4 juin, 2019

Les livres sur la géopolitique qu’il faudrait avoir lus pour voir le monde tel qu’il est…

L’Europe a peur de son avenir

La civilisation européenne n’a pas attendu le traité de Maastricht pour exister. Coralie Delaume dans « Le couple franco-allemand n’existe pas » montre bien que la France européiste de Macron fait face au retour des nations au sud et à l’est, mais aussi en Allemagne. Le Saint Empire Romain Germanique qui a duré des siècles était une structure aux frontières incertaines qui rappelle à certains égards l’Union Européenne d’aujourd’hui…

Les nouveaux universalistes vouent aux gémonies l’indépendance nationale. Alors que la vision nationaliste est l’un des enseignements politiques fondamentaux de la bible hébraïque, Yoram Hazoni dans son livre « The virtue of nationalism” explique que

la majeure partie de l’élite occidentale est dominée par le modèle politique de  l’impérialisme romain.  Les élites bruxelloises sont persuadées de savoir déjà avec exactitude comment le monde entier doit vivre. Il faut regarder le torent d’insultes et de mépris qui s’est répandu contre les britanniques, contre Trump, contre Salvini, contre la Hongrie, contre l’Autriche et la Pologne et surtout contre Israël…

Bruxelles prédit à Londres un avenir chaotique après le Brexit. Cela n’empêche pas Marc Roche dans « Le Brexit va réussir » de penser qu’ au contraire la perfide Albion a de solides atouts notamment la City. Demain les riches proche orientaux russes ou chinois de Londres auront encore moins de comptes à rendre sur la provenance de leurs fonds…

Le Brexit ressemble à un vaudeville dont l’issue risque d’être dramatique. Avec ses rebondissements multiples et ses coups de théâtre, les acteurs principaux – le Royaume-Uni et l’Europe, auxquels s’ajoute l’Irlande – semblent dépassés. Selon Kevin O’Rourke dans « Une brève histoire de Brexit » tous les scénarios sont désormais possibles, du Brexit sans accord à la prolongation du statu quo. Avec ce livre, le grand historien de l’économie mondiale propose la perspective historique indispensable pour y voir plus clair. Le Brexit est le point culminant d’une campagne menée au Royaume-Uni depuis des dizaines d’années et dont les racines remontent jusqu’au XIXe siècle. L’Europe aussi a un passé qui explique la manière dont elle réagit au défi du Brexit. Quant à l’Irlande, elle est au cœur de cet imbroglio qui pourrait – avec la question de la frontière – réanimer les vieux démons de la guerre civile. Londres ne sait plus diviser pour régner mais les européens ne laisseront jamais un Singapour à leurs frontières faire du dumping fiscal. 

L’échec du projet européen est programmé. Cela ne fait aucun doute pour Régis Debray dans « L’Europe fantôme ». La permanence du fait national est sa boussole car l’Europe est son passé et la patrie son avenir. Les fondateurs de cette Europe fantôme ont fait l’Europe comme on fait un enfant dans le dos d’une femme réticente. Les vrais responsables étant étant les américains et leurs fondés de pouvoir en terre européenne. Les proeuropéens seraient maintenant inspirés par un ersatz de messianisme auquel se rallient maints orphelins aux attentes déçues…

L’Europe est en route vers l’abîme selon Ivan Krastev dans « Le destin de l’Europe ».

L’arrivée massive de réfugiés est pour l’Europe la principale menace. Les réfugiés seront les révolutionnaires du XXIème siècle et l’Union Européenne pourrait connaître le même destin funeste que l’empire des Habsbourg. D’après le politologue bulgare, un tel processus pourrait provoquer l’effondrement des démocraties libérales de la périphérie de l’Europe. Construite dans la peur du passé l’Europe a aujourd’hui peur de l’avenir

La gauche américaine est prise au piège de la politique des minorités

Les Etats Unis sont en proie à une hystérie morale sur les questions de race et de genre qui rend impossible toute réflexion et tout débat public. Selon Mark Lilla dans « La gauche identitaire. L’Amérique en miettes », seuls ceux ayant un statut identitaire approuvé sont maintenant autorisés tels des chamans à s’exprimer sur certains sujets. La gauche identitaire  est prise au piège de la politique des minorités, c’est pourquoi le philosophe américain recommande à la gauche de renoncer à la tentation identitaire pour revenir à des vertus universelles. La gauche de Roosevelt qui érigeait en valeur la solidarité a été effacée selon lui par une culture de la plainte…

La Chine est le monde

Dans ce duel de géants entre Chine et Etats Unis, les pays européens mais aussi asiatiques sont des mouches qui essayent de ne pas tomber du dos des éléphants. Pour Sophie Boisseau du Rocher auteur de « La Chine est le monde. Essai sur la sino mondialisation »

La folle rivalité mimétique des chinois doit être observée de près pour bien comprendre l’ambition hégémonique du grand rival de l’Amérique…

Le Japon revendique un modèle libéral-conservateur très affirmé. Le japonais n’aime pas l’autre jusqu’à se détester soi-même. Dans « Les leçons du Japon. Un pays très incorrect », Jean Marie Bouissou rappelle que le premier ministre osait déclarer en 2008 que le Japon était « une seule nation, une seule race, une seule civilisation, une seule langue, une seule culture »…

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

6 Commentaires

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  • Philippe

    5 juin 2019

    @Huger :
    excedent commercial en % du PIB
    Italie : excedent 3%
    France : déficit 1%
    Allemagne : excèdent 7,5%
    Or l’ excedent allemand est la consequence d’un DM ( travesti en Euro ) sous-évalué

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  • Ockham

    5 juin 2019

    Vos notes de lecture sont d’un éclectisme qui vous honore. Sur l’Europe, cette fille du logos sortie du chaos sémite, dans un paysage riche, divers et renouvelé, vous présentez un panel d’opinions faisant penser à l’apocalypse !

