29 mai, 2013

Et si le discours de Leipzig était un tournant du Hollandisme ?

En France, François Hollande semble avoir lu notre chronique de la semaine dernière intitulée « Ce que François Hollande aurait du dire si sa conférence de presse avait été l’assemblée générale de ses actionnaires » dans laquelle nous lui recommandions de s’intéresser de près aux mesures prises entre 2003 et 2005 par le chancelier socialiste Schröder, pour relancer le marché du travail.

Pas longtemps après, François Hollande était en Allemagne à Leipzig pour rendre hommage aux socialistes  du SPD allemand à l’occasion de l’anniversaire de leur parti.

Dans son discours de Leipzig il a fait l’éloge du social libéralisme et des réformes décidées par l’ancien chancelier il y a dix ans. Cela pourrait donner à penser que

il a maintenant bien assimilé qu’au moment où la France s’engageait sous l’impulsion de Dominique Strauss-Kahn et de Martine Aubry dans la mauvaise direction des 35 heures, l’Allemagne au même moment, adoptait un ensemble de mesures notamment sur le travail (Lois Hartz) qui expliquent en grande partie le succès de l’économie allemande et le déclin de l’économie française. Il faut espérer que de retour à Paris il saura convaincre ses amis du Parti Socialiste, comme Gerhard Schröder avait su le faire avec le SPD allemand…

 

Curieusement, ce n’est pas le seul signe positif de la semaine,  puisque dans la foulée, Jean Marc Ayrault a choisi l’emploi contre le pouvoir d’achat pour défendre l’industrie agroalimentaire qui a beaucoup de mal à répercuter la hausse des coûts dans ses prix de vente. Il s’agit d’un virage spectaculaire à 180° nouveau pour les socialistes. Pierre Moscovici enfin, a décidé de remplacer la « loi sur le salaire des patrons » par « une autorégulation exigeante ».

Si on ne peut que se féliciter de ces évolutions, il ne faut pas rêver, car il reste cependant beaucoup à faire, notamment en matière de fiscalité puisque Bercy a finalement publié le nombre de foyers fiscaux imposés à plus de 100%. Il s’élève à 8000 en raison de la surtaxe ISF et de l’absence de plafonnement !

 

Dans la rubrique des mauvais signes on a le sentiment que chaque fois que les media vont avoir à traiter de sujets pas sympathiques pour le Parti Socialiste (Jean Pierre Kucheida ancien député PS et maire socialiste de Liévin condamné pour abus de biens sociaux, Sylvie Andrieux élue PS de Marseille reconnue coupable de détournement de fonds, Gérard Dalongeville ancien élu du PS maire d’Hénin Beaumont, jugé pour faux et usage de faux, détournement de fonds et favoritisme), on voit réapparaitre curieusement des dossiers concernant l’opposition comme s’il s’agissait de  faire contre-feu.  Dans l’affaire  Christine Lagarde /Tapie/ Crédit Lyonnais la mise en examen de Christine Lagarde avait été largement annoncée.  Elle n’a pas eu lieu. A l’occasion de l’affaire Cahuzac, on avait eu droit à l’annonce de la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’affaire Bettancourt. Elle n’a pas eu lieu non plus. Ces coïncidences pourraient donner à penser que le calendrier judiciaire n’est pas imperméable aux vicissitudes de la vie politique…

 

En Allemagne, la consommation rebondit avec une hausse des achats des ménages de 0,8% au premier trimestre. Face à une baisse des investissements des entreprises, c’est une bonne nouvelle que les allemands gardent le moral dans un environnement économique européen sinistré. Le secteur de l’immobilier est en plein boom, car les ménages allemands sont débarrassés de la crainte de perdre leurs emplois. Pour le moment Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande est plutôt réservé sur les dernières propositions de François Hollande en matière de mise en commun des dettes européennes. Rien ne pourra avancer tant que l’économie française et en particulier le problème du chômage des jeunes n’aura pas trouvé un début de solution.

 

En Europe, on est éberlué par les propos tenus par Jean Claude Trichet ancien Président de la BCE sur l’Euro. Selon lui il n’y a pas eu de crise de la monnaie Euro mais une crise de la zone Euro. Charles Gave Président de l’Institut des Libertés n’est pas du tout de son avis et tous les papiers postés sur le sujet se trouvent sur : https://institutdeslibertes.org/category/economie/

Encore de l’optimisme pour les gérants de M&G

 

M&G société de gestion britannique qui fait partie du groupe Prudential a organisé la semaine dernière à Londres une réunion investisseurs où les gérants de la maison se sont prononcés sur les perspectives de leurs fonds.

