15 novembre, 2014

La baisse du pétrole profite aux consommateurs mais déstabilise les pays producteurs

Si le pétrole continue de baisser, on devrait commencer à noter des effets positifs au en Europe et au Japon. Cela permettrait de compenser en partie les hausses de la fiscalité.

Comme toujours en matière de pétrole, la géopolitique est toujours extraordinairement présente. Pour simplifier, la Russie a besoin d’un baril de pétrole à 110$ pour équilibrer son budget. L’Arabie Saoudite à la tête du camp sunnite est à la manœuvre pour déstabiliser la Russie, grand supporter de l’arc chiite, qui souhaite déstabiliser toutes les monarchies pétrolières du Golfe. L’Occident maintient de son côté, ses sanctions contre la Russie, en raison de son comportement vis à vis de l’Ukraine. Tout le problème c’est que de nombreux pays producteurs de pétrole vont se retrouver très vite en difficulté. Le Venezuela a besoin d’un baril à 160$ pour équilibrer son budget, L’Iran 130$, l’Iraq 114$, l’Arabie Saoudite 90$. Il faut aussi avoir à l’esprit que les gaz de shiste extrait aux Etats Unis a besoin d’un prix autour de 115$, le Canada autour de 100$….

Les sociétés qui profiteront le plus de la baisse du pétrole sont aux Etats Unis les compagnies aériennes : American Airlines Group (n°1),Delta Air Lines (n°3), United Continental Holdings, Southwest Airlines  ; en Europe : Air France KLM, Lufthansa (Allemagne), SAS (Suède), Finnair (Finlande), IAG (contrôle British Airways, Iberia and Vueling en Espagne).

François Hollande devrait retourner sur les bancs de l’école

En France, la dernière prestation de François Hollande à la télévision, n’appelle que des commentaires factuels. Un Président de la République capable de dire en annonçant la création de nouveaux « emplois d’avenir » que « Cela ne coûte rien, c’est l’Etat qui paye » en dit long sur son incapacité à comprendre le fonctionnement de l’économie ! Il aurait peut être du aller à l’INSEAD avec Arnaud Montebourg pour prendre quelques cours de rattrapage en économie des entreprises…..

Pendant qu’il est en Nouvelle Zélande toute la semaine, on continue à bricoler avec les idées des uns et des autres, sur les emplois d’avenir, le compte pénibilité, le crédit impôt recherche, l’Aide Medicale aux Etrangers….

Signe des temps, le Medef et la CGPME vont appeler leurs troupes à se mobiliser prochainement contre la politique du gouvernement Valls.

Les patrons seront probablement rejoints par les professeurs d’Université et les étudiants. La véritable bombe des prochaines semaines pourrait être le fait que la dotation de Bercy accordée aux Universités françaises ayant été réduite de 20% par Bercy, cela aura pour conséquence de mettre rapidement les deux tiers des Universités dans l’impossibilité de payer leurs personnels…

Le marché américain est au plus haut

Aux Etats Unis, les résultats des entreprises ont été supérieurs aux prévisions des analystes dans 75% des cas. Les créations d’emploi ont été un peu inférieures à ce qui était prévu. Avec un marché de l’emploi qui progresse, prix de l’essence qui se retrouve au plus bas depuis quatre ans et des prêts hypothécaires qui sont au plus bas et Wall Street au plus haut, on devrait avoir un bon quatrième trimestre en matière de consommation. Tout cela est tempéré par le fait que les salaires augmentent peu et que les ménages pensent en priorité à rembourser leurs dettes.

Le S&P 500 a plus de 2030 a franchi son dernier record historique de la mi septembre.

Les élections de mi mandat ont fait basculer sans surprise le Sénat et donc le Congrès dans le camp républicain. Comme d’autres présidents Barack Obama ne devait avoir plus aucune liberté de manœuvre pour les deux années qui viennent.

Le rouble a baissé de 25% depuis le début de l’année

En Russie la Rouble a perdu 8% cette semaine. Les capitaux fuient le pays l’inflation grimpe et l’obligation de l’Etat Russe à 10 ans offre maintenant un rendement de 10,19%.

Le prix du pétrole a baissé de 25% depuis le mois de juin. Les grande sociétés russes n’ont plus accès aux marchés financiers occidentaux. Le coût du service de leur dette devient difficilement supportable. Même le géant Rosneft est ébranlé. Les sanctions occidentales obligent la Russie à se préparer pour une guerre financière.

La dégradation de l’économie russe devrait toucher des sociétés européennes comme : BP, Raiffeisen Bank (plus de 50% du résultat est réalisé en Russie), Carlsberg, Anheuser Busch InBev, Heineken.

