23 mai, 2017

La Grande Bretagne a des cartes en main pour négocier sa sortie avec l’Europe

En Grande Bretagne, les élections auront lieu le 8 juin prochain. Les sondages montrent que Theresa May devrait revenir au Parlement avec une majorité confortée, lui permettant de conduire les négociations du Brexit avec l’autorité nécessaire.

 

Pendant la longue phase de négociation du Brexit, Theresa May devrait exercer une forte pression sur tous les dossiers sensibles. Elle l’a déjà fait sur le projet de révision du budget européen. Elle aura encore plus d’effet de levier sur le dossier Europol qui est la clef de voute de la sécurité en Europe. Pour être efficace, la lutte contre le terrorisme islamiste qui frappe durement la Grande Bretagne ne peut reposer que sur des liens bilatéraux noués entre l’Europe avec la Grande Bretagne, les Etats Unis et Israël.

 

La Grande Bretagne ne veut plus être soumise aux décisions de la cour de Justice européenne et ne veut plus faire partie de l’Union Douanière afin de pouvoir négocier un ensemble d’accords bilatéraux.  Il ne faut pas oublier que la Grande Bretagne est actuellement le deuxième contributeur au budget de l’Europe avec 9Md€. Même si ce chiffre est ramené aux environs de 3,5 Md€ (comme celui de la Norvège qui ne fait ni partie de l’UE ni de la zone Euro), il restera  important.

La Grande Bretagne pourrait essayer d’utiliser comme modèle le cadre des accords déjà signés entre l’Europe la Suisse ou même l’Ukraine qui comprend une partie sur les services financiers. L’indépendance de l’Ecosse est toujours sur l’agenda et peut compliquer un peu plus la négociation.

 

La baisse de la Livre Sterling commence à générer une inflation plus importante. Cela profite aux sociétés britanniques exportatrices et permet à l’indice FTSE 100 de franchir pour la première fois le niveau de  7500.Les actions anglaises sont actuellement bon marché aussi bien en terme absolu que relatif (Etats Unis, Allemagne) .

La Livre Sterling est aussi significativement sous évaluée, mais elle va rester très volatile avec des phases de faiblesse provoquées par les négociations avec l’Union Européenne.

 

Les sociétés britanniques avec une exposition internationale sont les suivantes :

Automobile & Equipementiers : GKN (88% d’exposition internationale); Banques: Standard & Chartered (90%); Chimie: Croda (95%); Services Financiers: Man Group: Santé: Astra Zeneca (96%), GlaxoSmithKline (95%), Shire (97%), Smith & Nephew (92%); Industrie et Services: Aggreko (97%), Rexam (96%), Weir Group (93%), IMI (93%) Intertek Group (91%); Media: WPP (90%), Reed Elsevier (89%); Biens de consommation: British American Tobacco (99%), Burberry (94%), Reckitt Benckiser (90%, Imperial Tobacco (89%; Technology: ARM Hoding (99%); Loisirs: Compass Group (90%); Telecommunications: Inmarsat (95%)

 

Les sociétés qui bénéficierait le plus de la dépréciation de la Livre Sterling sont les suivantes Immobilier : Baratt Developments, <ContrywideF&C Commercial Property, Daejan, Denwent Finance : Hargreaves Lansdown, Schroders ; Assurance : Legal & General.

 

 

Emmanuel Macron a la chance de débuter son mandat avec un environnement économique porteur

 

Les vents favorables qui soufflent dans l’économie européenne se sont traduits cette semaine par une révision en hausse des bénéfices des sociétés de l’ordre de 10%. C’est la plus forte révision en hausse de puis 2009 date du début de « la crise des subprimes ». On peut maintenant attendre une croissance de l’ordre de 15% des bénéfices sur l’ensemble de l’année si l’Euro ne continue de s’apprécier (+6 % depuis le début de l’année), si l’amplitude du ralentissement aux Etats Unis et en Chine ne sont pas trop forts.

 

Le nouveau Président de la République a la chance de débuter son mandat dans un environnement favorable. Cela n’avait pas été le cas pour ses prédécesseurs qui avaient élus avec un mandat pour réformer le pays. Valéry Giscard d’Estaing avait été confronté à la forte hausse du prix du pétrole de 1973-1974, Nicolas Sarkozy s’était heurté frontalement à la crise des subprimes de 2007-2008.

