La compétitivité reste le problème majeur de la France avant celui des Finances publiques écrit Jean Pierre Robin dans Le Figaro. Si un pays n’est pas productif, il saute. C’est ce qui est arrivé à la Suède en 1992, quand son « modèle social » était financé en quasi totalité par de l’emprunt. Comme on le sait, quand les taux de refinancement d’un état passent au dessus de son taux de croissance, la musique s’arrête. Cela pourrait malheureusement se produire en France…
L’appel des 98 grands patrons s’exprimant dans le cadre de l’Association Française des Entreprises Privés (AFEP) semble avoir agacé l’Elysée. Signes négatifs à l’égard de ceux qui entreprennent ou veulent entreprendre, le secrétaire national du Parti de Gauche a immédiatement fait savoir qu’il fallait résister face à « l’ultimatum des 98 rapaces » et que « Les 98 patrons sont des bons à rien et les entrepreneurs membres des pigeons sont des parasites financiers » ! On voit donc clairement se développer une idéologie d’interventionisme à tous crins, de surrégulation des entreprises et finalement de combat contre les patrons. Si elle continue à se répandre, écrit Yves de Kerdrel dans Le Figaro, cela entrainera l’affaissement de la France, son rejet par les investisseurs internationaux et sa mise hors-jeu de la compétitivité mondiale.
Les entreprises ont besoin d’une dévaluation intérieure, a dit Alain Madelin sur BFM, puisque dans le cadre de l’Euro une dévaluation extérieure est impossible à réaliser.
Il y a dans la présentation du « Pacte de Compétitivité » par Jean Marc Ayrault Premier Ministre, des éléments positifs comme le crédit d’impôt recherche, des financements annoncés comme plus faciles pour les PME et les ETI, ainsi qu’une promesse de simplification administratives et de stabilité fiscale pour les entreprises. Heureusement vient d’être nommé un nouveau « Comité de suivi du Pacte » qui fera régulièrement le point sur l’avancée des mesures annoncées.
La France pourrait devenir l’homme malade de l’Europe pense Philippe Gudin de Vallerin chef économiste chez Barclays. Elle est prise selon lui, en étau entre les pays du sud qui sont en train de regagner de la compétitivité dans la douleur et les pays du nord qui ne l’ont jamais perdue. Après la dégradation par Standard and Poor’s de la note de la plupart des banques françaises, la France va avoir beaucoup de mal à échapper à une nouvelle dégradation de sa note de crédit d’ici la fin de l’année. Les hypothèses de croissance du gouvernement sont en effet considérées comme beaucoup trop optimistes et surtout les mesures d’économie dans les dépenses de l’état et les organismes sociaux n’ont pas encore été mises en place.
En Allemagne, les ventes de détail du mois de septembre (+1,5%) ont été une bonne surprise. Les conseils prodigués par Gerhard Schröder ex Chancelier socialiste à François Hollande n’ont pas du lui plaire : la France va avoir plus de mal à se financer, car les décisions prises par le président français vont pénaliser l’économie française et les PME….. Les marchés vont finir par faire leur travail, sauf si les français prennent le virage avant… Il ne faut en effet jamais oublier que l’Etat français est celui dont la dette est souscrite dans la plus grande proportion (67%) par des non résidents, contre 53,9% aux Etats Unis, 50% en Italie et 5,3% au Japon.
Amélioration du statut des dettes portugaises et espagnoles
L’économie portugaise se redresse (-3% de croissance en 2012 mais -1% en 2013). Le déficit budgétaire devrait être de 4,5% en 2013 et en dessous de 3% en 2014. Les détenteurs de dette portugaise estiment maintenant qu’il n’y aura pas pour le moment de restructuration de la dette portugaise, ce qui laisse encore une marge d’appréciation pour ses obligations. La dette espagnole est également recherchée par les gérants notammentPimco, BlackRock, Deutsche Bank Private Wealth et Carmignac. L’Espagne devrait demander l’aide de l’Euro dans les semaines qui viennent estime toutefois Goldman Sachs. Les mouvements de protestation violents se multiplient en Espagne, en particulier celui de Sanchez Gordillo le maire de Marinaleda en Andalousie. Il encourage notamment les membres de son syndicat à aller se servir directement dans les supermarchés en volant de la marchandise. Pour Jeffrey Tayler de Bloomberg Business Week, ce type de mouvement pourrait bien se développer en Europe.
Aux Etats Unis, l’incertitude sur les élections présidentielles a tempéré la sortie de bons chiffres de l’emploi de la fin de la semaine, car, quel que soit le nouveau président élu, le mur de la dette (« Fiscal Cliff ») sera de loin le problème le plus important des semaines à venir. Le nouveau président devra composer avec un Congrès divisé puisque le Sénat sera démocrate, mais la Chambre des Représentants républicaine. Aucun parti n’aura le nombre de voix nécessaires pour s’imposer au sénat. La situation incite Jeremy Grantham patron de Grantham Mayo à envisager une année boursière médiocre pour 2013. Il faudra garder la tête basse dit il.
Secteurs : les craintes sur le luxe ont l’air de se dissiper
En Europe, les résultats des sociétés pour le T3 sont dans l’ensemble médiocres :55% des annonces ont été inférieurs aux prévisions des analystes. Ce sont l’assurance et le pétrole gaz qui ont enregistré les meilleurs résultats. En revanche les matières premières et l’automobile ont annoncé les plus mauvais. Ronan Carr de Morgan Stanley note que c’est le plus mauvais trimestre depuis 2009 en terme de croissance du chiffre d’affaires et que le marché fait maintenant nettement la différence entre les gagnants et les perdants.
