2 avril, 2020

Les aventures d’Obélix en Keynésie

Avec Astérix, René Goscinny et Albert Uderzo ont créé une œuvre dont la principale force est de relier les générations. Des arrière-grands-parents aux petits-enfants, tout le monde a lu Astérix et a tiré de ces histoires des moments de plaisir. Très rares sont les œuvres qui ont réussi cet exploit. Les albums peuvent se lire avec plusieurs degrés de compréhension. Obélix et compagnie n’est pas forcément le plus connu ni le plus cité, mais le plus instructif sur le plan économique. C’est un véritable traité d’économie politique, qui démontre de façon burlesque la faillite du keynésianisme. Je m’en sers régulièrement comme introduction à l’économie pour mes étudiants.

 

Paru en 1976, l’album sort trois ans après le premier choc pétrolier. C’est le début de la crise économique et les tentatives de redressement de l’économie française par des politiques qui appliquent le catéchisme de la relance par la consommation. L’ont-ils fait de façon intentionnelle ou non ? Toujours est-il que les deux auteurs torpillent le principe des politiques de relance à travers l’exemple absurde de l’achat en masse de menhirs. Le personnage principal est le néarque Caius Saugrenus, caricature de Jacques Chirac, alors Premier ministre. Saugrenus propose à César un plan infaillible pour terrasser le village gaulois : les occuper en leur achetant des menhirs. En leur fournissant ce travail artificiel, les Gaulois ne penseront plus à la guerre et César aura la paix. Mais César semble davantage convaincu par l’assurance du jeune néarque que par la pertinence de son plan.

 

Le multiplicateur keynésien

 

C’est l’une des idées principales de Keynes : relancer l’économie grâce à la dépense de l’État, chaque euro dépensé par celui-ci rapportant davantage à l’économie générale. Un multiplicateur dont l’inexistence a été maintes fois démontrée, mais dont la croyance continue d’être partagée. Nous n’échapperons pas à un plan de relance après la fin du coronavirus. Saugrenus achète donc un menhir à Obélix grâce à l’argent fourni par César. Le Gaulois, tout content, se met à en produire davantage. Saugrenus augmente ses achats et le prix d’achat, afin d’inciter Obélix à produire plus. Les caisses de César se vident, le déficit augmente, mais c’est pour la bonne cause : créer une économie qui ne rapporte rien, qui n’est fondée sur rien, si ce n’est sur un marché artificiel.

 

Mais ce n’est pas assez au goût de Saugrenus, qui encourage Obélix à embaucher des chasseurs de sangliers afin de se dégager du temps pour travailler davantage dans sa carrière. Lors d’un déjeuner d’affaires dans l’enceinte du camp romain, Saugrenus fait remarquer à Obélix que son vêtement ne convient pas à quelqu’un « qui a fait fortune dans le menhir ». Il doit donc avoir une vie à la hauteur de son standing. C’est justement le moment où arrive Prisunix le marchand ambulant, avec ses soieries de Lugdunum, dont Obélix achète tout le stock. Crise de jalousie chez les dames du village. Ordralfabétix avec ses poissons et Cétautomatix avec sa forge se font tancer par leurs dames. Il est donc décidé par beaucoup d’abandonner leur activité et se consacrer au menhir. En quelques semaines, la diversité économique du village disparaît pour devenir entièrement monothématique. C’est là le chemin de toute économie subventionnée : là où les subventions pleuvent, les plantes poussent, éradiquant les autres espèces florales. On devine à l’avance qu’en cas d’arrêt des subventions, il y aura une crise du menhir et un effondrement total de l’activité économique du village. C’est un très bel exemple de la faillite des économies monogames des pays du Tiers monde de l’époque.

 

Le phénomène illustre un effet économique bien connu : l’effet d’éviction, conséquence de tout secteur artificiellement stimulé : le chariot du marchand se transforme en chariot à menhirs, la poissonnerie perd ses ressources humaines au profit de l’industrie de carrière. Même les porteurs d’Abraracourcix abandonnent le chef pour aller tailler des menhirs, l’obligeant à marcher à pied dans le village. La bulle du menhir a des effets désastreux.

