29 septembre, 2014

Quoi de neuf en Allemagne?

L’électorat Allemand bouge. Et je n’ai vu que bien peu d’articles dans la presse Française à ce sujet.Or, il me semble que compte tenu de ce  que nous voyons  chez nous, ce qui se passe en Allemagne est de la plus haute importance.D’où ce petit billet.

Aux dernières élections, le parti « Alternative fur  Deutschland  » ou AfD a recueilli 12. 6 % des voix en Brandebourg et un peu plus de 10 % en Thuringe.  Déjà, aux élections Européennes, ce parti avait envoyé sept députés au Parlement.  Voila une percée extraordinaire pour un parti qui n’existait pas il y a peu.

Qu’est que l’AfD?

Ce parti a été créé par Bernd Lucke, professeur d’économie  à l’Université de Hambourg  et le bras droit de notre professeur est Olaf Henkel, ancien patron de la confédération des Industriels Allemands. Les efforts des media pour essayer de présenter ce parti comme un parti d’extrême droite ont échoué comme le montre fort bien le résultat des élections. En fait, l’AfD chasse sur le territoire de l’ancien Parti Liberal, qui du coup a quasiment disparu de la carte électorale.

Que dit l’AfD ?

Quelque chose de tout simple : que l’Euro a échoué et qu’il faut entériner cet échec en retournant aux monnaies nationales, et donc au DM pour l’Allemagne. Pour l’AfD, l’Euro ne gène pas l’Allemagne mais empêche toute croissance  en particulier dans les pays du Sud et donc pourrait nuire à  l’économie  locale puisque ses principaux clients sont en récession /dépression, ce qui risque, à  terme, de plomber l’économie Allemande.

Pour que l’Euro fonctionne,  continue l’AfD, il faudrait que nous ayons des transferts sociaux massifs de l’Allemagne vers les autres Etats Européens, ce qui est interdit par les traités et violemment refusé par la population  ou que nous ayons une « mutualisation » de la dette, autre façon d’arriver au même résultat, tout aussi interdit par les mêmes traités, mais que monsieur Draghi pratique avec beaucoup d’abandon en s’appuyant sur la majorité qu’il détient au conseil d’administration de la BCE.

Et donc l’AfD ne veut pas que le contribuable Allemand paye pour des gens qui refusent de se réformer.

Comme le dit le proverbe Allemand, l’AfD pense qu’il vaut mieux la fin de l’horreur qu’une horreur sans fin.

Ce point de vue commence à être largement partagé Outre Rhin, comme en font foi les résultats électoraux.

Et ces résultats changent considérablement la donne politique en Europe.

Jusqu’ à maintenant, il n’y avait pas eu en Allemagne d’émergence d’un parti anti Euro « de Droite », ce qui laissait les coudées franches à  Madame Merkel pour aller vers le centre ou la gauche. Or  l’AfD n’est en rien anti Européen, mais tout à fait anti Euro, ce qui n’est pas la même chose. L’auteur de ces lignes par exemple a écrit il y a bien longtemps que l’Euro allait tuer l’Europe qu’il aimait… (cf  Des lions menés par des ânes »)

Et donc beaucoup d’électeurs Allemands, qui sont profondément favorables  à l’Europe peuvent en toute bonne conscience voter pour ce parti. Ce qu’ils font.

Voila qui va rendre les négociations entre la France et les autorités de Bruxelles beaucoup plus difficiles dans la mesure où l’on peut craindre un fort raidissement de la position du gouvernement de la Républiques Fédérale vis-à-vis des autres pays déficitaires, et en particulier vis-à-vis de la France.

On peut penser aussi que la marge de manœuvre de monsieur Draghi va être singulièrement rétrécie, en particulier s’il cherche à transformer la BCE en une « bad bank » qui rachèterait toutes les créances douteuses qui figurent au bilan des banques commerciales Européennes.

On peut imaginer aussi que la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe  pourrait se sentir encouragée par l’émergence de ce nouveau parti, or elle doit rendre un jugement dans les jours qui viennent sur la légalité des dernières opérations menées par la BCE. Le coup de tonnerre serait qu’elle interdise  à la Bundesbank de participer à ces opérations, ce qui ferait éclater immédiatement les  écarts entre dettes souveraines en Europe.

Nous sommes  donc dans une situation qui peut devenir explosive à  tout moment.

