012

      L’Ancien Regime (avant 1789) était une autre France en effet. Elle a été quasiment éradiquée en presque tout et il a fallu 220 ans pour parfaire le travail. Il ne reste presque rien de la vision sociétale antérieure. Le principal noyau idéologique de cette époque ayant encore un rayonnement public notable de fait (mais volontairement très discret) est probablement l’Eglise catholique. Encore est-elle minée pas beaucoup d’ennemis intérieurs. Mais ce roseau plie et ne rompt pas.
      Pour les « cocos », les Américains sont ceux qui ONT FAIT le travail et pas ceux qui discutent au coin du feu 70 ans après les nécessités absolues. S’ils ont composé avec Staline, c’était évidemment parce que le combat imposait cette tactique. Si vous en connaissez une meilleure, il faut la publier et faire déboulonner les statues du « coco » F.D. Roosevelt d’urgence.

  • reporting

    6 novembre 2012

    D’accord pour dire que la France est un pays de m… Mais voilà CG vit à Singapour n°1 dans la liste des pays les plus compétitifs. La France n’est que 20 ou 21 ème. Concernant l’égalité ex post on peut dire que c’est un échec total en France. Contrairement à ce que dit CG l’Etat Français n’empêche pas les réussites : voir Arnault, Pinaut, Bolloré, Dassault, Lagardère etc.. Certes ces gens là sont proches de l’Etat. Concernant l’histoire toutes les interprétations sont possibles pour savoir qui a engendré qui. La dite révolution dite française est plus proche de la révolution américaine et d’origine franc macoïde. Maintenant les principes de liberté dont parle CG que sont ils rééllement aux EU ? Quant on voit les subprimes et le sauvetage des banques qu’on aurait dû laisser crever, on peut en douter. Et que dire des 48 millions d’américains à la souppe popu. Où est la prospérité qu’est censé apporter un pays dit libéral. Question pourquoi CG ne vit pas aux EU ? Concernant l’Ue ce sont les américains qui nous imposent ce truc ainsi que l’Euro.

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    • idlibertes

      8 novembre 2012

      Cher reporting,

      CG ne vit pas à Singapour. Les américains n’ont pas imposer l’UE! Qu’elle idée, enfin!

      Ou avez-vous croisé un pays libéral? (censé apporter la prospérité depuis Reagan/ Thatcher?

      bref,

      Idl

  • ClauZ

    5 novembre 2012

    Article intéressant!
    Vous parlez des persécutions religieuses en France mais elles ont aussi eu lieu en Europe et …en Angleterre. D’où l’émigration vers l’Amérique dès 1620 de pèlerins fuyants les persécutions de Jacques 1er.

    D’autre part, ce qui a précédé la révolution française et qui la poursuivi jusqu’en 1792 c’est un bouillonnement d’idées libérales, mais qui malheureusement ont été englouties par Robespierre et Saint Just.
    La révolution russe faisait référence à cette partie là.

    A lire « Le Libéralisme » d’ Émile Faguet, où il explique les différences des Déclarations des Droits de l’homme de 1789 et 1792. Tout les étudiants en droit devraient lire ce bouquin.

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  • Mordoh

    5 novembre 2012

    Bonjour,

    J’apprécie particulièrement votre site et je me permets de vous présenter mon livre.

    Comment sortir de l’Europe sans sortir de table (ou les 10 bonnes raisons de reprendre son destin en main).

    Ci-joint l’interview :
    http://www.courleuxsansfrontieres.com/Jean-Luc-Mordoh-citoyen-europeen-auteur-Comment-sortir-de-l-Europe-sans-sortir-de-table-Le-Traite-de-Fonctionnement-de_a517.html

    Un livre ludique, festif et cynique.
    Un livre qui nous rappelle qu’être Français, c’est être libre d’aimer le camembert.

    Je me ferai un plaisir d’écrire un article sur le sujet, si votre ligne éditoriale le permet.

    Très cordialement.

    Jean-Luc Mordoh

    Répondre
  • bruno31

    5 novembre 2012

    Brillant, mais tellement désespérant pour un Français d’obédience libérale !

    N’exagérez-vous pas quelque peu ? Certes les gènes du centralisme et de l’autoritarisme ont toujours été présents chez nous, mais la Révolution n’était-elle pas, du moins au tout début, parfaitement libérale dans son esprit ? Quoi de plus libéral que la déclaration des droits de l’Homme de 1789 ? Et que faites-vous de Montesquieu, Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat ? Et de notre système législatif, qui reste malgré tout fondé, en profondeur, sur la liberté et la propriété individuelle – malgré les surcouches insensées, contradictoires, et attentatoires à ces principes fondamentaux qui ont y ont été ajoutées au fil des décennies.

    Oui, je sais, ce ne sont que des exceptions au milieu d’un constructivisme débridé. Mais même si le libéralisme ne devait représenter que 10% de nos gènes, défendons-le et sachons reconnaître la contribution de la France dans ce domaine. N’oublions pas le Second Empire ou la Belle Epoque, qui étaient très libéraux dans les faits. Et puis on peut toujours se consoler en se disant que notre contribution intellectuelle au libéralisme est probablement supérieure à celle de l’Allemagne ! C’est d’ailleurs une ironie de l’Histoire que les Allemands soient aujourd’hui plus libéraux que nous au plan économique – preuve à mon sens que l’anti-libéralisme actuel est excessivement anormal, même pour la France.

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