L’évolution de l’état de l’Arizona aux Etats Unis est une situation très intéressante à analyser. Il s’agit du quarante huitième état américain. En 2009, avec 6 M d’habitants, il était endetté de 3 Md$. La position de l’Arizona au sein des Etats Unis, ressemblait à celle de la Grèce au sein de l’Union Européenne. La gestion de l’état avait été lamentable avec un gaspillage de l’argent public, un taux de chômage élevé (10,8%) et un déficit budgétaire très important. Trois ans plus tard, l’endettement a disparu, l’état se retrouve en excédent budgétaire de 1 Md$ et l’Arizona est entré dans le «Top Ten » des états les plus attractifs pour monter une affaire.
Janice Brewer, qui appartient au Parti Républicain est élue Gouverneur en 2009. Très vite, elle annonce qu’il ne faut pas taxer les contribuables au point que ceux ci n’aient plus envie d’entreprendre et donc de créer de la richesse… La logique du « tax and spend » (on taxe et on dépense) doit être arrêtée car faute de fixer rapidement des limites on assiste à un exode de la richesse. Le pays a très vite moins de riches mais beaucoup plus de pauvres… Elle met en place un programme de réformes fiscales visant à faire en sorte que les règles qui régissent la vie économique constituent un socle fiable sur lequel tout dirigeant d’entreprise puisse bâtir un plan d’investissement non pas à trois mois mais à cinq ans. Elle réduit fortement les dépenses et des emplois publics en expliquant qu’elle n’a pas d’autre choix que de baser son action sur l’austérité. Le plus important dit elle, est de ne pas céder aux pressions des sondages, car il y a un moment où l’on doit s’en tenir à ses décisions, même les plus désagréables…Elle révise enfin le système éducatif qui avait été perturbé par des syndicats hostiles aux entrepreneurs…
Ce processus de redressement lui attire de nombreuses critiques notamment quand elle dit que la prospérité de l’Arizona dépend également du contrôle de l’immigration. Ce qu’elle a mis en place effectivement.
Le redressement économique est réalisé en temps record. Toutes les initiatives qui ont été prises ont eu pour résultat que tout chef d’entreprise juge plus avantageux d’investir en Arizona que dans un autre état. L’austérité a été utilisée « comme la possibilité d’un nouveau départ, d’un redressement durable avec toutes les opportunités individuelles que cela peut impliquer » C’est un passage obligé auquel les politiques ont le devoir de préparer l’opinion au lieu de multiplier les promesses qui rassurent mais qui ne peuvent être tenues qu’à la condition d’augmenter fortement les impôts ce qui a pour conséquence de tuer l’entrepreneuriat et avec lui la création de richesse. Le résultat n’a pas mis longtemps à se manifester : l’Arizona a été redressé en trois ans et l’état est devenu le plus entrepreneurial des Etats Unis.
Aujourd’hui les finances de l’Arizona sont en équilibre, un excédent budgétaire est prévu pour la fin de l’année. C’est une vraie leçon de rigueur et d’optimisme. Ce qui a été réalisé en Arizona pourrait utilement inspirer les dirigeants français. Tout ce qui a été fait pourrait très bien être reproduit en France…
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.