Mon raisonnement depuis un moment fait remarquer que notre voisin d’outre Rhin subventionne sa production, taxe sa consommation (hausse de la TVA) et refuse de déréglementer les secteurs de services ou il n’est pas concurrentiel.Le but était de dégager des excédents extérieurs que les autorités allemandes, encore et toujours mercantilistes, ont toujours considéré comme le signe d’une bonne gestion, ce qui est une erreur intellectuelle gigantesque. La majorité peut avoir tort aussi, comme trop souvent l’histoire nous l’a prouvé ne serait-ce que pendant la dernière guerre. Une erreur reste une erreur, même si elle est partagée par 90 % de la population.Le mercantilisme a toujours amené à des désastres économiques ou financiers et nous en avons encore une preuve aujourd’hui.
Nous sommes en effet en train d’arriver au point ou le monstre que l’Allemagne a réveillé va se retourner contre elle.
L’Allemagne a accumulé depuis 10 ans un surplus commercial d’environ 700 milliards d’euro avec ses partenaires de l’Euro.
Ce qui veut dire en termes simples que l’Allemagne a vendu pour 700 milliards de plus qu’elle n’a acheté et qu’en contrepartie, elle a reçu plein de jolis bouts de papiers émis par des Grecs, des Italiens ou des Espagnols reconnaissant qu’ils doivent de l’argent aux allemands pour la Mercedes dans laquelle ils roulent.
Eh oui, si vous avez un excédent des comptes courants, vous avez un déficit de la balance des capitaux, c’est-à-dire que vous prêtez de l’argent à ceux qui achètent vos produits. Et si vous êtes dans une monnaie unique, vous ne pouvez pas demander aux Irlandais de vous filer une partie de leurs réserves de change pour solder vos dépenses. Le règlement des différences de balance commerciale se fait par l’Allemagne acceptant de la dette émise par des Irlandais. Pas d’autre solution. Sauf pour les Allemands a bâtir des usines en Espagne, ce qu’ils n’ont pas fait puisque c’était moins cher chez eux.
Et tous ces bouts de papier sont domiciliés dans les coffres des banques allemandes. Par exemple, les banques allemandes auraient prêté 180 milliards d’euro aux banques irlandaises en achetant leurs obligations ou en leur prêtant directement, ce qui correspond a prés de trois fois le PNB Irlandais.
Ce qui laisse à penser que les autorités de contrôle des banques allemandes, Bundesbank en tète, ont complètement failli à leur devoir de surveiller les banques allemandes.
Qui, en Allemagne, a été assez fou pour laisser les banques allemandes s’engager à ce point sans y mettre le holà ? Et en faire autant en Espagne, en Grèce, dans les subprimes Américain etc…
L’irresponsabilité des autorités financières de contrôle en Allemagne dépasse l’entendement.
Et maintenant, les Allemands, ces préteurs irresponsables, se retournent vers les Espagnols ou les Irlandais et leur disent qu’il est hors de question qu’ils ne soient pas remboursés, et que s’il faut, les populations locales doivent être réduites à la misère pour sauver ces banquiers incompétents s’il en fut, outre Rhin
Si j’étais ministre des finances Irlandais ou Espagnol (ce que grâce au ciel je ne suis pas), je mettrais en avant les faits suivants.
- Si je dois $ 1 million à ma banque, j’ai un problème.
- Si je luis dois $ 1 milliard, c’est elle qui a un problème.
Ce ne sont pas, ou pas seulement les Espagnols ou les Irlandais qui ont un problème : après tout, eux ils roulent en Mercedes. Ce sont les banques et compagnies d’assurance allemandes qui sont bourrées des papiers émis par ces braves gens. Et que l’on ne me dise pas que la bonne foi des banquiers allemands a été surprise : prêter trois fois le PNB pour aider les banques en Irlande à spéculer à du laisser de grasses commissions qui n’ont sans doute pas été perdue pour tout le monde, suivez mon regard.
