15 juin, 2015

On ne change pas une équipe qui gagne

Mythes Economiques et Taux de change.

« L’ennui avec les banquiers centraux est que ce sont toujours des vieux messieurs et qu’ils prennent le taux de change pour un symbole de virilité. »

Margareth  Thatcher.

Le taux de change est un PRIX, mais ce n’est pas un prix tout à fait comme un autre.

  • Si je suis un consommateur, Il me permet de savoir s’il vaut mieux acheter  des produits étrangers ou nationaux.
  • Si je suis un producteur, il me permet de savoir si je dois produire à l’étranger ou à la maison.
  • Si je suis un investisseur, il me permet d’essayer de comprendre où je dois investir (dans une monnaie sous évaluée par exemple)  ou ne pas investir.
  • Si je suis un emprunteur, ou je dois emprunter (le conseil étant d’emprunter plutôt dans une monnaie surévaluée).

Dans un monde rationnel, ce prix devrait être laissé libre de fluctuer librement,  en fonction des besoins et des ressources des uns et des autres,  pour que les intérêts du consommateur, du producteur  de l’investisseur ou de l’emprunteur se conjuguent harmonieusement. Et pourtant s’il y a UN prix que les hommes politiques s’acharnent à manipuler sans cesse depuis toujours c’est bien le taux de change. Et l’imagination des politiques et des banquiers centraux étant  à peu prés infinie, il n’y a pas une seule  manipulation de ce prix  qui n’ait été essayée, le résultat final étant toujours le même, une catastrophe. Essayons de répertorier  quelques unes de  ces tentatives faites par les génies qui nous dirigent pour « améliorer ‘’un système qui fonctionne beaucoup mieux quand ils ne s’en occupent pas (voir la Suisse par exemple).

  • La plus redoutable passe par le contrôle des changes. Le citoyen de base ne peut pas «sortir » son argent de son pays ou dans le fond il est retenu financièrement prisonnier.  Détenir un compte à l’étranger est un crime. Il n’y a pas de transactions libres entre la monnaie nationale et les autres monnaies, toute transaction devant passer par un organisme d’état qui fixe un prix qui lui convient à lui mais certainement pas au citoyen. Dans ce genre de pays, la quasi totalité des prix sont faux et en général, la pénurie y règne avec le marché noir et la corruption. Le Venezuela  en est un bon exemple aujourd’hui.
  • La plus ancienne est sans doute le droit de douane, dont le but est de subventionner le producteur national au détriment du consommateur national.  Il s’agit donc d’un merveilleux exemple du capitalisme de connivence qui toujours et partout a amené tout le monde à  la ruine.  Bastait a dit tout ce qu’il y avait  à dire sur le sujet. Si  j’instaure un droit de douane sur les voitures produites à l’extérieur, je rends les voitures étrangères plus chères en France et les Français en achèteront moins, ce qui vaudra certes aux politiciens la reconnaissance éternelle des producteurs de voitures  chez nous. Mais deux choses se passeront : d’abord les autres pays vont coller des droits de douane sur les voitures Françaises, ce qui fait qu’ils n’en vendront pas plus et sans doute moins, et ensuite la qualité des voitures produites chez nous va baisser puisqu’elles ne seront plus concurrencées et  donc très rapidement plus concurrentielles. Et comme le consommateur Français paiera plus cher pour des voitures moins efficientes, il aura moins d’argent à dépenser par ailleurs et l’économie en souffrira. Ce que l’on voie et ce que l’on ne voit pas, encore une fois. Le Droit de douane n’est en fait rien d’autre qu’un impôt prélevé par l’Etat, sur le consommateur, qui paye la note au final, au profit d’incompétents bien en Cour.
  • La plus dangereuse  à long terme c’est le maintien du taux de change à  un niveau « sous évalué »  que l’on obtient par une série de  « dévaluations compétitives», le but étant d’arriver à un excédent des comptes courants (la vieille balance commerciale). Encore une fois, il s’agit de subventionner la production locale au détriment de la consommation locale, ce qui revient à  sous valoriser le travail local. Entreprendre  une telle politique c’est suivre ce qu’il est convenu d’appeler une politique mercantiliste. Imaginons que cette politique réussisse, le pays aura des balances commerciales excédentaires, ce qui veut dire qu’il vendra plus à l’étranger qu’il ne lui achète. Ce pays vendra donc par exemple plus de voitures à l’étranger qu’il n’en achète et recevra en échange des effets  à recevoir de ses clients extérieurs. Il échange donc un vrai produit contre du papier  puisque la balance des paiements s’additionne à zéro : Comptes courants+ balance des capitaux =0, c’est même pour ca  qu’elle s’appelle une balance. Beaucoup de gens pensent que la balance commerciale est l’équivalent du compte pertes et profits pour une société industrielle ou commerciale. Rien n’est plus faux. Il s’agit purement et simplement d’une tautologie comptable nécessaire pour équilibrer les comptes la comptabilité nationale.