 

Que faire du menhir ?

 

Pour stimuler la demande, Saugrenus est sans cesse contraint d’alimenter la bulle en augmentant le prix d’achat du menhir, ce qui creuse davantage le déficit. Il a donc une idée lumineuse : il va créer un marché de la demande en menhir, afin de trouver des débouchés à cette production. Le voilà qu’il se lance dans une vaste campagne de publicité et de réclame afin de convaincre les Romains d’acheter un menhir. Saugrenus explique cela grâce à une série de power point en plaque de marbre, aussi convainquant que les PPT d’aujourd’hui.

 

Les gens achètent ce qui rend jaloux leurs voisins. Voilà donc la cible du menhir. En quelques cases, les auteurs illustrent le principe de la société de consommation et la théorie de l’effet mimétique de Veblen. « Notre plus cher désir, un menhir » dit la publicité placardée sur les murs de Rome. Dans le stade, une dame se penche vers son mari pour lui susurrer à l’oreille : « Tu sais, nos voisins, les Incongrus, ont déjà acheté un menhir ; ils en sont très contents. » Comment résister à cet appel ? Non seulement les voisins ont un menhir, mais ils en sont très contents. Uderzo et Goscinny montrent les ressorts profonds du marketing et cette angoisse sociale de ne pas posséder la même chose que son voisin. La consommation ostentatoire atteint son paroxysme avec ces riches Romains qui achètent un objet totalement inutile, si ce n’est pour se positionner socialement. La consommation n’est plus un moyen de satisfaire des besoins, mais une façon à la fois de se différencier et d’éviter la différenciation en achetant la même chose que la masse. En prenant l’exemple du menhir, Goscinny et Uderzo poussent l’exemple jusqu’à l’absurde.

 

La débauche romaine

 

L’évolution physique du camp romain est elle aussi très instructive à analyser. Au début de la BD, le camp et les soldats sont rutilants. Tout brille, tout est astiqué, tout est en ordre et le centurion fait régner la discipline et l’ordonnancement de la règle. Au fur et à mesure de l’histoire, la discipline et les mœurs se relâchent, pour finir dans un abandon complet de la règle militaire. Les soldats ne se rasent plus et ne revêtent plus leur uniforme, le camp n’est plus entretenu, certains transforment les allées en cultures de légumes. À travers ces vignettes, on aperçoit la conséquence physique du socialisme : la laideur. Les soldats n’étant plus régis par l’éthique personnelle et la règle collective, mais étant inféodés à une administration, ils relâchent complètement leurs comportements et leurs manières de vivre. Le chien a succédé au loup, pour reprendre l’image de la fable de La Fontaine.

 

Le langage aussi s’est relâché, devenant de plus en plus vulgaire. Quand les Gaulois attaquent le camp, à la fin de l’histoire, les Romains n’ont même plus la force morale de prendre les armes et de résister. Leur défaite militaire n’est que la conséquence de leur défaite intellectuelle préalable. Eux aussi sont des victimes du socialisme et de l’assistanat.

 

L’explosion de la bulle

 

Le pire arrive quand Saugrenus se prend à croire à son propre jeu. La machine administrative est lancée et personne ne peut l’arrêter. Il crée toute une série de produits dérivés afin de maintenir l’engouement autour du menhir. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que d’autres se mettent à en produire, notamment les Égyptiens. Le menhir gaulois est donc directement concurrencé. Des ouvriers romains se mettent en grève et bloquent les approvisionnements en menhir d’Armorique, brandissant le slogan « Achetez romain ». Pour maintenir son système économique artificiel, Saugrenus est donc obligé de prendre une série de règlements contraignants afin de pénaliser les autres régions pour favoriser le menhir gaulois. De l’économie subventionnée, on glisse vers la corruption et le capitalisme de connivence.

 

Saugrenus est pris à son propre piège. En Armorique, les Gaulois continuent de produire et de vendre des menhirs, ignorant l’explosion de la bulle. César n’en peut plus. Il cesse de subventionner ce secteur et coupe les vivres au jeune néarque. Celui-ci est renvoyé en Gaule pour mettre un terme à l’expérience. Lorsque le village l’apprend, les habitants s’insurgent et attaquent le camp romain. Il n’est jamais aisé de mettre un terme aux « acquis sociaux » et aux privilèges : cela provoque une irruption des grèves et des révoltes. Le cours du sesterce s’effondre et les Gaulois se retrouvent avec une masse monétaire qui ne vaut plus rien.

