Greta Thunberg est en bateau vers Gaza. Après s’être signalée, durant son enfance, par son combat écologiste, la jeune fille est désormais engagée pour la Palestine. Celle qui voyait le CO2 à l’œil nu, une grande prouesse ophtalmique, voit désormais d’autres combats à mener. Avec toujours l’idée cruciale de la décroissance, car l’Occident est responsable de tous les maux et de toutes les guerres de la Terre. Le concept de décroissance étant une arme redoutable pour détruire l’Occident.
La promesse perdue de la prospérité
Durant la période soviétique, les communistes vendaient une promesse, celle d’apporter la prospérité et le développement. Face au monde capitaliste, ils devaient faire mieux que lui, être une terre de bonheur et de travail heureux. Donc envoyer des hommes dans l’espace, supprimer le chômage et les crises économiques, qui ne peuvent être que causées par le capitalisme, se doter d’une industrie lourde toute puissante. Le communisme était meilleur parce qu’il bâtissait une société meilleure. Les résultats obtenus furent pour le moins décevants. Partout, URSS, Cuba, Corée du Nord, Algérie, Chine, etc., le communisme a apporté la pauvreté et la désolation. Dans son combat pour le développement et la croissance, il a indubitablement perdu.
D’où, avec la chute de l’URSS, un recyclage grâce au champ de l’écologie.
Le capitalisme est ainsi accusé d’apporter la désolation, de détruire les paysages, de polluer, alors que le communisme respecte la nature. C’est complètement faux. Tous les régimes communistes ont connu des catastrophes écologiques majeures : assèchement de la mer d’Aral, explosion de Tchernobyl, mines polluantes, industries lourdes ne respectant pas les normes écologiques des pays capitalistes. Mais, tenant les leviers des médias et de l’éducation, ils sont parvenus à cacher les désastres écologiques du communisme.
Exalter la pauvreté
Et puisque le communisme apporte la pauvreté, les idéologues ont retourné la situation en prônant à leur tour la pauvreté, via la décroissance.
En effet, disent-ils, le capitalisme apporte la richesse et le développement, mais ce sont deux maux dont l’homme doit se prémunir. Idéologues écologistes et bourgeois romantiques qui voient dans la campagne le lieu du paradis perdu se sont retrouvés dans leur détestation du capitalisme. La ville est honnie, le travail manuel, sans machine, est l’horizon à retrouver, l’homme y était tellement heureux. Oubliés les maladies infantiles, les taux de mortalité, les femmes décédées en couche : le passé était meilleur que le présent, la société de développement et de technique est mauvaise et il faut retourner dans le temps d’avant, avec la décroissance. Le communisme, en effet, aboutit à la décroissance. Mais ce qui était vu avec horreur par ceux qui, dans les années 1930-1980, sortaient de cette époque est vu avec délice par des écervelés qui ne l’ont pas connue. Ou qui n’ont pas lu Jean Fourastié.
Comprenant qu’il ne pouvait pas gagner en proposant le développement, le communisme contemporain fait donc l’apologie de la pauvreté et du recul des sociétés. La décroissance étant présentée comme le seul moyen de « sauver la planète » alors que c’est exactement l’inverse : c’est par le développement des techniques et par l’innovation que les problèmes écologiques peuvent être réglés.
Le marché a vaincu le wokisme
Une autre raison pour laquelle le communisme prône la décroissance est que la technique est son pire ennemi.
Il est possible d’imposer un monopole sur les médias quand les technologies sont peu développées. Cela est plus difficile quand les stations de radio, basées à l’étranger, peuvent diffuser leurs ondes sur le sol français, comme c’était le cas à l’époque d’Europe 1 (Sarre), RTL (Luxembourg) et RMC (Monte-Carlo). Aujourd’hui, le développement des réseaux sociaux et des moyens techniques rend possible le fait de créer du contenu vidéo et texte et de le diffuser facilement, en touchant le plus grand nombre. D’où la volonté étatique de toujours imposer une « régulation » des médias, qui est surtout un contrôle de conformité intellectuelle à leur profit.
Le marché, parce qu’il permet le développement technologique, fourni des moyens de luttes et de victoires contre le communisme.
Le marché a ainsi tué le wokisme : les films Disney ont fait un flop, les séries Netflix n’ont pas trouvé preneur. Il a fallu que les grands groupes modifient leurs contenus afin de maintenir leurs parts de marché.
Le développement de l’IA générative permet déjà la création de films de très grande qualité. Fini donc les acteurs mauvais et le système d’intermittents du spectacle. Il sera très bientôt possible de créer directement des films de qualité, à destination des familles ou à but pédagogique, en s’affranchissant du système de production et de distribution.