Deux questions doivent être posées ici : La première :

Vaut-il mieux être le Grec qui achète une Mercedes ou l’Allemand qui reçoit une promesse du Grec qu’il sera repayé un jour par la vente d’un produit Grec ?

La deuxième : Tout le monde ne peut pas avoir des excédents à la fois puisque mon surplus est le déficit de quelqu’un d’autre. Il s’agit donc d’un système totalement instable, les pays mercantilistes se trouvant ruinés eux-mêmes une fois qu’ils  auront acculé à  la faillite leurs concurrents dont ils découvrent avec horreur en fin de parcours qu’ils étaient aussi leurs clients et leurs débiteurs..

  • La plus stupide, c’est bien sur les taux de change fixes entre les monnaies de deux pays. De deux chose l’une : ou ces deux pays ont des productivités du capital et du travail équivalentes, et le taux de change entre ces deux pays ne bougeront que très peu, ou ce n’est pas le cas, et le pays le plus efficace acculera à  la ruine le pays le moins efficace et tout cela se terminera par une crise financière monstrueuse quand le taux de change fixe sautera. Prenons l’exemple de l’Allemagne depuis les débuts de l’Euro. Ce pays a accumulé environ mille milliards d’euro de créances  sur les pays de la zone euro depuis l’an 2000, en raison de ses excédents extérieurs sur eux. Ces créances se retrouvent dans le bilan des institutions financières allemandes. En aucun cas elles ne pourront être remboursées car elles sont beaucoup trop importantes, comme le montre fort bien la Grèce. Imaginons qu’elles vaillent tout au plus 500 milliards. Le système financier Allemand devra donc prendre une perte de 500 milliards. Les fonds propres des banques et  des compagnies d’assurance  locales sont de 350 milliards. Couvrir une perte de 500 milliards avec des fonds propres de 350 milliards pourrait se révéler difficile… Les Allemands auraient pu mettre leurs voitures sur un bateau et le couler au large de Hambourg, cela aurait été une aussi bonne affaire.

A la lumière de ces évidences, passons en revue la situation actuelle un peu partout dans le monde, en commençant, à  tout Seigneur tout honneur, par le Dollar US.

Avec le redoutable monsieur Bernanke, les USA se sont essayés à  une politique de dévaluation compétitive, et les effets n’ont pas tardé à se faire sentir. Comme le dollar n’est pas  à un prix de marché, plombé qu’il était par des taux d’intérêts a zéro, le commerce international qui est libellé en dollar ne connait plus aucune croissance tandis que les entrepreneurs cessent tout investissement puisqu’ils savent que tous les prix sont faux. Et tout le monde de se demander pourquoi les taux de croissance de nos économies sont aussi faibles.

  • Venons en à l’Euro qui accumule toutes les erreurs : On commence par des taux de change fixes entre des pays  ayant des productivités différentes, ce qui amène  à un effondrement des productions industrielles dans les pays à faible productivités et donc à  une explosion de leurs déficits budgétaires et donc de leur dettes,  conséquences logiques de la hausse du chômage. Cette hausse des dettes amène les allemands  à demander des politiques restrictives en Italie, en France, en Grèce, alors que le problème vient d’un faux taux de change.

