10 avril, 2015

Que venons-nous faire dans cette pétaudière ukrainienne ?

Perplexe, je me demande pourquoi les européens – qui ont du mal à s’en sortir eux-mêmes – tiennent tant à aider le régime ukrainien ? Comme la main de l’Europe se retirera à la moindre alerte sérieuse, ce sera une fois de plus les citoyens de ce pays déjà bien pauvre qui trinqueront durement. L’Europe a souhaité prendre le parti des oligarques ukrainiens pro-européens au lieu de se cantonner à un rôle d’arbitre et de médiateur. L’addition est déjà salée, elle va encore grimper.

L’Europe n’a pas su rester un arbitre de la situation dans l’Est Européen

Si les responsables des affaires étrangères européennes avaient la moindre jugeote, ils auraient laissé le fardeau Ukrainien aux Russes quitte à faire quelques gestes humanitaires, ce qui aurait été bien moins coûteux que de soutenir l’économie du pays.  En étranglant l’économie russe dans les années 80 par une course effrénée aux budgets militaires, les équipes de Reggan ont été bien plus malines. Au lieu de laisser les russes soutenir l’économie ukrainienne et le bâton merdeux qu’était le problème des prix du gaz aux seuls protagonistes  régionaux, tout ce qu’a réussi Bruxelles a été de mettre en danger ses propres approvisionnements. Cerise sur le gâteau, les européens vont devoir assurer la consommation du gaz de l’Ukraine et la prise en charge d’une dette à géométrie variable en fonction de l’équipe au pouvoir. Je ne doute pas de la ruse des ukrainiens pour hurler à la mort dans les couloirs de la Commission Européenne. Ce n’est pas à de vieux apparatchiks que l’on apprend à faire les bonnes grimaces du singe qui pleure.

Notre diplomatie sous-estime l’importance de l’Ukraine dans le passé de la Russie.

L’origine de la Russie commence dans le bassin du Dniepr avec Kiev comme capitale vers le IXème siècle. Ce seront les débuts de ce que les historiens appelleront la civilisation Kievienne (IX-XII) aux origines de la Russie. Arrachée aux mongols – les fameux kazakhs qui deviendront les cosaques – par les principautés russes aux 18 et 19eme siècles, la région en s’étendant au détriment de l’Anatolie, deviendra la Moscovie au 17ème siècle. Le passé tourmenté du ventre mou du continent a été construit par des guerres incessantes menées par Ivan IV – dit le terrible – Pierre le Grand et enfin Catherine II, puis celles des dirigeants du 20ème siècle. Elles n’ont cessé d’en modeler la géographie au détriment chaque fois des peuples toujours considérés comme des serfs.

Elles ont aussi mis la fameuse Russie blanche en balance permanente entre l’influence asiatique et européenne. On retrouve au travers des évènements récents la schizophrénie des élites russes partagées entre le désir de s’arrimer à l’Europe et celui de s’en affranchir complètement. Mais si l’élite russe entend profiter des avantages du mode de vie de l’Europe où ils vont volontiers en vacances et faire des affaires, ils restent dépendants d’un pouvoir qui ne cesse par sa propagande de cultiver auprès du plus grand nombre une « détestation » du modèle occidental. Pour cela, ce dernier s’appuie avec succès sur un levier qui semble avoir été très sous-estimé par les européens : pour une très grande majorité de russes, l’Ukraine reste le berceau de leur origine et ils la considèrent comme partie intégrante de la grande Russie originelle. La terre noire  « tchernozem » de l’Ukraine a toujours été considérée comme le grenier agricole de la Russie. Un commentateur affirmera un jour que c’était leur Alsace et Lorraine à eux, les russes.

Les régions autour de la mer noire sont devenues un détonateur potentiel.

