Il y a un grand décalage entre le comportement des marchés et la réalité économique qui est pourtant claire. Les Etats Unis et la Chine sont dans une phase de croissance médiocre. La Federal Reserve, la banque centrale américaine, est devenue une machine à créer des bulles dans le monde entier, sur les actions, les obligations, l’immobilier…Tout cela permet à tous ceux qui ont déjà des actifs d’en avoir un peu plus et à ceux qui n’en ont pas, de voir leur niveau de vie se dégrader…
Le niveau d’endettement atteint partout des niveaux déraisonnables. Il est très largement encouragé par des taux d’intérêts extrêmement bas et surtout la possibilité de déduire les frais financiers de l’impôt. The Economist, le magazine britannique y consacre cette semaine, un long article expliquant que la fiscalité dans ce domaine est à revoir de toute urgence…
La reprise de la croissance française est timide
La France, une fois n’est pas coutume, a surpris en annonçant un taux de croissance de son PIB pour le premier trimestre de 0,6% soit le double de celui de l’Allemagne. Il n’y a pas de quoi pavoiser, car il y a beaucoup de restockage dans ce chiffre. Sur le terrain, les effets d’une reprise ne se font pas encore vraiment sentir dans les entreprises hexagonales.
Nous sommes toujours en plein Waterloo industriel (Mory, Areva, Alcatel….) sans compter la prise de contrôle de groupes français par des entreprises étrangères (Lafarge, Norbert Dentresangle…)
La timide reprise française reste ainsi à la remorque de l’Europe avec 1,1% de croissance prévue en 2015, contre 1,9% en Allemagne et 2,6% en Grande Bretagne.
Elle affiche de son côté un + 0,5% de croissance avec un deuxième semestre qui se présente bien.
En Europe, l’alignement des planètes est remis en cause
En Europe, l’Euro est en hausse de 8% sur son plus bas du 16 mars (1,0458$). Mais encore 30% en dessous de son plus haut historique. Les taux d’intérêt sont remontés puisque le rendement moyen des marchés obligataires est remonté en moyenne de 50 points de base. On a corrigé une toute petite partie des excès commis. Le prix du baril de pétrole est passé de 46$ en janvier dernier à 65$. Cela a permis à la couronne norvégienne de reprendre 11% sur son plus bas et au rouble russe de remonter de 20%
Après nous avoir expliqué qu’on était dans « l’alignement des planètes », on nous explique maintenant qu’il n’y a rien d’alarmant dans la remontée de l’Euro, des taux d’intérêts et du pétrole. L’Europe reviendrait à « la normale »….
Aux Etats Unis, les ventes de détail pour le mois d’avril sont en dessous des attentes.
La production industrielle a baissé de -0,3% en avril, ce qui traduit le recul de la compétitivité des produits américains avec la hausse du dollar. L’indice de confiance des consommateurs a également reculé en mai. Le taux de croissance de l’économie reste autour de 2% ce qui est faible pour une sortie de récession. Tout cela mérite de s’interroger sur le fait de savoir si nous sommes toujours dans un marché haussier pour les actions.
En Chine la hausse des actions chinoises ne résout pas les problèmes de dette. Le ralentissement économique s’est poursuivi en avril mais les obligations et les actions chinoises méritent d’être encore surreprésentées dans les portefeuilles.
L’Amérique a remplacé l’Arabie Saoudite dans son rôle de régulateur du prix du pétrole
Dans les gaz de schiste, les Etats Unis sont devenus l’état régulateur du marché remplaçant dans ce rôle l’Arabie Saoudite. Le pétrole qui était tombé à 50$ le baril est remonté autour de 65$. Le niveau des stocks stratégiques américains a légèrement diminué et avec les progrès technologiques qui ont été réalisés 80% des nouveaux gisements sont rentables dans la fourchette 50$-69$ le baril de West Texas Intermediate (WTI). La flexibilité de la production permet de diminuer et d’augmenter assez facilement la production.
Le gouvernement américain vient de revoir ses prévisions de production à la hausse avec une production prévue pour 2020 de 3,1M de barils par jour.
On peut s’intéresser à Pioneer Natural Resources, Continental Resources, Whiting Petroleum. Il existe aussi le tracker Energy Select SPDR Fund.
La consolidation du secteur a commencé. Noble Energy rachète pour 2 Md$ Rosetta une société très endettée du secteur présente dans le « Eagle Ford shale » et le « Permian Bain ». Le prix proposé marque une hausse de 25% sur le dernier cours côté. Il y a un mois Royal Dutch Shell a racheté BG Group en Grande Bretagne pour 70Md$. La consolidation devrait donc se poursuivre.
Si le pétrole continue de monter on peut également acheter du dollar canadien et de la rouble russe.
Dans l’assurance vie il est très intéressant de lire le dernier communiqué d’Allianz, la compagnie d’assurance allemande. Sur ses investissements réalisés au premier trimestre avec de nouveaux capitaux, elle a obtenu un rendement moyen de 2,2% à comparer avec 3% pour la même période de l’année dernière. Cependant comme le niveau des taux est extrêmement bas elle est obligée de se couvrir contre une remontée possible du niveau des taux cela ramène alors la rentabilité de ses investissements à 1,7%. Allianz offre un rendement de 4,7%, supérieur à celui d’Axa et de Avivia. L’écart devrait se combler rapidement si les taux restent bas et que la perte de capitaux gérés chez Pimco ne cesse pas rapidement.
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
d'Halluin
20 mai 2015Bonjour,
C’est bien là (dans l’assurance vie) où le système montre ses propres limites. Les banques-assurances ont des placements qui leur ramènent environ 2% alors que dans le même temps, ils doivent payer 4% leurs contrats d’assurances vie. Dans tous les cas (et c’est la même chose pour les Etats), cela peut tenir un peu mais pas très longtemps..
Et si les taux remontent (pour les banquiers-assureurs se sera une bonne chose que d’équilibrer leurs recettes à leurs dépenses), MAIS ce seront les Etats qui tomberont et seront incapables d’honorer leur dettes.
Les banques et les Etats de la zone euro ne vont pas bien Qui sera le premier à tomber et quand?
L’un des points à souligner (mais dont personne n’a parlé): le QE de la BCE intervient EXACTEMENT AU MOMENT OU les Etats de la zone euros devaient commencer à rembourser leurs gigantesques déficits liés à la crise de 2008 (ces deficits viennent en plus de leurs deficits « standards ou structurels)…. Comme quoi dans les milieux autorisés, ils sont bien au courant du problème. Le timing de la BCE pour son QE n’est absolument pas dû au hasard.
Quand les taux remonteront: cela va secouer très fort.
Grégory