L’émission Zone interdite a diffusé un très bon reportage sur l’éducation nationale : L’éducation nationale au bord du naufrage, toujours visionnable sur le site de M6. Un reportage d’immersion au cœur du système éducatif, dans des lycées et des collèges, des rectorats, chez des parents d’élèves, qui permet de prendre la mesure du désastre éducatif en cours depuis une vingtaine d’années. Ce qui se joue aujourd’hui c’est une accélération de la déliquescence de l’éducation nationale, que personne ne pourra éviter car c’est le système même qui est perverti. C’est un peu la limite du reportage qui laisse à penser que les problèmes rencontrés sont conjoncturels alors qu’ils sont structurels.
Aujourd’hui, l’école n’arrive plus à recruter, dans aucune des disciplines. Additionné aux départs en retraite et aux démissions qui s’accroissent (même si le ministère ne veut pas donner les chiffres), le système arrive en bout de course. Une situation qui n’a rien de surprenant puisque je l’avais déjà décrite et prévue dans un ouvrage paru en 2017 (Rebâtir l’école). Depuis, la situation n’a fait que s’aggraver. Le problème des recrutements n’est pas lié à la rémunération comme le croient beaucoup, même si les professeurs ne sont pas contre des augmentations salariales. Il est dû au fonctionnement même de l’éducation nationale. À la fin du reportage, les journalistes ont interrogé Gabriel Attal, actuel ministre de l’Éducation, dans un droit de réponse au reportage. Ses réponses, justement, démontrent qu’il n’a rien compris aux causes du drame qui est en train de se jouer.
Effondrement complet
Ce n’est pas une question de moyens. Les dépenses éducatives sont le premier poste de dépense de l’État. Entre 1980 et 2023, le coût d’un élève a été multiplié par deux : un lycéen coûte aujourd’hui environ 13 000€ par an contre 6 500 € dans les années 1980. Le reportage montre plusieurs cas qui permettent de comprendre cette inflation des dépenses. Par exemple, des rapports commandés à la pelle, pour des coûts oscillants entre 100 000 € et 500 000 €, pour fournir des documents au jargon abscons qui sont immédiatement remisés au placard. L’absentéisme des professeurs, croissant, oblige à des dépenses supplémentaires : il faut rémunérer le professeur absent et ses remplaçants. Donc au minimum deux salaires pour un même poste.
À cela s’ajoute un personnel administratif de plus en plus nombreux, qui travaille dans les rectorats et les commissions, pour une productivité faible. C’est là que l’on trouve des fonctionnaires qui ne font pas encore 35 heures par semaine. Le reportage filme les bureaux d’un rectorat à 16h30 : ceux-ci sont tous vides.
En plus des problèmes humains, il y a la dégradation des bâtiments. L’entretien des lycées relève des régions (les départements s’occupant des collèges et les communes des écoles). En Île-de-France, la gauche au pouvoir a orienté ses dépenses dans l’investissement, mais pas dans le fonctionnement. Cela permet de faire de magnifiques inaugurations, d’imprimer de belles plaquettes et de vanter le bilan. Mais les lycées déjà construits se sont eux dégradés. Les images du reportage dans plusieurs lycées de la région sont effrayantes : des murs pourris par l’humidité, des trous, des fuites, des salles dégradées pour des lieux où personne n’a envie de travailler. Attitude typique du clientélisme électoral qui vise à privilégier les investissements qui rapportent des voix au détriment du fonctionnement, qui n’en rapporte pas.
Le point nodal de l’effondrement de l’école étant celui de la discipline. Face à des élèves de plus en plus agressifs et violents, les professeurs sont malmenés et agressés sans qu’aucune sanction ne soit donnée. Ce laxisme encourage la violence et nourrit le désespoir des professeurs.
Pas de vagues
Le maitre mot de l’Éducation nationale est « pas de vagues ». Pour éviter d’avoir une carrière arrêtée, de se voir refuser une mutation, d’échapper à une médaille (palmes académiques ou ordre du mérite), proviseurs et professeurs carriéristes étouffent les affaires et camouflent les agressions. Les entretiens réalisés en caméra cachée mettent en lumière le fonctionnement dramatique de cette administration. Car même s’il manque des professeurs, tout est fait pour pousser vers la sortie ceux qui refusent le « pas de vagues » ou qui ne respectent pas le moule de l’éducation nationale. À cet égard (ce point n’est malheureusement pas évoqué dans le reportage), une véritable chasse aux déviants est menée lors de la formation initiale. Les profils qui ne respectent pas les normes de l’éducation nationale, c’est-à-dire ceux qui veulent transmettre des savoirs et qui refusent le pédagogisme, ne sont pas titularisés. L’éducation nationale préfère ne pas avoir de professeurs plutôt que de recruter des professeurs qui vont à l’encontre de ses dogmes.
