12 octobre, 2020

Or et Marché Obligataire français.

  • Faisons l’hypothèse que le lecteur de l’IDL ait une épargne considérable à investir en raison de la politique géniale des autorités qui gouvernent notre pays depuis si longtemps, avec la compétence que chacun sait.
  • Imaginons que ce lecteur, qui déteste prendre des risques et n’a qu’un but dans la vie, devenir « rentier » au sens Balzacien du terme, se pose la question de la meilleure façon d’atteindre une oisiveté totale, cet objectif que recherche chaque homme de qualité.
  • Et enfin, imaginons que notre homme ait le choix entre investir le capital dont il dispose en or ou en obligations de l’état français et qu’il doit faire un choix pour les 20 ans qui viennent puisque cela correspond plus ou moins à son espérance de vie.

La première des choses qu’il va faire est de vérifier comment ces deux actifs ont évolué l’un par rapport à l’autre dans le passé et comme l’or a commencé à flotter librement en aout 1971, c’est donc de cette date qu’il va faire partir sa comparaison.

Voici le résultat.

 

Stupéfiant !

Les marchés sont vraiment prodigieux !

La rentabilité entre or et obligations françaises après 50 ans de nationalisations, privatisations, grèves, épidémies, crises économiques et politiques, deficits budgétaires et que sais-je encore est exactement la même.

Et voila qui est vrai pour à peu près tous les pays. J’aurais pu montrer le même calcul pour la Suisse et j’aurais eu un résultat similaire de convergence de la rentabilité des deux actifs (autour de 1000 f s)

Ce qui revient à dire que les marchés sont extraordinairement efficients à arbitrer des risques sur le long terme, ce que nous savons tous depuis longtemps.

Cette remarque cependant n’est pas valable sur le court ou moyen terme, comme en fait foi le deuxième graphique ou je montre leratio entre la valeur de chacun des actifs, a nouveau depuis aout 1971, base 100.

 


Comme on le voit, nous partîmes à 100 en aout 1971 et nous sommes aujourd’hui à 99.5, ce qui est remarquable.

Mais le lecteur averti aura remarqué que de 1971 à 1981, l’or en monnaie française a fait 10 fois mieux que le marché obligataire avant que de baisser de 95 % dans les 20 ans qui suivaient, par rapport au même marché obligataire…

Depuis l’an 2000 l’or a plus que doublé par rapport à son concurrent, une obligation française…

Et voila qui laisse mon aspirant rentier complètement perplexe puisque son espérance de vie n’est plus que d’une vingtaine d’années à tout casser, et en vingt ans, il peut soit perdre 95 %, soit multiplier son capital par 10, soit doubler ou perdre 20 % et, du coup, il ne sait pas ce qu’il doit faire et se tourne donc vers l’IDL pour demander un avis.

Toujours aimable, l’auteur de ces lignes va répondre à sa demande, et avec une règle tres simple, que voici :

  • Si la banque centrale américaine, la Fed, suit une politique qui vise à l’euthanasie des rentiers en ayant des taux à court- termes trop bas en termes réels, il faut qu’il soit investi en or puisque la Fed a pour but de le ruiner s’il reste en obligations.
  • Par contre si la Fed rémunère correctement l’épargne des rentiers américains, le gouvernement français sera alors obligé de rémunérer lui aussi convenablement l’épargnant français, faute de quoi celui-ci achèterait des obligations US. Il lui faut donc vendre son or et acheter des obligations française ou américaines, et la différence de rentabilité entre les deux sera très faible.

C’est ce que montre le graphique ci-dessus.

Encore une fois, on ne peut s’empêcher d’être admiratif devant l’intelligence des marchés.

  • Si la Fed décide de ne pas rémunérer l’épargne, alors, cela veut dire que la monnaie a perdu sa fonction de « réserve de valeur ». Immédiatement, dès que la banque centrale se laisse aller à ce petit jeu, l’or redevient ce qu’il n’a jamais cessé d’être, la réserve de valeur que les banques centrales ne peuvent pas détruire parce que l’or est un actif qui n’est dans le passif de personne.
  • Si la Fed rémunère l’épargne convenablement, la monnaie locale, le dollar US conserve sa fonction de réserve de valeur et il n’y a aucune raison d’avoir de l’or.