  • L’Italie s’enfonce dans sa dépression et le nouveau Premier Ministre ne réussit pas à faire passer son programme de réforme.
  • En France, toute réforme apparait impossible comme le montre bien l’exemple de la grève à  Air France.
  • En Allemagne, émerge un parti qui a pour programme de refuser toute mutualisation de la dette et tout transfert de l’Allemagne vers les autres pays.
  • En Espagne, les tendances séparatistes sont attisées par la crise économique créée de toutes pièces par l’Euro.
  • La confiance internationale dans l’Euro semble s’effriter puisque le cours de change ne cesse de baisser, ce qui indique que les sorties de capitaux accélèrent puisque la zone Euro a des excédents de ses comptes courants.
  • Les taux sur les obligations allemandes sont NEGATIFS jusqu’à quatre ans, ce qui prouve que certains semblent s’attendre à la réapparition du DM et à  sa réévaluation.
  • Les marchés financiers de la zone Euro sous performent les autres marchés mondiaux, ce qui n’est jamais un bon signe L’Europe semble en fait devenir un endroit que les financiers vendent, plutôt qu’un endroit ou ils achètent

Bref, la situation se bloque de plus en plus et les Politiques semblent bien incapables de résoudre les problèmes qui se posent à eux.Depuis 2009, la zone Euro passe d’expédients monétaires en expédients monétaires sans que la situation ne s’améliore en rien.

Le temps des fausses solutions arrive t’il à  sa fin?

Tout cela était prévisible, mais il est certain que ceux qui nous emmené dans ce désastre vont tout faire pour prolonger l’agonie.

Mais un jour ou l’autre, le mur de Berlin tombe et les peuples retrouvent leurs libertés.

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

27 Commentaires

Répondre à Philippe Sandron

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  • chenebeau

    2 octobre 2014

    Bonjour monsieur Gave,

    merci pour vos notes, c’est un plaisir de vous lire, cependant ce dernier me fait reflechir.

    que pouvons nous faire pour mettre en securite nos economies ?
    en cas d’explosion de la zone euro
    et
    en cas de spoliation de l’etat français pour rembourser sa dette (sur notre dos) ?

    je vous remercie pour votre reponse,

    thomas

    Répondre
  • BA

    1 octobre 2014

    – Les Echos : En 2007, vous évoquiez un « Etat en faillite ». Et aujourd’hui ?

    – François Fillon : Je crains que la France ne soit à la veille d’un accident financier grave qui pourrait faire éclater la zone euro. Pour l’heure, notre pays ne tient que parce que les taux d’emprunt sont bas. Mais cette bulle n’est pas durable : pas de croissance, un chômage qui progresse, une dette qui explose et dépasse les 2.000 milliards, des déficits qui ne se résorbent pas et l’impossibilité de ramener le déficit sous les 3 %, même en 2017… la crise ne fait que s’aggraver.

    http://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0203820061512-francois-fillon-la-france-est-a-la-veille-dun-accident-financier-grave-1048317.php

    François Fillon « craint que la France ne soit à la veille d’un accident financier grave qui pourrait faire éclater la zone euro. »

    Mais il n’y a pas que la France !

    Il va y avoir huit accidents financiers graves en zone euro.

    La zone euro est bâtie sur des gigantesques bulles de dettes publiques.

    Mais les bulles ne peuvent pas gonfler jusqu’au ciel.

    Nous savons comment finissent les bulles.

    Plop !

    Ces gigantesques bulles de dettes publiques vont bientôt éclater.

    1- Médaille d’or : Grèce. Dette publique de 314,801 milliards d’euros, soit 174,1% du PIB.
    2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2120,143 milliards d’euros, soit 135,6 % du PIB.
    3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 220,696 milliards d’euros, soit 132,9 % du PIB.
    4- Irlande : dette publique de 202,920 milliards d’euros, soit 123,7 % du PIB.
    5- Chypre : dette publique de 18,206 milliards d’euros, soit 112,2 % du PIB.
    6- Belgique : dette publique de 404,248 milliards d’euros, soit 105,1 % du PIB.
    7- Espagne : dette publique de 989,925 milliards d’euros, soit 96,8 % du PIB.
    8- France : dette publique de 2023,7 milliards d’euros, soit 95,1 % du PIB.

