BHL est mondialement connu dans le Vème arrondissement à Paris, où personne n’a entendu parler de Thomas Sowell, qui lui, en revanche, est connu dans le reste du monde comme sans doute le plus important philosophe américain vivant.
Sowell qui est afro-américain, est né en 1930 dans une cabane du sud des Etats-Unis sans eau et sans électricité, son père mourant avant sa naissance et sa mère allant s’installer à New-York où il fait de brillantes études en tant que boursier dans l’une des meilleures écoles privées de NY, ce qui semble indiquer que tout ce que l’on nous raconte aujourd’hui sur les USA de l’époque n’est pas vrai. Il doit s’engager faute d’argent dans les marines à 17 ans où il devient instructeur après avoir fait la guerre en Corée.
Il fait ensuite des études d’économie à Harvard (BA), Columbia (Masters) et Chicago (PHD) -excusez du peu- où il obtient son doctorat sous la direction du futur prix Nobel d’économie George Stigler. Et c’est d’ailleurs un vrai scandale que ce même prix Nobel ne lui ait pas été attribué. Certains de ces livres ont été traduits en Français et sont des livres à lire et à relire tant il rappelle Bastiat dans la qualité de l’expression et l’ironie dévastatrice de ses démonstrations.
C’est de lui que je tiens la notion de « Oint du Seigneur » (« anointed » en Anglais), ou ODS, que beaucoup de lecteurs ont adopté.
Les ODS sont ces gens que la Divinité a chargé de faire notre bonheur malgré nous, parce qu’ils sont intelligents, éduqués, généreux, préoccupés par le sort de l’humanité et bienveillants alors que nous nous sommes un peu limités, avec un esprit étroit, nous préoccupant de nos petites vies, de nos pays, de nos familles mais sans vraie vision à long terme.
Pour moi, et depuis toujours, BHL a toujours été l’ODS archétypal, tant il remplit toutes les cases telles que mises à jour par Sowell et donc Vendredi soir à 19 h, j’étais devant mon poste, car, dans sa grande bonté, BHL avait accepté de débattre avec un homme, Éric Zemmour, se voulant du peuple et donc d’une intelligence inferieure à la sienne. J’étais en fait anxieux de savoir où se situait le beau et le vrai dans le monde dans lequel nous vivons et désireux d’être instruit par une si grande intelligence.
Et je n’ai pas été déçu : Sowell dans l’un de ses grands livres a fait une typologie des astuces qu’utilisent les ODS lors d’une discussion publique et il n’y a pas un seul de ces artifices crasseux et usés jusqu’à la corde auquel BHL n’ait pas eu recours lors de son débat avez Zemmour.
Venons-en donc a la typologie de Sowell, mais avant je voudrais lancer un concours pour les lecteurs de l’IDL.
Jean-Baptiste Noé vient de sortir un nouveau livre, « Les Ombres de la Terre, Chroniques Géopolitiques », qui regroupe tous les articles qu’il a donné à l’IDL depuis qu’il écrit chez nous.
Ce livre, d’une valeur intellectuelle inestimable mais d’une valeur marchande tres modérée (28 Euros), sera envoyé gratuitement aux troislecteurs qui auront le mieux décortiqué les astuces sémantiques de BHL pour ne pas répondre aux questions de Zemmour et botter en touche.
Pour les aider, je résume dans le papier ci-après les travaux de Sowell sur la sémantique utilisée par les ODS. Le jury sera constitué de JJ Netter, Emmanuelle et moi-même. Réécouter BHL est certes un effort surhumain, mais je peux assurer le lecteur que le prix en vaut la peine.
Thomas Sowell a classé les manipulations verbales des ODS en quatre catégories
- La préemption du langage, qui permet d’éviter le débat.
- Le double langage en ce qui concerne le Peuple.
- L’introduction dans le débat de buts totalement irréalistes pour faire apparaitre le contradicteur comme un homme sans vision et sans grandeur d’âme
- L’hypothèse que la nature humaine peut et doit être changée.
Première Méthode : La préemption du débat par l’utilisation de mots chargés de valeurs positives.
En voici quelques exemples
- L’ODS ne vit que pour résoudre les crises qui accablent le genre humain. Le processus est toujours le même : l’ODS diagnostique une crise dont il faut s’occuper tout de suite et qui le plus souvent n’existe que dans son imagination (Pensez à l’euro qui était une solution à la recherche d’un problème, tout allant très bien Europe avant son arrivée). Grâce à Dieu, notre ODS a LA solution à une crise dont il vient de découvrir l’existence, qui passe curieusement toujours par plus de pouvoir pour lui et pour ceux qui pensent comme lui, tout cela financé par le contribuable. Le problème qui n’existait pas devient réel, ce qui force notre homme à demander plus de pouvoir et d’argent pour faire encore plus de ce qui a déjà échoué, en donnant encore et toujours plus de pouvoir et d’argent à ceux qui nous ont amené dans le désastre (Voir l’Euro encore une fois, ou l’intervention française en Lybie préconisée par nul autre que BHL). Recommencer à l’infini, jusqu’à ce que le peuple les pende haut et court car nul ODS n’admet jamais qu’il a eu tort.
- L’ODS est naturellement favorable au Service Public (mot à connotation positive), (dont il est prêt à prendre la direction et naturellement contre la satisfaction des besoins par le secteur privé (pouah) en situation de concurrence (re-pouah). Bien entendu, le secteur privé le fait pour gagner de l’argent alors que lui ne le fait que par grandeur d’âme en oubliant de préciser que ses coûts sont supportés par les gens qui paient des impôts pour permettre aux ODS de rouler en voiture de fonction. Par exemple personne ne peut me forcer à acheter une voiture, mais madame Hidalgo se croit autorisée à m’empêcher de rouler avec, alors qu’elle a le bonheur de voir son chemin dégagé par des motards, payés par moi.
- L’ODS se présente donc toujours comme fondamentalement désintéressé (je ne fais pas cela pour de l’argent disent les Jack Lang de ce monde…), ce qui implique que ceux qui travaillent pour de l’argent sont cupides. J’ai du mal à comprendre pourquoi quelqu’un qui a travaillé comme un fou pour devenir et rester indépendant (moi par exemple) serait cupide alors que l’ODS de base qui ne vit qu’en piquant mon pognon serait désintéressé. Comme Zemmour, je ne dois pas être assez intelligent pour comprendre.
- L’ODS est pacifiste et contre toute violence et impliquent que les autres, qui veulent préserver la paix en préparant la guerre sont donc des va-t’en guerre militaristes et des beaufs favorables à la violence policière …
Etc.. etc..
Deuxième constante : le nécessaire mépris du Peuple.
Voyez-vous, l’ODS a un avantage considérable sur vous et moi. Lui ne raisonne qu’en fonction de PRINCIPES immuables et éternels alors que le Peuple lui ne bouge qu’en suivant ses pulsions, ses passions et ses émotions. Toutes les actions des ODS seront fondées sur des principes tandis que les réactions du Peuple ne viendront que d’une incapacité à conceptualiser ce qui est nécessaire. L’ODS ne croit ni a la Démocratie, ni a l’Egalite de tous devant la Loi. A son corps défendant, il lui faut donc guider le peuple, qui a une fâcheuse tendance à penser qu’il sait mieux que les ODS ce qui est bon pour lui.
- Prenons par exemple la criminalité : Tout ODS, même tout au début de sa carrière, sait que si le criminel commet un forfait, c’est malgré lui et parce qu’il a eu une enfance malheureuse. Le mettre en prison serait donc contreproductif. Pour les gens du peuple, qui eux vivent aux endroits où sont commis les crimes, voila qui apparait comme stupide et ils le font savoir haut et fort, ce qui confirme les ODS dans la notion que le peuple se laisse dominer par ses émotions.
- Continuons avec l’école, dont les ODS, qui ont leurs enfants à Henri IV ou à l’Ecole Alsacienne (s’ils sont moins brillants), sont trèscontents alors que les enfants du peuple se retrouvent dans des classes où la moitié des enfants ne peuvent ou ne veulent parler Français. Encore une fois, le Peuple va se laisser aller à ses pulsions, et donc s’énerver pour rien, au lieu de faire comme les ODS et de se satisfaire de leur sort.
- Finissons avec l’écologie : pour l’ODS de service (public bien sûr), il faut sauver la planète alors que pour le peuple, le problème est de faire le plein du diesel pour aller voir une grand-mère a l’hospice qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Encore une fois, le Peuple, quand les ODS augmentent le prix des carburants, va s’énerver en ne comprenant pas les principes généraux qui guident les actions des ODS. Par exemple, il est mauvais que le peuple se déplace d’Orange à Carpentras, mais bon que les ODS aillent à New-York pour discuter à l’ONU avec d’autres gens qui, comme eux sont menés par des principes et non pas des émotions.
Troisième constante : Les ODS doivent être jugées en fonction de leurs intentions et non pas de leurs résultats.
Le pauvre politicien de droite va s’attacher à améliorer les transports publics, les hôpitaux, les écoles et à ce que l’ordre et la sécurité règnent dans une économie qui connaitra si possible le plein emploi. Il sera donc facile de juger s’il a réussi ou non.