Richemont, après la sortie de bons résultats trimestriels a fait l’objet d’une recommandation d’achat de Bank of America Merrill Lynch. Pour le broker américain le fabriquant des montres Cartier est la moins chère de toutes les sociétés du secteur.
Christian Dior a nettement progressé sur des rumeurs de prise de contrôle totale de sa maison mère LVMH.
Hugo Boss de son côté a fait savoir que la reprise qui a lieu en Chine devrait lui permettre de retrouver la croissance à deux chiffres.
Dans le secteur de la Banque, UBS a décidé de fermer toute son activité sur les obligations en décidant de se séparer de 10 000 personnes…Deutsche Bank a annoncé de bons résultats trimestriels qui n’étaient pas attendus par les analystes.
L’industrie de la gestion passe par une période difficile. A Londres cette semaine pas moins de deux grands gérants de Hedge Fund ont cessé leur activité « vu l’impossibilité de gagner de l’argent dans l’actuel environnement ». Il s’agit de Henri Flamand ex trader de Goldman Sachs, qui avait créé son propre fond Edoma Partners en 2010 et Greg Coffey ancien co directeur du fonds Moore Capital. Ses assistants ne seront plus obligés de démonter ses six écrans de travail pour les transporter sur son lieu de villégiature comme ils avaient coutume de le faire…
Dans les services informatiques, Stéria qui a annoncé de bons résultats, vient d’obtenir un contrat de l’état norvégien pour moderniser ses services de l’emploi et d’aide sociale…On aimerait beaucoup que la société décroche des contrats de ce type de la part du gouvernement français.
Dans la Technologie, Apple et Amazon sont en baisse sur leurs plus haut récent respectivement de 14% et 8,6%…Parmi les valeurs du secteur recommandées dans la table ronde des experts du Barron’s figurent Qualcomm qui fabrique les semi conducteurs utilisés dans les smartphones et EMC le numéro un américain du stockage de données.
Le secteur de l’acier est à la peine. Les fabricants américains (US Steel, Nucor, AK Steel) sont confrontés à la baisse des prix et à la concurrence très dure de l’Asie. Cela remet dans son contexte le débat médiatique sur le sauvetage de l’usine d’Arcelor Mittal à Florange !
Concernant l’automobile, BMW devrait encore monter de 30% estime le Barron’s. La capitalisation de la société atteint maintenant 39 Md€, son rendement est de 3,8% et le P/E sur la base des résultats estimés pour 2013 (7,65€) ressort à 8X. Quant à Nissan, la société a baissé ses perspectives de résultat.
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
offshore bank
9 novembre 2012En 1975 , la société acquiert Abraham et Cie, et deux ans après, fusionne avec Kuhn, Loeb & Co pour former Lehman Brothers Kuhn Loeb & Co. Au sein de cette société, une ligne commune est tracée entre les commerçants et les banquiers. Les commerçants pendant cette période ont amené la plupart des bénéfices. Lewis Glucksman, un commerçant, prend la présidence en septembre 1983 ; les banquiers ont alors quitté la société, qui s’est divisée dans les luttes de puissance. Steve Schwarzman, président des sociétés de fusions et acquisitions affirme dans une entrevue de février 2003 qu’« avec le développement des capitaux propres privés à l’international, la société a eu un environnement interne extrêmement concurrentiel, qui est finalement devenu dysfonctionnel ». La compagnie a souffert de cette désintégration, et Glucksman est contraint de vendre la société en 1984 .
Fier d'être lorrain
8 novembre 2012comme d’habitude, un panorama qui va à l’essentiel. Merci beaucoup pour tous vos articles.
BA
8 novembre 2012Dette publique au deuxième trimestre 2012 :
1- Médaille d’or : dette publique de la Grèce : 300,807 milliards d’euros, soit 150,3 % du PIB.
2- Médaille d’argent : dette publique de l’Italie : 1982,239 milliards d’euros, soit 126,1 % du PIB.
3- Médaille de bronze : dette publique du Portugal : 198,136 milliards d’euros, soit 117,5 % du PIB.
4- Dette publique de l’Irlande : 179,718 milliards d’euros, soit 111,5 % du PIB.
5- Dette publique de la Belgique : 382,922 milliards d’euros, soit 102,5 % du PIB.
6- Dette publique de la France : 1832,599 milliards d’euros, soit 91 % du PIB.
7- Dette publique de Chypre : 14,939 milliards d’euros, soit 83,3 % du PIB.
8- Dette publique de l’Allemagne : 2169,354 milliards d’euros, soit 82,8 % du PIB.
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-24102012-AP/FR/2-24102012-AP-FR.PDF
YJC
7 novembre 2012Si besoin était d’illustrer le fait que les articles des auteurs de ce site sont lus si ce n’est par les gens « d’en haut » tout au moins par leurs conseillers payés 10K€ par mois plus notes de frais, il est permis de faire remarquer que depuis des moins des dizaines d’articles signés et de posts anonymes ont relayé des propositions, préconisations et… formulations qu’on retrouve désormais dans la bouche même de notre Ayrault national du moment 🙂 Alléluia, le net et l’entreprise d’information autonome soient loués !
Un des exemples probants, au hasard : le « montée en gamme » entendu dans la bouche du premier ministre. Comme quoi, le travail d’évangélisation, bien que long et fastidieux, finit-il toujours par payer.
La France serait sauvée du marasme économique ?! Ne reste qu’à convaincre l’armée de 10 millions de fonctionnaires et assimilés où se trouve leur avantage…
Connaissant l’esprit français – pour cause d’en être – j’ose préconiser un discours à la fois franc, factuel et direct… MAIS qui saura éviter le piège du clivage et de la fausse lutte de classes. Ornière idéologique létale dont il est urgent de sortir sans plus de délai.
@ suivre.
roger duberger
6 novembre 2012Très bien, très interessant article. Merci