 

 

Conclusion

Depuis bien avant la crise du Covid, les autorités monétaires américaines et européennes suivaient une politique monétaire franchement Keynésienne pour financer une explosion de la dette étatique sans Example dans l’histoire et la crise a accentué cette réalité.

De ce fait, il me semble totalement exclu que nous revenions à une politique monétaire classique, tant toute hausse des taux courts aux USA et en Europe déclencherait immédiatement une crise financière sans précèdent tant aux USA que dans la zone Euro.

Il est donc évident que mon rentier devrait abandonner tout espoir de toucher une rente convenable sur les obligations de l’état français qui de toutes façons ne rapportent plus rien aujourd’hui. Comme je n’ai cessé de l’écrire depuis quelques temps, en 50 ans de carrière, c’est la première fois que l’on me propose d’investir dans un actif ou je suis certain de perdre puisque les taux sur le 10 ans français sont négatifs.

Il lui faut donc prendre le risque de l’or puisque son gouvernement et la BCE ont clairement dit que le but de la politique monétaire était de le ruiner, lui le rentier.

L’or vaudra toujours quelque chose alors que nul ne sait ce que vaudra une obligation de l’Etat français dans 10 ou 20 ans. Peut-être autant qu’une obligation Argentine, Grecque ou Vénézuélienne ?

Le mot d’ordre est donc simple : Rentiers français, unissez-vous, vendez vos obligations et achetez de l’or.

Puisque que ceux qui vous gouvernent refusent de prêter attention à vos desiderata, votez non pas avec vos pieds, mais avec votre capital.

C’est la seule façon qu’il nous reste de couper la route de la servitude, qui se transforme de plus en plus en boulevard, voire en autoroute de la servitude.

Vivre libre, ou mourir reste la devise de tout vrai citoyen.

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

22 Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • SASSI

    18 octobre 2020

    Bonjour,
    Merci pour votre article et pour tous les précédents.
    j’imagine toutefois que vous parlez d’or physique et surtout pas d’or papier !

    Répondre
  • De l'incarnation de l'esprit de verticalité

    17 octobre 2020

    Cher M. Gave,
    Vous avez fait une très belle trouvaille avec M. Puyjalon. Merci. Je suis, hélas, 100% d’accord avec lui. Rien à redire.

