17 septembre, 2020

L’urgence de combattre l’inculture

La géopolitique permet beaucoup de choses et notamment de comprendre le monde dans lequel nous évoluons. Mais, à cet égard, le niveau d’inculture de certains cadres et dirigeants d’entreprise est particulièrement préoccupant. Cela est mauvais pour l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes et cela est nuisible au développement de leur entreprise et à la réussite de leur mission.

 

Une inculture inquiétante

 

Deux exemples récents illustrent ces propos. Un échange avec un consultant d’un grand cabinet de conseil qui venait d’obtenir un gros contrat en Algérie. Tout heureux de cela il lâcha cette phrase : « Je connais très bien l’Algérie, je suis souvent allé au Maroc ». Sous-entendu, puisque les Algériens sont des Arabes et des musulmans, comme les Marocains, quand on connait les seconds on connait les premiers. Je doute fort que ce type de pensée lui permette de satisfaire ses clients, et on peut lui prédire quelques déconvenues commerciales.

 

Second exemple, une étudiante dans une grande école de la place parisienne qui voulait me convaincre de publier un article sur le développement des panneaux solaires au Yémen. « C’est un sujet d’avenir pour le pays, notamment face au réchauffement climatique. » Possible. Mais disons que pour l’instant la priorité du Yémen est ailleurs, et notamment d’arriver à éteindre une guerre qui s’enlise et qui fait des milliers de morts et de réfugiés. Les Yéménites veulent d’abord manger en paix, ils verront ensuite pour les panneaux solaires.

 

Quelques exemples certes, mais qui ne sont pas anecdotiques, et qui révèlent un réel décrochage intellectuel. Or la mondialisation est cruelle et elle ne donnera pas de seconde chance aux nations et aux entreprises incultes.

 

Soyons clairs : tout n’est pas la faute de ces jeunes gens. Ils ne sont pas responsables du vide des programmes scolaires et de la non-transmission voulue qu’ils ont subie. Ils ne sont pas responsables non plus du lavage de cerveau et des lubies iréniques de certaines écoles de commerce et d’ingénieurs. Mais ils doivent se rendre compte qu’ils ne savent pas et que la compétition mondiale ne porte pas tant aujourd’hui sur la maîtrise de la technique que sur la maîtrise de la culture. Cela ne concerne pas d’ailleurs que la nouvelle génération, mais est valable pour tout le monde. La non-connaissance de la littérature classique, de l’histoire des pays, de leur géographie et de leur culture, la vision stérile et enfantine d’un monde qui serait plat, sans relief, sans aspérité est redoutable. Cela explique en partie les échecs successifs et répétés du Quai d’Orsay et de la diplomatie française au cours des dix dernières années : une inculture crasse, incapable de tenir compte de la stratification des siècles et des particularités des peuples. Parce que certains veulent que l’Europe sorte de l’histoire, ils croient que les autres régions le veulent aussi.

 

Un manque de curiosité

 

Plus que l’inculture, ce qui frappe c’est le manque de curiosité. Nous vivons ainsi un curieux paradoxe : il n’a jamais été aussi facile d’accéder au savoir et pourtant ces gisements ne sont pas exploités. On peut accéder gratuitement à des banques de photos qui nous permettent de voir des paysages, des pays et des villes sans quitter son bureau. Je peux ainsi visiter Tokyo ou Bamako, chose impossible à mes grands-parents, à moins d’acheter un atlas illustré fort onéreux. On peut accéder à toute la littérature mondiale en accès libre. Wikipédia est une encyclopédie beaucoup plus commode à manier que les antiques volumes de l’Encyclopédia universalis. Grâce à You Tube, je peux accéder à des concerts de musique classique et écouter des ténors et des cantatrices renommés. La Philharmonie de Paris diffuse tous ses concerts sur son site. Nous pouvons trouver des conférences et des vidéos de grande qualité pour compléter des cours indigents. Et pourtant, l’inculture grandie et, avec elle, la certitude de savoir et de connaître. C’est affligeant le nombre d’étudiants qui ouvrent rarement un livre, mais qui croient connaître un sujet et avoir l’autorité pour en parler.