Foin de ces billevesées pour l’homme d’Etat ODS (tous les ODS sont des hommes d’Etat, aucun n’est un politicien): il va promettre la Justice Sociale (en piquant l’argent de ceux qui ont travaillé, pour le donner a ceux qui ne font rien, tout en en gardant une grande partie pour les ODS), la Paix dans le Monde (en coupant les budgets militaires de son pays pour ne pas énerver la Turquie), régler le problème de la faim dans le monde en subventionnant nos agricultures industrielles et en mettant des droits de douane sur les produits en provenance des pays du tiers monde et en passant la plus grande partie de son temps a Marrakech ou à Tanger, ou il ne paiera pas d’impôts etc…
Et, à l’arrivée, ils ne sont jamais responsables du désastre car le Peuple, dans son impatience ne leur a pas laissé le temps nécessaire au succès de leur politique. Et donc, quand tout cela, qui ne peut pas ne pas échouer, échoue lamentablement, l’ODS en arrive à sa solution finale : le problème étant le peuple, il faut changer le peuple, voire changer de Peuple
Quatrième et dernière idee des ODS; La nécessité de rééduquer le Peuple.
Malheureusement, cela suppose la rééducation des esprits, ce qui nécessite d’installer des camps entourés de miradors et de barbelés, car, hélas, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs comme le disait leur modèles, Lénine, Staline, Trotski, les grands organisateurs de la liquidation des koulaks et de la famine qui fit plus de vingt millions de morts en Russie, ou Mao, qui lui a soixante millions de morts à son bilan. En général, on constate à chaque fois que beaucoup d’œufs ont été cassés et beaucoup de vies brisées, mais l’omelette n’est jamais arrivée sur la table.
Et tout cela à cause de ces salopards de sans-dents qui veulent continuer à penser à leurs petits intérêts, au lieu de devenir altruistes, comme les ODS, qui pourtant s’échinent à leur expliquer que le but ultime de toute politique est de devenir tous égaux (la Liberté est un concept avec lequel les ODS ont du mal). Cela entraine parfois, mais de façon temporaire bien sûr, que certains deviennent plus égaux que d’autres et ces « certains » sont toujours les ODS, ce qui ne surprendra que ceux qui n’ont pas lu « la Ferme des animaux, de George Orwell », qui est à la fois une lecture nécessaire pour comprendre et une occasion de rire un bon coup, ce qui se fait rare. Si les lecteurs n’ont pas vraiment envie de rire, Il leur faut relire 1984, du même auteur, tant la comparaison avec la situation actuelle est criante de vérité-et glaçante.
Conclusion
Le concours est donc ouvert et j’attends les contributions des lecteurs avec la plus grande impatience.
A la décharge de BHL, je tiens cependant à dire qu’il n’est pas aussi dangereux ni influent qu’il aimerait le croire. Il est juste un idiot utile de la cause ODS, un nouveau Trissotin, et dans vingt ans, il sera totalement oublié comme tous les autres Trissotin de l’histoire de France, et Dieu sait qu’ils n’ont jamais manqué dans notre littérature et chez nos journalistes.
Le vrai danger aujourd’hui vient comme toujours des ODS qui ont pris le contrôle de nos états, tels notre Président actuel, les hauts fonctionnaires de nos états profonds, et enfin certains élus du parti Démocrate aux USA qui espèrent reprendre en Novembre le contrôle du système politique là-bas, ce qui serait un vrai désastre, (ce que je ne crois pas, mais je peux me tromper), et pour le monde entier.
La vraie lutte est aux USA et l’élection de Novembre sera capitale.
Et donc, le but politique de tout citoyen qui aime son pays doit être de ne pas se tromper d’ennemi. C’est ce que disait déjà Frederic Bastiat il y a 160 ans : « Il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. » Ou ce que disait Pompidou en termes moins choisis, il y a cinquante ans à ses ministres qui grouillaient d’idées sur la façon dont ils voulaient faire le bonheur des populations « Mais cessez d’emmerder les Français ».
Notre seul but politique doit être de nous débarrasser des ODS. Et la solution est simple : pour se débarrasser des ODS, il faut et il suffit de leur couper l’accès aux finances publiques, pour qu’ils se mettent à être vraiment utiles, en allant travailler pour gagner leur vie. Et donc, il faut cesser toutes les nouvelles subventions proposées par les ODS et annuler ou racheter toutes les anciennes.
C’est à ce prix que nous redeviendront libres. Et plus personne ne parlera de dettes.
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
Anna POTHIN
11 juillet 2020Mais qui peut… et comment couper…l’accès à des ODS aux finances ? Par quels moyens, par quelle ruse;
parce qu’ils vont se défendre de toutes leurs forces (ils ont le pouvoir, les médias…)
supprimer « le statut de fonctionnaire » pour commencer…Hm, est-ce possible ?
Ockham
3 juillet 2020Eh oui, l’ODS est aussi écologiste et pour gagner du temps donc nous faire payer moins cher car il vit des impôts, il va prendre l’hélicoptère …et m’attribuer 50 € pour faire réparer mon biclou sous 10 pages de conditions !
Alex
3 juillet 2020Cher Charles Gave.
Madame Emmanuelle Gave, Monsieur Jean-Jacques Netter, les membres du jury 😉
Je ne suis pas spécialiste en sémantique mais l’exercice m’intéresse et le livre de Jean-Baptiste Noé également.
Ça a été douloureux de réécouter ce débat que j’ai trouvé parmi les moins intéressants qui se soit tenu depuis le début de l’émission, mais, quoiqu’il en soit, en voici mon analyse des outils utilisés par BHL pour éviter de répondre à Éric Zemmour :
Dans « Rhétorique », Aristote distingue deux types de preuves que les orateurs peuvent utiliser pour emporter l’adhésion du public, c’est-à-dire pour le persuader :
– Les preuves dites techniques (celles construites par l’orateur) :
1/ L’Ethos (l’image au’on donne)
Il est à noter que BHL a voulu se présenter comme plus crédible que Zemmour. Il lui a lancé plusieurs petites phrases comme « J’ai le privilège d’être plus âgé », « Vous vivez dans un monde de Bisounours. Moi je vis dans un monde sérieux », « Nous parlons sur une grande chaine sérieuse, je ne peux pas vous laisser dire n’importe quoi », « Vous venez de dire une énormité ». Il se pose là en professeur qui contrôle de la justesse de ce que dit Zemmour. Mais plus généralement, BHL a travaillé son image tout au long du débat. Il a d’abord fait savoir que lorsqu’il se préoccupait des réfugiés, il faisait « son métier d’homme » comme disait Camus. Mais il s’est également inscrit dans la filiation de Malraux, du général de Gaulle, et de son père (cf. l’argument de la grandeur française). On peut estimer que sous certains aspects il essaye d’être lui-même un argument d’autorité.
La perception positive de lui-même qu’il saura susciter chez son auditoire rejaillira sur la perception de son discours qui serra mieux accueillie.
2/ Le Pathos (les émotions qu’on produit chez le public)
BHL a utilisé la réthorique de l’émotion (le pathos). En s’emportant comme il l’a fait à deux reprises face à Éric Zemmour (la première pour la camp de réfugiés prévu pour 2000 personnes qui en abrite 20000 et la seconde sur « le SS est mon frère humain »), il cherche à susciter une émotion d’indignation chez le téléspectateur. Plutôt que de répondre sur le fond des arguments de son contradicteur, il élève le ton de la voix pour affirmer sa position et fermer toute discussion sur le sujet. Là où Zemmour utilise la logique et les raisonnements pour démontrer, l’autre essaye de persuader. Et il faut dire qu’il le fait bien puisque qu’en mettant en accord son langage verbal et son langage non-verbal, cela sonne vrai. Et comme le disait Quintilien dans « Institution oratoire » : « Le grand secret pour émouvoir les autres, c’est d’être ému soi-même ; car toujours en vain, et quelquefois même au risque d’être ridicules, imiterons-nous la tristesse, la colère et l’indignation, si nous y conformons seulement notre visage et nos paroles, sans que notre coeur y ait part. »
3/ Le Logos (les arguments qu’on présente)
Venons-en ici aux arguments qui ont été avancés par BHL. Inutile de les lister, vous les connaissez, mais décortiquons la manière dont ils sont produits.
Les mots :
Plutôt que de répondre sur le fond du débat, BHL s’emploi à disqualifier son contradicteur, ses idées ou plus généralement toutes celles qui ne sont pas les siennes en jetant l’opprobre dessus :
– Les transformer en envahisseurs c’est un discours DÉGUEULASSE.
– Vous vous rendez compte de l’IGNOMINIE de ce que vous venez de dire.
– Ces conditions (de vie) c’est la HONTE de l’Europe.
– Terrible retrait américain et de l’Occident (sur le dernier sujet).
Inutile de s’éterniser ici, BHL emploi des attaques ad hominem et cherche parallèlement à imposer le camp du Bien. Durant toute l’émission il a voulu faire comprendre qu’il agit pour le bien de tous, et tout ceux qui n’iraient pas dans son sens devraient être voués aux gémonies.