La solution que l’on nous offre est à la fois simple et stupide : puisque l’on ne peut pas dévaluer la monnaie Italienne, on va dévaluer l’euro .Et donc,  pour remédier à  la non compétitivité de l’appareil productif Italien vis-à-vis de l’appareil  productif  Allemand, on dévalue l’Euro, ce qui fout en l’air les concurrents non Européens de l’Allemagne,  et les travailleurs des pays touchées par la dévaluation de l’Allemagne ne peuvent plus du coup aller passer leurs vacances en Italie. La dévaluation de l’Euro renforce donc l’Allemagne et pénalise l’Italie.  Exactement le contraire de ce qu’il fallait faire. Dur, dur…

La politique de gribouille dans toute son horreur.

Ce qui se passe en Grèce n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg. Il est craindre que le Titanic zone Euro ne se fasse éventrer  par l’iceberg taux de change fixe. Terminons par la zone Asiatique où les deux géants suivent une politique fort différente.

Le Japon, dont la monnaie était grotesquement surévaluée il y a trois ans suit une politique de dévaluation compétitive, alors que la puissance dominante en Asie, la Chine, suit une politique de retour à la normale pour ses taux d’intérêts et ses taux de change, après avoir pratiqué pendant des années un mercantilisme fort agressif.

La Chine, comme je ne cesse de l’écrire depuis des mois , est donc  le seul grand pays au monde  à  avoir  aujourd’hui une politique des changes rationnelle puisque s’appuyant sur des prix de marché .

Nous sommes donc  en train d’assister a l’émergence d’une zone « Yuan » (la monnaie Chinoise) en  Asie, et le Japon s’est positionné  pour en bénéficier.

Ce qui veut dire en termes simples que la seule zone de stabilité monétaire et donc de stabilité tout court dans le monde sera l’Asie.

Aux USA, les distorsions créées par les faux taux d’intérêts et les faux taux de change ne peuvent pas ne pas amener à de fortes turbulences quand les  prix reviendront à l’équilibre, comme ils le font toujours.

Mais là ou les choses vont être le plus difficile, c’est certainement dans la zone euro puisque derrière les faux prix qui y sévissent, il  y a un projet politique portée par une classe qui préfère voir mourir les peuples que reconnaitre qu’elle a eu tort. Que les citoyens périssent plutôt que mes idées était l’un des leitmotiv aussi bien des nazis que des staliniens ou des Maoïstes …

On peut craindre donc des Jacqueries des peuples, engendrés par  des tentatives de contrôle des changes, d’appropriation illégitime des dépôts par mes Oints du seigneur,  accompagnés d’interdictions de toute transaction en cash  ou que sais je encore…

Conclusion

D’après le grand philosophe Popper si un pays essaie de bloquer les ajustements nécessaires qui se font petit à petit et pour ainsi dire sans douleur, alors, lorsque la volatilité réapparait, l’ajustement peut être sanglant et d’une brutalité inouï, comme nous l’avons vu en Asie lors de la crise 1997-1998.

C’est ce qui attend certainement l’Europe,  et peut être  les USA, mais dans une moindre mesure. . . Ceux qui comme moi pensent que moins les hommes politiques manipulent les prix , mieux tout le monde se porte doivent continuer à privilégier les placements en Asie.

Le reste du monde apparait de plus en plus comme une situation du style : « Pile, je me gagne pas, face je perds ».

Pas bien intéressant comme choix.

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

40 Commentaires

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  • Roger

    21 juin 2015

    Cher monsieur Gave,
    Je lis toujours avec grand plaisir vos écrits qui sont de la plus haute compétence, et de surcroît pragmatiques, ce qui est à notre époque devenu excessivement rare.
    Vous dites que l’Allemagne a accumulé environ mille milliards d’euro de créances sur les pays de la zone euro depuis l’an 2000 et qu’en cas elles ne pourront être remboursées comme le montre fort bien la Grèce.
    De mon point de vue, ce n’est pas d’avoir une balance commerciale excédentaire qui a été une mauvaise voie. Les allemands ont fait l’erreur de penser que placer de l’argent dans le système financier était sûr. Si cet argent avait été placé dans du « dur » (immeubles, terrains, usines, hôtels, iles grecques….) le risque de le perdre serait bien moindre aujourd’hui. C’est la gestion du risque qui a été défectueuse. .
    L’erreur n’est pas de prêter son argent, mais bien de n’avoir pas pris les garanties suffisantes. Prêter à un insolvable est très risqué….et mène souvent à la catastrophe. Rappelons nous la crise des subprimes.