 

Bien évidemment il ne s’agit pas d’être un expert sur tout, mais d’avoir une culture générale, c’est-à-dire une connaissance des grands principes, qui permet ensuite, si besoin, de se spécialiser dans un domaine pour répondre aux circonstances. Le Général de Gaulle disait que « la véritable école du commandement est la culture générale » avant d’ajouter « Au fond des victoires d’Alexandre on retrouve toujours Aristote ». Où peut-on trouver Aristote aujourd’hui chez les dirigeants d’entreprise ? La culture générale permet la connaissance de l’autre et facilite donc les échanges. Quoi de mieux pour parler à un inconnu que de commencer à évoquer les écrivains de son pays, la gastronomie, les grands monuments ? Ce sont les commodités de la conversation, qui permettent de se connaître et d’aborder ensuite, si nécessaire, les sujets divergents.

 

Le conformisme des élites

 

Le conformisme intellectuel des patrons et des élites est également confondant, notamment sur les sujets écologiques. On les voit schizophrènes et partagés en deux : d’un côté l’injonction écologique qui les oblige à penser « transition écologique », « développement durable », « urgence climatique », de l’autre le savoir accumulé dans leur métier qui leur prouve que tout cela est fumisterie. On voit ainsi des grands industriels accepter sans broncher les normes absurdes que leur imposent les gouvernements, comme des moutons conduits à l’abattoir qui n’auraient même plus la force de bêler. « L’État stratège » que le monde entier doit nous envier, adopte une série de normes et de contraintes dogmatiques qui détruisent l’agriculture (betterave et céréales notamment), l’aviation (Air France et les normes CO2), l’automobile (l’imposition de la voiture électrique), le nucléaire (fermeture des centrales) et un grand nombre d’autres secteurs industriels. Nul besoin d’accuser la mondialisation ou l’Europe, la bureaucratie française est assez douée pour se suicider seule. Quel patron ou manager haut placé entend-on pour s’élever contre ces normes absurdes qui détruisent la puissance française et, plus grave encore, vont apporter la pauvreté à des millions de personnes ? L’effet de sidération est tel qu’aucune personne concernée et compétente ne lève le doigt pour apporter une objection.

 

En son temps, Christophe de Margerie, alors PDG de Total, était le seul à s’élever publiquement contre les sanctions contreproductives imposées à la Russie. Carlos Tavares, le PDG de PSA, est l’un des rares à dénoncer les diktats écologistes qui détruisent l’industrie automobile et à parler clairement sur les normes imposées par le Parlement européen et la Commission. Pour le reste, beaucoup sont ceux qui ploient et maugréent sans rien dire. Beaucoup ont déjà intériorisé leur défaite et sont intellectuellement morts. Cet effet de sidération est inquiétant et rappelle le roman d’Ayn Rand, La Grève, où là aussi les industriels se laissent assassiner sans réagir, hormis ceux qui déclenchent la grève des impôts et de la soumission.

 

Quelles solutions ?

 

À défaut de pouvoir toucher un public large, les dirigeants devraient sans cesse expliquer à leurs salariés l’état des normes et l’absurdité de ce qui est imposé. C’est ce que l’on appelle la participation des salariés à la vie de l’entreprise, qui ne se limite pas aux questions financières et à la répartition des bénéfices. Autant de salariés qui pourraient ensuite répandre la bonne nouvelle à leur entourage proche. Si Air France ne peut plus assurer sa liaison Orly / Mérignac, de nombreuses entreprises vont fermer. La perte d’emploi est généralement assez compréhensible par ceux qui sont concernés.

 

Aux dirigeants et aux étudiants, on ne peut que conseiller de lire les classiques et, à défaut ou en complément, d’écouter et de regarder les nombreux podcasts et émissions où interviennent les auteurs compétents et renommés. Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir des bibliothèques du savoir immenses, accessibles à tous et partout. On peut lire la presse de Hong Kong et de Buenos Aires, assister à une conférence parisienne depuis la province. À tel point que l’on peut se demander si les écoles supérieures qui délivrent du vide intellectuel servent encore à quelque chose.

