9 octobre, 2018

La dynamique des actions européennes est devenue défavorable

La baisse de plus de 10% du Renminbi par rapport au dollar USa été spectaculaire. Trois fois plus importante que celle de 2015, elle oblige à se poser la question de savoir si l’on n’assiste pas à l’abandon de la politique du « Renminbi fort » qui devait devenir la nouvelle monnaie de référence concurrençant le dollar dans les échanges internationaux. Ce qui importe aux yeux des chinois, c’est la parité du Renminbi par rapport aux monnaies asiatiques pour leur permettre de créer une nouvelle zone monétaire qui échappe à l’emprise du dollar. Si on la regarde depuis 2012, elle s’inscrit dans un serpent implicite car la volatilité entre ces devises s’est beaucoup réduite. D’ailleurs depuis 2012, le retour sur investissement d’un placement en obligations émises en Renminbi a été supérieur à un investissement en obligations Dollar ou en Euro.

 

Donald Trump aura du mal à gagner sa guerre commerciale

 

Le nouvel accord Nafta ouvre la voie à une confrontation chinoise plus forte. Le traité commercial avec le Mexique et le Canada une fois signé va permettre à la maison Blanche de se concentrer sur les chaines de fabrication entre la Chine et les Etats Unis.  On devrait assister à une escalade au moins verbale entre les deux protagonistes dans les mois qui viennent. Pour le moment Wall Street ne semble pas s’attendre à des bouleversements car Apple qui pourrait être la société la plus impactée par des discussions animées a progressé de presque 20% pendant l’été !

 

La guerre des droits de douane de Donald Trump bénéficie d’un fort soutiende son électorat qui se déchaine contre les sociétés américaines considérées comme traitre de faire travailler les usines chinoises et pas les usines américaines. Cette guerre commerciale si elle se poursuit risque d’entamer l’influence américaine dans toute l’Asie. Parallèlement  la Chine pourrait arriver à un accord avec les Etats Unis, sinon elle laissera encore sa monnaie se déprécier pour compenser l’effet des droits de douane sur la compétitivité des produits chinois.

 

Les Etats Unis ne pourront pas gagner cette guerre commercialecar cela déboucherait dans l’économie réelle sur l’équivalent d’une taxe supplémentaire sur le consommateur américain. De plus la Chine pourra toujours transférer des usines de fabrication dans les pays de la zone asiatique. Il est toutefois très improbable que l’on arrive à un mouvement de délocalisation massif.

 

L’exposition au marché américain pose problème

 

La hausse du marché semble justifiée malgré la hausse des taux d’intérêtsqui est très progressive. Il ne faut pas s’attendre à une forte hausse de l’inflation. Sur le marché du crédit, les spreads se sont réduits et surtout le retour sur investissement reste positif par rapport au coût du capital. Il pense que c’est encore trop tôt pour réduire son exposition au marché américain.

 

On peut aussi être plus prudent, car l’économie américaine risque dans les mois qui viennent d’entrer dans une période de déflation de l’ordre de -1,5% par an. Ce type de séquence a presque toujours entrainé une baisse du marché actions

 

L’économie chinoise résiste plutôt bien à la guerre commerciale

 

L’économie chinoise navigue plutôt bien dans la guerre commercialequi l’oppose aux Etats Unis. La forte correction qui était attendue au début de l’année ne s’est pas produite. Le rythme des investissements productifs se maintient à un bon niveau. Certes, il y a bien un ralentissement dans les crédits à l’économie et une plus grande flexibilité de la banque centrale de sa politique d’intervention sur le marché des changes. Elle a dérouté de nombreux investisseurs. Si l’objectif de Donal Trump, qui consisterait à taxer 200 Md$ d’importations chinoises aux Etats unis est atteint, cela entrainerait une diminution du PIB chinois de 0,5%. Au-delà de ce chiffre, ce qui est sûr, c’est que la Chine va devenir moins attractive sur le plan manufacturier.