Là réside la véritable cause de l’effondrement de l’école. L’administration scolaire est une machine à broyer, ce que montre bien le reportage quand sont interrogés d’anciens professeurs. Humiliation de la hiérarchie et de l’administration, abandon des personnels, violence des élèves. Le « prof » est un pion perdu dans un immense rouage. L’EN est l’une des dernières structures soviétiques au monde. La laideur des bâtiments, la décoration triste et terne, les couleurs des murs et des sols, la pauvreté du mobilier renvoient à la thèse de Philippe Nemo dans L’esthétique de la liberté : la laideur est un habile moyen pour asservir les personnes. En faisant travailler les professeurs dans des bâtiments laids, l’administration s’assure mieux de leur contrôle.
Le pire dans tout cela, c’est qu’ils restent. On voit ainsi une femme en pleurs après avoir été une nouvelle fois agressée en plein cours par un élève de Première à la carrure beaucoup plus athlétique qu’elle, brisée, meurtrie par ce qu’elle doit subir et l’anomie de l’administration du lycée. Et pourtant, comme beaucoup d’autres, elle reste. Alors qu’elle pourrait démissionner et trouver du travail ailleurs (il existe à cet égard des associations qui aident les professeurs démissionnaires), elle ne franchit pas le pas et continue à travailler pour les rouages de l’EN. Ce faisant, elle perpétue le fonctionnement du système.
C’est l’un des autres aspects surprenants du reportage. Tous les professeurs et personnels administratifs interrogés, en poste ou retraité, sont conscients des problèmes de l’EN, qu’ils appellent « l’institution », ils savent que cela ne fonctionne pas, ils entrevoient parfois les causes de ces dysfonctionnements, mais ils ne veulent pas remettre en cause le système. Si on leur parle de liberté scolaire, de chèque éducation, de sélection des élèves, de rémunération au mérite, alors ils se braquent et refusent. Il y a une fascination morbide de la victime à l’égard de son bourreau.
Crétinisation de la France
La fabrique des crétins aboutit à une crétinisation de la France. Gabriel Attal vient de reconnaitre que les évaluations de 4e« ne sont pas bonnes ». C’est-à-dire que la moitié des élèves ne maitrisent pas correctement la lecture. De telles lacunes à cet âge-là sont quasiment irrécupérables. Les 4e de novembre 2023 étaient en CP en novembre 2016, c’est-à-dire dans la dernière année du mandat de François Hollande. Depuis, rien n’a changé. Les CP d’aujourd’hui ne seront pas meilleurs que les CP d’hier. Le bateau s’enfonce et, selon la belle formule de Gilbert Cesbron, « c’est Mozart qu’on assassine ». Le mal touche tous les établissements, certains à des degrés moindres, publics et privés, ce que montre très bien le reportage.
On trouve encore des personnes pour dire que cette situation est la faute « des libéraux ». Rappelons que l’on doit à François Guizot, par la loi de 1833 sur l’instruction primaire, la création d’écoles dans toutes les communes, dont les frais des plus pauvres devaient être pris en charge par les communes. Contrairement au mythe véhiculé, l’école n’est pas née avec Jules Ferry. Après Guizot, ce sont Falloux (1850) et Duruy (1867) qui accélèrent la scolarisation en favorisant la liberté des écoles. Inutile de revenir sur Frédéric Bastiat qui a pourfendu le monopole de l’éducation, dont on voit les effets terribles aujourd’hui.