 

La connaissance n’est pas un enjeu secondaire. Il ne s’agit pas d’avoir de l’érudition pour en faire usage dans le monde, mais de posséder le bagage culturel indispensable pour vaincre dans la mondialisation. L’inculture est une faiblesse utilisée par les démagogues et les marchands de peur, qu’ils agitent le drapeau de l’épidémie ou celui de l’urgence climatique. La réponse est d’abord intellectuelle et morale, comme au temps où se levèrent quelques rares intellectuels pour combattre le totalitarisme communiste.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

20 Commentaires

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  • Micoin

    9 mai 2023

    Je suis enseignant en lycée (pas du tout marxiste), et je déplore également l’inculture des mes élèves. Elle est effectivement liée trop souvent à la paresse intellectuelle et à la sur-stimulation du téléphone portable.
    Par contre, je vous invite tous fortement à lire les articles scientifiques publiés dans Nature et autres à propos du réchauffement climatique et de l’impact des humains sur notre environnement. La culture est là aussi, pas que dans les classiques.
    Par contre, nous sommes bien d’accord que l’arrêt de la pollution forcenée va à l’encontre des profits des entreprises.
    Élever des enfants très cultivés pour les jeter dans un monde que l’on détruit n’est pas forcément très stratégique. Ce n’est pas en tout cas ce que je veux pour mes enfants.

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  • Emmanuel Huyghues Despointes

    14 octobre 2020

    Entièrement d’accord – Hélas – J’ai vécu plusieurs fois des échecs de missions au Proche-Orient à cause de l’inculture des occidentaux présents sur place

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  • Jiff

    1 octobre 2020

    Rhétorique Ô combien vraie, d’ailleurs, si l’on examine les cursus des anciens chercheurs (et surtout ceux des « trouveurs »), on s’aperçoit très vite qu’ils avaient tous non-seulement une grande culture générale, mais qu’ils étaient tous également pluri-disciplinaires.
     
    Tout cela rejoint ce dont on pouvait déjà se douter fortement depuis le début des années 90 et qui est l’un des mottos de H16 : ce pays est (complètement) foutu (et depuis lontemps).
     
    Dommage, il y faisait bon vivre, mais ça n’est plus du tout le cas et, sauf énorme revirement très aléatoire, il faudra se contenter de regarder ce grabataire en phase terminale ne plus en finir de mourir à partir d’ailleurs, de là où l’herbe pousse encore… (il y a le choix, car c’est presque partout ailleurs).

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  • B.

    26 septembre 2020

    Bonjour Monsieur, la petite faute d’orthographe dans la phrase suivante dessert un peu le propos de votre article. A corriger sur votre site peut-être ? « Et pourtant, l’inculture grandie et, avec elle, la certitude de savoir et de connaître. « 

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  • Eric Monard

    21 septembre 2020

    Bonjour Monsieur,

    Je voudrais abonder dans votre sens avec une réflexion tirée de mon expérience professionnelle pour convaincre des bienfaits de la culture générale dans le monde des affaires à l’étranger.

    J’ai travaillé de nombreuses années en contact avec l’Allemagne, et surtout avec les allemands. J’y ai appris que lorsque nous rencontrons à l’étranger un nouvel interlocuteur professionnel natif du pays que nous abordons, personne ne nous y connaît, que ce soit les personnes que nous sommes ou l’entreprise que nous représentons. De façon plus générale, personne ne nous attend. nous devons donc rassurer.

    Qui sommes-nous donc pour eux et comment se faire accepter ? La culture générale ici est irremplaçable :

    1. Elle permet de montrer à notre interlocuteur le type de personnes que nous sommes et de le lui faire comprendre. Cet exercice est comparable à celui auquel se livrent deux fourmis qui se rencontrent et sortent leurs antennes.

