8 mai, 2024

Total s’en va

Il y a une dizaine d’années, quand je réalisais ma thèse de doctorat sur Total, et alors que l’entreprise était attaquée parce qu’elle réalisait des bénéfices, j’avais suggéré à un des cadres dirigeants, comme une boutade, de délocaliser le siège de Total de La Défense vers Lausanne. Les paysages sur le Léman sont somptueux, le vin de Lavaux est délicieux, les taxes y sont moindres et une entreprise qui se développe n’est pas lynchée dans la presse. Il devait bien y avoir un terrain vague à proximité du siège de Nestlé pour y construire un bâtiment. Lausanne bénéficie en plus de l’excellence de son école polytechnique, davantage connue à l’étranger que celle de Saclay. Ce dirigeant avait ri jaune. Délocaliser en Suisse, tout le monde y pensait, mais personne n’osait.

Bye bye Paris

Dix ans plus tard, les choses ont changé. TotalEnergies, deuxième capitalisation boursière du CAC 40, envisage de quitter la bourse de Paris pour être coté à New York. Cette information est beaucoup plus grave qu’une dégradation par une agence de notation, car elle démontre l’état de défiance de la France, mais aussi les conséquences sociales et politiques de mesures absurdes. Si les premiers actionnaires de Total sont ses salariés (8,22%), le second est BlackRock (6,5%). Les Américains possèdent 39% du capital contre 26% pour les Français et 12% pour les Anglais. L’actionnariat de Total étant de plus en plus américain, il n’est pas illogique que l’entreprise soit cotée à Wall Street et non pas à Paris, où elle est pourtant présente depuis 1929.

Ce qui est grave, pour l’avenir de Total et des entreprises françaises, ce sont les raisons qui ont conduit à cette réduction de l’actionnariat français. Après tout, il y aurait pu y avoir des investissements réguliers dans l’entreprise, de façon tout à fait naturelle. Mais la vraie raison est que les investisseurs français ne peuvent plus autant investir dans Total, à cause des normes environnementales et des ISR (Investissement socialement responsable). Un ISR, c’est une catégorie inventée dans un bureau de Bercy pour correspondre au monde tel que se l’imaginent des bureaucrates. Monde qui n’est pas tout à fait celui que Total doit affronter.

À cause de ces normes environnementales, les actions de Total ne peuvent pas figurer dans les fonds ISR, ce qui prive le groupe de l’accès à certains capitaux et donc décote le titre puisque celui-ci est moins demandé. Pour Total, cela signifie moins d’investisseurs et donc moins de valorisation boursière, ce qui l’affaiblit par rapport à ses concurrents. Puisque les Français n’achètent pas Total, voire vendent, l’espace vide ainsi créé est rempli par les Américains, qui eux sont attirés par le titre. Ne doutons pas que le jour où les actionnaires de Total seront majoritairement américains, Bruno Lemaire ou son successeur pousseront des cris effarouchés et feront voter une loi pour assurer la protection de l’État et empêcher cette montée au capital.

L’inquisition des minables

On avait déjà eu droit à une inquisition des minables lors de l’audition de Vincent Bolloré à l’Assemblée nationale. L’occasion de découvrir la vie de cet entrepreneur, dont deux de ses oncles étaient dans le commando Kieffer, qui a repris une entreprise familiale à la dérive (fabricant de papier à cigarette et de papier carbone) pour en faire le groupe de logistique et de médias que l’on connait. Face à lui, des députés ignorants des bases de l’économie, mais donneurs de leçons.

Rebelote cette fois-ci avec Total. Voici Yannick Jadot, reconverti sénateur de Paris, qui auditionne Patrick Pouyanné lundi 29 avril pour lui expliquer comment il doit gérer son entreprise. La commission d’enquête sénatoriale porte « sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France. »

En clair, le gouvernement français prend des mesures bidon définies comme « obligations climatiques ». Sa politique étrangère est toute entière tournée vers ces obligations : création de panneaux solaires et d’éoliennes en Afrique et au Moyen-Orient. Une politique étrangère couronnée de succès comme chacun peut le constater. Et l’État veut désormais « mobiliser » des moyens pour contraindre Total à suivre ces mesures suicidaires. On comprend que l’entreprise envisage de se délocaliser à Wall Street. D’autant que le marché français ne représente rien pour Total : il n’y a aucun champ pétrolier et gazier, les raffineries sont régulièrement en grève et manquent de compétitivité, les stations-service relèvent davantage du service social que de l’activité capitaliste.

