28 juin, 2019

Gagner la guerre asymétrique

Quand deux armées s’affrontent, avec une identique typologie guerrière, la compréhension du conflit est aisée : c’est la guerre symétrique. En revanche, la guerre de guérilla, l’insurrection et la guerre de propagande sont des conflits plus délicats à aborder : c’est la guerre asymétrique. L’histoire récente a vu la grande armée des États-Unis vaincue de façon systématique par la guerre d’insurrection : Afghanistan, Irak, Syrie, etc. Les stratèges et les militaires ont des difficultés à penser cette forme de guerre et à établir les moyens de la gagner. René Girard peut être lu comme un penseur de la guerre et, à travers son œuvre, se dessine des pistes pour soutenir la guerre asymétrique et la remporter.

 

Raphaël Baeriswyl consacre un essai à la pensée stratégique et militaire de René Girard, qui ne se limite pas aux questions stratégiques, mais qui les aborde néanmoins. Cet essai permet d’éclaire les enjeux de la guerre asymétrique en en présentant son véritable visage. (Raphaël Baeriswyl, Le pacte des Idoles. Trois essais girardiens, Ad Solem, 2019).

 

Le problème de la morale

 

La guerre est asymétrique non par une différence de moyens employés, mais par une différence de vision morale de la guerre. D’un côté, il y a des pays qui respectent (ou veulent respecter ou prétendent respecter), le droit et la morale et de l’autre il y a des combattants qui ne respectent pas ces normes et qui ont donc un avantage comparatif par rapport à leurs adversaires. (Le même problème se pose aussi dans le commerce international et la guerre du droit. L’analyse de Girard s’applique très bien aussi à l’économie).

Le droit international humanitaire est donc vu par certains comme un obstacle qui empêche de gagner la guerre. Le respect du droit humanitaire n’a pas qu’une importance juridique ou morale, mais également stratégique. La dimension morale constitue le véritable cœur de l’asymétrie, la pierre d’achoppement sur laquelle les armées et les États occidentaux ne cessent de trébucher. L’asymétrie ne réside ni dans la technique ni dans le mode opératoire de la guerre, mais dans la singularité des valeurs qui ont cours dans la société occidentale.

 

La question des capacités

 

La réflexion stratégique occidentale raisonne beaucoup en logique de capacité : évolution des moyens offensifs et défensifs et accès aux armes nouvelles. Or les dernières décennies ont démontré que l’on pouvait gagne la guerre en termes de capacité, mais la perdre en termes de communication (cas notamment de la guerre d’Algérie) et surtout, que l’on pouvait la perdre même avec une supériorité de capacité. Selon la formule de Jacques Baud, la guerre asymétrique, c’est la défaite du vainqueur. Cette asymétrie se manifeste dans au moins quatre domaines : asymétrie de moyens (armée contre partisans) ; asymétrie d’identité (État contre terroristes) ; asymétrie juridique (les forces irrégulières peuvent plus facilement user de méthodes de guerre interdites) ; asymétrie dans les motivations des belligérants (défendre son territoire ou annexer un territoire).

 

La guerre est asymétrique aussi parce qu’elle se déroule dans des espaces différents : terre, mer, air, cyber, communication, etc. Les armées occidentales occupent les espaces topographiques et géographiques alors que ses adversaires occupent l’arrière-plan : l’infosphère et l’espace humain. Le résultat des combats sur le champ de bataille n’est plus un élément décisif ; le champ de la communication est un champ de bataille prépondérant (ce qu’avaient très bien compris les Vietminh).

 

Pour les terroristes, la destruction de bâtiments symboliques et le meurtre de civils ne visent pas à affaiblir l’adversaire en termes de capacité, mais à infliger une douleur en jouant sur l’image et l’impact émotionnel. Dans ce type de conflit, l’espace humain est plus important que le champ de bataille. Prenons un exemple récent. Les deux soldats du commando Hubert tués au Burkina Faso en mai dernier ont eu droit à un hommage national aux Invalides. La charge émotionnelle véhiculée par leur mort est bien plus importante que la perte de capacité engendrée par celle-ci. La guerre d’Algérie c’est, en moyenne, neuf soldats français tués tous les jours durant le conflit. La perte stratégique était donc beaucoup plus lourde, et pourtant il n’y avait pas d’hommage national : la perte émotionnelle était moins forte.