 

La dynamique des actions européennes est devenue défavorable

 

En Europe la vague populiste déstabilise le fonctionnement des institutions européennes. La fragmentation politique qui s’est produite au détriment des « partis de gouvernement » va compliquer la campagne pour les prochaines élections européennes qui auront lieu le 26 mai prochain. Cette élection sera pour l’essentiel un référendum sur l’immigration…

 

En Allemagne, le parti de gauche « Die Linke » est maintenant opposé à l’immigration.Sa présidente Sarah Wagenbrecht propose maintenant de rompre radicalement avec la culture immigrationniste des partis de gauche européens…

 

En France Emmanuel Macron a perdu la main. La vie politique semble s’être transformée en jeux vidéo centré sur le style du président et pas du tout sur les réformes de fond entreprises. Le président de la république mériterait plus d’être jugé sur le fond que sur la forme…

 

En Grande Bretagne l’échec des négociations sur le Brexitpourrait forcer Theresa May à déclencher de Nouvelles élections ou même un nouveau référendum. Dans ces deux hypothèses la décision de sortir de l’Union Européenne pourrait être rapportée…

 

L’encours de la dette italienne est plus important que celui des « subprimes »

 

En Italie, la nature divisée du populisme pouvait rendre plus difficile des positions radicales. Cela n’a pas été le cas pour l’adoption du prochain budget. L’Union Européenne devra maintenant prendre en compte le fait que le fonctionnement de l’Euro a détruit beaucoup de capital en Italie et que cette situation ne peut pas se prolonger indéfiniment. Il faut garder à l’esprit qu’une restructuration de la dette italienne (environ 2600 Md€) serait plus importante que l’encours des subprimes » aux Etats Unis en 2008. L’Italie peut devenir une véritable bombe…

 

La dynamique sur les actions européennes est devenue défavorable. Le risque politique continue de se détériorer, la croissance patine et la progression de la masse monétaire mesurée par M1 est médiocre. Ce sont autant de raisons pour lesquelles il est préférable de rester à l’écart des actions européennes.

 

La disparition de la liquidité sur les actions argentines devrait être méditée par les régulateurs

 

Le retournement très brutal de la situation en Argentinea ramené, après une baisse de 50%, les actions de la bourse de Buenos Aires au niveau de l’arrivée de Mauricio Macri. C’est donc le marché émergent qui la plus souffert, alors qu’il n’y avait pas de nouvelles particulières. Cela est dû pour l’essentiel au fait que les banques qui assuraient la liquidité dans les moments difficiles ont complètement disparu. Bear Stearns et Lehman Brothers étaient en mesure d’intervenir pour prendre sur leurs livres des actions qui étaient vendues sans beaucoup de discernement quand les marchés étaient déséquilibrés. En constatant les dégâts qui ont été provoqué sur un petit marché comme l’Argentine, on a du mal à imaginer ce qui se produira quand des marchés importants seront confrontés à de fortes vagues de ventes de titres.

 

Dans un monde en dislocation les portefeuilles méritent d’être rebalancés

 

Parmi les classes d’actif, il serait sage de s’attendre à ce que les Etats Unisentrent dans une zone de turbulence. Renforcer les actifs en Asiedevrait être une bonne idée si on croit que la guerre commerciale entre les Etats Unis et la Chine ne se terminera pas en catastrophe. En Indecela semble le moment d’alléger un peu car la valorisation du marché par rapport aux autres marchés émergents est à un plus haut historique.

 

Les obligations en Renminbi introduisent de la robustesse dans les portefeuilles

 

Les obligations chinoisesméritent toujours de faire partie d’une allocation de portefeuille robuste. L’internationalisation de cette classe d’actif se poursuit. Elle fera partie de l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate à partir du mois d’avril 2019. Il a été également décidé que les revenus d’obligations seraient exonérés de toute taxe pendant trois ans pour les investisseurs étrangers. Pour accroitre encore l’attractivité, les livraisons-règlements seront réalisées par le système Bond Connect.

 

Rester à l’écart de l’Europe de la zone Euro serait logique, mais il faudrait alors renforcer l’exposition sur les pays européens qui ne sont pas dans la zone Euro.

 

Les marchés émergents apparaissent survendus

 

Quant auxmarchés émergents,ils sont survendus si l’on n’assiste pas à une guerre commerciale planétaire doublée d’une crise des changes…

 

En termes de secteurs, il faudrait éviterle secteur bancaire en général, sauf peut-être en Chine car les derniers résultats et les perspectives qui ont été annoncées sont encourageantes.  Il en est de même pour l’immobilier en Chine. Sur les secteurs de la consommation et d’internet, cela parait, après le décrochage de l’été, un bon moment pour renforcer les positions. Si le baril dépasse prochainement les 100$, les valeurs pétrolièresdevraient en profiter et dans la foulée celles des services pétroliers. L’ordevrait bénéficier des achats chinois

 

Parmi les thèmesil faudrait privilégier les sociétés défensives

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

7 Commentaires

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  • Francis

    10 octobre 2018

    Bonjour,

    Vous écrivez « car l’économie américaine risque dans les mois qui viennent d’entrer dans une période de déflation de l’ordre de -1,5% par an » !!? Ah bon pourquoi?

