Comme les lecteurs de l’IDL le savent, je vis (et je sévis) depuis plus de trente ans dans les milieux financiers et économiques Anglo-Saxons .Et depuis au moins aussi longtemps, je me bats dans tous ces pays contre la notion Keynésienne qui stipule que maintenir des taux d’intérêts bas, très bas, voir négatifs en termes réels amène à des résultats favorables pour l’économie en général et pour l’emploi en particulier.Dans la vulgate Keynésienne, l’absence de croissance serait due à une insuffisance de la demande et il est donc nécessaire de procéder à « l’euthanasie du rentier », individu malfaisant s’il en fut puisqu’il épargne et vit en dessous de ses moyens.
« Mort aux fourmis » tel est le cri de ralliement de tous les disciples du prophète de Cambridge. Tout cela n’est bien sur qu’un tissu d’âneries et le fait que ce soit enseigné comme une vérité incontournable dans toutes les Universités le confirme s’il en était besoin.
Démonstration.
Imaginons qu’un banquier central incompétent (mais si, mais si, ce n’est pas si rare en particulier aux USA en ce moment) décide de fixer le prix de l’argent (les taux courts) à un niveau beaucoup trop bas. Voila qui ne manquera pas d’avoir un effet profond sur le taux de change de la monnaie de ce pays, qui baissera beaucoup pour se retrouver a un niveau totalement sous évalué. Cette brillante politique va complètement fausser tout le système des prix, puisque tous les prix dans un système économique dépendent de ces deux prix.Ce qui signifie que les prix ne veulent plus rien dire. Or le système des prix n’est rien d’autre qu’un système d’information dont les entrepreneurs se servent pour arriver à leurs décisions. Si l’on bloque les taux de change et les taux d’intérêts, le pauvres chef d’entreprise se retrouvent un peu comme un navigateur sans aucun instrument, en pleine mer, n’ayant aucune idée de l’endroit ou il est et sans aucun moyen de savoir vers où aller. Plus aucun chef d’entreprise ne peut prendre une décision rationnelle. Ils arrêtent donc de prendre des décisions, et comme la croissance économique dépend des décisions qu’ils vont prendre , l’activité se met à stagner, le chômage à monter et l’économie à se ratatiner. Et si par hasard ils en prennent quand même, il est fort probable qu’elles seront mauvaises (trop de maisons en Espagne trop de fonctionnaires en France , trop d’usines en Allemagne…), ce qui ne fera que renforcer les tendances à la baisse du niveau d’activité.
J’ai souvent décrit par le passé ce phénomène au point que nombre des lecteurs de l’IDL sont probablement persuadés que je suis obsédé par les effets désastreux des taux réels négatifs. Et pourtant, je vais y consacrer une chronique de plus tant ces taux trop bas me semblent massivement accroitre la fragilité de l’économie tout en amenant à des récessions /dépressions de façon quasiment inévitables. Et parce que patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
Explication :
En tant qu’entrepreneur ou dirigeant d’affaires, je peux emprunter pour deux raisons et deux seulement.
1. Je peux emprunter pour lancer une nouvelle affaire ou acheter une nouvelle machine outil. J’appellerai ce genre d’emprunt visant à accroitre ma capacité de production un emprunt « capitalistique ». Ces emprunts entrainent par solde une augmentation du stock de capital dans le pays.
2. Je peux emprunter pour me rendre propriétaire d’un cash flow existant. Par exemple, je peux essayer de racheter mon principal concurrent. Bien entendu, je ne le ferai que si les taux d’intérêts sont suffisamment bas pour justifier cette opération. Appelons ce deuxième genre d’emprunt un emprunt « financier ». Ce deuxième type d’emprunt n’amène en rien à une augmentation du stock de capital dans le pays mais bien plus simplement à un changement de propriétaire et à une augmentation de la dette.
Le résultat final d’une telle transaction n’est donc pas d’accroitre le stock de capital mais d’accroitre le stock de dette…
- Première remarque.
Si un choc exogène vient à frapper cette économie, une économie plus endettée souffrira beaucoup plus qu’une économie moins endettée. L’accroissement du stock de dette sans accroissement de la capacité de production ne peut que fragiliser l’ensemble du système (voir le Japon depuis la bulle qui dura de 1987 à 1990, parce que les taux courts y étaient trop bas. Ils ne s’en sont toujours pas remis).