Mais c’est ainsi. Dans la vision d’un Jadot, Total est au service de ses idées. Et peu importe qu’en les mettant en place l’entreprise fasse faillite.

Atteintes aux intérêts de l’État

La semaine dernière, les compagnies chinoises ont inauguré la construction d’un pipe-line au Niger, rattaché au nouveau gisement du Gabon. Pipe-line qui va être raccordé au trans-saharien, qui arrive en Algérie puis en Europe. Pendant que la diplomatie française se préoccupe d’installer des moulins à vent et de faire marier les hommes, les Chinois captent les parts de marché et s’installent là où la France était autrefois présente.

Il y a pire encore. Le 2 mai, c’est au tour de Thomas Buberl, le patron d’Axa, de devoir passer devant le nouveau Tribunal révolutionnaire. Yannick Jadot et les écologistes reprochent à Axa d’assurer les champs gaziers et pétroliers, deux produits qui à leurs yeux représentent le mal. Ils veulent donc interdire à cette compagnie française, au nom « des orientations de la politique étrangère de la France », de faire leur travail d’assureur. Si Axa ne peut plus assurer, ce sera une perte de marché pour elle, des marchés qui seront récupérés par des compagnies étrangères. Avec de tels politiques, il n’est pas besoin d’avoir des adversaires extérieures dans la guerre économique, ils s’en chargent très bien.

Yannick Jadot qui a été condamné en 2006 pour « atteinte aux intérêts supérieurs de l’État » et mis en examen à la suite d’une plainte en diffamation déposée par Total. Il faut vraiment, du côté de Total, disposer d’un sens patriotique très développé pour continuer à rester à Paris.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

36 Commentaires

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  • J FAKAR

    13 mai 2024

    Total fut créé pour administrer la part française récupérée dans la Turkish Petroleum Cie comme butin de guerre après la disparition de l’empire Ottoman. L’Etat en avait le quart (?) du capital, et l’épargne française le reste. Elle s’est hissée au rang des principaux pétroliers, avec les entreprises issues du trust Rockefeller démantelé, de l’ anglais BP créé par la Navy britannique, et de Royal Dutch .Tout cela est « géostratégique »: une goutte de pétrole vaut une goutte de sang » disait Clémenceau en 1918. Encore plus vrai en 1940/45. Et comme le dit Charles, l’économie, c’est de l’énergie transformée.
    Hélas chez nous , la religion socialiste fait du « capital » un ennemi, et l’épargne privée est conduite vers les bons du Trésor par l’obligation de l’obligation (avec la certitude de se faire laminer dans la prochaine crise d’inflation). Les fonds de pension sont inexistants et donc ne contribuent pas à l’investissement industriel. Il est inévitable que les capitaux étrangers se placent dans nos meilleures entreprises, celles du luxe ou Total, en délaissant le reste. Et donc y prennent le pouvoir. Nationaliser nos champions, pour les forcer à suivre l’hystérie écolo, selon le dogme socialiste? Les voir dirigés par des fonctionnaires du parti ? C’ est absurde, mais ça s’est vu en 1981, et cela explique que nos marchés soient décotés par rapport à NewYork, et devenus exotiques pour les grands gérants : on y fait un coup, on n’y investit pas.

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  • Michael

    11 mai 2024

    Est-il bien vrai que la diplomatie française ne sert pas les intérêts de Totalenergies dans le monde?
    Et la cotation principale à NY (en gardant une secondaire à Paris) peut entraîner le départ de la Dir Fi aux States, avec un siège principal pour la DG et autres services restant à Paris.
    Il convient de rappeler que la Dir Fi était à Londres jusqu’au Brexit.
    Et que Totalenergies est une SE (Société Européenne), pas une SA française.

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    • Dominique

      12 mai 2024

      Total n’est pas française mais américaine depuis longtemps.
      Les banquiers de new York ont utilisé les Français pour des raisons politiques.
      Comme travailler en Russie, mais maintenant c’est fini Back to USA.
      Il va falloir regarder les actionnariats de sociétés du CAC39 et ne plus se gargariser avec des cocoricos.

  • Alex

    11 mai 2024

    Les hommes et femmes d’État se caractérisent par plusieurs traits : ne pas s’enrichir grâce à leur situation, assimiler des faits rapidement, s’adapter aux circonstances, s’élever au-dessus des événements et creuser leur propre tombe: https://youtu.be/_9Io-C58QF4?si=XDOSeDwjH-D5KfAs

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  • benoît

    10 mai 2024

    ISR (Investissement socialement responsable). Un ISR, c’est une catégorie inventée dans un bureau de Bercy pour correspondre au monde tel que se l’imaginent des bureaucrates. Monde qui n’est pas tout à fait celui que Total doit affronter.

