Frédéric Bastiat fait partie des très grands économistes français. Auteur notamment de « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » (Editions Romillat).
Né à Bayonne, il était homme politique, journaliste et polémiste. La clarté de son style, son humour et sa simplicité d’expression l’ont beaucoup desservi dans le monde universitaire où la lourdeur, le formalisme et le pédantisme creux passent souvent pour autant de gages de sérieux et permettent d’éviter les prises de positions trop nettes et facilement compréhensibles.
En un mot, ses idées libérales font bien évidemment très rarement partie des programmes de l’Université française. C’est pour cette raison qu’il se trouve être beaucoup plus connu à l’étranger qu’en France.Circonstance aggravante : pendant son mandat de député de 1848 à 1850, il votait tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite !
Dans une économie, ce qui ne se voit pas et ne fait pas l’objet de commentaires dans les media grand public, est ce qu’il y a de plus intéressant à décrypter, car c’est souvent le plus important.
Parmi les exemples de ce qui ne se voit pas cette semaine : Dans un pays où le système scolaire produit 7% d’illettrés, on pourrait imaginer que cet échec terrible ferait honte aux fonctionnaires de l’Education Nationale. En France, pas du tout, ils préfèrent s’en prendre à Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, qui s’est permis de rappeler qu’il était difficile de retrouver un emploi quand on ne savait pas lire.
On aurait pu s’attendre à une mobilisation des professeurs pour prendre en charge les ouvrières de Gad (Usine d’abattage qui vient de faire faillite) afin de leur apprendre à lire le plus vite possible !
L’apprentissage devrait être une solution pour tous ceux qui font partie des jeunes qui après avoir suivi les classes de l’enseignement public, ne savent ni écrire convenablement, ni compter et ignorent totalement les rudiments de la politesse élémentaire.
On a appris qu’un nouveau texte était en préparation au terme duquel un artisan qui voudrait engager un apprenti pour le former, devrait demander à l’inspection du travail dont il dépend de lui délivrer un certificat attestant qu’il respectait à la lettre les 3500 pages du Code du Travail !
Dans un pays où l’on pratique l’hypertaxation des revenus du capital, on punit « les riches » et on rend les pauvres plus pauvres, car le nombre de chômeurs de longue durée ne cesse d’augmenter. Une visite à la Biennale de Paris au Grand Palais la semaine dernière permettait de comprendre où se dirigeaient les flux des investisseurs. Les prix pratiqués sur les stands sont devenus obscènes, tant la demande est importante.
Parallèlement le port franc de Genève Natural Le Coultre , société contrôlée par Yves Bouvier qui est le numéro un des ports francs mondiaux était presque saturé, celui du Luxembourg vient d’être inauguré… Encore un dernier verre et je m’arrête de boire…
La France qui n’a même pas commencé à réduire ses dépenses publiques en valeur souhaite repousser pour la troisième fois consécutive son objectif de retour aux 3%. Elle va emprunter l’année prochaine autour de 16% de son PIB, financement qui sera assuré pour l’essentiel par les fonds de retraite américains.
Autant dire qu’il n’y a plus beaucoup de temps pour passer à l’action.
Il faudrait arrêter d’utiliser les mots de sécuriser, pérenniser, sanctuariser qui fabrique au quotidien une France rêveuse et immobile. Manuel Valls dans le discours de la non réforme « Gouverner c’est réformer, c’est résister » nous a expliqué Manuel Valls dans sa déclaration de politique générale à l’Assemblée Nationale.
Jusqu’à maintenant c’est tout ce qu’il ne fait pas.
Pour lui gouverner, c’est en réalité sauver avant tout son électorat. On était dans le catalogue de bonnes intentions. Il n’y a plus un centime dans les caisses de l’Etat, mais il accorde une réduction d’impôts à 6 millions de ménages…C’est le cadeau fait aux frondeurs. Il va laisser filer le déficit. Il n’y aura aucune diminution des dépenses publiques ni en pourcentage du PIB, ni en valeur, alors que le niveau de prélèvements obligatoires est le plus élevé d’Europe à 57% du PIB contre 43% dans le reste de l’OCDE. L’Etat redistribue plus de 600Md€ de dépenses sociales et s’est érigé en « Etat Nounou » qui contrôle tout et surveille tout.