- Deuxième remarque
Si les taux d’intérêts sont trop bas, c’est à dire s’ils sont très inferieurs à la croissance des profits dans les affaires déjà établies, alors les seuls types de prêts que les banques accorderont seront des « emprunts financiers » puisque le risque ‘ex ante » apparaitra beaucoup plus faible que pour lancer une nouvelle affaire par exemple. En tant que banquier, je serai complètement idiot de prêter à un fou qui va probablement se casser la figure en essayant de lancer un nouveau produit plutôt qu’à un homme raisonnable qui veut racheter son principal concurrent…Ce qui veut dire que comme la somme des prêts est limitée à chaque instant par la capacité des banques à octroyer des crédits ( un multiple de leur capital), ceux qui veulent créer des nouvelles entreprises ou acheter une nouvelle machine outil ne trouveront pas un sou.
Les emprunts « financiers » marginalisent les « emprunts capitalistes ».
Et comme le stock de capital n’augmente plus-puisque l’argent manque parce que les taux sont très bas– la productivité se met à baisser et avec elle la croissance structurelle de l’économie tandis que le chômage se met à monter -et le niveau de vie des classes moyennes s’effondrent. Cet inévitable ralentissement économique fait baisser la rentabilité des affaires existantes, ce qui rend très difficile le remboursement des dettes « financières » accumulées par nos brillants repreneurs d’affaires.Les résultats « ex post » ne sont pas du tout là la hauteur de ce que les acheteurs d’affaires avaient anticipé. Les profits baissent, mais la dette, elle ne baisse pas…Il faut donc mettre une partie du personnel à pied, ce qui renforce bien sur la spirale baissière….
Les travailleurs sont bien entendu les premières victimes de ces « dégraissages » (mot affreux s’il en fut). De ce fait, la confiance chez les salariés baisse, leur taux d’épargne se met à monter, et l’économie de plonger encore un petit coup.Derrière tous ces phénomènes désastreux, le désir par une classe de privilégiés de transformer des profits en rente en capturant l’argent gratuit que leur fournit la banque centrale. Et dans nombre de pays, cette classe de privilégiés a pris le contrôle des banques centrales.
En réalité, dans un certain nombre de pays, une ploutocratie technocratique a pris le contrôle de nos monnaies et de nos Démocraties. Pas dans tous, heureusement…
Conclusion
Comme le lecteur peut s’en rendre compte, les taux bas amènent fort logiquement à un ralentissement économique et à une très grande fragilisation des économies sous jacentes, créée par un excès de dettes, à une paupérisation du monde du travail et en fin de parcours à une implosion du monde financier qui, lui même, scie avec entrain la branche sur laquelle il est assis, en partant du vieux principe, « qu ‘ après moi le déluge…. »
Si, en revanche, les taux courts sont maintenus à un niveau proche du taux de croissance des profits, alors l’incitation à l’emprunt financier disparait. Prendre du levier, s’endetter ne paye plus. La Rente a disparu. L’épargne du pays s’investit alors dans les emprunts capitalistiques, le stock de capital augmente et avec lui la productivité, le plein emploi règne et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Des taux d’intérêts trop bas favorisent donc non pas les entrepreneurs, mais ceux qu’il faut bien appeler des vautours qui n’ont qu’un objectif: voler les actifs créés par d’autres en profitant du fait qu’ils peuvent avoir accès à l’argent gratuit…parce qu’ils sont en bon terme avec la banque centrale, ayant été dans les mêmes écoles.
Des taux normaux favorisent les entrepreneurs.
Des taux bas favorisent ceux qui cherchent à se créer une rente non gagnée.
En termes simples une politique Keynésienne arrive exactement au résultat inverse de celui recherché : le triomphe du rentier sur l’entrepreneur.
Et c’est pour ca que votre fille est muette.
.
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
shuniata
14 septembre 2014Je vois comme une erreur de raisonnement dès le début à propos du rachat d’une entreprise (opération financière) par l’emprunt ce qui conduirait à une augmentation du stock de dette.
Et d’un il faut savoir ce que le vendeur va faire de la somme qu’il reçoit. Il peut se désendetter auquel cas il n’y a pas plus de dettes avant qu’après.
Il peut aussi investir dans un nouveau business, financer de la recherche-developpement.
Il peut aussi ne rien faire auquel cas la dette supplémentaire est la contrepartie de l’épargne supplémentaire
Et de deux, ce qu’on constate dans un environnement de taux très bas, ce n’est pas une augmentation du stock de dettes mais bien l’inverse. Le stock de dettes subit une forte pression à la baisse. Confirmation via l’évolution des agrégats monétaires.