Bref, avec sa politique mercantiliste imbécile, l’Allemagne a créé un problème financier monstrueux, dont, par un juste retour des choses, elle va être la victime, et c’est pour cela que le mercantilisme est une imbécillité
Je dirai donc simplement à Madame Merkel (même et surtout parce qu’elle ne demande rien):
« Vous êtes à l’origine du problème, les banques qui sauteront en premier ce sont les vôtres, il serait urgent que vous trouviez une solution comme de continuer à financer le reste de l’Europe et à déréglementer à toute allure les secteurs ou vous n’étes pas concurrentiels pour nous permettre de vous vendre quelque chose. Etre créditeur, ne vous donne aucun droit spécial tant vous avez été nuls dans la distribution des crédits . »
En termes simples:
- Abandonnez votre politique mercantiliste désastreuse, qui nous a mené là où nous en sommes.Ce n’est pas en appauvrissant les autres européens que les dettes que vous avez accumulées seront remboursées, bien au contraire.Au lieu de cela,
- coupez les impôts sur la consommation,
- déréglementez,
- cessez de pressurer les salaires,
- ouvrez vos frontières et redevenez ce que l’Allemagne d’Adenauer et de Kohl a toujours été, une force de croissance.
L’Europe ne se renforcera que si les économies, toutes les économies croissent. Sinon, elle échouera, ce qui serait tragique.
Et l’Allemagne en portera la responsabilité. Encore.
Auteur: idlibertes
Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.
creations
25 mars 2013Le problème n’est pas l’Allemagne, mais la France, tout simplement, et ce depuis 1973, avec accélération aggravée de l’autisme sociologique de la France face au monde qui l’entoure, à partir de 1991, puis 1997-2002 et sans amélioration depuis … Les 35 heures à contre-courant de ce qui se passe dans les BRIC qu’on n’a pas voulu voir venir (« anti-démondialisation » oblige …) n’ont pas arrangé les choses …
Il suffit de lire l’article de D. MOISI dans les Echos de ce lundi 25 mars pour s’en rendre compte : « Pourqoi l’Allemagne reste l’exemple à suivre pour la France » -cf. http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/debat/0202659326944-pourquoi-l-allemagne-reste-l-exemple-a-suivre-pour-la-france-552041.php.
Après cela, l’euro a bon dos, l’Allemagne en bénéficiant à plein et au taux fort, et les « bons esprits » français osent se demander encore « pourquoi l’euro est-il si fort et contraignant pour la France ? » (bel aveu de faiblesse française), ceux-là même qui justement voudraient le « bébé » euro avec l’eau du bain, comme si les dévaluations successives d’autrefois du franc français résolvaient les problèmes récurrents français de « compétitivité » comme par enchantement …
Raisonnement à courte vue et régression sur l’histoire économique de la France de ces 40 dernières années …
Le retour au franc français « monnaie de singe » est-il donc « la » solution pour la France, selon ces « bons esprits » français ? (franc français qui d’ailleurs était devenu inchangeable et inconnu dans divers pays dans le monde, vers 1996-1998, en Asie centrale, par exemple, à la différence du dollar ou du deutsche mark …).
Triste France et pensée pitoyable de ses élites politiciennes …
Fred Rabeman
27 février 2013Suite à l’élection de Hollande, Mr Tasos Mistsopoulos, député de DISY (Centre Droit venant de remporter l’élection présidentielle 2013) à Chypre me disait espérer du nouveau Président Français une autre ligne de conduite face à l’Allemagne.
C’est c’est ce qui s’est passé. Il y eut le sommet du début de l’été où un entretien Merkel Monti, ce dernier renforcé par Hollande, a changé la donne. Depuis, les marchés ont grimpé, par exemple la bourse grecque a jailli de 100%, de même pour la très endettée Banque d’Irlande.
Les marchés ne peuvent pas ici se tromper et d’ailleurs les hedge funds astucieux achètent la dette Espagnole et vendent à découvert la dette Allemande. L’écart de taux se resserrant, on finira par découvrir qu’il n’y avait qu’une soi-disante dette Espagnole. D’autres astucieux achèteront la bourse Italienne qui traite à 12% du PIB, du quasi jamais vu dans l’histoire boursière.
J’aurais aimé voir les libéraux Français prendre position pour Hollande, oui, en faveur du Président Socialiste, sur le dossier Européen, et j’espère voir uen Allemagne dirigée par Steinbrück qui a mis en garde Merkel, je cite, « contre une erreur historique ».
akpoonne
24 février 2013Qaund on sait que les banques Françaises cumulent plus de 3 fois notre PIB de dettes de France et des pays voisins, je n’ai pas l’impression qu’elles se soient mieux comportées, et que nous sommes moins en danger que nos cousins Germains.
