27 février, 2014

Vue de New York, Pacte de responsabilité et avenir du quinquennat?

A l’occasion de la visite d’Etat à Washington, j’ai eu l’insigne honneur de participer à plusieurs entretiens, et de représenter mon entreprise dans la réunion à huis clos que le Chef de l’Etat avait demandé à US Chamber of Commerce d’organiser pour lui et sa délégation. Le ton a incontestablement changé, nous sommes bien en présence d’une nouvelle trajectoire pour la suite du quinquennat, et Francois Hollande cette fois s’engage personnellement. Les emplois sont créés par le secteur privé, y compris étranger, la France a des avantages compétitifs , essentiellement son infrastructure, les compétences de ses forces de travail, sa recherche et innovation, mais souffre notamment de coûts sociaux et énergétiques supérieurs à ceux de ses concurrents.

Egalement de son instabilité fiscale et règlementaire. C’était d’ailleurs le premier engagement pris par Francois Hollande devant une délégation d’entreprises américaines à Washington, renouvelé la semaine suivante à Paris devant une quarantaine de chefs d’entreprises étrangers conviés à ce Conseil semestriel de l’attractivité internationale…

Le pacte de responsabilité est proposé à l’ensemble des acteurs économiques, français et étrangers même s’il est négocié au premier chef entre le MEDEF, les partenaires sociaux, et le gouvernement. Pierre Gattaz m’a assuré de sa volonté d’aller de l’avant, il est convaincu que les réductions de charges seront créatrices d’emplois, même s’il n’est évidemment pas possible pour des organisations patronales telle que le MEDEF ou la CGPME de s’engager sur un nombre précis de postes supplémentaires.

Face à ce pacte de responsabilité, sur lequel le gouvernement doit aller vite, il faut de part et d’autre communiquer moins et chercher l’accord. Il est tout à fait envisageable avec des partenaires sociaux tels que la CFDT, la CFE, ou la CFTC, beaucoup plus aléatoire avec les doctrinaires de la CGT ou de FO.. La droite dite Républicaine a été totalement atone et inaudible depuis la conférence de presse de la mi-janvier. Certains ont choisi le refus pur et simple, d’autres disent « chiche ».

L’UMP a élaboré grâce au remarquable effort accompli dans le cadre des réunions thématiques sous la direction d’Herve Mariton, avec lequel j’ai collabore près de 5 ans, un projet d’inspiration libérale et véritablement réformateur sur lequel hélas bon nombre de caciques de la droite se sont empressés de se démarquer dès son adoption au Conseil National de fin Janvier.

On sait bien que ce type d’engagements, comme les plateformes aux Conventions Américaines, n’engagent à rien les candidats qui finalement porteront l’investiture du parti, Valerie Pecresse le reconnaissait tout en le déplorant à un petit déjeuner du Cercle Turgot à Paris mi-décembre dernier. La gauche confrontée à la réalité de la situation de notre pays est en ce moment la seule force politique susceptible de faire adopter un programme de réformes structurelles sans bloquer le pays comme nous l’avons connu avec Alain Juppé en Décembre 1995, ou avec le CPE de Dominique de Villepin.

Au plus bas historique de sondages d’un Président de la Cinquième République, élu au suffrage universel, Francois Hollande a sans doute accepte et intégré qu’il ne pouvait avoir une faible chance de réélection en 2017 face à Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, qu’ en bénéficiant d’une conjoncture mondiale plus favorable, c’est-à-dire une croissance minimum de 3 à 4 %, mais aussi en ayant à son crédit en France une amélioration significative de la situation de l’emploi qui ne peut venir que de reprise de l’embauche. Il est suffisamment réaliste pour avoir désormais la conviction que la ligne menée dans les 20 premiers mois de son mandat ne lui donnera cette opportunité dans aucun cas de figure.

Il n’a donc strictement aucun autre choix et mènera ce .changement de politique avec la détermination et la brutalité qu’il a démontrées dans la gestion de ses crises « matrimoniales » Le microcosme bruisse de rumeurs de remaniements, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC à Bercy serait effectivement un choix tout à la fois politiquement sur pour Francois Hollande – écurie Jacques Delors – , clairement social libéral, et jouissant d’une stature internationale qu’ont ni Montebourg ni Moscovici.. Mais il lui faut sans doute aussi investir un Premier ministre qui soit compatible avec cette configuration, et je suis un peu court ou insuffisamment connecté pour avoir des noms à avancer..

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

13 Commentaires

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  • stefano

    3 mars 2014

    Nouvelle trajectoire ?