Les taux bas sont le résultat naturel des surcapacités de production qui créent une forte pression déflationniste, les BC parant au plus urgent avec le peu de moyens dont elles disposent (le + urgent c’est d’éviter une forte baisse du prix des actifs qui détruirait le système financier vu que ces actifs sont la contrepartie des dettes dans les bilans bancaires)
idlibertes
14 septembre 2014Cher monsieur,
Il n’y a pas d’erreur de raisonnement.
Je crois que vous devriez relire les articles sur l’euthanasie du rentier ainsi que celui de cette semaine.
Les taux bas ne sont pas le résultat de surcapacité de production, ils sont le résultat direct de la politique de la BCE ce qui n’a RIEN A VOIR avec les réalités concrètes; ce qui est bien le problème.
Dans l’éventualité ou vous ne l’auriez pas remarqué , nous sommes en période de taux très bas. Les entreprises qui ont la capacité, sont en train de rembourser tous ce qu’elles peuvent, les autres (celles qui devraient sauter afin d’apurer le système, (schumpeter) sont maintenues artificiellement en vie et les banques se retrouvent avec des créances de demi société fantômes car non compétitives en réalité et maintenues justement grâce au fait qu’elles s’achètent de la dette à bon compte.
En revanche, des grosses sociétés du type SFR ont le pouvoir de grossir et des périodes de taux bas permet à des énormes conglomérats d’émerger à bon compte ce qui en général peut amener assez vite à des situation de quasi monopole ce qui est juridiquement questionable. (Antitrust etc).
Cordialement
idl
MLCD
6 décembre 2013Selon vous, pour évaluer, sur territoire donné, la bonne fixation du taux d’intérêt nominal (resp. réel), il faudrait le comparer au taux nominal (resp. réel) de croissance des profits des entreprises ?
1/ Je suis étonné qu’il ne s’agisse pas de le comparer à la croissance nominal (resp. réelle) du PIB du territoire. Mais il s’agissait peut-être ici d’un simple raccourci de votre part pour illustrer votre propos et notamment afin de comprendre l’arbitrage « entreprises ».
2/ Comment fait on pour prendre en compte le fait que la croissance des valeurs ajoutées des différents secteurs d’activité (resp. la croissance des profits d’entreprises de différents secteurs d’activité) est différente ? J’avais cru comprendre que c’était une vertu du marché d’allouer la capacité financière sur les secteurs d’activité en croissance (resp. les entreprises en croissance). Dit autrement, puisque les différents secteurs d’activité n’ont pas tous la même croissance des valeurs ajoutées, cela implique qu’il y a toujours des secteurs d’activité « pénalisés » par les taux et d’autres « aidés » par les taux et encore d’autres « correctement portés » par les taux ?
A partir de quand peut on qualifier que des taux sont vraiment trop bas ? (et à quoi les compare t on ? a quel indicateur économique ?)
valmont2044
14 septembre 2013Cher M. Gave,
Une fois de plus un modèle de clarté dans votre exposé.
Si les gouvernants font le jeu des rentiers contre les producteurs de richesse, que peuvent faire les « fourmis » :Or? Bijoux, …. ou des dettes… comme tout le monde?
Je partage votre optimisme à long terme (comme parents, cela me semble souhaitable), mais comme le disait Keynes, « sur le long terme, nous serons tous morts »,…et nos enfants aussi… sans oublier que les démocraties peuvent finir très mal (Italie, France et Espagne en 1930-40), sans être capables de se réformer de manière civilisée. Les USA et le Japon pourront-ils aussi se réformer?
L’évolution de la Chine vers une vraie démocratie est-elle si inéluctable?
Roubini conseillait d’acheter une ferme, il y a quelques années; il n’a pas changé son conseil si ce n’est pour lui adjoindre des armes et des boîtes de conserves.
Nouvelle citation pour terminer « Que faire? » (Lénine).
Merci pour tout ce magnifique travail, à vous et à toute l’équipe.
roger duberger
3 septembre 2013Cher Monsieur Gave,
Votre article est passionnant – comme toujours -. Il prend à contrepied les vérités que nous assènent les médias : comme quoi des taux bas favoriseraient l’investissement et la croissance… Pour ma part, je pensais que les taux d’intérêt étaient fixés par la loi de l’offre et de la demande de capitaux, mais le marché me parait faussé par les gouvernements.
Le taux de profit de l’entrepreneur doit être supérieur de quelques pourcents au taux d’emprunt pour rémunérer l’audace et le risque. Dites moi si je me trompe. Merci
Marcelac
3 septembre 2013Bonjour M. Gave,
Qu’est ce que le taux de croissance des profits ? S’agit il du taux de croissance ?
Si oui, les taux courts sont proches de ce taux de croissance puisque celui ci est nul.