Autre victoire du marché, celle de la mécanisation des tâches pénibles. Quand beaucoup prônent l’ouverture des frontières pour faire venir des populations engagées comme subalternes, il faut constater que la plupart de ces métiers vont bientôt disparaître. Les voitures autonomes vont rendre inutiles les chauffeurs de taxi, les drones vont permettre les livraisons urbaines dans le dernier kilomètre, des robots qui cuisinent sont déjà utilisés en Chine (notamment pour cuire le riz), quand d’autres, au Japon, s’occupent des personnes âgées, pour les changer et leur assurer des soins. Inutile donc d’ouvrir les portes migratoires pour satisfaire des métiers en tension.
Décroissance chez nous, pas ailleurs
La croissance technique et économique est donc le meilleur levier pour mettre un terme au communisme, d’autant qu’elle ne peut exister qu’en système économique et politique ouvert.
La décroissance qui est défendue par les communistes l’est uniquement en Occident, jamais ailleurs. Les Africains qui vivent dans la pauvreté ne veulent pas de la décroissance, ils veulent pouvoir manger à leur faim. Comme les Chinois des années 1970 et les Vietnamiens des années 1980. Les Cubains ont connu et connaissent toujours la décroissance ; il est peu probable qu’ils s’en réjouissent.
Défendue en Occident, mais jamais ailleurs, la décroissance est une arme redoutable contre la puissance des Occidentaux. C’est un levier de premier plan pour détruire les civilisations de l’intérieur et les placer sous l’esclavage de ceux qui n’auront pas pris le chemin d’un retour en arrière.
Auteur: Jean-Baptiste Noé
Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).
Henry
23 juin 2025Super bien écrit et malheureusement très juste conclusion.
Je me souviens vers 2009-2010, j’avais assisté à une conférence sur la décroissance et la finance durable par patron européen du risk asset management d’une très grosse boite. Je sors de la conférence et je vois le conférencier monter dans sa voiture : un 4X4 Porsche immatriculé au … Grand-Duché de Luxembourg. Tout était écrit.
Le bonheur décorrélé des revenus et des possessions matérielles comme expliqué : bien sûr mais pour les autres
La durabilité exigée comme indispensable à notre survie : que les ploucs prennent le train, les bienpensants continueront à vivre dans le confort et la liberté.
La décroissance vantée comme seule issue civilisationnelle : une évidence mais qui doit épargner l’élite qui dirige autant que celle qui apportent la bonne parole, les gueux n’ont qu’à manger des insectes, une soupe et un quignon de pain et mettre deux pulls et trois couvertures en hiver comme leur ancêtres.
Désormais quand quelqu’un me parle de durabilité ma réponse est invariablement la même chose : « Un proverbe africain dit que la forêt grandit mieux quand les vieux arbres montrent l’exemple. »
La décroissance, ce n’est pas le progressisme ou en tous cas pas le progrès, c’est…l’appauvrissement de l’occident déguisé en vertu. Une régression voire une destruction de nos sociétés, un cancer qui ronge les libertés, détruit l’innovation et appauvrit les masses, un two-tier system où la frugalité est imposée au peuple, pendant que l’ » » »élite » » » « » »intellectuelle » » » non productive s’octroie le confort sous prétexte de nécessité ou de mérite. J’en veux pour exemple Greta T. arpentant le monde sur son voilier.
PS: J’adore ce site, chaque fois que je lis un article de Charles G. ouautre je suis ravi.
Explorer76
17 juin 2025Les 4 cavaliers de l’Apocalypse se nomment Socialisme, Ecologisme, Islamisme et Wokisme. Leur structure est identique. Chef omniscient, vérité révélée, discours irréfragable, texte fondateur non questionnable, absence de libre arbitre individuel, primat du groupe sur l’individu.
Blondin
16 juin 2025Bravo pour cette synthèse.
On en revient toujours au même constat : la chute du régime soviétique n’a pas donné lieu à un « Nuremberg du communisme ».
La nature intrinsèquement totalitaire du communisme, les catastrophes humaines et écologiques, n’ont jamais été mises en évidence. Et les intellectuels qui en étaient les hérauts n’ont pas fait leur mea culpa ni même mis en cause.
Il est donc facile pour cette idéologie de prospérer sous une autre forme.
le chinois
16 juin 2025Monstrueux
…et stupide .
Gaulois refractaire
17 juin 2025Qui ça ? Vous ?