Contrairement à ce qu’en disent la gauche et la droite socialiste, la crétinisation de la population n’est pas voulue par les « chefs d’entreprise » et le « grand capital » pour disposer d’une main-d’œuvre docile payée pour rien. Je ne connais aucun chef d’entreprise qui rêve d’embaucher des jeunes analphabètes, qui lisent et écrivent avec peine, qui ne maitrisent pas les bases de la science et qui n’ont jamais appris le goût de l’effort à l’école. C’est tout l’inverse. Les entreprises ne peuvent être fortes et se développer qu’avec du personnel hautement qualifié. La crétinisation d’aujourd’hui, c’est le déclassement économique et politique de demain et la perte d’indépendance d’après-demain. Dans la compétition mondiale de plus en plus forte, avec son école socialiste et destructrice, la France ne pèsera rien face à la Corée du Sud, à la Chine ou aux pays d’Asie centrale. Peut-être est-il nécessaire de passer par dix ans d’effondrement scolaire pour rebâtir l’école sur les libertés. Quand il n’y aura plus du tout de professeurs, il faudra bien trouver de nouvelles solutions.
Auteur: Jean-Baptiste Noé
Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).
Ponceau Franck
11 décembre 2023Le niveau d’enseignement est à la hauteur des attentes du marche du travail. Pourquoi instruire quand il n’y n’y pas de travail ?
Erdria
11 décembre 2023Prochaines élections déterminantes.
L’enseignement évolue comme le monde qui l’entoure. La première glissade importante fut de vouloir imposer l’égalité. Tous les élèves en 4ème, 3ème, au bac.
Imposer cette norme à des enfants très différents de par leur environnement, de par leurs propres particularités fut une grave erreur. Les métiers manuels ont été méprisé. La technologie en collège se transforma en travail sur ordinateur.
Un inspecteur glissa : l’éducation nationale n’est plus protégée : elle se doit d »acheter des ordinateurs, des projecteurs… se relier internet.
Par ailleurs les mouvements de population en France, la séparation des familles, l’éloignement des grands parents, le travail des mères, la « culture » américaine … l’immigration non contrôlée.
Le désastre : en collège les élèves copient ou rédigent leur » résumé » à apprendre sur le cahier ou le classeur : autrefois les « leçons » étaient apprises sur les livres donc sans faute. Maintenant les collégiens apprennent leurs erreurs.
Nos élus évidemment sous influence n’ont rien voulu voir.
Nanker
10 décembre 2023« Il oublie deux des causes profondes de cet échec : la féminisation du personnel, et l’immigration ».
Et une 3ème : la Gauche.
L’E.N. comme la Justice est un Titanic sur le point de sombrer car il est soumis à l’idéologie gauchiste.
On leur reproche d’être nuls et déconnectés de la réalité, juges comme profs répondent : manque de moyens.
C’est commode…
blaise34
9 décembre 2023Cher Jean-Baptiste,
vous oubliez une enquête IFOP sortie cette semaine:
https://www.ifop.com/publication/abayas-burqa-attentat-darras-enquete-aupres-des-musulmans-sur-la-laicite-et-la-place-des-religions-a-lecole-et-dans-la-societe/
»
Les musulmans soutiennent massivement aussi d’autres formes de manifestations de religiositédans l’espace scolaire tel que le port de signes religieux par les parents accompagnateurs faisant action d’enseignement (à 75%) ou l’introduction de menus à caractère confessionnel (ex : viande halal, viande casher…) à la cantine (à 83%).
Enfin, environ la moitié d’entre eux soutiennent également une remise en cause du principe de neutralité religieuse dans le cœur des enseignements, revendiquant par exemple le droit des jeunes filles « à ne pas assister aux cours de natation pour des raisons religieuses » (à 57%) ou des élèves à « ne pas assister aux cours dont le contenu heurterait leurs convictions religieuses » (à 50%).
»
Bientôt les digues vont lâcher dans le public, alors certaines matières ne seront plus enseignées que partiellement.
On sait que c’est déjà le cas dans certains établissements qui ont été enrichi culturellement.
On ne va pas renvoyer chez eux ou laisser trainer des élèves la journée car ils/elles ne veulent pas aller en cours de science, donc on va simplement supprimer des parties de programme histoire de ne pas faire de vagues.
Ceux qui pourront mettre leurs enfants dans l’enseignement privé pourront peut être encore s’en sortir mais il n’est pas impossible que l’état flingue aussi le privé.
Quand certaines situations s’éternisent alors le système mute et il faut de plus en plus d’énergie pour le remettre d’aplomb, on a dépassé les bornes depuis longtemps en France. Ce pays va être détruit et tiers mondisé, les plus compétents vont partir c’est inévitable aggravant peu à peu la situation du pays.