    Comme suite à mon mot du 27 février et à la réponse de M. Gruffat du même jour, puis je ajouter, pour renforcer mon propos, l’augmentation toute récente des droits de mutation(3,8 à 4,5 soit 20 % !!!) avec comme signification:

    – un financement accru des assistés (RSA)
    – un obstacle de plus à la mobilité des gens qui travaillent

    Le Titanic poursuit son voyage fatal au son des violons

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  • Poutine7

    3 mars 2014

    Gattaz et son pin’s 1 million d’emplois.

    A conserver dans les archives. Un des plus gros bobards de la décennie

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  • RB83

    3 mars 2014

    Monsieur Gruffat, on ne peut que saluer votre optimisme. Les hommes se jugent, ou en tout cas s’évaluent sur leurs actes. Force est de constater qu’en la matière, le bilan de François Hollande n’est pas celui d’un grand reformateur. Il a démontré au cours de sa carrière politique qu’il n’était qu’un fin manoeuvrier dont l’art consistait justement à ne prendre aucune décision.
    Après 2 ans de présidence calamiteuse, peut-on attendre un virage de la part de ce personnage ? On voudrait y croire… mais devant l’échec de ses promesses sur « l’inversion de la courbe du chomage » (la politique peut détruire de l’emploi mais certainement pas en créer… je parle de vrais emplois…), il s’est précipité sur le « pacte » proposé par Gattaz à l’automne avec une improvisation qui fait peur. Je crains donc qu’il n’y ait aucune conviction, ni vision à long terme là-dedans, uniquement les sempiternels calculs du politicien retors qu’Hollande n’a jamais cessé d’être. Je pense que tout ceci va accoucher de mesures à l’eau tiède dont il est coutumier et qui lui permettront de gagner du temps, la faible reprise européennes permettra sans doute à la France de grapiller un petit pour-cent, voire un peu plus, ce qui lui permettra avec un peu de chance d’afficher une petite baisse du chomage et ainsi se présenter en 2017 avec des chiffres à la hausse tellement ils étaient partis de loin…
    J’aimerais que vous ayez raison mais, de la manière dont les choses évoluent, je crains que mon scénario soit le bon.

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  • Ric_roc

    2 mars 2014

    Pas de solution!

    Les populations inactives agées on un pouvoir d’achat surévalué de 15% (en moyenne, les pension/retraites les plus faibles étant sous-évaluées.

    Il y a 30% d’emplois public en trop.En plus de leur cout, ils grippent l’économie par le bureaucratisme et la procrastination érigés en « art de vivre ».

    Un excedent de 50% d’élus, le quorum du Sénat pourrait être réduit de moitié
    . Combien de Ministre? je ne suis pas sur que JM Ayrault le sache.

    Personne n’a intérêt à remettre en cause le système, quand aux entrepreneurs indépendant (pas la clientèle du système) ils quittent le pays.

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  • phil

    1 mars 2014

    L’économie s’apparente a la mécanique des fluides, c’est d’autant plus compliqué que l’on est pas en vase clos, et les fuites et les poches sont nombreuses.
    Reste que sans réduire la voilure étatique on risque de démâter, et Archimède nous prédit alors une visite des fonds marins, a défaut de ceux du FMI. Ça parait trivial comme remarque aux vues de toutes ces belles théories, diagnostiques et pronostiques, mais personne ne voudra tenir la barre, une fois au fond de l’eau.

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  • Marius

    27 février 2014

    La stabilité fiscale il faut s’en méfier comme de la peste… la stabilité a un niveau élevé qui en veut ? Je préfère l’instabilité baissière…

    Quant à l’UMP, vous dîtes que « bon nombre caciques » se sont démarquer du dernier programme d’inspiration libérale, bon nombre c’est beaucoup… Je n’ai vu que Juppé, Baroin et Guaino faire cela.

    Vous emble aussi catégorique sur 2017, à droite ça sera soit Sarkozy soit Juppé, et pas Fillon ?! S’il y en a un qui construit, fait le tour de France et surtout a remis le libéralisme au coeur de son discours c’est bien lui… Jusqu’a être comparé à Thatcher sur le plateau de DPDA. Je ne veux pas de Sarkozy qui a zéro compréhension de l’économie… et encore moins de Juppé qui juge le programme UMP actuel « trop libéral »… Fillon se réveille tard, mais au moins lui s’est réveillé… Ce n’est pas le cas des 2 autres. Par ailleurs ne pas s’enflammer sur les sondages de Juppé, il est haut car il plaît à gauche, or pour être désigné candidat il faut gagner à droite, dans son camp, je doute qu’il gagne contre Fillon et si Sarkozy revient il ne sera pas candidat contre lui. Le match ça sera Sarkozy / Fillon ou Fillon / Juppé.

