30 avril, 2014

Economie:panorama des ouvrages qui comptent depuis début 2014

Quelques conseils de lecture en cette veille de Jour férié.

Points de ruptures économiques :les économistes de gauche se désolidarisent du Président de la République

Gauche libérale : cette étiquette souvent infamante en France est revendiquée par Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard. Avec deux autres économistes qui ont conseillé en leur temps François Hollande (Gilbert Cette et Elie Cohen) il a édité un livre intitulé « Changer de modèle. De nouvelles idées pour une nouvelle croissance ». Les auteurs souhaitent faire prendre conscience que l’impôt excessif finit par avoir des effets négatifs sur la politique industrielle. Leur objectif est de faire reculer le front keynésien pro-déficit et néo protectionniste…

Normalité : pour Mathieu Pigasse « banquier de gauche », directeur général de Lazard, la normalité est une attitude qui conduit à ne pas agir, à attendre et donc à subir en espérant que cela ira mieux demain. Dans « Eloge de l’anormalité », il considère que tous les ressorts de la croissance sont cassés. Nous n’avons plus la composante démographique, plus de gains de productivité et pas de capital. Notre potentiel de croissance est durablement affaibli et donc la France est dans l’incapacité de créer des emplois…

Pauvreté : Thomas Piketty, l’économiste qui séduit la gauche française et américaine, dans son dernier livre « Le capital au XXIème siècle » dénonce les rendements des fortunes élevées tout en condamnant la retraite par capitalisation. Il semble oublier qu’entre 1990 et 2010, environ 700M de personnes ont quitté la grande pauvreté grâce à l’économie de marché ….

L’entreprise : Il faut recadrer le discours politique pour faire sa place à l’entreprise explique Pascal Lamy dans son dernier livre « Quand la France s’éveillera ». L’ancien directeur général de l’OMC estime que les français doivent comprendre qu’il n’y a pas de contradiction entre l’ouverture au monde et la lutte contre les inégalités … Il exhorte la France à ne plus avoir peur de la mondialisation. Dans son livre et explique qu’il faut cesser le plus vite possible de désigner l’extérieur, l’étranger, la mondialisation comme la cause de tous les malheurs français….

Etat stratège : pour Alain Boublil, ancien conseiller de François Mitterrand de 1981 à 1988, le colbertisme n’est pas mort en France. Dans son dernier livre « Le nouvel Etat stratège » il recommande de rompre avec deux adversaires redoutables : l’Etat spectacle et l’Etat guichet. Le premier dit il, se nourrit d’effets d’annonce, privilégie le tape à l’œil à la stratégie. Le second rend difficile la cohérence de l’action publique ….

Echecs : Jean de Kervasdoué vient d’écrire à l’intention de ses amis de gauche « Ils ont perdu la raison ». Il rappelle utilement que si les entreprises privées réussissent, c’est parce qu’elles imaginent, essayent, testent et ne se développent que si elles répondent à une demande. Il y a toujours des milliers de tentatives, d’échecs, d’ajustement derrière tout succès commercial, tout le contraire d’un texte réglementaire qui simplifie par essence le monde sur lequel il est censé agir…

Guerre des monnaies : dans son livre « Guerre et paix entre les monnaies », Jacques Mistral, membre du Cercle des économistes, décrit le scénario qui pourrait se passer en 2030. La Chine refuse d’acheter des bons du Trésor américain. En réaction les Etats Unis font défaut sur leur dette et ouvrent la voie à une grande confrontation géopolitique…

Trading électronique : le livre qui a été lu par la quasi totalité des traders de salles de marché s’intitule « Flash Boys ». Rédigé par Michael Lewis (Liar’s poker, Moneyball, The big short), il décrit le monde du trading à haute fréquence qui traite un nombre très important de données de marché à partir d’algorithmes et de liaison par câble ultra rapides. Cela permet de passer des ordres sur les marchés avec quelques millisecondes d’avance par rapport aux autres opérateurs. Les régulateurs, des deux côtés de l’Atlantique, ont vraiment fait fausse route en ne traitant pas plus rapidement ce sujet…

