12 novembre, 2020

Haut-Karabakh : que les drames commencent

Pendant que notre gouvernement était occupé à réfléchir pour savoir si une paire de chaussettes est un achat essentiel ou non et doit donc être toléré en grande surface, la guerre se poursuivait au Haut-Karabakh, dans une indifférence quasi générale en France alors qu’une purification ethnique de grande envergure est à craindre. La diplomatie française aurait pu se rappeler qu’elle copréside, avec les États-Unis et la Russie, le groupe de Minsk créé en 1992 et qu’à ce titre elle est partie prenante du conflit en cours, voulu, orchestré et organisé par la Turquie. Une Turquie dont personne ne semble voir aujourd’hui le danger réel alors qu’Ankara ne cesse de sortir les griffes pour mieux déchirer le traité de Lausanne (1923) et retrouver les territoires perdus de l’empire. Visiblement, un État ne peut pas à la fois sanctionner les commerçants qui voudraient travailler et tenir son rang diplomatique dans sa zone d’influence pour soutenir un allié historique. Tant pis donc pour l’Arménie, tant pis pour nos obligations diplomatiques, la Turquie et l’Azerbaïdjan ayant occupé les vides.

 

Un cessez-le-feu logique, mais inquiétant

 

Après plusieurs semaines de combat, l’Azerbaïdjan a obtenu une victoire logique. Sa supériorité militaire et technique est incontestable. Bien équipé en drones turcs et en mercenaires syriens, disposant d’une armée plus nombreuse, Bakou s’est facilement imposé en 45 jours de guerre. Loin des conflits de guérillas ou de lutte « contre le terrorisme », c’est une véritable guerre d’armée qui s’est déroulée au Caucase, une guerre comme la France n’en a pas connu depuis bien longtemps et qu’il est de grande nécessité d’étudier afin de se préparer à affronter un choc similaire. Le cessez-le-feu a été négocié sous l’égide de Moscou, signant l’éviction diplomatique de la France. Après la Syrie et la Libye, c’est un nouveau revers de poids pour la diplomatie française. Il est vrai que le Quai d’Orsay a davantage mis dans ses priorités la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’inclusion et la résilience. Il serait peut-être temps que les diplomates français prennent conscience du monde dans lequel ils vivent, un monde dont la guerre est une réalité de plus en plus criante et menaçante. Pour l’instant, c’est davantage la philosophie d’Édouard Daladier et d’Aristide Briand qui domine les bords de Seine chez ceux qui croient encore que l’on peut mettre la guerre « hors-la-loi ».

 

Moscou a donc conclu un cessez-le-feu le long de la ligne de front qui permet à l’Azerbaïdjan de prendre le contrôle d’un tiers du territoire du Haut-Karabakh. Bakou occupe notamment la ville de Chouchi, verrou stratégique situé à 15 km de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh. La voie de passage vers la région autonome est donc désormais aux mains de l’ennemi des Arméniens. Les bombardements menés au cours de ces sept semaines de guerre ont méthodiquement détruit les bâtiments sociaux de la région patiemment édifiés depuis 1994 : écoles, hôpitaux, centres de culture, ponts et routes, les Azéris ont détruit tout ce qui contribue à permettre la vie d’un pays. Les combats achevés, c’est toute une région qu’il faut reconstruire et qui se retrouve ruinée après 45 jours de guerre.

 

Une purification ethnique se prépare

 

L’accord prévoit que les Arméniens évacuent les territoires contrôlés par l’Azerbaïdjan. Ce sont donc des milliers de familles qui vont devoir abandonner leurs maisons et leurs villages et trouver refuge ailleurs, probablement en Arménie. Nous allons donc assister à un drame humanitaire de grande ampleur, qui ne semble guère préoccuper l’Union européenne et ses membres. Selon les termes de l’accord, une force de paix russe doit se déployer le long de la ligne de cessez-le-feu afin de garantir la paix de la région et la libre circulation entre l’Arménie et le Haut-Karabakh via le corridor de Lachin.