L’évolution dangereuse de la situation en Ukraine n’est pas due à la seule volonté de Poutine. L’activisme délétère des américains ne semble rencontrer aucune résistance en Europe. Comme toujours, les européens de l’Ouest, désorganisés, incapables de se définir une politique commune en Europe de l’Est, laissent l’Otan, faux nez de l’activisme de la politique étrangère américaine, alimenter la hargne du patron du Kremlin contre l’encerclement imposé à son pays. Peu de lecteurs savent la réalité des manœuvres américaines sur place avec la complicité muette des européens : proximité de radars de surveillance de l’intérieur de la Russie, plateformes de tirs de missiles, bases aériennes américaines proches des frontières russes, surveillance de la navigation maritime à partir d’installations de surveillance installées en Géorgie, etc. Pour le Kremlin la présence des troupes de l’OTAN sur ses frontières justifie le branle-bas actuel et la politique de reconquête de certains des territoires de la grande Russie. Pour justifier son propre activisme, le pouvoir du Kremlin utilise une propagande incessante qui fait mijoter le peuple russe dans un fort ressentiment contre les américains accusés d’être à l’origine de la baisse du rouble, de l’appauvrissement des russes, alors qu’en réalité celui-ci est surtout dû à la diminution du prix du pétrole et à un détournement massif des actifs du pays. Cette propagande fait vivre un nationalisme quasi inconnu du temps des tsars. Un nationalisme dangereux qui enferme les russes dans le sentiment d’être assiégés par leurs voisins, dont il convient de se méfier. Une guerre froide qui pourrait ne pas le rester !

Ni Poutine, ni les russes ne sont des imbéciles, mais par moment, j’ai vraiment des doutes pour les autres.

On peut s’interroger parfois sur ce qu’apprennent les responsables de la géopolitique dans les chancelleries européennes. Sur place, se développe une détestation féroce envers les américains et le suivisme de l’Europe. Le sentiment anti-américain de la zone a explosé dans tout le pourtour de la mer noire et en Russie, ramenant la région à l’époque la plus sombre de la guerre froide. Les populations de l’est européen ont le sentiment que l’Europe et les américains veulent leur faire, toujours et encore, payer le prix d’avoir été durant des décennies soumis au stalinisme. Les gens de l’Est, qui souhaitent prospérer à l’abri des visées hégémoniques des uns ou des autres, considèrent que le tropisme « anticommuniste » du Maccarthysme semble ne jamais pouvoir disparaître. Contrairement à une idée générale trop facilement admise d’un moujik inculte et manipulable à l’infini, le russe moyen est largement aussi éduqué qu’un européen et bien plus qu’un américain moyen. Il n’est pas dupe de Poutine qu’il considère comme un moindre mal pour résister à l’interventionnisme américain insidieux ou assumé qui a été à l’origine de millions de morts dans le monde au prétexte d’une lutte contre un ennemi dont on ne connaissait que la couleur : le « rouge » !

 

Face à la montée des tensions entre deux vieilles puissances qui montrent inutilement leurs muscles depuis des décennies, les diplomates les plus lucides tentent de calmer le jeu comprenant bien que jouer sur le ressentiment des peuples peut aboutir à un dérapage fatal pour la paix du monde. Aucun n’oublie que ce serait les terres européennes qui serviraient de ring. Pour l’immédiat, seul la Realpolitik de Madame Merkel montre qu’elle a compris le danger d’une raideur diplomatique et morale qui ne ferait qu’envenimer la situation. On peut regretter la présence d’un De Gaulle qui aurait tout fait pour faire basculer la Russie dans le camp européen fusse en marchant sur quelques pieds américains. Aujourd’hui il faudra faire avec le gouvernement allemand le mieux à même de guider l’Europe tout simplement parce que nos voisins allemands sont très certainement ceux qui connaissent le mieux nos voisins russes. Croisons les doigts.

Auteur: Denis Ettighoffer

Denis Ettighoffer, 68 ans, est une figure connue des spécialistes en technologies de l’information et de la communication et en sciences sociales et économiques. On lui doit les premières réflexions avancées sur L'Entreprise Virtuelle, son premier livre début des années 90. Denis Ettighoffer, ex-directeur de Bossard Consultants, conseil en management & organisation, est intervenu auprès de grandes sociétés, d’administrations centrales et de nombreuses collectivités territoriales. En 1992, il a fondé Eurotechnopolis Institut avec pour ambition d'étudier les impacts de la diffusion des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) sur notre société, l'économie, la compétitivité de nos entreprises et sur nos façons de concevoir le travail.

20 Commentaires

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  • Thomas13,01

    15 avril 2015

    Le positionnement face aux US a deja beaucoup changé sur le site. On est passé d’un alignement de principe à l’image de la presse française dite libérale (les Echos et l’Opinion) à une attitude qui se voudrait équilibrée genre « torts partagés ». On ne peut pas s’empêcher de rappeler que Poutine et les russes sont par principe des méchants paranoïaques, histoire de se faire excuser peut-être d’oser enfin dire quelques verites.
    Inutile pour moi d’argumenter. On verra bien ce que l’on dira encore des paranoiaques russes dans un an. Il y a deja dans le texte toutes les contradictions possibles quant à cette thèse.
    Il faudrait que l’auteur sache simplement mieux de quoi il parle.
    Et pendant ce temps là, les chinoises ont vraiment des petits pieds !