Régulation : Si la finance est mal régulée c’est peut être parce que la gauche ne s’y est pas beaucoup intéressée. Elle trouvait cela dégoutant. Telle est l’opinion de Laurence Fontaine développée dans son livre « Le Marché ». Pour elle, le marché est une conquête sociale. C’est le meilleur moyen d’émancipation notamment pour les femmes et tous les démunis. Certaines ONG commencent même à penser qu’il est plus utile dans certains cas de libérer les initiatives et de donner de l’argent pour créer des micro entreprises plutôt que des sacs de nourriture…

Déficit : Bill White économiste, rappelle dans son dernier livre « America’s Fiscal Constitution. It’s triumph and collapse » que toute la croissance américaine qui a été réalisée avec de le dette ne correspond pas à ce que les pères de la Constitution américaine souhaitaient. Il recommande de revenir rapidement aux principes d’équilibre budgétaires qui étaient l’objectif poursuivi par les politiques avant Keynes….

Banqueroute : le mot réapparait de plus en plus souvent dans les papiers consacrés à la dette française. Jean Christophe Petitfils, historien auteur d’un dernier « Louis XVI » montre bien que le 8 août 1788, le pouvoir royal aux abois dut convoquer les états généraux pour ‘année suivante. Le 16 l’Etat suspendait ses paiements ….

Tyrannie : Pascal Salin, ancien président de la Société du Mont Pellerin et Professeur émérite à l’Université Paris Dauphine vient de publier son dernier livre « La tyrannie fiscale ». Il propose notamment de multiplier les possibilités pour le secteur privé de concurrencer les services produits par l’Etat comme l’assurance sociale, l’éducation et même la sécurité. Il faut dit il que les citoyens puissent par la mobilité choisir l’offre de services publics qui leur convient le mieux ….

Vivant sur mesure : Craig Venter, le biologiste de génie est souvent surnommé « le Einstein du XXIème siècle ». Il travaille sur le passage des techniques de la biologie de synthèse à la médecine quotidienne. Il sera un jour possible de se faire reprogrammer génétiquement pour traiter les pathologies les plus graves : le cancer, les maladies neurodégénératives, les myopathies …
Points de frictions géopolitiques :la France est de moins en moins gouvernée dans une Europe plus impopulaire que jamaisFrance : Pierre Manent disciple de Raymond Aron, dans son livre « Les métamorphoses de la cité » estime que nous sommes de moins en moins gouvernés tant par la gauche que par la droite. Le moment approche où ce défaut de gouvernement se transformera en crise de régime ….

Europe : sauver l’Europe du désamour populaire est l’objectif de nombreux auteurs. Parmi eux Antoine Vauchez vient de publier « Démocratiser l’Europe ». Pour lui l’Europe est cette invention géniale ou maléfique qui a réalisé le rêve de tous les libéraux inquiets des débordements démocratiques depuis la Terreur ….

Monde : Pascal Boniface, géopolitologue, fondateur de l’Institut des Relations Stratégiques trouve que nous vivons dans un monde en recomposition. Le monde a cessé d’être bipolaire il y a vingt ans et peine encore à devenir multipolaire. Dans son livre « Les intellectuels faussaires », il accuse de démagogie nombre d’experts et de penseurs français à qui il reproche d’utiliser des schémas du passé, des logiciels de lecture guerre froide avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre….

Russie : Jean Pierre Chevènement, ancien ministre, estime que sans la Russie, il manque quelque chose à l’Europe. Il n’y a plus aucune raison idéologique et militaire à une nouvelle guerre froide en Europe. Personne n’y a intérêt. C’est une idée qu’il a développée dans son livre « 1914-2014 L’Europe sortie de l’histoire »…

Empires : l’empire c’est la paix explique très bien Jean Michel Quatrepoint dans son livre « Le choc des Empires ». L’auteur qui avait auparavant posé le rapport de l’Occident avec la Chine dans « Mourir pour le yuan ?. Comment éviter une guerre mondiale » décrit de façon précise et documentée que les Etats Unis, l’Allemagne et la Chine dominent désormais le monde. Il rappelle un commentaire d’un ancien ambassadeur d’Angleterre à Paris qui disait à l’époque « Il est inutile de causer à Paris puisque la France a confié toutes ses affaires au gouvernement prussien…