    Est-ce la même chose que les critères ESG  »imposé » par le PDG de blackrock Larry Finck ainsi que Klaus Schwab du forum mondiale économic ? Le ISR est il une transposition dans le droit national la volonté des oligarques non élus ? Merci pour vos éclaircissements.

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  • Quignon

    10 mai 2024

    Il est désormais plus qu’urgent de réduire à néant ces escrologistes et leurs ténors que sont les jadot et autres parasites qui nous entrainent vers l’abime. Jadot n’a jamais apporté un euro de plus value à la nation .Il n’a jamais été qu’un salarié d’associations à la solde de nations étrangères . Oui ! C’est un vrai parasite, et même un nuisible !

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  • germain

    10 mai 2024

    Le départ de Total est préoccupant, d’autant qu’il reste en France des investisseurs qui croient en l’efficacité de Total…Quid de Total dans un PEA????

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  • Audon

    10 mai 2024

    Les minales qui décident ruinent la France car incapables de gérer un grand pays. Une fois ruinée surendettée et islamisée la croient ils sera plus facile à achever.

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  • Bernard

    10 mai 2024

    Lorsqu’une norme devient un dogme plus aucune entreprise ne peut se défendre contre les autres. Conséquence directe disparition de l’entreprenariat créateur de richesse et « en même temps » création de pléthore de fonctionnaires créateurs de normes elles-même créatrices d’obligations étouffant l’entreprise et donc création de misère.
    Le contrat socialo-communiste est réalisé : nivellement par le bas… tous dans la misère !

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    • Didier J

      13 mai 2024

      Pauvre France. RiP !

  • Dame Ginette

    10 mai 2024

    J’ai fait un rêve, que tous les petits hommes gris/verts soient enfermés dans un paradis 100% respectueux de l’environnement, qu’ils y meurent de froid, de faim, et qu’ils leur soit interdit à tout jamais de faire de la politique

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  • Aristophélès

    10 mai 2024

    En effet, j’ai tout vendu cette année pour swapper sur des pétroliers de Colombie qui se sortent les doigts.
    Pouyanné a raison mais qu’attendait-il pour agir ?
    Il aurait aidé les veaux à l’éveil et éviter l’inquisition de la pastèque.
    Ce pays a importé le gourbi et est devenu un gourbi ou tout fonctionne au ralenti.
    Aucune conscience de l’inertie de l’économie enseignée par Hayek : « quand l’information est là, c’est que c’est déjà arrivé, c’est déjà le passé.

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  • Robert

    10 mai 2024

     » Les anglais n’ont aucun problème avec la réalité, mais ont un problème avec la théorie. Les Français c’est le contraire  » ( Winston Churchill)
    C’ est toujours d’actualité, et plus que jamais !

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    • Michael

      11 mai 2024

      Et Raymond Aron disant que les Français se passionnent pour les grandes causes et ne s’intéressent pas aux questions pratiques.

  • Emmanuel

    9 mai 2024

    Peut être que les écologistes sont très conscients de leurs actes finalement… Ne travailleraient ils pas pour des intérêts hostiles à la France ? Le parti de l’étranger ça existe…

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  • Roland

    9 mai 2024

    En route, résolument, vers le Tiers-Monde et « Idiocracy »…

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  • Dominique

    9 mai 2024

    Aux USA TOTAL s’envolera.

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  • Dominique

    9 mai 2024

    JBN serez vous étonné lorsque madame Meyers déplacera le siège de LOREAL à Lausanne ?

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  • Jacques Peter

    9 mai 2024

    Belle entreprise qu’il convient d’avoir en portefeuille, du moins tant qu’elle fait partie du CAC 40

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  • Dominique

    9 mai 2024

    Il y a des années que TOTAL est la propriété à 66% des Anglo américains et que ses bénéfices sont empochés par ces étrangers ! Exaspérés par la stratégie écolo de Pouyane les administrateurs anglo saxons ont dit  » ça suffit les sonneries françaises … après tout avec 66% des actions C EST NOUS LES PATRONS ! »
    Desormais TOTAL sera coté en USD et pas en neuros de singe…
    A qui le tour au CAC 40 ?
    😅😅😅

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  • Général de Guerrelasse

    9 mai 2024

    Comme de nombreuses personnes ici je suis actionnaire de TotalEnergies et je me réjouis de cette décision. J’espère aussi que TotalEnergies n’hésitera plus à se délocalliser dans un pays civilisé (s’il en reste). Ce sera, j’espère un électrochoc salutaire pour tout un tas d’énergumènes. Mais j’en doute.