 

L’accord prévoit également que les populations azéries pourront revenir au Haut-Karabakh. D’après Bakou, ce sont 600 000 personnes qui devraient ainsi revenir, alors que la région ne compte que 150 000 Arméniens. Une purification ethnique de grande ampleur est donc à craindre dans les semaines qui viennent. Fidèles à leur stratégie « d’ingénierie démographique » qu’ils ont maintes fois pratiqués dans leur empire, les Turcs vont probablement procéder à un transfert de population afin de chasser les Arméniens pour les remplacer par des Azéris, une stratégie qu’ils ont notamment employée à Chypre après leur invasion de 1974. Si cela devait se confirmer, l’équilibre démographique de la région sera bouleversé, mais ce sont surtout des drames humains qui sont à prévoir, au moment où l’hiver va s’abattre sur le Caucase.

 

Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a été très clair dans son discours de victoire : « Nous avons forcé [le Premier ministre arménien] à signer le document, cela revient à une capitulation. J’avais dit qu’on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens et nous l’avons fait ». Il reste encore quelques « chiens » à chasser, mais cela ne devrait être qu’une question de temps. L’Azerbaïdjan prend un soin méticuleux à effacer toutes les traces culturelles et historiques de la présence des Arméniens dans la région. En 2005, les Azéris ont entièrement détruit le grand cimetière de khatchkars à Djoulfa, au Nakhitchevan. Les accords vont notamment leur permettre de prendre possession du monastère de Davivank (IXe siècle), dont on peut craindre qu’il soit rasé ou bien transformé en mosquée comme l’a été la cathédrale Sainte-Sophie. Ce qui se joue au Caucase n’est donc pas une simple guerre visant à contrôler un territoire, mais une guerre de civilisation qui cherche à créer un grand espace panturc.

 

Victoire turque, médiation russe

 

Ce cessez-le-feu marque surtout la victoire de la Turquie. Le rêve d’empire et de contrôle des anciens territoires ottomans est plus que jamais d’actualité. Erdogan ne s’arrêtera pas là. L’Europe n’ayant pas bougé, lui continuera d’avancer ses pions. Il a prévu de rendre visite fin novembre à Chypre, dans la partie que la Turquie occupe depuis 1974. Ce ne sera pas qu’une simple visite de courtoisie, mais un jalon posé en vue de l’approfondissement des liens de ce territoire avec Ankara et, pourquoi pas, une unification de l’île à son profit. Ankara ne cesse d’additionner les victoires : Libye, nord de la Syrie, désormais le Caucase, infiltration de plusieurs pays d’Europe par les loups gris, son activisme est fort et pour l’instant couronné de succès.

 

Cette guerre signe aussi le retour incontesté de la Russie dans le Caucase du Sud et sa reprise en main de son étranger proche. Ses soldats et les forces du FSB sont en train de s’installer le long de la ligne du cessez-le-feu, mais la partie risque d’être compliquée pour Moscou. Si la purification ethnique est brutale, si les combats reprennent, notamment des combats de guérillas, la Russie ne pourra pas rester un spectateur neutre et une force d’interposition. Le rôle de Casque bleu ne convient jamais ce que l’aventure des Balkans a démontré. Que pourra alors faire la Russie, elle qui est reconnue par les accords de cessez-le-feu force d’interposition et de paix ? Moscou est entré dans un grand jeu qui risque de s’avérer être un engrenage sans fin pour elle. En cas de purification orchestrée par l’Azerbaïdjan, la Russie se devra de choisir son camp, soit en laissant faire soit en intervenant pour l’empêcher. Le cessez-le-feu est donc loin de signifier la fin des combats et le règlement du conflit. C’est une chose de vaincre et de repousser un adversaire militaire, c’en est une autre de diriger un territoire et de le contrôler. La guérilla et la guerre d’attrition ne sont pas à exclure, ce qui ferait alors durer le conflit pendant de nombreuses années. Pour l’instant, Bakou peut compter sur le soutien sans faille de la Turquie, mais qu’arrivera-t-il si Erdogan quitte le pouvoir ou si la Turquie n’a plus les moyens de soutenir militairement son allié ? Loin de clore un chapitre, la guerre du Haut-Karabakh et le cessez-le-feu ouvrent une période d’incertitudes et de drames humains.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