 

La vis comica

 

Cette bande dessinée est une torpille lancée contre le keynésianisme et tous les plans de relance de l’économie par la consommation et la dépense. Elle décrédibilise à l’avance le traitement social des problèmes, comme les nombreux plans banlieues que la France connaît depuis les années 1980 et qui se caractérisent toujours par des douches d’argent public. Le génie de Goscinny et d’Uderzo est d’avoir proposé un cours d’économie de façon ludique et détournée. Nombreux sont les enfants à avoir lu cette BD et à ne pas avoir perçu la profondeur de la démonstration. Obélix et compagnie est à rapprocher d’une autre aventure à dominante économique et sociale, Le domaine des dieux, parue en 1971. Là aussi, l’État essaye de planifier et d’organiser la population en faisant construire un complexe architectural dans la forêt jouxtant le village. Là aussi, la planification échoue et le jeune architecte ambitieux Anglaigus est renvoyé penaud à Rome. La zizanie (1970), avec le personnage central de Tullius Détritus, est excellent pour comprendre l’œuvre de René Girard. On y voit mis en scène le désir mimétique, le bouc émissaire, la haine et la désunion. C’est la force des grands auteurs, et Uderzo et Goscinny sont des très grands, que d’arriver à exprimer dans des histoires d’enfants les thèmes fondateurs de l’humanité et ainsi de pouvoir être lus à tous les âges. C’est la vis comica défendue par Plaute : derrière le rire et le comique, le sérieux des situations et des démonstrations. Dans cette aventure les choses finissent bien : Obélix est revenu victorieux de son séjour en Keynésie.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

32 Commentaires

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  • Vincent

    22 août 2020

    Album intéressant. Belle caricature de Chirac et de notre société de consommation, qui n’a pas beaucoup évolué depuis les années 70…

    Sur le plan économique, j’ai du mal à suivre planche 15 quand Saugrenus explique à Obelix que “si tu ne peux pas augmenter la production, l’offre ne pouvant satisfaire la demande, ça risque de faire chuter les cours”.

    Est-ce une erreur de raisonnement sur le plan économique de la part de Goscinny, ou bien ai-je raté quelque chose?

    Répondre
  • pascal MENET

    7 avril 2020

    ²Les aventures d’Astérix sont riches sur le plan sociologique, je vous laisse ouvrir la page 41 d’Astérix et la transitalique…

    Répondre
  • Alcibiade

    6 avril 2020

    Dans le même genre de vulgarisation de l’économie par la BD, je conseille « Achille Talon et l’archipel des Sanzunron »

    Répondre
  • Eric Monard

    6 avril 2020

    Question à M. Noé sur le multiplicateur de l’investissement :

    Bonjour Monsieur,

    Xavier Mainguy écrit ceci sur le multiplicateur de l’investissement ; je le cite en copié-collé :

     » X = x(1/(1-y), dans cette équation, X est le revenu final obtenu après un cycle, x est la mise de fonds initiale de l’état et y est le coéfficient de rétention du capital investit sous déduction du taux d’épargne. Par exemple pour une épargne de 15%, soit 0,15, du revenu le coéfficient de rétention sera de 0,85.  »

    Comme je me méfie du formalisme mathématique, même simplissime, quand il est utilisé par les économistes, je m’attache à remplacer systématiquement les variables par des valeurs numériques. Cela donne ceci à partir de la citation :
    * « y » est le coefficient de rétention égal à 0,85
    * « x » est la mise de fonds initiale, disons par exemple : 50

    et nous obtenons en reprenant la formule et la donnée de Xavier Mainguy :

    X = 50 (1/[1-0,85]) = 50 (1/[0,15]) = 50(6,66) = 333,33

    Donc, dans cet exemple le multiplicateur serait-il bien de 6,66 ?
    Ça paraît d’une puissance évangélique relevant de la multiplication des pains et des poissons ou, pour reprendre votre papier, ça paraît digne d’une potion magique.
    C’est sans doute trop beau pour être vrai.
    Qu’ai-je donc raté dans la présentation du multiplicateur d’investissement de Xavier Mainguy ?
    Je vous remercie d’avance de votre réponse bienveillante et didactique.
    Bien cordialement,

    Eric Monard.