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    • idlibertes

      16 avril 2015

      Cher Monsieur

      Nous n’avons pas de vue maison sur la question. Chaque auteur est libre de défendre son point de vue du moment que ce dernier l’est de façon un minimum intelligible.

  • L-ami-Z

    15 avril 2015

    Étrange de voir des réactions si contrastées dans les commentaires. Cela prouve que la propagande occidentale « au karcher » fonctionne encore mais se craquelle néanmoins au fur et à mesure que les mois passent et que les certitudes s’estompent quelque peu.
    Dans cette affaire il conviendrait de revenir à la réalité objective et de tenter de répondre sans idéologie ni naïveté aux différentes questions : qui est l’agresseur, l’agressé, le complice, le cocu, le bénéficiaire et l’objectif ultime ?
    L’agresseur : Peut-on sérieusement nier que c’est par une volonté américaine que l’on en est là et que le maidan a été financé par la CIA (quand même eux le reconnaissent ! et que des analyses US vieilles du siècle dernier existent présentant l’aspect stratégique de l’Ukraine dans leur stratégie de maintien de leur hégémonie post 1995 (relire Après l’empire d’E. Todd par exemple ou plus récemment le Minotaure planétaire de Varoufakis). De plus, pour être depuis plus de 20 ans dans le monde de l’Oil & Gas à côtoyer Gasprom (remember : it’s always all about O&G !), l’Ukraine a toujours été un sujet extrêmement délicat entre la Russie et les sociétés européennes qui, depuis 1975 et l’arrivée du gaz russe, ont toujours su qu’il ne fallait pas « toucher au grisbi de l’Ukraine ». Enfin, peut-on oublier les positions « tentées » par les majors pétrolières occidentales notamment Chevron en novembre 2013 (à quelques jours du début des manifestations au Maidan …) dans le shale gas (à Donetsk … !) et ensuite ExxonMobil (en offshore Crimée !), du temps du gouvernement Yanukovych (qui avait emprisonné et maltraité Yulia Tymoshenko sans trop de cris de l’Ouest pour trahison pro-Russie …) mais pour ensuite être « retourné » par Moscou et refuser de se rapprocher de l’Europe, faisant comprendre aux occidentaux que leurs alliés étaient foireux, que la fin de la récréation avait été sifflée par Moscou et que l’influence Russe en Ukraine ne pourrait être annihilée sans crise ouverte. En clair, la stratégie commandait l’attaque (voir l’objectif ultime), la corruption politique classique ne suffirait pas !
    L’agressé : Bien sûr le peuple ukrainien en particulier russophone, mais pas seulement. L’ensemble de l’Europe est dans cette affaire agressé …, par les américains ! géostratégiquement et financièrement. Un rêve d’Europe, pour l’Ukraine, est impensable pour les 15 ans qui viennent et c’est pourtant ce qu’on leur a fait miroiter (BHL en tête !). C’est cynique et irresponsable vis-à-vis des ukrainiens mais aussi des peuples européens qui n’ont absolument pas la capacité d’intégrer 45 Million de personnes dont le revenu est inférieur à 300€ par mois. L’hémorragie financière est d’ailleurs engagée avec son train de prêts, défaillances, subventions déjà à l’œuvre sur le dos des finances européennes.
    Le complice : il en faut toujours un ! Dans ce cas, c’est sans discussion l’Allemagne de Merkel. En effet, qui mieux que l’Allemagne (dépendant à 44% du gaz russe depuis 40 ans) sait à quel point l’Ukraine est une pièce maîtresse du dispositif d’équilibre de la relation russo-européenne. Alors pourquoi Merkel se permet-elle de provoquer Poutine et même d’en rajouter encore en rappelant encore récemment la Géorgie et la Tchéchénie ? Aucune explication n’est satisfaisante (inimitié puérile historique entre les personnes mise à part) sauf à considérer la volonté de constitution d’un « 4ième Reich » avec l’extension à l’Ukraine (ses ressources et ses millions de travailleurs low cost) de son modèle de prise de contrôle de l’Europe de l’Est (son jardin démographique low cost…) dans une stratégie concertée de plus en plus visible de devenir le bras économique armé d’une Amérique impériale en Europe. Inquiétant ? oui , glaçant ! Ambition supra-nationale donc comme seule explication raisonnable au délitement des relations bilatérales russo-germaniques (et du commerce) considérées par Berlin de tout temps comme de la plus haut importance nationale.
