18 août, 2015

En France, la croissance, elle n’est toujours pas là…

 

François Hollande ne voit décidément jamais le réel comme il est. Il est dans une sorte de dénégation permanente, surtout dans le domaine de l’économie. « La reprise, elle est là » nous avait –il dit le 14 juillet 2013. Le Président de la République affectionne particulièrement le redoublement du sujet. Il s’exprime comme les enfants…

Quand on quitte le domaine des incantations qu’il affectionne particulièrement, on constate qu’ il n’y a aucune croissance en France au deuxième trimestre. Pire encore, la croissance du secteur privé est même en recul, la production industrielle et la consommation des ménages baissent. Depuis trois ans, la France fait du surplace et François Hollande navigue à vue. Il a ainsi déjà promis aux français au moins vingt fois l’inversion imminente de « la courbe du chômage »…

Le mythomane croit toujours que son mensonge est vrai. François Hollande se considère même comme un président « audacieux ». Jusqu’à aujourd’hui, le seul domaine dans lequel il a fait preuve d’audace, c’est celui de la hausse des impôts. Ceux qui payent l’impôt sur le revenu ont pu commencer à gagner de l’argent pour eux mêmes à partir du 30 juillet, puisque la date de leur « libération fiscale » a été fixée cette année au 29 juillet. Avant cette date il n’ont travaillé depuis le début de l’année que pour l’Etat !

Tout le monde sait bien que les entrepreneurs qui réussissent, investissent et donc créent des emplois, quittent malheureusement de plus en plus la France. Là encore, la communication officielle nous indique que le phénomène est marginal. En nombre de départs certes, mais en terme d’activité très important. Le gouvernement préfère mettre en avant sa politique très efficace de régularisation des comptes détenus à l’étranger, qui stimulerait l’activité française, ce qui n’a rigoureusement aucun rapport….

La réalité est que la France compte deux fois moins d’entreprises de taille moyenne que son voisin allemand. La plupart des PME françaises ne font pas de croissance, car l’entrepreneur français ressemble au cheval qui a un jockey de 90 kg sur le dos et à qui on reproche de ne pas gagner la course.

D’ailleurs parmi les nombreux signes d’un éco- système qui ne fonctionne pas du tout, il y a le mouvement régulier de cession d’entreprises françaises très performantes à des sociétés étrangères. Norbert Dentresangle dans le transport routier et Faiveley dans le ferroviaire sont deux entreprises privées qui ont été récemment rachetées par des sociétés américaines. Il y a ensuite le compte PEA-PME qui ne décolle toujours pas, car l’épargnant français ne croit pas qu’investir dans une entreprises française soit une bonne solution pour préserver son épargne.

Les revirement législatifs sont incessants. Les paroles du président, du premier ministre et de son gouvernement sont sans arrêt contredites par les actes, comme cela s’est passé notamment sur : la TVA.., les plus values de cession…, l’apprentissage, les cessions d’entreprise…, le travail à temps partiel…, la fiscalité des ménages…, la « pénibilité »…,l’encadrement des loyers parisiens à compter du 1er août qui est inutile et dangereux, car il dissuade les propriétaires d’investir…, la réorientation du pacte de responsabilité qu’il faudrait selon l’aile gauche du PS   « détricoter », car les profits des sociétés du CAC 40 ont beaucoup progressé…

Là encore la réalité est que la progression de leurs résultats ne doit pas grand chose au CICE mais beaucoup à la baisse de l’Euro. Le réel donne ainsi tort à l’idéologie anti libérale, car chez les socialistes, l’idée d’accorder des baisses d’impôts et de charges aux entreprises pour contribuer à la création d’emplois a toujours été suspecte. La France reste donc un pays de lutte des classes qui oppose toujours les méchants patrons et les salariés exploités…

Un des meilleurs exemples de ce zig zag permanent est la loi Rebsamen qui prétendait offrir « du progrès social aux salariés et de la souplesse aux entreprises ». Elle est devenue une loi fourre tout qui est une occasion manquée de plus de réformer en France le code du travail. François Rebsamen qui va démissionner prochainement de son poste de Ministre de l’emploi pour redevenir Maire de Dijon allongera la liste des ministres bourguignons (Arnaud Montebourg et Thomas Thévenoud) qui n’ont pas particulièrement brillé au gouvernement…

Le véritable exploit de François Hollande est que maintenant, en plus de ses très mauvaises performances dans le domaine de l’économie, une grande partie des enseignants est maintenant fâchée avec la gauche…, les agriculteurs sont en colère car l’agriculture française est désormais menacée de déclassement sur le plan international… et les juges ne poursuivent même plus les délinquants…

