Quatre matières premières ont beaucoup baissé au cours de ces derniers mois : l’or, l’argent, le pétrole ainsi que le minerai de fer et le cuivre. Dans un environnement économique normal où les politiques monétaires, les taux d’intérêt et les taux de change ne sont pas manipulés, cela constitue des signes avancés qui indiquent que l’économie réelle peut entrer en récession, en dépression, en déflation ….
Dans un monde totalement manipulé où l’effondrement des taux d’intérêts a supprimé la référence qui permet de valoriser convenablement les différentes classes d’actif, on assiste régulièrement à la formation de bulles
Le référendum sur l’or pourrait entrainer une forte hausse du métal jaune
L’once d’or qui a baissé de 39% depuis son plus haut de 1920$ atteint en septembre 2011, pourrait reprendre un peu de hauteur. En effet, un référendum sur l’or aura lieu en Suisse le 30 novembre prochain à l’initiative du Parti Populaire Suisse (SVP) qui se veut ultra-conservateur et euroseptique. Aux dernières élections il a remporté 26% des voix.
Rappelons que la Banque Nationale Suisse (BNS) pour empêcher le Franc Suisse de monter, maintient la parité de 1,20€. Cela a eu pour conséquence 1/ de faire passer en trois ans, avec les achats d’Euro, les réserves de la banque centrale de 207Md CHF à 470Md CHF ; 2/ de créer une bulle immobilière, car les taux d’intérêts ont été maintenus à des niveaux très bas ; 3/ de profiter aux sociétés exportatrices beaucoup plus qu’aux ménages qui ont vu le coût de la vie monter pour eux.
Le Franc Suisse avant 1997 devait être garanti par 40% en or physique détenus dans les coffres de la BNS. Ensuite, le pourcentage a été ramené à 25%, pour être totalement supprimé en 2000. Les réserves en or sont en ce moment à leur plus bas depuis 1948 en proportion de l’ensemble des réserves de l’institut d’émission suisse. Sur les 2590 Tonnes détenues en 2000, 1550 Tonnes ont été vendues. Le montant de métal jaune détenu ne représente plus que 1040 Tonnes soit 39Md CHF et un peu moins de 8% de l’ensemble des réserves détenues (508Md CHF).
L’initiative « Sauvons notre or suisse » a recueilli 107 000 signatures soit 2% de l’électorat. C’est pourquoi un référendum est organisé à la demande du SVP qui prétend que cet or est la propriété du peuple suisse, ce qui interdit à la banque centrale d’en disposer comme elle le veut. Il demande également un retour au niveau de 20% des réserves sous la forme d’or. Si ces mesures sont votées, il faudra que la Banque Nationale Suisse acha ète 56M d’onces d’or soit au prix actuel un montant de 65,5Md$. Ce montant représente le stock d’or détenu par l’ensemble des ETF dédiés à l’or physique. Il faudrait donc que la BNS achète 300 Tonnes d’or par an pendant les cinq prochaines années. Cela pourrait entrainer une envolée du métal jaune. Selon les derniers sondages le référendum recueillerait 45% de voix pour et 38% contre.
Les grandes mines d’or qui pourraient le plus en profiter sont : Barrick (230T de production annuelle), Newmont (154), Anglogold Ashanti (122), Gold Fields (95), Kinross (76)
Une forte baisse de l’argent est souvent le signe qui annonce la déflation et la dépression
L’once d’argent a baissé de 25% depuis le mois de juillet. Charles Gave de GaveKal à Hong Kong fait observer que depuis 100 ans son cours se traite librement sans l’intervention des banques centrales. Il est donc intéressant de constater que chaque fois que le prix de l’argent a baissé de plus de 20%, cela s’est produit neuf fois en cent ans, il s’est produit soit une dépression (1920), une très forte dépression (1930), une rechute de l’économie qui n’a cessé qu’avec la deuxième guerre mondiale (1937) puis en 1981, 1970, 1984, 1991, 2009, 2014….Cela confirme tout l’intérêt de conserver selon lui, en ce moment, un portefeuille équilibré entre des actions et des obligations de bonne qualité.
Le premier producteur mondial d’argent est Fresnillo au Mexique
Le contre choc pétrolier a des effets asymétriques
Le pétrole vient de baisser de plus de 30% sur les cinq derniers mois. Au niveau de l’économie mondiale, cela devrait se traduire par 0,2% de croissance en plus, 0,2% également pour l’Europe. En revanche l’effet sera neutre au Japon du fait de la baisse de 25% du Yen. Les secteurs qui vont le plus en profiter sont ceux des transports routiers, maritimes et aériens ainsi que la chimie.