    2. A travers la culture générale, nous montrons que nous nous intéressons à notre interlocuteur et son pays, et depuis longtemps tant il est vrai que la culture générale se batit au fil du temps et de nombreuses années. Ce faisant, nous lui montrons que notre posture morale et intellectuelle repose sur une ouverture au monde et sur une curiosité pour les autres hommes comparables ( dont lui-même) à celles qui sont les siennes pour ce même monde et les hommes extérieurs à son pays (dont nous-mêmes).

    Ce faisant encore nous livrons à nos interlocuteurs une clef de lecture et un mode d’emploi de nous-mêmes.

    Aux incultes, cela peut paraître sans rapport avec les affaires et être une perte de temps. C’est exactement l’inverse et les relations d’affaires ainsi que les flux monétaires qui en résultent
    sont durables et solides parce que nourris de confiance et d’estime personnelle réciproque.

    On ne dira jamais assez que la confiance est le moteur de la prospérité des hommes et de l’économie.

    Bien cordialement.

    Eric Monard.

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  • Thierry Chazarin

    20 septembre 2020

    Excellent article. Qui plus est, à une heure, où l’on a imaginé faire travailler les élèves sur leurs compétences, en tendant parfois à oublier que acquisition de connaissances (avant de parler de compétences) devrait rester essentielle et incontournable.

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  • L'horloger

    19 septembre 2020

    C’est amusant car à mon époque les cancres à l’école faisaient des études supérieures dans les matières type histoire, géographie, langues vivantes, sociologie, psychologie…….le guerrier économique a besoin d’autres compétences que vous ne soupçonnez pas et que votre parcours vous a interdit d’acquérir puisque pas suffisamment bon à l’école. Pour penser il faut avoir du temps libre comme le philosophe et quand on est dans le monde des affaires il faut faire et agir et parfois très vite. Après on peut discuter du mode de sélection des élites mais ce qui est certain c’est qu’en seconde première et terminale j’étais meilleur en Histoire que ceux qui ont fait des études supérieures en Histoire et que contrairement à eux j’ai été présenté au concours général…..d’ailleurs curieusement aucun élève de terminale A1, A2 ou B n’a été présenté.

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  • Blondin

    18 septembre 2020

    Je suis moi aussi sidéré par l’inculture généralisée et de l’arrogance qui l’accompagne !
    Et c’est malheureusement particulièrement vrai pour nombre de journalistes.
    La culture générale est pourtant indispensable pour comprendre le monde qui nous entoure (ou au moins essayer). C’est également indispensable pour ne pas nous laisser faire par des minorités puissantes (Islamistes, gauche radicale…) qui n’auraient aucune « audience » dans un pays un tant soit peu cultivé.
    Les idéologues – avec la complicité de la gauche et la passivité de la droite – ont malheureusement mis à mal l’Ecole…

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    • breizh

      20 septembre 2020

      sans compter les politiques : toujours aussi amoraux, mais désormais sans aucune culture !

  • marc durand

    18 septembre 2020

    L’inculture commence par le changement des mots, de mon temps, on disait un clochard et pas SDF, un clandestin et pas migrant, un balayeur et pas technicien de surface … Et que dire de l’écriture inclusive, le libéralisme progressif égalitarisme est un cancer.

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  • Dominique

    18 septembre 2020

    Il est vrai que hors les beaux quartiers des grandes villes, les vraies librairies sont devenues très rares. Et c’est une catastrophe que de ne plus pouvoir choisir un livre classique parmi les rayons, et d’y emmener ses enfants. L’occasion pour eux de commencer à se constituer chacun  » sa  » petite bibliothèque, habilement aidé au début par ses parents. Le virtuel ne remplacera jamais ce spectacle quasiment vivant. Il faut donc ne pas hésiter à faire les kilomètres nécessaires pour leur faire découvrir le monde des livres qui est  » sans limite « .