    Le cocu : Nous ! l’Italie, la France, la Grèce (d’avant Tsipras) …, les autres partenaires historiques de la Russie en Europe dont l’histoire universaliste commune est ancienne et profonde (et les relations commerciales fructueuses), affaiblis en autant de « dégâts collatéraux » insignifiants, si passifs et résignés-réclamants (comme dirait Attali) subissant la dictature américaine pilotée à Wall Street et provoquant la surprise de Poutine sur le si peu de souveraineté (et d’honneur) qu’il nous reste.
    Le bénéficiaire et l’objectif ultime : c’est bien sûr au départ les américains qui, en ouvrant de toutes pièces un front à l’est de l’Europe (comme ils l’auraient fait dans le centre de l’Afrique), me semblent avoir voulu, non pas seulement encercler et affaiblir la Russie mais aussi supprimer toute alternative à l’Europe de tomber sous leur protectorat et sous leurs dictats du libre-échange dont l’agenda avance maintenant à vive allure en parallèle. La rupture des digues et l’extinction dirigiste des foyers de résistance est à l’œuvre, supprimant tout équilibre et coopération militaires possibles (l’OTAN se dévoilant de jour en jour plus agressif) et toute alternative à l’est y compris énergétique car en bloquant les Russes et SouthStream, le shale gas américain (en énorme surplus) trouvera mécaniquement un exutoire privilégié en Europe grâce aux dizaines de milliards d’investissement actuels réalisés par les US pour les installations de liquéfaction et d’export.
    Dans cette stratégie, la déstabilisation du rouble (et du commerce Europe-Russie) est aussi essentielle et l’on peut même se demander dans quelle mesure les américains (via le FMI, l’Eurogroupe et la rigidité pilotée de l’Allemagne face à la Grèce) ne sont pas en train de déstabiliser l’Euro.
    En effet, forgé de toutes pièces sous leur égide dans un autre temps où il permettait d’organiser une convergence monétaire contrôlée, l’Euro sert-il toujours leurs intérêts, face à un dollar extrêmement affaibli en tant que monnaie mondiale ? Une Europe en mal de sécurité monétaire « tomberait » aujourd’hui automatiquement en zone dollar en cas de crise financière grave, accélérant et finissant opportunément le boulot du TAFTA mais qu’en serait-il dans 5 ans alors que la situation géopolitique et l’économie financiarisée jusqu’à l’écœurement absolu des Etats-Unis se dégrade à vue d’œil et que le chemin parcouru par la Russie de Poutine est proprement impressionnant ?
    Mais, comme à leur habitude, les US n’en ont-ils pas trop fait ? et paradoxalement, le bénéficiaire pourrait bien être Poutine (s’il continue à garder son sans froid) ! car de plus en plus de signaux montrent une réelle fatigue du monde envers « l’impérialisme du chaos » américain, leurs alliés disparaissent tour à tour, leurs opposants les craignent de moins en moins comme en atteste le succès de l’AIIB et ses 52 membres à aujourd’hui. Dans ce cadre, le sirtakis grec actuel entre Europe et Russie prend un jour très particulier.
    Donc « Que –devrions- nous faire dans cette pétaudière ukrainienne ? » : la même chose qu’en Grèce : écrire la tête haute notre avenir de citoyen européen ! y-a du boulot !

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    • Robert Marchenoir

      15 avril 2015

      Il n’y a pas de propagande occidentale. Il y a une propagande russe.

      L’agresseur est la Russie qui a annexé un territoire d’un pays souverain, en violation de tous les traités qu’elle a signés en en violation du droit des gens. Cette annexion n’a été reconnue par pratiquement aucun pays de l’ONU.

      L’agresseur est la Russie, qui a envahi l’est de l’Ukraine continentale tout en mentant sur ses actions.

      L’agresseur est la Russie, qui menace l’Europe d’attaques nucléaires préventives, qui menace d’envahir Varsovie, qui kidnappe un agent secret estonien sur le territoire estonien, qui kidnappe et torture pendant deux jours un réfugié politique tchétchène à Strasbourg, etc, etc.