22 Commentaires

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  • germain

    16 novembre 2020

    Une alliance secrète existe entre l’islam et les gauchistes du tribunal pénal international de la Haye, il a placé des planches pourries à la commission européenne: Soros le rouge soutient ouvertement les musulmans turcs ce qui explique l’indifférence de l’UE à la crise azérie et arménienne.

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  • Jordi

    16 novembre 2020

    Merci pour cette analyse simple, factuelle et exacte.

    On lit tellement de conneries écrite par ceux qui, même à droite, fantasment sur un coup de maitre de Poutine dans ce qui est avant tout un triomphe turc. Erdogan doit être stoppé, vitrifier Ankara serait peut-être la moins mauvaise option.

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  • hoche38

    15 novembre 2020

    Sans oublier que la supériorité tactique a été acquise par les drones de combat israéliens amenés par une noria de gros porteurs en Azerbaïadjan pour le soutien au sol des milices djiadistes pilotées par la Turquie.

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  • breizh

    14 novembre 2020

    lu ici : https://www.causeur.fr/karabakh-apres-la-guerre-la-paix-186954

    « Malheureusement, Pachinian s’est rarement montré perspicace pendant ses trente mois au pouvoir. Il a mal évalué sa marge de manœuvre face à Moscou. Il a sous-évalué l’armée azerbaïdjanaise et l’élite politique de son adversaire. Il n’a pas compris que la supériorité militaire arménienne de 1994 n’existait plus. Ainsi il n’a pas réalisé qu’une chose seulement empêchait l’Azerbaïdjan de reprendre par la force le Haut Karabakh et les sept régions qui l’entourent : un feu rouge de Poutine. Pachinian pensait que, comme en avril 2016, Moscou allait imposer un arrêt des combats au bout de quelques jours, qu’il avait une police d’assurance vie russe toujours en cours de validité. Pire, il n’a eu de cesse d’irriter celui-là même qui était supposé le défendre. Et pour ne rien arranger, il a poussé les Azerbaïdjanais à bout, notamment avec sa déclaration « le Karabakh est l’Arménie » : qui peut espérer entamer une négociation si l’objet même de la négociation n’est pas négociable ? »

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  • calal

    13 novembre 2020

    tres bon article qui souligne les points essentiels comme par exemple
    -Les bombardements menés au cours de ces sept semaines de guerre ont méthodiquement détruit les bâtiments sociaux de la région patiemment édifiés depuis 1994 : écoles, hôpitaux, centres de culture, ponts et routes, les Azéris ont détruit tout ce qui contribue à permettre la vie d’un pays. Les combats achevés, c’est toute une région qu’il faut reconstruire et qui se retrouve ruinée après 45 jours de guerre.
    – Ce sont donc des milliers de familles qui vont devoir abandonner leurs maisons et leurs villages et trouver refuge ailleurs, probablement en Arménie. Nous allons donc assister à un drame humanitaire de grande ampleur, qui ne semble guère préoccuper l’Union européenne et ses membres.

    Pan,encore des « migrants » fabriques tout frais…Mais je croyais que ces gens se deplacaient de leur propre initiative?

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  • glardon

    13 novembre 2020

    Monsieur Noé devrait postuler chez BFM où il serait encensé come l’est notre grand timonier poudré.

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  • Steve

    13 novembre 2020

    Bonjour M. Noé
    Est il bien utile de pleurer sur le lait répandu? Nous ferions mieux de nous assurer que les fonctionnaires du quai d’Orsay soient bien formés pour le jour où ils devront représenter la France dans les territoires perdus de la République.

