A la veille du referendum sur le Brexit, les marchés croyaient à son rejet et s’enthousiasmaient sur les valeurs anglaises et la Livre Sterling. Quel que soit le résultat
il devrait inciter à une réflexion autour des points suivants
Il s’agit d’un référendum historique, au moment où l’Union Européenne est plus affaiblie que jamais. Après être passée par la crise financière des subprimes, la crise grecque, la crise ukrainienne, la crise de l’immigration, nous sommes maintenant dans la crise du Brexit. La gestion de crise étant devenue la seule norme de fonctionnement de Bruxelles, il faut maintenant en profiter pour revoir tout le projet européen. L’Europe à 28 pays n’est tout simplement pas gouvernable. Il y a pour simplifier deux pistes. Soit une Europe à deux vitesses, c’est à dire une union resserrée et plus homogène délestée de ses membres les plus problématiques dont la France. Soit l’Allemagne quitte la zone Euro avec les pays du nord de l’Europe, ce qui permettrait aux pays du sud de l’Europe de dévaluer et d’améliorer leur compétitivité et de réduire enfin leur niveau de chômage
Bienvenue dans la réalité
L’Europe ne peut plus fonctionner avec une monnaie unique sans aucune convergence des politiques économiques, fiscales et monétaires de ses pays membre. Agissant comme un super État gérant des fonctionnaires en surnombre, l’Europe qui avait promis de la croissance et du plein emploi, n’a délivré que de la décroissance et du chômage. L’Euro a très largement contribué à cette situation. Il a amené à créer des usines en Allemagne, à construire des maisons en Espagne et à engager des fonctionnaires en France. Toute une génération d’Européens est condamnée à l’exil ou à vivre une vie d’assisté. Si l’on veut sauver la construction européenne il faut une nouvelle perspective…
Les politiques économiques, monétaires et sociales suivies aujourd’hui ne sont pas assez respectueuses de la liberté de l’entrepreneur. En France, ce ne sont pas les entreprises, les profits, les emplois qui croissent, c’est l’État, sa fonction dans l’économie, et le pouvoir des technocrates. Tocqueville, par exemple, constatait déjà que « Les Français préfèrent l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité » .
L’Histoire est pleine d’exemples de pays qui se sont écroulés sous le poids de leurs rigidités. À l’origine, on retrouve toujours les mêmes facteurs : un mépris des règles économiques de base, un projet politique dont le coût est incompatible avec les réalités économiques, des élites démagogiques…
La gauche en France qui a le quasi-monopole des media et des programmes éducatifs (et du cœur bien sur) est lentement montée dans le système politique. Bien entendu, elle est en train d’échouer économiquement. La chasse au bouc émissaire n’a pas été très efficace. Il s’agissait de montrer du doigt bien sûr « les riches et les banquiers ». On a forcé nombre d’entre eux à l’exil au nom de la « justice sociale ». Le problème, c’est que la nature de la création de richesse a changé. Autrefois, la richesse était constituée par des actifs réels, immeubles, usines, terres agricoles qui restaient en France, même si l’on forçait leurs propriétaires légitimes à l’exil et à la pauvreté. Aujourd’hui la richesse est immatérielle et quitte le territoire national avec ceux qui s’en vont. Le durcissement de la politique fiscale actuelle a convaincu nombre de ceux qui restaient envers et contre tout, de s’en aller à leur tour. L’appauvrissement devenu général a été beaucoup, beaucoup plus rapide que par le passé….
Les frontières de l’Europe sont devenues une passoire. Partout les partis politiques ne jouent plus leur rôle de corps intermédiaires. Les partis populistes de droite comme de gauche ont le vent en poupe. On assiste à une révolte proche de celle qui se manifeste dans l’Amérique de Donald Trump.
Un effet domino aura lieu. Il y aura d’autres referendum en Italie, aux Pays Bas, en Finlande et peut être encore en Ecosse. De nombreux pays n’acceptent plus d’abandonner leur statut d’Etat Nation à celui d’Etat Membre…
En Grande Bretagne, on estimait à la veille du referendum que le Brexit coûterait entre 0,5% et un point de PIB par an, que la Livre pourrait baisser dans un premier temps de 10%. En revanche, les sociétés qui font partie de l’indice FTSE seraient moins touchées car elles dépendaient d’avantage de la croissance mondiale que de l’économie britannique. Si les concessions que David Cameron a obtenu de l’UE sont jugées insuffisantes la Grande Bretagne aura deux ans pour négocier son divorce. Il peut se produire dans l’ordre comme un divorce par consentement mutuel. Il peut en revanche très vite évoluer en bataille de juristes qui auront du mal à trouver une solution dans un délai de deux ans. Il peut aussi provoquer des dégâts collatéraux comme une sécession de l’Ecosse….
