10 février, 2016

Pourquoi il faut sortir du sur place Européen

Les Banques centrales  ont essayé de prendre le contrôle des économies  mondiales. Depuis  sept ans, la Federal Reserve américaine a imposé des taux d’intérêts autour de 0%. La Banque Centrale Européenne et la Banque du Japon ont adopté la même stratégie. Toutes ont échoué dans leurs objectifs qui consistaient à faire repartir nettement les économies de leurs zones respectives. Au lieu de profiter à l’économie réelle par l’effet du multiplicateur bancaire en distribuant des crédits à l’économie, les sommes astronomiques injectées n’ont servi pour l’essentiel qu’à développer des bulles dans pratiquement toutes les clases d’actifs…

 

La forte baisse des banques  en bourse traduit bien le dysfonctionnement des banques. Personne et probablement pas les régulateurs et les différents autorités de contrôle des banques n’est en mesure de connaître les véritables engagements des banques sur les marchés dérivés. Personne ne peut prétendre connaître précisément ce qui se passe dans les « Darkpools », les « Swap Execution Facilities », les « High Frequency Trading Platform » …Les marchés ont très peur d’être confrontés à de très mauvaises nouvelles.   Après l’Italie où le gouvernement a du mettre en place un plan pour alléger de 350Md€ les bilans des banques de leurs engagements douteux, cela pourrait être le tour des banques allemandes. La chute de la Deutsche Bank de 9% dans la journée montre que  les investisseurs commencent à se poser des questions….

 

Les suppressions de postes de postes se multiplient dans de grands groupes. Rien que pour cette semaine,  10 000 chez Shell, 7000 chez BP, 4000 au Crédit Suisse, 600 chez Sanofi, 200 chez Lafarge Holcim..

 

Les réserves de change ont baissé en Chine de 99 Md$ en janvier et de 513Md$ en 2015. En Russie, la baisse des réserves de change s’est stabilisée (après avoir baissé de 140Md$ entre septembre 2014 et janvier 2015) grâce à la baisse du Rouble. Il va devenir nécessaire de privatiser toute une série de sociétés contrôlées par le gouvernement russe. Le Venezuela est au bord de la faillite. La Grèce pourrait être de nouveau confrontée au mur de la dette…

 

Toutes les activités traditionnelles sont menacées par l’irruption du numérique. On voit bien que les progrès de la robotique, du numérique et de la biologie vont déboucher sur une quatrième révolution industrielle qui mettra de côté tous ceux qui ne sauront pas ou ne pourront pas s’adapter…

 

Les risques s’accentuent sur la reprise en Europe

 

En France, l’indemnisation du chômage devient trop coûteuse au point que le gouvernement chercherait à baisser le niveau de l’indemnisation et sa durée. Bruxelles  lance une nouvelle alerte sur le déficit public de la France. Plus personne ne pense que la France soit capable de revenir à un déficit sous les 3% en 2017.

Le commerce extérieur s’est  réduit en 2015, mais c’est une amélioration en trompe l’œil due pour l’essentiel à la baisse de 14,6Md€ de la facture pétrolière.

Les départements sont asphyxiés par l’explosion des dépenses sociales de solidarité. On espère que le gouvernement a enfin compris avec l’expérience du RSA,  que lorsque les revenus des prestations sociales deviennent équivalents à ceux du travail on perd toute chance de gagner un jour la bataille de l’emploi…

 

En Grande Bretagne, Donald Tusk a rendu publiques ses propositions pour une adhésion renouvelée du Royaume-Uni à l’Union européenne. Cette base de discussion va continuer d’être négociée. Si un accord est trouvé au sommet européen de la mi-février, la date du référendum pourrait être annoncée début mars. Le 23 juin est une éventualité, pas une certitude.