    Pour en revenir à la Turquie, rien n’empêche les loups gris qui sont effectivement des ultra nationalistes d’extrême droite de passer des alliances de circonstances avec les frères musulmans sur des objectifs communs. Erdogan a besoin de succès extérieurs pour dissimuler au peuple ses échecs intérieurs: c’est une stratégie vieille comme le suffrage universel!
    Je me rappelle avec plaisir de mes séjours professionnels longs en Turquie dans les années 80, l’hospitalité cordiale et la rigueur dans le travail des turcs qui m’avait fait comprendre leur relation avec les allemands. J’ai vu la différence dans les années 2000 avec la remontée des frères musulmans et de ce fait, je pense qu’ils sont notre meilleur atout pour affaiblir la Turquie; inutile donc d’aggraver nos déficits en y ajoutant le quai d’Orsay qui ne ferait pas mieux.
    Cordialement

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  • Stefano

    13 novembre 2020

    1) L’Arménie est une civilisation de 3000 ans qui incarne une culture exceptionnelle
    notamment en architecture. Ce sont les premiers et derniers chrétiens d’Orient.
    2) Les Arméniens ont été chassés de 90% de leur territoire historique en 1915 par un génocide
    épouvantable, que le pays responsable, la Turquie refuse de reconnaître. Le patrimoine architectural arménien subsistant a été laissé à l’abandon, voire démoli au canon.
    3) Le Haut Karabagh a toujours été un territoire arménien (cf l’architecture locale)mais a été donné par Staline aux Azéris en 1923 par complaisance envers la Turquie
    4) L’Arménie n’a rien à offrir à part sa culture ; les Turcs et Azéris ont le gaz, le pétrole, les gazoducs, le Bosphore, etc. Entre les deux le choix a été fait : le matérialisme et l’injustice.
    5) Après le nettoyage ethnique perpétré depuis un siècle contre les Arméniens, les Grecs, les Kurdes, les Chypriotes, on laisse à nouveau le champ libre aux Turcs au Haut Karabagh, territoire chrétien, dans le silence total de l’Occident, notamment de la France.

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    • calal

      13 novembre 2020

      notamment de la France.
      Les cathos n’en ont rien a faire des « non-cathos »…L’eglise de Rome a un lourd bilan en temps qu’institution « courageuse »…

    • breizh

      14 novembre 2020

      « Les cathos n’en ont rien a faire des “non-cathos” » : gratuit et étymologiquement parfaitement faux.

      pouvez-vous étayer vos propos ?

  • SysATI

    13 novembre 2020

     » Ankara ne cesse d’additionner les victoires : Libye, nord de la Syrie, désormais le Caucase, infiltration de plusieurs pays d’Europe par les loups gris, son activisme est fort et pour l’instant couronné de succès. »

    Votre amour démesuré pour l’Arménie et votre haine pour la Turquie vous font vraiment dire n’importe quoi Mr Noé… Vous nous aviez habitués à des analyses moins tendencieuses et plus réalistes.
    Malheureusement cette fois-ci c’est loin d’être le cas 🙁

    La Turquie vient de se prendre une déculotée phénoménale et a été complètement exclue de l’accord de paix (de même que la France et les USA). Le seul vainqueur est encore une fois Poutine qui a consolidé son emprise sur le sud de la Russie, et ce pour un bon bout de temps.

    Il a rappelé à tous les intéressés qu’une « révolution de couleur » pro américaine ne donnait en général pas de très bons résultats : Géorgie, Ukraine, Bilelorussie et maintenant Arménie.

    Le gouvernement arménien a, malheureusement pour son peuple, cherché ce qui lui arrive aujourd’hui en refusant d’appliquer les accords de Madrid depuis des années et en friquottant un peu trop avec l’OTAN & l’UE; sans doute sous la pression de la diaspora arménienne prenant ses désirs pour des réalités 🙁

    Quant à la Turquie « victorieuse » elle est en pleine récession et son économie/monaie sont en chute libre.
    (https://english.aawsat.com/home/article/2603046/turkish-lira-world%E2%80%99s-worst-currency-october)

    Pour sa part, le pouvoir dictatorial d’Erdogan s’amenuise de jour en jour sinon d’heure en heure…
    Dernier exemple en date: le ministre de l’économie et des finances du pays (son propre gendre…) vient de claquer la porte du gouvernement… sur Instagram !