Matthew Vaight  gérant en charge des investissements sur la Chine, a fait remarquer qu’en 2007 le niveau de valorisation du marché actions chinois impliquait un taux de croissance implicite des bénéfices des sociétés de 28% par an.  On est tombé à 4%. Il estime que les actions chinoises sont maintenant valorisées de façon attractives mais que les affaires liées à la consommation domestique sont désormais bien payées.

Graham French gérant sur  les pays émergents pense qu’il faut se positionner sur la prochaine phase de croissance notamment dans l’alimentation (Danone, Kirin, Unilever) ; les biens de consommation (Colgate Palmolive, Elizabeth Arden, Villeroy et Boch) ; les composants alimentaires (Kerry Group, Süd Zucker, Symrise) ;l’agriculture (K+S, Monsanto, Uralkali) ; la logistique et les infrastructure (DP World, G4S, UPS)

Almed Smith gérant sur les Etats Unis estime que  les thèmes porteurs de la prochaine décennie sont : la révolution des gaz de schistes, l’innovation technologique, la réindustrialisation de l’Amérique et la sortie de la bulle immobilière. Charles Aniss , en Europe, arrive à trouver  des opportunités dans le domaine des petites sociétés. Les cinq premières lignes de son portefeuille de sont : Glanbia, United Drug, Amer Sports, et DCC.

Au Japon, la chute de la bourse de Tokyo intervenue la semaine dernière a ressemblé à un mini krach avec -7,3% de baisse dans la séance de jeudi dernier. Cet événement reflète la fébrilité des marchés, alors que la reprise mondiale est loin d’être stabilisée. Pour Julian Jessop de Capital economics, Il est probable que le catalyste de la baisse du Yen est désormais épuisé. Pour que le marché continue de monter il faudrait des perspectives économiques un peu plus enthousiasmantes.

 En Amérique Latine, Charles Biderman et Juliette Alves les gérants du fonds Comgest Growth Latin America ont expliqué pourquoi selon eux, le marché brésilien est de nouveau attractif avec des sociétés comme Odontoprev (assurance dentaire) , Natura (la marque de cosmétiques préférée des brésiliennes) , Embraer (troisième constructeur mondial d’avions) qui a gagné beaucoup de part de marché contre le canadien Bombardier.

 

Inquiétudes sur les obligations

 La moitié de l’encours obligataire mondial rapporte désormais moins de 1%, ce qui oblige tous les gérants institutionnels du monde à prendre des risques exotiques pour obtenir du rendement. C’est pourquoi les obligations des pays émergents font l’objet à chaque émission d’une forte demande. Une émission de 400M$ lancée par le Ruanda pour financer son centre de conférences internationales de Kigali a été couverte plusieurs fois. Dans l’histoire des marchés ce genre de situation se termine souvent avec l’éclatement d’une bulle.

 

Une crise du marché obligataire japonais semble aussi inévitable. Les obligations sont valorisées à partir d’un taux sans risque qui est proche de zéro, ce qui ne peut durer éternellement.  Pour Kyle Bass gérant de hedge fund, il faut être particulièrement vigilant .

 

La hausse du dollar déstabilise les monnaies asiatiques

 

Les devises asiatiques ont nettement baissé contre le dollar juste après l’annonce des mesures de la Banque du Japon. La hausse de la devise américaine a été encore plus forte contre le Rand Sud Africain et la Lire Turque.

En Europe, les pays du Nord qui ne font pas partie de l’Euro commencent à souffrir de la hausse de leur devise. En Suède, les sociétés exportatrices commencent en raison de la hausse de la Couronne Suédoise à enregistrer une baisse de leurs résultats.

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

7 Commentaires

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  • BA

    31 mai 2013

    Aujourd’hui, il y a deux Europe :

    – l’Europe des pays périphériques : ces pays sont en faillite. Le chômage atteint des niveaux catastrophiques ;

    – l’Europe des pays du nord : ces pays sont en train de sortir de la crise.

    Ces deux Europe s’éloignent l’une de l’autre de plus en plus vite.

    Zone euro : chômage pour le mois d’avril 2013 :

    1- Médaille d’or : Grèce. 27 % de chômage.

    2- Médaille d’argent : Espagne. 26,8 % de chômage.

    3- Médaille de bronze : Portugal. 17,8 % de chômage.

    4- Chypre : 15,6 % de chômage.

    5- Irlande : 13,5 % de chômage.

    6- Italie : 12 % de chômage.

    Et les pays qui ont le moins de chômage ?

    Pays-Bas : 6,5 % de chômage.

    Luxembourg : 5,6 % de chômage.

    Allemagne : 5,4 % de chômage.

    Autriche : 4,9 % de chômage.

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/3-31052013-BP/FR/3-31052013-BP-FR.PDF

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  • BA

    30 mai 2013

    Chômage : catégories A, B, C, D, E :

    France métropolitaine :

    5 413 600 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi. Variation sur un an : + 9,6 %.

