Soit un pays qui a
- Un PIB de 100.
- Une dette de 120 % du PIB, détenue à 50 % par les nationaux et à 50 % par des étrangers.
- Un service de la dette (taux d’intérêts) à 2.5 % par an et qui va monter au-dessus de 3 % quand la dette émise à 0 % sera présentée au remboursement.
- Une croissance nominale du PIB de 1.5 % par an, qui baisse structurellement.
- Une dette qui va sans doute monter de près de 10 % cette année (330 milliards de nouveaux emprunts.
- En l’année T0 (aujourd’hui), le PIB en valeur nominale dégage 1. 5% de plus que dans l’année T-1(2024)
Ces chiffres correspondent à ceux de notre cher pays.
Comment vont se partager les 1. 5 % de croissance ?
Il y a des priorités dans les dépenses d’un Etat et la première des dépenses à être servie est toujours le service de la dette.
Le service de la dette est donc le seul coût de l’état qui ne peut être discuté ou réduit et ce coût sera de (2.5 % *120) =3 % du PIB.
La moitié de cette dépense va aux épargnants français soit 1.5% du PIB tandis que l’autre moitie va aux épargnants étrangers.
Et c’est là que la situation devient intéressante. Il n’y a pas assez de valeur créée pour servir les emprunteurs français. A partir de maintenant, la totalité de la nouvelle richesse créée, soit 1.5 % du PIB va aller aux épargnants étrangers.
Les préteurs français, soumis à la loi française, vont donc être spoliés car les préteurs étrangers doivent toujours être servies en premier.
Et donc, à partir de maintenant, je sais que le niveau de vie des préteurs français va lui aussi baisser et rejoindre la baisse généralisée de notre niveau de vie qui a commencé avec monsieur Macron. Le recours à la Loi Sapin 2 nous guette, à moins que nous n’ayons droit à un emprunt forcé.
Le problème bien sûr est que les paiements aux étrangers rajoutent aux déficits des comptes courants (balance commerciale) et je sais donc aussi que les déficits extérieurs vont se creuser en due proportion des paiements que nous allons devoir faire de plus en plus aux étrangers en y consacrant la totalité de la maigre croissance que nous gênerons encore.
Et donc nous allons devoir taxer les retraités pour pouvoir servir leur livre de chair aux étrangers.
Ce que je dis est malheureusement certain : à partir de maintenant, la population française dans son ensemble va s’appauvrir année après année. En T+2, le français de base, retraité compris, sera plus pauvre qu’en T+1, en T+3 plus pauvre qu’en T+2 et ainsi de suite.
Ce que je décris sommairement est ce que Keynes a appelé une trappe à dette : si un pays a une dette importante (de la taille de son PIB), si cette dette est largement détenue par des étrangers, et si les taux d’intérêts sont supérieurs au taux de croissance du pays, il ne faut pas avoir fait polytechnique pour comprendre que lorsque les étrangers décideront de ne plus prêter, le niveau de vie dans le pays s’écroulera brutalement.
Et qu’en attendant le niveau de vie de la population du pays baissera.
Cela fait des années qu’en France notre niveau de vie (NDV) est égal à l’argent gagné (AG) auquel il faut rajouter l’argent emprunté (AE)
NDV= AG+AE.
Dans le futur AE va disparaitre et notre niveau de vie tombera à l’argent gagné duquel il faudra soustraire l’argent à rembourser AR.
Et notre niveau de vie sera
NDV=AG-AR
Et donc, notre niveau de vie va baisser d’au moins 25 %, et plus nous attendrons pour nous attaquer au vrai problème, les dépenses de l’Etat, plus la chute de notre niveau de vie sera importante.
Et ce parcours est celui qu’ont suivi l’Argentine d’avant Milei, le Venezuela, Cuba, la Suède avant 1992, la Grande-Bretagne avant Thatcher, la France de Louis XVI, la Rome de Dioclétien…en commençant sans doute par Adam et Eve au paradis …
Cela est CERTAIN.