L’économie française souffre, comme chacun devrait le savoir, d’un chômage de masse, d’un manque d’investissements et d’une incapacité à garder sur son territoire les entreprises qui innovent. Il ne suffit pas de battre les extrémistes dans les urnes, comme a su le faire Emmanuel Macron, il faut supprimer maintenant, le plus vite possible les facteurs économiques, sociaux et culturels qui font que ces mouvements se développent.

 

Il reste à expliquer que la compétitivité des entreprises n’est pas une idée fixe d’économiste, mais la condition première pour que des emplois soient créés en France, que la désertification des territoires cesse et que les pensions de retraite de ceux qui auront cotisé toute leur vie puissent leur être versées.

Le déficit de la balance des comptes courants a doublé en 2016, ce qui est extrêmement grave dans un environnement qui a bénéficié de « l’alignement des planètes » (Taux, Pétrole, Euro…).  Cela montre bien que les produits français ont du mal à s’exporter au prix où ils sont vendus. Ils sont concurrencés sur le haut de gamme par l’Allemagne et sur le bas de gamme par l’Espagne notamment. La France est le mauvais élève de la zone Euro. Elle a enregistré le plus gros déficit de ses comptes publics en valeur absolue (75,9Md€) et le plus important déficit extérieur des dix neuf pays qui ont l’Euro pour monnaie. Cela fait maintenant dix ans que la France accumule les déficits extérieurs alors que l’Allemagne affiche un excédent de 261 Md€ en 2016. Contrairement à ce qu’a dit François Hollande rue de Solférino, il ne laisse pas du tout la France en meilleur état qu’il ne l’a trouvée !

 

Mettre fin au déséquilibre entre la France et l’Allemagne est une ambition tout à fait louable. Cela ne peut que commencer par les réformes que la France attend depuis si longtemps.

Le moteur franco allemand pourrait se remettre en marche, car pour la première fois nous avons un président qui commence par ne pas rendre responsable l’Allemagne et l’Europe de tout ce qui ne marche pas en France…

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

13 Commentaires

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  • Robert

    31 mai 2017

    M. Netter, allez donc jusqu’au bout du raisonnement dans l’analyse des responsabilités : osez traiter du sujet tabou de l’ Euro, et du rôle de cette monnaie « politique » dans la situation d’un certain nombre de pays dont la France !
    Cordialement.

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  • Boudin

    27 mai 2017

    > «Mettre fin au déséquilibre entre la France et l’Allemagne est une ambition tout à fait louable. Cela ne peut que commencer par les réformes que la France attend depuis si longtemps.»

    Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce la France qui doit devenir allemande et non l’Allemagne qui doit devenir française?

    Répondre
    • Boudin

      27 mai 2017

      Ou pourquoi un pays doit-il devenir l’autre?

  • hoche38

    24 mai 2017

    Au fond, comme on ne peut plus jouer sur la monnaie, il suffira d’imposer une baisse du niveau de vie et de la protection sociale pour la France d’en bas, pour sauver les privilèges de la France d’en haut. Les media expliqueront aux victimes que la productivité va augmenter, que c’est pour les sauver, et tout se passera en harmonie dans le meilleur des mondes bruxellois possible.

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    • idlibertes

      24 mai 2017

      Je crains qu’ils n’arrivent à faire encore mieux, suivant la grande fiction que chacun puisse vivre aux crochets des autres, en multipliant le nombre d’aides, et reversions, les plus démunis s’attendent à être pris en charge.
      Alors même que dans la captation réelle, l’état n’a jamais été aussi prolixe.

      Je pense que l’impôt à la source procéde de la même idée d’enfumage qui tend à déresponsabiliser les citoyens.L’impot de soit d’être douloureux non pas pour être juste mais pour que justement chacun soit amené à s’interroger sur sa justesse.

  • Homer

    24 mai 2017

    Merci Mr Netter pour vos posts résolument explicites, sans langue de bois, et ľévocation concrète ďentreprises que chacun peut le cas échéant considérer en fonction de ses propres choix dans un panier ďinvestissement.

    Quand vous dites : « Il reste à expliquer que la compétitivité des entreprises n’est pas une idée fixe d’économiste, mais la condition première pour que des emplois soient créés en France », ne serait-il pas important de toujours et systématiquement compléter ce volet réforme des entreprises par ľautre indispensable réforme consistant à dégraisser le mamouth publique français ?! Tabou qui va devoir sauter sous peine de voir la France ressembler de plus en plus à la Roumanie ou ľAllemagne de ľest pré-chute du mur…

    Mais ce sujet vient en effet ďêtre évoqué par Charles Gave, me direz-vous (et c est toujours un plaisir de constater que vos posts se complétent).