Par ailleurs, pour justifier la légitimé de son combat, il utilise en permanence un vocabulaire victimaire et dramatique lorsqu’il parle de la situation des individus pour lesquels il se bat (faisant par cela de ceux qui ne le rejoignent pas des êtres cruel et sans coeur) :
– Les trumpistes se moquent des morts alors que pour lui chaque mort est un crève-coeur.
– Vous croyez vraiment que 20000 PAUVRES enfants, femmes et hommes (gradation du plus faible au moins faible), venus du Soudan, venus d’Érythrée, fuyant les combats de la guerre de Syrie (présentation de ces gens comme des victimes), 20000 (rappelle du nombre pour qu’il soit relativisé), sont les envahisseurs de 500 millions d’européens.
– Vous croyez vraiment à ça ? (question réthorique pour casser la crédibilité de la pensée de l’adversaire).
– Les pauvres, les damnés, c’est-à-dire les réfugiés.
– Cette PAUVRE PETITE communauté de FRÈRES humains, c’est vos FRÈRES, ils vous RESSEMBLE, MON VIEUX.
– Je ne veux pas la guerre.
– Il veut nous rendre grands (les Français ne sont pas à la hauteur de la grandeur de la France telle qu’il la conçoit).
– A bouleversé l’Amérique ENTIÈRE.
– Souvent et toujours des images de ce genre et celle-là a été filmée.
– TOUT LE MONDE a trouvé ces images insoutenables.
– On fait des manifestations antiracistes pour porter le deuil d’un américain assassiné. C’est BEAU, L’HONNEUR, ça avait de la gueule etc.
– La honte et la culpabilité quand on a commis des crimes sont des bons sentiments.
– Il parle de vouloir arrêter la spirale de la haine et prend Zemmour à partie sur les agressions dont il a été victime.
– Quand on croit à l’humanité il est juste d’arrêter le massacre.
– La guerre juste à l’honneur de l’occident.
– Je suis européen parce que je rêve d’une grande France mais aussi d’une grande Europe prenant le relai des valeurs occidentales que l’Amérique est en train de laisser choir.
Chez BHL, les mots sont toujours connotés. On trouve dans son discours des preuves pathétiques avec les réfugiés ou des arguments de coutume avec la situation aux USA où il laisse croire que ce qu’il dit est communément accepté. Bref, du 100% émotif.
– Les preuves dites extra-techniques (celles qu’on ne construit pas mais qu’on utilise) :
Les fragments de réalité qu’on utilise pour fonder la vérité de nos affirmations.
C’est sûrement la partie que vous vouliez le plus lire, celle qui regroupe les plus grosses manipulations de BHL.
La technique du joueur de flûte de Hamelin : Détourner les faits à ses fins :
Il se sert beaucoup de sophismes en utilisant des arguments qui semblent valides en apparence.
– Tout d’abord, une caractéristique bien de gauche : refuser d’observer les phénomènes à travers des généralités et des phénomènes globaux et idéologiques. Tout n’est que cas particuliers : les réfugiés ne sont que 20.000 par rapport à 500 millions d’européens, ceux qui brisent les statuts sont des crétins qui mélangent tout, il refuse de penser que les islamistes agissent au nom d’une idéologie et marginalise ces derniers en les qualifiant de simplement de salopards etc.
Cette technique vise à relativiser la portée d’un phénomène global en le revoyant à des individus isolés ou des personnes qui agissent bêtement, qu’il prend la peine d’insulter pour que les plus vulnérables des spectateurs puissent évidemment le rejoindre dans son combat d’apparence.
– Il dit « Faire son métier d’homme » comme disait Camus lorsqu’il nous raconte que dès qu’un aéroport s’est ouvert il s’est rendu à Bruxelles pour aller à Athènes voir « les pauvres, les damnés, c’est-à-dire les réfugiés ».
Il présente son combat idéologique comme la base de ce que n’importe qui se prétendant « être humain » devrait faire.
– Il ne répond pas vraiment sur le fond des arguments : L’exemple de Zemmour sur la révolution qui n’a duré que 3 ans est balayé sous prétexte qu’en l’espèce, là, c’est 40 ans ou encore sur le droit à la différence où il dit qu’il n’a jamais dit ça à titre personnel. Il conteste Peyrefitte etc.
– Il utilise des exemples particuliers voire personnels : l’allemand, sa fille, il détourne la conversation sur l’antisémitisme et nous raconte sa vie etc. Bref, il nous raconte des histoires. Pourquoi ? Parce que quand on raconte quelque chose le message passe beaucoup mieux. L’exemple concrétise une idée abstraite ou renforce par analogie la présentation d’un élément concret. Les gens se détendent et partent en voyage avec l’orateur. Quand on argumente les gens se mettent en mode vigilance et son prêt à contre-argumenter. BHL cherche à désarçonner l’auditoire et l’exemple qui sert de témoignage emporte facilement la conviction.
– Il est rappelé dans la séquence que le virus est un danger qui fait peur aux gens. Sa solution pour lutter contre ? La mondialisation. Elle est responsable de cette situation mais il la présente au contraire comme une protection. Il ne remet absolument pas en cause son idéologie et dit en substance que la mondialisation est une coopération qui peut faire naître une CHANCE d’inventer un vaccin et que ce sera GRÂCE à la mondialisation si ça ne dure pas des années comme les épidémies d’autrefois.
Il sait que les Français veulent de la protection et lance que « Les masques sont le fruit de la mondialisation » ou encore que « La mondialisation c’est le remède ».
– Zemmour lui parle de son « internationalisme bidon ». Il précise qu’il n’est pas partisan de « l’internationalisme bidon » mais qu’il est pour la fraternité.
Il substitue un concept à un autre, plus positivement admis.
Éric Zemmour lui fait préciser que sa fraternité est mondiale et non française, et BHL de confirmer mondiale en prenant soin de rajouter aussi la fraternité française comme si elles étaient complémentaires l’une de l’autre : je suis pour passer par dessus les frontières se tendre la main.
Il essaye sans arrêt de montrer qu’il prend de la hauteur et que s’il est ancré dans une zone géographique, il peut s’élever au-delà pour aider ceux qui sont ailleurs.
– Dans l’esprit du public, il tente de faire assimiler Zemmour aux Nazis en faisant mine de ne pas comprendre son raisonnement sur le frère humain. Il lui dit d’ailleurs « On n’est plus au SS, au soldat de la Wehrmacht qui est votre frère, je vous remercie ».
– Sa manière de faire est Orwellienne puisque SOS racisme a conduit au séparatisme alors qu’il fait croire qu’elle avait l’effet de l’assimilation.
– Il détourne de Gaulle en faisant croire que :
1/ De Gaulle n’a jamais prononcé les paroles que Peyrefitte lui prête, et que donc le de Gaulle de la droite n’existe pas.
2/ De Gaulle ne voyait la France que comme une idée et c’est par cette vision qu’il la défend et la restaure durant la seconde guerre mondiale.
Après avoir détruit l’image du premier, il tente de se faire assimiler à de Gaulle en faisant comprendre que, comme le général, il a une vision lui aussi, et que si c’est avec cette manière de procéder que l’ancien président a sauvé la France, le suivre sur son chemin le permettra également.
– Lorsqu’il parle de la grandeur française, il utilise trois exemples pour étayer sa vision :
1/ De Gaulle et l’amour des opprimés (exemple des lépreux qui cherche à montrer que même de Gaulle était aux côtés des plus démunis et que c’est ça, la grandeur française) ;
2/ Malraux et l’universalisme (justification au nom de la grandeur pour aller aider ceux d’ailleurs) ;
3/ Son père et les marocains qui sont morts pour la patrie (les étrangers aiment la France et son là pour nous « ils sont morts pour la patrie et se sont faits trouer la peau »).
Il se réfère à des grandes figures auxquelles il ajoute son paternel pour s’inscrire dans cette filiation. Sur le fond, c’est un vrai cosmopolite qui vante l’aide des faibles migrants, l’universalisme et valorise les étrangers dans la vie de la France. Ce qu’il faut relever ici, c’est qu’il prend deux grandes figures de l’Histoire de France qu’il détourne subrepticement à son profit dans son argument en trois temps. Sacré imposture…
– Sur la conflit en Libye, il a perdu PROVISOIREMENT, souligne-t-il, mais si on avait suivi des gens comme Zemmour « ça aurait été 10 fois pire ».
Il ne perd jamais. Soit c’est temporaire, soit sa solution était la plus appropriée…
Enfin, comme tout ODS qui se respecte, il ne manque pas une occasion de défendre ses amis, les élites fautives : au tout début, quand Zemmour parle globalement de la judiciarisation de la société et du comportement d’Édouard Philippe qui s’est adapté à cela, BHL le corrige pour préciser un élément que Zemmour n’a pas mentionné au débat pour mieux défendre le « pauvre » Laurent Fabius qui ne savait pas.