Charles Gave
3 septembre 2013Cher Monsieur
Bonne question
Sur le long term, les profits representent une part relativement constante du PIB
S’ils montaient plus vite, au bout d;un certain temps, les profits representeraient la totalite du PIB, ce qui est idiot
donc pour ne creer de distorsion, les taux courts doivent rester legerement inferieurs au taux de croissance
Pourquoi un peu plus bas ?:pour ajuster pourle risque
de plus
Il ne faut pas confondre taux de marge et taux de croissance
Une affaire peut avoir un taux de profit eleve et aucune croissance ou un taux de profit faible et une croissance tres forte
(restaurant 3 etoiles par exemple contre societe miniere par exemple)
Amicalement
cg
BA
2 septembre 2013Vendredi 30 août 2013 :
Un article incroyable, ahurissant, sur les mensonges de l’Union Européenne : pendant que l’Union Européenne faisait la morale à la Grèce pendant la journée, elle alimentait la Grèce en billets de banques la nuit en cachette !
En Grèce, l’argent tombe du ciel.
par Effy Tselikas (Athènes)
La Grèce, à court de liquidités, a évité l’implosion grâce à la livraison secrète de cash par l’UE. C’est l’envers du décor de la crise grecque : un pont aérien nocturne a fait ainsi transiter plus de 20 milliards d’euros en billets, ni vu ni connu. Récit.
http://fr.myeurop.info/2013/08/30/en-gr-ce-l-argent-tombe-du-ciel-12108
bil
2 septembre 2013Bonjour à tous,
Mr Gave, jp chevallier sur son blog nous indique que les taux US sont gérés de manière optimale ( pour les intérêts des USA ) cf lien ci dessous:
http://www.jpchevallier.com/article-taux-de-2-et-richesse-des-nations-119769923.html
Je dois avouer que vos deux argumentaires ont du sens et me laissent perplexe. J’aimerais avoir votre avis sur ce papier.
Cordialement.
Un fidèle lecteur.
Hugo
2 septembre 2013Tout à fait d’accord des taux trop bas fabriquent des systèmes de Ponzi sur les actions, les oblig et l’immo et quand les spéculateurs ne peuvent plus mettre plus de dettes dans leurs bilans tout fini par exploser. Ce qui est extraordinaire c’est que l’on refait pareil après le crach. On balance des dollars dans tout les sens, les spéculateurs vont sur les les actifs financiers, surtout ceux dans les emergents, les matières premières explosent avec la hausse de la demande, grace à leur croissance financé par des dollars tout frais. Et le pire dans tout ca c’est qu’on nous dit que la croissance aux US est trop faible !
Thyestes
2 septembre 2013M. Gave,
bravo pour ce billet brillant.
Pourriez-vous expliquer pourquoi le taux ‘normal’ de l’argent devrait être de l’ordre du taux de croissance des entreprises établies? Le taux de l’argent hors manipulation par les autorités correspond au prix de ‘clearance’ (en anglais) du marché de l’argent; il dépend donc (i) de la préférence des gens au temps (qui impacte le taux d’épargne) et (ii) de la demande de capital pour investir. Il n’y a aucune raison objective pour que ce taux soit égal aux profits des entreprises, sauf a imaginer que l’économie est statique, ce que bien évidemment en tant qu’entrepreneur vous récuserez (sinon comment faites vous des pertes et des profits?).
Concernant la distinction entre investissement nouveau et rachat d’un flux existant, on peut imaginer des situations ou un entrepreneur identifie une opportunité de meilleure utilisation du capital d’une entreprise que celle mise en place par le propriétaire existant (c’est en général le cas des restructurations d’entreprises) – ça ne correspond pas forcement a une capture indue du flux.
Votre distinction investisseur / prédateur me semble refléter l’effet Cantillon, c’est a dire que certains ont accès plus tôt que d’autres a l’argent fraîchement imprimé et peuvent ramasser ainsi des actifs avant que cet argent ait été dilue dans la société dans son entier. Il se trouve que ces personnes sont proches du pouvoir…mais on évitera de citer des noms!
Bien a vous
Thyestes
Charles Gave
3 septembre 2013Cher Monsieur
Vous avez parfaitement raison
Les amis de la Banque Centrale , ceux qui sont les plus pres de cet argent nouvellement cree sont en fait les grands gagnants
C’est ce que souligne Vn Mises, J’ignorais que Cantillon l’avait aaussi dit, ce qui est remarquable
Amicalement
cg
jeanpy
2 septembre 2013Bonjour,
vous dites que la politique monétaire est trop souple.
la masse monétaire croit pourtant à sa tendance depuis 1995.
vous dites que les taux courts doivent être maintenus au taux de croissance des profits. Or les taux courts affectent les profits.
