Dans la Zone Euro, l’apaisement demande à être confirmé. Le rebond des taux souverains périphériques a été très modeste. Les rendements des dettes italiennes et espagnoles sont en dessous de leur plus haut du mois de juillet. L’apaisement qui bénéficie du climat volontariste du côté de la BCE a tenu bon cette semaine. Il faut noter que le soutien apporté par Jörg Asmussen, membre allemand du directoire de la BCE, à Mario Draghi, est un signal important du consensus qui devrait permettre la mise en place d’un mécanisme de rachats relativement ambitieux. Les déclarations de Mario Draghi à Jackson Hole le 1er septembre prochain devront être suivies de près, en attendant, bien évidemment, la décision de la Cour Constitutionnelle allemande sur le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) le 12 septembre.
Pour le moment la BCE a fait le choix de l’inflation ce qui selon Boris Pilichowski, gérant de fonds à Londres, est désastreux pour la jeunesse européenne. Le procédé est aussi vieux que l’existence de la monnaie. Il s’agit d’imprimer de l’argent pour payer les dettes de l’état et des banques en faillite. L’Europe doit absolument inventer un « game changer » c’est à dire une vision qui permet après les sacrifices nécessaires d’entrevoir un peu de lumière au bout du tunnel.
Marchés actions : Wall Street au plus haut depuis le début de la crise
En Europe, l’Indice PMI composite, mesurant l’activité dans l’industrie et les services s’est inscrit à 46.6 en août, quasiment au même niveau qu’en juillet (46.5, +0.1 point). Il s’agit du 7e mois consécutif sous la barre des 50 points délimitant expansion et contraction. Dans l’industrie, l’indice remonte de 1.3 point à 45.3 en août, et signale un rythme de contraction légèrement moins intense qu’en juillet. En revanche, le repli de l’indice des services s’est accéléré, à 47.5 en août (-0.4 point).
Ce sont les places européennes qui ont le plus reculé cette semaine . Le DJ 600 et l’Eurostoxx ont respectivement cédé 1.8% et 1.6%. Le Dax a mieux résisté (-0.8%). En revanche, l’IBEX dont le rebond au cours des dernières semaines avait permis de porter les indices pratiquement à leur plus haut niveau de l’année a reculé de 3.3%. Repsol a chuté de 11.2%, Iberdrola de 6.8% et BBVA de 5.2%. Les meilleures performances du Stoxx 50 ont été Deutsche Bank (2%) et Diageo (1.6%). A noter, le rebond de 11% de Nokia qui a permis au marché finlandais de gagner 3%. La volatilité du Dax est repassée au-dessus de 20% (20.9% contre 18.14). Le marché grec a perdu 3.8%.
En France, le problème de la croissance va peser sur les choix fiscaux et le débat politique. Les 1,2% de croissance anticipés par le gouvernement devront être ramenés entre 0,5% et 0,7%. Comme 0,1% de croissance en moins représente 1 Md€ de recettes en moins pour le Trésor, cela signifie que si la situation ne se redresse pas, il faudra trouver environ 10Md€ de recettes supplémentaires pour 2013.
La taxation à 75% des revenus supérieurs à 1M€ pose de nombreux problèmes. Pour arriver à la rédaction d’un texte qui ne soit pas remis en cause par le Conseil Constitutionnel il faut mettre en place une véritable usine à gaz !
La décision sur le Livret A est considérée comme une bêtise estime Robin Rivaton, consultant en stratégie dans Le Monde. En décidant d’augmenter de 50% le plafond du Livret A en deux étapes d’ici décembre, il semble que le gouvernement ait décidé de ne pas tenir compte des recommandations de la Cour des Comptes qui critiquant les propositions de François Hollande.
Enfin, on a appris que les fonctionnaires ne pourront plus être licenciés puisque le décret « sur la réorientation professionnelle des fonctionnaires » a été abrogé par le Marylise Lebranchu, Ministre de la Fonction Publique. Le texte prévoyait qu’un agent dont le poste était supprimé pouvait être mis en disponibilité sans rémunération, affectation ou indemnisation chômage, s’il refusait trois offres d’emplois en remplacement. Puis il courait le risque d’être licencié ou mis à la retraite d’office s’il en rejetait trois autres ! Après avoir défait systématiquement ce que la majorité précédente avait fait, il faudra rapidement revenir à la réalité. Les commentaires effectués cette semaine sur le nucléaire et sur les gaz de schistes en sont peut être l’amorce. Le gouvernement n’a pas beaucoup d’autres solutions que de se conformer maintenant à ce que les marchés attendent de lui.