Face à un Zemmour qui est un monstre de logique et d’objectivité, BHL ne se réfère quasiment qu’à l’émotion et à la subjectivité. Deux opposés.
J’espère que cette modeste contribution aura été à la hauteur de vos attentes. N’hésitez pas à me dire réellement ce que vous en pensez, ça me permettra d’essayer de mieux faire la prochaine fois.
andrea
26 juillet 2020👍👏
Pascale
22 août 2020Excellente analyse.
Christine
4 septembre 2020Article intéressant et votre contribution également; un petit « truc » à toujours employer avec les personnes à la rhétorique vague et pontifiante comme l’ods dont il est question : demander des précisions et des explications. Sur quoi vous basez-vous pour l’affirmer? Par exemple? J’en donne un : « Sur la conflit en Libye, il a perdu PROVISOIREMENT : sur quoi vous basez vous pour l’affirmer? Si on avait suivi des gens comme Zemmour « ça aurait été 10 fois pire » C’est à dire? Précisez .
Alexandre
3 juillet 2020Cher Charles Gave.
Madame Emmanuelle Gave, Monsieur Jean-Jacques Netter, les membres du jury 😉
Je ne suis pas spécialiste en sémantique mais l’exercice m’intéresse et le livre de Jean-Baptiste Noé également.
Ça a été douloureux de réécouter ce débat que j’ai trouvé parmi les moins intéressants qui se soit tenu depuis le début de l’émission, mais, quoiqu’il en soit, en voici mon analyse des outils utilisés par BHL pour éviter de répondre à Éric Zemmour :
Dans « Rhétorique », Aristote distingue deux types de preuves que les orateurs peuvent utiliser pour emporter l’adhésion du public, c’est-à-dire pour le persuader :
– Les preuves dites techniques (celles construites par l’orateur) :
1/ L’Ethos (l’image au’on donne)
Il est à noter que BHL a voulu se présenter comme plus crédible que Zemmour. Il lui a lancé plusieurs petites phrases comme « J’ai le privilège d’être plus âgé », « Vous vivez dans un monde de Bisounours. Moi je vis dans un monde sérieux », « Nous parlons sur une grande chaine sérieuse, je ne peux pas vous laisser dire n’importe quoi », « Vous venez de dire une énormité ». Il se pose là en professeur qui contrôle de la justesse de ce que dit Zemmour. Mais plus généralement, BHL a travaillé son image tout au long du débat. Il a d’abord fait savoir que lorsqu’il se préoccupait des réfugiés, il faisait « son métier d’homme » comme disait Camus. Mais il s’est également inscrit dans la filiation de Malraux, du général de Gaulle, et de son père (cf. l’argument de la grandeur française). On peut estimer que sous certains aspects il essaye d’être lui-même un argument d’autorité.
La perception positive de lui-même qu’il saura susciter chez son auditoire rejaillira sur la perception de son discours qui serra mieux accueillie.
2/ Le Pathos (les émotions qu’on produit chez le public)
BHL a utilisé la réthorique de l’émotion (le pathos). En s’emportant comme il l’a fait à deux reprises face à Éric Zemmour (la première pour la camp de réfugiés prévu pour 2000 personnes qui en abrite 20000 et la seconde sur « le SS est mon frère humain »), il cherche à susciter une émotion d’indignation chez le téléspectateur. Plutôt que de répondre sur le fond des arguments de son contradicteur, il élève le ton de la voix pour affirmer sa position et fermer toute discussion sur le sujet. Là où Zemmour utilise la logique et les raisonnements pour démontrer, l’autre essaye de persuader. Et il faut dire qu’il le fait bien puisque qu’en mettant en accord son langage verbal et son langage non-verbal, cela sonne vrai. Et comme le disait Quintilien dans « Institution oratoire » : « Le grand secret pour émouvoir les autres, c’est d’être ému soi-même ; car toujours en vain, et quelquefois même au risque d’être ridicules, imiterons-nous la tristesse, la colère et l’indignation, si nous y conformons seulement notre visage et nos paroles, sans que notre coeur y ait part. »
3/ Le Logos (les arguments qu’on présente)
Venons-en ici aux arguments qui ont été avancés par BHL. Inutile de les lister, vous les connaissez, mais décortiquons la manière dont ils sont produits.
Les mots :
Plutôt que de répondre sur le fond du débat, BHL s’emploi à disqualifier son contradicteur, ses idées ou plus généralement toutes celles qui ne sont pas les siennes en jetant l’opprobre dessus :
– Les transformer en envahisseurs c’est un discours DÉGUEULASSE.
– Vous vous rendez compte de l’IGNOMINIE de ce que vous venez de dire.
– Ces conditions (de vie) c’est la HONTE de l’Europe.
– Terrible retrait américain et de l’Occident (sur le dernier sujet).
Inutile de s’éterniser ici, BHL emploi des attaques ad hominem et cherche parallèlement à imposer le camp du Bien. Durant toute l’émission il a voulu faire comprendre qu’il agit pour le bien de tous, et tout ceux qui n’iraient pas dans son sens devraient être voués aux gémonies.
Par ailleurs, pour justifier la légitimé de son combat, il utilise en permanence un vocabulaire victimaire et dramatique lorsqu’il parle de la situation des individus pour lesquels il se bat (faisant par cela de ceux qui ne le rejoignent pas des êtres cruel et sans coeur) :
– Les trumpistes se moquent des morts alors que pour lui chaque mort est un crève-coeur.
– Vous croyez vraiment que 20000 PAUVRES enfants, femmes et hommes (gradation du plus faible au moins faible), venus du Soudan, venus d’Érythrée, fuyant les combats de la guerre de Syrie (présentation de ces gens comme des victimes), 20000 (rappelle du nombre pour qu’il soit relativisé), sont les envahisseurs de 500 millions d’européens.
– Vous croyez vraiment à ça ? (question réthorique pour casser la crédibilité de la pensée de l’adversaire).
– Les pauvres, les damnés, c’est-à-dire les réfugiés.
– Cette PAUVRE PETITE communauté de FRÈRES humains, c’est vos FRÈRES, ils vous RESSEMBLE, MON VIEUX.
– Je ne veux pas la guerre.
– Il veut nous rendre grands (les Français ne sont pas à la hauteur de la grandeur de la France telle qu’il la conçoit).
– A bouleversé l’Amérique ENTIÈRE.
– Souvent et toujours des images de ce genre et celle-là a été filmée.
– TOUT LE MONDE a trouvé ces images insoutenables.
– On fait des manifestations antiracistes pour porter le deuil d’un américain assassiné. C’est BEAU, L’HONNEUR, ça avait de la gueule etc.
– La honte et la culpabilité quand on a commis des crimes sont des bons sentiments.
– Il parle de vouloir arrêter la spirale de la haine et prend Zemmour à partie sur les agressions dont il a été victime.
– Quand on croit à l’humanité il est juste d’arrêter le massacre.
– La guerre juste à l’honneur de l’occident.
– Je suis européen parce que je rêve d’une grande France mais aussi d’une grande Europe prenant le relai des valeurs occidentales que l’Amérique est en train de laisser choir.
Chez BHL, les mots sont toujours connotés. On trouve dans son discours des preuves pathétiques avec les réfugiés ou des arguments de coutume avec la situation aux USA où il laisse croire que ce qu’il dit est communément accepté. Bref, du 100% émotif.
– Les preuves dites extra-techniques (celles qu’on ne construit pas mais qu’on utilise) :
Les fragments de réalité qu’on utilise pour fonder la vérité de nos affirmations.
C’est sûrement la partie que vous vouliez le plus lire, celle qui regroupe les plus grosses manipulations de BHL.
La technique du joueur de flûte de Hamelin : Détourner les faits à ses fins :
Il se sert beaucoup de sophismes en utilisant des arguments qui semblent valides en apparence.
– Tout d’abord, une caractéristique bien de gauche : refuser d’observer les phénomènes à travers des généralités et des phénomènes globaux et idéologiques. Tout n’est que cas particuliers : les réfugiés ne sont que 20.000 par rapport à 500 millions d’européens, ceux qui brisent les statuts sont des crétins qui mélangent tout, il refuse de penser que les islamistes agissent au nom d’une idéologie et marginalise ces derniers en les qualifiant de simplement de salopards etc.
Cette technique vise à relativiser la portée d’un phénomène global en le revoyant à des individus isolés ou des personnes qui agissent bêtement, qu’il prend la peine d’insulter pour que les plus vulnérables des spectateurs puissent évidemment le rejoindre dans son combat d’apparence.
– Il dit « Faire son métier d’homme » comme disait Camus lorsqu’il nous raconte que dès qu’un aéroport s’est ouvert il s’est rendu à Bruxelles pour aller à Athènes voir « les pauvres, les damnés, c’est-à-dire les réfugiés ».
Il présente son combat idéologique comme la base de ce que n’importe qui se prétendant « être humain » devrait faire.
– Il ne répond pas vraiment sur le fond des arguments : L’exemple de Zemmour sur la révolution qui n’a duré que 3 ans est balayé sous prétexte qu’en l’espèce, là, c’est 40 ans ou encore sur le droit à la différence où il dit qu’il n’a jamais dit ça à titre personnel. Il conteste Peyrefitte etc.