      L’agresseur est la Russie, qui menace la paix dans le monde.

      Vous êtes bien bavard, pour un troll du Kremlin. Je vous signale que vous avez un quota à respecter. Ne vous attardez pas ici. Vous avez d’autres sites à polluer de vos mensonges.

    • L-ami-Z

      17 avril 2015

      Cher Monsieur,
      Vos propos sont bien comminatoires !

      Asséner vos anaphores comme Hollande nous a asséné ses « Moi Président » ne les rendra pourtant pas plus vraies que les siennes !

      Au plaisir de vous donner rendez-vous sur ce sujet dans quelques mois …

      P.S. : les assassinats actuels d’opposants pro-russe à Kiev passés totalement sous silence ici et la décision par le parlement ukrainien d’assimiler le Nazisme et le Communisme et de reconnaître les collaborateurs nazis locaux comme des combattants de la liberté devraient ainsi logiquement vous ravir !

    • Eric

      20 avril 2015

      De même Robert, écrivez donc un article et mettez-y un lien sur IDL, votre commentaire est totalement inutile et n’a pas de gout!

    • Jo

      4 août 2015

      Commentaire inutile puisque c’est ce que nos médias payés par nos impôts nous assènent à longueur de journée, on en est donc plus que rassasié.
      Marchénoir, il faut éteindre votre TV et fouiller sur internet dans tous les pays de la planète pour pouvoir dire que l’on est informé et non désinformé, la France est dans le Top 5 du mensonge sous toutes ses formes, et la forme championne est l’Omission, ne surtout pas parler de ce qui dérange la Doxa.
      Je ne peux que vous conseiller de prendre le temps de lire Zbignew Brzezinski et gratuitement de plus, c’est très instructif, sorti en 97 donc facile de voir ce qui s’est passé depuis (https://electrodes.files.wordpress.com/2014/03/brzezinski_zbigniew__le-grand-echiquier.pdf).
      De plus les US avaient prévu occuper l’Ukraine bien avant Maidan, non seulement l’Ukraine mais la Crimée, non seulement la Crimée mais Sébastopol territoire Russe par contrat avec l’Ukraine, voir cet appel d’offre émis en Juin 2012 et annulé début 2014 pour la réfection de l’école N°5 de Sébastopol par l’US NAVY, mais bien sur c’est la faute à Poutine s’ils n’ont pas respecté leur planning, c’est vrai que leur plan n’a pas bien fonctionné (https://www.fbo.gov/index?s=opportunity&mode=form&id=2bb691b61c59be3a68180bd8c614a0cb&tab=core&_cview=1), site officiel de l’US NAVY pour tous leurs « appels d’offres ».
      Si moi citoyen lambda je peux obtenir ce document, je pense que le FSB devait aussi l’avoir en archive, enfin peut-être :o).
      Enfin il y aurait tellement à vous apprendre que je m’arrête là.
      Une chose est certaine, je ne crains rien de la Russie mais je crains la folie des US, d’un coté un vrai Président intelligent, de l’autre une flopée de nuls qui ne font que servir de serpillières aux US qui eux ne veulent qu’une seule chose: diriger la planète au profit de Wall Street.

  • Fourmi

    13 avril 2015

    Peut-être que le problème de l’Occident qui ne voit jamais la forêt russe derrière l’arbre allemand vient de sa volonté très ancienne de retirer à la Russie et à l’espace eurasien une protohistoire.
    Pourtant Anne de Kiev, reine de France, se morfondait dans le trou du cul de la terre qu’était la France, accablée par l’ignorance de son époux royal.
    Le chapitre commençant par les origines de la Russie au IXème siècle est un ramassis de poncifs, de faussetés, de contre vérités, que l’on ne saurait relever une à une tellement c’est accablant de bêtise, d’arrogance ethnocentrique.
    Ce n’est pas la résistance française qui a vaincu à Stalingrad, à Koursk, à Berlin.

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  • caullet

    13 avril 2015

    Il me semble que la réalité est toute simple et découle de la volonté hégémonique des Etats-Unis dont l’Europe « occidental » est à la remorque.
    Le pacte de Varsovie a disparu. Pas l’OTAN et ses multiples lieux d’occupation.
    Quelle est la date de la réunion 2015 du groupe Bilderberg ?
    Quels en seront les participants ?
    En 2014, Emmanuel MACRON ( pas encore ministre de l’économie ) et Fleur PELLERIN ( alors secrétaire d’état au commerce extérieur, TAFTA obligeant ) faisaient partie des invités.