    Dans ces conditions il faut se ruer alors sur les T-Notes qui offrent un rendement de 3,5%, pour un taux réel de 5% !! du jamais vu.

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  • Arnaud

    10 octobre 2018

    Comme me l’a dit un ami américain encore ce matin, pouvez-vous m’expliquer comment Trump peut-il perdre plus la guerre commerciale avec la Chine avec un déficit au niveau de la Balance of Payments de l’ordre de 500B$? Toute amélioration sera forcément perçue comme une victoire!
    Bien cordialement,
    Arnaud

    Répondre
  • PHILIPPE LE BEL

    10 octobre 2018

    Bonjour,

    L’investissement n’est pas aisé en ce moment que cela soit dans l’immobilier, ayant fortement augmenté en France, et plus largement un peu partout… le tout bien sûr à crédit…
    Les chiffres chinois sont pilotés, non à vrai dire pipotés, tout le monde le sait. La croissance est quasi similaire aux prévisions du PC chinois à 0.1% près. Celle-ci est indiquée très rapidement pour ne pas dire dans des délais records après la période visée…
    Les sociétés de luxe, Kering, LVMH, qui vendent beaucoup en Chine, souffrent en bourse.
    La Banque centrale chinoise a baissé les réserves obligatoires des banques et injecte en masse des dizaines de milliards tous les mois…
    Le shadow Banking y est fortement présent.
    Tout cela n’est pas très encourageant.
    Xi Jinping a affiché trop vite ses intentions, ses ambitions, ce que son prédécesseur avait eu la prudence de ne pas faire. Il a fait une erreur. C’était trop tôt. Les USA ont encore les moyens de les contrer, et TRUMP s’y emploie. Le roi dollar n’est pas encore mort.
    Trump va s’attaquer à l’Europe après le Canada et le Mexique. Il sait qu’avec la Chine cela sera plus long peut être. Il a déjà commencé en soutenant ouvertement le gouvernement italien. Il se frotte les mains suite le brexit. Monsieur BANNON fait le tour des popotes des souverainistes européens. Il veut fractionner l’Europe, diviser pour mieux régner.
    Monsieur TRUMP s’est aussi attaqué à la Turquie, où les banques européennes sont très présentes, notamment françaises, italiennes et allemandes… une nouvelle pierre dans la chaussure usée de Deutsche Bank, Commerzbank, Unicredit et Crédit Agricole en cas de défaut ?

    Répondre
  • Aljosha

    10 octobre 2018

    Sarah Wagenknecht, Bertolt, Wagenknecht.

    Merci pour tout ces points d’entrées que vous délivrez; j’essaie de m’en inspirer pour éviter les grosses gamelles … pas facile pour un amateur.

    Répondre
    • sassy2

      10 octobre 2018

      Vous en inspirer pour éviter les grosses gamelles dans vos activités politiques ? ou simplement boursière? 😉

  • nevao

    9 octobre 2018

    Bonsoir et merci pour cette pertinente analyse.
    Cdt
    nevao

    Répondre
  • sassy2

    9 octobre 2018

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:U.S_Trade_Balance_(1895-2015).png

    les us vis à vis de la Chine sont
    soit price taker
    soit price maker

    Dans le second cas, la Chine peut dévaluer de x% et Trump taxer à exponentielle[x].
    Les centres commerciaux continuent à fermer aux US (par ex CO à mon avis est finie, seul monop a de l’intérêt et … ils ont vendu les murs).
    Et, dans ce cas, c’est Trump qui encaisse le prix (aussi à la place de WMT AAPL…)

    Lorsque j’étais petit, nos taille-crayons venaient de Taiwan ou d’Allemagne. Je pense que Taiwan puis le Japon (prix m2 2018 tokyo 4000e?) sont montés si haut car ils étaient petits / au reste du monde.
    Aujourd’hui la Chine a un prix au m2 agglomération shanghai à 2000e?
    Va-t’il lui falloir trouver vite 2 milliards de nouveaux clients, deus ex machina?
    Ils sont par exemple en Afrique car ils en ont besoin.
    Sinon 1929?

    On remarque, que les deux parties ont deviné qu’il était grand temps de dévier de cet équilibre, mais que l’UE ne l’a toujours pas intégré (normal car l’EURSS = medef international).

    Anyway, c’est vrai qu’en s’exposant en Chine, on ne peut pas trop se tromper à LT, pour répliquer l’indice du dynamisme de la planète, car la Chine est dorénavant le barycentre des prix et du monde. Et les chinois sont sympas.

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