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  • Dominique

    18 septembre 2020

    Votre pensée est juste en tous points et exprimée de bien belle manière. Merci.
    .
    Les enseignants français, marxistes, ont visé à supprimer l’enseignement classique depuis 1968, pour empêcher le peuple de penser. Et les mondialistes, néo marxistes, ont pris le relai car une fois abrutis par des  » posts  » à  » liker « , ces  » jeunes  » deviennent des êtres décérébrés qui font de parfaits consommateurs-citoyens écolos… C’est pourquoi je suis d’avis qu’une bonne bibliothèque de vrais livres en papier, même petite, reste préférable à un smartphone et un pc, comme en son temps au téléviseur. D’ailleurs les petits enfants ne s’y trompent pas qui raffolent des histoires que leurs lisent les parents…
    .
    La responsabilité des dynasties bourgeoises qui ont présidé à l’anéantissement culturel du royal pays, et en particulier de l’enseignement public, à donc été énorme, et cela ne s’arrange pas avec l’ordi à la petite ecole, la suppression des langues anciennes et même de l’enseignement de l’histoire etc. Quel gâchis et quel honte. Les Etats-Unis ont un bien meilleur système, avec beaucoup d’écoles, de lycées et d’universités privées, souvent catholiques d’ailleurs.
    .
    Peut être auriez vous vu proposer quelques solutions pour des lecteurs qui ont ou auront de jeunes enfants : leur éviter les objets numériques, leur apprendre à lire et écrire  » à la maison  » de façon syllabiqu. et manuellement car l’intelligence et l’apprentissage passent par la main aussi, les mettre dans une école privée ( catholique ou Montessori par exemple ), leur proposer des lectures enrichissantes variées où ils trouveront leur bonheur, les emmener au théâtre ( avec des pièces classiques qui pourront les enchanter ) leur faire étudier le grec ou le latin ( ce qui n’empêchera pas une formation scientifique, ou d’exercer un métier manuel ), constituer une bibliothèque numérique de films aussi beaux qu’éducatifs , etc. etc. Enfin c’est mon opinion maintenant et j’aurais bien aimé savoir cela lorsque mes enfants sont venus… Être parent est difficile et devient parfois impossible dans une société qui détruit la famille et veut s’accaparer les tout-petits dès leur plus jeune âge : des conseils de votre part peuvent donc être tout à fait utiles. Je vous fait cette suggestion de façon générale aussi pour vos prochains articles, car nous avons tous besoin de conseils … et d’espérance.

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  • Bilibin

    17 septembre 2020

    Au delà de la culture, la lecture permet aussi de développer sa maîtrise de la langue : c’est souvent en lisant que l’on apprend de nouveaux mots, et cela permet aussi de réviser l’orthographe sans y penser. Les ados qui ne lisent pas ont souvent des lacunes de vocabulaire assez évidentes.
    Je m’étais déjà étonné de la fameuse subvention des jeunes pour l’accès à la culture à une époque où l’information n’a jamais été aussi accessible et où des milliers de classiques sont disponibles en ligne gratuitement. Il est aussi beaucoup plus facile de trouver des ressources éducatives pour apprendre tout ce qu’on veut, de la cuisine au dessin en passant par la musique, sans bouger de chez soi. En réalité la culture n’a jamais été aussi accessible et « égalitaire » mais bien peu le disent et certain prétendent même le contraire… Sans doute car ce « miracle » d’internet n’est attribuable à personne en particulier et résulte simplement de la liberté des gens de faire ce qui leur plaît et de le partager avec les autres.

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  • H.

    17 septembre 2020

    Bonjour,

    Je partage votre avis et peux donner un exemple assez désastreux de cette inculture au sein de ce qui est présenté comme étant la future élite de pays. J’évolue professionnellement dans un secteur régalien où nous accueillons de nombreux stagiaires (BAC+4 à BAC+5) sortant généralement de filières à dominante sciences-politiques et/ou Droit. S’ils affichent généralement un très bon niveau, ils ont des lacunes plutôt surprenantes (et que je trouve personnellement dramatique) vu leur niveau d’études. Avec un de mes collègues, nous avons posé à plusieurs de ces stagiaires une question qui nous paraissait très simple : que savaient-ils du jacobinisme ou pouvaient-ils nous parler des jacobins ? A peine 2 sur 10, allez je vais jusqu’à 3, ont été capables de nous dire quand ce mouvement avait existé, qui en étaient les principales figures et en quoi il était important pour comprendre notre société. CQFD
    Je suis en train de lire le livre d’Allan Bloom « L’âme désarmée, essai sur le déclin de la culture générale » publié en 1987 pour la première fois aux USA et en 2018 aux Belles lettres. C’est réellement passionnant et l’auteur apporte un éclairage dense mais très argumenté sur le déclin de la culture générale.