La social démocratie est devenue un social clientélisme qui bride la liberté et décourage l’innovation et la création d’entreprises, donc la création d’emplois. On est dans le zig zag permanent.
Son discours était plus à gauche que devant le Medef. Il fallait amadouer cette fois la gauche de la gauche.
La grève d’Air France dont l’Etat possède 15% sera à cet égard un très bon test . Beaucoup de français ne comprennent pas pourquoi leur impôt a augmenté alors que leurs revenus n’ont pas progressé.
Réponse : on tape sur les petits et les moyens.
On est dans une véritable grève de l’investissement qui est moins visible que celle des pilotes d’Air France. François Hollande ne semble plus avoir prise sur la réalité du pays. Il a paru médiocre et malhabile lors de sa conférence de presse.
« C’est pas facile » nous a-t-il dit.
On pourrait se féliciter de constater que la finance est devenue sa meilleure amie, surtout quand elle pratiquait des taux d’intérêts extrêmement bas. Il aurait bien tort de s’en féliciter et surtout de s’y complaire… Au total on a bien compris qu’il ne se passera plus rien jusqu’en 2017. Les grandes réformes c’est oublié. Les frondeurs ont eu satisfaction. La France ne va probablement pas encore assez mal pour que l’on fasse enfin les réformes que tout le monde a fait. Rien de sérieux ne sera entrepris notamment contre la fraude aux cotisations sociales sauf contre les chefs d’entreprise bien sûr.
Air France doit s’adapter ou périr Tout le monde sait depuis la disparition de la mythique compagnie américaine PanAm que les compagnies aériennes sont mortelles. Air France a perdu 600M€ sur ses lignes moyen courrier en 2013 et Transavia sa compagnie low cost 23M€. Pour devenir rentable il faut qu’elle exploite plus d’avions dans des conditions de rentabilité satisfaisantes. Cela nécessite que les pilotes acceptent les conditions du marché qui est très concurrentiel.
Avec la grève des pilotes d’Air France le pavillon français est en train de couler, car il y a un écart de productivité de 30% entre le Groupe Air France et ses concurrents. Les compagnies « low cost » détiennent maintenant 40% du marché européen.
Même si les coûts additionnels alourdissent souvent la facture pour les clients, la demande est là. Easy jet et Ryanair dégagent une marge opérationnelle proche de 13% alors qu’ Air France arrive péniblement à 0,5%.
German Wings, filiale de Lufthansa, exploite 39 avions et en a commandé 90 pour 2015. Elle transporte 16M de passagers. La majorité des vols moyen courrier en Europe de Lufthansa a été transférée sur GermanWings. Vueling, contrôlé par British Airways et Iberia exploite 73 avions et en a commandé 120. Cela lui permet de transporter 13M de passagers par an. Vueling représente maintenant 35% du trafic de l’aéroport de Barcelone.
Transavia la filiale « low cost » d’Air France ne transporte que 2,7M de passagers.Elle n’exploite que 13 avions et en a commandé 31 qui seront livrés en 2017.
Ces chiffres montrent bien à quel point la situation de Transavia et donc celle d’Air France est grave. Quand on est sur un marché en pleine rupture qui casse les modèles existants, il faut s’adapter ou périr. Il n’y a pas le choix. C’est un peu le problème de la France.
Le problème c’est que ni le gouvernement qui parle encore d’ « usagers », ni les pilotes n’ont compris que celui qui était roi, ce ne sont ni les inspecteurs des finances ni les pilotes, mais les clients qui décident de voler sur la compagnie de leur choix.
L’Italie va mal L’Italie sera en récession en 2014 avec un recul de son PIB de 0,4%. C’est une mauvaise nouvelle pour la France car Manuel Valls se trouve très exactement à la place de Matteo Renzi il y a quelques mois. Le chef du gouvernement italien a fait beaucoup de déclarations de bonnes intentions mais rien n’avance. La réforme du Code du Travail n’avance pas et pourtant c’est la réforme indispensable pour que l’Italie retrouve de la compétitivité …
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.