En Europe, les statistiques sont toujours contrastées. L’indice PMI du mois d’août est plutôt bon ( il ressort maintenant à 51,7 ) mais la baisse de la production industrielle est inquiétante. Cela n’a pas empêché la préférence pour les valeurs européennes au détriment des valeurs de pays émergents de grandir pendant tout l’été, la BCE continuant de maintenir une politique très accommodante compte tenu de la fragilité de l’économie européenne.
Les résultats des sociétés européennes devraient progresser de 1% en 2013 contre les 5% anticipés au début de l’année, puis de 9% en 2014 et 10% en 2015. Les achats d’investisseurs américains ont été importants depuis le début de l’année (65Md$). Un certain nombre de belles entreprises européennes peuvent résister aux inévitables turbulences en vue. En France, la pression fiscale continue d’augmenter à tous les étages : 8,4% des foyers acquittent désormais 69% du total de l’impôt sur le revenu ! La France détient maintenant le record du monde de la dépense publique, elle atteindra bientôt un niveau d’endettement de 2000Md€. Il faut toutefois rappeler que ce montant ne prend pas en compte la dette publique sociale.
Il s’agit de la valeur des actifs que devrait posséder un fonds de pension capable de remplir les engagements pris par l’Etat pour les systèmes de retraite des fonctionnaires. Il se situe aux alentours de 4,7 années de PIB. Il faut y ajouter l’engagement pris envers les assurés sociaux de couvrir gratuitement l’accès à l’assurance maladie quand ils auront cessé de cotiser. Au total, la dette publique classique ne représente que le quart de la dette publique sociale.
Comme le niveau d’épargne des Français est de 13 000Md€, on peut faire tout à fait confiance aux experts de Bercy pour ponctionner cet argent qui a déjà payé l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu, l’impôt sur la fortune etc…… Ce sont les Japonais qui ont été les principaux acheteurs de dette française depuis le début de l’année. Le rendement de l’OAT 10 ans est de 2,48% contre 1,94% en Allemagne.
On pourrait très vite se retrouver au niveau italien qui est de 4,45%. Comme l’écrit Bruno Cavalier de Oddo Securities, le recul de la France est si lent que le marché apparemment ne juge pas utile de le sanctionner. Parmi les mauvais signes de la semaine Arnaud Montebourg, ministre du redressement Productif, avant de présenter ses 34 projets avait rappelé que « La finance c’est comme le cholestérol, il y a la bonne et la mauvaise ». Dans son esprit, cela signifiait que la bonne banque, c’était la « Banque Publique d’Investissement »…
L’Etat Stratège réinvente donc le Colbertisme et annonce de façon bruyante qu’il va consacrer 3,7Md€ d’argent public issus pour l’essentiel du grand emprunt de Nicolas Sarkozy… On pourra lire notre commentaire « Un plan pour l’industrie qui sent bon… le formol : quand les petits hommes gris ressuscitent la planification communiste et le protectionnisme conservateur ».
Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie, doit être remercié par les footballeurs. Ils vont échapper à l’imposition à 75% de leurs revenus supérieurs à 75%. Le projet de budget pour 2014 prévoit que la taxe qui devra être acquittée par les sociétés sera plafonnée pour les sociétés ayant un faible chiffre d’affaires et beaucoup de salaires. Ce qui est une astuce pour ne pas désigner les clubs de football par leur nom …
Cécile Duflot, la ministre du Logement, s’est particulièrement distinguée. Entre l’encadrement des loyers, la Garantie Universelle des Loyers, les attaques contre les agents immobiliers et les syndics d’immeuble …Cette loi, qui est une véritable négation de la réalité économique, aura pour conséquence d’accentuer encore la pénurie de logements… Ségolène Royal, la vice-présidente de la Banque Publique d’Investissement et Présidente de la région Poitou Charentes, est confrontée à la liquidation probable de l’entreprise Heuliez. Cela montre bien que le mélange des genres entre la politique et l’investissement ne peut pas donner de bons résultats.Elle avait déclaré en 2010 en engageant sa région dans le capital de l’entreprise : « Heuliez va repartir sur des bases solides et va pouvoir créer des emplois »…
Aux Etats Unis, le ratio de CAPE (Cyclically Adjusted Price Earning) mis au point par Robert Shiller, l’économiste de Yale, avait très bien prévu la bulle de la technologie (« Irrational exuberance ») et l’explosion des subprimes. Il estime en ce moment que le marché américain est surévalué de 62%. Cela n’empêche pas de nombreux stratégistes d’estimer que les valeurs américaines sont bon marché, ce qui permet à de nombreuses valeurs américaines de se retrouver à un plus haut historique. Il sera difficile d’assister à une expansion des multiples dans une ambiance de « tapering » (tap = robinet).