    Bonne soirée

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  • Didier FENIX

    17 septembre 2020

    Bonjour,
    La curiosité est le moteur le plus efficace vers la culture générale.
    La géographie et l’histoire sont moquées alors qu’elles sont les premières pierres de la culture générale.
    Les mélodies kilométriques synthétiques truffées de basses ont effacé « l’autre musique ».
    Quand aux lectures …..
    Des solutions ? Je n’en voie d’autre que ce que chacun est en mesure d’aller pêcher en dehors de son cercle personnel, et ce n’en sera que l’envie suscitée dès les plus jeunes années de la vie par l’éducation reçue.

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  • Ribus

    17 septembre 2020

    « Combattre l’inculture » : titre étrange ; à mon avis, ce serait davantage : « de la nécessité de se cultiver ». Les jeunes adultes d’aujourd’hui – qui ont l’âge de mes enfants – ne lisent pas de livres. C’est ennuyeux, long, fastidieux, et surtout sans intérêt. Pourquoi donc lire des livres puisque tout est sur Internet. Pour cette génération, le livre n’est plus l’objet de culture par excellence. Il ont en partie raison car il faut bien admettre que la qualité des livres qui sont publiés est très variable. Leur nombre est inversement proportionnel à leur qualité. Le système scolaire et universitaire étant effondré, il ne leur reste plus que la solution de devenir autodidacte. Mais pour cela, il faut les convaincre que leur liberté se situe dans leur pensée et leur donner des bibliographies de livres essentiels qu’il faut impérativement avoir lu. Cela suppose aussi de rééditer certains classiques devenus introuvables. Enfin, nous devons tenter de leur faire comprendre que l’inculture et la barbarie sont cousines et que le barbare peut être vêtu d’un costume sur mesure…

    Répondre
  • Charles Heyd

    17 septembre 2020

    J’ai deux ou trois remarques:
    – Lorsque vous brocardez, comme M. Netter dans un autre billet, notre Etat « stratège » cela ne ne veut absolument pas dire qu’il ne faut pas que l’Etat ne soit pas stratège; il faut tout simplement virer les stratèges;
    – vous dites ensuite, je cite: « Si Air France ne peut plus assurer sa liaison Orly / Mérignac, de nombreuses entreprises vont fermer. »; je ne suis absolument pas d’accord avec cette assertion; si Mérignac est en Argentine je veux bien le croire car pour y aller en paquebot cela serait quasi impossible aujourd’hui mais pour aller à Mérignac on doit pouvoir le faire en moins de 3 heurs de TGV pour lequel (le TGV) on (les stratèges qui manquent de culture) a endetté la SNCF au-delà du raisonnable; et je ne parle pas du bilan carbone!
    – Emmanuel Todd a cette formule savoureuse qui s’applique parfaitement à nos « stratèges »: « en France on fabrique des crétins diplômés! »; cette formule, vous l’illustrez bien avec les exemples que vous citez!

    Répondre
    • breizh

      18 septembre 2020

      Pourquoi vouloir décider à la place des intéressés, que pour aller à Mérignac ils doivent prendre le TGV plutôt que l’avion ?
      S’ils préfèrent l’avion au TGV, ils doivent avoir de bonnes raisons !

    • Charles Heyd

      18 septembre 2020

      Certes, #breizh, mais qui va payer le déficit de la SNCF?

    • breizh

      18 septembre 2020

      personne : il faut vendre la SNCF à la découpe !

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