Est-ce à dire que vous avez un niveau théorique de croissance des profits comme objectif ?
vous dites que les taux normaux favorisent les entrepreneurs et les taux bas ceux qui cherchent à se procurer une rente non gagnée.
Implicitement, le rendement des projets des entrepreneurs est donc supérieur. Est-ce que les entrepreneurs ne profitent pas plus lorsque les taux sont plus bas et donc que les taux bas génèrent une croissance du capital
idlibertes
3 septembre 2013Cher Monsieur,
La masse est la somme, le volume. (ie Le nombre de saucisses)
La politique est la direction donnée ( ie comment je les fais griller).
C’est assez différent.
Ensuite second argument:// « vous dites que les taux courts doivent être maintenus au taux de croissance des profits. Or les taux courts affectent les profits. »
ressemble beaucoup à:
« Ce qui est rare est cher, un cheval roux est rare, donc un cheval roux est cher »….. On est pas certain…..
Ensuite:
»
vous dites que les taux normaux favorisent les entrepreneurs et les taux bas ceux qui cherchent à se procurer une rente non gagnée.
Implicitement, le rendement des projets des entrepreneurs est donc supérieur ?????????
Lien logique manquant cruellement?
jeanpy
3 septembre 2013Point 1
Dans une définition disons traditionnelle, la masse monétaire est la politique monétaire (modulo le multiplicateur bancaire).
De quel point de vue la politique monétaire est-elle trop souple ?
Point 2
Si on admet que les taux d’intérêt affectent l’économie réelle, il existe des équilibres multiples taux/activité. Il me semblait que cela était acquis à la lecture du billet.
Point 3
Si les rendements ajustés du risque étaient équivalents, les taux normaux les rendraient profitables tous les deux (en admettant que les projets des entrepreneurs soient rentables).
Si les taux normaux ne favorisent pas le rachat de capital existant mais le projet des entrepreneurs, cela signifie que le rendement de rachat du capital est inférieur à celui du projet des entrepreneurs.
Soit r1 le rendement des projets
Soit r le taux de politique monétaire normal
Soit r *, le taux de politique monétaire bas
Dans un état de taux bas, rendement des projets : r1-r* > r1-r => les taux bas favorisent plus les projets que dans un environnement de taux court normal.
idlibertes
3 septembre 2013Cher Jeanpy,
Penser que la masse monetaire a de l’importance c’est penser que la velocité de la monnaie est constante, ce qui n’est pas vrai.
Ce qui m’amene à la question suivante:D’ou viennent les variations de la velocité de la monnaie?
La reponse est simple: de taux d’intérêts courts trop bas qui favorisent le levier (emprunt) pour acheter des flux de cash flow qui existent deja.
Voila qui change le proprietaire des actifs mais pas le stock de capital. La seule chose qui augmente c’est la dette ce qui rend le systeme plus fragile.
Et comme les banques ont une capacité de prét fixe à n’importe quel moment (environ 12 fois leurs fonds propres) ellss favoriseront TOIJOURS les actifs existants et producteurs de cash flow qui peuvent être achetés à bas prix si l’on peut emprunter à un taux anormalement bas et avec des coefficients de réserves obligatoires trés inferieures.
Les taux trop bas donc « crowd out », écrasent dans la masse, les investissements normaux au profit des investissements financiers
Ce qui amene à une inflation des actifs et à une deflation du prix des produits, ce qui est insoutenable sur le long terme et améne à une crise financiere de grande amplitude.
Quand les taux courts reviennent à leur niveau d’equilibre (souvent au dessus pour corriger les excés passes) les pertes en particulier dans le systeme bancaire qui a octroyé ces préts s’envolent et la vélocité de la monnaie s’écroule et avec elle l’économie.
Donc le but d’une banque centrale comme le disait Wicksell, doit etre de maintenir les taux aussi prés que possible de la croissance du PNB nominale pour empecher dans la mesure du possible ce que Charles Gave appelle, les emprunts financiers qui ne rajoutent RIEN au stock de capital dans un pays pour que seuls soient financés les emprunts capitalistiques
Cordialement
IDl
jeanpy
9 septembre 2013Bonjour,
L’achat en masse de capital existant a pour conséquence une hausse de son prix.