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    • idlibertes

      22 juin 2015

      Un système financier avec des autorités de marchés indépendantes du type Suisse, ne serait pas, forcement risqué. Vous ne pouvez pas penser un système d’échange de liquidité en espérant des hypothéques sur tous vos prêts. En tout état de cause, si cela était le cas, il est certain que la dette n’aurait pas atteint ce montant mais cela nous raméne à l’origine du systéme qui n’est pas un probléme des MARCHES mais un probléme de responsabilité des gouvernements successifs (et donc de la caste politique).

      Vous ne pouvez pas reprocher à l’eau de mouiller. Vous pouvez reprocher en revanche aux politiques d’avoir ouvert les vannes.

      Il est normal que des banques fassent donc leur travail de banques qui est , entre autres choses de prêter.

      Historiquement, les emprunts d’état ont aussi toujours eu cours et cela a fait les belles heures de l’Argentine ou de la Russie. En revanche, ce que l’euro a permis est un cadre de soit disant stabilité politique globale qui a permis au grecs d’emprunter comme s’ils étaient allemands. Or personne, si la gréce avait emprunté toute seule comme une grande n’aurait prêté autant ni aussi bas si le cadre de cet « euro fort et stabilisateur  » n’avait pas été institué.

      Doit on blâmer

      1/ceux qui ont crée le mensonge (les eurocrates)

      ou 2/ ceux qui y ont souscrit ( qui vont de toutes les façons payer de leur poche)?

      Mais ne nous leurrons pas, à la fin de la journée, quand la musique s’arrête, si la gréce vient à faire défaut, c’est toute les banques allemandes qui sautent (et dexia etc etc aussi) et tout le système sauf si les banques sont nationalisées sous huitaine.

      Donc, au bout d’un moment, quand va t-on se rendre compte que l’on attend tous un bus sur une ligne désaffectée?

  • Jul

    19 juin 2015

    Bonjour,

    Vous parlez des problèmes des taux de change fixe de l’euro.
    Comment votre théorie s’applique t’elle aux francs CFA.
    Ceux ci sont utilisés depuis plus de 60 ans sur de nombreux pays avec un taux de change fixe, autrefois avec le franc français et désormais avec l’euro.

    Les même causes devraient amener aux même conséquences.

    Y avez vous déjà réfléchit ?

    Répondre
    • idlibertes

      20 juin 2015

      Parce que l’Afrique et le franc CFA sont une réussite mondiale ????? J’ai du rater l’effet Remnibi sur ce coup là!!!!! Franchement, motivez au moins votre agressivité sur des faits un peu plus réaliste, c’est ridicule. De plus, le Franc CFA est indexé sur l’euro. A la rigueur, la seule chose que vous pourriez en tirer est « c’est à cause de l’euro » que la franc CFA ne décolle pas mais le jour ou les dictateurs, feront des réserves en CFA et ou ne pourra plus acheter n’importe quoi en US dollars au gabon ou au congo, vous reviendrez nous re expliquez la formidable économie que constitue cet ensemble . Et posez moi votre « courrier international » en sortant.

      Ridicule

    • Duff

      21 juin 2015

      D’autant qu’il y a beaucoup moins d’écarts de richesses et de productivité dans les pays de la zone cfa qu’entre un grec et un allemand. Ecarts de potentiels à la rigueur.

    • Jul

      23 juin 2015

      Je pense avoir été mal compris.

      Je ne suis pas du tout agressif et je ne pense pas du tout que l’Afrique soit une réussite mondiale.
      Je suis très surpris que vous ayez mal pris ma question qui m’est venu par curiosité.

      Je me demandais si vous aviez déjà étudiez les pays africains qui utilise le franc CFA.
      Ils sont entre eux dans la même situation que les pays de la zone euro entres eux.
      La relation entre pays utilisant le CFA et ceux ne l’utilisant pas serait aussi intéressante.