– Il utilise des exemples particuliers voire personnels : l’allemand, sa fille, il détourne la conversation sur l’antisémitisme et nous raconte sa vie etc. Bref, il nous raconte des histoires. Pourquoi ? Parce que quand on raconte quelque chose le message passe beaucoup mieux. L’exemple concrétise une idée abstraite ou renforce par analogie la présentation d’un élément concret. Les gens se détendent et partent en voyage avec l’orateur. Quand on argumente les gens se mettent en mode vigilance et son prêt à contre-argumenter. BHL cherche à désarçonner l’auditoire et l’exemple qui sert de témoignage emporte facilement la conviction.
– Il est rappelé dans la séquence que le virus est un danger qui fait peur aux gens. Sa solution pour lutter contre ? La mondialisation. Elle est responsable de cette situation mais il la présente au contraire comme une protection. Il ne remet absolument pas en cause son idéologie et dit en substance que la mondialisation est une coopération qui peut faire naître une CHANCE d’inventer un vaccin et que ce sera GRÂCE à la mondialisation si ça ne dure pas des années comme les épidémies d’autrefois.
Il sait que les Français veulent de la protection et lance que « Les masques sont le fruit de la mondialisation » ou encore que « La mondialisation c’est le remède ».
– Zemmour lui parle de son « internationalisme bidon ». Il précise qu’il n’est pas partisan de « l’internationalisme bidon » mais qu’il est pour la fraternité.
Il substitue un concept à un autre, plus positivement admis.
Éric Zemmour lui fait préciser que sa fraternité est mondiale et non française, et BHL de confirmer mondiale en prenant soin de rajouter aussi la fraternité française comme si elles étaient complémentaires l’une de l’autre : je suis pour passer par dessus les frontières se tendre la main.
Il essaye sans arrêt de montrer qu’il prend de la hauteur et que s’il est ancré dans une zone géographique, il peut s’élever au-delà pour aider ceux qui sont ailleurs.
– Dans l’esprit du public, il tente de faire assimiler Zemmour aux Nazis en faisant mine de ne pas comprendre son raisonnement sur le frère humain. Il lui dit d’ailleurs « On n’est plus au SS, au soldat de la Wehrmacht qui est votre frère, je vous remercie ».
– Sa manière de faire est Orwellienne puisque SOS racisme a conduit au séparatisme alors qu’il fait croire qu’elle avait l’effet de l’assimilation.
– Il détourne de Gaulle en faisant croire que :
1/ De Gaulle n’a jamais prononcé les paroles que Peyrefitte lui prête, et que donc le de Gaulle de la droite n’existe pas.
2/ De Gaulle ne voyait la France que comme une idée et c’est par cette vision qu’il la défend et la restaure durant la seconde guerre mondiale.
Après avoir détruit l’image du premier, il tente de se faire assimiler à de Gaulle en faisant comprendre que, comme le général, il a une vision lui aussi, et que si c’est avec cette manière de procéder que l’ancien président a sauvé la France, le suivre sur son chemin le permettra également.
– Lorsqu’il parle de la grandeur française, il utilise trois exemples pour étayer sa vision :
1/ De Gaulle et l’amour des opprimés (exemple des lépreux qui cherche à montrer que même de Gaulle était aux côtés des plus démunis et que c’est ça, la grandeur française) ;
2/ Malraux et l’universalisme (justification au nom de la grandeur pour aller aider ceux d’ailleurs) ;
3/ Son père et les marocains qui sont morts pour la patrie (les étrangers aiment la France et son là pour nous « ils sont morts pour la patrie et se sont faits trouer la peau »).
Il se réfère à des grandes figures auxquelles il ajoute son paternel pour s’inscrire dans cette filiation. Sur le fond, c’est un vrai cosmopolite qui vante l’aide des faibles migrants, l’universalisme et valorise les étrangers dans la vie de la France. Ce qu’il faut relever ici, c’est qu’il prend deux grandes figures de l’Histoire de France qu’il détourne subrepticement à son profit dans son argument en trois temps. Sacré imposture…
– Sur la conflit en Libye, il a perdu PROVISOIREMENT, souligne-t-il, mais si on avait suivi des gens comme Zemmour « ça aurait été 10 fois pire ».
Il ne perd jamais. Soit c’est temporaire, soit sa solution était la plus appropriée…
Enfin, comme tout ODS qui se respecte, il ne manque pas une occasion de défendre ses amis, les élites fautives : au tout début, quand Zemmour parle globalement de la judiciarisation de la société et du comportement d’Édouard Philippe qui s’est adapté à cela, BHL le corrige pour préciser un élément que Zemmour n’a pas mentionné au débat pour mieux défendre le « pauvre » Laurent Fabius qui ne savait pas.
Face à un Zemmour qui est un monstre de logique et d’objectivité, BHL ne se réfère quasiment qu’à l’émotion et à la subjectivité. Deux opposés.
J’espère que cette modeste contribution aura été à la hauteur de vos attentes. N’hésitez pas à me dire réellement ce que vous en pensez, ça me permettra d’essayer de mieux faire la prochaine fois.
Dominique
1 juillet 2020Magnifique texte. Merci.
Vous êtes un des très rares vrais économistes de la pensée libérale française, comme Jacques Garello ( i ) qui ait lu Frédéric Bastiat.
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Petit commentaire :
En somme, ces ODS sont les MDM ?
Les Maîtres Du Monde au service des grands financiers qui ont créé le CFR en 1920. Le Council of Foreign Relations qui prit le contrôle des Etats-Unis et du monde occidental, après avoir dirigé l’Empire Britannique depuis la City.. Et c’est pourquoi » La vraie lutte est aux USA et l’élection de Novembre sera capitale » vous avez tout à fait raison, mille fois !
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Ces grands financiers sont les Rothschild, Rockefeller, Warburg etc. et ne sont nullement des financiers utiles comme vous l’êtes. Ils possèdent vois le savez la banque d’émission du dollar, improprement appelée FED – Federal Reserve Board. Leur ferme des animaux existe déjà, en la forme de la Chine communiste actuelle où ils ont développé avec le succès que l’on sait leur projet capitalo-communiste. C’est la raison pour laquelle ils veulent que leurs pantins Democrats abattent le président élu Trump.
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L’impunité de ce CFR, avec ses plus de 5.000 membres et 100 entreprises qui pilotent le Deep state américain me stupéfie.
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En France nous n’avons pas cette chance d’avoir des institutions qui permettent à des hommes politiques neufs d’émerger. Tout est verrouillé, et ces ODS sont également des CDG – Chiens de Garde. Je préférais d’ailleurs cette expression car ODS me rappelle les rois de France oints à Reims et à Chartres une fois. Ou alors, écrire les faux ODS. Comme dans Orwell leurs titres sont inversés : ils sont en fait des suppôts du Diable.
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Puis je vous demander si vous ignorez le rôle de ces grands financiers, qui créèrent le CFR en 1920 pour prendre totalement le contrôle du monde occidental en 1920 ? Vous n’ignorez quand même pas qu’ils ont pris le contrôle de la FED, créé les comités Bilderberg et Trilateral etc. et que l’UE est leur projet, une ébauche du futur gouvernement mondial à la Orwell ?
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Non, je ne suis pas un » complotiste » … seulement un conservateur qui a recherché où est le Mal profond et qui pense avoir trouvé en suivant le fil du livre de Jacques Bordiot “ Une main cachée dirige “. Et un conservateur au sens de Chateaubriand : chrétien, libéral, souverainiste ( donc patriote ) et cerise sur le gâteau, monarchiste ( ii ) autant qu’on puisse l’être de nos jours puisqu’un descendant existe et se tient prêt : l’idée du retour de la monarchie absolue ( qui n’est pas une dictature ) n’est pas ringarde et elle fait d’autant son chemin que la démocratie a échoué et mène à la tyrannie que vous voyez clairement.
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Je crois en effet, très fort, comme Soljenitsyne nous le rappela ( iii ) qu’une société se doit d’être hétéronome pour être viable, et servir l’homme. C’est à dire pour accomplir le projet que Dieu a eu en créant l’homme. Vous qui avez écrit » Jésus-Christ ce libéral » ( livre que j’ai toujours et qu’il vous faut mettre en avant ) pouvez, et devez me comprendre. Car les Francs ne se débarasseront de leur tyrans – dont ce BHL est au dernier niveau de la hiérarchie, que lorsque se lèveront d’authentiques conservateurs, comme vous, en mettant la foi à sa juste place : la première. Alors “ n’ayez pas peur “ disait Jean Paul II. C’est du moins ma libre et très modeste opinion.