    Rapidement, vous posiez la question du «pourquoi». Je me la suis longtemps posée moi-même. La corruption est organisée et structurée. Cela fait 250 ans. Leurs projets sont exposés et publiés. Il suffit de voir le bâtiment de la ‘Convention’ Européenne. Sous des discours grandiloquents et des mots vaillants, «ils» ont un paradis terrestre à accomplir. Rappelons que la Vendée fut sacrifiée. On nous parle du «peuple», mais «ils» le sacrifient sur l’autel du paradis terrestre. Citons cet homme charmant qu’était St Lénine: «on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs». L’avènement de leur paradis terrestre peut transiger tous les sacrifices – sauf, curieusement, leurs Grands Prêtres eux-mêmes. Le peuple de France est un malheureux dommage collatéral, mais pour un plus grand bien. Tout a été écrit, publié, proclamé. L’erreur est de croire qu’ils disparurent après leur infâme grand coup et de leur déchéance qui suivît l’anarchie qu’ils causèrent. Point du tout. Ce ne fut qu’un revers temporaire. On a à faire à des fanatiques, à des authentiques croyants, se disant «athés». On ne peut pas discuter avec eux. Ils ne se mettent pas au grand jour, aussi bien du point de vue de la parole que de l’action, parce qu’ils savent qu’ils ont toujours perdu toutes disputatios. Mais comme ils sont de vrais croyants, le fait d’avoir perdu la discussion raisonnée et rationnelle n’est pas une preuve qu’ils ont tort, mais qu’ils sont à ce moment-là dans l’incapacité de prouver qu’ils ont raison. Et ils poursuivent quand même l’accomplissement de leur paradis terrestre. Et ils sont tellement persuadé d’avoir raison, d’avoir la Lumière, le Savoir, qu’ils sont prêts à le faire subir aux gens en dépit des gens – selon la logique du fait accompli: «Une fois notre paradis terrestre accompli, les gens nous remercieront, diront qu’ils étaient aveugles, et que nous avons eu raison de les forcer.» (et à côté de cette logique du fait accompli, «ils» se disent «tolérants»…). Il faut absolument s’élever en faux contre cette logique. Si ils ont le droit de croire en leur religion «athée», grand bien leur fasse – mais «ils» ne doivent pas l’imposer à autrui. Ils doivent prendre leur bâton de pèlerin et convertir les cœurs avec la parole. Et si la majorité des français choisissent un tel paradis terrestre, cela m’attristerait, mais qui serais-je pour m’y opposer? Telle est la légitimité.
    .
    Leur gros problème est leur moyen d’action. Quoiqu’on dise de Voltaire, il œuvrait essentiellement ouvertement. Il a, jusqu’à présent, malheureusement été le seul. Rousseau fut un prophète, pas un agitateur, pas un homme d’action (St Rousseau, au lieu de dire «je suis un pécheur dominé par l’envie et je dois travailler sur moi», le nia, rationalisa, et rejeta la faute sur autrui en publiant son «Discours sur l’origine des inégalités»; il renomma donc son vice en «inégalité» et blâma la société: «Si on vivait tout nu dans les buissons comme des adamites, alors je ne serais pas rongé par l’envie». Et ça, paraît-il, ça s’appelle un «philosophe»… Pas beaucoup mieux que Luther et les autres protestants, qui, eux, blamaient Dieu. Et on nous parle de dialogues «œcuméniques» avec des gens qui ne savent pas se contrôler et qui sont dominés par leurs passions…); Rousseau était l’anti-thèse de Lénine. Ces deux-ci mis-à-part, tous les autres ont choisi la voie subversive et l’obscurité. Oui, la royauté et l’Église condamnèrent et condamnent toujours les rassemblements subversifs. Si les objets de ceux-ci sont louables, alors ils n’y a aucune raison de ne pas la faire au grand jour. Et si ils étaient inscrits à l’Index (Voltaire: 40 publications inscrites à l’Index; Rousseau: 5; Diderot: 2; d’Alembert: 2 – de l’autre côté, Charles Maurras: 7), l’Église n’appela point à leur persécution – Voltaire ne mourrut point de faim dans un goulag, mais dans son lit à l’âge canonique de 83 années (au contraire, ce fut St Voltaire qui persécuta St Rousseau…). Quoique il puisse être épilogué sur cette ère, celle-ci est révolue. Tout rassemblement subversif devrait être interdit – point à la ligne – c’est une négation du peuple. «Ils» peuvent promouvoir leur religion «athée» au grand jour – tout le monde s’en fout – on a bien des raëliens…! ☹ En revanche, cela implique effectivement que «ils» auront très probablement plus de difficultés à faire advenir leur paradis terrestre.