C’est plié voilà car l’autre solution c’est une violence d’état que le système politique n’est pas prèt de mettre en oeuvre; les électeurs potentiels pouvant soutenir un tel redressement ne sont pas là et puis l’Europe …
J’ai compris il y a longtemps que les français voulaient se faire corriger et boire la tasse, tout ça a été approuvé par les français qui ont voté toujours pour les même politiques.
J’ai quitté la France mais je vous souhaite bon courage.
Roland ROUET
8 décembre 2023Lycée Henri IV , Lycée Louis-le-Grand et Lycée Stanislas. Le niveau régresse t-il également ?
Robert
12 décembre 2023Non car on y pratique la sélection, loin des codes couleur de notation et des niaiseries pédagogiques.
Mais les futures élites vont se traîner de sacrés boulets !
FredS
8 décembre 2023Il est très difficile pour les parents d’aujourd’hui de trouver une école faisant aimer le savoir, l’effort dans une saine construction humaine. Ces-dits parents sont obligés de créer leur propre école pour que nos enfants puissent faire grandir la France de demain. Nous l’avons fait à Tours avec https://carloacutis.tours/ . Les réactions des établissements publics et privés sous contrat ont été très durs … mais nous voyons nos enfants revenir joyeux de leur journée d’école nous racontant leurs apprentissages, leçons, chants et poésies qu’ils apprennent dès la grande section chaque semaine. Ces créations d’écoles hors contrat sont à l’entière charge des parents, si vous le pouvez n’hésitez pas à les aider en faisant des dons.
plus il y aura d’ilots de reconstruction plus il y aura d’espoir.
Romain
8 décembre 2023La mère d’une amie, professeur d’EPC en lycée, juste avant sa retraite, a dû donner cours d’anglais faute de remplaçant qualifié. Elle ne parle pas anglais ^^
le chinois
7 décembre 2023World Digital Competitiveness Ranking 2023
MARIT
6 décembre 2023Une pensée m’est immédiatement venue en tête : C’est identique à ce qui se passe dans le domaine de la santé… Le système est dans tous les domaines dirigé par des crétins, des arrivistes qui n’ont pour souci principal que leur promotion par le cirage de pompe !
Didier99
6 décembre 2023Une émission très intéressante sur ce sujet « 2023-07-23-L ecole est detruite par l ideologie de gauche_(01-18-34) – Eve Vaguerlant » https://www.youtube.com/watch?v=oX1cSro6Jes
Olivier
5 décembre 2023Notre fils va devoir retourner à l’école (il est en 5ème) après 4 ans d’école à la maison, le droit d’instruire en famille étant devenu un régime dérogatoire à cause d’une loi promulguée pour « répondre » à la tragédie de Samuel Paty. Les progrès qu’il a accompli sont stupéfiants, avec simplement un support de cours par correspondance. Lecture, expression écrite, grammaire, orthographe, langues, mathématiques….. Il a maintenant un niveau correct partout. A titre d’info le support par correspondance choisi est très classique, avance de manière très progressive avec toute une série d’exercices pour chaque notion introduite, ce n’est certes pas ludique, mais très efficace.
jjcoldman
5 décembre 2023Excellente analyse, mais la vraie raison est ailleurs selon nos dirigeants et les médias : c’est à cause de Tik Tok et du parti communiste chinois. Authentique. Pour une fois ce n’est pas Poutine.
Gorhorg
5 décembre 2023Bonjour,
J’aime assez votre article mais j’ai quelques critiques (promis, j’essaie qu’elles soient constructives, et je ne suis pas convaincu d’avoir raison). Vous commencez en rappelant que la dépense d’éducation est la première dépense de l’État.
C’est vrai mais ceci ne concerne que le salaire des fonctionnaires d’État. Cela inclut aussi les salaires outranciers des recteurs plus leurs luxueux logements de fonction… (Les emplois fictifs de France ; capitalisme de connivence ?).