      Avec en plus un recul plus grand que celui de l’Euro étant donné la période d’utilisation plus grande.
      D’ou une utilisation possible pour valider ou invalider certaine théorie.

      Encore une fois, je ne remet pas en cause ce que vous dites, je m’interroge.

    • idlibertes

      23 juin 2015

      Pardon de l’avoir alors mal compris. Je vous connais encore mal, c’est chose faite.

      Non, Charles travaille assez peu sur le Franc CFA. Il est trop lié à l’euro pour vraiment existé en tant que devise indépendante.

    • Jul

      23 juin 2015

      Très bien, merci quand même.
      C’est justement l’impact du taux de change fixe entre les pays qui m’intéresse.

      Je viens de commencer a regarder et les écarts de richesses vont de 1 à 25 entre membres des zones CFA. Si on retire les pays pétroliers, les écarts sont de 1 à 4.

      Je n’ai pas encore regardé l’évolution dans le temps mais je vais y jeter un oeil.

  • Kmo

    19 juin 2015

    « Vaut-il mieux être le Grec qui achète une Mercedes ou l’Allemand qui reçoit une promesse du Grec qu’il sera repayé un jour par la vente d’un produit Grec ? »

    Au premier ordre c’est vrai, mais avec l’euro le Grec a une dette envers l’Eurosystème et le risque que les seuls allemands devraient normalement porter est en fait réparti sur tous les membres de la zone euro, dont la France, non ?

    En regardant le plongeon des montants en euros déposés dans les banques grecques j’en viens à me demander si le gouvernement grec ne joue pas la montre pour permettre aux maximums de ses citoyens de sortir leurs avoirs en euros cash avant de faire défaut – mais je ne suis pas assez au point sur Target 2 pour voir qui compense ces retraits, sans doute la BCE via le programme d’assistance d’urgence aux banques grecques ?

    Répondre
  • BA

    19 juin 2015

    Grèce : pour le mois de mai 2015, les recettes fiscales se sont effondrées.

    Les recettes fiscales sont en baisse de 24 %.

    Pour la Grèce, c’est la mort par asphyxie.

    Ces cinq derniers mois, les Grecs ont retiré 30 milliards d’euros hors des banques grecques.

    Et le bank run s’accélère : pour la seule journée de jeudi 18 juin, les Grecs ont retiré 1 milliard d’euros hors des banques grecques.

    Concernant la faillite des banques grecques, le gouverneur de la banque centrale de Grèce a paniqué. Vendredi matin, il a téléphoné à Mario Draghi pour lui demander une aide d’urgence.

    La BCE tiendra une réunion exceptionnelle vendredi après-midi pour tenter de sauver les banques grecques.

    Un membre de la BCE, Benoît Coeuré, a déclaré qu’il ne savait pas si les banques grecques pourraient ouvrir lundi 22 juin.

    Mais à part ça, ça va.

    http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRKBN0OZ0E420150619?pageNumber=2&virtualBrandChannel=0

    Répondre
  • Jean

    16 juin 2015

    C’est toujours un plaisir de vous lire. Vos articles sont d’une clarté rare.

    Répondre
  • lauren

    15 juin 2015

    Est-ce qu’une autre défense ne peut pas être envisagée pour nos épargnes : une débancarisation maximum et un investissement en or en dehors du système bancaire, (zones franches suisse ou Singapour) ?

    Répondre
  • Arsene Holmes

    15 juin 2015

    La Chine, comme je ne cesse de l’écrire depuis des mois , est donc le seul grand pays au monde à avoir aujourd’hui une politique des changes rationnelle puisque s’appuyant sur des prix de marché .

    Je suis peut être mal informé mais à ma connaissance le Yuan n’est pas libre de flotter

    Répondre
    • nolife

      12 août 2015

      Apparemment, le Yuan était surévalué ou alors comme la BNS mais en sens contraire, ils lâchent le plancher avant que la Fed ne reserre sa politique monétaire.

  • William

    15 juin 2015

    Cher Monsieur,

    Auriez vous des conseils de lecture pour les vacances qui approchent?