La hausse de ce prix augmente l’incitation à produire du capital nouveau, i.e l’investissement productif. (Q de Tobin > 1)
Wicksell envisage un taux neutre sur les prix . Une hausse de certains prix et une baisse des prix ne signifie pas une hausse généralisée des prix (processus inflationniste).
idlibertes
9 septembre 2013Cher Jeanpy,
je crois que effectivement, le point de discorde réside dans l’analyse wickeselienne ou non de la question. Le mois prochain, nous publierons une étude de gavekal dans la partie souscripteurs qui fait partie des analyses payantes de la société de charles toutefois si vous voulez me contacter en Mp @institutdeslibertes@gmail.com avec jeanpy comme référence, je peux vous la faire passer afin que nous évitions de reinventer la roue et que nous parlions en face de graphiques qui, comme chacun le sait, valent mieux que tous les longs discours.
Idl en mode bonaparte
jeanpy
10 septembre 2013merci
Louis Pirson
2 septembre 2013Merci pour cette brillante démonstration Monsieur Gave.
Seriez-vous d’accord avec moi pour dire alors que ce sont les actifs générateurs de cash flow qui sont touchés par cette « bulle » créée par des taux trop bas ? L’actualisation des cash flow futur à un faible niveau de coût du capital entrainant une augmentation de la valeur de ceux-ci.
Mais que les actifs générant de faibles cash flow, voire pas de cash flow du tout, seraient préservés : je pense ici aux terres agricoles, aux métaux précieux ou aux actions de sociétés détenant un important patrimoine mais générant un très faible rendement sur les capitaux investis.
emmanuel
2 septembre 2013Merci monsieur Gave pour cette brillante demonstration.
La Fed travaille depuis 2008 pour tenir l’economie de rentes d’un monde qui va disparaitre, et le bilan des banques couvertent de papiers sans aucun prix et aucune valeur.
Et les poltiques sont avant tout des rentiers.
Je suis convaincu que la fin de leur monde est proche.
La crise ultime est deja la…
Tres cordialement
Emmanuel
Serguei
2 septembre 2013Bonjour,
lecteur assidu, et libéral convaincu, je ne manque pas de prêcher autant que faire se peut vos bonnes paroles.
« qui bene amat bene castigat »
… Il est probable que je n’ai pas saisi toutes les subtilités de cette démonstration, mais pour une fois j’ai eu l’impression que vous empruntiez parfois des raccourcis un peu faciles : je ne crois pas à un changement aussi radical des politiques de prêteurs : taux bas ou moins bas, n’est il pas toujours moins risqué de financer un cash flow connu, ou tout du moins que l’on croit connaitre? en outre, admettons que si un investissement « capitalistique » se décide si le retour sur actif est au moins égal à celui du capital passé, à taux d’emprunt égal, il n’est pas « évident » que l’emprunt « financier » sera moins rentable que l’acquisition de capacités supplémentaires, voir de productivité supérieure.
une ou deux astérisques mentionnant les pré requis nécessaires pur comprendre cette démonstration ne seraient pas de refus! pensez aux profanes qui ne demandent qu’à comprendre et à se former!
Bien à vous
VL
idlibertes
3 septembre 2013Cher Monsieur,
Dans cet article, CG ne parle pas de sa croyance dans un changement de politique mais d’une constatation. D’autre part, si vous avez des questions (celles nécessitant des asteriques), je vous en prie, possez les car pour le reste des troupes, en tout cas, cela semble assez fluide tant il est vrai que ce sont des notions revues depuis « Libéral mais non coupable » et ou « la faillite de l’Etat ».
je vous invite ainsi à taper cash flow par exemple dans le petit moteur de recherche interne (en haut à gauche), ou même rentier, ou même capital (plus large) afin de pallier ces défaillances tout en restant à votre dispostions si vous aviez des questions pratiques formulées comme telles.
Cordialement
IDL
Martin T
2 septembre 2013Merci monsieur Gave pour se billet qui souligne une fois de plus le bon sens.
Cordialement,
Martin T
Romain
2 septembre 2013Merci M. Gave. Je vais le traduire avec votre autorisation pour le passer à mon professeur de politique monétaire, érudit aux oeillères et apôtre du Keynésianisme à ses (mes) heures perdues.
Amellal Ibrahim
1 septembre 2013Bonjour,
« Et c’est pour ca que votre fille est muette. »
Je n’ai pas compris la subtilité, est-ce que cela veut dire que leur politique échoue ?