    .
    Quand Giscard dît que la France était un petit pays et que elle m’avait pas d’avenir, il y croyait, et il était (est) très loin d’être tout seul dans son petit coin. Vous avez évoqué, avec raison, les agnans. Toutefois, vous n’avez évoquées que leurs croyances négatives. Ils sont certes des personnes amères et mesquines, voire méprisantes («ces gens qui ne savent même pas tenir un cahier propre»; «ces gens qui ne mettent pas de costards! Un quoi? Un “bleu de travail??”»; et cf. l’autre grognasse demandant si la personne avait eu des bonnes notes à l’école…!). Certes. Maintenant, plus que cela, il faut percevoir que, sur leur route, ces agnans rencontrent une certaine religion «athée». Et ces esprits moyens y adhèrent totalement. C’est incroyable. Outre le ressentiment que ces gens peuvent éprouver, ils ont aussi une vision positive à accomplir.
    De plus, vous avez aussi évoqué, à raison, l’instruction prodiguée par les jésuites face à celle prodiguée par les bénédictins puis les dominicains. Et celle des jésuites, malgré eux, fut une industrie à agnans. Et si Voltaire et consorts trouvèrent une terre si fertile à leur propagande, c’est bien parce que des agnans s’étaient élevés partout. En cela, réinstituer une instruction chevaleresque contre une instruction soldatesque pourrait amoindrir le problème.
    Quelque part, avec cette grille de lecture, cette religion «athée» est la religion issue de la verticalisation. L’esprit de la verticalité s’est incarnée en cette foi, en cette religion «athée»; et tous les agnans en sont de fervents croyants, de façon naturelle, puisque ils sont sélectionnés par la verticalisation.
    Pourquoi se réunissent-ils discrètement? Parce que les agnans n’aiment pas le risque. Mettre ses bolloches sur la table, s’afficher, s’affirmer, dire «je», avoir du caractère et de la personnalité, voilà qui est contraire à l’essence de l’agnan. En conséquence, je suis persuadé que, malheureusement, même si on exige que les agnans exercent leur religion «athée» à la lumière, ils ne le feront pas. Le lugubre serment exigé pour entrer dans leur église est révélateur également: aucun risque. Même chose sur leur vision de leur organisation sociale: ça se joue uniquement par des relations, des gens connus, dont on est sûr. Pas de risque. Et jamais on ne se fait perdre mutuellement la face – c’est la grande règle entre les agnans – ces gens qui ne savent pas tenir des cahiers propres sont des profanes qui ne peuvent pas nous comprendre.
    .
    Idem pour leur relation au peuple. Ils ne détestent pas forcément le peuple, mais ils conservent une certaine rancune, et ils se sentent et se croient supérieurs. Et cette vision agnanale correspond exactement à ce que nous vivons. (Le «si il y avait quelque chose à comprendre, nous le saurions» me paraît cadrer parfaitement.)
    En outre, du fait de leur sélection darwinienne par la verticalité, tous les agnans sont effectivement des clones interchangeables. Ensuite, par le système du miroir-puis-projection, les agnans pensent que l’intégralité de l’humanité est interchangeable (le modèle explicatif colle!).
    .
    À quelle force historique faisons donc nous face? N’en déplaise à Marx, à Nietzsche, et à Schumpeter, il me semble que nous faisons face à l’incarnation de l’esprit de verticalité. Si l’analyse sociologique de Marx pouvait s’appliquer en Angleterre, elle m’avait toujours semblé fausse en France. Quant à l’analyse sociologique de Nietzsche, si la volonté de vérité pouvait s’appliquer à Voltaire, il n’en a pas du tout été le cas de tous les autres. Les agnans ne recherchent pas la vérité – ils sont persuadés de la détenir. Enfin l’analyse sociologique de Schumpeter m’avait toujours parue bien courte; les agnans ne sont pas vraiment des intellectuels, mais des esprits moyens, qui sont sur le devant de la scène parce que, économiquement, il y eut une prime à l’intégration verticale (et hui nous avons l’archétype agnanal les-dents-blanches qui nous sert de président qui s’est marié avec sa prof… La réalité dépasse hélas la fiction.).