    Assez loin de l’image d’un pays dangeureux volant de victoires en victoires que vous décrivez…

    PS: pour votre information et votre culture générale, les loups gris sont une organisation para-militaire fascisante, panturquiste et sans aucune affiliation ou affinité religieuse.
    Et donc sans aucune connexion et/ou contrôle de la part d’Erdogan ou de ses frères musulmans.

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    • Dr Slump

      14 novembre 2020

      Vous enfilez comme des perles les affirmations excessives et infondées, sans omettre les attaques ad personam à l’encontre de Mr Noé.
      Dire que les loups gris « panturquistes » n’ont cependant « aucune affiliation » est aussi absurde que de dire que les frères musulmans n’ont aucune religion. Le reste est à l’avenant, et si je ne peux que supputer quelles affiliations vous pousseraient à porter ces attaques, en tout cas il est certain que seul vous faites preuve de la haine que vous attribuez à Mr Noé. Pfouah!

  • Carnac

    12 novembre 2020

    Breizh essaie-t-il de justifier qu’en 2020 il est normal de se lancer dans un nettoyage ethnique si on en a la possibilité et qu’il est normal d’en être victime si … on en est victime ? Et qu’il suffit de réussir son agression pour passer d’un Etat voyou à celui de simple vainqueur d’une guerre devenue légitime ?

    Répondre
  • NEXOS

    12 novembre 2020

    L’Artsakh doit devenir un symbole fort pour le monde
    C’est à mon avis encore plus grave que ce que vous exposez la perversité et l’appât des victoires n’est pas seulement du côté des turcs. Il ne s’agit pas seulement d’une explication de géopolitique et on comprend bien ceci en s’intéressant au rôle ou au non rôle des médias.
    L’explication est donnée par le fait que l’on lit dans les forums différentes opinions et prises de positions voire interprétations sur ce qui s’est passé en Artsakh ou karabakh. Il ne faut pas se leurrer il y a différents avis certains plus ou moins autorisés, d’autres plus ou moins fantaisistes et d’autres encore très orientés et issus alors de la guerre de l’information et d’autres encore sincères et non toujours objectifs.
    L’opinion publique est une véritable cible au même type qu’une cible militaire.
    Alors la question est de savoir finalement si l’opinion publique est le moteur pour orienter une prise de décision politique d’un pays où à l’inverse un sous-produit manipulé, dilué, perverti et alors au service d’une politique délibérément choisie en amont d’elle.
    A quoi obéit cette politique débarrassée et libre de tout frein, à quoi donc ?
    A un dieu, et ce n’est pas Dieu, ni Allah, ni Jehova, ni l’humanisme, ni celui de Bouddha, ni celui de Confucius, voir même ni l’esprit du nationalisme, c’est l’Argent et les autres ne sont que prétexte et leviers de manipulation. Et cet argent, cet argent appartient à qui ? En fait à très peu de personnes et ainsi le monde entier est manipulé, et se tord dans le crime, l’horrible l’égoïsme, la perversité. La géopolitique est l’expression des intérêts financiers de ces groupes financiers qui se font une concurrence féroce, tranquilles derrières leurs bureaux en sacrifiant les pions comme bon leur semble. L’Arménie est un gambit.
    C’est là-dessus que le quidam dont le cerveau a été manipulé écrit et expose son opinion.
    Il faut se réveiller et croire en un monde utopiste, ça fera du bien un certain temps et qui sait encore un autre certain temps et qui sait encore et encore…..Certes cette vision est manichéenne mais au moins elle donne une direction à ceux qui en manquent, c’est à dire presque nous tous si on réfléchit bien.