    France entière (y compris l’outre-mer) :

    5 731 700 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi. Variation sur un an : + 9,5 %.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-PEP500.pdf

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    – « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

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  • BA

    30 mai 2013

    Prévisions de l’OCDE pour l’année 2013 :

    Pour l’année 2013, le PIB de la France va baisser de 0,3 %.

    Zone euro : – 0,6 %.

    Pays-Bas : – 0,9 %.

    République Tchèque : – 1 %.

    Espagne : – 1,7 %.

    Italie : – 1,8 %.

    Slovénie : – 2,3 %.

    Portugal : – 2,7 %.

    Grèce : – 4,2 %.

    Chypre : – 10 % ? ? ?

    Chypre : la chute du PIB en 2013 pourrait être à deux chiffres.

    Le ministre chypriote des Finances, Haris Georgiades, a reconnu mardi 21 mai que la chute du PIB de l’île méditerranéenne pourrait être à deux chiffres cette année en raison des mesures d’austérité adoptées dans le cadre du plan de sauvetage européen.

    «Oui, elle pourrait être à deux chiffres», a-t-il déclaré à un groupe de journalistes de Lituanie.

    http://www.oecd.org/fr/economie/perspectives/leconomie-mondiale-progresse-mais-le-rythme-de-la-reprise-varie.htm

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  • aristarque

    29 mai 2013

    Normal 1er muter vers moins de socialisme pour plus de réalisme. Je ne sais pas ce qu’il faut fumer pour en arriver à un tel espoir mais du costaud interdit aux fillettes. Et quand bien même il en serait là à titre personnel, il devrait subir toute la vindicte et l’ immobilisme de ceux qui l’ entourent et sacrifient au socialisme éternel des grands ancêtres. Encore une couche de Bla Bla sans plus…

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  • BA

    29 mai 2013

    Mercredi 29 mai 2013 :

    Les dépôts bancaires privés sont en net recul dans les pays européens périphériques en avril 2013 :

    Irlande : les dépôts bancaires privés ont chuté de 0,1 % en avril 2013.

    Malte : – 0,3 %.

    Italie : – 0,3 %.

    Portugal : – 0,5 %.

    Espagne : – 1,5 %.

    Grèce : – 1,6 %.

    Slovénie : – 1,9 %.

    Chypre : – 7,3 %.

    Zone euro : recul des dépôts bancaires en avril dans les pays en difficulté.

    Les dépôts bancaires privés ont diminué en avril dans plusieurs pays de la zone euro, principalement ceux en difficultés, selon les chiffres publiés mercredi par la Banque centrale européenne (BCE), signe d’une possible méfiance des épargnants après la ponction réalisée sur des comptes bancaires à Chypre.

    Sans surprise, Chypre connaît la plus importante baisse des dépôts privés, qui sont descendus à 41,32 milliards d’euros, soit un recul de 7,3% par rapport au mois de mars, où ils avaient déjà diminués.

    Pour la première fois dans un plan de sauvetage européen, les détenteurs de comptes à Chypre ont été fortement mis à contribution avec une ponction sur ceux de plus de 100.000 euros. Une première version du plan, finalement rapidement abandonnée, prévoyait une ponction sur tous les comptes sans montant de dépôt plancher, faisant craindre un mouvement de panique des épargnants pour retirer leurs économies des banques.

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euro_recul_des_depots_bancaires_en_avril_dans_les_pays_en_difficulte85290520131530.asp

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  • BA

    29 mai 2013

    Mercredi 29 mai 2013 :

    Lisez cette petite phrase, au détour d’un article du site LE FIGARO :

    Au même moment, les engagements pris par la France aux différents fonds de sauvetage de la zone euro ont alourdi de 187 milliards son passif hors bilan.

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/05/28/20002-20130528ARTFIG00604-ces-3090-milliards-de-dette-virtuelle.php

    Les engagements de la France aux fonds de sauvetage de la zone euro ont atteint 187 milliards d’euros.

    Et tout ça en pariant sur le fait que la Grèce va rembourser sa dette, que l’Irlande va rembourser sa dette, que le Portugal va rembourser sa dette, que l’Espagne va rembourser sa dette, que Chypre va rembourser sa dette, etc.

    Malheureusement, c’est un pari perdu.

    Les pays européens en faillite seront incapables de rembourser leur dette.

    Et la France perdra ces 187 milliards d’euros.

    Contribuables français, préparez-vous à payer.

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  • Marius

    29 mai 2013

    Un tournant ? Hollande a toujours flatté le point de vue de celui avec qui il parle. Quand bien même il aurait compris que l’emploi est créé par les entreprises privés, il n’est pas sorti du keynésianisme et en plus doit jonglé avec le PS qui lui n’est carrément pas sorti du socialisme.

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