    .
    Vous devriez commencer à voir une vue d’ensemble qui se dessine, entre M. Juvin, l’artisan aux mariages, et tous les autres; il y a une cohérence de perspectives de ces personnes exo-systèmes: que le système est opaque, que le système fait semblant de les écouter et de les prendre en compte, que le système est déreprésenté (il n’y a que des portes-paroles sans pouvoir), qu’il n’y a jamais personne qui soit responsable, qui soit en charge, à qui on pourrait parler, et que nous pourrions mettre en cause (conformément à la nature des agnans).
    .
    En outre, l’analyse de Christophe Guilluy (qui n’a qu’une maîtrise universitaire – un rebut s’il en est!) est une autre expression du même phénomène de verticalisation: les centres urbains sont visiblement verticaux, alors que les campagnes sont visiblement horizontales.
    .
    Une partie de la solution est, semble-t-il, une ré-horizontalisation de la société, en particulier de l’instruction. Il existera toujours des agnans. La société a besoin d’eux. Ils se réuniront toujours discrètement pour adorer leur religion «athée» (ils ont le droit de ne pas être catholique même si c’est une erreur). Il faut juste trouver le moyen pour les empêcher de nuire. Par exemple, être dans l’armée étant un risque par excellence, ils l’abhorrent tous – il existe des idées pour ceux qui ont une volonté.
    D’ici à une telle mise-en-œuvre, il se passera encore du temps. Car même si une révolution survient (je ne suis hélas que trop d’accord avec M. Puyjalon), les nouvelles structures n’existent pas; les structures existantes seront ipso facto réutilisées; en revanche, il faut permettre aux nouvelles structures d’émerger, aux nouvelles structures horizontales, permettant l’émergence d’une nouvelle élite. Cela commence par le RIC (à ce titre, le dernier entretien de JF Poisson sur TVLibertés est révélateur… Pfff.). En donnant de la liberté aux écoles hors contrat (Najat, tu restes chez toi, merci). En instituant les chèques-instructions. Etc.
    Mais il y a tant à faire.
    Du fait de leur nullité («si il y avait quelque chose à comprendre, nous le saurions»), la contre-force historique actuelle est matérielle. On sait que les agnans feront tout pour conserver le pouvoir. Jamais ils ne lâcheront. Ils se pensent sincèrement être les meilleurs, les plus aptes, et les dépositaires de la vérité vraie. Pour toutes les raisons précédemment évoquées; lâcher l’affaire irait à l’encontre du fonctionnement de leur psychée. Le mouvement doit venir d’en bas. À vrai dire, j’y réfléchis, parce que les agnans refusent toute coopération. Quand bien même seriez vous élu, cela ne serait que temporaire. Cela aurait été la même chose avec François Fillon – une bouffée d’air. C’est aussi le cas avec l’ami Donald Trump. Malgré les multiples victoires de ce dernier, ce n’est que temporaire. À la fin de son deuxième mandat, que se passera-t-il? Retour à la moyenne: ce sera un autre Bush, un autre Clinton qui sera élu. Éventuellement, on pourrait imaginer que Elon Musk se présente. Mais après? C’est la différence entre les agnans et nous: ils sont organisés et nous pas. Si d’aventure nous prenons le pouvoir, alors il leur suffit de patienter. C’est ce qu’ils firent lors de la Restauration. C’est ce qu’ils firent en 1870 après l’élection de l’assemblée monarchique. C’est ce qu’ils firent lorsque De Gaulle avait la haute main.
    À mon avis, à défaut de s’organiser, une idée serait d’aller dans le sens du courant; pour ce qui nous concerne, l’économie et la vie se ré-horizontalisent. En sens contraire, il faut garder en tête que les agnans n’hésitèrent pas à sacrifier la Vendée (on parla de «populicide» quand cela arriva). En ce moment, la France est vendue à l’encan, le peuple est totalement méprisée, et le peuple est grand-remplacé. Il faut comprendre que les agnans ne reculent devant rien. Des authentiques fanatiques, habités par leur vérité. En cela, même prendre appui sur le sens de l’histoire pourrait ne pas être assez fort face à une telle foi combinée à l’organisation et à la subversion. Les agnans sont une force historique (incarnation de la verticalité) et cela fait 250 ans que, malheureusement, ils prévalent.