C’est bien ce qui a poussé Sarkozy à courir pour soit-disant sauver la Grèce alors que ce sont nos banques qu’il fallait sauver, F.H fait la même chose pour les mêmes raisons.
Si un seul pays se met en défaut, toutes les banques Françaises, Allemandes, Italiennes sautent, ou alors nous en paierons le prix fort.
On verra, pas facile de prévoir puisque les politocards et la BCE repoussent sans cesse le problème, et que toutes les prévisions se sont révélées fausses.
pHILIPPE DE bEAUMONT
23 février 2013L’Institut des Libertés, en la personne de Jean-Jacques NETTER m’avait habitué à davantage de jugement politique, de pertinence de l’analyse économique, et de vision équilibrée de la construction européenne.
A parcourir les 8 réactions présentes ce 22 Fév. sur le site, on a l’impression que l’article a été rédigé pour purger un arriéré d’anti-germanisme, et on se demande à quoi sert cette démarche négative.
L’Allemagne est effectivement créancière de beaucoup d’Européens, et le créancier n’a en général tort qu’aux yeux de ses débiteurs.
Dans le cas de la Chine et des Etats-Unis, le créancier Chinois a t-il tort de d’être constitué un stock de bons du trésor US de $ 2 000 milliards ? C’est peut-être imprudent, mais en bonne analyse économique n’est-on pas en droit de reprocher aux USA d’avoir trop consommé et insuffisamment investi ?
Monsieur Gave vous pouvez penser ce que vous voulez, mais au titre de l’Institut des Libertés, ayez l’obligeance de respecter des principes de base, comme la responsabilité de tous les acteurs économiques, des débiteurs comme des créanciers.
idlibertes
23 février 2013Cher Monsieur,
Compliment retourné. Au titre de la liberté d’expression de tous et de Charles Gave en particulier, merci de ne pas vouloir contrainde autrui à se taire quand cet autrui à des choses à dire. Ce n’est pas votre position? Soit. Toutefois, notre combat n’est pas celui du cathéchimse économique mais celui de la libre pensée.
Chacun est libre ses erreurs et le « respect » que vous invoquez n’est qu’un argument d’autorité minoré.
Si le propos vous choque, passez votre chemin Monsieur, nous n’avons que faire d’esprits étroits pronant la contrainte comme mode de pensée étriquée et suitante de bienpensance anti-Américaine tellement convenue.
Libéralement (si vous savez le dire tout fort , essayez donc pour la taille)
Idl
idlibertes
23 février 2013PS La derniére fois que nous avons regardé les US n’etaient pas dans la Zone Euro de sorte que leur consommation et leur niveau de dépense est comment dire.. Totalement HS.
vivelafrance
24 février 2013Milton Friedman avait dit quelque chose de tres subtile tres fin.
Si une personne vient chez moi avec la volonté le desir d’etre bon avec moi (ce qui sous entend vient me faire la morale ou dans le pire des cas comment penser ou agir) je fuis pour sauver ma vie.
Meme si cela n’est certainement pas le but de Phillipe de Beaumont ce dernier vient d’enfreindre cette liberté fondamentale qu’est la liberté d’expression d’opinion.
Je crois que chacun à sa propre culture et qu’avec le nombre d’informations et d’avis différent dont on dispose, personne ne se fait influencé par quiconque.
D’ailleurs je pense moi meme que l’article se montre un peu trop critique avec l’Allemagne……mais en meme temps il est tout à fait évident que pratiquer un politique mercantiliste a de quoi agacer, puis faire la difference entre le million et le milliard me semble etre logique. C’est comme la crise des subprime si l’on prete à des individus dont on sait qu’ils ne rembourseront plus quand les taux augmenteront, ils ne faut pas s’étonner si les banques font faillites. Pour les pays c’est une autre histoire plus complexe…..mais bon !!!!!
jonathan
20 février 2013Je suis d’accord avec l’idée que le mercantilisme mène au désastre à terme, et que la l’Allemagne a creuser le trou dans lequel elle va tomber. Mais effectivement, peut on reprocher aux pays bien gérer d’accumuler un excédents avec des incompétents notoires ? En fait, dans une monnaie commune, a pars se saborder joyeusement et couler avec le reste de l’Europe face au monde, qu’aurait du faire l’Allemagne ?