Pendant ce temps là, il n’y a pas de trêve pour la dette publique. La France n’a même pas commencé à se désintoxiquer de son addiction à la dépense publique. Aucun effort sérieux de réduction des dépenses publiques n’a été entrepris. Bien au contraire. Comme on l’a vu pour les prochaines élections régionales, l’accord politique entre le PS et les radicaux de gauche coûtera plus de 100M€ de plus au contribuable pour payer les petits arrangements entre amis de la majorité. Tout cela est bien « normal »…

François Hollande prétend avoir sauvé la Grèce

Le défaut de paiement de la Grèce pour le 20 août a été évité de justesse grâce à la signature d’un troisième plan de sauvetage qui n’a pas plus de chances que les précédents d’être respecté par la Grèce. Pendant toute la crise grecque François Hollande a joué en permanence le jeu de la démagogie. Jamais il n’aurait du accepter que l’on qualifie les allemands « d’héritiers du nazisme » et de « Talibans de la règle à calcul ». Il a même poussé la France à exiger de la Grèce des changements en matière de retraites et d’ajustements budgétaires qu’elle est tout à fait incapable de réaliser pour elle même.

Angela Merkel au contraire a défendu les institutions européennes pour préserver l’Europe des dérives politiques qu’Athènes a connu. Wolfgang Schaüble son ministre des finances a vu dans la crise actuelle l’opportunité de reconfigurer l’Europe autour de ses bons élèves. Une union monétaire ne conduit pas nécessairement à une convergence des économies et des niveaux de vie. C’est même le contraire qui se produit. La zone Euro va être de plus en plus hétérogène avec des structures économiques de plus en plus différentes.

Là encore, la réalité est que Alexis Tsipras est un trotskiste qui voulu entrer dans le système pour le démolir. Il a découragé tous les investisseurs avec ses discours grandiloquents. Il a trompé son peuple et il a trompé les européens. Le plus grave ce ne sont pas tant ses revirements, mais finalement les médiocrités de Bruxelles. La Grèce doit tout simplement rebâtir une économie productive, tout comme la France …

En Chine la baisse du Yuan a semé la tempête sur les marchés

Le commerce extérieur chinois a ralenti fortement. Les exportations reculent de 8,3% en juillet. Les cours des matières premières ont accentué leur baisse. Pékin a été obligé de ramener l’ordre en bourse en soutenant les marchés à « l’arme lourde ». Tout cela a permis à de nombreux commentateurs d’en conclure que La Chine avait l’intention de déclencher une guerre des devises… 

Il faut replacer ce qui se passe dans le projet de reconstitution de l’Empire Chinois qui est plus que jamais l’événement majeur de notre époque. Cela passe d’abord par la monnaie. Depuis des mois, il est clair que la Chine souhaite que le Renminbi fasse partie des monnaies de réserve. Pour y parvenir il faut absolument que le cours de sa devise traite librement sur le marché. C’est ce que la Banque Centrale de Chine (PBOC) a entrepris en passant du stade de contrôle strict au stade de liberté contrôlée en élargissant ses marges de fluctuations à deux reprises contre le Dollar US. Le moins que l’on puisse dire est que la PBOC a très mal communiqué sur le sujet comme elle avait très mal informé le marché sur ses interventions sur le marché actions. Il ne faut donc pas mélanger selon nous, le ralentissement de l’économie chinoise avec le changement de régime de sa devise.

Dans l’immédiat c’est l’Allemagne qui est la plus exposée au ralentissement chinois. Son secteur automobile en particulier. La production industrielle a fléchi en juin

Mais l’excédent commercial atteindra encore un nouveau record de 8,1% du PIB sur l’ensemble de l’année grâce à la baisse de l’Euro.

L’Espagne crée des emplois, la Grande Bretagne poursuit courageusement ses réformes

L’Espagne a créé en un an 513 000 emplois supplémentaires, même si la taux de chômage reste encore élevé à 22%. L’économie aura retrouvé son niveau de PIB 2007-2008 dès l’année prochaine. L’automobile a dopé l’industrie espagnole. Le pays est devenu le huitième producteur mondial de voitures devant le Brésil.

David Cameron en Grande Bretagne a déposé une loi pour limiter davantage le droit de Grève en Grande Bretagne. George Osborne chancelier de l’Echiquier a rappelé que l’on devait toujours s’occuper de « réparer le toit quand le soleil brillait ». Il prévoit cinq ans de plus d’austérité pour équilibrer les comptes publics, mais il augmente le salaire minimum tout en s’attaquant à l’état-providence.

Le dollar américain devrait progresser

Les derniers chiffres économiques américains sont plutôt mitigés.