    Bien évidemment j’ai déjà dévoré vos livres. Je cherche une lecture facile pour la plage… donc j’évite Hayek, Friedmann, Reinhart, etc.

    Merci pour vos conseils.
    William

    Répondre
    • Ananke

      15 juin 2015

      Henry Hazlitt, « Economics in one lesson ».
      Il doit en exister une traduction en français.
      A mon avis un des meilleurs livres expliquant l’économie.

    • nolife

      15 juin 2015

      Alternatives économiques …

      Ce groupe a perdu 377 000 € en 2014 après 323 000 en 2013 et 72 000 en 2012 soit au total la moitié de leurs fonds propres, à ce rythme, encore 2 ou 3 ans et MM. Chavagneux et Duval devront changer de métier 🙂

      Vous pourrez ainsi dire à vos petits-enfants avoir eu entre les mains un exemplaire de la Pravda économique française avant que les méchants capitalistes américains avec leur Internet ne rende caduc cette revue.

      http://www.alternatives-economiques.fr/alter-eco-a-besoin-de-vous_fr_art_1365_72576.html

    • Aljosha

      15 juin 2015

      Le Roi Lear

    • Josick Croyal

      15 juin 2015

      Je pourrais proposer :

      « L’innovation destructrice » de Luc Ferry (Plon)
      « Pourquoi la lumière habite à l’étranger ?  » Nicolas Bouzou
      « On entend l’arbre tomber mais pas la forêt pousser » de Nicolas Bouzou

      Je n’ai lu que les extraits sur mon Kindle… Le vraiment court extrait de Luc Ferry conforte ce que je comprenais… je ne sais pas ce que vaux le reste..

    • TYLOLO76

      18 juin 2015

      Cher William,
      Sur l’économie je vous conseille les deux ouvrages suivants :
      -> Revenir au capitalisme pour éviter les crises de Pascal Salin
      -> 8 leçons d’histoire économique de Jean-Marc Daniel

      Ils sont en bonne place dans ma bibliothèque (à côté de ceux de Charles Gave évidemment).

      Bonne lecture et bonnes vacances (c’est encore un peu tôt).

  • Sirius

    15 juin 2015

    Cher CG,
    Recommandez-vous toujours de conserver une part significative des avoirs disponibles en USD ?
    Vue la faiblesse du Yen, un switch serait-il à regarder ?
    Merci

    Répondre
  • Candide

    15 juin 2015

    Excellent article, comme toujours, clair et didactique.

    De ce point de vue, on comprend mieux et l’intransigeance allemande et la situation grecque (et italienne, espagnole, française…). Ce qui reste difficile à comprendre, c’est pourquoi nos dirigeants s’enferrent dans une logique qui ressemble de plus en plus à une course à l’abîme. C’est compréhensible de la part de l’UE, qui ne veut pas reconnaître ces torts (stupide et dangereux, mais humain…). C’est beaucoup moins acceptable de la part des dirigeants nationaux dont le rôle serait de ruer dans les brancards.
    La question est de savoir comment cela va se terminer : mal, sans doute, mais suivant quel scénario ?

    Répondre
  • riz

    15 juin 2015

    Il est vrai que l’écart de productivité de l’Allemagne avec l’Italie implique une baisse des salaires en Italie afin de résister .Exemple si la productivité est de 1% par an en Italie et 2% en Allemagne du moins un écart relatif de 1% alors si par exemple la main d’oeuvre représente 33% du coût global il faudrait baisser les salaires italiens de 3% l’an !!!!
    Avant en France on passait notre temps à dévaluer face à l’Allemagne en somme de valeur absolu on pratiquait environ 3 coups de canifs de dévaluation qui cumulés représentaient 30% environ par décennie (mais pas au final car le taux de change entre chaque dévaluation pouvait remonter) .Mais c’est dire l’importance des dévaluations pour la survie de l’industrie .