    Mais on ne dira jamais assez que ces Tiers-Etats 3.0 (artisans, petits commerçants, tpe, auto-entrepreneurs) méritent mieux que ďêtre spoliés, vilipendés, méprisés au point tel ďêtre taxé de poujadiste quand on évoque ne serait-ce que leur existence…

    N y a-t-il donc plus de survie possible en 2017 pour le salariat privé et le commerce indépendant !?…

    Amicalement.

    Répondre
  • nolife

    23 mai 2017

     » La France est le mauvais élève de la zone Euro. Elle a enregistré le plus gros déficit de ses comptes publics en valeur absolue (75,9Md€) et le plus important déficit extérieur des dix neuf pays qui ont l’Euro pour monnaie.  »

    C’est grave d’avoir un déficit courant important ? Alors pourquoi ne le dites-vous pas pour les Anglais ?

    Répondre
    • Gerldam

      24 mai 2017

      Par ce qu’ils ont leur propre monnaie.

    • idlibertes

      24 mai 2017

      et voila.

      On ne le dira, visiblement, jamais assez

    • Bigou jean-jacques

      24 mai 2017

      Juger du comportement d’ une variable sur un point de sa courbe de comportement à l’ instant T ne vaut pas grand chose:

      -une entreprise qui s’ est fortement endettée pour bien remplacer son outils de production périmé a un bel avenir, si elle utilise cet outil intelligemment et si le marché le permet. ceci alors qu’ elle a un endettement « Q » à l’ instant T;

      -Au même instant T une entreprise ayant le même endettement « Q », peut, de par une gestion débile, et en dépit de ce qu’ elle a un équipement et un marché correct, être en train de sombrer sans avenir avenir

      L’ Angleterre et la France ne sont pas sur une une même courbe et leur courbe n’ ont pas la même pente.

      Difficile de comparer!

  • bibi

    23 mai 2017

    Vous croyez que le gouvernement espagnol ou belge verraient d’un bon oeil qu’une partie d’un état souverain déclarant son indépendance soit de fait membre de l’UE parce que l’état auquel il appartenait l’est?

    Si l’Ecosse prend son indépendance même avant que le Brexit soit effectif elle devra adhérer à l’UE car elle n’en est pas membre c’est le Royaume-Uni qui l’est et rien ne garanti que les 26 seront d’accords pour voir un aspirateur à subventions se joindre au club.

    L’indépendance de l’Ecosse ne sera nullement un souci pour négocier le Brexit.

    Il y a plus à gagner pour les écossais à continuer de traire les anglais qu’a tenter de traire les continentaux.
    Donc on verra bien si les écossais sont prêts à perdre l’aide de Londres pour d’éventuelles aides de l’UE.

    Répondre
    • Denis Monod-Broca

      25 mai 2017

      L’indépendance de l’Ecosse serait une catastrophe sans nom.
      Elle n’arrivera pas.

      Les velléités d’indépendance écossaises sont, comme le vote FN en France, une façon d’exprimer une colère de plus en plus irrépressible, pas l’expression d’une véritable envie de prendre le large.
      De même que certains aiment à se faire peur en imaginant que le FN puisse arriver au pouvoir, d’autres aiment à se faire peur en imaginant l’Ecosse voter pour son indépendance. Les électeurs ne sont pas aussi fous que ça. Il est vrai qu’ils en ont assez de se faire rouler dans la farine… tout peut arriver… mais pas ça, du moins je ne crois vraiment pas…
      il ne faut pas faire attention à ces chiffons rouges qu’on agite sous nos yeux pour nous détourner des vrais choix.

    • Boudin

      27 mai 2017

      Au contraire, je pense que l’indépendance de l’Écosse sera très bien accueillie par nos eurocrates. L’Europe n’est pas une démocratie! Il faut s’en souvenir.

      Et l’indépendance de l’Écosse me paraît fort probable. En septembre 2014, on n’est pas passé si loin.

      Itou sur le fait qu’elle rejoindroit l’URSS molle ensuite.

      Cela dit, la meilleure chance d’effondrement de l’Europe est peut-être l’indépendance de la Catalogne et/ou de la Vénétie.

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