    Répondre
  • BA

    30 septembre 2014

    Mardi 30 septembre 2014 :

    La dette publique de la France dépasse pour la première fois la barre symbolique des 2.000 milliards.
    Selon les chiffres publiés ce mercredi par l’Insee, elle s’est établie à 2.023,7 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre, contre 1.985,9 milliards fin mars, soit une hausse de 28,7 milliards d’euros.
    Au ministère des Finances, on souligne que la dette a doublé entre 2002 et 2012, passant de 930 milliards à 1.860 milliards d’euros, dont 600 milliards entre 2007 et 2012.

    http://www.leparisien.fr/economie/dette-publique-la-france-a-franchi-le-seuil-des-2-000-milliards-d-euros-30-09-2014-4175987.php

    Dans l’Union Européenne, neuf pays sont en faillite.

    La Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Irlande, Chypre, la Belgique, l’Espagne, la France, et le Royaume-Uni sont en faillite.

    1- Médaille d’or : Grèce. Dette publique de 314,801 milliards d’euros, soit 174,1% du PIB.
    2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2120,143 milliards d’euros, soit 135,6 % du PIB.
    3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 220,696 milliards d’euros, soit 132,9 % du PIB.
    4- Irlande : dette publique de 202,920 milliards d’euros, soit 123,7 % du PIB.
    5- Chypre : dette publique de 18,206 milliards d’euros, soit 112,2 % du PIB.
    6- Belgique : dette publique de 404,248 milliards d’euros, soit 105,1 % du PIB.
    7- Espagne : dette publique de 989,925 milliards d’euros, soit 96,8 % du PIB.
    8- France : dette publique de 2023,7 milliards d’euros, soit 95,1 % du PIB.
    9- Royaume-Uni : dette publique de 1486,878 milliards de livres sterling, soit 91,1 % du PIB.

    La question est :

    “QUAND ces neuf pays vont-ils se déclarer en défaut de paiement ?”

    Répondre
  • tils

    30 septembre 2014

    Concernant l’Allemagne, il y a de l’eau dans le gaz :

    «Si on ne change pas fondamentalement la politique actuelle, le déclin de l’économie allemande va s’accélérer», tandis que les salaires vont reculer. Au taux actuel d’investissements, l’économie allemande ne pourrait croître de plus de 1% par an, contre 1,6% avec 80 milliards d’euros d’investissements supplémentaires.

    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/72898250-47f4-11e4-aef6-ddf0e2b621d7|1

    Répondre
  • James

    30 septembre 2014

    Cher Monsieur Gave,

    Merci infiniment pour vos articles passionnants.

    J’aurais deux questions concernant votre précédent post concernant l’éventuelle hausse du dollar.

    1) La dette US étant insoutenable, n’est-il pas très probable que Yellen active un QE4 ?

    2) La stimulation monétaire récente de la FED engendrera-t-elle de l’hyper-inflation? Cet argument revient très souvent, malgré l’absence de vélocité.

    Dans les deux cas, cela diminuerait la valeur du dollar.

    Thanks in advance.
    Take care, Sir.

    JS

    Répondre
  • Philippe Sandron

    29 septembre 2014

    Merci cher Monsieur Gave.

    « Comme le dit le proverbe Allemand, l’AfD pense qu’il vaut mieux la fin de l’horreur qu’une horreur sans fin. »
    Une personne bilingue me fait la remarque que « Lieber ein Ende mit Schrecken als ein Schrecken ohne Ende », se traduit par « mieux vaut une fin horrible qu’une horreur sans fin… », ce qui est aussi éloquent.

    PS. : J’espère que tout va bien pour vous à Hong-Kong.

    Répondre
  • Clauz

    29 septembre 2014

    En France nous n’avons pas l’équivalent de l’AfD ou de l’UKIP.
    Dommage!

    Répondre
    • charles gave

      29 septembre 2014

      C’est exactement ce qu’a rate Denis Payre
      cg

    • vivelafrance

      30 septembre 2014

      il y a Asselineau mais il fait moins de 1% lors d unemais election presidentielle. C est un neokeynesien mais paradoxalement il semble avoir comprit pourquoi l euro est nefaste et approuve les idees defendu par milton friedman en matiere de politique monetaire et en macrofinanciere. Comprendra qui pourra

  • nolife

    29 septembre 2014

    « Allemagne, toi dont les qualités entraîneront plus de dégâts que les défauts des autres nations ».