    Dans les années 80 les Américains ont mis à genoux les Japonais lors de la conférence du Plazza en 1985 en imposant la réévaluation drastique du yen ce qui a foutu l’économie japonaise en l’air .
    Au début des années 80 un expert de Goldman Sachs calcule qu’en faisant tomber le prix du baril de pétrole , l’empire Russie s’effondre (urss et ses satellites) , avec l’aide des Saoudiens et grâce à la transition énergétique de l’époque (nucléaire etc …) ils font chuter l’urss .
    Reste l’Europe qui doit rester un ami mais un vassal derrière , à sa place .
    Ils nous imposent donc l’euro qui va mettre l’Europe à genou , à distance du moins .
    Reste la Chine , mais puisque la Chine est un trop gros morceau et que les Chinois s’estiment l’égal des Américains à l’heure actuelle avant de leur passer devant en 2020 , les Américains n’ont d’autre choix que de s’associer avec eux .Nous allons donc assister à un duopole économique mondial pour la première fois .Un dirigeant chinois disait au début des années 80 « il n’ y a pas la place pour 2 tigres sur la même colline . » Ils n’ont pas l’intention de se contenter de la place de numéro 2 sur le podium (la pire des places) mais avaient déjà annoncé la couleur de numéro 1 .
    L’Europe est en crise du mois la France car la politique de rigueur est programmée au moins jusqu’ à 2019 (roadmap de politique économique actée) alors que nous assistons avec l’Inde et la Chine et les réveils économiques des bcp de pays émergents du fait de la mondialisation à la plus forte accélération économique mondiale depuis 2002 ( au moment de l’entrée de la Chine dans l’omc à peu près) .
    Rien que la flotte aérienne mondiale doit doubler en 20 ans donc plein de choses vont doubler et on est pas foutu de croître .

    Répondre
  • Andrea

    15 juin 2015

    Investir en Asie, non merci Mr.Gave !
    Investir sur un continent qui n’est que dans son enfance du point de vue démocratique, sans moi !
    On verra ce qui se passera dans tous ces pays lors du prochain krach boursier qui sera mondial (peut etre ce mois-ci !).
    Au moins ici en Occident on sait ce qu’il nous attend, on sait qu’on aura droit à une confiscation des depots bancaires suivi d’un régime politique de type fasciste puissance 10 et peut etre meme qu’on aura droit à une guerre avec la Russie. L’Occidental,lui, a déjà été victime de dépression économique, l’asiatique non à ma connaissance. Quelle sera la réaction des peuples, des gouvernements ? J’ai peur que tous les Occidentaux qui vivent là-bas, se retrouvent comme les bouc émissaires, à l’instar des ètrangers ici en Occident.
    De plus, l’Occident est le principal client de l’Asie, si on arrête de consommer, on aura plus besoin d’usines en Chine par exemple avec comme consequences des licenciements massifs et troubles sociaux.
    Enfin, les Etats Unis investissent dans la Recherche et donc dans le Futur, contrairement a l Europe qui fait sciemment le contraire. Quand tout se sera ecroule, ils n auront aucun probleme a imposer leur vision du Monde avec leurs nouveaux produits tandis que le reste du Monde n aura rien a proposer.
    Mais ce n est que mon avis
    Bien a vous

    Répondre
    • Jean

      16 juin 2015

      « De plus, l’Occident est le principal client de l’Asie, si on arrête de consommer, on aura plus besoin d’usines en Chine par exemple avec comme consequences des licenciements massifs et troubles sociaux. »

      De plus en plus les Chinois fabriqueront pour eux memes, commes les USA au début du 20e. La Chine deviendra un marché à part entière, tout commes les USA aujourd’hui. Ils se ficheront alors bien se savoir ce que feront les français, qui rêveront probablement de posseder des produits Chinois, malheureusement trop chers pour eux.

  • dede

    15 juin 2015

    « le conseil étant d’emprunter plutôt dans une monnaie surévaluée »

    A supposer que je ne soit pas au gouvernement, il y a de fortes chances que j’emprunte pour investir. La devise des cashflow futurs me semble plus pertinente pour decider dans quelle devise je dois alors emprunter…

    Pour le reste, je vous suis.

    Répondre
    • Aljosha

      15 juin 2015

      Je comprends qu’une monnaie surévaluée ne le reste pas et qu’alors, lors du retournement, l’emprunt devient plus facile à rembourser.