Charles Gave
2 septembre 2013Cher ami
C’est extrait d’une des pieces de Moliere et on utilise cette formule depuis a la fin d’une demonstration un peu tiree par les cheveux
Je me moquais de moi meme
Amicalement
cg
Amellal Ibrahim
2 septembre 2013Merci pour cette réponse qui plus est d’être considéré comme « ami » …
Pour ce qui est de Molire, je n’ai lu que Dom Juan, Les fourberies de Scapin et Tartuffe mais je compte bien attaquer le reste …
Par contre les fourmis, ça j’ai bien compris qu’il s’agit de la fable de la Fontaine …
idlibertes
2 septembre 2013La fille muette, c’est l’enfant de Géronte, Lucinde, qui a perdu la voix, ou bien qui le simule, suite à un amour contrarié.
Le médecin qui doit la soigner, c’est Sganarelle.Et ces personnages se trouvent ensemble dans la pièce de Molière « le médecin malgré lui ».
Dans la scène 6 de l’acte II, Sganarelle explique à Géronte les raisons du mal de sa fille en utilisant des explications extrêmement alambiquées, sans réel sens et donc incompréhensibles, probablement même pour celui qui les prononce.
La fin de son explication donne un aperçu du reste du diagnostic :
« Qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… Ossabandus, nequeyrs, nequer, potarimum, potsa milus. Voilà justement pourquoi votre fille est muette. »
L’effet comique de cette phrase de conclusion d’un discours abscons a suffisamment marqué les esprits de l’époque pour qu’elle en devienne une expression.Par ironie, elle s’emploie également à la fin d’une explication d’une totale évidence, donc à l’opposé de l’utilisation normale.
🙂
Amellal Ibrahim
2 septembre 2013Promis, la prochaine fois je ferais l’effort de chercher :
http://www.expressio.fr/expressions/voila-pourquoi-votre-fille-est-muette.php
idlibertes
2 septembre 2013🙂
P.M
1 septembre 2013Merci de ce billet,Mr GAVE
Chaque fois qu on parle de banquiers centraux ,j entends la musique de l apprenti sorcier de P’Dukas
Une simple question cependant ,vous pensez que les taux vont remonter mais a votre avis a quel rythme : pensez vous,comme en 94? Moins vite?et s’ils ne remontaient pas vraiment avant plusieurs mois?
guillaume
1 septembre 2013Entre le rentier et l` entrepreneur se trouve…le travailleur, sa famille, sa maison a rembourser. Je pense que vous l´oubliez parfois dans ce texte brillant, mais toutefois tres doctrinaire. Je pense qu´elle vaut dans un contexte de croissance stable et equilibre. Est-ce le cas aujourd´hui?
Les krachs de 2008 ( immobilier US ) et 2011 ( dettes publiques ) et a venir ( sans doute dus aux emergents abreuves au credit facile ) ont fait s´evaporer des sommes colossales. Il etait donc normal que la FED remette de l´huile dans le circuit financier en maintenant le loyer de l´argent au plancher pour ne pas decourager l´investissement. Il n´y avait pas d´autre solution. Pour memoire, rappelez-vous les catastrophes engendrees dans les annees 30 et 80 lorsque les taux ont ete remontes trop vite, sans doute sous la pression…des rentiers.
Le but de la FED n´est pas d´enrichir les financiers, mais de faire en sorte que notre societe tienne encore debout en mettant de la monnaie et en permettant que les travailleurs puissent travailler et…se nourrir, eduquer leurs enfants, etc. Est-ce vraiment si terrible?
Il faut quand meme savoir que la monnaie sert a ca, et rien qu´a ca: fluidifier la circulation des biens et des services, depuis la nuit de temps, en jouant sur la masse monetaire. N est ce pas cela que font les banques centrales?
Alors certes, relever les taux, oui, plus tard, mais pas avec plus de 20%de nos jeunes au chomage. is sont, ou plutot devraient etre la prioite absolue des gouvernants.
Enfin, je me permets de penser qu´insulter Bernanke d´ idiot ou d´incompetent dans la plupart de vos articles nuit au fond a votre pensee, la bougre n´a sans doute pas merite de tels eloges.
PETRONE
4 septembre 2013Cher Monsieur,
vous avez trés certainement raison dans ce que vous dites et votre humanisme vous honnore.
Cependant a quoi cela sert il de vivre dans un monde virtuel ou certes tout continu à fonctionner en sachant que cette apparence sera et est déjà financer à crédit et que ce seront nos enfants et petits enfants qui paieront la note?
a tout prendre, je préfère leur éviter cela….
Là est bien le discours de Mr GAVE également il me semble.
cordialement
Charles Gave
17 septembre 2013L inflation est un transfert de richesse du préteur vers l ’emprunteur
Ce transfert de richesse n’a lieu que si les taux réels sont négatifs
A la fin des annees 70, les Americains ont inventé les marchés futurs sur les taux d intérets qui permettaient aux preteurs de se proteger
Ils se sont TOUS protegés et du coup. Les taux reels sont passés de -2 a +5
Du coup, Il y a eu transfert de richesse de l’empruteur au preteur et tout le monde a cessé d emprunter et donc la masse monetaire s est écroulée.