Par contre, les pays producteurs vont voir leurs recettes baisser fortement. Ce sera le cas pour l’Iran, l’Irak, le Brésil, le Venezuela, l’Algérie, le Nigéria, l’Angola…
La prochaine réunion de l’OPEP aura lieu le 27 novembre prochain. Si le baril tombe au dessous de 75$, l’Arabie Saoudite va entrer dans la zone de déficit budgétaire. La probabilité est faible, car elle a atteint sur le plan géopolitique tous les objectifs qu’elle s’était fixés : 1/ affaiblir la Russie qui finance « l’arc chite » qui souhaite déstabiliser toutes les monarchies pétrolières du Moyen Orient 2/ Obliger l’Iran à poursuivre ses négociations sur le nucléaire 3/ ralentir aux Etats Unis la vague d’exploration dans le gaz de schiste et le pétrole non conventionnel.
Pour profiter d’une remontée des cours du baril, on peut s’intéresser à l’ETF SPDR Energy ETF. Ses principales positions sont : Exxon Mobil, Chevron, Schlumberger, Occidental Petroleum, ConocoPhilips, Pioneer Natural Resources, Halliburton, Anadarko Petroleum, Philips 66
La chute du minerai de fer montre la chute de la croissance chinoise
Le minerai de fer a perdu 50% depuis le début de l’année. Nous sommes au plus bas depuis 2009. La Chine est de loin le premier consommateur de fer. Si on passe en dessous de 60$ ce sera une très mauvaise nouvelle pour le secteur.
Les principaux producteurs sont les sociétés suivantes : Rio Tinto (51% du CA/UK) , BHP Billiton (31%/Australie, UK) , Anglo American (18%/ UK/Afrique du Sud), Glencore (0,1%/UK, Suisse) Vale (Brésil), Fortrescue Metal Group (Australie)
Pause probable sur le marché japonais
Au Japon, la popularité du premier ministre est liée à celle de la bourse. La perspective d’élections pourrait entrainer une pause du marché japonais selon Louis Gave de GaveKal à Hong Kong. La dépréciation du Yen depuis le 3 septembre 2012 ressort à -33,5% contre Dollar, -33,2% contre Euro, -35% contre le Won coréen.
La France est devenue un pays déficitaire récidiviste
La France est au pied du mur à Bruxelles. A force de ne pas respecter ses engagements elle a perdu tout crédit. Au moment où une grande partie de la gauche dénonce « l’orientation libérale » d’Emmanuel Macron ministre de l’économie de l’industrie et du numérique, il est utile de revenir à Milton Friedman chef de file des anti keynésiens, père du mouvement économique néo classique de l’Ecole de Chicago. Comme les manuels d’économie destinés aux élèves sont choisis par les syndicats de professeurs qui font la promotion du magazine « Alternatives Economiques » et des économistes d’Attac, ils ont peu de chances d’entendre parler de Milton Friedman qui est un des économistes les moins apprécié par l’université française. Dans les débats gauche-caviar tendance gros grain, il est de bon ton de démolir l’économie de marché.
Quand un pays consacre 57% de son PIB aux dépenses publiques, ce qui est le cas de la France, le citoyen ordinaire et l’entrepreneur sont enfermés dans un carcan. Milton Friedman faisait le commentaire suivant : « l’accroissement perpétuel des dépenses publiques est sans fin, quand les mesures initiales n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs. Les hommes politiques en concluent que le gouvernement n’en a pas fait assez et ils réclament des programmes supplémentaires. Ils obtiennent aussitôt l’alliance des gens qui envisagent des carrières de bureaucrates dans le cadre de ces programmes et de tous ceux qui pensent pouvoir siphonner à leur profit une partie de l’argent dépensé »
Si le « Plan Macron » est mis en œuvre avec surtout l’obligation de l’appliquer dans le cadre d’un calendrier précis, François Xavier Chauchat de GaveKal Paris en conclut que c’est le moment de renforcer le pourcentage d’actions européennes dans les portefeuilles. L’Euro n’est plus surévalué, les taux d’intérêts sont à leur plus bas historique, la croissance reste faible, mais selon lui, la baisse du prix du pétrole pourrait constituer le premier catalyste d’une reprise des bénéfices.
Un des moyens les plus simples pour profiter de ce mouvement est de s’intéresser à l’ETF : Lyxor ETF DJ Euro Stoxx 50
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
Simon
15 janvier 2015Le jargon américain pour masquer les mesures visant à neutraliser l’or comme référence face au dollar montre bien que les États Unis sont en défaut de paiement donc en dépôt de bilan
Roger Duberger
28 novembre 2014Cher JJ Netter,
Merci pour ces infos si interessantes.
Je sais que je vais me faire tirer les oreilles, mais avoir quelques mines aurifères peut être une bonne diversification.
Par contre la chute du pétrole, des minerais nous rapproche de la déflation et de la dépression.
Je ne crois pas que l’euro soit à son prix, surtout quand je vois le yen baisser.
Quand au mélodrame français sur les économies à réaliser, la suppression des 35 h, le travail le dimanche, je ne suis pas inquiet, ça sera remis à plus tard.
Par contre la grosse surprise risque d’arriver au printemps avec le vote de la Grande Bretagne…
Bien cordialement
Alecton
28 novembre 2014Comment expliquer cette baisse du prix de l’or dans un contexte d’achats frénétiques de la part des autorités chinoises et russes?