    • dede

      16 juin 2015

      Aljosha, vous supposez deux choses un peu risquees :

      1. Vous etes plus malin que le marche pour savoir quelle monnaie est surevaluee (peut-etre)
      2. Le retournement aura lieu avant votre remboursement (jouer contre les banques centrales est generalement peu recommande)

      NB : merci de pardonner le « je ne sois » avec un T dans mon message initial, il fait vraiment mal aux yeux.

    • Aljosha

      16 juin 2015

      Bonjour Dédé,

      Si vous êtes français, que vos revenus sont en Espagne et que vous empruntiez sur 20 an pour acheter une maison en Espagne. Préférez-vous emprunter dans une banque française ou dans une banque espagnole ?
      En supposant que la peste et le choléra soient vaincus.

  • Homo-Orcus

    15 juin 2015

    « Les Allemands auraient pu mettre leurs voitures sur un bateau et le couler au large de Hambourg, cela aurait été une aussi bonne affaire. » – j’ai du mal à comprendre et à adhérer…
    Les flux commerciaux : je suis un consommateur grec d’Audi, je me présente chez le concessionnaire d’Athènes, je lui remets un chèque et je prends livraison de ma R8 (tant qu’à faire !). La transaction gréco-grecque est terminée.
    Préalablement, le concessionnaire athénien a passé commande à Ingolstadt d’un bateau d’Audi, dont ma R8, payable à 60 ou 90 jours, allons même jusqu’à l’escompte, il y a bien un échange quasi instantané entre de la monnaie et du matériel, la transaction germano-grecque est terminée.
    Les entrepreneurs allemands pourraient se faire avoir par une faillite généralisée des commerçants grecs, sur les dernières transactions non-dénouées ! Je ne vois qu’un risque limité comme dans toutes transactions libres et négociées.

    Répondre
  • nolife

    15 juin 2015

    Bonjour,

    Un exemple intéressant : la Suisse.

    La BNS depuis qu’elle a laissé flotté le franc a mis la Suisse en récession.

    La monnaie outre le fait d’outil d’échange et de mesure de valeur sert aussi de moyen d’épargne, quand le reste du monde dévalue à tout va, la monnaie normalement gérée se retrouve désirée et surévaluée par rapport à son économie, le contrôle des changes et capitaux s’impose donc non ? L’économie ou la monnaie, il faut choisir …

    Marc Fiorentino vient de faire sa chronique sur les changes :

    Merkel a dit devant les patrons allemands qu’un euro trop élevé est mauvais pour l’Espagne, Obama quant à lui s’est inquiété au G7 de la force du dollar …

    Au moins l’€ à l’inverse de la France dans les années 30 n’est pas l’idiot du village et la dévaluation a permis d’apporter croissance en Italie car ses produits sont plus compétitifs.

    Répondre
    • Karizoc

      15 juin 2015

      La Suisse. La BNS. Le taux plancher.

      À bien regarder les résultats des Abenomics (la dévaluation compétitive au Japon), pour une dévaluation de 20% du Yen, la croissance engendrée a duré … six mois.

      Nul doute qu’une réévaluation du Franc Suisse de 15%, l’inverse du Japon, engendre quelques turbulences, mais qu’au bout de six mois, la croissance Suisse sera de retour. Et le bilan final de l’année complète 2015 ne sera même pas négatif.

      L’instauration du taux plancher était une mauvaise idée. Elle aura coûté une fortune à la BNS. Elle faisait entrer de facto la Suisse dans l’Euro.

      N’écoutez pas les Cassandres qui se plaignent d’un manque de manipulations.

    • Jean

      16 juin 2015

      La Suisse et l’Allemagne, et d’une certaine façon le Japon il y a quelques années montrent qu’une monnaie forte n’empeche pas d’exporter. Mais surtout, lorsque la monnaie est surevaluée, ça devrait etre le moment d’investir à l’étranger et d’acheter les savoir faire de ses concurrents.

  • f.Robin

    15 juin 2015

    Ils ont préféré la ruine au chaos,ils auront la ruine et le chaos,pour paraphraser Churchill

    Répondre
    • Jul

      15 juin 2015

      Je n’y connais pas grand chose, mais quoi une augmentation de 20% de la valeur de mes espèces serait ruineux ?

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