Je le sais. Bernanke le sait comme Volcker le savait.
Ce qui est VRAIMENT desespérant.
CG
Duff
1 septembre 2013Bonsoir,
Même si dans des billets précédents la question a été évoquée, les actions de la FED et de la BOJ devront nécessairement passer sur le grill de l’histoire.
Je suis de plus en plus convaincu de la nocivité intrinsèques des banques centrales. Elle peuvent jouer un rôle favorable à certains moments mais se pose la question de leur gouvernance : A quels actionnaires répondent-elles? Sont-ils les meilleurs avis à suivre? Une fois qu’une BC s’engage sur une politique de taux bas à long terme, comment en sortir? Faut-il nationaliser la création monétaire ou supprimer les banques centrales? Autant de questions posées il me semble par la crise actuelle.
JEPIRAD
1 septembre 2013Bonjour M. Gave et merci pour votre cours.
Si l’on rapproche votre présente analyse de celle que vous avez faite « Réfléchissons un peu » sur les comptes courants américains, on ne voit pas pour quelles raisons la banque centrale américaine ne relèverait pas les taux US. D’ailleurs les marchés ne sont-ils pas hantés par cette perspective?
Charles Gave
2 septembre 2013Cher ami
Je crois que ce que la Fed va faire a partir de maintenant est sans aucun interet.
Les marches obligataires ont pris le controle des taux longs et ne sont pas prets a les lacher
A partir de maintenant, nous chevauchons un Tigre et la cavalcade va etre interessante.
amicalement
cg
Marcelac
1 septembre 2013Bonjour M. Gave,
C’est brillant. Tout simplement.
Merci.
prime
1 septembre 2013Je suis complètement hors sujet. En fait je suis toujours dans le sujet de la semaine dernière… Être massivement short sur L’OAT 10 ans France est ce bien raisonnable? Tous les avis sont les bienvenus…
charlesM
1 septembre 2013Bonjour,
Si je poursuis votre logique, les taux bas produisent nécéssairement une déflation des produits courants ( apauvrissement, consommation en chute, épargne en hausse..) et une inflation des actifs. Comme ces taux bas sont là pour un bon moment, on devrait donc arriver à une situation où les actifs financiers ou immobiliers ne rapportent plus rien, et où nos chers financiers seront collés avec des choses invendables, un peu comme cela s’est produit dans les fonds LBO. A qui vont ils pouvoir refiler la daube? C’est assez inquiétant
roger duberger
1 septembre 2013Bonsoir,
D’accord pour l’inflation des actifs (si le rendement est faible, il faut que la valorisation des biens augmente).
Pour l’épargne en hausse, il faut vraiment que la consommation chute ou qu’il y ait un rendement incitatif sur l’épargne…
J’ai vraiment le sentiment (intuitif) que les taux bas fabriquent des bulles mais ne relancent pas l’économie réelle !
cordialement
Charles Gave
2 septembre 2013Cher Charles
On ne saurait mieux resumer ce que j’ai essaye de dire
Merci beaucoup
Amicalement
CG
roger duberger
1 septembre 2013Cher Mr Gave,
Merci pour ce billet.
Je suis bien d’accord avec vous pour ce qui est de l’euthanasie des « fourmis ».
D’accord aussi, sur la manipulation des prix et des taux de change, du fait de taux d’intérêt trop bas.
La distinction des types d’investissement, et de leurs incidences, me parait discutable. L’entrepreneur a le choix d’investir ou de racheter un concurrent ou ses parts de marché. Je ne sais pas si on peut vraiment classifier les investissements de capacité et les investissements financiers.
Ce qui parait nocif, c’est la bulle (même si c’est amusant…) qui se crée du fait de trop de crédits faciles (immobilier au Japon dans les années 90; en France et en Espagne maintenant…?). C’est vrai que les banquiers français sont frileux pour prêter aux entrepreneurs, et inconscients de prêter – sans apport – pour de l’immobilier.
On nous a longtemps asséné que les taux bas permettait de relancer l’économie (faux l’argent n’y arrive pas) mais en fait ça permet aux gouvernements d’emprunter toujours plus à pas trop cher.
Bien cordialement
El oso
1 septembre 2013Tout simplement génial…
Tout devient si clair avec vous, M. Gave…
Ceci dit, la conclusion est navrante, nous sommes entre les mains de tristes sires…