8 septembre, 2012

Barrages de retenue et marchés financiers.

Comme les pauvres investisseurs ont pu le remarquer, investir en actions depuis 12 ans n’a pas été une partie de plaisir, tant nous avons été dans ce qu’il faut bien appeler des marchés baissant structurellement.

Que les actions baissent de temps en temps pendant un ou deux, voila qui est parfaitement normal. Qu’elles baissent pendant 12 ans de suite, voila qui est plus surprenant. Historiquement des baisses aussi longues ne se sont produites que quand les gouvernements des grands pays faisaient erreur sur erreur et c’est à nouveau ce qui s’est produit depuis 12 ans…

De fait, au début des années 2000, les gouvernements du monde entier ont décidé qu’ils convenaient d’enrayer la libre circulation des capitaux  pour que les fonds disponibles soient investis en fonction des désirs de ces mêmes gouvernements et non pas en fonction de quelque chose d’aussi terre a terre que la rentabilité du capital investi, des  profits attendus (pouah, quelle horreur !) ou des desiderata des  marchés financiers (re pouah) , mais en fonction de l’intérêt général qu’ eux seuls bien sur savaient définir comme l’exemple de l’Union Soviétique l’avait amplement montré .

Pour « bloquer » ces libres mouvements quatre outils ont été utilisés

  • Aux USA, la banque centrale  a quasiment continuellement maintenu des taux  courts réels négatifs en pensant que des taux négatifs favorisent la croissance économique, ce qui est a peu prés aussi intelligent que de penser que pour créer des emplois il faut réduire le temps de travail. Des taux réels négatifs ne créent aucune croissance, amènent a une mauvaise allocation du capital  (immobilier par exemple, hausses du pétrole et de l’or) et sont toujours suivis de graves crises financières et économiques. Le capitalisme ne peut pas fonctionner  sans un cout du capital qui permet à la « destruction créatrice » d’avoir lieu. En tout état de cause, cette politique qui revient ce que plus personne ne puisse épargner en dollar  a  bien entendu fait s’écrouler le taux de change de la monnaie US à un niveau ou celui-ci est hyper concurrentiel au point que les USA ont maintenant un excédent de leur commerce extérieur hors pétrole et hors Chine de 2 % de leur PNB contre un deficit de 3% de leur PNB il y a 10 ans. De ce fait, ils exercent une pression déflationniste invraisemblable sur le reste du monde qui ne peut ni vendre aux USA, ni leur faire concurrence a l’extérieur tandis que les capitaux US restent bloqués a l’intérieur des USA par la sous évaluation de la devise sans pouvoir « irriguer «  le reste du monde.
  • Passons à la Chine qui est entrée dans l’OMC en 2002. Ce pays a pratiqué depuis une politique clairement mercantiliste pour dégager les énormes excédents extérieurs que l’on sait, ce qui est déjà dangereux mais les autorités Chinoises ont fait bien pire, hélas. Dans un système libre, comme il existe entre la France et les USA, si une société Française dégage un surplus vis-à-vis des USA, elle décide toute seule comme une grande de ce qu’elle va en faire. Le secteur privé Français enregistre un surplus qui est recyclé par le secteur privé en fonction des signaux qu’envoie le marché. Rien de tel en Chine. Les Dollars gagnés par le secteur privé Chinois  sur le secteur privé Américain DOIVENT être envoyés à la banque centrale de Chine qui les prend et achète des obligations US ou Allemandes avec ces sommes. Ce qui veut dire que les sommes extraites du secteur privé Américain (ou Français ou Belge…) sont recyclées par le secteur public vers le secteur public, ce qui assure un financement des Etats a des taux défiant toute concurrence , a une hausse du prix de l’argent sur le secteur privé, a une baisse de la vélocité de la monnaie et peut amener en fin de parcours a une dépression économiques comme dans les années trente.
  • Le troisième mécanisme mis en place pour empêcher la libre circulation des capitaux fut bien entendu notre Frankenstein financier favori, ce cher (oh combien !) Euro. La preuve en est que depuis sa création  et surtout depuis le début de la crise grecque tout l’argent disponible se précipite en Allemagne ou en Suisse et que les masses monétaires s’écroulent en Espagne, en Italie et sans doute bientôt en France.
  • Le quatrième mécanisme s’apparente a la recherche du bouc émissaire pour donner un os a ronger aux populations martyrisées par l’incompétence de leur personnel politique. Comme d’habitude, les banques feront l’affaire et les gouvernements se sont engagés dans un durcissement des règlementations touchant ces malheureuses victimes qu’il est convenu d’appeler « Bale 3 »  Le banques en question, compte tenu de la taille de leur bilan,  vont devoir lever dans les années qui viennent environ 550 milliards de dollars pour renforcer leurs fonds propres. Voila qui est impossible dans les marchés actuels. L’alternative est toute simple : les banques vont réduire massivement la taille de leurs bilans, ce qui fait que plus personne ne va plus prêter a plus personne. Brillant !

Si le but des autorités politiques de puis 10 ans était d’empêcher les capitaux de circuler librement le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ont fort bien réussi.

Mais si les capitaux ne circulent pas, ils s’entassent et en général ils s’entassent dans des endroits ou ils se sentent à l’ abri pour attendre le retour de jours meilleurs. Si le lecteur veut bien imaginer que les gouvernements ont établie des barrages pour empêcher l’argent de couler librement, eh bien tout l’argent disponible dans le monde est aujourd’hui investi en amont tandis qu’en aval nous avons une sécheresse épouvantable.

En amont nous trouvons le FS, certaines obligations d’Etat,  l’Euro, l’or, l’argent métal etc…,

En aval les marchés des actions un peu partout, les marchés obligataires douteux, le dollar US l’immobilier en Espagne, en Irlande ou au Portugal…

Il va sans dire que si, sous la pression de l’eau  l’un ou l’autre des barrages venait à sauter le prix relatif des actifs entre l’amont et l’aval changerait massivement

Et la bonne nouvelle est bien sur que ces barrages vont sauter les uns après les autres (ou tous ensemble, ce qui serait passionnant)

  1. Si Romney est élu (ce que je crois), le barrage US va sauter immédiatement
  2. La Chine est en train d’ouvrir le compte capital de sa balance des paiements aussi vite qu’elle le peut.
  3. Il est très possible que Bale 3 ne soit jamais appliqué tant ces nouvelles directives apparaissent comme idiotes et contre productives
  4. Reste l’abominable Euro qui comme toutes les constructions technocratiques finira bien par disparaitre, mais cela passera sans doute par la révolte de l’un ou l’autre des peuples Européens (les Allemands ?)

A mon avis donc, il est prudent de commencer à sortir doucement des valeurs situées en amont des barrages pour investir dans les valeurs massacrées en aval.

Rien ne presse pour l’instant, mais si monsieur Romney est élu, alors,  il faudra le faire à toute vitesse

 

 

Auteur: idlibertes

Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.

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