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  • Xavier Mainguy

    4 avril 2020

    B‌onjour,

    En effet, c’est rigolo la caricature marche bien, elle me fait d’ailleurs plus penser à une économie dirigée type soviétique. En effet, dans celle-ci la spécialisation à outrance a asseché le marché jusqu’à sa disparition complète, au profit d’une hyper spécialisation (le menhier)

    – qui démontre de façon burlesque la faillite du keynésianisme
    La Keynésianisme n’a pas été une faillite loin s’en faut !! Dans une économie des années 30 où la production était en crise, la mise en oeuvre du Keynésianisme a été fort efficace. Si aujourd’hui personne ne pense sérieusement à le remettre au goût du jour, à part Mélanchon, Marine Le Pen et certains autres, c’est que, hors coronavirus, le contexte économique et social est radicalement différent.
    – relancer l’économie grâce à la dépense de l’État, chaque euro dépensé par celui-ci rapportant davantage à l’économie générale. Un multiplicateur dont l’inexistence a été maintes fois démontrée, mais dont la croyance continue d’être partagée.
    Heureusement que je suis assis pour éviter une chute douloureuse sur mon cul ! Comment un Docteur en Histoire Economique parlant du Keynésianisme a-t-il fait pour ne jamais rencontrer le Multiplicateur de l’investissement ?!!! Vite sans plus tarder le voici : X = x(1/(1-y), dans cette équation, X est le revenu final obtenu après un cycle, x est la mise de fonds initiale de l’état et y est le coéfficient de rétention du capital investit sous déduction du taux d’épargne. Par exemple pour une épargne de 15%, soit 0,15, du revenu le coéfficient de rétention sera de 0,85. Pour plus d’exemples et d’explications voir un bon bouquin de 1ère année de Sciences Eco. Le multiplicateur de l’investisssement de JM Keynes existe, je l’ai rencontré !!
    – mais c’est pour la bonne cause : créer une économie qui ne rapporte rien, qui n’est fondée sur rien, si ce n’est sur un marché artificiel.
    Question : qu’est-ce qu’un marché artificiel ? Pour moi un marché existe ou n’existe pas. C’est avant tout un lieu ou un espace d’échange. Il est naturel et spontané entre fournisseurs et acheteurs de biens et de services. La vente et l’achat contraints ne se font pas sur un marché, mais plutôt par le biais de l’impôt, d’une taxe, d’une injonction ou de tout autre moyen de contrainte. Merci pour la définition de ce qu’est un marché artificiel.
    – Cette bande dessinée est une torpille lancée contre le keynésianisme et tous les plans de relance de l’économie par la consommation et la dépense. Elle décrédibilise à l’avance le traitement social des problèmes, comme les nombreux plans banlieues que la France connaît depuis les années 1980 et qui se caractérisent toujours par des douches d’argent public.
    Je suis assez d’accord avec cette conclusion, mise à part l’outrance du propos contre une doctrine qui a été fort utile en son temps. L’auteur n’enfonce -t-il pas des portes ouvertes avec sa diatribe contre le Keynésianisme ou bien, se trompe-t-il d’époque ? Mise à part cette remarque je suis d’accord avec son analyse sur l’échec des plans successifs pour les banlieues. En effet, aucune doctrine économique ne saurait résoudre les questions sociales, religieuses, les problèmes migratoires, les questions de l’insertion ou de l’abscence de celle-ci.