    Soit il faut s’organiser concrètement pour être en mesure de perpétuer l’action. Soit la solution vient d’en bas, organiquement, du peuple. Voire les deux.

    J’avoue que je réfléchis encore sur une potentielle solution. Le problème est que les agnans associés sont devenus des ennemis intérieurs (pas consciemment, pas de leur point de vue; ils pensent sincèrement avoir reçu la lumière). St Rémi nous trouva salutairement Clovis contre les ennemis extérieurs. Quelle est la chose chrétienne à faire pour nous contre nos ennemis intérieurs malgré eux? …? …? …? Des idées?



    J’y pense et repense. Le peuple se leva spontanément en 1214 pour battre les anglais et les allemands coalisés. Au contraire, les agnans érigèrent la ligne Maginot, rébutés qu’ils sont par le risque et leur absence inhérente de courage. En revanche, je n’ai rien à redire au critère de la légion étrangère, qui me paraît au contraire très honorant.
    .
    Les agnans se sont appropriés l’État. Qui est supposément propriétaire de cet État? Qui en sont les fondateurs? Les constituants? Qui s’assemblèrent et décidèrent de constituer un État? On peut dire le «peuple». Mais quelle est la définition du «peuple»? À Rome, c’était les patriciens. Rome s’étendît parce que, par ses lois, ses mœurs, et sa religion, Rome était prospère et des non-romains venaient se mettre sous sa juridiction pour eux-même en bénéficier. La démonstration de Philippe Fabry à ce sujet me paraît éclatante. Ces non-romains ne pouvaient pas prétendre faire partie du «peuple» du Rome; notamment, ils venaient avec d’autres mœurs et d’autres religions. Était-ce un empire? Pas encore. Était-ce une oligarchie? Pas vraiment puisque ces non-romains ne faisaient pas vraiment partie du «peuple» de Rome; ils vinrent spontanément se mettre sous les lois de Rome – difficile de parler de tyrannie ensuite. Donc on a à faire à un machin hybride, où des gens sont sous la juridiction de l’État de la ville de Rome sans pour autant faire partie du «peuple».
    Ainsi, ce fait indique que ce n’est pas complètement trivial: il existe un peuple «légitime». Par son histoire, ce «peuple légitime» est le légitime propriétaire, constituant de l’État. Dans le cas de Clovis, qui fut le fondateur de notre État, Clovis n’aurait eu aucune légitimité et n’aurait pu imposer sa royauté; elle se fit de concert; St Rémi alla chercher le barbare qui était prêt à cette alliance et lui assura le soutien du peuple de la proto-France si il la respectait. La constitution de cet État fut magnifiquement re-légitimée en 1214 à la bataille de Bouvines, où le peuple s’assembla spontanément derrière le roi. Voilà la légimité de l’État français, de notre État, qui fut construit par nos rois – soyons en leur reconnaissant (d’ailleurs, le document constitutif de l’État de la France des Lys s’appelle le «Grand Testament de St Rémi»). Depuis sa naissance, l’État français a été national: le peuple de France en est le légitime propriétaire, constituant.
    .
    Comment détermine-t-on un membre du «peuple légitime»? Il y a la version allemande: quelle est la pureté de ton sang? Voilà qui est en contradiction avec l’esprit français. En outre, les provinces de la France des Lys sont génétiquement distinctes (des «peuples-tribus» par opposition au «peuple-nation»). Le critère d’appartenance à la France des Lys est céleste: as-tu l’esprit français? Bien. Comment décider concrètement de ce critère? Dans notre cas particulier, nos agnans sont des traîtres malgré eux. Et il faut se préserver des personnes malhonnêtes qui n’hésitent pas à signer tout document sans aucune intention de les respecter. Ensuite, il est indubitable que chaque personne s’étant spontanément mise derrière le roi en 1214 était française. Idem, je n’ai rien à redire au critère de la légion étrangère («par le sang versé»), devant lequel je ne peux que me découvrir le chef.
    .
    .
    Bouvines contre la Tour de Babel des Scribes.
    .
    La France des Lys contre la France des Agnans.
    .
    Vive la Belle France Catholique! 😁

    Répondre
  • asics13

    14 octobre 2020

    Merci JOVANOVIC ou le libre penseur pour vos conseils, il y a plus de 10 ans.
    effectivement belle plus value (pardon assurance).
    NB : j’ai gardé les bonnes lettres sur les euros.

    Répondre
    • Franck

      29 octobre 2020

      Jovanovic ne comprends rien à l économie. Il n’ y a pas besoin d’ être une lumière pour comprendre que depuis la crise de 2008 et les politiques de taux négatif il vaut mieux être investi en or quand ON NE COMPRENDS RIEN EN ÉCONOMIE comme Jovanovic. Lol

    • Carlos

      16 octobre 2020

      Merci Charles pour cet article et Franck votre analyse est interessante (un peu à contre courant d’ailleurs)!
      Une perspective différente, une lecture critique des données comme il le faut.

    • Pierre

      16 octobre 2020

      Je confirme. Les conclusions convergent de maniere impressionnante.