Y aurait il un autre facteur à prendre en compte que celui de l’offre et de la demande ?
idlibertes
30 novembre 2014Cher Monsieur,
oui, les explications arrivent demain
Alecton
2 décembre 2014Merci pour votre réponse dont je suis curieux de lire les développements.
Ma question est purement rhétorique, les marchés des matières précieuses, en l’occurrence, or et argent, font l’objet de manipulations massives visant à rendre les monnaies fiat plus attractives que les monnaies « historiques ».
Les stocks détenus par la FED pour le compte de tiers ont vraisemblablement fondu (si j’en juge par l’empressement de la FED à refuser tout audit sérieux ou à répondre positivement aux demandes de rapatriements en provenance d’Allemagne ou de Suisse).
Le fixing pose lui aussi de nombreuses questions, notamment du fait de la procédure en cours à l’encontre de Barclays, Deutsche Bank, HSBC et Société générale sur de possibles manipulations à Londres depuis 2004.
Je ne suis pas un acharné de l’or, mais, cette volonté d’en manipuler la valeur m’interpelle.
idlibertes
3 décembre 2014ça c’est le problème de la ploutocratie qui de tout temps à toujours chercher à manipuler les cours mais l’idée que l’or les empêcherait d’avoir recours à cette tentation est une illusion. Regardez avant guerre, avec le franc pinay les monnaies étaient indexées, les banuses avaient des réserves gigantesques et pour autant, cela n’a rien empêcher et certainement pas la guerre. Tous les pays devenant des acharnés de la thésaurisation et on arrive à des état de dépression par les stocks. pas franchement une réussite non plus…
Alecton
5 décembre 2014La thésaurisation pour elle même, ne sert absolument à rien ; j’ai très longtemps été déstabilisé par l’adage qui vise à considérer que l’or est stérile.
C’est bel et bien la thésaurisation qui stérilise les capitaux disponibles. Ce qui ne signifie pas en revanche, qu’une monnaie dont la valeur adossée à un stock de matières premières telles que l’or et l’argent, ne pourrait pas être un outil précieux afin de garantir la crédibilité du pays qui la détient.
En tant que particulier, l’or est pour moi une ceinture de sécurité ; je considère que quels que soient les efforts du bloc occidental pour en maintenir artificiellement le cours bas, sa valeur intrinsèque et son statut de monnaie universelle antédiluvienne lui permettront de jouer un rôle dans la fixation des valeurs de monnaies fiat.
idlibertes
7 décembre 2014Excepté que l’or n’est pas une monnaie mais je sais ou cela va….las
gptanguy
27 novembre 2014Je sais qu’il y a débat s’agissant des récents sondages sur le référendum en Suisse…
Néanmoins les dernières données sont celles-ci:
« Le second sondage SSR sur les prochaines votations a laissé entrevoir un revirement de la population sur la question. Entre le 24 octobre, date du 1er sondage, et le 19 novembre, le oui a chuté de six points, de 44% à 38%. Tandis que le non a bondi de 39% à 47%. Mais il reste encore 15% d’indécis. »
source: http://www.24heures.ch/economie/speculation-focalise-vote-suisse/story/25657948
nolife
26 novembre 2014Bonjour,
« La Terre, elle ne ment pas » paraît-il, en est-il pareil pour les matières premières ?
Comment expliquer 4 % de croissance aux USA avec tout le reste qui coule ?
Merci bien
vivelafrance
26 novembre 2014Tout ça tout le monde le sait mais bon !!
4% grace aux avancées technologiques au dollar au gaz et petrole de schiste, au taux de marge qui permet au final aux sociétés us de dégager de gros cash flow positifs et donc de continuer à rassurer les actionnaires et à obtenir de l’argent afin d’investir intelligemment dans la recherche et l’innovation, des banques qui dégagent des profits colossaux malgré les amendes historiques qu’elles ont du payer à l’état pourtant lui meme impliqué directement dans la crise des subprimes.
On fait porté le chapeau au secteur privé qui assume ses responsabilités et ses erreurs ce qui n’est pas le cas de l’état et des banques centrales etc etc……
Malgré les politiques monétaires dangereuse de la Fed et du président Obama on constate qu’actuellement les usa s’en sortent bien mieux que les autres meme si la Chine semble prendre la bonne direction en matiere de politique monétaire
bernard
26 novembre 2014La France a une gros problème, les socialistes. C’est un peu comme quand les thermites investissent une baraque au début on ne s’aperçoit de rien et quand on découvre les dégâts c’est trop tard !…
emmanuel
1 décembre 2014Mon cher Bernard. A vrai dire cela n’a rien a voir avec la France. Une certaine conception occidentale du Capitalisme a un gros probleme avec le Communisme. La conception occidentale du capitalisme qui Socialise les pertes et privatisent les profits.
Alors QE de la BCE ou pas. Et que faudra il donner aux banques pour que celles ci acceptant le deal…