D’un autre coté, le piège étant là et allant se refermer, je préférerai quand même être allemand que francais. Entre avoir une société en décomposition et plus aucune capacité productive, et une structure sociale centrée sur le travail et des usines de haut niveau technique, le crash sera plus facile à gérer d’un des 2 cotés.
aristarque
19 février 2013Il est plutôt probable que les banquiers allemands ont eu leur vigilance émoussée par l’ utilisation de l’ euro qu’ils ont vu comme la continuation du DM sous un autre nom. Donc que le sérieux apparent de cette monnaie valait toutes les garanties. Comme en plus, ces pays emprunteurs offraient un taux d’intérêt plus alléchant que la Bundesbank… Ils n’ont pas perçu qu’utiliser la même monnaie ne signifiait pas automatiquement que tous les utilisateurs aient forcément les moyens qui vont avec, ce qui apparaissait nettement du temps des monnaies nationales.
P.M
19 février 2013N y a t il pas un pays qui travaille plus et mieux?
Vous roulez en Mercedes ou en Dacia?
Le problème c est la France……
Mais le dénouement est proche,heureusement.
yvesdemars
19 février 2013un exemple de politique allemande irresponsable : la loi EEG qui oblige les électriciens (RWE, EON, …° a acheter toute la production éolienne et solaire même quand elle n’est pas fournie (quand il y a trop de vent on arrête les éoliennes mais les producteurs sont payés !!!). Conséquence une hausse vertigineuse du prix de l’électricité qui n’est pas répercutée aux entreprises pour préserver leur compétitivité mais supportée par les seuls consommateurs qui commencent à râler et ont intenté des procès en aides illégales indirectes à l’industrie allemande ….
@ bruno31 : il est sûr que si on avait conservé les monnaies locales il y aurait eu un frein naturel aux exportations Nord-Sud en Europe : les monnaies faibles auraient du dévaluer devant l’épuisement de leurs réserves de change et cela aurait renchéri les importations du Sud
bruno31
19 février 2013Je suis moyennement convaincu, pour les raisons suivantes :
– sans l’euro, le problème n’existerait pas (le DM se serait apprécié pour rétablir l’équilibre)
– la consommation n’est pas plus taxée en Allemagne qu’en France ou que dans la plupart des autres pays européens (TVA = 19%)
– je suis sceptique sur le protectionnisme effectif de l’Allemagne : la France a certainement plus de secteurs protégés que l’Allemagne (à commencer par la sacro-sainte sécu), idem pour les pays du sud de l’Europe.
– l’Etat Allemand est en déficit chronique depuis la réunification, à de rares exceptions près (2000 et 2007)
Il est vrai que l’Allemagne a su se « serrer la ceinture » pour être compétitive, mais peut-on vraiment leur reprocher d’être plus fourmi que cigale ? Lorsqu’on accumule un excédent commercial avec des pays gérés n’importe comment, est-on vraiment fautif ? En réalité c’est avant tout l’euro qui a permis cela : sans l’euro, jamais les banques allemandes n’auraient accumulé une telle quantité de créances étrangères douteuses, car les « vrais prix » de ces créances auraient été apparents.
daredevil2007
19 février 2013Merci à vous, M. Gave pour cette brillante démonstration! Cela étant, je ne vois pas pourquoi l’actuel gouvernement allemand changerait de cap car ce serait un aveu d’échec, donc une remise en cause du statut et du pouvoir de tous ceux qui ont soutenu cette politique… je crains fort que tout ceci ne nous mène donc à des moments tragiques sans que nous ne puissions l’empêcher.
Lucille
19 février 2013C’est au moins le cas dans les services aux industries – dont surtout les SSII (pour lesquelles la France a clairement un train d’avance).
Mais leur retard dans ce domaine est certes totalement incomparable à leur avance industrielle…
CANDIDE
25 février 2013Désolé d’apporter un bémol à votre affirmation.
Je viens de visiter, en Allemagne, une usine fabriquant des machines-outils lesquelles sont pilotées par ordinateur et je peux vous dire que les logiciels qui les équipent sont de conception allemande. Alors où sont les français ? ou plutôt où sont les usines de machines-outils françaises ? Nous avons Polytechnique, X-Mine, Centrale…. mais hélas aussi l’ENA et Sciences-Po…..!
Jaedena
19 février 2013Bonjour,
Pouvez-vous citer des exemples de ces secteurs où l’Allemagne est moins compétitive et qui ne sont pas déréglementés ?