    En tout cas merci Astérix, c’est toujours un bon souvenir

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      4 avril 2020

      Que l’investissement soit essentiel pour le développement d’un pays, nous sommes bien d’accord. Je suis en revanche plus dubitatif sur la formule de l’investissement que vous évoquez. C’est en effet celle que l’on trouve dans tous les manuels d’économie, mais je la trouve beaucoup trop systématique pour être valide. L’investissement n’est pas aussi arithmétique, sa réussite dépend de facteurs complexes et de comportements humains que nous ne maîtrisons pas.
      Je n’ai pas d’exemple historique de politique de relance qui a été vraiment efficace. Ni Roosevelt dans les années 1930, ni la politique de relance de Sarkozy en 2008. Hormis créer de la dette et, in fine, aboutir à l’accroissement des impôts, on ne voit pas de réel dynamisme de l’économie.

    • breizh

      5 avril 2020

      pouvez-vous nous démontrer/expliquer en quoi le Keynesianisme a été utile dans les années 30 ?
      il a plutôt prolongé la crise en empêchant la purge nécessaire pour une redémarrage plus rapide !
      Il ne suffit pas de mettre de l’argent pour qu’un investissement rapporte, il faut encore le mettre au bon endroit, ce qui est particulièrement difficile et risqué et donc hors de portée de fonctionnaires (qui ne savent pas ce qu’est le risque).

    • deres

      14 avril 2020

      Le principal problème du Keynésianisme est de croire que la nature exacte de la dépense publique ne compte pas. En fait, c’est le nerf de la guerre. Et appliquer béatement un facteur multiplicatif dans des calculs le montre bien. Tout comme de l’investissement privé, un investissement public peut être un échec et ne créer aucune richesse. Pire, avec les progrès de notre société, je pense que l’investissement public est de moins en moins efficace. Une bon exemple est constitué par les routes. Imaginer un village sans accès nécessitant 4 heures de marche. Les maisons et la terre n’y vaut quasiment rien ainsi que le travail de ses habitants incapable d’écouler leur production. Créer une route en terre prenant une heure vers ce village va y faire exploser la richesse. Carrosser cette route pour diminuer le trajet à un quart d’heure va encore augmenter la richesse mais bien moins. Les améliorations se feront ensuite pour gagner quelques % mais à grand frais. Pire, on voit que maintenant, on dépensera de l’argent public pour ajouter des rond-ponts, des feux, des chicanes etc qui augmenteront la durée du trajet donc diminueront la richesse.

      C’est donc une des faiblesses de cet investissement public, trop prompt à être détourné vers des investissements non rentables. Et donc ne réalisant pas un multiplicateur keynésien mais un diviseur keynésien en prélevant de l’argent utile pour payer de l’inutile.

    • deres

      14 avril 2020

      J’ajoute que la dynamique et le long terme sont souvent oubliés dans le calcul de ce multiplicateur keynésien. Etant donné la nature du PIB, toute dépense est comptabilisé dans celui-ci. Donc l’année de cette dépense, il est facile de sembler avoir créer de la richesse avec un multiplicateur positif. Mais la richesse n’est pas le PIB mais est mieux estimer par sa croissance. Hors si la dépense n’est pas renouvelé l’année suivante, on voit bien qu’elle figurera en creux l’année suivante par absence de création de richesse. En fait, on n’a échanger dans ce acs là juste une augmentation de la dette contre une augmentation une année du PIB. Il n’y a donc multiplicateur keynésien que si il y a la capacité à créer de la richesse sur le long terme par exemple en créant une production nouvelle sur le long terme. il faut donc un investissement productif typiquement des machines utiles.

      Un bon exemple sont certains investissement du plan de relance français après la crise de 2007. Les chantiers de l’Atlantique était moribonds. Un bateau militaire prévu les années suivantes leur a été commandé pour faire le pont (on en avait besoin de toute façon à terme) et il leur a été prêté de quoi faire la plus grande grue du monde. Depuis, ils produisent et exportent les plus gros paquebots du monde. Pour ce cas, je pense que le multiplicateur keynésien était supérieur à 1. Mais pour celui-ci combien de milliards déversés pour dépaver et repaver les rues ?