 

Le même problème se pose lors des manifestations. Si la police intervient et qu’il y a des blessés, voire des morts, elle apparaîtra coupable, même si ce sont des casseurs violents qui sont touchés (black bocks). Elle doit donc protéger les biens et éviter d’entrer en contact avec les casseurs, ce qui amènerait une victoire de capacité, mais une défaite stratégique. En revanche, contenir la casse et laisser un peu casser permet de retourner l’opinion contre les casseurs et de remporter une victoire stratégique.

 

La primauté de l’espace humain

 

Ce n’est pas sur le champ de bataille que l’art de la guerre a changé, mais sur le terrain de l’espace humain et de l’opinion. On applique à la guerre les standards de la démocratie occidentale. On refuse le combat et la notion de raison d’État est tombé en déshérence. On prend position pour le casseur, qui devient le faible et la victime. Sur le champ de bataille, les forces armées occidentales ont la capacité de pulvériser l’adversaire. Mais dans l’espace humain, elles n’y sont pas autorisées. De même pour la gendarmerie, qui a toutes les capacités techniques pour neutraliser les manifestants, mais qui ne peut pas le faire pour des questions d’opinion.

 

Par conséquent, montre Raphaël Baeriswyl, la vraie asymétrie résulte davantage de l’évolution de la société et de ses normes que des méthodes de combat. Les capacités guerrières existent, mais la réticence à les utiliser constitue le véritable obstacle. Dans l’Occident démocratique, la légitimité de l’action militaire est incontournable et tend à primer l’efficacité opérationnelle. La réponse militaire et celle des forces de l’ordre est limitée par la pression des médias et de l’opinion publique. Là réside la véritable asymétrie.

 

Les racines axiologiques des conflits asymétriques

 

La confusion des esprits sur la question de la morale et des valeurs a des conséquences lourdes dans la façon de mener la guerre. L’action militaire est d’abord une question axiologique, c’est-à-dire une question du monde des valeurs, et ensuite une question capacitaire. Les États, les entreprises, les armées créent des chartes éthiques et des comités d’éthique, mais ceux-ci sont creux et vides. C’est une tentative désespérée pour récupérer dans les mots ce qui a été perdu dans les esprits. On parle des valeurs, mais on professe que les jugements de valeur sont subjectifs. Dans le domaine des sciences humaines, on rejette la vérité et on refuse de reconnaitre qu’il y a une vérité objective. D’un côté règne la primauté du subjectivisme et de l’autre, comme pour le contrebalancer, se multiplie les chartes éthiques et la défense des valeurs. Mais sur quoi peuvent reposer ces chartes si la vérité n’existe pas et si règne le subjectivisme ? On prône la supériorité de la démocratie et des droits de l’homme, mais on refuse d’assumer les conséquences de cette supériorité proclamée et de reconnaître les fondements intellectuels et spirituels sur lesquels reposent les droits de l’homme. On se pare de la vertu, disant de nos soldats qu’ils meurent pour défendre nos valeurs, mais on refuse de reconnaître que les islamistes, eux aussi, défendent des valeurs qui leur sont chères, qu’ils placent au-dessus de tout et pour lesquelles ils sont prêts à mourir et à donner leur vie. On veut les réduire à l’état de barbare, refusant de voir que leurs familles les voient comme des héros. La grande confusion règne, car l’on refuse d’aller à la racine des choses et de dire précisément ce qu’est une valeur.

 

Qu’est-ce qu’une valeur ?

 

Une valeur est un critère de décision. Il n’y a pas de décision sans liberté, les valeurs sont donc l’expression de notre liberté. Cela s’applique aux grandes décisions comme aux décisions de tous les instants. À l’inverse, l’homme qui n’est pas libre ou une action qui est contrainte ne rentre pas dans le champ des valeurs. Une fois que le sens réel des valeurs a été compris, il est possible de mener une contre-insurrection pour gagner les guerres asymétriques. Puisque ce ne sont pas des guerres de capacité, mais des guerres de valeur, c’est sur ce terrain-là qu’il faut faire porter le conflit. Par exemple, dans le cas des manifestants violents, occuper le champ de l’opinion en montrant les dégâts causés par les casseurs et en les faisant condamner par la justice. Dans le cas du terrorisme, montrer que ce sont des innocents qui ont été tués et que l’action terroriste est cruelle et donc contraire à nos valeurs.