De meilleurs indicateurs (quoi qu’incomplets), à mon avis, sont la dépense intérieure d’éducation (DIE : file:///Users/mmordant/Downloads/t-l-charger-le-chapitre-9-117124.pdf) ou la dépense publique d’éducation (https://data.oecd.org/fr/eduresource/depenses-publiques-d-education.htm#indicator-chart). Quelques détails concernant la DIE, entre 2020 et 2022, la dépense à augmenté de 20 milliards € mais la part dans le PIB est passé de 7% à 6,8%. Quant à l’État, il s’est désengagé à hauteur de 0,7% du PIB (transfert vers les collectivités et le privé). https://www.aefinfo.fr/depeche/701355-depense-interieure-d-education-le-poids-de-l-etat-diminue-celui-des-entreprises-augmente-depp
En terme de dépense publique (État+collectivité+entreprises = salaires+infrastructures+énergie+aides+prise en charge des handicaps+matériels pédagogiques ; j’ai mis les matériels en dernier car ce sont souvent eux qui disposent du moins de moyens), l’éducation n’est plus qu’en troisième place, derrière le social et la santé.
Par ailleurs, j’écoutais ce matin les proposition de M. Attal (Il a réinventé l’eau chaude et devient un peu réactionnaire ; perso j’aime bien). Pour le reste l’article est assez vrai mais ça implique un point simple : l’EN est à l’image politique du pays. Est-ce un naufrage (généralement involontaire) ou un échouage (volontaire) ?
Bonne semaine
Alexa
5 décembre 2023La crétinisation n’est certes pas voulue par le grand capital, mais elle est bien voulue par quelqu’un. Peut-être faut-il chercher encore au-dessus, du côté des petits hommes gris. Eux veulent des moutons, des gens dociles, manipulables. Ils laissent les problématiques de recrutement aux chefs d’entreprise qui restent en-dessous d’eux dans la hiérarchie mondialiste.
Deloitte Marie- Hélène
4 décembre 2023En 1968, l’inspecteur de l’ Educastration Nationale m’ a tenu ce discours : » il nous manque un professeur d’espagnol. Est-ce que vous parlez cette langue ? Quand je lui eus répondu que non il insista : » Vous ne voulez pas essayer ? » J’ai quitté le Titanic car je savais encore nager…
René-Pierre Alié
4 décembre 2023L’article pointe l’effet du collectivisme dans l’échec de l’éducation nationale. Il oublie deux des causes profondes de cet échec : la féminisation du personnel, et l’immigration.
Thierry Balet
4 décembre 2023Le problème est tellement « structurel » qu’on est en droit de se demander si ce n’est pas en définitif un « je m’en foutisme » généralisé de nos élites, plus enclin au fil du temps à gérer leur carrière électorale plutôt que l’avenir de la nation.
Il n’est pas normal d’arriver à un tel stade sans avoir vu au fil des décennies les « alertes » de la déliquescence de l’éducation nationale comme du service publique d’ailleurs ainsi que l’armée.
Étonnant lorsque l’on sait à quel point depuis Maastrich on nous a vendu une « »France forte dans une UE forte » »…….
Peut-être que les milliards d’euros français envoyés depuis plus de trente ans à Bruxelles auraient été plus utiles ailleurs.
Axel Poubelle
4 décembre 2023Les professeurs qui ont fait la majorité de leur carrière dans l ‘eductaion nationale ne partent par car ils ont au bout d ‘un certain temps ont une augmentation significative en grade et en salaire. Leur retraite sera calculée dessus. Donc ils ne bougeront pas.
Edelweiss
4 décembre 2023Qq remarques
Effectivement et contrairement à ce que l’on pourrait attendre le système ne pousse pas à une émulation motivante en lien avec la performances réelle des ensrignants6 (et corrélativement à une « autre orientation » pour les moins performants).
Autre poncif, la question des effectifs et du ratio nb d élevés / professeur.
On peut comprendre que l’idéal vise par certains syndicats d’enseignants doit plutôt de viser un ratio de 1 pour 1 en les transformant en précepteur, ce qui soutiendrait l’emploi et leurs effectifs d’adhérents. L’ennui c’est que dans pas mal de pays très bien classés en asie du sud est où scandinavie, le niveau atteint (pisa) n’est pas du tout pénalisé voire ai contraire par des classes de 30 à 40…
Enfin ne pas oublier que certains professeurs d’université sont totalement indifférents au fait d’enseigner à de futurs chômeurs ou au contraire à des actifs exploitables…
Les universités abritent dans certaines disciplines des cohortes (couteuses) de sous-emploi camouflé….meme si une maîtrise de sociologie n’est pas forvement « donnée « …
Jacques Peter
4 décembre 2023L’Etat ne devrait pas s’occuper de l’éducation. Qu’il s’occupe de la sécurité et de la protection des droits naturels et qu’il laisse l’éducation au secteur privé.