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  • Jean Claude Gruffat

    12 avril 2015

    Je connais un peu l’Ukraine et la Russie.
    L’Ukraine est un Etat qui n’est ni democratique ni un modele de gouvernance.
    La Russie ne respecte que les rapports de force, Poutine meprise l’Occident et ses valeurs.
    L’administration americaine ne soutient pas l’Ukraine qui ne fait pas partie de l’OTAN, l’Allemagne est critique mais ne souhaite pas la confrontation militaire.
    Il n’y a pas de position commune entre les Europeens, ni avec les Etats Unis.
    Ceci conforte Poutine qui tente de faire oublier les echecs de ses politiques domestiques en faisant de l’Occident la source de tous ses problemes.
    Son expansionisme se manifestera dans d’autres parties de l’ancienne URSS ou il y a de fortes minorites russophones, Etats Baltes,, Kazakhstan.
    Ne rien faire maintenant ne fait que repousser le probleme, comme le rappelle la Pologne qui est au premier rang et legitimement preoccupee.
    Ce est preoccupant et peut deraper.
    L’Ukraine n’est pas le sujet, mais le cas d’espece pour tester notre capacite a resister a un autocrate dangereux pour la paix du monde.

    Répondre
    • Robert Marchenoir

      13 avril 2015

      J’apporterais une nuance à ce que vous dites : l’Ukraine n’est pas un modèle de gouvernance, tout simplement parce qu’elle a hérité du modèle soviétique, puis russo-poutinien, notamment à base d’oligarques et de corruption.

      Mais c’est justement ce modèle que les Ukrainiens veulent changer, contrairement aux Russes qui s’en accommodent. Je parle du peuple, et pas seulement des dirigeants. C’est précisément pour mettre fin à la corruption que les Ukrainiens ont organisé le soulèvement de Maïdan et poussé à la fuite Ianoukovitch, le vassal de Poutine à Kiev.

      J’ajoute que l’Ukraine est d’ores et déjà beaucoup plus démocratique que la Russie. Les élections sont authentiques, et le chef de l’Etat est régulièrement renouvelé. Ce n’est pas le cas de la Russie, où la Douma est une simple chambre d’enregistrement, où les partis d’opposition ont été, dans une large mesure, créés par le Kremlin lui-même, où les élections sont truquées, et où Poutine perpétue la tradition séculaire du chef autocratique qui n’abandonne le pouvoir qu’une fois mort, chassé par un coup d’Etat voire assassiné.

      Donc, lorsque la propagande du Kremlin cherche à salir l’Ukraine en la décrivant comme corrompue, au bord de la faillite, etc (je ne parle pas de vous, bien entendu), c’est un peu comme si je mettais le feu à votre maison, puis que je vienne vous dire : qu’est-ce que c’est que ce travail, vous n’êtes même pas capable de garder votre maison en ordre, faut que je fasse tout ici, passez-moi les clés, maintenant c’est moi le propriétaire.

    • Thomas13,01

      15 avril 2015

      Si « les elections sont authentiques et le chef d’Etat est regulièrement renouvelé », comment alors légitimer le changement de régime par la force à 10 mois des élections ?
      Je rapelle que Hollande bénéficie actuellement d’un soutien environ deux fois moindre que le président en place alors.
      La situation ne serait-elle pas meilleure dans le pays si justement on avait attendu les élections qui semblaient effectivement satisfaisantes ?

      Tout le reste est contre vérité grossière du même accabit.
      La Russie est grand pays et une grande civilisation. L’Ukraine aurait pu exister.

    • Eric

      20 avril 2015

      Thomas, vous auriez simplement du lire « régulièrement renouvelé » tel Maidan… Dans ce cas, Torchenoir disait vrai.

  • DOZIER

    11 avril 2015

    @ Arsene Holmes

    « Poutine est à la tête d’une bande de kleptocrates et de voyous et qui pillent leur pays allègrement depuis 20 ans et qui tient à conserver vle pouvoir éternellement et pour ce faire a besoin d’un ennemi pour rallier ses serfs.