Je n’ai plus qu’une seule question à traiter : quand tout cela va-t-il se passer ?
Et ma reponse est toujours la même : je n’en ai pas la moindre idée.
Mais je sais ce qu’il faut regarder trois prix pour savoir si le dénouement approche.
- Le premier est le ratio entre deux réserves de valeur, les obligations émises par l’Etat français et l’or.
- Le deuxième est l’écart de prix qui se creuse entre deux autres réserves de valeur, le fameux écart des taux entre les obligations françaises et leurs concurrentes de meilleure qualité en Europe. J’ai choisi les Pays Bas. Pourquoi les Pays Bas ? Parce que le spread entre la France et l’Allemagne est massivement manipulé par la banque de France…
- Et le troisième, le cours des banques en Europe qui ont en « réserves » des obligations françaises.
Vérifions le premier.
Depuis le début de l’euro, l’or a fait beaucoup mieux que les obligations françaises (obligations en baisse de 90 % par rapport à l’or depuis 2000) et cette surperformance s’est accentuée depuis le début du Covid. Je considère que le ratio en dessous de 50 depuis la fin mai 2025 est un mauvais signe.
Passons au deuxième, la différence des taux sur les obligations à 10 ans entre la France et les Pays Bas.
Nous sommes indubitablement en zone dangereuse, et, contrairement à ce que la presse nous affirme, les échecs politiques français ont amené cet écart a un plus haut depuis la crise de l’euro.
Passons au dernier graphique qui représente l’indice des banques dans la zone Euro.
Le message est moins alarmant que pour les deux premiers graphiques, mais le jour où les obligations françaises seront vraiment attaquées, il est certain que l’indice des banques de la zone euro plongera.
Il faut donc surveiller cet indice comme du lait sur le feu.
Il est déjà 5 % plus bas qu’à la fin aout…
Conclusion.
Compte tenu de l’évolution politique en France, une crise sur la dette française est maintenant une certitude, et, cette crise pourrait se déclencher à tout moment,
Attachez vos ceintures.
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
N. BARLET
20 octobre 2025CHOSES VUES : EN 1981, AU CABINET DU MINISTRE DES FINANCES, DANS LES JOURS QUI ONT SUIVI L’ELECTION DE M. MITTERAND, LE TRESOR APPORTAIT CHAQUE SOIR VERS 17 H, LA LISTE ET LE MONTANT DES RETRAITS OPERES PAR LES PRETEURS ETRANGERS. . ILS PRENAIENT LA FORME, COURTOISE, DU NON RENOUVELLEMENT DE LEURS DPOTS A L’ ECHEANCE SANS AUTRE EXPLICATION. CES DEPOTS AVAIENT ETE FAITS DEPUIS PLUSIEURS ANNEES ET REGULIEREMENT RENOUVELES DEPUIS… LONGTEMPS. PAS DE DECLARATIONS PUBLIQUES, SIMPLEMENT UNE ABSTENTION. LA MEFIANCE DES GERANTS DE CAPITAUX EST DISCRETE.
Luc
20 octobre 2025Les francais sont des rigolos. Ils veulent une rolls royce des aides sociales (la France reste le premier etat providence au monde) avec un moteur de citroen 2cv (croissance economique et demographique defavorable). Plutot que d’engager des reformes on va accroitre la dette, le pays va s’enfoncer dans le marasme et les francais toujours manifester pour plus d’aides sociales et de fonctionnaires. Qui miserait un kopeck sur un pays pareil comme la France ? Quant au RN, c’est du socialisme de droite. Apres tout les retraites par repartition et la secu c’etait petain apparemment. un peuple indecrottable et incapable de se prendre en main
Francois
20 octobre 2025Merci pour cette démonstration claire et facile à comprendre. On ne sait pas quand cela va tomber, mais la zone de crash n’est plus très loin. Il est temps de sortir de l’Euro et n’en garder quelques miettes pour faire la semaine.