Heureusement Guy Sorman classé par le Wall Street Journal parmi les économistes libéraux, explique dans son dernier livre « Journal d’un optimiste » que c’est l’Europe qui sauvera la France des français, en les empêchant de commettre leurs bêtises habituelles..
En Allemagne, la croissance du PIB a été confirmée à +0.3% T/T pour le deuxième trimestre (après +0.5% au T1). Elle se situe ainsi en hausse de 1% d’une année sur l’autre. Celle-ci a été tirée par les exportations (+2.5%, contribution de 0.3 point) et la consommation (+0.4%, contribution de 0.2 point).
Aux Etats Unis Mitt Romney le candidat républicain, est en train de développer son programme autour de l’idée que le rôle des gouvernements consiste à rester à l’écart et laisser fonctionner la destruction créatrice inhérente à toute économie libre. Son problème du moment est qu’il est critiqué dans son propre camp pour ses incessantes variations selon les circonstances et les interlocuteurs ! En attendant, la croissance a été supérieure à ce qui était attendu. L’indice PMI manufacturier (indice différent de l’ISM et affichant un historique beaucoup plus court que ce dernier) est resté en territoire légèrement expansionniste à 51.9 en août (contre 51.4 en juillet). Les nouvelles commandes ont progressé (+1.6 point à 52.6) malgré une réduction des commandes à l’exportation. Par ailleurs, l’emploi a progressé à un rythme relativement faible dans le secteur manufacturier. Les Etats-Unis, bien que la lecture des PMI ne présente pas d’indication de récession, connaissent les effets de la crise européenne et du ralentissement chinois par le biais de la pression baissière sur les exportations. Par ailleurs, le marché immobilier poursuit son lent redressement et on assiste à une stabilisation des inscriptions au chômage. Dans ce contexte, l’indice S&P a touché son plus haut (1426) depuis le début de la crises financière actuelle.
En Chine, l’indice PMI manufacturier publié par HSBC (orienté essentiellement vers les entreprises du secteur privé) a faibli à 47.8 en août après 49.3 en juillet, soit une baisse de 1.5 point. Il s’agit du 10e mois consécutif sous la barre des 50 points délimitant expansion et contraction de l’activité et du plus bas niveau depuis novembre dernier.
Devises : l’Euro poursuit sa progression
L’euro a poursuivi sa remontée face au dollar depuis son plus bas en-deçà de 1,21 atteint le 24 juillet. La parité euro-dollar a dépassé le seuil des 1.25, gagnant 1.8% sur la semaine, renforcée par le renforcement des attentes vis-à-vis de la BCE et par la perspective d’une nouvelle phase de rachat de titres par la Fed, dans le sillage de la publication des minutes du FOMC. L’euro s’est renforcé par rapport à la plupart des devises, dont le yen et la livre sterling. L’ensemble des devises asiatiques a faibli contre euro. Curieusement, les devises matières premières ont reculé contre euro alors même que les matières premières progressaient.
Matières premières : hausse de l’or
L’indice global des matières premières CRB Reuters Jefferies a gagné 0.8% sur la période porté par la remontée du pétrole/brent, de l’or et des métaux industriels. Les anticipations d’un nouveau QE ont bénéficié à ces actifs. Le baril de brut WTI est resté stable à 96$ mais l’approche de l’ouragan Isaac pourrait créer des ruptures dans la production. A noter, la hausse du prix de l’essence : le gallon vaut 3.74$ contre un plus bas de 3.35$ début juillet en raison d’une réduction de capacité de raffinage et de nombreux accidents dans les raffineries. Le baril de Brent a atteint 116.7$ (+0.7%). L’indice des métaux industriels a monté de 2.9% grâce à l’aluminium (3.8%) au nickel (5.5%) et au zinc (4.8%).
L’indice des denrées alimentaires est resté quasiment stable mais le soja a encore monté (4.2%, en raison de la faiblesse des récoltes au Brésil et en Argentine ce qui profite aux USA) ainsi que le coton.
L’once d’or a clôturé à 1669.2$ (3.3%). L’once d’argent a gagné 10% à 30.78$ et celle de platine 5%.
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.