Dans un pays où le mot « Libéralisme » est presque un gros mot, il est curieux d’entendre pratiquement tous les jours des économistes pontifiants nous expliquer que tout ce qui va mal dans le monde et surtout en France est de la faute du libéralisme, voire du néolibéralisme.Dans une économie libérale, rappelons le, la fixation des prix est la conséquence de deux paramètres. Le premier est celui des taux de change qui m’indique si moi entrepreneur, j’ai plus intérêt à produire et à vendre dans mon pays ou à l’étranger. Le deuxième est celui des taux d’intérêt qui me permet de juger si l’investissement que je vais réaliser pour produire peut être rentable, compte tenu du taux où j’emprunte de l’argent à mon banquier.Dans une économie manipulée, ces deux taux sont fixés par les banques centrales avec la complicité du personnel politique. Ces deux milieux sont de connivence pour fixer à la place du marché le niveau des prix. C’est ce qui se passe aux Etats Unis, au Japon et maintenant en Europe.
Toute cette manipulation planétaire est inefficace pour faire repartir les économies de façon durable. En revanche, elle nourrit la spéculation sur les actions. Dans des pays comme l’Allemagne ou la Suisse le taux de rendement des obligations à 10 ans est actuellement négatif jusqu’à six ans de durée de vie. L’investisseur doit donc payer celui qui lui emprunte de l’argent. C’est le monde à l’envers. Le résultat est que les institutions comme les caisses de retraite qui ont des engagements vis à vis de ceux qui ont cotisé toute leur vie doivent prendre de plus en plus de risques pour générer du rendement.Cet environnement de taux zéro ou négatif, ne permet plus aux investisseurs de réaliser convenablement une allocation de leurs investissements. Il suffit de regarder les rapports cours/bénéfices de certaines introductions en bourse pour constater à quel point on est en train de sortir des clous.
Etsy a été introduit au Nasdaq sur la base de 217 X les bénéfices escomptés pour les douze prochains mois ; Shanghai Kingstar Winning Software à la bourse de Shenzhen 214X ; Shenzhen Kingdom Technology à la bourse de Shanghai 176X….
C’est pourquoi, la détention de liquidités non rémunérées est en train de devenir la classe d’actif préférée des stratégistes prudents.
En France, l’Etat asphyxie les entrepreneurs
La France est qui a le moins de raisons de se plaindre du libéralisme, c’est bien évidemment la France. Aux manipulations de taux de change et de taux d’intérêt elle ajoute une dépense publique qui représente 57% de notre richesse nationale contre 43% dans les pays de l’OCDE. Nos impôts sont parmi les plus élevés d’Europe avec des résultats économiques extraordinairement médiocres.
Le chômage dépasse la barre des 3,5M. Ce qui s’explique pour l’essentiel par une véritable préférence nationale pour le chômage qui se traduit en permanence par des micromesures ponctuelles inefficaces. La « prime d’activité » étant la dernière invention qui vient de sortir. Dans un autre domaine on a appris cette semaine que l’armée française ne payait plus ses fournisseurs depuis octobre 2014 !Comme le montre le premier graphique ci dessous, les dépenses de l’état (courbe rouge) asphyxient le secteur marchand (courbe bleue) c’est à dire celui des entrepreneurs.
Le deuxième graphique montre bien que le PIB du secteur public (courbe rouge) connaît une croissance forte et régulière alors que cela n’est pas le cas du tout pour le PIB du secteur marchand (courbe bleue). Comme le secteur privé formé par les entrepreneurs est le seul à pouvoir proposer de vrais emplois à ceux qui cherchent un travail nos hommes politiques, seraient bien avisés d’en tenir compte….
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
Roger Duberger
6 mai 2015Cher JJ Netter,
Merci pour cet article et ces graphiques édifiants.
Ce qui est dommage c’est que les politiciens de gauche aient plus d’imagination que ceux de droite pour trouver des qualificatifs bien sonnants comme néolibéralisme (ça ne veut rien dire, mais c’est forcément mauvais !) ou capitalisme sauvage. Ne pourrait on parler de socialisme béat ou de collectivisme décadent ou mieux , à trouver….
Pour ce qui est des taux négatifs, il faut être débile pour placer à taux négatif, sauf si la loi vous y contraint.
Si les taux d’intérêt sont très faibles, l’entrepreneur sait toujours si son affaire a une rentabilité supérieure au taux de la banque, par contre cela maintient en vie des affaires qui devraient disparaitre et qui un peu plus tard disparaitront, quand on aura débranché la perfusion des taux anormalement bas.
Bien cordialement
GAUTHIER
6 mai 2015L’emploi est un emploi. L’emploi public est assuré. Pas l’emploi privé. Depuis plus de 20 ans l’emploi public superforme l’emploi privé. Et pourtant…personne ne revendique cet incontestable succès…il y a là un paradoxe incompréhensible…les fonctionnaires s’attribuent volontiers une supériorité intellectuelle et, surtout, morale…jamais ils ne font état de cette supériorité économique illustrée par la courbe ci-dessus…étrange…
bidule
5 mai 2015« jusqu’ici tout va bien, ce n’est pas la chute qui fait mal mais l’atterrissage… »
Pour ceux qui ont bien préparé leur parachute reste le gros problème de savoir quand l’ouvrir.