 

La guerre asymétrique se gagne en occupant l’espace humain. Le champ de la communication relève de deux aspects : le négatif, visant à contrecarrer la communication de l’adversaire en cherchant à le priver des informations dont il a besoin et le positif, ou l’offensif, consistant à prendre l’initiative afin de briser le monopole sur le marché des émotions.

 

Comme le démontre Raphaël Baeriswyl, l’apport de René Girard à la compréhension de ce conflit nouveau est essentiel. En étudiant le désir mimétique et le rôle du bouc émissaire, il a compris le fonctionnement de l’asymétrie et la primauté des valeurs et du champ de l’opinion et de la communication. Son œuvre peut donc servir à nourrir la réflexion stratégique et militaire, ce qui multiplie les facettes de cet auteur majeur.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

16 Commentaires

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  • Ockham

    1 juillet 2019

    Dans les années 1950,les vélos aux feux rouges noyaient quelques voitures automobiles? Les univers occidentaux et orientaux étaient bien séparés. Dans les pays « arabes » les Nasser, Ben Bella, Saddam, Hafez, Kadhafi … rêvaient de socialisme pour voler le pouvoir. Certes les valeurs sont importantes mais à l’époque et de l’Algérie à L’Insulinde pas un seul ne misait sur ce traité « bourré de valeurs », le coran. Confus mais du même jus que Mein Kampf -jugé inapplicable par l’ancienne élite politique de Paris, est aussi inapplicable mais le problème n’est pas là. Depuis l’Occident a troqué les vélos contre des autos et des clims. L’ensemble sauf l’Amérique tourne avec une énergie qu’il n’a pas. Nos médias horrifiés commentent le politique qui laisse tout faire, comme étant une brute à la moindre application élémentaire de droit républicain écrit noir sur blanc. L’histoire prouve dont l’Europe du 19ième siècle, qu’un peuple qui a un avantage décisif sur les autres finit toujours par en user et mettre au pas les autres avec n’importe quelle religion.

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  • Yes-Comment

    29 juin 2019

    Une fois encore une réflexion d’élévation sur le sujet, qui est au-dessus de tous les sujets.
    Le terrain des valeurs, demeuré une friche depuis la nuit des temps, nous concerne tous, mais notre inconscience nous précipite, avec nos rêves de récoltes et moissons extraordinaires, vers des cultures à la merci de tous les pillages.
    Immanquablement, le moindre grain semé, hors esprit de partage, livre l’apparition d’un épi de possible guerre, et il nous faut revisiter le fameux : « Ça eut payé !» de Fernand Raynaud, pour mesurer que nos attitudes ne « payent plus », si l’on veut récolter, enfin un jour, un peu d’humanité…

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  • Ruben T

    29 juin 2019

    La guerre n’a pas a etre morale. Il s’agit d’une lutte a mort. Une lutte pour un choix de civilisation.

    Relisez Sun Tze.

    Ne nous leurons pas, la civilisation occidentale avec son bagage moralisateur a malheureusement fait son temps.

    1984 est en place et durera aussi longtemps que le PC Chinois.

    Good luck to everyone!

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  • Abomination

    28 juin 2019

    Pour moi l’acte de guerre le plus immoral que je connaisse a été exécuté par notre allié les Etats-Unis avec le largage de deux bombes atomiques sur le Japon. Le plus grave étant le largage de la seconde, quelques jours après la première, qui avait déjà largement montré son pouvoir apocalyptique. La propagande est bien rodée pour oublier ça (et le reste).

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  • pucciarelli alain

    28 juin 2019

    Je trouve étrange que l’on affecte aux armées occidentales une plus-value morale qui les différencierait du « hors norme » de leurs adversaires. On sait comment, toute morale gardée, les États Unis et leurs alliés bombardent et massacrent sans discernement. La morale et les principes affichés sont un leurre. Nous avons donc affaire à des voyous surarmés, nos troupes, et à des combattants pas moins féroces mais sous armés. Les mettre sur un plan d’équivalence confine au scandale dès lors que les uns sont chez eux et que nous, les Occidentaux, allons sans grand succès militaire piétiner leurs plate bandes. Non, les armées occidentales ne respectent aucun principe moral qui les mettrait en état d’infériorité. Oui, la sauvagerie technologique, aussi meurtrière soit-elle, n’est pas efficiente. Souvenons-nous de la guerre du Vietnam, de l’Afghanistan (URSS et États Unis), du Liban (Israël Hezbollah) etc… L’assymétrie existe, mais elle réside dans la volonté de résistance de ceux qui sont agressés. Une guerre US contre l’Iran nous le prouverait une fois encore. Le temps de la cannonière est bien révolu.