  • Steve

    3 avril 2020

    Belle et bonne démonstration!
    Cependant, on peut aussi lire l’histoire un peu différemment.
    On peut dire qu’ Obélix est lui-même une »bulle », inflatée par la potion magique , et que mal conseillé, il va naturellement générer une autre bulle!
    Sinon, c’est le seul qui produise quelque chose qui puisse s’exporter et créer un marché; Ordralfabétix importe ou assure la consommation locale, Cétautomatix produit des biens déjà existants partout et comme il est près de Finis Terrae, les coûts de transports sont prohibitifs : il n’a qu’un marché local. Assurancetourix ne pourrait s’exporter qu’à la Romovision. Là où cela dérape, c’est qu’Obélix est détourné du bien commun pour n’être focalisé que sur sa propre expansion: s’il y avait eu un Conseil économique digne de ce nom au village, sachant juguler l’individualisme forcené, il aurait pu lui être conseillé de mettre une partie de ses gains au service commun pour par exemple acheter la garnison romaine , ou en faire des chasseurs de sangliers … Helmut Kohl se servit des excédents Allemands à l’export pour acheter le départ des forces soviétiques….
    Ainsi on voit qu’un minimum d’Etat compétent au village eût pu renvoyer la balle aux romains ou servir de leur inaptitude pour le bien de tous. En construisant une maladrerie par exemple, avec des lits de réa en nombre suffisant, et en formant des aides soignants compétents pour assister Panoramix dans la confection de potions au cas où une épidémie maltraitée par la néarchie impériale – dirigée à l’époque par Macronius Businus, se serait propagée jusqu’en Armorique !
    Cordialement

    Répondre
  • Yannick

    3 avril 2020

    magnifique article ! comme tres souvent cela dit…

    Répondre
  • olivier cane

    3 avril 2020

    J’utilise aussi régulièrement cette BD dans mes cours de Marketing, c’est un exemple de vulgarisation de l’économie et du marketing mené jusqu’à l’absurde qui est parfait pour faire comprendre les rouages de notre société.
    J’utilise aussi l’équivalent pour les marchés financiers :  »le Schtroumpf financier » de Peyo, qui reprend les mécanismes bancaires jusqu’à l’absurde;
    Bravo encore pour votre article

    Répondre
  • RAGER

    3 avril 2020

    Superbe article Merci !: une petite erreur de français relevée dans le 1er alinéa de « Que faire du menhir ? » « Le voilà qu’il se lance » : soit on écrit Et voilà qu’il se lance soit on écrit Le voilà qui se lance … mais un mix par Toutatix 🙂

    Répondre
  • Joseph Monbon

    3 avril 2020

    Bonjour M. Noé,
    Merci pour cette relecture d’Obélix et Compagnie,
    Je suis d’accord avec vous sur le fait qu’une politique Keynésienne de relance de la demande mène à des impasses.
    Mais que penser des politiques publiques qui cherchent à doper l’offre ? Ne mène-t-elle pas aussi à des impasses si la demande n’est pas au rendez-vous ? (La BCE augmente ses rachats nets d’actifs du secteur privé shorturl.at/flGU0)
    Accessoirement je me permets d’ajouter que certains acteurs privés cherchent aussi de doper artificiellement la demande via la publicité en incitant au renouvellement des produits sur des marchés où le taux d’équipement est déjà élévé (marché automobile, smartphones…)
    En période de crise, l’Etat et l’UE cherchent leur utilité. Quelles seraient les lieux d’action prioritaire de leur engagement ? (à supposé que le deux travaillent en bonne intelligence)
    Merci d’avance pour votre réponse,

    Répondre
  • Guy Mailhot

    3 avril 2020

    Je dois retrouver cet exemplaire d`Astérix que j’avais adoré.

    Répondre
  • Guy Mailhot

    3 avril 2020

    Si la Kéneysianie est si populaire, c’est qu’elle donne une impression d’importance à des politiciens incompétents et surtout, qu’elle permet d’acheter des votes avec l’argent des autres (des banquiers tout aussi incompétents qui joue avec l’argent des déposants.

    Répondre
  • marc durand

    3 avril 2020

    L’exemple avec les menhirs est mauvais.

    Quand je vois ce que fait la Chine :

    – Suite au covid-19, ils vont construire le plus grand hôpital d’Asie pas loin de chez moi, pas en 2025 ! Il sera fini en décembre 2020, ils vont mettre 10 000 ouvriers pour le construire, alors que chez nous, on va donner le chômage partiel a des gens pour qu’ils restent chez eux, les Chinois vont construire quelques choses de concret qui va rester et qui va servir, tout le monde va a l’hôpital un jour.