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Vous devriez faire paraître votre présent article comme dans le remarquable quotidien conservateur Présent en l’adressant à son directeur Francis Bergeron ( qui y adhèrera ) et aussi dans Politique Magazine, à défaut dans Valeurs Actuelles. Présent a toutes les qualités du projet conservateur à la Chateaubriand, bien que manquant encore de toutes les connaissances libérales de votre niveau, à égales profondeurs de celles de J. Garello, P. Sallin, J-G Malliarakis, les regrettés G. Lane et J. Simonnot, et d’autres, dont des jeunes pousses. Aux États-Unis vous auriez tous été invités à la Liberty University et faits Docteur en économie … en attendant d’être élus. Ou tout aussi bien appelés ( auprès du roi que j’espère car je ne crois plus possible le retour à la Démocratie en France ) comme grand conseillé, tels les Vauban ( iiii), Colbert, etc.
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Très fidèlement et sincèrement vôtre
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( i ) son petit site avec ses courtes leçons sur le libéralisme et me socialisme vous ravira
( ii ) lire aux Éditions du Trident un petit ouvrage de JG Malliarakis sur le moment conservateur de Chateaubriand. ( Et si vous consultez le site de ces éditions : “ Une main cachée dirige” et “ La sécurité sociale et comment s’en sortir “ ).
( iii ) notamment par son discours à Harvard.
( iiii ) qui inventa la flat tax, au taux de 10 %, conseil non écouté hélas.
Charles Heyd
1 juillet 2020Je cite: » Et un conservateur au sens de Chateaubriand : chrétien, libéral, souverainiste ( donc patriote ) et cerise sur le gâteau, monarchiste ( ii ) autant qu’on puisse l’être de nos jours puisqu’un descendant existe et se tient prêt … »;
et même pas un mot pour le marquis Philippe de Villiers et son livre sur l’Europe; vous me décevez beaucoup!
JoyeuxAnniversaire
1 juillet 2020En ce 30 juin 2020, Professeur Thomas Sowell vient de fêter son quatrevingt-dixième anniversaire. Comme quoi, il n’y a pas que les kissingers de ce monde qui perdurent. 🙂🍾
Puisse-t-il continuer à faire fructifier ses talents et à partager ces fruits avecs les incurables béotiens que nous sommes.
«The road to hell is paved with Ivy League degrees.» 🤙
jemapelalbert
30 juin 2020Malheureusement pour BHL et heureusement pour moi, je ne regarde plus que TV Liberté.
Charles Heyd
1 juillet 2020« je m’appelle Albert,
j’habite là derrière,
dans la vallée de Munster! »
Un chansonnier alsacien que j’aime bien!
C’est vous?
breizh
30 juin 2020BHL : je ne peux pas.
toutefois, il a raison d’être inquiet, car dans la famille Lévy, si on veut trouver de l’intelligence, de l’esprit et de la profondeur d’âme, il vaut mieux écouter/lire sa soeur Véronique.
Charles Heyd
30 juin 2020Je vais aussi me lancer dans le concours initié par CG:
– la fin de l’histoire: on (BHL) veut nous faire croire qu’il n’y a plus d’Histoire mais que de petits événements qui sont montés en tête d’épingle; d’où de l’agitation actuelle qui ne sert à rien; à voir ce qui se passe actuellement et sans références historiques on serait bien tenté de penser cela!
– 20 000 migrants logés dans des conditions effroyables à Lesbos ce n’est pas une invasion face à 500 millions d’Européens; l’argument de Zemmour, c’est 20 000 + 20 000 + 20 000 + …) ne tient pas longtemps; ce ne sont pas des envahisseurs ni le « grand remplacement », ce ne sont que de pauvres gens!
– fraternité = mondialisation! Avec quelles fibres fabriquerait-on nos masques et avec quel latex nos gants si il n’y a avait pas de mondialisation?
C’est vrai ça, mais d’où venaient nos épices et nos soieries si le commerce mondial n’a jamais existé?
– culpabilisation et antiracisme: on rejoint la fraternité; à l’argument que les affidés de Daesch ou les SS allemands étaient aussi nos « frères » il faut bien dire que ce n’est pas vrai! Et « SOS racisme » en fait ce n’est pas de l’antiracisme mais bien plutôt du racisme!
– interventionnisme des USA et droit-de-l’hommisme: le « gendarme » américain ne devait pas se retirer mais quand il intervient c’est de l’impérialisme! C’est sa faute s’il cela va mal en Lybie
– et cerise sur le gâteau: la guerre juste! On y rejoint aussi l’interventionnisme (ou le droit d’ingérence défendu par un certain Kouchner); la seule guerre juste c’est la légitime défense à mon humble avis mais cela a été pudiquement éludé puisque même des théologiens des premiers siècles ont théorisé cela!
Alexandre
30 juin 2020Bonjour,
Où doit-on envoyer notre contribution pour participer au concours ?
Merci à vous
olivier kerdraon
30 juin 2020Bonjour,
la guerre entre Trump et le deep state US fait rage aux Etats-Unis.
Trump possède néanmoins toujours un ou deux coup d’avance sur le programme des démocrates.
Mon avis est qu’il réformera le système financier avant les élections pour ne laisser aucune chance aux démocrates ou même aux générations futurs, de laisser des banquiers diriger le système politique par la corruption et la fausse monnaie.
voici MON scénario:
La prochaine vague du(covid ou grippe pour MA part) déclenchera une nouvelle chute des marchés boursiers Trump accusera La Fed (qu’il a nationalisé depuis fin Mars) de ce désastre.
il devra alors la détruire et revenir au gold standard (la vraie monnaie).
les pays dirigés par les souverainistes Russie Chine Turquie Brésil feront de même.
l’or deviendra la monnaie de réserve internationale.
Cela sonnera la fin de la BCE et la fin de l’euro, il ne pourra être rattaché à l’or européen puisque que les stocks d’or sont nationaux.
les subventions ou DETTES seront pour certaines annulées et d’autres garanties par l’or de chaque pays.
il y aura une forte dévaluation de la monnaie et perte de confiance de l’euro.
Ce qui créera de l’hyperinflation puis lorsque les monnaies nationales reviendront, elles seront toutes dévaluées et cette fois si cela engendrera une déflation des biens comme l’immobilier.
Cette transition sera douloureuse mais nécessaire pour purger toute cette fausse monnaie et comme vous l’avez écrit dans un précédent article il sera préférable d’habiter dans le Gers ou en Bretagne que dans les grandes villes.
Le clap de fin est proche.
Comme souvent les changements se déroulent à des dates stratégiques (création de la FED 23 Décembre fin de l’étalon or 15 Août) je miserai bien mon dernier euro sur une intervention de Trump le 15 Août 2020 pour annoncer un retour au standard or.
Make America Great Again
Ceci n’est que mon opinion.
L’or est la monnaie des rois; l’argent est la monnaie de la noblesse; le troc est la monnaie des paysans, mais la dette est la monnaie des esclaves.
Romain
30 juin 2020Intéressant, mais je pense que le retour à l’étalon or est un fantasme. Le système actuel fonctionnerait raisonnablement bien si l’on laissait seulement les canards boiteux faire faillites – en 2008 par example. Bien plus important que la Fed ou l’étalon or, à mon sens, la séparation des activités de marché et de banque de réseau. Les effets de levier à x30 cela n’existait pas dans les boutiques où les associés avaient leurs argent en jeux (skin in the game). Bien à vous 🙂
Dominique
1 juillet 2020Un beau commentaire, bravo. Le schéma dont je rêve, incroyable tellement il serait parfait.
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Mais êtes vous certain que la FED ait vraiment été renationalisée ? Car les 26.000 milliards de dettes de l’Etat fédéral aux banquiers n’ont pas été effacées. Cela se saurait …
Vite une réponse car votre propos est une bombe.
Normandie
1 juillet 2020Merci Olivier d’élargir notre horizon.
Virgile
24 octobre 2022Il n’y a pas suffisamment d’or pour cela. Vous n’avez aucune idée du montant qu’a atteint l’économie mondiale. La richesse de la planète est de 418.300 milliards de dollars! Les échanges économiques de 24 795 milliards par an.
Bilibin
29 juin 2020Je vais m’essayer à cet exercice après avoir regardé ce débat pour la première fois et avoir pris quelques notes :
Une première chose qui frappe et qui est illustrée tout au long de l’échange, c’est que Zemmour reconnaît parfois être d’accord avec BHL, alors que l’inverse n’arrive pour ainsi dire jamais, ou de manière ironique. Zemmour discute des idées comme d’objets extérieurs, dont il peut se saisir et se désaisir, et donc parfois en même temps que quelqu’un d’autre, alors que BHL y met son EGO, il y a dans ses idées une part de lui même (voir tout son être), il lui coûte donc énormément de faire des concessions ou de reconnaître que son adversaire puisse avoir raison, fut-ce sur un point très précis et limité, car cela reviendrait à « s’abaisser » au niveau de son interlocuteur. « Non, ce n’est pas la même chose, parce que… » (détail sans importance). « C’est plus compliqué que ça » etc
BHL a également une véritable manie de partir dans ces « histoires » qu’il conte comme des romans à tout bout de champ pour répondre, comme pour se grandir lui même en signant le tableau de son nom, et avec un ton tout à fait pédant.