La consommation se tient bien. L’emploi américain aussi. On enregistre une remontée des demandes de crédit. En revanche, la production industrielle et la croissance des profits ne sont pas vaillantes. Tout cela devrait conduire la « Federal Reserve » à remonter symboliquement ses taux d’intérêts avant la fin de l’année. Le Dollar US devrait donc bien se comporter. Chaque fois que c’est le cas ce sont les marchés non américains qui progressent le plus…

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

4 Commentaires

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  • aleksandar

    30 août 2015

    C’est amusant de constater que vos analyses concernant la France sont assez juste bien que parfois outrancières et que dans le même temps celle concernant les états étrangers sont complètement absurdes.
    Concernant la Grèce c’est assez symptomatique de la prédominance de l’idéologie sur le réel.
    On croirait lire les théologiens marxistes.
    La Grèce n’a pas respecté selon vous les plans de sauvetage précédents. C’est considérer que les grecs portent donc la responsabilité de l’échec alors qu’il est évident et déjà largement constaté par bon nombre d’économistes que ces plans de sauvetage, disons plutôt d’austérité, n’ont fait qu’aggraver la situation en provoquant une chute de 30% du PIB et une explosion du chômage.
    Autant demander a un type anémié de courir le marathon en le chargeant d’un sac de 50 kg.
    Le plan actuel ne fait que continuer cette politique absurde et produira les mêmes effets.
    La seule solution viable que Merkel a refusé par lâcheté politique consiste à faire sortir la Grèce de la Zone euro avec accompagnement. Tout ce qui se fait aujourd’hui n’est que de la poudre aux yeux.

    C’est vrai qu’une union monétaire sans mécanismes de compensation conduit à des disparités économiques mais ces disparités produisent et continueront à produire chômage et pauvreté dans certains pays et donc des tensions qui amèneront sa disparition. Le plus tôt sera le mieux.

    Je passe par charité chrétienne sur le vocable «  trotskiste » dont vous affublez Tsipras, une fois de plus, ou la haine ad hominen vous égare, ou vous ne savez pas ce qu’est le trotskisme.

    Si par ailleurs vous pouviez donner la listes de ces fameux investisseurs qui étaient prêts à investir en Grèce, cela donnerait plus de sérieux à vos propos.

    Dernier éclat de rire concernant votre article : La Grèce doit tout simplement rebâtir une économie productive, tout comme la France …
    C’est juste irréaliste, aucune économie au monde ne peut se rebâtir avec une telle dette extérieure, une baisse de 30 % de son PIB et la destruction de son secteur industriel.

    Concernant l’Allemagne, 17 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté mais vous avez raison les indicateurs sont bons, enfin surtout le commerce extérieur et le chômage, tous les autres sont mauvais, l’état allemand n’est même pas capable d’entretenir son réseau routier et ses infrastructures publiques, le taux global d’ investissement est très faible etc.
    Normal, sa chancelière fait de la politique à la petite semaine.
    Et a quoi servent donc ces fabuleux excédents commerciaux ?
    Quel profit en retire le citoyen allemand lambda ?
    La question qui se pose est de savoir si les indicateurs sont une donnée pertinente concernant la vie d’une nation.
    Certains considèrent que non, qu’une nation ce n’est pas que des indicateurs et que de bons indicateurs qui provoqueraient dans le même temps une diminution de la solidarité et du vivre ensemble ne sont pas souhaitables.
    Les idéologues assurent que oui, qu’il n’y a de Dieu que le Marché et que le Taux est son prophète.
    Le Dieu Marché nous rendra tous riches et heureux, Alleluia !
    Ce faisant ils collaborent de façon indirecte à la politique de l’UE de destruction des nations européennes.

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  • GWDLF

    30 août 2015

    Aujourd’hui Manuel Valls a déclaré que la croissance était là.
    Il l’a cherchée tout l’été, il l’a trouvée.
    Avis à tous ceux qui ne trouvent pas quelques choses; adressez vous à Super Manolo,

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  • Cyrille Georgel

    19 août 2015

    C’est effectivement assez sidérant de voir qu’ils s’expriment comme des enfants. Rebsamen disant « avoir bien fait son travail » en depit de résultats désastreux, me fait penser à un élève de primaire pris en faute. Mais est-ce que les socialistes croient vraiment à la croissance ? Je ne le pense pas, ce que j’ai modestement essayé de démontrer ici : http://cyrille.me/2015/08/15/vous-avez-dit-croissance/

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  • nolife

    18 août 2015

    Bonjour,

    « Mais l’excédent commercial atteindra encore un nouveau record de 8,1% du PIB sur l’ensemble de l’année grâce à la baisse de l’Euro. »

    N’est-ce pas aussi du à la baisse de la facture énergétique ?

    Pour ce qui est du PIB français, il a connu un + 0.7 % au T1 grâce à un effet stock répercuté sur le T2, c’est qui donne autour de 1.2, 1.3 en rythme annuel, c’est mieux que les 0.2 de l’année passée non ?

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