    Nietzsche

    Répondre
  • tils

    29 septembre 2014

    En tous cas, certains allemands commencent à voir les problèmes de l’économie allemande :

    ‘Enorme manque d’investissements’ –

    Mais tout cela ne doit pas occulter « les faiblesses fondamentales de l’économie allemande », notamment son « énorme manque d’investissements ».

    Ces derniers sont passés de 23% du Produit intérieur brut (PIB) au début des années 1990, à 17% aujourd’hui, nettement moins que la moyenne des pays industrialisés (20%). Pour rétablir ses comptes, l’Allemagne a sabré dans ses investissements publics au moment où ceux des entreprises étaient eux-mêmes en berne.

    Cela « conduit à une croissance et des salaires faibles », explique M. Fratzscher, qui avertit: « le déclin de l’économie allemande va s’accélérer si on ne change pas fondamentalement la politique actuelle ».

    http://www.afp.com/fr/info/le-chant-du-cygne-de-leconomie-allemande

    Répondre
    • emmanuel

      29 septembre 2014

      C’est a mon avis acte que l’Allemagne est le Japon de l’Europe.
      Ils ne vont jamais perdre qu’une guerre de plus.
      Je ne connaissais pas ce fait quant aux sous investissements…
      Mais a vrai dire cela ne me surprend pas du tout.
      Que d’arrogance tout de meme ces donneurs de lecons…
      Quand on considere leur dette hors bilan de plus de 5000 milliards, ils sont plus proche du Japon que de la France.

    • Loïz Fauquez

      29 septembre 2014

      Je veux bien vous croire mais qu’entendez vous par dette hors bilan de l’Allemagne de plus de 5000 Mds € ?

    • emmanuel

      29 septembre 2014

      Chiffre qui date un peu et qui n’a pas du s’ ameliorer donne dans une interview par le patron de la Buba…
      Selon ce monsieur la dette allemande avec le hors bilan serait de 7000miliards.
      Ce hors bilan c’est entre autre les retraites…

  • Fançois

    29 septembre 2014

    Bonjour Monsieur GAVE,

    Merci pour cette nouvelle analyse, bref ce seront toujours les mêmes qui seront les dindons de la farce et qui vont être obligés de payer ,.

    Répondre
  • emmanuel

    29 septembre 2014

    Tres bonne analyse que je partage dans son integralite.
    Mais l’Euro va durer encore un peu. Juste histoire de continuer a engraisser la ploutocratie qui se goinfre au dessus de nos moyens.

    Je fais une priere: « pouvu que la Catalogne vote oui au referendum ».

    Je lisais un article dans la presse economique de gauche francaise: « l’Europe creve merci de ne rien faire ».
    Sous entendu qu’attendez vous pour nous fabriquer des trillions de monnaie de singe…
    L’euro est l’Europe sont deux projets en fin de vie.
    L’euro est l’instrument d’un projet federal qui n’existera jamais.
    Mais cela va durer un peu…
    A moins que les peuples en decident autrement.

    Répondre
    • idlibertes

      29 septembre 2014

      A priori, un recours constitutionnel a été introduit par la gouvernement espagnol aux fins d’interdire ce projet d’indépendance de la catalogne.
      Donc, si le recours a eté accepté, il va falloir attendre que les tribunaux constitutionnel s’expriment…;

    • emmanuel

      30 septembre 2014

      Et oui c’est fait.
      Les Catalans n’ont pas le droit au chapitre.
      Viva la democratie, viva…

  • NATHAN

    29 septembre 2014

    L’intérêt de l’Allemagne n’est elle pas dans la prolongation du supplice infligé à ses voisins? 80% de ses exportations, libellées en euros, sont intra-européens tandis qu’une main d’oeuvre à moindre coût est à sa disposition à l’Est. L’affaiblissement des pays du sud, libres de dévaluer, serait une menace bien pire pour l’Empire…

    La grande contre-indication à votre voeu de sortir de l’euro tient pour moi dans le fait qu’une telle crise pousserait l’Allemagne dans les bras de la Russie – sa soeur impériale et son axe naturel d’expansion économique.

    C’est là un vieux sortilège qui nous serait très néfaste s’il se réalisait.

    Répondre
  • laurent

    29 septembre 2014

    Merci Mr Gave,

    UKIP avait 4% de votes il y a juste 2 ans ils ont 23- 27% aujourd’hui…..