  • Bernard Deham

    13 octobre 2020

    Quelqu’un que j’ai eu la chance d’avoir comme prof, André Farber, ULB, Professeur émérite, finance, a fait sa thèse de doctorat en démontrant exactement la même chose et c’était il y a… au moins plus que ça..! (j’ai 68 ans!)

    Répondre
  • R.M

    13 octobre 2020

    Bonjour Charles, est il judicieux de mettre une partie de son épargne, en OR et une partie en action qui n ont rien avoir avec l état bien-sûr.Je pense qu’il faut diversifier un peu.
    Cordialement

    Répondre
  • Philippe

    13 octobre 2020

    J’ai bien peur que la crise économique liée au COVID ressemble à une partie de pêche à l’arme nucléaire…

    Répondre
  • NS

    13 octobre 2020

    Avec des si…
    Si dans 20 ans nous allons faire de l’exploration minière d’astéroïdes et que l’or se récolte à profusion, pouvons nous dire avec certitude que la réserve de valeur qu’est l’or restera celle que nous connaissons ?

    Allons, l’or on ne gagne pas on ne perd pas et certes ne rien perdre dans ce monde c’est déjà gagner.
    Toutefois, en tant que vendeur d’or officiel avec boutique physique etc etc, le pro est plutôt content que vous fassiez le job à ma place, mais en tant que pro conseiller, l’or s’étudie au cas par cas en fonction des patrimoines et des profils des personnes.
    Il n’est pas bon pour tout le monde (et si c’est un fait!).

    Quand je vous lis (et je vous lis tout les lundi ou mardi… depuis des années désormais) j’apprécie votre point de vue et vos analyses.
    Seulement, de ma jeunesse ayant que 33 ans, et n’étant dans la monnaie que… depuis mes 13 ans, je peux vous dire que si les gens pensent et se réfugient sur l’or avec un horizon de 20 ans, a part mettre la croissance de coté pendant 20 ans et plus … c’est choisir ses peurs et mettre le monde sous cloche.
    Ce n’est en rien enviable.
    Les gens qui exultent car l’or est haut n’ont strictement rien compris.
    L’or nous devrions tous être heureux de le voir à la cave cela voudrait dire que nous avons une économie et surtout une monnaie saine.
    Le voir grimper et surtout voir des gens affolés nourris par leurs peurs mais et surtout par la soupe de peur qui leur est servi sur le net et les médias en général font que les gens s’orientent naturellement vers l’or.
    Ce n’est pas être fou que de ne pas avoir peur et de choisir un avenir envieux pour soi et ses semblables.

    Avec tout le respect que je vous dois, j’ai hélas peur que vous ayez succombé a vos propres peurs et que vous n’entrainiez par erreur du monde dans votre errance.

    Pour quelqu’un qui, il y a quelques mois nous faisais l’honneur d’aller au front politique pour nous proposer un avenir meilleur, cher Monsieur GAVE, comme ce petit ruisseau tumultueux bien de chez vous, vos sorties sont des plus étonnantes et surprenantes.
    Je préfère lire le Charles qui n’a pas peur.

    De manière totalement bienveillante,

    Un de vos lecteurs.

    Ps : peut être utopique mais je conseillerais à tout rentier d’investir dans l’humain et dans les gens par le biais de chef d’entreprise ayant besoin de trésorerie. Non pas les Zombies, juste ceux que l’on force à fermer ou autre… Les soutenir pour le retour de la croissance (après la pluie le beau temps irrémédiablement) ceux qui feront des points de croissance aussi modeste soit-ils c’est ceux là. Et cela rapportera plus que les obligations et que l’or en effet!
    L’or humain ne l’oubliez pas…

    Répondre
    • Henri M.