    Et incidemment a à sa disposition la machine de propagende (propagande) la plus efficace du monde ayant presque 100 ans d’existence ( 1917) »

    Les USA en matière de kleptocratie ne sont pas en reste, ils ont la FED mais c’est un mécanisme beaucoup plus subtile que ne l’est l’action de quelques oligarques.
    Pour ce qui est de la propagande, les Russes ont encore du chemin à faire et peuvent prendre utilement exemple ailleurs.
    Il est des amis (ou alliés) dont on se passerait volontier…

    Répondre
  • Robert Marchenoir

    11 avril 2015

    Pourquoi les Européens tiennent-ils tant à aider l’Ukraine (et devraient l’aider bien davantage) ? Eh bien, c’est très simple.

    Parce que le parlement ukrainien vient de voter une loi qui :

    – Condamne le communisme et le déclare criminel.
    – Interdit la propagande communiste et les symboles communistes.
    – Oblige à débaptiser les noms de rues et de places liés au communisme.
    – Oblige les organisations portant un nom soviétique à en changer.
    – Oblige à détruire les monuments soviétiques ou consacrés à des personnalités communistes.
    – Ordonne des enquêtes pénales sur les crimes commis par les responsables de régimes totalitaires (dont les régimes communistes).
    – Crée une journée nationale du souvenir pour les victimes du communisme.

    Toutes choses que la France n’a pas encore faites, je me permets de le faire remarquer…

    Ne parlons pas de la Russie, qui est au contraire en train de réhabiliter l’Union soviétique, Staline, le communisme et même le nazisme, par la voix de Vladimir Poutine lui-même, qui a justifié il y a quelques mois le pacte soviéto-nazi.

    J’ajoute que la loi dont je viens de parler associe systématiquement la condamnation du nazisme à celle du communisme.

    L’autre raison pour laquelle l’Europe soutient à bon droit l’Ukraine, c’est qu’il vaut mieux l’aider à se défendre militairement contre l’agression de l’armée russe, que d’avoir à défendre, plus tard, des pays membres de l’Union européenne ou de l’OTAN contre une attaque russe.

    Je pense naturellement aux pays baltes, à la Pologne, aux pays scandinaves, à la république tchèque, à la Roumanie, à la Grèce… mais aussi à la France, à l’Allemagne, à la Grande-Bretagne. Le caractère mafieux de l’Etat russe, lié aux nombreux liens économiques entre ces trois pays et la Russie, crée un vrai danger pour leur sûreté nationale, via la contagion de la corruption d’Etat soutenue par l’appareil militaire russe.

    La guerre hybride menée par la Russie contre certains de ces pays a déjà commencé, et les Russes multiplient les menaces de premières frappes nucléaires préventives, en l’absence d’agression préalable, contre l’Europe.

    Vladimir Poutine a déjà menacé d’envahir Varsovie, l’ambassadeur russe à Copenhague a déjà menacé la marine danoise de frappes nucléaires, l’armée russe a déjà capturé un agent des services secrets estoniens sur le territoire estonien (il est en prison à Moscou), le SVR a déjà capturé un ancien ministre tchétchène, réfugié politique en France, pour le torturer pendant deux jours à Strasbourg, les bombardiers nucléaires russes patrouillent déjà la Manche sans plan de vol et transpondeurs éteints, faisant risquer une réédition de la catastrophe de Malaysia Airlines et obligeant l’Irlande à annuler des vols civils pour raison de sécurité…

    Je ne sais pas ce qu’il vous faut. On dirait que la guerre d’Ukraine se passe chez les sauvages, et que, pourvu que nous faisions l’autruche, la Russie nous laissera en paix. Rien n’est plus faux !

    Observez un peu ce qui se passe, et surtout ne vous contentez pas de la presse française, pays largement infiltré par les espions et les agents d’influence soviéto-russes… sans interruption depuis 1905, en passant par les années 30, 45, 70… et maintenant l’ère poutinienne.

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    • Thomas13,01

      15 avril 2015

      Juste une remarque contre le Troll ukrainien.

      Contrairement à l’Allemagne (du nazisme), c’est le peuple russe lui même qui s’est libéré du communisme et en a libéré les autres peuples de l’URSS. Sans violence. Et c’est justement principalement l’URSS qui a détruit le régime nazi.

      Krouchev, il n’était pas Ukrainien par hasard ? En quoi les russes seraient donc plus responsables que les ukrainiens du communisme alors que c’est eux qui vous en ont libéré ?

