La reconnaissance de l’État de Palestine par la France, le Royaume-Uni et d’autres nations ne parviendra pas à infléchir la guerre ni à trouver une solution au conflit. Notamment parce que les principaux protagonistes ne veulent pas d’une solution à deux États.
Historique, le moment l’était sûrement quand Emmanuel Macron a officiellement reconnu l’État de Palestine. Désormais, avec le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et quelques autres, presque tous les États du monde reconnaissent la légitimité de l’État de Palestine. Seuls les États-Unis et ses satellites, dont le Panama, le Japon et la Corée du Sud, ne reconnaissent pas la légitimité de cet État. Ce qui pose un premier problème. Si le Conseil de l’ONU est démocratique, dans la mesure où près de 160 pays reconnaissent la Palestine, celle-ci devrait être reconnue. Ce refus isole les États-Unis, qui ont les clefs en main. Mais tant que Washington ne bougera pas, rien ne pourra se faire.
Inflexible Proche-Orient
En Palestine, la solution à deux États est également refusée par les deux principaux acteurs. Pour le Hamas, il ne peut y avoir qu’un seul État, le sien, et l’éradication d’Israël demeure son objectif. Pour le gouvernement de Benjamin Netanyahou, il est hors de question de faire émerger un État de Palestine. L’objectif est alors clair : aboutir à une situation de non-retour qui rende la création d’un État de Palestine matériellement impossible. C’est notamment le cas en Cisjordanie, où la colonisation se poursuit, notamment autour de Jérusalem. Le but ? Occuper le terrain avec près de 500 000 colons pour rendre irréversible l’occupation. À Gaza, l’objectif reste l’évacuation de la population, vers le sud d’abord, vers l’Égypte ensuite, afin de se débarrasser du problème. Pour les deux protagonistes, deux États doit non seulement être inenvisageable, mais surtout rendu impossible. Par l’occupation et la déstructuration de la Cisjordanie pour l’un ; par l’éradication de l’ennemi pour l’autre. Cela rend les discours de l’ONU limités et sans réels effets.
Problème de génération
Nous ne sommes plus au temps d’Yitzhak Rabin et de Yasser Arafat, où un accord avait pu être trouvé, contredit par les extrémistes de chaque bord, jusqu’à l’assassinat de Rabin. En 2008, Ehud Olmert avait proposé un plan de partage, refusé par la partie palestinienne. Aujourd’hui, le train semble passé. Mahmoud Abbas a 90 ans, son entourage est corrompu, l’autorité palestinienne est éparpillée. Surtout, il manque une élite capable de prendre la direction des affaires et de gérer un État. Longtemps, les Arabes de Palestine ont été parmi les plus éduqués et les mieux formés du Proche-Orient. La guerre, l’occupation, l’exil ont changé la donne. Il manque une élite, des personnes capables de tenir la structure matérielle et stratégique de l’État, des personnes qui puissent gérer les ministères, les villes, les infrastructures. Tout ce qu’il faut d’humain pour passer de la notion d’État à la réalité d’un État qui fonctionne. De tout cela, l’OLP est très loin et ce ne seront pas des discours à l’ONU qui permettront de régler le problème.
Une fois que les choses impossibles ont été définies, il faut voir ce qu’il est possible de faire. La guerre qui sévit à Gaza et ses près de 65 000 morts, les murs de haine qui se sont dressés de chaque côté rendent toute conciliation impossible. Ce n’est pas seulement le présent qui est abîmé, mais l’avenir qui est détruit. Les bombes créent des générations d’enfants désireux de vengeance. L’attaque du 7 octobre 2023, il y a déjà deux ans, a dressé un mur anthropologique entre Israël et les Palestiniens. Tout semble bloqué et sans issue. Pourtant, dans les mois qui viennent, des pistes de sortie peuvent s’ouvrir.
En Israël, les prochaines élections législatives sont prévues pour octobre 2026. Une victoire de Netanyahou n’est pas certaine tant l’opposition est vive à son égard. Un nouveau gouvernement pourrait changer la donne.
À Gaza, après deux ans de guerre, le Hamas est décapité, sans structure et sans réseau. Ses réseaux internationaux ont eux aussi été abîmés : Iran, Syrie, Hezbollah et Liban n’ont plus le même visage depuis octobre 2023.
Pour l’OLP, la question de la succession d’Abbas, en poste depuis 2005, va se poser de façon de plus en plus vive dans les mois qui viennent, à mesure de l’avancée de son âge. Là aussi, une nouvelle tête pourrait peut-être conduire à des changements.
Si la paix est un horizon lointain, la guerre n’est pas le seul univers possible. Les discussions à l’ONU peuvent paraître iréniques, elles ont au moins le mérite de maintenir vive la flamme de l’espérance de la paix.
Auteur: idlibertes
Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.