    En tous les cas, le « libéralisme » devrait faire son retour en France, et on le voit déjà à droite dans les discours, les actes seront forcés de suivre ! Ça peut plus durer longtemps. Mais se tromper de candidat à droite, et donc de président, peu amener a perdre encore 5 ans, c’est bien possible.

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    • Jean-Claude Gruffat

      27 février 2014

      Cher Marius,
      Nous sommes en Mars 2014, pas en Avril 2017.
      Au jour d’aujourd’hui, les deux candidats eligibles a droite face a Hollande sont Juppe et Sarkozy, pas Fillon .
      Nous sommes en politique fiction.
      Sur le programme, il me semble que d’autres avaient fait entendre leur difference, Bruno le Maire?
      Mais je cite a nouveau Valerie Pecresse, nous pouvons avoir des doutes sur l’engagement de tel ou tel sur un programme, sur la foi de leur comportement lorsqu’ils etaient aux affaires, la droite francaise enarchique est centralisatrice, jacobine, etatiste, et ne connait rien a l’entreprise.
      Je connais Mariton, c’est un liberal sur le plan economique helas tout ceci est occulte par les positions prises sur les themes societaux ou il est allie avec la droite plus reactionnaire..
      Cher Amellal,
      Je fais reference a la reforme tentee par Juppe en decembre 1995, qui a amene un blocage de plus d’un mois, et un retrait peu glorieux, ainsi que le Contrat premier emploi de Dominique de Villepin lache par Chirac devant les manifestations a repetition, je n’ai pas parle de Raffarin.
      D’ou mon scepticisme sur les capacites de cette droite a faire des reformes liberales.
      Les fondateurs d’IDL dont je suis sommes helas d’une generation qui ne verra sans doute pas le resultat du travail en profondeur dans lequel nous sommes engages non pas pour aider a l’election de telle ou telle politicien mais bien pour reformer notre pays en profondeur comme ceci a ete fait dans certains pays scandinaves ou au Canada, faire durablement reculer l’emprise de l’Etat sur les libertes publiques, l’economie, et nos comportements individuels.
      Combat que je mene egalement aux Etats Unis avec le Competitive Enterprise qui fete cette annee ses 30 ans « advancing liberty ».
      Voir http://www.cei.org

    • Amellal Ibrahim

      27 février 2014

      Ok merci.

      J’aime bien la réponse de Milton Friedman à Charles Gave : « Il faut être dans l’enfer pour bien en analyser sa teneur »

      Je ne connais pas vos hommes politiques mais je pense qu’ils comprennent l’entreprise, ils veulent surtout protéger les intérêts de leur « classe » et ne pas se mettre à dois la gauche, ils ont peut de descendre dans les sondages, des « fromages blancs » comme les appelait de Gaulle, veuillez me pardonner la vulgarité, il leur en manque sous le pantalon, « Margaret Thatcher restera comme le dernier homme politique de l’Occident ».

      Pour ce qui est de 2017, « Le malfaiteur revient toujours sur les lieux du crime » …

  • Jean-Claude Gruffat

    27 février 2014

    Cher Stefano,
    « Les forces politiques au pouvoir », ce terme me parait bien peu precis, le pouvoir n’est pas a l’Assemblee, je le dis a tous mes interlocuteurs americains qui demandent a rencontrer des parlementaires, 3 centres de pouvoir, Elysee, Bercy et Matignon, dans cet ordre, on le voit aussi bien maintenant que du temps des administrations de droite..
    Le seul dont l’opinion compte est le President, il sait que sa politique suivie depuis son election ne lui donne aucune chance d’etre reelu, et il veut faire un second mandat.
    Je ne dis pas qu’il reussira assurement a changer de cap, je pense qu’il n’a pas d’alternative a une politique reformatrice, et que les partenaires sociaux responsables en sont conscients.Sa majorite n’est pas suicidaire donc.. il a la « confiance » bouclee.
    Ensuite il y a la rue..
    Mais elle est plus effective lorsque la droite est au pouvoir.
    Les derniers sondages tant pour les municipales que pour les europeennes montrent bien qu’en depit de l’immense deception avec les socialistes, il n ‘ y pas de majorite et de loin pour penser que la droite ferait mieux.
    Je sais bien que des reformes incluses notamment dans le projet de l’UMP correspondent a ce que nous pensons et souhaitons, mais les candidats eligibles a droite sont tous sauf liberaux.
    Comme l’avait Nicolas Sarkozy en 2007 durant sa capagne devant le CJD et Croissance plus – j’etais dans la salle – un programme liberal, « ca fait 3,5% », le chiffre atteint par Alain Madelin.
    Alors si j’ai une chance infime de voir des reformes liberales mises en oeuvre par des gens de gauche, je ne vais pas faire la fine bouche.
    Voir la liberalisation des marches financiers effectuee par Beregovoy /Naouri.
    Pascal Lamy est certainement membre du partisocialiste, mais il est plus liberal que Juppe, Sarkozy ou Montebourg reunis..