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    • Ruben T

      29 juin 2019

      A Mr pucciarelli alain.

      Une guerre Iran vs USA est très peu probable malgré vos fantasmes.

      Nous vivons les derniers instants de ces guerres « raisonables » ou l’Occident essaie de faire des guerres (relativement) « propres », cad sans passer par la case génocide et sans casser le clflux du commerce mondial.

      L’embrasement du golf persique ne gênerait en rien les intérêts US, en autosuffisance énergétique!

      En revanche nos « amis » Chinois ont un besoin essentiel du pétrole qui y transite.

      Si intervention il doit y avoir, elle sera le fait de la super puissance a venir: la Chine!

      Ayant vécu 4 ans a Pekin, coeur de cette grande et magnifique civilisation, je suis persuadé que la Chine utilisera des gants de fer et non de velours pour mettre au pas la ferveur des Ayatolas et autres empêcheurs de s’enrichir.

      Ils sauront écraser sans pitiee aucune l’arrogance de ces illuminés, chose que nous n’avons jamais pu régler nous même, retenus par notre morale, basée sur notre civilisation Chrétienne.

      Vous aurez alors tout loisir de regreter l’époque des gentils ennemis habituels respectueux de l’humain, les USA… et nous. Et pleurer l’arrivée de la puissance pragmatique qui utilisera tous les moyens pour éliminer définitivement les problèmes en tous genres, y compris les doux rêveurs démocrates et idiots utiles.

    • calal

      30 juin 2019

      tout a fait d’accord avec vous.

       » L’asymétrie ne réside ni dans la technique ni dans le mode opératoire de la guerre, mais dans la singularité des valeurs qui ont cours dans la société occidentale. »

      si les valeurs de la societe occidentale etaient reellement ce que la propagande d’etat pretend qu’elles sont, ca ferait bien longtemps que ces guerres assymetriques auraient ete gagnees…

    • Charles Heyd

      1 juillet 2019

      je suis tout à fait d’accord avec #calal sur le rôle de la morale dans la guerre, mais aussi en économie ou dans le social; il faudrait déjà commencer par définir ce qu’est la morale, en fait « notre » morale occidentale; ensuite il faudrait expliquer ce en quoi cette morale est supérieure à celle d’autres entités telles que daech!
      je n’ai pas lu les livres cités en référence mais une chose est certaine contrairement à ce qui est affirmé par M. Noé, ce ne sont pas les militaires qui ne savant pas penser la guerre asymétrique, mais les politiques; ou plutôt, les politiques ne savent pas, ou plus grave, ne veulent pas, agir contre ceux qui nous agressent de façon directe ou asymétrique; un exemple: la « guerre » contre daech justement;
      souvenez-vous des rodomontades de Hollande et de la guerre qu’il a soi-disant menée!
      et je suis encore moins d’accord pour comparer le maintien de l’ordre, ce qui était le cas avec les Gilets Jaunes et la « guerre » asymétrique; peut-être qu’un jour on saura en guerre civile et je veux bien qu’on définisse ce genre de guerre come asymétrique mais on en est (heureusement) loin!

  • Gaulois

    28 juin 2019

    Donc, si j’ai bien compris, il vaut mieux se dire qu’à la guerre, tous les coups sont permis, plutôt que d’avoir des scrupules.
    Et que la guerre psychologique ou la ruse surpassent la force brute, encore mieux qu’au temps d’Ulysse ou de David.
    Les temps changent, mais le malheur et la mort ont encore de beaux jours devant eux. « War is over! if you want it », qu’ils disaient.

    Répondre
  • Denis Monod-Broca

    28 juin 2019

    Bonjour,
    J’ai l’impression que vous faites dire à René Girard des choses qu’il n’a pas dites.
    Je me rappelle l’avoir entendu, lors d’une conférence, à Paris, peu après les attentats du 11 septembre. À la question « comment répliquer ? » il ne savait que répondre, il n’avait pas caché son embarras, reconnaissant que sa théorie ne donnait pas de réponse toute faite, se demandant même si, peut-être, malgré tout, sous toutes réserves, en contradiction avec sa théorie, une certaine dose de violence n’était pas justifiée…

    Là où la théorie peut aider c’est dans la comparaison, que vous faites d’ailleurs très bien, entre « leurs » émotions et les « nôtres ».