      13 octobre 2020

      Bonjour, ce n’est pas faux ce que vous dites dans le post scriptum de votre message. Cependant ce n’est pas le sujet de l’article. Ici il s’agissait d’évoquer les obligations vs l’or. Depuis les 30 dernières années, les stratégies d’investissement ont mis en avant le fait de se couvrir grâce aux obligations. Les taux n’ayant fait que baisser, les obligations n’ont fait que monter (encore plus lorsque les marchés chutaient) d’où la notion de couverture. Les taux étant dorénavant négatifs dans les économies plus ou moins développées, l’intérêt d’investir dans quelque chose en étant payer avec des claques n’a plus de sens. D’où l’idée, j’imagine de faire la comparaison entre obligations vs or. A défaut de gagner aujourd’hui il s’agit de ne pas perdre comme vous l’avez dit vous-même. En période de taux négatif, c’est plutôt pas mal. Investir dans l’humain c’est bien, mais c’est très risqué. Il est difficile de savoir dans quel actif non coté investir ; ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir analyser un bilan, une activité, la qualité d’un gérant, etc…

  • Veronique MERCIER

    12 octobre 2020

    Excellent et visionnaire comme toujours.

    Répondre
  • Jepirad

    12 octobre 2020

    C’est limpide, mais il fut un temps où vous nous expliquiez que l’or n’était pas une valeur de référence. Certes le contexte a changé. D’ailleurs dans votre graphique vous démontrez bien que l’or était une valeur perdante à certaines époques. Il y a me semble-t-il un autre placement à explorer c’est l’immobilier car plus les taux seront bas, plus le prix de l’immobilier grimpera. Bav

    Répondre
  • Robert

    12 octobre 2020

    Merci pour vos conseils éclairés M. Gave. Que sera l’ Etat français dans 20 ans ? Peut-être un « Liban européen », les mêmes causes (sociales) produisant les mêmes effets…

    Répondre
  • germain

    12 octobre 2020

    Les USA vont-ils financer une révolution en Chine pour renverser le gouvernement communiste de Pékin? Ils pourraient ruiner un pays immense qui devient dominant à l’échelle mondiale à l’heure actuelle.
    Il est vrai que les USA ont fait pareil avec la Russie du Tsar Nicolas II en 1917. C’est un banquier américain qui a financé les bolcheviks de Lénine.
    Les résultats économiques de la Russie étaient bons à l’époque ce qui explique la commercialisation massive des emprunts russes aux petits porteurs qui d’ailleurs en France n’ont jamais été indemnisés…

    Répondre
    • Coconut

      13 octobre 2020

      Bonjour, je connais cette histoire mais pour ce que j’en avais lu, c’étaient les Allemands qui avaient financé le retour de Lénine en Russie. Pour la petite histoire, ils avaient aussi tenter de soutenir les Révolutionnaires Irlandais.
      Auriez vous un livre ou un passage de livre à ce sujet ? merci par avance

  • riton

    12 octobre 2020

    Vous parlez d’or non physique, non « illégalisable » et donc non saisissable, n’est ce pas ?

    Répondre
  • Svl

    12 octobre 2020

    Moi je conseillerais l’Argent qui pourrait monter de façon exécutif dû à sa demande dans l’industrie tech même si sa volatilité est plus élevée son prix est assez attractif .. je viendrai presque à l’appeler le nouveau bitcoin à long terme …

    Répondre
  • B.laurent

    12 octobre 2020

    Merci Mr Gave.
    Je vous suis depuis maintenant 8 mois et vous m avez éclairé de votre expérience. Grâce à vos explications que j’ ai compris, moi faisant partie du peuple,j ai résilié mon assurance vie
    Maintenant je pilote mes économies et je m’instruis aussi avec l aide de grand Angle et Mr Delamarche.
    Encore merci de chercher à faire le bien pour nous permettre d ETRE LIBRE au mieux.

    Répondre
  • Da Silva

    12 octobre 2020

    Bonjour M. Gave,

    J’ai pour habitude de suivre votre règle d’acheter de l’or lorsque ce que vous appelez habituellement le « spread wicksellien » passe en dessous de -0,3% (selon votre tableau des quatre quadrants). Cependant pour éviter de vendre et racheter mon or trop souvent (lorsque le spread repasse au dessus de -0,3% par exemple) je vais donc rajouter cette nouvelle règle relative à cet article. Ma seule question est la suivante : quel « taux à court terme » de la FED prenez vous pour référence lorsque vous mentionnez celui-ci dans votre article ?

    Merci d’avance

    Répondre

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!