    Collection de nations érigées au forceps de l’état, l’Europe est attaquée par l’acide de l’individualisation digitale, le consumérisme injecté par une énorme matrice d’activité interdépendante sur toute la planète et le besoin inné chez Sapiens d’appartenir à une communauté ! Voilà, mais laquelle ? Dans quelle langue car pour certaines langues c’est « game over » ? D’ailleurs plus l’école offre de possibilités plus les enfants partent loin. Mais ceux qui sont au loin comme ceux qui restent consomment « local’ et bio transformés en famille « Skype » ! Le changement n’arrive plus à travers une politique de charité étatique ni de l’identité fusionnelle, il arrive avec les gros sabots réels et lourds d’un nouvel espace-temps.

    A propos du Brexit, l’Angleterre peut sortir. En fait c’est l’intérêt de Londres, pas de l’Angleterre ni de la Grande-Bretagne. Certains commensaux de ce havre fondé par les Vikings portent des noms à leur consonance. Ils ourdissent la création d’un hub financier planétaire. Au fait pourquoi aurait-il plus tort que ces fonctionnaires-politiques-à-vie souvent confus coûtant cher et fabriquant des pauvres à grands frais comme toute politique socialiste sait le faire ? La masse financière qui veut couler sans obstacle est énorme. Ajoutant à cette manne l’argent noir de la planète (drogue, armes, munitions, trafic d’êtres et d’organes humains, fraude ou optimisation fiscale , matières premières de dictateur, commissions des mêmes et leurs séides, exploitation de migrants, etc. …) cela représente un fleuve dépassant le Pib de la Grande Nation des Droits de l’Homme et de quoi payer cash chaque année toutes ses dettes !

    Les porteurs de la procuration du Brexit espèrent rassembler leurs semblables de toutes les grandes affaires légales ou pas, de toutes origines nationales ou communautaires riches. L’ensemble pèse lourd et aspire à la naissance d’un endroit calme sans obstacle procédurier ni regard envieux. Voyons si l’argent fait un enfant dans le dos à l’Europe comme le pense Régis Debray, Ulysse moderne, ayant beaucoup voyagé, craignant le pire auquel il réchappa.

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  • Faïk Henablia

    5 juin 2019

    Vous souvenez-vous du débat grammatical suscité par le titre de votre article du 10 août 2017, intitulé « Les livres qu’il faudrait avoir lu » (sic)?
    Je constate, avec plaisir, l’absence de matière à débat dans le titre du présent article.

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  • Philippe

    5 juin 2019

    Le Deep State français , la  » haute  » administation ne lachera jamais – sauf contrainte violente – ses priviléges dont le fief bruxellois a partir duquel elle régente . par-dessus la tete des citoyens , le moindre aspect de la vie quotidienne.
    Le Deep State français est bien un appendice juridique de la toute-puissance allemande. Il fonctionne comme un  » gauleiter  » du Protectorat Monétaire Allemand : les excédents commerciaux allemands sont stockès dans les comptes Targets 2 , et jamais redistribués aux pays qui convergent – bon gré – mal gré – vers les critères de Maastricht .
    Le choc politique ne viendra pas de la France, les Gilets Jaunes ont raté le coche de la transformation en mouvement politique .
    Le parti des affairistes de tous bords de Macron va a nouveau l’emporter face la figurante MLP .
    Le choc politique peut venir de l’Italie , si Salvini franchit le Rubicon et revient a la Lire .Un moratoire de 20 ans sur le remboursement de la dette italienne serait nécessaire , ou bien ce serait un remboursement a minima aux etrangers detenteurs de B.o.T ( 10 centimes pour un Euro : prendre ou laisser ). Les residents italiens ( detenteurs de 65% des B.o.T ) recevraient des lires plutot que des euros . Une forte inflation durable s’ ensuivrait ( l’Italie est en deficit commercial permanent ) , et la relance de l’ export ne permettra pas le reéquilibre des comptes .
    Dans un milieu economique fragmenté ou 80% des composants d’un produit complexe ( automobile- computers etc…) sont importés , la relance par l’ export produira un avantage très marginal et éphémere . Seuls les produits fabriquès a 90 % en Italie ( agro-alimentaire – textile – design ) peuvent bénéficier du retour a la lire .
    C’ est tout le systéme de Ricardo qui est en cause , celui de l’ échange des productions a meilleur cout .
    Au final , je ne vois pas comment récupérer des pans entiers de l’industrie qui sont parti en Chine – Asie , sauf a imiter Trump . En avons nous les moyens ?
    Le politiquement correct est la transposition en sciences morales et politiques du systéme de Ricardo . Que les tenants du monde globalisé insistent autant sur l’ ecologie montrent qu’ils savent que la limite au systéme de Ricardo est la fragilité de la planéte .

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