La dette de l’Etat Français est donc passée de AA à A+.
Comme je l’ai souvent expliqué, bien des institutions (banques centrales, compagnies d’assurance etc..) ont l’obligation de vendre toute dette dont la notation tombe sous le AA. Il est fort probable que beaucoup de ces institutions ont déjà vendues leurs obligations françaises et que le marché va ouvrir le 15 septembre sans que rien de notable ne se passe. Mais il n’en reste pas moins que nous nous approchons de plus en plus visiblement du fameux mur vers lequel nous nous dirigeons depuis des lustres, avec sur le siège arrière klaxonnant comme un fou sans aucun effet sur le conducteur qui est sourd comme un pot.
J’ai donc décidé de vous présenter une espèce de petit tableau de bord des variables que JE vais surveiller à partir de maintenant et qui pourront peut-être nous aider dans la descente en radeau des torrents que nous avons devant nous. La vie financière n’est pas un long fleuve tranquille…
Et je vais en profiter pour définir à nouveau un certain nombre des termes que j’utilise depuis longtemps pour effectuer ce genre d’analyse
Premier Outil : La trappe à dettes.
- La ligne grise c’est le taux de croissance du PIB Nominal : 3.07 aujourd’hui.
- La ligne rouge représente le rendement sur les obligations françaises a 10 ans, 3.43%
- Les hachurages gris signalent que la France est en récession à ces moments là
- La ligne noire en bas est le ratio entre la dette de notre pays et son PIB.
Explications
Les taux longs sont passés au-dessus de la croissance structurelle, ce qui veut dire que la ligne noire (dette sur PIB) risque de continuer à monter très fortement, surtout si nous avons une récession, ce qui me parait inévitable.
La dette va exploser à la hausse.
Deuxième outil : le multiplicateur Keynésien
- La ligne bleue c’est la croissance nominale du PIB Français sur les 7 années précédentes.
- La ligne rouge représente la croissance de la dette en chiffres absolus sur les mêmes années.
- Les hachurages gris les périodes de récession en France
- Les histogrammes noirs la différence entre croissance du PIB et croissance de la dette.
Explications : L’idée de Keynes était qu’en cas de récession, l’Etat devait dépenser plus, ce qui empêcherait la récession de se transformer en dépression. Et il avait calculé qu’une augmentation de la dette se transformait toujours en une augmentation du PIB plus forte que la croissance de la dette sur les années qui suivaient. Cela a été vrai de 1950 à 2020, ce n’est plus vrai aujourd’hui. La croissance va continuer à s’effondrer. Le multiplicateur Keynésien est devenu un diviseur Keynésien m et cela depuis 15 ans. Plus l’Etat s’endette, et plus le pays s’appauvrit. La seule façon de faire monter le PIB est de faire baisser les dépenses de l’Etat.
Troisième outil, le service de la dette.
La ligne rouge c’est la dette en euros
La ligne bleue c’est le service de la dette en milliards d’euro
La ligne noire c’est le service de la dette en pourcentage du PIB.
Explications
La duration moyenne de la dette en France est d’environ 8 ans, c’est-à-dire que la dette tourne en 8 ans. Sur les 5 premières années des 8 dernières années, le taux était proche de zéro %.
Ces cinq ans vont être graduellement remplacés par des taux à 4 %, ce qui fait une dérive d’environ 12 milliards par an, à payer en plus chaque année et de façon cumulative.
Le service de la dette n’est pas près de baisser.
Ligne rouge : Taux sur le 10 ans Français
Ligne bleue : Taux sur le 10 ans Allemand
Ligne noire : Ratio des rentabilités des deux marchés.
Explications.
Les investisseurs achètent des obligations françaises plutôt que des obligations allemandes parce qu’elles rapportent plus.
Si regarde mon graphique, je me rends compte que la hausse de la prime de risque sur une obligation française à 10 ans m’a coûté plus cher que la différence de rendement depuis au moins 2018.
Tous ceux qui auraient acheté de la dette française depuis 2019 font moins bien que s’ils avaient acheté de la dette allemande.
Pour la dette Italienne, c’est le contraire.Je vends et j’acheté de la dette Italienne ? Je me remets en obligations allemandes ?
Si je ne vends pas et que la France dérape vraiment, je vais perdre mon boulot ?
Conclusion
Je vais surveiller ces quatre graphiques et je vous tiendrai au courant. Mais le mur se rapproche à toute allure
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).