Sur le marché anglais les secteurs les plus vulnérables sont : les banques comme Barclays, HSBC; La distribution avec Tesco, Sainsbury; l’immobilier comme Hammerson et British Land. Les secteurs qui seraient favorisés sont l’aérospatial avec Rolls Royce, Smith Group, BAE Systems; l’assurance avec Prudential et Aviva.
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
Jepirad
26 juin 2016Bonjour dans l’Histoire Cameron restera celui qui a fait voler en éclat la Grande Bretagne.
bruno bartolotta
25 juin 2016Malheureusement cela ne change pas grand chose à la France, nous ne sommes pas une démocratie représentative nous sommes une tyrannie administrative. Même si une majorité des français étais pour le frexit il n’existe aucune plateforme politique pour lui donner corps et la faire exister.
Le parlement français n’appartient pas à la nation, il appartient aux fonctionnaires. les partis ne peuvent pas exister sauf à obtenir du financement public fondé sur leur nombre de députés.
En France cela passera encore par la violence et la révolution. ou l’effondrement de l’édifice. Tout dépendra en fait si l’état pourra encore verser son aumone aux français ou non. Car ils ne se lèveront que lorsqu’il n’y aura plus de sous à la fin du mois.
En attendant, quel homme politique ce Cameron. Moi j’applaudis même si j’étais en faveur du Brexit.
Voil`s un homme qui a redressé son pays confronté à une crise énorme et qui part en rallumant le phare de liberté que ce pays a toujours été pour l’Europe continentale dans ses heures les plus noires.
C’est un grand homme qui part aujourd’hui et c’est un homme qui part avec honneur.
Bravo M. Cameron et merci.
josick
25 juin 2016« nous sommes une tyrannie administrative. »
Structure administrative d’occupation… par l’intérieur ! C’est l’expression qui convient !
sassy2
24 juin 2016c’est peut être l’un des plus beaux jours de ma vie
ai fait de l’argent sur quelque chose qui me tenait à coeur et hier je n’ai pas faibli.
les plus gros pb sont en europe, les anglais ne font que devancer.
les histoires sur les banques sont dépassées car celles ci vont devoir muter (les histoires de place fin à Paris ou francfort sont une blague qui démontre vraiment que bruxelles et les politiques sont au bout du rouleau)
en revanche dans une lutte frontale F allemagne, la PAC par exemple ne survivrait pas (elle qui tenait grace à UK). Or l’agriculture française a été phagocytée par bruxelles et allemagne… or les banques F en sont dépendantes par leur bilan
Ce qui est incroyable est que trump a quitté les us pour l’ecosse pour reconforter à sa façon les Brits: la grande classe!
Cant Stump the Trump a retweeté The Independent
THE MADMAN ARRIVED JUST IN TIME
COINCIDENCE?! OF COURSE NOT!
Cant Stump the Trump ajouté,
The Independent @Independent
Just when you thought things couldn’t get any worse, Donald Trump is giving a press conference http://ind.pn/291c2on
Aljosha
24 juin 2016Le Brexit est un immense hymne à la joie !!!
sassy2
24 juin 2016ma reco acheter UK à 9h 30 n’a pas été publiée
je repense à ça car je viens d’essayer de lire ceci:
http://www.zerohedge.com/news/2016-06-24/today-appetizer-monday
et je me demandais ce qu’une personne ayant de l’expérience pouvait en penser.
j’ai battu bcp de record ce matin et je le dois à un fait : je n’étais pas en position lors du meurtre. ce qui m’a permis d’être clair et frais ensuite. J’ai pulverisé nombre de fonds.
Quels quants a acheté UK à 9h30?
Apres avoir lu cet article j’ai repensé à la scène que raconte Buffet lorsqu’avec Munger ils visitèrent salomon bros en dépôt de bilan (…banque tres speciale on ne « travaille » plus comme cela), et ils conviennent de la laisser tomber (alors qu’on sent qu’ils ont de bons contacts avec la fed…).source snow ball effect.
je viens de me dire que salomon est une époque révolue de même, pour ces quants.
On peut essayer de tout comprendre dans cet article, je ne sais pas si je suis crevé mais il m’est impossible de comprendre comment on peut spéculer ainsi à long terme.
D’ailleurs ces gens se sont fracassés sur main street ce matin.
Bref, les banques doivent se repositionner, muter (blockchain, londres centre RMB.., fin flash trading interdit en 1933(?) ) et je pense que la city l’a bien compris et qu’elle a demandé le BREXIT. pour faire du dumping . pour licencier.
certaines de ces banques ne vont pas déménager à paris ou francfort : elles vont disparaître.
idlibertes
24 juin 2016Bon, serait- il possible dans le cadre de cette discussion de partir sur une globalité « sujet/verbe/complement »
Parce que les suivies « poss de prendre position sur marché en open call sur 2 après 4 fois sur 9″ had me at hello »
Merci
Gerhom
22 juin 2016Bonjour à tous,
C’est un sujet intéressant, demain une page importante peut s’ouvrir, même si le lobbying médiatique pour le « remain » devient juste presque insupportable.