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  • Patrice.P

    9 mai 2024

    L’absence de strategie politique natinale s’esplique par ses erreents politiques.

    1/ La France choisit l’independnce: en realite elle s’isole; elle devient une proie;
    2/ pour conserver le pouvoir, les tenants de cette politique doivent s’allier avec les partis de gauche, qui preferent le doge a l’interet general: un « autre odele de developpeent », la rupture avec le capitalise, une « audacieuse politique de deficit actif »… or, quand il n’y a plus d’argent, il faut vendre.

    Rappel: Total est la arque coerciale de la Copagnie Francaise des Petroles, creee par l’Etat pour gerer la part francaise de l’Iraq Petroleu Copany; ais la France a fait le choix du liberalise,d’un cote, du deficit, de l’autre; tout ceci est coherent.

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  • Moniris

    9 mai 2024

    Nouvelle chasse aux sorcières économiques par l’intégrisme écologiste .

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  • loulou

    9 mai 2024

    L’Europe, et particulièrement la France, se sent moralement supérieur, a décidé que le climat valait plus que la prospérité et prend des décisions dans ce sens. Le crime des politiques c’est de le cacher. Ce sont les écologistes expliquant qu’on peut augmenter les dépenses sociales en décroissance. Le crime, ce sont ces économistes fonctionnaires qui vont dans leur sens : allons-y, 32 h/semaine, sans pétrole et 25 ans de pension de retraite à 3000€/mois. Yalla.
    Quand sortirons-nous de cette illusion ? Je crains qu’on ait encore de la pente à descendre pendant quelques années avec des dettes qui grandissent dans nos poches

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    • CROSS

      9 mai 2024

      J’entends votre critique ironique au sujet de la phrase « le climat vaut plus que la prospérité ». Je comprends cette réflexion basée sur la réalité immédiate financière. Mais pourtant ! Comment réfléchir sur le devenir de notre planète qui ne peut pas continuer à supporter une croissance dite « infinie » ? Je pose une vraie question ! Comment fait-on pour trouver une « voie du milieu » entre l’exigence monétaire-sociétale et les contraintes climatiques/planétaires ? Merci pour votre attention.

  • Saturne

    9 mai 2024

    Ils sont comme en 1793. Ils veulent tout massacrer, tout brûler, tout anéantir. Ils n’ont rien appris.

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  • Castermans Guy

    9 mai 2024

    Excellent diagnostic et judicieuse analyse. Quand les khmers verts s’y mettent…

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    • Dominique

      9 mai 2024

      Les étrangers associés de TOTAL sont plus des banquiers khazars que des Kmers 😱

  • MLB

    9 mai 2024

    Un peuple enlacé dans les liens du privilège, de la bureaucratie et de la fiscalité est comme un arbre rongé de plantes parasites.

    F. BASTIAT – 1848

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    • Michel Higuet

      10 mai 2024

      Il avait fait une observation la Belgique ce Bastiat? 🙂

  • breizh

    8 mai 2024

    Rien que le titre de la commission d’enquête : « les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France. »

    C’est du « foutage de gueule et décrédibilise les sénateurs qui montrent qu’ils ne servent à rien à part nous coûter très cher.

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  • Publius Valerius

    8 mai 2024

    Et en 2025 Exxon-Mobil va fermer son site pétrochimique sur la plateforme de Gravenchon (-647 emplois + -30 au siège à Paris), vendre la raffinerie de Fos-sur-Mer et les dépôts de Toulouse à Trafigura … Merci le coût du travail, la main d’oeuvre privilégiée toujours en grève, la politique étrangère absurde du gouvernement avec l’augmentation du prix du gaz et la multiplication des normes environnementales débiles …

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    • Dominique

      9 mai 2024

      Cette usine fut un fleuron du géant de la chimie française RHONE POULENC en association 50/50 avec un pétrolier US. Il restera au CAC39 des produits de luxe.

  • Franck M.

    8 mai 2024

    Et ne parlons pas des idéologues qui ont réussi à mettre dans la tête de nos jeunes étudiants ingénieurs que faire un stage chez Total c’est le pire choix à faire.

    Répondre
    • Philc

      9 mai 2024

      tant le Francais accepte l impôt , les Frères Jacques eux ont disparu , la Jacquerie est la seule crainte du SYSTÈME ! et comme le bankrun une fois partie …….

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