L’économie entre probablement dans une phase de croissance un peu moins forte. Les derniers chiffres de l’immobilier ne sont pas aussi bons que présentés. Les investisseurs privés sont d’ailleurs ceux qui se sont remis à acheter des actions. Le secteur de la finance est celui qui en a le plus profité avec les bons résultats annoncés par les banques américaines (Bank of America, Citigroup, Morgan Stanley, Goldman Sachs …)
Le bas coût du gaz de schiste et un coût du travail compétitif vont entrainer une réindustrialisation de l’Amérique, ce qui favorise particulièrement les valeurs cycliques. Dans les pays émergents, cela fait deux ans que les résultats sont dans l’ensemble inférieurs aux prévisions des analystes, car les salaires et les prix des matières premières ont fortement progressé. La hausse des salaires permet néanmoins de faire progresser la consommation intérieure, ce qui est bien évidemment un facteur positif pour le long terme. L’Indonésie va mieux que les autres pays émergents.
La Corée reste le moins cher des marchés asiatiques. Il est valorisée 10x les estimations de résultats pour les douze prochains mois contre 15 x pour l’Australie, Singapour, le Japon and 13x pour la Thaïlande and l’Indonésie. L’Inde a particulièrement souffert de la forte baisse de la Roupie. Singapour est délaissé par les investisseurs… Il y a encore de la croissance dans le paiement électronique et les semi conducteurs Le secteur du paiement électronique fait partie des secteurs où l’on trouve encore de la croissance significative.
Wirecard (systèmes de paiement sur Internet), Gemalto (sécurité, plateformes software, cartes à puce), et Ingenico, qui est présent sur les points de vente physique et sur le paiement mobile. Dans les semi-conducteurs, la reprise s’amorce après une période de milieu/bas de cycle ayant duré près de deux ans. Ceci conduit les fabricants de puces (fondeurs et mémoires) à revoir à la hausse leurs investissements,à mesure que les capacités approchent de la saturation et sous l’influence de l’innovation technologique. Cette situation favorise ASML (leader incontesté dans la lithographie), ASMI (fournisseur de machines de déposition) et AMS AG (micro capteurs).
Les cycliques sont à la mode Les valeurs cycliques européennes, susceptibles de bénéficier d’un retournement à la hausse de la conjoncture européenne, font partie des thèmes favoris des gérants. L’été leur a été propice. Dans les cycliques industrielles, on peut trouver en Italie des valeurs comme Prysmian (câbles pour l’industrie, la construction et les télécoms) et Interpump (pompes à haute pression, moteurs électriques). Dans l’automobile, le marché européen a l’air proche de la stabilisation. Le niveau de ventes reste élevé dans les émergents et record aux Etats-Unis. Les valeurs qui selon les gérants en profitent le plus sont : Volkswagen, BMW, Faurecia.
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
BA
19 septembre 2013En Italie, la situation est encore pire que ce qu’on pensait.
Jeudi 19 septembre 2013 :
Le produit intérieur brut (PIB) italien subira une contraction de l’ordre de 1,7% cette année, alors qu’elle était prévue à 1,3% en avril.
« La prévision pour 2014 sera ramenée à une croissance proche de 1%, contre 1,3% auparavant », a dit un responsable, ce qui reste plus optimiste que la plupart des prévisions d’économistes indépendants.
Des économistes interrogés par Reuters en juillet anticipaient une croissance de 0,5% en moyenne l’an prochain, tandis que le Fonds monétaire international projetait 0,7% en août.