    Il sont tous fous a Bruxelles, offrir un job a Moscovici ! un autre qui vient de changer son discoure a « oins du Seigneur »! Mais enfin, logiquement (si logique il y a chez les Euro-zonards) il faut espérer que cela ne fera que de souligner le désastre. L’internationale Socialiste règne. La corruption est totale, c’est insoutenable.

    Je suis préoccupé par le manque de vision du partie conservateur en Angleterre……. Cet Euro est diabolique, ils leurs faut jouer un jeu très difficile contre l’Internationale Socialiste. Quand vont-ils se réveiller?

    Répondre
    • Duff

      29 septembre 2014

      Seconde défection en moins d’un mois d’un député conservateur rejoignant l’UKIP, les deux ont démissionné et provoquent des élections anticipées. Si au moins un des deux est élu avec la nouvelle la nouvelle étiquette, les oreilles de Cameron vont siffler très très fort.

  • Martin T

    29 septembre 2014

    Excellente analyse monsieur Gave,

    On pourrait également arguer que l’on arrive à la fin de l’équivalent de ce qu’est devenue l’Europe à savoir un remake de la doctrine Brejnev (3 août 1968), qui prônait une souveraineté limitée des Etats satellites de l’Union Soviétique.

    Cette analogie me paraît pertinente en continuation de votre analyse très juste dans la mesure où cette doctrine ne permettait aucune défection d’un membre du bloc jusqu’à l’arrivée de Mikhail Gorbatchev et de sa « doctrine Sinatra »: « La doctrine Sinatra remplace la doctrine Brejnev (protection du socialisme, à tout prix, même par intervention armée directe) en permettant aux membres du pacte de Varsovie de choisir leur propre voie pour leurs affaires internes. Cette dénomination ironique de Gorbatchev fait allusion à la chanson de Frank Sinatra My Way. » – source Wikipedia.

    Je reste convaincu que l’éclatement de l’euro viendra d’une défection de l’Allemagne (dilemme du prisonnier…) de la même manière que l’éclatement du bloc rouble et ses 15 pays membres fut déclenché par la Russie en 1994.

    Le bloc soviétique et le bloc européen sont deux constructions de l’après-guerre. Le credo des politiciens européens en 2010 était similaire à la doctrine Brejnev: Aucun pays ne pourrait quitter la zone euro.

    Le problème principale de la zone euro vient de la tentative de convergence du développement économique des Etats membres tout en poursuivant une politique monétaire laxiste (cf votre ouvrage Des Lions Menés par Des Anes), ce qui a engendré, trop de maisons en Espagne et Irlande, trop de fonctionnaires en Grèce, etc.

    Toute la construction européenne actuelle et les « promesses » de notre « Joueur Généreux » Mario Draghi de la BCE (cf le très beau poème de Baudelaire) sont basées sur des garanties « implicites » uniquement:
    « L’euro est irréversible et nous ferons tout ce qu’il faut. Croyez-moi, ce sera suffisant ! »

    Hors, un marché ne peut fonctionner « rationnellement » que sur la base de garanties « explicites ». Car, même pendant une crise, ce dernier pourra fonctionner plus facilement et « valoriser » plus « rationnellement » le risque de crédit/défaut.

    La seule garantie « explicite » qui persiste en Europe c’est la constitution allemande. Cette garantie « explicite » s’applique également en temps de crise comme l’a rappelé le président de la cour constitutionnelle allemande Andreas Vosskuhle:
    « La Constitution s’applique également pendant la crise « . C’est une garantie explicite, tant pour les politiciens et pour les investisseurs! »

    Il a également prononcé la chose suivante:
    « l’Allemagne a épuisé les possibilités de poursuite de l’intégration de l’UE en vertu du droit constitutionnel allemand. S’il souhaite prendre des mesures révolutionnaires vers une union fiscale, il doit se doter d’une «nouvelle constitution» ».

    Or, se doter d’une nouvelle constitution exigerait un référendum dont le résultat serait presque à coup sûr négatif…

    Tout comme Gorbatchev a mis fin à au bloc rouble, je pense que Merkel mettra fin au bloc euro…à suivre.

    Cordialement,

    Martin T

    Répondre
    • laurent

      29 septembre 2014

      Merci Martin T excellent ! Et tellement instructif.

    • Duff

      29 septembre 2014

      Très juste mais pour le moment ni la CDU ni le SPD ne semblent prêtes à franchir le Rubicon..

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