Ukraine : pour Renaud Girard expert en stratégie, la France est apparue dans l’affaire ukrainienne comme un nain politique en comparaison avec l’Allemagne. Nous manquons d’une grande politique russe. Il a développé ses idées dans son dernier livre « Le monde en marche »

Points d’évolution idéologiques : les valeurs de gauche n’enthousiasment plus beaucoup les intellectuels Révolution conservatrice: Paul François Paoli essayiste rappelle dans son livre “Malaise de l’Occident” , les impostures de l’histoire contemporaine où la gauche est toujours parée de vertus et la droite toujours couverte d’opprobre. Il est convaincu qu’une révolution conservatrice va se produire, car les catégories mentales de la gauche sont dépassées…

Bien-Pensants: dans son dernier essai, “Les Nouveaux Bien-Pensants” le sociologue Michel Maffesoli s’en prend à l’establishment du politiquement correct. Pour lui cela comprend les philosophes qui passent à la télévision, les conseillers des princes, les doctrinaires post-marxistes , les féministes et la quasi totalité des journalistes….

Délitement: avec son dernier livre “Les pierres d’angle” la philosophe Chantal Delsol en appelle à un sursaut de lucidité pour sauver notre société du délitement qui la menace. Nous vivons une époque qui renonce à ce dont, pourtant elle procède…

Liberté: il faut bazarder les fausses valeurs de la gauche et se libérer recommande Denis Tillinac, romancier et pamphlétaire, dans “Du bonheur d’être réac”. Face aux crispations des modernes soixante-huitards, on enregistre, d’après lui ,une aggressivité croissante qui est le symptôme d’une débacle. Selon lui l’école a perdu sa fonction d’instruction au profit d’un formatage des esprits par l’Etat…

Fierté: faire aimer la France est l’objectif de Mar Fraysse ancien responsible politique reconverti dans le monde de l’entreprise. Dans son essai “La fierté d’être français” il désigne clairement ses ennemis qui sont le populisme, les bobos, les soixante-huitards embourgeoisés qui profitent de tout et ne croient plus en rien….

Défi: pour Hubert Védrine, ancien ministre de François Mitterrand et de Jacques Chirac, la France parait être un pays en deuil d’elle même. Son dernier livre “La France au défi” débute par une citation de Pierre Mendès-France “Les comptes en désordre sont la marque des peuples qui s’abandonnent”…

Bobos: ce mot qui résulte de la contraction “bourgeois bohême” a inspiré un livre intitulé “La République Bobo”. Rédigé par Laure Watrin et Thomas Legrand tous les deux journalistes, ils décrivent bien comment le Bobo a créé un nouvel équilibre urbain et comment “la boboïtude” consiste curieusement à vouer un culte absolu à l’architecture industrielle mais à mépriser souverainement l’industrie …

. Esclavage: Pour Jean Luc Marion ancien conseiller du Cardinal Lustiger l’esclavage est de retour. Dans “La rigueur des choses” il estime qu’entre ceux qui peuvent décider ce qu’ils pensent et ceux qui subissent la globalisation des valeurs, nous allons vers une société à deux étages comme l’étaient les sociétés féodales…

Ecologie: Dominique Bourg est l’auteur de “La pensée écologique. Une anthologie”. Selon lui, les verts sont des brigands qui s’adonnent autant que les autres aux maneuvres d’appareil. Ils ont brouillé toutes les cartes sur l’écologie….

La rue: pour Danielle Tartakowsky, la droite n’a jamais abandonné la rue à la gauche contrairement à la légende qu’elle se raconte elle même. Dans son livre “Les droites et la rue. Histoire d’une ambivalence de 1880 à nos jours” elle estime que la gauche se limite de plus en plus à la défense prosaïque des acquis sociaux tandis que la droite descend en masse dans la rue pour tenter de sauvegarder des grands principes quasi philosophiques….