  • Denis Monod-Broca

    10 avril 2015

    D’accord en tous points sur cette analyse, et en particulier sur l’aveuglement des dirigeants européens. Non, en tous points sauf un : l’espoir que le salut viendra de l’Allemagne.
    De part son histoire, sa situation, ses relations ancestrales avec la Russie, la France a un rôle éminent et irremplaçable à jouer.
    J’ai honte de son suivisme actuel (même si les rencontres de Hollande avec Poutine étaient un pas, même si bien tardif, même si bien timide, dans la bonne direction) mais je ne désespère pas…

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  • Candide

    10 avril 2015

    Dans cette affaire, les américains ne sont pas stupides. Cyniques, peut-être, mais pas stupide.
    Les USA cherchent à rester la puissance dominante dans le monde. Pour cela, ils ont impérativement besoin de continuer à dominer l’Europe, qui reste la clé de cette domination, par ailleurs mise à mal.
    De ce fait, un rapprochement entre la Russie et l’Europe, qui rééquilibrerait nos partenariat vers l’est, représente un danger majeur pour l’amérique. Et rien de telle qu’une pomme de discorde comme l’Ukraine pour entraver ce processus.
    Pour l’instant, ça fonctionne, surtout à cause de la bêtise ou de la veulerie de la diplomatie française…

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  • Arsene Holmes

    10 avril 2015

    J’ai une question: Pensez vous que les USA veuillent envahir la Russie?

    -Que les USA soient la première puissance mondiale et veulent le rester est un fait. -Qu’ils soient parfaits , certainement pas, surtout depuis quinze ans

    Poutine, ancien agent du KGB c’est à dire formé à considérer les USA comme l’ennemi veut restaurer la grandeur de la Russie ou de l’URSS.

    Mais quelle grandeur? Pour simplifier, c’est l’histoire de la subjugation de son peuple et des peuples limitrophes contre leur gré. A comparer à celle de l’Europe et celles des USA depuis 200 ans.Ou préféreriez vous vivre: en Europe occidentale, aux USA ou en Russie?

    Ce que je veux dire c’est que, oui les USA agitent peut êre l’Ukraine en réponse au soutien de Poutine à Assad et d’autres considérations que j’ignore mais à la fin de la journée, Poutine est à la tête d’une bande de kleptocrates et de voyous et qui pillent leur pays allègrement depuis 20 ans et qui tient à conserver vle pouvoir éternellement et pour ce faire a besoin d’un ennemi pour rallier ses serfs.

    Et incidemment a à sa disposition la machine de propagende la plus efficace du monde ayant presque 100 ans d’existence ( 1917)

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    • jehan

      17 avril 2015

      Les ukrainiens ont besoin de notre soutien pour sortir d’un régime kleptocrate.
      Leur réforme de l’état, si elle n’est pas récupérée par l’extrême-droite très puissante, mettrait en cause le régime de Poutine.
      Leur entrée dans l’UE serait un sérieux revers économique pour Poutine.
      Leur entrée dans l’OTAN serait la fin de la sécurité militaire russe, absée depuis la deuxième guerre mondiale sur une zone tampon. Et cela est totalement inacceptable par Poutine, mais aussi par tous les Russes. L’invasion de la Crimée était d’abord une urgence stratégique, pour ne pas perdre la base de Sébastopol.
      En poussant au conflit armé par l’intermédiaire de l’OTAN, les USA ridiculisent l’UE comme instance de décision, et avancent de manière décisive en Europe Orientale. Mais pour cela ils font tuer des milliers d’Ukrainiens, des deux bords: c’est les pro-russes qui se sont emparés par les armes des lieux publics, l’armée ukrainienne qui a lancé la guerre ouverte, et l’a perdu. A corps défendant de l’immense majortié des ukrainiens, russophones compris (savez-vous que les Russophones ont voté à 90% pour l’indépendance en 1991 ?)
      Endiguer l’avancée des pro-russes, promouvoir les valeurs européennes de citoyenneté pour tous et de protection des minorités, sans confier les clés à l’OTAN et à Stary Pravy, c’est l’intérêt de l’Ukraine et de l’UE. Mais celle-ci n’en a pas les moyens, ni même la volonté (Anglais, Polonais et Baltes va-t-en guerre, Hongrois et Grecs pro-russes, Français et Allemands sans moyens d’action).

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