    Les hôpitaux publics en Chine ne signifient pas qu’on soigne les gens gratuitement, ca signifie que les prix sont les plus bas. Vous payer d’abord et on vous soigne après, rien a voir avec notre système communiste.

    – Construction d’un nouveau navire Hôpital, on peut le déplacer partout, c’est intelligent. (un porte-avion nucléaire, c’est 4 milliards, et on depense 1 milliard pour soigner gratuitement les clandestins, l’AME).

    – Développement des métros dans les villes de plus de 1 million d’habitants (110 villes). Depuis 1973 en France, on sait qu’on n’a pas de pétrole, mais on fait rien ! Donc developper le metro dans les villes, me semble une bonne chose, et en plus on a pas besoin de dollars pour acheter au petro-monarchie.

    …. Et plein d’autres projets.

    Et naturellement, c’est des entreprises chinoises qui emploient des Chinois qui vont fabriquer, rien a voir avec nos keynésiens, qui emploie des étrangers moins chers, et les profits vont dans les paradis fiscaux.

    Répondre
  • Marc

    3 avril 2020

    Analyse très intéressante. Merci.

    Répondre
  • René Alié

    2 avril 2020

    Magnifique démonstration. Et complètement inattendue.

    Répondre
  • nodralg

    2 avril 2020

    une merveilleuse sculpture de la société contemporaine française ou tous les patronymes sont interchangeables et toujours exact et justes de mitteux à micron.
    mes compliments

    Répondre
  • Thierry Balet

    2 avril 2020

    Je l’avais complètement oublié cet album!
    Merci de cet éclairage ludique et plein de bon sens……

    Répondre
  • Thierry Balet

    2 avril 2020

    Je l’avais complètement oublié cet album!
    Merci de cet éclairage ludique et plein de bon sens……

    Répondre
  • LKS

    2 avril 2020

    Vous devriez vous aussi faire des vidéos pédagogiques ! Merci

    Répondre
  • breizh

    2 avril 2020

    excellent monsieur Noé et merci pour ce bel hommage à Goscinny et Uderzo.

    dans la même veine, Peyo a fait fort avec les Schtroumpf, notamment « le Schtroumpfissime » et « Schtroumpf vert & vert Schtroumpf ».

    Répondre
  • Mickael

    2 avril 2020

    Très belle et originale illustration des temps qui courent, merci !
    Ce qui me conforte que les politiques ne sont pas là pour le bien de la collectivité.
    Peu importe si cela nous mène droit dans le mur, il faut penser à son bilan politique et à sa côte de popularité pour pouvoir rincer les copains.
     » Un politicien pense à la prochaine élection. L’Homme d’état, à la prochaine génération. » James Freeman Clarke

    Répondre
  • Blondin

    2 avril 2020

    Ce qui est vraiment piquant est que beaucoup de beaux esprits voient dans cet album une critique de l’économie de marché et du capitalisme : changement des modes de production, cupidité, surconsommation… Tout à leur prisme « anti-libéral », ils en oublient le rôle primordial de l’administration (Saugrenus).
    Votre analyse remet les choses à leur place.
    Bravo !
    PS – je vous suis un peu moins sur le déclin des légionnaires. Plus que le socialisme, c’est l’obstination à leur faire accomplir une tâche impossible qui les démoralise et les conduit à l’immobilisme, donc au déclin.

    Répondre
    • Airman

      2 avril 2020

      Vous avez raison, mais il y a quand même un peu de socialisme: les légionnaires sont progressivement déresponsabilisés et dépossédés de leur mission régalienne par un état qui s’enfle dans la subvention sans fin.
      J’aime particulièrement la réaction du NEArque qui propose de faire intervenir un copain de promo. Typique de nos élites quand il faut assumer les conséquences de leurs décisions désastreuses.

  • Flo

    2 avril 2020

    Bravo, excellent exemple.

    Répondre
  • Richard HANLET

    2 avril 2020

    Merci pour ce bel hommage…

    Répondre

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