Concernant le déficit budgétaire, le document attendu vendredi comportera un engagement à ne pas dépasser le plafond autorisé de 3% cette année, mais il ne dit pas si l’objectif sera révisé à 3% contre 2,9% convenu en avril dernier.
Ce qui est clair en revanche, c’est que l’objectif de déficit budgétaire pour 2014 sera relevé par rapport à celui de 1,8% projeté jusqu’à présent. La nouvelle estimation devrait tourner autour de 2,4%.
Quant à la dette publique, elle atteindrait un nouveau sommet de 132,2% du PIB en 2014, contre 129,0% prévus précédemment, selon un document du Trésor.
Elle représenterait aussi quelque 132% du PIB environ cette année, contre une précédente estimation de 130,4%.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters-00550687-l-italie-va-reduire-ses-previsions-de-croissance-607139.php
Poutine7
19 septembre 2013Bonjour M. Netter,
Je partage vos commentaires fiscalophobes. Il semble aussi qu’il y ait dans les tuyaux du Conseil d’Analyse Economique (un organisme pseudo-indépendant qui est plutôt la « voix de son maître ») la tentation de taxer les propriétaires avec comme argument fallacieux la prétention à réorienter l’épargne vers les entreprises (on s’étrangle …) et parce que l’investissement locatif n’est pas assez rentable (on s’étonne, vu le matraque fiscal et la surprotection des locataires).
Par contre, il me semble qu’on devrait s’inquiéter de ses liquidités qui viennent maintenant sur les marchés européens. Le marché américain est il déjà trop cher et l’argent imprimé par l’ami Ben se déverse peut-être sur l’Europe à défaut d’aller sur les émergents ?
Enfin, quand « on » se compare, « on » se rassure un peu. En Europe, il y a un pays qui progresse (au détriment des autres) l’Allemagne et son « modèle » qui est une belle imposture, un qui surnage la France et tous les autres plongent.
Charles Gave
19 septembre 2013Cher Roger,
Merci beaucoup de soutenir nos efforts.
Amicalement
Cg
roger duberger
18 septembre 2013Cher JJ Netter,
Merci pour vos informations qui m’éclairent.
En effet la presse est « vendue » aux politiques et les citoyens sont mal informés. D’ailleurs j’ai acheté et lu le livre recommandé par Charles Gave : « ils ont acheté la presse ».
Heureusement, que l’IDL est là pour nous rappeler certaines vérités.
A mes heures perdues j’écoute parfois France Culture et hier ils ont interviewé 2 journalistes qui ont fait un film sur Detroit. Deux journalistes à côté de la plaque, avec de bonnes œillères.
Personne à part vous, ne parle de la dette publique sociale, de l’engagement de payer les retraites des fonctionnaires….
Que fait la Cour des comptes, on nous parle du remboursement des lunettes par la sécu (2% du prix réel). Une goutte d’eau alors que c’est un Tsunami qui arrive. On nous enfume, on a affaire à des magiciens !!!
Bien cordialement
BA
18 septembre 2013Chaque année, l’Italie doit payer 85 milliards d’euros pour les intérêts de sa dette publique : record historique battu.
En 2014, la dette publique de l’Italie atteindra 2080 milliards d’euros, soit 132,2 % du PIB. Là-encore, record historique battu.
Mercredi 18 septembre 2013 :
Le « Costa-Concordia » redressé, et l’Italie ?
Croissance : – 1,7 % ou -1,8 %. Dette : 132 % du PIB (environ 2 080 milliards d’euros). Spread en hausse aux alentours de 260 points. Intérêts annuels de la dette : 85 milliards d’euros. Déficit aujourd’hui, selon la presse : 3,4 %, soit quatre ou cinq milliards de plus que le plafond prévu par Bruxelles.
http://italie.blog.lemonde.fr/2013/09/17/le-costa-concordia-redresse-et-litalie/
Quant à l’Allemagne :
Dette publique de l’Allemagne : 81,2 % du PIB, soit 2150 milliards d’euros. Je dis bien : 2150 milliards d’euros.
L’Union Européenne, c’est des pays surendettés qui se surendettent encore plus, pour pouvoir prêter de l’argent à des pays en faillite qui ne les rembourseront jamais.
L’Union Européenne, c’est un suicide collectif.