Aveuglement: Nicolas Baverez , avocat et esayiste décrit dans son dernier ouvrage “Lettre béninoises” l’aveuglement de nos dirigeants. Pour lui ils cultivent le déni au lieu d’agir et de confronter les citoyens au monde réel, au prétexte qu’ils ne le supporteraient pas …

Crédules: Gérald Bronner est un sociologue iconoclaste. Dans son dernier livre “La démocratie des crédules” il critique tous ceux qu’il nomme “les précautionnistes”. Ce sont notamment les lanceurs d’alerte économique don’t il dénonce l’obscurantisme et les méthodes. Pour lui la démocratie participative suscite une telle adhésion inconditionnelle qu’elle en devient idéologique ….

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

2 Commentaires

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  • BA

    3 mai 2014

    Naomi Oreskes est historienne des sciences et professeur à l’université de Harvard.

    Erik M. Conway est historien à la Nasa. Il y étudie les interactions entre les politiques nationales, la recherche scientifique et les mutations technologiques.

    A la rentrée 2013, les deux auteurs publient un article dans le prestigieux journal du MIT, Daedalus. Devant le retentissement provoqué par la thèse qu’ils défendent et l’angle choisi pour l’exposer, ils étoffent leur texte pour commettre ce qui s’avère être un essai vif et brillant, qui se veut coup de semonce et livre d’alerte sur l’avenir même de notre civilisation.

    « L’effondrement de la civilisation occidentale » , publié en langue française le 30 avril 2014, édition LLL Les Liens qui Libèrent, 13,90 euros.

    http://www.placedeslibraires.fr/detaillivre.php?gencod=9791020901033

    Deux des plus grands intellectuels aux U.S.A. se posent dans cet essai de prospective la question suivante : pourquoi restons-nous inactifs, alors que nous disposons d’informations scientifiques robustes sur le changement climatique et que nous savons quels terribles événements vont suivre ?

    Nous sommes en 2093, avènement de l’ « Age de la Pénombre », et les deux historiens futurs se retournent sur leur passé – qui est notre présent et notre avenir (possible). Tout avait pourtant bien commencé avec la création du GIEC en 1988. Mais rapidement le « déni » se répand en faisant valoir l’incertitude des données scientifiques. Les effets du changement climatique s’intensifient, et en 2023, l’année de l’ « été perpétuel », il y a 500 000 morts et 500 milliards de dollars de perte.

    La frénésie pour les énergies fossiles amène les dirigeants à saisir les notes scientifiques sur la fuite de pétrole Bp en 2011. Puis la loi dite de « négation de la hausse du niveau de la mer » est adoptée par certains états. Mais rien n’y fait. La nature se déchaine sans que les mesures nécessaires ne soient prises.

    Pendant l’été 2041, des vagues de chaleur sans précédent détruisent les récoltes. Panique, émeutes, migration de masse, hausse explosive des populations d’insectes, épidémies. L’ordre social s’effondre dans les années 2050 et les gouvernants, acquis à l’idéologie néolibérale, se retrouvent désarmés devant la nécessité d’une intervention massive de l’Etat…

    En imaginant la situation vers laquelle l’humanité s’oriente si rien n’est fait, les auteurs démontrent magistralement le double piège dans lesquels la civilisation occidentale est en train de tomber. Deux idéologies inhibantes dominent : le positivisme et le fondamentalisme de marché. Quand les effets du Grand Effondrement se sont fait sentir, les démocraties n’ont d’abord pas voulu, puis pas pu faire face à la crise, se trouvant dénuées de l’infrastructure et de la capacité organisationnelle pour lutter.

    Foisonnant d’érudition, fruit d’un travail de prospective scientifique rigoureux, cet essai veut tenter de lutter contre les obscurantismes intéressés afin d’éviter à l’humanité ce que les auteurs nomment « l’Age de la pénombre ».

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  • anonyme

    3 mai 2014

    Monsieur Netter, merci !

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