Mais je pense qu’il est important de dissocier 2 points de cet article tant ils ont leur importance.
Le premier est qu’effectivement, l’Union Européenne, et tout particulièrement la zone Euro (l’union européenne c’est encore un autre sujet, sujet dont s’occupe actuellement les Anglais), ne peut continuer à prospérer en l’état, et je suis tout à fait de cet avis qu’elle ne peut plus fonctionner avec une monnaie unique, en ce qui concerne la zone Euro (avis partagé sur la confusion entre Europe et UE, même si l’on pourrait étendre cette confusion à Europe (continent), UE, Zone Euro, espace Schengen, mais ça devient tellement compliqué qu’on se résume à Europe :))).
Mais je ne vois pas comment une sortie de l’Euro peut être possible, d’autant plus pour l’Allemagne, même si économiquement elle a tout intérêt à sortir (on se pose d’ailleurs toujours la question de savoir si elle est vraiment rentrée de plein gré dans cette zone ou si elle n’a pas, dans un sens ou dans un autre été plus ou moins « forcée » lors de sa réunification). Au vue de la balance Target 2 qui n’a cessé de se dégrader depuis 2008 (différentiel important), l’Allemagne se retrouve totalement piégé dans cette zone qu’elle tient à bout de bras.
Le deuxième point est le problème France. Il est clair que l’Euro à jouer un rôle important mais le simple retrait de la France de la zone Euro ne changerait sur le fond pas grand chose. Il me semble, si mes souvenirs sont bons, que Mr. Gave avait une fois dit à l’antenne que cela fait 30 ans que la France est en crise, voir plus, ce qui est tout à fait juste, et pourtant l’Euro n’existait pas à l’époque, nous sommes face également à un problème chronique, structurel de la France.
Il y a eu les bons côtés et les mauvais côté de l’Euro, avant 2008 les choses n’allaient pas si mal.
C’est la défaillance du système financier actuel qui a failli, l’Euro n’étant qu’une composante.
Qui sont les responsables ? Et il y en a ! Y a t-il eu des sanctions ? Sommes nous reparti sur une base saine après un bon nettoyage ? Non, on remet les mêmes personnes et on recommence. Voici le fond du problème. L’élite se protège car elle est protégée, les banques sont toutes puissantes et peuvent faire tout ce qu’elles veulent, ayant comme garantie les actifs de monsieur tout le monde.
Donc il y a 3 problèmes, l’Euro et les déséquilibres liés au fait qu’il fonctionnerait si il y avait une homogénéité du modèle économique, fiscal des Etats membres, chose que nos élites s’acharnent à faire mais qui reste une illusion, donc effectivement il y a des choses à faire de ce côté là, un problème structurel Français, qui détruit ses entrepreneurs avec une pression fiscale insupportable et les pousse à fuir, un Etat omniprésent et obèse, un modèle social qui n’a jamais été en mesure d’être financer, et le plus important, qui est la cause des 2 autres problèmes, les élites qui commettent de graves erreurs sont protégées et non sanctionnées/remplacées, donc comment voulez-vous que ça marche ?
Donc l’Europe, ça peu fonctionner, mais il faudrait un bon ménage entre les bons fonctionnaires et les mauvais…
sassy2
22 juin 2016pb pour:
ryan air
& plein de cie qui font de l’optimisation
la sortie de l’Allemagne aurait due être réalisée en 2010
décision rationnelle donc impossible à prendre pour eux
nolife
22 juin 2016Si le Pays-Bas demandent leur référendum et décident de partir, est-ce qu’ils garderont l’€ ?
NONAME
22 juin 2016L’Europe à 28 pays n’est tout simplement pas gouvernable.
Soit une Europe à deux vitesses, …
L’Europe ne peut plus fonctionner avec une monnaie unique …
… l’Europe qui avait promis de la croissance et du plein emploi, …
Cette confusion entre l’ « Europe » et l’ « Union Européenne » m’exaspère ainsi que je vous l’ai fait remarquer la semaine dernière. J’ai suivi la campagne référendaire dans la presse britannique et j’ai remarqué qu’elle ne tombe pas dans ce travers.
L’Union Européenne avec ses « commissaires » me rappelle l’URSS. et ses commissaires politiques. A ce propos, je vous signale un livre publié en 2005, « L’Union européenne, une nouvelle URSS ? »
AgentDevlin
21 juin 2016Vous êtes ma dose de lucidité obligatoire par semaine! Merci
Oblabla
21 juin 2016Idem. Merci !