    Le plus important n’est pas encore dit. Le plus important est le symbole que représente l’Artsakh, symbole qui doit vivre et survivre, le symbole de croire en un monde meilleur, une lutte pour l’homme, le vrai, l’humaniste. Restera plus tard à réfléchir sur la forme à donner à une réalisation plus concrète et donc moins utopiste. La géopolitique exprime la realpolitik et dans le monde de maintenant elle devrait s’appeler politique de l’oligarchie financière ou un acronyme autre exprimant cela.
    Que nous reste-t-il à nous, La foi déplace-t-elle les montagnes ? L’Utopie est nécessaire dans un premier temps, toutes les avancées sociales dans le monde ont débuté par des utopies. N’oublions ni Gandhi, ni Mandela.

    Répondre
  • ASSO Liliane

    12 novembre 2020

    Tres clairement expose
    Cependant les discours de pachinian et Harutunian nous ont donne qqes espoirs de reconquêtes, grâce a la présence de la Russie, peut on conter sur un réarmement solide de l ´armenie ???? Si La diaspora s’y impliquer sérieusement???

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  • Vartan

    12 novembre 2020

    Mon opinion est que la Région est de plus en plus mal barrée pour la Paix, avant tout pour les Chrétiens qui ne manifestent aucune solidarité.
    Une première dans l’Histoire de la Planète. Il faut vendre l’Arménie contre monnaie sonnante au plus offrant et, aller s’installer ailleurs où il fait encore bon vivre. Laisser les mafieux arméniens de démerder avec tous les turcs, les russes, les géorgiens,les iraniens, les tatares..
    Dans le Caucase, quand ce ne sont pas les hommes qui tuent, c’est la nature comme ce séisme de 1988 de Gyumri (25000 morts + des enfants mutilés…)

    Répondre
  • Roger

    12 novembre 2020

    Merci pour cet article qui dissipe mes interrogations de la semaine dernière.

    Répondre
  • breizh

    12 novembre 2020

    Je crains que l’Arménie n’ait commis la même erreur que la Géorgie face à la Russie : refuser de voir les évidences, à savoir la disproportion des forces avec l’adversaire.

    Il est curieux que le terrain et l’armée n’aient pas été mieux préparés à cette attaque azérie (prévisible).
    Il est curieux que l’Arménie n’ait pas cherché à désamorcer le conflit en écoutant les revendications azéries, quitte à procéder à des échanges de territoires (par exemple).
    il est curieux de l’Arménie n’ait pas perçu son isolement diplomatique et géographique et agi en conséquence en cherchant d’avantage de soutiens efficaces.

    En revanche, l’Azebaïjan semble avoir su attendre le bon moment, la bonne configuration diplomatique pour agir.

    Répondre
    • Roger

      12 novembre 2020

      Si l’on tient compte du fait que le Haut-Karabakh et le Nakkhidjevan (occupé par les Azéries) sont des territoires historiquement arméniens, je ne vois pas quel échange il pourrait y avoir.
      De plus, les Azéries sont 3 fois plus nombreux et 4 fois plus riches grâce au pétrole. Ca donne des moyens surtout quand la cible est prise en « sandwich » avec à l’opposé la Turquie.
      Comme il est bien rappelé dans l’article, il y a un processus d’éradication des symboles et des populations non musulmanes au proche et moyen orient, voir plus loin. Et pour le moment, je ne vois pas de volonté d’opposition et ou de soutien … sauf en Inde ou Narendra Modi a donné l’autonomie du Ladakh pour protéger la communauté bouddhiste de cette région.

    • Nazéli

      13 novembre 2020

      Désamorcer le conflit en écoutant les revendications azéries? Vous les connaissez ou connaissiez les revendications? Isolement diplomatique? L’Arménie n’est que trop consciente du fait que son petit territoire et ses 3 millions d’habitants pèsent très peu face aux intérêts économiques (pétrole et autres gazoducs..;entre autres) et calculs stratégiques. ne les prenez pas pour des imbéciles. Merci

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