Robert
20 octobre 2025Sortir de l’ Euro et revenir au Franc ? Parce que vous croyez que cela éviterais une faillite de nos finances : une monnaie dont personne ne voudra et qui sera immédiatement attaquée sur les marchés ?
Oui, l’ Euro nous a piégé, et nous n’avons plus les moyens d’en sortir… à moins d’accepter une baisse du niveau de vie qui déclencherait une crise « gilets jaunes » puissance 10.
Jean
20 octobre 2025Par curiosité, de quelle force de frappe disposerait la banque de France pour manipuler massivement le spread OAT-Bund ? Je crains qu’il n’y ait sur ce point quelque exagération qui fragilise un propos éclairant, par ailleurs.
Pauline
20 octobre 2025Charles, vos analyses sont excellentes. Cependant, lorsqu’on examine le calcul du PIB, on constate que les dépenses publiques en font partie, ce qui est absurde. La raison de ce calcul est ancienne : autrefois, l’État achetait localement pour ses dépenses. Cette époque est révolue et les commandes se dirigent vers la Chine ou les États-Unis (selon les pressions économiques). Donc la France en engagent des fonctionnaires et leur construisant des bureaux, fournissant salaires et voitures de fonction, augmente le PIB mais rend la vie des entreprises impossible, car ces personnes inutiles doivent justifier leurs salaires.
Ainsi, si l’État réduit ses dépenses, comme beaucoup le demandent, le PIB chutera et le pourcentage de dépenses diminuera proportionnellement à la baisse du PIB. Ce calcul est, à mon avis, une aberration.
Patrice Pimoulle
20 octobre 2025Parce que c’est plus facile d’elire un « chef » qui prend les responsabilites, que de travailler, deliberer et prendre les respmsabilites en commun. C’est ce qui a fait le succes de la Ve Republique.
Rob
20 octobre 2025« Je n’ai plus qu’une seule question à traiter : quand tout cela va-t-il se passer ? »
Je vais essayer de répondre à cette question. Partant du point de vue que la caste au pouvoir en France et en UERSS veut conserver son pouvoir et ses prébendes le plus longtemps possible, gageons qu’ils feront tout pour mettre la poussière sous le tapis et retarder l’échéance en utilisant tous les artifices les plus sordides. Et les français sont suffisamment riches pour tenir, même avec un appauvrissement de 25% à 30%. Donc à mon humble avis, il y en a encore pour 5 à 10 ans.
Polo
20 octobre 2025L’espoir fait vivre, ce n’est pas nouveau
Robert
20 octobre 2025Etant donné le déni des réalités de nombreux Français, cela ne peut se terminer que dans une situation » à la grecque « … et avec les mêmes mesures drastiques du FMI et de la BCE.
Question de temps effectivement…
Cornier
20 octobre 2025Ne faudrait il pas tenir compte de l’inflation.? Le PIB nominal peut croitre de 1,5 +1,5= 3%. Ou dit autrement le service de la dette serait de 1,5% au lieu de 3?
Jean
20 octobre 2025CG a précisé nominal (brut) pas réel (net) me semble t il
Patrice Pimoulle
20 octobre 2025Il n’y a pas lieu de s’etonner. Tout ceci est voulu. La France a choisi un autre modele de developpement; parce que M. Attali a fait une « autre analyse ». J’ai connu ce moment: les Francais etaient « heu-reux »; « enfin on respire ». En fin de compte on retombe toujpours en democratie. Les peuples ont les dirigeants qu’ils meritent. Dier c’etait Cgirac et Mtterrand. Aujourd’hui, c’est Sarcot, Flanby, Jean-Michel et Emmanuelle. On attend avec avidite ce que donnera 2027, car « l’Etat doit avoir une tete, c’est-a-dire un chef »,