Gorhorg
5 décembre 2023L’État doit vous adorer ; c’est exactement ce qu’ils ont entrepris de faire
Jean-Marie GLANTZLEN
4 décembre 2023Effectivement non obstant le désir de bien faire d’une fraction des enseignants l’éducastration nationale de par son programme et ses effectifs insuffisants ne prépare pas des futur hommes et des futures à se comporter responsablement avec un judicieux indispensables esprit critique et tout particulièrement le souci du juste mot pour la juste chose, le souci des mots pesés pour éviter d’accroître, voire pour contribuer à réduire, les maux pesants en évitant de tomber dans la logorrhée .
Bourru
4 décembre 2023Malheureusement, pour reprendre les arguments donnés dans cette article, les dominés sont bien souvent les propres responsables de leurs domination. Devenir fonctionnaire répond à une chimie cérébrale bien particulière et être courageux et de l’intelligence autre que politique ne fait pas partie du CV. La société française massivement étatisée, vivant dans l’hypocrisie de ce mythe de l’égalité concu pour faire perdurer cet état obèse, soutient par ses différents votes toujours plus d’étatisme, toujours plus de nivellement par le bas pour l’avénement du socialisme millénaire et universel.
champar
4 décembre 2023Lorsque j’étais au lycée nous étions 45 (et parfois plus) par classe dans des bâtiments vétustes datant de l’après-guerre; les professeurs n’étaient pratiquement jamais absents (il venaient avec un cache-nez et toussaient mais continuaient à enseigner).
Affreux ! il y avait une très grande majorité d’hommes et très peu de femmes qui étaient professeurs dans le lycée, encore plus affreux ! de garçons uniquement …
Les professeurs enseignaient des vraies matières : maths, français, latin, grec, langues vivantes (pas que l’anglais), histoire chronologique (sans propagande mais analyse des causes- faits-conséquences), géographie, sciences naturelles, pas du préchi-précha idéologique.
L’enseignement et les résultats étaient excellents.
C’était il y a 60 ans.
Avec un raisonnement provocateur il est possible de considérer que moins il y a d’élèves dans une classe moins les résultats sont bons, j’ai volontairement limité ma provocation à cet aspect des choses …
ARAN
4 décembre 2023Tout n’est pas noir ! Je connais beaucoup de personnels des rectorats qui font ce qu’ils peuvent, avec beaucoup de courage, pour que ce « mamouth » arrive à fonctionner!
Digitale pourpre
4 décembre 2023Bonjour Monsieur Noé,
Je tiens à vous remercier pour cet article très bien construit, étayé et complet, sur, ce que vous qualifiez – et c’est tellement véridique – de « l’une des dernières structures soviétiques au monde »;
Le constat global est à la fois effarant, désolant et révoltant;
Comme vous l’évoquez, l’implosion est probablement un mal nécessaire pour un mieux ultérieur, il serait bien qu’elle ne nous fasse pas trop attendre…
Une nouvelle fois bravo et merci pour la qualité de vos écrits, ils nous apportent tant à nous tous.
A. Ravoux
4 décembre 2023Bonjour, en Chine en 1985, il y avait une école de surdoués par million d’habitants. C’est à peu près à la même époque que Pierrefite ecrivit: quand la Chine s’éveiller, le monde trembler. Il semble que nos élites n’aient rien vu où alors ont elles préféré la destruction de l’Europe pour complaire aux USA? Quoi qu’il en soit, pardonnez mou l’expression, mais la France et nos descendants so.t dans un sacré pétrin…
ADAM
4 décembre 2023Excellente analyse..le problème est structurel et non conjoncturel..c est que me rapportent les nombreux professeurs que je reçois dans ma consultation de psychiatrie avec aussi mise en avant par ces derniers de la perte de sens de leur metier
Robert
4 décembre 2023Voila une analyse lucide et sans concession de l’une des institutions françaises en perdition, dans un pays qui se délite…
La situation actuelle de l’éducation (nationale ?) résulte de 40 ans de laxisme quant à la discipline, et de 40 ans de divagations quant aux enseignements, sous l’influence de politiques dites « progressistes » …
La situation est-elle réversible ? Je ne le pense pas.