 

L’Espagne n’arrive toujours pas à constituer un gouvernement. Arrivé en tête lors des dernières élections législatives de décembre dernier, le Parti Populaire de Mariano Rajoy n’a obtenu que 123 sièges. Pour obtenir une majorité à la Chambre basse un parti doit obtenir 176 des 350 sièges. Le PSOE est arrivé second (90 députés) suivi par Podemos (69) et Ciudadanos (40)

 

En Europe, les ventes de détail progressent (+1,4% d’une année sur l’autre en décembre) mais le PMI manufacturier ralentit. La BCE est inquiète des pressions déflationnistes  qui se multiplient avec la baisse des matières premières.

 

Les signaux en provenance des indicateurs publiés cette semaine sont pourtant encourageants : les ventes au détail dans la zone euro ont accéléré en décembre après le trou d’air de la fin de l’été.  Le taux de chômage poursuit sa baisse tirée par les pays de la périphérie. La semaine prochaine nous permettra de mieux connaître l’état de l’économie européenne en fin d’année 2015 grâce aux premières estimations du PIB dans la zone euro, en Allemagne et en Italie.

 

Aux Etats Unis, on assiste à une augmentation du taux d’épargne ce qui n’est pas une bonne nouvelle car la consommation était jusqu’à maintenant le seul moteur de croissance qui restait allumé.

La productivité baisse et les couts unitaires de production qui montent entament les marges bénéficiaires des entreprises.

Le trafic ferroviaire baisse (-12% pour le charbon, -9,7% pour le pétrole, -3,4% pour les céréales)

L’ISM non manufacturier ralentit ce qui montre que le monde des services n’est pas en grande forme.

Le marché automobile est le seul à se porter bien grâce à la baisse du prix de l’essence

 

En Chine, le « Madoff chinois »  a été arrêté en Chine. Il aurait détourné pas moins de 7Md€ au près de 900 000 victimes. On a toujours beaucoup de mal à apprécier l’ampleur du « shadow banking ».

Le gouvernement a pris des mesures pour rendre plus facile l’acquisition d’immobilier pour les primo accédants. L’objectif est de résorber le stock de biens invendus.

Les marchés chinois sont mal orientés en ce début d’année. Et ce n’est pas sans incidence sur les bourses mondiales et les devises émergentes. La croissance n’a pourtant ralenti que très modestement durant les trois derniers mois de 2015. Sans grande surprise. Plusieurs points interrogent, toutefois. Les marges de manœuvre de Pékin semblent s’amenuiser, et le risque de hard landing d’apparaître bien réel.banque-japon-presentation

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

1 Commentaire

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  • riz

    11 février 2016

    Si les réserves de change chinoises baissent à un rythme de 100 milliards de $ /mois ou 500 à 600 milliards par an (2015 soit 45 mds /mois) c’est qu’il leur faut dévaluer leur monnaie de quelques % d’où déflation mondiale importée redoutée .Les Chinois sont en train de détruire la sidérurgie européenne (indienne pour bcp Mittal and tata and co) , c’est un exemple parmi d’autres de vague de désrtuction massive d’un pays qui pratique le dumping et quand la Chine changera de statut au niveau de l’omc (plus une économie émergente) ils pourront nous inonder de leur produits phase 2 après la destruction du textile, cuir, chaussure , jouet …. après 2001 .La Chine n’est plus aussi compétitive , les capitaux des industriels fuient massivement le pays pour se réfugier aux Philippines, Vietnam, Cambodge, Maymar, Indonésie …. la rentabilité du capital n’est plus satisfaisante dans l’empire du milieu .C’est une crise structurelle de long terme où la croissance chinoise ne pourra guère dépasser 4% .Ce n’est pas du chiqué , la Chine est confrontée à de sérieux problèmes donc la croissance mondiale ne pourra plus être aussi élevée .

    Le brexit c’est du bluff une partie de poker menteur pour obtenir des concessions , on se souvient de Thatcher et son « i want my money back » rien de nouveau sous le soleil .

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