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    • Amellal Ibrahim

      27 février 2014

      Bonjour,

      Vous avez l’air de connaître la politique depuis les coulisses,

      qu’ont tenté de faire Juppé en 1995 et Raffarin en 2002 ?

      Car j’étais un peu jeune mais je me souviens des manfis et grèves, et les légendaires 80 000 selon la Police, 500 000 selon les organisateurs.

  • Poutine7

    27 février 2014

    « Les emplois sont créés par le secteur privé, y compris étranger, la France a des avantages compétitifs , essentiellement son infrastructure, les compétences de ses forces de travail, sa recherche et innovation, mais souffre notamment de coûts sociaux et énergétiques supérieurs à ceux de ses concurrents. »

    Concernant les coûts énergétiques, la France bénéficie de prix compétitifs de l’électricité du fait d’un choix pas très libéral de développement de la filière électronucléaire (le secteur le plus réglementé au monde).

    Pascal Lamy, premier ministre, pourquoi pas on a déjà eu un ancien patron du Nasdaq fondateur d’un fameux hedge-fund qui s’appelait Madoff. Dans le genre liquidateur de l’indépendance nationale il a un beau CV c’est sûr.

    Les centres de recherche et d’enseignement souffrent beaucoup car d’une part, les politiques n’ont pas le courage de donner une VRAIE indépendance aux Universités qui passeraient inéluctablement par sélection plus forte et hausse des frais d’entrée car l’Etat est en faillite aussi en grande partie par nos petits génies de la finance qui multiplient crise sur crise depuis 1987 avec à chaque fois un bond en avant de la dette publique qui sont nos impôts d’aujourd’hui et de demain.

    Il y a sûrement mieux à faire que quelques allégements de charges par ci par là, peut-être déjà une baisse de l’impôt sur les sociétés et de VRAIES réforme structures grâce aux patriotes de la gauche du travail (et pas celle bobo qui défile une plume dans le …) et la droite des valeurs (pas celle de Nico l’avocaillon)

    A moins que gauche (Hollandouille et les verts) et la droite (version NKM) ripoublicaines ne nous enfoncent encore plus dans la sortie du nucléaire au profit des gadgets éolien et solaire ?

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  • Gerldam

    27 février 2014

    Tant que FH laissera des Eckert, le taxomane de l’assemblée, saboter toutes ses intitiatives, il ne se passera rien.
    Nombreux sont ceux qui, après les voeux et le discours de Hollande ont repris espoir, espoir vite douché quand on voit que ce dont on discute à présent, c’est d’une CSG progressive et non-déductible, c’est à dire d’une augmentation d’impôts, comme en 2013.
    Et que fait le président? Rien. Il « réfléchit » (à moins qu’il ne joue au solitaire).
    Hollande n’a pas de majorité pour sa politique. Il doit dissoudre l’assemblée pour trouver, de l’autre côté, une majorité pour appliquer les réfomes de structure nécessaires. Le pire, c’est que nombre de membres de l’UMP, et non des moindres, sont plus sur la ligne Eckert que sur celle du Hollande nouveau.

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  • Stefano

    27 février 2014

    Pour en sortir il n’y a qu’une solution: diminuer le périmètre de l’Etat providence
    d’au moins 60 milliards par an.(cf. rapports de l’Ifrap).
    Or on sait bien que le chiffre ridicule de 50 milliards d’économies annoncé sur trois ans ne sera jamais atteint; d’ailleurs silence radio sur ce sur quoi porteraient ces sommes.
    En revanche le paiement annoncé par l’argent public des pensions alimentaires non honorées, ainsi que des loyers impayés (loi ALUR) montre bien que les forces politiques au pouvoir n’ont aucune intention, contrairement à ce que vous dites, de changer de cap. Rien que le terme grotesque de « contreparties » est là pour le confirmer.

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