Un point récurrent est évidemment l’appel à la VERTU : quand Zemmour le pose face à la position de Trump, en lui disant qu’elle est la même que la sienne, il répond d’une manière surprenante : « Trump s’en fiche des victimes ALORS QUE POUR MOI… ». La question n’est donc pas Trump a-t-il raison ou tort, est-il malin ou idiot, mais est-il bon ou mauvais. La réponse selon BHL est évidente, et a ceci de surprenant qu’elle n’a absolument pas besoin de la moindre preuve ou référence, ce qui permet d’ailleurs de rester sur le piédestal moral car en descendre pour aller chercher une preuve serait un effort désagréable et avilissant…
Cet appel à la vertu est omniprésent : « je suis allé voir les pauvres pour leur apporter mon soutien » (les pauvres tout là bas, les plus abstraits possibles, car les pauvres tout proches sont invisibles ou ne valent pas la peine de s’occuper d’eux), BHL se pose ici en figure christique. Il utilise beaucoup d’appels aux grands principes et à l’abstraction : les « 20000 pauvres enfants » valent bien tous les malheurs qui vous arrivent. On retrouve cette idée que malgré tous les désagréments qu’une idée ou mesure peut causer, « si elle sauve une seule vie, elle en valait la peine » : la vie sauvée est sans doute facile à voir mais toutes les vies sacrifiées dans l’ombre indirectement et par le même coup ne sont pas mentionnées, encore moins estimées. BHL part toujours du principe, de l’intention (la plus inattaquable, la grandeur de l’humanité), mais ne s’arrête jamais pour juger des conséquences et de si l’action a bien rapproché du but désiré, car seule l’intention compte.
Toujours dans l’hyperbole : au sujet de l’affaire Floyd, la réaction est venue de « l’amérique tout entière ». Ca ne veut rien dire, ça n’est pas appuyé par des exemples, ça n’est pas expliqué, mais ça sonne très poétique et lui donne de l’élan. On peut rajouter l’exemple des musulmans modérés « extrêmement nombreux », sans donner aucune proportion ni chiffre, ni exemple.
En bon oint du seigneur, BHL est constamment « du côté des anges contre les démons » (pour reprendre l’expression de Sowell) : « je suis pour la fraternité », car nous pauvres gueux ne le sommes pas. Il fait appel à des notions aussi vagues qu’utiles comme « le genre humain ». En considérant les choses de ce point de vue, on arrive à l’effet bien pratique que RIEN N’EST SUFFISANT : tout est un échec quand on compare à l’idée de la Jérusalem nouvelle qui existe dans la tête de BHL, et nulle part ailleurs. Les français sont un échec, car ils ne sont pas au niveau du général et des autres héros. Cette différence est insupportable : elle est un PROBLEME auquel il faut une SOLUTION. Il va même jusqu’à dire que cette solution est dans les intellectuels tels que lui, bien sûr, qui ont l’esprit pour élever les hommes au delà de la fange (quel critère pour juger du résultat? aucun, ce qui est bien pratique).
Quand Zemmour le provoque en retournant son habit d’amour universel christique contre lui en disant que les soldats allemands sont ses frères tout autant que les « réfugiés » : il s’enflamme. Ils ne correspondent pas à l’idée de BHL de ce qui est humain. En fait, BHL se reconnaît une compétence pour juger de ce qui est considéré comme humain et de ce qui ne l’est pas : comme pour Trump, ses adversaires sont donc déshumanisés. Un étage de plus pour le piédestal.
Il fait également preuve d’une grande condescendance qu’il laisse échapper par moments : « j’ai le privilège sur vous d’avoir voyagé ». Ou encore ce magnifique « laissez moi vous instruire » pour reprendre la parole. Pas vous expliquer, pas vous raconter, non, sa mission est plus haute, il est là pour vous instruire, c’est une grâce qu’il rend (dépêchez vous avant qu’il reparte voyager très loin pour y rencontrer les pauvres). Il est au dessus de la plèbe. Dans tous ces récits il est obsédé par cette apparence et cette image de vertu : « nous étions républicains, nous chantions la marseillaise » etc. Jamais dans les petits combats, toujours dans la bataille des cieux : « il en va de la république ». La petite phrase sur « Quand l’humanité saigne quelque part… » encore une fois dans les images poétiques complètement déconnectées du réel et impossible à satisfaire, mais comment oseriez vous critiquer cette INTENTION?
Ivre de vertu, il attaque ainsi Zemmour : « … au nom de la grandeur de la France que vous êtes en train de conchier ». Encore une fois l’adversaire en désaccord n’est pas idiot, il n’a pas tort, il ne se trompe pas, il est égoïste, bas du front, manque de coeur etc…
BHL a sa petite idée sur ce que la société devrait être, sur l’idéal de l’humanité, sur ce qu’il y a dans le coeur des différents dirigeants, rien ne semble hors de sa compétence…
Patrick
29 juin 2020Excellent , mais malheureusement neuf dixièmes des Français ne piperont strictement rien à votre texte, ou ne ferons rien pour essayer de le comprendre. Et c’ est totalement désespérant…. Il faudra employer un langage bien plus basique pour atteindre la population. mais je pense sincèrement que c’ est trop tard. Nous prêchons face à des passoires ….Ils ont réussi leur coup. Il n’ y a qu’ à voir le résultat des municipales…. Il va falloir user d’ un langage plus populaire si on veut avancer.
Le Rabouilleur
29 juin 2020BHL et Zemmour sont dans le poste uniquement pour faire du buzz sur de mauvais sujets.
C’est la stratégie marketing, connue, pénible et usée, de la bataille d’Hernani, de Victor Hugo.
Il faut créer une controverse, un clivage entre les pour et les contre, pour vendre le produit, une pièce de théâtre dans le cas de Victor Hugo.
Cela ne changera RIEN sur le long terme, car Hernani est du mauvais théâtre, produit par un mauvais dramaturge, par ailleurs excellent romancier, avec des romans qui font pleurnicher madame Michu dans sa chaumière.
De l’émotion, encore de l’émotion, toujours de l’émotion !
Paul Gagnon
30 juin 2020Bien dit
Dominique
1 juillet 2020Ce rabouilleur est un troll
Bilibin
29 juin 2020Je me souviens avoir découvert Sowell sur internet (un peu comme… vous!), entre quelques citations percutantes et des interviews éclairantes. Il me semblait alors que ce personnage était fort connu et qu’il n’avait pas volé sa réputation.
Voulant comme beaucoup de gens partager ce que je trouvais intéressant, je demandais à ma famille et à certains amis s’ils le connaissaient, et à ma grande surprise aucun d’entre eux n’avait entendu parler de lui!
Comment était-ce possible? Il est PARTOUT! Enfin, non, pas partout : c’est là que j’ai pris conscience de l’importance de la « sphère culturelle » si je peux employer ce terme : un sexagénaire qui s’informe principalement par la télévision et les journaux français a une vision du monde COMPLETEMENT DIFFERENTE d’un jeune qui passe son temps sur youtube et qui n’est pas limité au français. En fait, ils vivent presque dans deux mondes différents.
Il découle naturellement que certains ne peuvent RIEN comprendre à ce qui se passe aux états unis par exemple, parce que le coeur en fusion de l’information (ce que les gens pensent, les réactions, les opinions, les répliques, les gaffes etc…) leur est quasi totalement INACCESSIBLE. Ils ne voient ces choses qu’à travers un épais carreau qui laisse passer bien peu de lumière, et qui la déforme. Il est donc naturel qu’un certain nombre de personnes ne « comprennent pas » pourquoi Trump a été élu par exemple (et est encore soutenu aujourd’hui d’ailleurs), en toute bonne foi : ils n’ont pas accès aux informations qui leur permettraient de comprendre ce qui se passe.
Les super pouvoirs n’existent pas mais parler plusieurs langues n’est-il pas ce qui s’en approche le plus?
Didier
30 juin 2020Voilà qui est très juste et bien dit. Beaucoup seront d’accord avec vous. J’ai fait le même constat, effarant mais par surprenant. Le marxisme/stalinisme est maintenant en Occident et nous avons donc notre Pravda. Heureusement, il y a Internet….
Dominique
1 juillet 2020Je ne connais pas Sowell bien que fréquentant régulièrement les journalistes, chroniqueurs, etc. des Etats-Unis. A mon avis Sowell se serait arrêté à analyser la partie visible du » Deep stage « .
Je souscris néanmoins à toutes les analyses et les recommandations de C. Gave.
Joris
29 juin 2020Sans revoir l’émission (trop difficile) je me lance dans le concours, point par point:
Constante 1:
* L’ODS ne vit que pour résoudre les crises : les balkans, les kurdes, la lybie et j’en passe
* L’ODS est naturellement favorable au Service Public / grandeur d’âme : il ne vit que pour sauver les peuples opprimés (voir ci dessus)
* L’ODS se présente donc toujours comme fondamentalement désintéressé : dès le début de l’émission, on apprend que les droits de son livre seront versés à une quelconque association
* L’ODS est pacifiste et prepare la guerre : encore ici la Lybie est criante de démonstration
Constante 2: les principes
BHL ne vit que par cela : libération de l’oppresseur, droits de l’homme, rôle historique libérateur des peuples de la France, …
Constante 3:
* Justice, pais, fain : facile, c’est à chaque phrase.