Parmi les sociétés française  dans l’agro alimentaire : Danone, Lactalis, Bonduelle, Sucden …; l’automobile : Renault , PSA Peugeot; les transports: Safran, Snecma, Alstom; la finance: Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis; la distribution: Auchan, Décatlon, Castorama, Leroy Merlin; l’ Energie: Total, Novatek, GDF Suez, EDF; la pharmacie: Sanofi, Servier, Boiron, Ipsen, Pierre Fabre.

La hausse du Renminbi rend les produits chinois moins compétitifs

Conséquence de la hausse du Dollar américain, le Renminbi chinois auquel il est lié, s’est apprécié depuis trois mois de 10,7% contre le Yen, de 7,8% contre l’Euro et de 5% contre le Won coréen. Si on prend en compte les exportations de la Chine par pays la hausse de la monnaie chinoise face à celles de ses partenaires commerciaux ressort à 15% depuis le début de 2013. Si le mouvement continue la Banque centrale chinoise n’aura pas d’autre choix que de réaliser une mini dévaluation pour préserver la compétitivité de ses entreprises.

Les valeurs chinoies qui résisteront le mieux à cet environnement sont celles qui ont la capacité d’ajuster facilement leurs prix et de le faire accepter par leurs clients. Parmi ces sociétés figurent : Alibaba (connecte fournisseurs, distributeurs et consommateurs), Baidu (the Google of China), Huawei (concurrent des équipementiers télécom), WuXi Pharmaceutical (location de chercheurs), Tencent (portail , jeux, réseaux sociaux et social media), Changhung Dacheng Industrial Group (transforme des déchets de maïs en produits chimiques).

L’économie réelle que les politiques ont beaucoup de mal à comprendre

Tous les grands bureaux d’étude sont en train de préparer leur exercice annuel qui consiste à anticiper les secteurs et les thèmes les plus attractifs pour l’année qui vient. Parmi ceux que l’on trouve le plus souvent on note : l’automobile sans conducteur qui va complètement modifier tout le secteur et celui de ses sous traitants ; le transport avec des projets de nouvelles liaisons ferroviaires entre la Chine et ses partenaires. Le rail serait deux fois plus rapide que le maritime et 70% moins cher que l’aérien ; les robots qui vont envahir encore plus toutes les usines de la planète tout en détruisant de nombreux emplois ; la nouvelle économie du partage ; les drones… Autant de domaines que nous suivront pour vous au cours des prochaines semaines.

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

7 Commentaires

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  • JEPIRAD

    22 novembre 2014

    Bonjour, Certes rien ne coûte rien. Donc le langage de notre Président est inapproprié. Dans le contexte actuel, puisque l’étau de la fiscalité ne se desserre pas, on peut se demander s’il vaut mieux payer un chômeur plutôt qu’un emploi d’avenir. En ce sens ça ne coûterait pas plus au contribuable. Selon les perspectives vues par les experts vous rapportez que « les robots qui vont envahir encore plus toutes les usines de la planète tout en détruisant de nombreux emplois ». Or il me semble avoir lu ici que contrairement aux idées reçues, les robots industriels créent dans les pays développés des emplois. En effet selon les spécialistes du secteur, les robots permettent de rapatrier des activités jusqu’à présent délocalisées. En moyenne 1 robot industriel implanté permet la création de 3 emplois ce qui ferait pour une base de 20 000 robots/an, 60 000 emplois. Hélas en France seulement 3 000 robots/an sont installés, ce qui est peu alors que dans les pays comme la Chine, USA, Japon, Allemagne, Corée du Sud il s’en installe plus de 20 000/an. Même l’Italie va atteindre plus de 10 000 cette année.

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    • Josick Croyal

      15 novembre 2014

      Pourtant Nicolas Doze l’a aussi entendu cette petite phrase : « « Cela ne coûte rien, c’est l’Etat qui paye » »

  • Dourte olivier

    15 novembre 2014

    Quatre à six mois pour les premiers effets me paraît raisonnable. A savoir qu’effectivement une telle baisse du coût de l’énergie va avoir sans aucun doute un impact fort positif pour la croissance. La baisse de l’euro sera également bénéfique mais dans une moindre mesure puisque renchérissant au contraire le prix de l’energie.

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  • nolife

    15 novembre 2014

    « Autant de domaines que nous suivrons pour vous au cours des prochaines semaines. »

    Merci beaucoup pour tous ces articles

    Au fait, combien de temps faut-il pour qu’une baisse de l’€ et des prix du pétrole aient un impact sur la croissance de la zone € ?

    Merci

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    • idlibertes

      15 novembre 2014

      L’impact sur la croissance dépend de tellement d’autres facteurs, en même temps….

    • nolife

      15 novembre 2014

      Ok merci.

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