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    • Bilibin

      28 juin 2019

      @Denis Monod-Broca

      Je suis en train de lire le livre en illustration de l’article et je me suis fait une réflexion similaire (bien que des explications/éclaircissements se trouvent peut-être dans la suite du livre) : René Girard est très clair sur le fait que le Christ abandonne tout recours à la violence, et que c’est en cela qu’il permet la révélation. Mais il précise également que tous les apôtres l’avaient abandonné à la fin. Comme toujours dans ces « crises ». Mais alors comment la révélation a-t-elle été possible? Par la résurrection qui rassemble les « témoins » et leur redonne la motivation et la volonté de, justement, témoigner.

      Mais voilà tout le problème : la résurrection est un phénomène visiblement assez rare. Se laisser tuer ne fait pas envie à grand monde, parce que l’expérience nous dit que c’est irréversible. Cela rejoint la fameuse idée de Nietzsche qui disait que finalement, le seul chrétien qui avait jamais existé était mort sur la croix. Ou alors il entend par « résurrection » une chose plus subtile qui m’échappe à ce stade de la lecture.

      Sa théorie sur « l’équilibre des forces », notamment via la menace nucléaire, reste pertinente pour expliquer la relative tempérance dont font preuve les dirigeants actuels (ça marche assez bien « quand tout le monde joue le jeu » en quelque sorte), mais dans des cas d’agression immédiate, où la légitime défense serait impliquée, je ne suis pas étonné qu’il soit bien embarrassé et n’ait pas de solution satisfaisante à proposer, sur le plan pratique. Triste paradoxe!

      Malgré cela, je trouve la lecture extrêmement intéressante et instructive. La simple idée du désir mimétique (désirer une chose d’autant plus que d’autres la désirent également, voire pour cette raison uniquement) est je pense extrêmement importante et éclairante dans les rapports humains et sociaux.

    • Jean-Baptiste Noé

      29 juin 2019

      En effet, René Girard a été ébranlé par les attentats du 11/09 au regard de sa théorie. Ici, la thèse de Girard est croisée avec celle de Jacques Baud, qui a analysé le concept de guerre asymétrique dans « La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur ».

    • Marco

      30 juin 2019

      En 2019 il faut de la naïveté pour croire que c’est un
      « ennemi asymétrique » qui est responsable du 11/9….
      Les marionnettes ont fait illusion sur le moment, c’était le but en vue d’une autre guerre.
      De même personne de bonne foi ne croit que ce sont
      les Gilets Jaunes qui cassaient les vitrines: la
      répression s’est étalée parce qu’il n’y avait personne
      face à Macron, dont la vraie victoire est d’avoir
      éparpillé l' »opposition » parlementaire, au demeurant
      très peu pressée de soutenir un mouvement qui ne
      voulait pas d’elle.

    • Denis Monod-Broca

      1 juillet 2019

      @ Bilibin, JBN.

      Ce qui dit Girard de la guerre (voir « Achever Clausewitz ») est qu’elle est, ou plutôt qu’elle était, un rituel sacrificiel, donc qu’elle ne visait pas l’extermination de l’adversaire mais, par le sang répandu, le retour à la paix, qu’en tant que rituel elle répondait à des règles, qu’en conséquence elle était une institution, qu’un tel rituel ne fonctionne efficacement qu’avec une certaine de méconnaissance, que la révélation évangélique, ayant mis fin à la méconnaissance, rend désormais impossible de croire encore en l’efficacité de la guerre. Et aussi que cela n’empêche pas la violence brute, sans frein, de se répandre de plus belle…
      À nous, à chacun (nation ou individu) de faire le bon choix : tuer ou ne pas tuer.

  • PHILIPPE LE BEL

    28 juin 2019

    Bonjour,

    Il n’y a aucune morale dans la guerre. La guerre est horrible parce que les hommes le sont. Ils sont veules.
    Après Charlie beaucoup voulaient « embrasser un flic »… puis les gilets jaunes… et là, il faut casser du flic antisocial et raciste…
    Les « soixante-huitards » étaient contre les forces de l’ordre et les armées. Beaucoup étaient des maoïstes… devenus maintenant des « macronistes »… cette caste nous dirige depuis 40 ans et va à la gamelle. La France a plus de 2 000 milliards de dette… pour permettre leur réélection.
    A la guerre, il faut éradiquer l’ennemi. Le détruire. Il y a aucune morale là dedans.
    Vae victis. La propagande fait le reste.

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