* Changer de peuple : c’est en cours, avec les portes ouvertes de l’immigration des damnés de la terre vers la terre promise Européenne, avec le tout le soutien de BHL au nom des principes énoncés ci dessus
Constante 4: rééduquer le peuple
Ce que fait BHL chaque fois que l’occasion lui est donnée de réciter sa messe.
Je ne prétends par gagner le concours, mais merci, cela m’a offert un bon moment de détente :-)))
Nanker
29 juin 2020M. Gave, vous avez oublié une spécificité de notre « Oint du Seigneur » français à large décolleté : la boucle de rétroaction pistonnesque.
Késako? Ayant été fessé cul nu par emmour vendredi soir, BHL demande à un jeune ambitieux à ses ordres de pondre un papier faisant son éloge dans un magazine où BHL a ses entrées.
Cela donne :
https://www.lepoint.fr/debats/quand-bernard-henri-levy-met-eric-zemmour-knock-out-28-06-2020-2382085_2.php
https://laregledujeu.org/contributeur/felix-le-roy/
Il ira loin ce petit! Bientôt invité sur Arte (où BHL a aussi ses entrées)?
Dominique
1 juillet 2020Ce crétin est un usurpateur : il est le directeur de la revue qui appartient à BHL …
Franck
29 juin 2020» Bien entendu, le secteur privé le fait pour gagner de l’argent alors que lui ne le fait que par grandeur d’âme en oubliant de préciser que ses coûts sont supportés par les gens qui paient des impôts pour permettre aux ODS de rouler en voiture de fonction « .
J enrage qu une grande majorité de Français se laissent berner par cette tartufferie cad cette notion de service public et cet soit disant protection de l état providence. En France qd on parle d économie l emotion la morale prends le dessus sur la logique, les BHL et d innombrables autres journalistes et politiques s en délectent depuis plusieurs décennies.
C est grâce à internet et des sites comme Celui ci que la nouvelle génération, je l espère, vont changer de mentalité.
Cordialement
Thierry Balet
29 juin 2020Il est midi. Et je vois que les « anti-zemmour » se sont déjà exprimés……
Oui, trop de ODS. N’ayant pas le niveau d’un Sowell,je me complaisait à les nommer « parasites ». Au-delà de ça merci pour ce très bon billet du jour.
Aura
29 juin 2020Un autre trait de BHL, la jalousie.
Bien qu’étant un fils à papa, dandy , philosophe etc.. il est jaloux de Zemmour qui a une émission quotidienne commeil le lui fait remarquer pendant le débat.
Ca doit l’énerver beaucoup.
Un detail sans grande importance , Zemmour et Lévy sont tous les d’eux originaires d’Algérie
Gilles
29 juin 2020Je suis peiné de ne pouvoir participer à ce concours, tant la perspective de gagner le livre de Jean-Baptiste Noé me semblait alléchante.
Mais franchement, regarder une nouvelle fois ce débat, alors même que je n’ai pas pu terminer le visionnage est au-dessus de mes forces : je n’arrive plus à regarder BHL mentir en permanence tout en prétendant qu’il dit la vérité et que ce sont les autres qui racontent des absurdités…
Pourriez-vous proposer une tâche moins herculéenne ?
Merci d’avance,
PATYDOC
29 juin 2020A quoi sert ce type d’article polémique ? Vous voila dans l’argumentum ad hominem à propos d’un homme qui pourtant s’éleva il y a bien longtemps contre la dictature soviétique ( « La barbarie à visage humain ») ; et qui récemment, est sur la même longueur d’ondes que vous à propos du confinement !
Oblabla
29 juin 2020Vous n’avez pas compris ou vous ne voulez pas comprendre la démarche de Charles Gave.
Ce n’est pas parce que l’ODS bhl a découvert l’eau tiède en s’élevant contre la dictature soviétique et décrie le confinement qu’il en devient une référence intouchable comme vous semblez le penser. Il est le symbole de l’ODS tel que décrit par Sowell, une caricature absolue et Charles Gave a sauté sur l’occasion donnée par le récent débat bhl Zemmour pour illustrer et démonter les pratiques de ces malfaisants à travers le prisme de ce monsieur.
Dominique
1 juillet 2020Troll !
Christopher
29 juin 2020Au vu des résultats des municipales et de la ‘marée verte’ qui en découle, je pense que les français sont trop bêtes, qu’ils ne comprennent rien et que la France est foutue…
Patrick
29 juin 2020Entièrement d’ accord; c’ est à se taper la tête contre les murs. Hope has gone…. definitively
Huger
2 juillet 2020La marée verte est tout à fait relative à cause de l’abstention. De plus, sur les quelques 500 villes de plus de 20000 habitants, il ont dû en gagner une vingtaine.
Par contre les médias aux ordres font apparaître une marée verte pour préparer 2022: que ce soit Macron ou Jadot qui gagne, ce sont’les progressistes…
« Je ne crains pas le suffrage universel, ils voteront comme on le leur dira.» (Tocqueville)
Huger
2 juillet 2020Démonstration
https://reseauinternational.net/reflexion-sur-la-vague-verte/
L’important pour les ODS, c’est ce que les gens croient… grâce aux médias.
S’i les Français ne veulent pas d’une nouvelle présidentielle confisquée, il faut couper la télé!
Le Rabouilleur
29 juin 2020Aucun intérêt à perdre du temps à regarder le combat de deux petits coqs, aussi ignares l’un que l’autre en économie et en sciences.
Une question :
Pourquoi Eric Zemmour ne parle JAMAIS de l’influence délétère des USA en France, via le fameux soft-power ?
Poser la question, c’est y répondre.
Charles Heyd
29 juin 2020On voit bien que vous n’écoutez pas Zemmour, ou que vous ne comprenez pas ce qu’il dit, car il parle assez souvent de cette influence nocive des USA!
Le Rabouilleur
29 juin 2020citez vos sources SVP
Arsene Holmes
29 juin 2020@Raboulilleur
Tous les soirs dans Face à l’Info sur Cnews
Charles Heyd
29 juin 2020CNEWS du lundi au jeudi à 19h00; Zemmour & Nauleau 5Paris Première) et d’aures interventions de Zemmour (Figaro); ses livres; son blog;
mais il faut l’écouter et le lire et ne pas dire: « Aucun intérêt à perdre du temps à regarder … »!
Charles Heyd
29 juin 2020J’allais oublier: il parlait notamment il y a 2 ou 3 jours de l’influence (je ne sais plus s’il parlait de soft power mais c’est tout comme) d’Hollywood sur nous Européens et Français en particulier!
Xavier
29 juin 2020Le Rabouilleur
Il y a quelques jours dans Face à l’info, il a décrit le soft power américain et Hollywood comme étant le système qui a permis de transformer l’opinion publique sur la question des vainqueurs de la 2ème guerre mondiale.
En 1950, 70% des sondés disaient que c’était les Russes.
20 plus tard, 70% pour les USA.
Et ce n’est pas la première fois qu’il s’exprime dans ce sens.
Et donc, vous n’écoutez pas ce que Zemmour dit, vous écoutez ce que d’autres disent de lui.
« Les Américains gagnent toujours les guerres avec Hollywood » sur youtube.
alex
29 juin 2020Il suffit d’écouter le débat proposé par C Gaves, et patienter jusqu’à 48′. Tada….
breizh
29 juin 2020les Russes sans le matériel américain, la nourriture américaine, cela aurait été quelques milliers (millions) de morts supplémentaires pour eux ; approvisionnement acheminé par les américains à l’heure risque et périls, tout en menant la guerre du Pacifique, tout en débarquant en Afrique du nord, en Italie, puis en Normandie, et tout en bombardant l’Allemagne.
Personnellement, j’en suis impressionné, tout comme le respect aux morts russes de cette guerre, dont le communisme est la première cause.
breizh
29 juin 2020» à leurs » : au temps pour moi
Dominique
1 juillet 2020Zemmour serait un coq ? Alors vous êtes un troll !
Virgile
24 octobre 2022Ne venez pas mettre les USA dans ce débat. Ils ont les mêmes ODS que nous!
Anonyme
29 juin 2020Bonjour, c’est facile de dire qu’il faut couper l’accès aux finances publiques, mais concrètement comment faites vous? Les lois et dépenses sont votées par les élus pour eux-mêmes. Quand vous discutez avec des habitants de France, tout le monde subit…
Perso, je pense que la seule solution est le référendum d’initiative populaire (ça parait tellement évident…), mais ça ne verra jamais le jour car il faut voter une loi pour ça.
La boucle est bouclée
Bonne journée
hub
29 juin 2020Je crois que c’est exactement la solution que M. Gave a en tête lorsqu’il recommande de couper l’accès aux finances publiques (cf. ses articles en défense du RIP/RIC/etc lors de manifestations des Gilets jaunes)
Dominique
1 juillet 2020La boucle est bouclée.
Vous appelez cela un commentaire ?