Laxisme et lâcheté, dans ce domaine comme dans d’autres, se conjuguent pour faire perdurer la crétinisation du plus grand nombre…
Lejeune
4 décembre 2023Le grand drame de notre monde, c’est que l’on refuse de voir que la croissance infinie sur Terre est terminée. De la découle toute une oligarchie qui veut préserver un pouvoir mort né, y compris à l’école. On fabrique des crétins hélas et notre monde occidental est condamné au déclin. La solution de base en premier est de virer toute la caste d’énarques. Et de remettre les gens du terrain aux manettes. Ce serait un bon début
Olivier
4 décembre 2023L’immigration n’est pas mentionnée parmi les causes de la catastrophe, car il ne faut pas l’occulter, elle y contribue. Contestation des enseignements, y compris scientifiques, classes qui ressemblent à des garderies tellement les élèves sont indisciplinés et irrespectueux, familles qui parlent à peine le Français, voire pas du tout, bain culturel hostile à la France et ses institutions, complaisances de nombreux enseignants qui préfèrent accompagner le mouvement d’effondrement plutôt que lui résister, la résistance n’apportant que menaces et abandon de la part de l’administration… il est très peu probable qu’un mouvement inverse voit le jour. Même les écoles privées sont touchées car même des immigrés ne veulent plus entendre parler de l’école publique.
Robert
4 décembre 2023Effectivement. Cette immigration en panne d’assimilation à nos valeurs est un facteur aggravant…
Charles Heyd
4 décembre 2023L’immigration n’est pas un problème si les problèmes « structurels » ne sont pas résolus; ou plutôt, il faut aussi résoudre LE problème de l’immigration ET celui de l’éduc nat et celui du chomage et …; bref, l’éduc nat n’est pas LE problème à résoudre mais seulemnt UN de nos problèmes.
le chinois
7 décembre 2023Monsieur Heyd, Les africains ont un QI naturel de 75, les européens/français 90, pour être autonome ici avec 75 vous n’arriverez pas, vous devriez être assisté jusqu’au bout. Mon africaine comme exemple naturellement.
Autrefois avec sa jeunesse et sa force on pouvait s’accrocher, aujourd’hui la seule capacité pour aider son homme est son intelligence.
Son capacité d’apprendre.
Savoisien
4 décembre 2023Citons encore une fois le très lucide, ou visionnaire, Charles Péguy, soigneusement caché aux jeunes générations par l’Educ. nat. :
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; il n’y a pas de crise de l’enseignement ; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie ; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie elles-mêmes ; elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générale ; ou si l’on veut les crises de vie générale, les crises de vie sociales s’aggravent, se ramassent, culminent en crises de l’enseignement, qui semblent particulières ou partielles, mais qui en réalité sont totales, parce qu’elles représentent le tout de la vie sociale ; c’est en effet à l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire, les changeantes humanités ; le reste d’une société peut passer, truqué, maquillé, l’enseignement ne passe point, quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie ; quand une société ne peut pas enseigner, c’est qu’une société ne peut pas s’enseigner ; c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner ; une société qui ne s’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est précisément le cas de la société moderne. » Pour la rentrée, 1904.
Michel Higuet
4 décembre 2023En Belgique on a plus de chances si on vit dans le Nord c’est l’éducation du gouvernement flamand nettement supérieure, Dans le Sud on a encore une chance on peut choisir d’aller dans les écoles libres que l’on appelle l’enseignement catholique. Inutile de préciser où est la misère, je l’ai connu.
Michel Higuet
4 décembre 2023Précisons que le score Pisa est la « moyenne » belge, en réalité ( en 2012) 531 Flandre, Francohonie 493…
PA
3 décembre 2023Les nouvelles solutions sont déjà en train de se mettre en place : les demandes d’inscription dans les écoles indépendantes explosent.
Les parents veulent que leurs enfants apprennent dans un cadre serein et ne rencontrent pas de problème de violence. Ils veulent que leurs enfants apprennent des choses. Bref les heures de l’EN sont comptées et c’est une bonne nouvelle.
Gilles Mathieu
3 décembre 2023Votre article décrit le désastre de l’éducation nationale … au Québec ! Elle est pire que celle que vous vivez en France ! Nivellement par le bas, professeurs au bout du rouleau, effondrement de l’autorité du professeur sur sa classe, manipulation des notes pour cacher la catastrophe etc. Le dernier rempart d’une éducation de qualité réside dans le secteur privé et de plus en plus parents le savent. Face à la médiocrité du secteur publique, on fonce en droite ligne dans un mur de briques.